Roland Garros
Roland Garros (/ga.Êos/) est un aviateur français, lieutenant pilote lors de la PremiĂšre Guerre mondiale, nĂ© le Ă Saint-Denis de La RĂ©union et mort dans un combat aĂ©rien le Ă Vouziers (Ardennes)[2]. Il a reçu son brevet de pilotage Ă l'aĂ©rodrome de Cholet en Maine-et-Loire.
BibliothĂšque nationale de France.
Naissance | |
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DĂ©cĂšs | |
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Vouziers (d) |
Nom de naissance |
EugĂšne Adrien Roland Georges Garros[1] |
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Sa célébrité est d'abord venue de ses exploits sportifs en avion, et surtout de la toute premiÚre traversée de la mer Méditerranée, qu'il effectue le [3] à bord d'un monoplan.
Aujourd'hui, son nom reste associé au tournoi des Internationaux de France de tennis (qui est aussi et tout simplement appelé Roland-Garros), car il se déroule dans le stade qui porte son nom depuis sa construction en 1928.
Biographie
Une enfance au soleil
Roland Garros est nĂ© le rue de lâArsenal (rebaptisĂ©e depuis « rue Roland-Garros ») Ă Saint-Denis de La RĂ©union. Sa famille est depuis longtemps Ă©tablie dans lâĂźle, avec des origines toulousaines du cĂŽtĂ© paternel et lorientaises (via PondichĂ©ry) du cĂŽtĂ© de sa mĂšre Clara nĂ©e Faure. Il nâa que quatre ans quand son pĂšre Georges Garros dĂ©cide de partir avec sa famille en Cochinchine. Georges Garros ouvre Ă SaĂŻgon un cabinet dâavocat pour sâoccuper notamment des affaires commerciales de ses amis commerçants vietnamiens. Sa mĂšre assure son enseignement scolaire, mais lorsquâil atteint en 1900 le cycle secondaire, ses parents sont contraints, en lâabsence de lycĂ©e dans le pays, de lâenvoyer seul en mĂ©tropole pour y entreprendre ses « humanitĂ©s ». Ă cette Ă©poque, la traversĂ©e maritime dure prĂšs de deux mois entre SaĂŻgon et Marseille. DĂšs ce moment, et jusquâĂ la fin de sa vie, Roland Garros mĂšne une vie pratiquement autonome, seul face Ă ses responsabilitĂ©s[4].
Ă peine dĂ©barquĂ© Ă Paris, au collĂšge Stanislas oĂč ses parents lâont inscrit en 6e R1, le garçonnet de douze ans est foudroyĂ© par une grave pneumonie et, sans attendre lâavis des parents trop lointains, la direction du collĂšge dĂ©cide de lâenvoyer Ă l'autre collĂšge Stanislas Ă Cannes[5].
Un sportif accompli
Il y retrouve le soleil et le sport, notamment le cyclisme, qui lui feront recouvrer la santĂ©. Comme lâa Ă©crit son ami lâĂ©crivain et journaliste Jacques Mortane, « la petite Reine a rĂ©ussi lĂ oĂč la FacultĂ© a Ă©chouĂ© ». Ils seront champions interscolaires de cyclisme en 1906, lui sous le pseudonyme de « Danlor », anagramme de son prĂ©nom, afin que son pĂšre nâen soit pas averti⊠Câest lui aussi qui mĂšnera Ă la victoire lâĂ©quipe de football du lycĂ©e MassĂ©na de Nice. Sa scolaritĂ©, sans ĂȘtre brillante, sera nĂ©anmoins soutenue : il rattrapera sans trop de peine lâannĂ©e scolaire perdue pendant sa pneumonie. Au milieu de quelques prix obtenus par le collĂ©gien, on trouve un premier prix de piano, dĂ©notant une attirance certaine pour la musique.
Il gagne Paris pour l'annĂ©e de terminale en Philo, quâil prĂ©pare au lycĂ©e Janson-de-Sailly, oĂč il se liera dâamitiĂ© avec Jean Bielovucic, un jeune PĂ©ruvien qui, comme lui, se fera un nom dans lâaviation. Puis il rĂ©ussit son entrĂ©e Ă HEC Paris, dont il sortira dans la promotion 1908 qui porte dĂ©sormais son nom. Ămile Lesieur, son ami et condisciple dâHEC, international de rugby Ă XV, le parrainera lors de son adhĂ©sion au Stade français, oĂč il est inscrit dans la section rugby. Et sâil pratique un peu le tennis, ce nâest rĂ©ellement quâen amateur.
Ă peine son diplĂŽme empochĂ©, il se fait embaucher par la firme Automobiles GrĂ©goire. En mĂȘme temps quâĂ la pratique du commerce, il sâinitie rapidement Ă la mĂ©canique et au sport automobile, qui ne sont pas enseignĂ©s Ă HEC. Il ne tarde pas Ă vouloir voler de ses propres ailes. Son pĂšre, qui voulait faire de lui un avocat, lui a coupĂ© les vivres. Avec lâaide financiĂšre du pĂšre dâun autre condisciple dâHEC, Jacques Quellennec (ingĂ©nieur qui participe Ă la construction du canal de Suez), le voilĂ Ă vingt-et-un ans chef dâentreprise et agent de GrĂ©goire dans la boutique quâil a ouverte au pied de lâArc de triomphe de l'Ătoile Ă lâenseigne « Roland Garros automobiles â voiturettes de sport », sise au 6 avenue de la Grande-ArmĂ©e. Il conçoit Ă cette Ă©poque une voiture tubulaire avec le « baquet » GrĂ©goire, un chĂąssis sur lequel on a fixĂ© deux siĂšges. Il peut quitter sa chambre de bonne du 10, rue des Acacias pour un appartement au 3e Ă©tage du 7 de la rue Lalo dans le 16e arrondissement de Paris[6].
La naissance dâune passion
En vacances d'Ă©tĂ© en 1909 Ă Sapicourt prĂšs de Reims, chez lâoncle de son ami Quellennec, il va assister Ă la « Grande Semaine dâAviation de la Champagne » du 22 au . C'est une rĂ©vĂ©lation pour lui : il sera aviateur[7].
Les bĂ©nĂ©fices de son commerce automobile lui permettent de commander aussitĂŽt au Salon de locomotion aĂ©rienne au palais de la DĂ©couverte la moins chĂšre des machines volantes de lâĂ©poque, une Demoiselle Santos-Dumont (7 500 francs contre 30 000 Ă 40 000 pour un BlĂ©riot XI). L'appareil est fragile et dangereux Ă cause de son train d'atterrissage fragile qui se brise, ce qui vaut Ă la Demoiselle d'ĂȘtre surnommĂ©e la « tueuse d'homme ». Il nây a pas encore dâĂ©cole de pilotage : il apprendra tout seul, avec la collaboration dâun autre « Demoiselliste », le Suisse Edmond Audemars quâil a rencontrĂ© sur le terrain dâIssy-les-Moulineaux que dâaucuns considĂšrent dĂ©jĂ comme le « berceau de lâaviation »[8].
Il nâa mĂȘme pas obtenu son brevet de pilote aviateur quâil est embauchĂ© pour les cĂ©rĂ©monies du par le ComitĂ© Permanent des FĂȘtes de Cholet, oĂč il obtient le 19 juillet son Brevet de lâAĂ©ro-Club de France, le no 147, sur l'aĂ©rodrome de Cholet, qui porte dĂ©sormais son nom[9]. Et il totalise Ă peine plus de trois heures de vol lorsquâil est engagĂ© par lâindustriel amĂ©ricain Hart O. Berg pour le meeting du Belmont Park Ă New York. Sa frĂȘle « Demoiselle » et celle de son ami Audemars vont cĂŽtoyer les puissants BlĂ©riot XI, les Antoinette et autres Wright et Curtiss, sans bien sĂ»r tenter de rivaliser avec eux.
Ă l'hĂŽtel Astor oĂč il est descendu, il a retrouvĂ© son ami amĂ©ricain dâorigine franco-canadienne John Moisant, rencontrĂ© sur le terrain d'Issy. Celui-ci organise avec son frĂšre Alfred une tournĂ©e dâexhibitions aĂ©riennes Ă travers les Ătats-Unis. Le jeune homme nâa aucune hĂ©sitation quand John lui propose de venir voler au sein du Moisant Circus, oĂč le rejoindront Audemars, RenĂ© Simon et RenĂ© Barrier. Pour le garçon de 22 ans, câest lâoccasion inespĂ©rĂ©e de pouvoir voler tous les jours et ainsi dâaffiner sa pratique de la boussole et du pilotage par tous les temps. Le train « Cirque Moisant » traversera une bonne partie des Ătats-Unis, puis le Mexique et enfin Cuba et vaudra Ă R. Garros le surnom de « cloud kisser » (« l'embrasseur de nuages ») dans les nombreux meetings dâaviation de lâĂ©poque[10].
Homme de record et précurseur en Amérique du Sud
De retour en France en mai 1911, R. Garros participe aux trois grandes Ă©preuves de lâannĂ©e, la course d'aviation Paris-Madrid, le Paris-Rome et le Circuit europĂ©en. MalgrĂ© ses indĂ©niables qualitĂ©s de pilote, il se fera chaque fois coiffer au poteau et des journalistes le surnommeront « lâĂternel Second ».
Il ne tardera pas Ă prendre sa revanche. Il est ensuite engagĂ© pour un meeting sur le terrain de Champirol situĂ© sur les communes de Villars (Loire) et Saint-Priest-en-Jarez Ă proximitĂ© de Saint-Ătienne, oĂč il retrouve, entre autres vedettes de lâaviation, lâami « Bielo » devenu son « frĂšre dâarmes ». Mais surtout, il y fait la connaissance de Charles Voisin et de son amie, la baronne de Laroche. La sympathie passe tout de suite entre eux et Voisin, qui sâoccupe dĂ©jĂ des affaires de Bielovucic, accepte de prendre en mains la carriĂšre aĂ©ronautique de son nouvel ami. Câest lui qui prĂ©pare leur participation au « meeting » du Mans et, tout de suite aprĂšs, il va organiser le 1er record d'altitude que Garros arrachera avec 3 950 m au capitaine FĂ©lix, le , en dĂ©collant de la plage de Cancale. Garros professe alors que les records dâaltitude sont les plus utiles pour le dĂ©veloppement de lâaviation car les appareils quâon est obligĂ© de construire pour eux sont les plus « sĂ»rs », les « moins dangereux », les plus « capables de rendre des services ». Ce premier record le place dĂ©sormais parmi les meilleurs, il est sollicitĂ© de toutes parts. Ă Marseille notamment, oĂč il va renouer ses relations avec son pĂšre grĂące Ă la mĂ©diation de leur ami commun Jean Ajalbert. Au parc BorĂ©ly, plus de 100 000 spectateurs enthousiastes assisteront Ă ses Ă©volutions aĂ©riennes, aux cĂŽtĂ©s de Jules VĂ©drines, lâautre vedette du spectacle[11].
Puis lâindustriel amĂ©ricain Willis Mc Cormick, crĂ©ateur de la Queenâs Aviation Company limited, lâengage, avec RenĂ© Barrier, Edmond Audemars et Charles Voisin, pour une grande tournĂ©e en AmĂ©rique du Sud[12]. Avec son BlĂ©riot XI, Garros sera le premier Ă effectuer la traversĂ©e aĂ©rienne de la baie de Rio de Janeiro, Ă survoler la forĂȘt tropicale, Ă prendre des photos aĂ©riennes en relief Ă lâaide de son VĂ©rascope Richard. Il est le premier Ă voler de SĂŁo Paulo Ă Santos en emportant symboliquement un petit sac postal et câest de concert avec son ami Eduardo Chaves, lâun des futurs crĂ©ateurs de lâaviation civile brĂ©silienne, quâil fait triomphalement le vol de retour Santos-SĂŁo Paulo.
Câest aussi Ă Rio, Ă lâissue dâune dĂ©monstration publique, quâil est abordĂ© par le major Paiva Meira, chef de la Commission militaire du BrĂ©sil, et le lieutenant Ricardo Kirk : avec eux, il va organiser une semaine dâaviation destinĂ©e aux militaires, donnant le baptĂȘme de lâair Ă de nombreux jeunes officiers qui vont constituer le noyau de la future armĂ©e de lâair brĂ©silienne. Le lieutenant Kirk, considĂ©rĂ© au BrĂ©sil comme le pĂšre de lâaviation militaire, fait partie de ceux-ci et il commandera, dĂšs le mois de septembre, la dĂ©lĂ©gation des jeunes officiers brĂ©siliens venus Ă Ătampes passer leurs brevets de pilotes. Le sien portera le numĂ©ro 1089. Ă ce titre, Roland Garros peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme lâinitiateur de lâaviation militaire brĂ©silienne.
En Argentine, lâaviateur laissera dans la mĂ©moire populaire un nom respectĂ© que beaucoup nâhĂ©siteront pas Ă associer plus tard Ă celui de cet autre grand aviateur français, « lâarchange » Jean Mermoz.
Circuit dâAnjou, records de Houlgate et Tunis, raid Tunis-Rome
Mais câest Ă Angers que Garros va obtenir son premier trĂšs grand succĂšs. Le Grand Prix de lâAĂ©roclub de France doit couronner le vainqueur du circuit dâAnjou : il sâagit dâaccomplir sept fois et en deux jours, le dimanche 16 et le lundi , le triangle Angers-Cholet-Saumur, soit un peu plus de 1 100 kilomĂštres[13].. R. Garros, qui se prĂ©sente avec son BlĂ©riot 50 ch personnel (il a depuis longtemps mis un point dâhonneur Ă ne voler que sur ses propres machines), est opposĂ© aux trente-trois meilleurs pilotes du monde, soutenus par tous les moyens possibles des firmes industrielles les plus puissantes du monde. Si quelques courageux ont pris leur envol malgrĂ© le vent et la tempĂȘte, Garros restera bientĂŽt le seul en lâair avec le jeune Brindejonc des Moulinais qui, malheureusement pour lui, franchira la ligne dâarrivĂ©e en dehors du temps rĂ©glementaire. Roland Garros est donc le seul Ă terminer les Ă©preuves du premier et du deuxiĂšme jour. Les journalistes ne lâappellent plus dĂ©sormais que « le champion des champions ».
Il le confirme au premier meeting de Vienne oĂč, tous prix cumulĂ©s, il reçoit 21 000 couronnes, la somme la plus importante attribuĂ©e Ă un Français, Audemars se contentant de 7 500 couronnes. Il ne sâendort pas sur ses lauriers et, tout de suite aprĂšs ces brillantes victoires, il va de nouveau obtenir avec son BlĂ©riot le record dâaltitude, Ă Houlgate oĂč son ami lâindustriel Ămile Dubonnet (brevet de pilote no 47) lui a offert lâhospitalitĂ© dans sa somptueuse villa. Avec un appareil du mĂȘme type que celui utilisĂ© lâannĂ©e prĂ©cĂ©dente Ă Cancale, câest prĂšs dâun kilomĂštre quâil gagne en hauteur : le voilĂ Ă 4 960 mĂštres[14].
Mais aprĂšs ces brillants succĂšs, il connaĂźt le malheur de perdre son ami Charles Voisin qui se tue dans un accident de voiture. Surmontant une dure pĂ©riode de dĂ©sarroi, il a la chance, Ă ce moment-lĂ , que Raymond Saulnier et LĂ©on Morane prennent contact avec lui et il va devenir pilote dâessai de la toute jeune firme Morane-Saulnier.
Son record de Houlgate nâayant pas tenu plus de quinze jours, il dĂ©cide de le reconquĂ©rir. Avec, cette fois-ci, le Morane-Saulnier Type H de Georges Legagneux, le nouveau recordman, Ă qui il lâachĂšte sur ses propres deniers. AprĂšs quelques essais infructueux marquĂ©s de nombreux capotages sur le terrain des Milles, prĂšs d'Aix-en-Provence, il dĂ©cide de se rendre Ă Tunis oĂč le climat lui paraĂźt plus favorable. Câest lĂ quâil obtient son troisiĂšme record, homologuĂ© par lâAĂ©roclub de France Ă 5 610 mĂštres[11].
DâaprĂšs le contrat qui le lie dĂ©sormais Ă la maison Morane-Saulnier, il reste « un exploit » sur les deux quâil devait. Il opte pour un raid Tunis-Rome (du au en trois Ă©tapes : Tunis-Trapani, 320 kilomĂštres ; Trapani-Santa-Eufemia, 400 kilomĂštres ; Santa-Eufemia-Rome, 438 kilomĂštres)[15] - [16], qui lui permet, par son vol Tunis-Trapani, dâĂȘtre en le premier Ă relier par les airs deux continents, lâAfrique et lâEurope. Il se rĂ©jouit aussi dâĂȘtre « le premier Ă survoler le VĂ©suve » et lâaccueil chaleureux que lui rĂ©servent Ă Rome les autoritĂ©s, ses amis de lâAeroclub dâItalie et la foule enthousiaste compense la dĂ©ception de sa deuxiĂšme place lâannĂ©e prĂ©cĂ©dente lors du Paris-Rome qui a vu la victoire dâAndrĂ© Beaumont.
PremiÚre traversée aérienne de la mer Méditerranée
ParallĂšlement, Roland Garros est devenu en quelque sorte le conseiller technique de Raymond Saulnier, dont le traitĂ© Ăquilibre, centrage et classification des aĂ©roplanes continue depuis trois ans Ă faire autoritĂ© chez les avionneurs. Celui-ci signe, dans Le Figaro, conjointement avec LĂ©on Morane, un article dans lequel tous deux exposent et dĂ©fendent ardemment les thĂ©ories de R. Garros sur « lâexcĂ©dent de puissance » et la « qualitĂ© du vol ».
Au printemps 1913, Garros part en vacances sur la CĂŽte dâAzur retrouver, avec sa compagne Marcelle Gorge, les dĂ©cors de son adolescence. Mais il ne peut sâempĂȘcher de participer Ă la coupe que son ami Jacques Schneider (voir Coupe Schneider), le commissaire de son premier record dâaltitude, vient de crĂ©er pour les hydravions. Il nâen tire que la satisfaction dâavoir pu tenir tĂȘte avec un modeste moteur de 60 ch Ă des appareils beaucoup plus puissants.
R. Garros a entretemps reçu son prix de lâAcadĂ©mie des sports pour l'annĂ©e 1912 (prix Henri Deutsch de la Meurthe). Le 15 juin, il participe pour la deuxiĂšme fois avec succĂšs au deuxiĂšme meeting de Vienne. Le , il va, avec Audemars, LĂ©on Morane et EugĂšne Gilbert, accueillir Ă CompiĂšgne Brindejonc des Moulinais rentrant de son « circuit des capitales » : les cinq Morane font route de concert vers la capitale, formant ainsi, selon lâhistorien Edmond Petit, « ce qui doit ĂȘtre le premier vol de groupe Ă cinq de lâhistoire ».
R. Garros a aussi fait, Ă Molsheim, la connaissance du prestigieux constructeur dâautomobiles Ettore Bugatti. Les deux hommes se sont trĂšs vite entendus. R. Garros a tout de suite commandĂ© une Bugatti 5 litres type 18, la seule voiture pouvant moralement porter le nom de « Roland-Garros » puisque câest Bugatti lui-mĂȘme qui lâa ainsi baptisĂ©e (il nâen sera fabriquĂ© que sept exemplaires, celle de Garros, numĂ©ro de chĂąssis 474, a survĂ©cu au Royaume-Uni sous le nom de « Black Bess »). Elle lui est livrĂ©e le . Il a dĂ©jĂ projetĂ© en secret de rĂ©aliser la traversĂ©e de la MĂ©diterranĂ©e en juillet ou en aoĂ»t mais le vent est au sud et la mer est dĂ©montĂ©e. Au matin du dimanche , un coup de tĂ©lĂ©phone de son mĂ©canicien Hue lui apprend qu'une embellie s'installe sur la MĂ©diterranĂ©e et que le vent a tournĂ©. Le , il arrive Ă Saint-RaphaĂ«l dans un train en provenance de Paris[17].
Et le , Roland Garros passe Ă la postĂ©ritĂ© pour avoir rĂ©ussi la premiĂšre traversĂ©e aĂ©rienne de la MĂ©diterranĂ©e, en 7 heures et 53 minutes, Ă©voluant Ă une vitesse moyenne de 101 kilomĂštres Ă l'heure. Son amie Marcelle est la seule femme et la seule civile prĂ©sente sur le terrain du Centre dâaviation de la base d'aĂ©ronautique navale de FrĂ©jus-Saint RaphaĂ«l dâoĂč il prend lâair[18]. Jean Cocteau, qui Ă©crira plus tard sur Roland Garros le long poĂšme intitulĂ© Le Cap de Bonne EspĂ©rance y Ă©voque la « jeune femme au manteau de skunks ». Le monoplan Morane-Saulnier, Ă©quipĂ© d'un moteur Gnome de 80 chevaux et d'une hĂ©lice ChauviĂšre dĂ©colle Ă 5 h 47, alourdi de 200 litres dâessence et de 60 L dâhuile de ricin. Garros part Ă la boussole, avec un moteur qui subit deux pannes et perd une piĂšce, au large de la Corse et au-dessus de la Sardaigne. Il lui reste cinq litres d'essence quand il se pose Ă Bizerte Ă 13 h 40 aprĂšs avoir parcouru quelque 780 kilomĂštres[19] - [20].
Ă Marseille, puis Ă Paris, lâaviateur est accueilli en triomphe. Il faut dire quâaprĂšs cet exploit, le vainqueur de la MĂ©diterranĂ©e devient la coqueluche de la France et du tout-Paris. Jean Cocteau qui, comme lâa dit Jean-Jacques Kihm, lâun des meilleurs connaisseurs du poĂšte, « avait une vĂ©ritable passion dâĂȘtre lâami des gens les plus cĂ©lĂšbres de son temps », a rĂ©ussi Ă se faire prĂ©senter au hĂ©ros de la MĂ©diterranĂ©e, qui lâemmĂšnera plusieurs fois en avion faire de l'acrobatie aĂ©rienne. Il lui dĂ©diera son poĂšme Le Cap de Bonne-EspĂ©rance[21].
Tous ses pairs les plus prestigieux fĂ©licitent lâaviateur de son exploit et dĂ©jĂ la presse Ă©voque les premiĂšres lignes aĂ©riennes, qui ne verront rĂ©ellement le jour quâaprĂšs la guerre. Les 39 km de la traversĂ©e de la Manche ne datent que de quatre ans. Il faudra attendre six ans et une guerre pour la premiĂšre traversĂ©e aĂ©rienne de lâAtlantique, le , par les Britanniques Alcock et Brown (bien avant celle de Lindbergh).
R. Garros est Ă lâorigine, avec Jacques Mortane qui en assure le secrĂ©tariat gĂ©nĂ©ral, de lâassociation quâils appellent tout simplement « Le Groupe », rĂ©unissant une quinzaine de vedettes de lâaviation. Ce Groupe a, entre autres buts, celui de venir en aide aux veuves et orphelins de leurs camarades aviateurs ayant trouvĂ© la mort et ils sont dĂ©jĂ nombreux Ă avoir payĂ© leur tribut Ă leur passion. Pour rĂ©colter des fonds, il leur suffit dâorganiser « meetings » et exhibitions. Ainsi, ils sont quatorze le , Ă prĂ©senter, en dehors des patronages officiels, leur premiĂšre rĂ©alisation, la « JournĂ©e des Aviateurs » Ă Juvisy.
Le dernier meeting de Vienne
Câest en octobre 1913, Ă CĂŽme, au cours du Circuit des Lacs italiens, que R. Garros a rencontrĂ© lâAllemand Hellmuth Hirth, pilote Ă©mĂ©rite et alors directeur technique des Albatros Flugzeugwerke Ă Johannisthal. Ils vont se revoir peu aprĂšs Ă Ăze, dans la villa de la grande-duchesse Anastasie de Mecklembourg-Schwerin, la plus ardente admiratrice de Garros qui nâest autre que la belle-mĂšre du Kronprinz Guillaume lui-mĂȘme.
Les deux hommes se retrouvent en juin 1914 Ă Aspern pour le troisiĂšme et dernier « meeting de Vienne », qui est marquĂ© par deux Ă©vĂ©nements tragiques. C'est dâabord la premiĂšre des grandes catastrophes aĂ©riennes du monde : un dirigeable militaire autrichien de type M III en mission photographique est heurtĂ© en vol par un Farman. Les deux appareils sont prĂ©cipitĂ©s au sol face au champ dâAspern, causant la mort des neuf officiers. Les aviateurs français organisent un cortĂšge aĂ©rien pour saluer ces « frĂšres dâarmes » ; tous leurs appareils crĂȘpĂ©s de noir, dont le Morane N que R. Garros prĂ©sente pour la premiĂšre fois en public, passent lâun derriĂšre lâautre Ă la verticale du lieu de la catastrophe, faisant aux victimes de magnifiques funĂ©railles aĂ©riennes.
Puis survient lâautre drame, lâhistorique assassinat Ă Sarajevo de l'archiduc François-Ferdinand, mais personne nâimagine encore la guerre si proche.
R. Garros propose Ă H. Hirth de venir visiter les usines Morane-Saulnier, et en retour H. Hirth lâinvite aussi, ainsi que Raymond Saulnier, pour une visite tournante des usines aĂ©ronautiques allemandes : câest Ă Berlin que les bruits de guerre vont le surprendre. Au volant de sa Bugatti, en compagnie de son mĂ©cano Jules Hue, Garros parvient juste avant sa fermeture Ă franchir la frontiĂšre allemande.
PremiÚre mise au point des tirs à travers l'hélice
Alors que nĂ© dans une colonie il ne doit aucun service militaire, il sâengage comme simple soldat dĂšs le , pour la durĂ©e de la guerre. Dâabord affectĂ© Ă lâEscadrille 23 (en) (appelĂ©e MS 23, car Ă©quipĂ©e d'avions Morane-Saulnier Type H), il participe Ă de nombreuses missions dâobservation, de reconnaissance, de lĂąchages dâobus empennĂ©s en guise de bombes, de combats avec des observateurs armĂ©s de carabines.
Au début des hostilités, les pilotes ennemis se font des signes amicaux lorsqu'ils se rencontrent, puis passées quelques semaines ils se tirent dessus au fusil ou au revolver, sans réelle efficacité. La premiÚre victoire aérienne mondiale est enregistrée le , le mécanicien Louis Quenault abattant un Aviatik B.I grùce à une mitrailleuse fixée à l'avant de son Voisin III. Preuve est faite que c'est ce type d'arme qu'il faut adapter sur les avions, mais nombre d'appareils ont leur moteur placé sur l'avant, interdisant alors l'emploi d'armes à cause de la présence de l'hélice.
DĂšs , Garros sera le premier spĂ©cialiste Ă dĂ©finir dans un rapport au GQG l'avion de chasse monoplace tel qu'il sera utilisĂ© dans tous les pays du monde au cours des dĂ©cennies. Ayant connaissance du systĂšme de tir Ă travers l'hĂ©lice inventĂ© en avril 1914 par Raymond Saulnier (et le bureau d'Ă©tude dirigĂ© par Louis Peyret), il lui propose en dĂ©cembre de mettre au point le dispositif. Il rĂ©alise le premier tir en vol et amĂ©liore le dispositif en rĂ©duisant la taille des dĂ©flecteurs en mĂ©tal posĂ©s sur les pales[22]. Il achĂšve en janvier 1915 la mise au point du tout premier chasseur monoplace de l'histoire, armĂ© dâune mitrailleuse tirant dans lâaxe de lâavion Ă travers le champ de rotation de l'hĂ©lice[23].
Il retourne ensuite au front, Ă la MS26, et son dispositif de tir adaptĂ© sur un Morane-Saulnier type L « Parasol » lui permet d'obtenir, dĂ©but , trois victoires consĂ©cutives en quinze jours : pour lâensemble des forces alliĂ©es, ce sont les 4e, 5e et 6e victoires aĂ©riennes et, en outre, les premiĂšres remportĂ©es par un homme seul aux commandes dâun monoplace.
Prisonnier de guerre
Le , le sous-lieutenant Garros est en mission au-dessus de la Belgique, lorsqu'il est touchĂ© par une balle de la DCA allemande. Son avion connaĂźt alors des problĂšmes de carburant, l'obligeant Ă un atterrissage Ă Hulste, oĂč il est fait prisonnier avant d'avoir pu mettre le feu Ă son appareil.
Le systĂšme de tir Ă travers l'hĂ©lice est aussitĂŽt Ă©tudiĂ© par Anthony Fokker, ses ingĂ©nieurs Heinrich LĂŒbber, Curt Heber et Leimberger, qui crĂ©eront un systĂšme diffĂ©rent, rendant la mitrailleuse complĂštement synchrone avec l'hĂ©lice, les balles passant entre les pales sans les toucher, ce qui Ă©vite les dangereux ricochets. Le systĂšme Fokker Ă©quipera en premier le Fokker E.III avec lequel lâaviation allemande va dominer les airs jusquâau milieu de l'annĂ©e , jusqu'Ă ce que le systĂšme Fokker soit copiĂ© par les alliĂ©s.
Comme toutes les fortes tĂȘtes, R. Garros sera soumis Ă une surveillance privilĂ©giĂ©e et dĂ©placĂ© dâun camp Ă un autre (KĂŒstrin, TrĂšves, Gnadenfrei, Magdebourg, Burg et de nouveau Magdebourg), car il faut lâempĂȘcher dâavoir le temps de rĂ©unir les conditions dâune Ă©vasion. AprĂšs de nombreuses et infructueuses tentatives, il parvient Ă s'Ă©vader du camp de Magdebourg, au bout de trois ans, le , en compagnie du lieutenant Anselme Marchal, qui parle un trĂšs bon allemand. Les deux hommes se confectionnent deux grossiers uniformes d'officiers allemands, puis ainsi vĂȘtus, avec l'aide de la pĂ©nombre et du ton irascible d'Anselme, ils passent les quatre sentinelles prĂ©sentes. Enfin sortis du camp, ils volent des habits civils et commencent un pĂ©riple qui les mĂšne en Hollande, puis en Grande-Bretagne, et enfin en France[24].
Ă ce sujet, on peut souligner que, si le cinĂ©aste Jean Renoir a bĂ©nĂ©ficiĂ© du tĂ©moignage du futur gĂ©nĂ©ral Armand Pinsard, ancien compagnon de Roland Ă la MS 23, fait prisonnier puis Ă©vadĂ© comme lui, il sâest nĂ©cessairement inspirĂ© du rĂ©cit de la captivitĂ© de R. Garros donnĂ© par Jean Ajalbert dans La Passion de Roland Garros, ou par Jean des ValliĂšres dans Kavalier Scharnhorst, pour camper dans La Grande Illusion le personnage de BoĂ«ldieu. Car ce nâest certainement pas par pure coĂŻncidence si son compagnon dans le film porte le nom de « MarĂ©chal ».
Les derniers moments dâune trĂšs courte vie
Ces trois ans de captivitĂ© ont sĂ©rieusement dĂ©gradĂ© sa santĂ©, particuliĂšrement sa vue : sa myopie latente devenue trĂšs gĂȘnante lâoblige Ă aller clandestinement se faire faire des lunettes pour pouvoir continuer Ă piloter.
Clemenceau a vainement tentĂ© de le garder comme conseiller auprĂšs de lâĂtat-Major, mais « le Tigre » doit sâincliner devant la volontĂ© obstinĂ©e de lâaviateur : celui-ci veut retourner au combat, un peu comme sâil considĂ©rait sa captivitĂ© comme une faute coupable. LâĂ©vadĂ© a entre-temps Ă©tĂ© Ă©levĂ© au grade dâofficier de la LĂ©gion d'honneur[25], sans difficultĂ© cette fois-ci, car pour le ruban de chevalier, le prĂ©sident PoincarĂ© lui-mĂȘme avait dĂ» intervenir contre de fortes oppositions pour quâil soit attribuĂ© au vainqueur de la MĂ©diterranĂ©e.
AprÚs une convalescence et un circuit complet de remise à niveau (les appareils et les méthodes de combat aérien ont complÚtement changé en trois ans), il est affecté à son ancienne MS 26 devenue la SPA 26, puisque désormais équipée de SPAD XIII. Elle fait partie, avec les trois autres escadrilles de Cigognes, du Groupe de Combat no 12 (GC12).
Ă force de tĂ©nacitĂ©, Roland Garros parvient Ă retrouver lâaisance de son pilotage. Lâescadrille quitte Nancy pour le terrain de la Noblette, en Champagne.
Bien que nâaimant pas lâatmosphĂšre de « lâarriĂšre », quâil a cĂŽtoyĂ©e Ă contrecĆur en 1914 alors quâil travaillait Ă la mise au point du « tir Ă travers lâhĂ©lice », il vient rĂ©guliĂšrement en permission de la Noblette Ă Paris. Marcelle nây est pas, elle suit une longue convalescence Ă BillĂšre, dans les PyrĂ©nĂ©es. Hormis Audemars, qui, de nationalitĂ© suisse, ne peut participer aux combats et doit se contenter dâassurer la livraison des appareils neufs, et qui occupe toujours le 4e Ă©tage du 7 rue Lalo, tous ses amis sont au front ou morts, si bien quâil se retrouve souvent Ă Passy chez son amie pianiste Misia Edwards, avec qui il partage lâamour pour la musique de Chopin. Lâancienne Ă©lĂšve de Gabriel FaurĂ© jouera pour lui des soirĂ©es entiĂšres quand ce nâest pas Roland Garros, dont le talent musical sâest affirmĂ© depuis Nice, qui est lui-mĂȘme lâinterprĂšte de leur compositeur favori. Un soir de septembre, Isadora Duncan, qui fait partie des nombreux invitĂ©s du salon de Misia, demande Ă Roland de se mettre au piano et de jouer du Chopin. Il sâexĂ©cute et Isadora se met Ă danser. Comme elle le racontera elle-mĂȘme dans son autobiographie My Life, alors quâil la raccompagne Ă son hĂŽtel du quai d'Orsay, elle dansera encore pour lui place de la Concorde au cours dâune alerte aĂ©rienne, tandis que « lui, assis sur la margelle dâune fontaine, mâapplaudissait, ses yeux noirs mĂ©lancoliques brillant du feu des fusĂ©es qui tombaient et explosaient non loin de nous. (âŠ) Peu aprĂšs, lâAnge des HĂ©ros lâa saisie et lâa transportĂ©e ailleurs. »
Le , Roland Garros remportait sa quatriĂšme et derniĂšre victoire. La veille de ses 30 ans, le , cinq semaines avant l'Armistice, Ă lâissue dâun combat contre des Fokker D.VII, son SPAD explosait en lâair avant de sâĂ©craser sur le territoire de la commune de Saint-Morel, dans les Ardennes, non loin de Vouziers oĂč il est enterrĂ©.
Le souvenir de Roland Garros
Un nom lié au tennis
Le nom de Roland Garros est gĂ©nĂ©ralement associĂ© au tennis. En effet, Roland Garros avait adhĂ©rĂ© Ă la section rugby du Stade français en 1906, avec le parrainage de son condisciple d'HEC et athlĂšte Ămile Lesieur , et câest ce dernier qui, en 1927, devenu prĂ©sident de la prestigieuse association, exigea fermement que lâon donnĂąt le nom de son ami au stade de tennis parisien quâil fallait construire pour accueillir les Ă©preuves de la coupe Davis ramenĂ©e en France par les « Mousquetaires ». Dixit le compte-rendu : « je ne sortirai pas un sou de mes caisses si on ne donne pas Ă ce stade le nom de mon ami Garros. » Une citation attribuĂ©e Ă Roland Garros est aujourd'hui inscrite sur la rambarde qui sĂ©pare la partie infĂ©rieure de la partie supĂ©rieure de la tribune centrale du Court Philippe-Chatrier, la version en français : « La victoire appartient au plus opiniĂątre » faisant face sur l'autre tribune Ă la version en anglais : « Victory Belongs To The Most Tenacious »[26].
Autres hommages
Toutefois, plusieurs associations et institutions sâefforcent de sauvegarder la mĂ©moire du vainqueur de la MĂ©diterranĂ©e et de lâinventeur de lâavion de chasse monoplace.
- Ă Vouziers, oĂč repose sa dĂ©pouille, lâARGAT (Association Roland Garros de lâAviation au Tennis), fondĂ©e en 1986 par Yvon Carles, sâest donnĂ© pour but d'entretenir le souvenir de lâaviateur mort pour la France sur le territoire de la commune. Outre lâentretien de sa tombe, lâARGAT organise tous les ans une cĂ©rĂ©monie Ă Saint-Morel oĂč son SPAD sâest Ă©crasĂ©, le , ainsi quâau cimetiĂšre de Vouziers.
- Ă Cholet, lâAĂ©rienne du Choletais, fondĂ©e par Philippe Renaudet, est parvenue Ă convaincre la municipalitĂ© de donner Ă son aĂ©rodrome le nom de « Roland-Garros », puisque câest sur ce terrain que Garros a obtenu, le , le Brevet de Pilote de lâAĂ©ro-Club de France no 147. On peut voir sur le terrain d'aviation une stĂšle Ă la mĂ©moire de Roland Garros.
- Ă FrĂ©jus, dâoĂč il sâest envolĂ© le pour la Tunisie, un colloque et une exposition ont Ă©tĂ© organisĂ©s en 2003 pour le 90e anniversaire de la traversĂ©e de la MĂ©diterranĂ©e. Un monument surmontĂ© dâun buste de Garros est Ă©rigĂ©.
- LâAĂ©ro-Club et la ville de Cagliari en Sardaigne entretiennent son nom.
- Ă Tunis, le monument de FrĂ©jus - accueil du vol 1989 â accueil du vol 2003.
- Ă Nice, existe le collĂšge Roland-Garros.
- Ă Paris :
- En 1928 une voie nouvelle a Ă©tĂ© ouverte dans le 20e arrondissement sous le nom de square Roland-Garros, dans un quartier oĂč de nombreuses rues portent le nom de pionniers de lâaĂ©ronautique.
- En 1988, sous lâimpulsion du ministre dĂ©lĂ©guĂ© chargĂ© des Transports Jacques Douffiagues et sous la direction dâun ComitĂ© du Centenaire prĂ©sidĂ© par Joseph Blond, PrĂ©sident honoraire de lâAĂ©ro-Club de France, sa naissance a Ă©tĂ© largement commĂ©morĂ©e (voir la piĂšce de dix francs Roland Garros), avec de nombreuses manifestations, au palais de Chaillot, Ă la Mairie de Neuilly, avec une course aĂ©rienne Le Bourget-La RĂ©union baptisĂ©e « Route de la Vanille », ainsi quâune fĂȘte aĂ©rienne sur lâancienne base de SĂ©chault prĂšs de Vouziers. Ă cette occasion, Philippe Chatrier, prĂ©sident de la FIT et de la FFT, inaugura dans lâenceinte du stade qui porte son nom un marbre cĂ©lĂ©brant la mĂ©moire de Roland Garros. Depuis, le « Tenniseum », construit sur le mĂȘme site et quelquefois appelĂ© Ă tort « musĂ©e de Roland Garros », rend bien hommage Ă un grand aviateur dont il a plaquĂ© lâeffigie sur toute la hauteur dâun panneau. Il ne sâagit pourtant pas de R. Garros, mais de Charles Lindbergh. Sur lâensemble du trĂšs long texte dĂ©roulĂ© sur les murs, huit lignes sont consacrĂ©es Ă lâaviateur français, dont quatre pour expliquer que le prĂ©nom de « Roland » sâĂ©crit avec un "L", non deux.
- En 2008, quelques anciens de HEC, en collaboration avec dâanciens Ă©lĂšves de lâĂcole nationale supĂ©rieure de l'aĂ©ronautique et de l'espace (SUPAERO), ont dĂ©cidĂ© de cĂ©lĂ©brer le centenaire de la sortie de leur Ă©cole de Roland Garros, au sein de la promotion 1908.
- En 2021, l'artiste Caroline Brisset est désignée pour réaliser le projet de statue monumentale en vue de représenter l'aviateur sur le parvis du stade éponyme[27].
- Ă La RĂ©union :
- La statue dâĂtienne Forestier le reprĂ©sentant appuyĂ© sur une hĂ©lice sâĂ©lĂšve sur la place du Barachois Ă Saint-Denis et la rue de lâArsenal, oĂč il est nĂ©, a Ă©tĂ© rebaptisĂ©e rue Roland-Garros.
- LâaĂ©roport principal Ă Gillot Sainte-Marie porte son nom depuis 1994. Sa construction a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e Ă la fin des annĂ©es 1920. Ses portes se sont ouvertes pour la premiĂšre fois le , le jour oĂč le tout premier avion s'est posĂ© sur l'Ăźle. En , le Centenaire de la disparition de l'aviateur y a Ă©tĂ© cĂ©lĂ©brĂ©. Une rĂ©plique de l'avion, le Morane-H avec lequel il a traversĂ© la MĂ©diterranĂ©e a pu faire une dĂ©monstration de vol lors de la semaine portes ouvertes[28].
- ainsi que lâaĂ©ro-club Roland-Garros fondĂ© en 1933 (nom donnĂ© Ă sa crĂ©ation). Un avion porte ses initiales F-OPRG.
- Sur la base aĂ©rienne 181 Lieutenant Roland Garros Ă Sainte-Marie, une statue de Roland Garros, Ćuvre du sculpteur rĂ©unionnais Marco Ah-Kiem et faite dâaprĂšs une photo prise lors du Paris-Rome en 1911, a Ă©tĂ© inaugurĂ©e le au cours d'une semaine aĂ©ronautique en hommage au premier crĂ©ole volant.
- Le lycée Roland-Garros du Tampon porte son nom.Roland-Garros, par Marco Ah-Kiem, à Sainte-Marie.
- L'aviateur est sur une piÚce de 10 ⏠en argent éditée en 2012 par la Monnaie de Paris, pour la collection « Les Euros des Régions » afin de représenter La Réunion, sa région natale.
- En 1914, peu aprÚs le début de la PremiÚre Guerre mondiale, le poÚte futuriste Ilia Zdanevitch écrivit un poÚme mi-zaoum mi-onomatopéique en hommage aux exploits de Roland Garros. Ce poÚme, retrouvé à Tbilissi en octobre 1989, a été publié en 2000 en russe et en français (dans une traduction de Régis Gayraud) par les éditions Clémence Hiver (in Carnets de l'Iliazd-Club no 5).
- Le , à l'occasion du centiÚme anniversaire de la traversée de la Méditerranée, l'association Replic'Air renouvelle la traversée sur une réplique exacte bien que de construction récente, en un temps trÚs similaire (7 h 44 min)[29].
- Deux médailles commémoratives du centenaire de la premiÚre traversée aérienne de la mer Méditerranée par Roland Garros, avec des graphismes similaires, ont été créées par Georges G. Page (déjà auteur de la « Médaille des Anciens des Forces Françaises en Allemagne » à la Monnaie de Paris) : On y voit Roland Garros, les cÎtes de France et de Tunisie, la Corse, la Sardaigne, l'avion de l'exploit décollant de Fréjus, un cerf-volant à l'origine de bien des vocations aéronautiques et un autre avion piloté par Roland Garros, avec la cocarde française, équipé d'une mitrailleuse rappelant l'invention du tir à travers l'hélice due à ce célÚbre aviateur français mort en combat aérien. Ces médailles sont au module de 50 mm en bronze florentin, en série limitée à compte d'auteur, déposées à l'INPI et la BibliothÚque nationale de France.
- Un timbre de 6c+2c à l'effigie de Roland Garros a été émis en 1943 par les postes d'Indochine Française. Le timbre a été surchargé avec de nouvelles valeurs 10c+2c en 1944.
- Pour le cinquantiÚme anniversaire de la traversée de la Méditerranée, la poste de Monaco a émis en 1963 un timbre-poste d'une valeur de 2,00 F, dessiné et gravé par Georges Bétemps, représentant le portrait de Roland Garros et son monoplan Morane-Saulnier en vol.
- à l'occasion de son centenaire en 1988, la Poste française a émis un timbre-poste d'une valeur de 2,00 F, dessiné et gravé par Jacques Gauthier, figurant le monoplan de Roland Garros sur fond de carte de la Méditerranée avec l'itinéraire de la traversée. Trois flammes philatéliques ont été mises en service : l'une datée du 10-11 septembre 1988 - 49 Cholet, une autre datée du 2 juillet 1988 - 974 St Denis - la troisiÚme, du 28 juillet 1988, de St Denis de la Réunion.
- En 1988 un timbre a été émis à Wallis et Futuna, d'une valeur de 600F CFP, dessiné et gravé par Claude Andréotto, représentant l'avant de son monoplan et son portrait en costume d'aviateur.
- En 2013 la France a Ă©mis un timbre de 3,40 ⏠pour le centenaire de la traversĂ©e de la MĂ©diterranĂ©e, dessinĂ© par Hugault, et Monaco un timbre de 1,35 ⏠sur le mĂȘme sujet, dessinĂ© par Cousin et mis en page par Bara.
DĂ©coration
Notes et références
- Acte de naissance de Roland Garros.
- Contrairement à ce que mentionne sa fiche sur le site du ministÚre de la Défense ; ce document se trompe d'ailleurs sur la date du décÚs.
- Il y a 100 ans, Roland Garros traversait la mer Méditerranée vers la Tunisie, Le Point, 23 septembre 2013.
- Stéphane Nicolaou, Roland Garros. Héros du siÚcle, ETAI, , p. 11.
- Georges Fleury, Roland Garros. Un inconnu si célÚbre, François Bourin Editeur, , p. 9.
- Jean-Pierre LefĂšvre-Garros, Roland Garros. La tĂȘte dans les nuages, la vie aventureuse et passionnĂ©e d'un pionnier de l'aviation, AnankĂ©/Lefrancq, , p. 32-33.
- Georges Fleury, Roland Garros. Un inconnu si célÚbre, François Bourin Editeur, , p. 44.
- Stéphane Nicolaou, Roland Garros. Héros du siÚcle, ETAI, , p. 15.
- Pierre Veillé, « Cholet. Il y a 110 ans, Roland Garros volait dans le ciel choletais », sur ouest-france.fr, Ouest-France, (consulté le ).
- Jean-Pierre LefÚvre-Garros, op. cité, p. 99.
- Fabrice Abgrall et François Thomazeau, La saga des mousquetaires 1923-1933 : la belle époque du tennis français, Calmann-Lévy, , p. 132.
- Ma tournée en Amérique du Sud de Roland Garros, dans La vie au grand air - Avril 1912 - numéro 707 aux éditions La Vie au Grand Air, 1912.
- Mickael Leclerc, « Histoire. Quand le cĂ©lĂšbre pilote Roland Garros prenait lâair Ă Cholet », sur ouest-france.fr, Courrier-de-l'Ouest, (consultĂ© le ).
- « La Normandie, dans lâĆil de ses personnages cĂ©lĂšbres », sur normandie-cabourg-paysdauge-tourisme.fr (consultĂ© le ).
- De Carthage à Rome en aéroplane, L'Illustration, décembre 1912 Aero-mondo.fr.
- Carte du trajet suivi par Garros pour son raid Tunis-Rome Gallica.fr.
- Georges Fleury, op. cité, p. 335.
- Gaston Bonheur, à Fréjus ce soir-là , Juilliard, , p. 212.
- Les traversées Aéro-maritimes (1909-1914), Vingt-cinq ans d'Aéronautique Française de Lucien Marchis, aux éditions La chambre syndicale des industries Aéronautiques Aero-mondo.fr.
- Jacques Noetinger, L'aviation, une rĂ©volution du XXe siĂšcle, Nouvelles Ăditions Latines, , p. 39.
- Serge Linares, Jean Cocteau. Le grave et l'aigu, Ăditions Champ Vallon, , p. 31.
- Raymond Saulnier, « Roland Garros et le tir Ă travers l'hĂ©lice », L'AĂ©rophile,â (lire en ligne).
- Jean-Pierre LefÚvre-Garros, op. cité, p. 363.
- « 15 fĂ©vrier 1918 : lâaviateur Roland Garros a cette fois rĂ©ussi son Ă©vasion » (consultĂ© le ).
- « Cote LH/1081/36 », base Léonore, ministÚre français de la Culture.
- (en) Jim Woods, « Victory Belongs To The Most Tenacious », sur stockinvestor.com, (consulté le ).
- « Caroline Brisset : à la découverte du «Cloud kisser» » [vidéo], sur rolandgarros.com (consulté le ).
- « Centenaire de la disparition de Roland Garros : le dĂ©tachement air 181 rend hommage Ă lâaviateur rĂ©unionnais », sur RĂ©union la 1Ăšre (consultĂ© le ).
- « aerobuzz.fr/spip.php?article43⊠»(Archive.org ⹠Wikiwix ⹠Archive.is ⹠Google ⹠Que faire ?).
Voir aussi
Sources et bibliographie
- Jacques Mortane, Roland Garros virtuose de l'aviation, l'Ădition française illustrĂ©e, 1919
- Jean Ajalbert, La Passion de Roland Garros, Les Ăditions de France, 1926, 2 vol., 263 p. & 392 p.
- Jacques Mortane, La guerre des Ailes : Traqués par l'ennemi, chap. II : Sous le déguisement d'officiers allemands : Roland Garros et Anselme Maréchal, BaudiniÚre, 1929, p. 17-40
- Roland Garros, Mémoires, présentés par Jacques Quellenec, Hachette, 1966
- Jean-Pierre LefĂšvre-Garros, Roland Garros : la tĂȘte dans les nuages, la vie aventureuse et passionnĂ©e d'un pionnier de l'aviation, Bruxelles, AnankĂ©/Lefrancq, , 415 p. (ISBN 2-87418-012-2 et 978-2-874-18012-5)
- Georges Fleury, Roland Garros : un inconnu si célÚbre, Paris, Bourin, , 389 p. (ISBN 978-2-84941-123-0 et 2-84941-123-X)
- Roland Garros, Mémoires suivi de journal de guerre, Phébus, 2016
- Julien Chenneberg, Roland Garros. Une histoire dâhĂ©ritage, Hachette 2013
Articles connexes
- Stade Roland-Garros
- Internationaux de France de tennis
- Dix francs Roland Garros
- AĂ©roport de La RĂ©union-Roland-Garros
- Françoise Exertier-Arnault, Roland Garros et Cholet, Cholet, sla-bulletin n°66, , p. 11-21
Liens externes
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Ressource relative au transport :
- Ressource relative aux beaux-arts :
- (en) British Museum
- Ressource relative aux militaires :
- Article du Journal de l'Ăle de la RĂ©union sur Roland Garros
- Biographie de Roland Garros sur http://www.vieillestiges.com/
- Monument de Roland Garros à Fréjus
- La traversée de la Méditerranée sur Morane-Saulnier H de 1913 pour simulateur de vol FSX
- La traversée de la Méditerranée sur réplique du Morane-Saulnier G le 22 septembre 2013 (100e anniversaire de la traversée de Roland Garros)
- Vidéo du Centenaire en hommage à Roland Garros