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Roland Garros

Roland Garros (/ga.ʁos/) est un aviateur français, lieutenant pilote lors de la PremiĂšre Guerre mondiale, nĂ© le Ă  Saint-Denis de La RĂ©union et mort dans un combat aĂ©rien le Ă  Vouziers (Ardennes)[2]. Il a reçu son brevet de pilotage Ă  l'aĂ©rodrome de Cholet en Maine-et-Loire.

Roland Garros
Roland Garros devant un avion Demoiselle B.C. (1910).
BibliothĂšque nationale de France.
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
SĂ©pulture
Vouziers (d)
Nom de naissance
EugĂšne Adrien Roland Georges Garros[1]
Nationalité
Formation
Activités
Vue de la sépulture.
Statue de Roland Garros
Statue de Roland Garros à Saint-Denis de la Réunion (détail plus bas).

Sa célébrité est d'abord venue de ses exploits sportifs en avion, et surtout de la toute premiÚre traversée de la mer Méditerranée, qu'il effectue le [3] à bord d'un monoplan.

Aujourd'hui, son nom reste associé au tournoi des Internationaux de France de tennis (qui est aussi et tout simplement appelé Roland-Garros), car il se déroule dans le stade qui porte son nom depuis sa construction en 1928.

Biographie

Une enfance au soleil

Roland Garros est nĂ© le rue de l’Arsenal (rebaptisĂ©e depuis « rue Roland-Garros ») Ă  Saint-Denis de La RĂ©union. Sa famille est depuis longtemps Ă©tablie dans l’üle, avec des origines toulousaines du cĂŽtĂ© paternel et lorientaises (via PondichĂ©ry) du cĂŽtĂ© de sa mĂšre Clara nĂ©e Faure. Il n’a que quatre ans quand son pĂšre Georges Garros dĂ©cide de partir avec sa famille en Cochinchine. Georges Garros ouvre Ă  SaĂŻgon un cabinet d’avocat pour s’occuper notamment des affaires commerciales de ses amis commerçants vietnamiens. Sa mĂšre assure son enseignement scolaire, mais lorsqu’il atteint en 1900 le cycle secondaire, ses parents sont contraints, en l’absence de lycĂ©e dans le pays, de l’envoyer seul en mĂ©tropole pour y entreprendre ses « humanitĂ©s ». À cette Ă©poque, la traversĂ©e maritime dure prĂšs de deux mois entre SaĂŻgon et Marseille. DĂšs ce moment, et jusqu’à la fin de sa vie, Roland Garros mĂšne une vie pratiquement autonome, seul face Ă  ses responsabilitĂ©s[4].

À peine dĂ©barquĂ© Ă  Paris, au collĂšge Stanislas oĂč ses parents l’ont inscrit en 6e R1, le garçonnet de douze ans est foudroyĂ© par une grave pneumonie et, sans attendre l’avis des parents trop lointains, la direction du collĂšge dĂ©cide de l’envoyer Ă  l'autre collĂšge Stanislas Ă  Cannes[5].

Un sportif accompli

Roland Garros vers 1910 au volant d'une Bugatti Type 18.

Il y retrouve le soleil et le sport, notamment le cyclisme, qui lui feront recouvrer la santĂ©. Comme l’a Ă©crit son ami l’écrivain et journaliste Jacques Mortane, « la petite Reine a rĂ©ussi lĂ  oĂč la FacultĂ© a Ă©chouĂ© ». Ils seront champions interscolaires de cyclisme en 1906, lui sous le pseudonyme de « Danlor », anagramme de son prĂ©nom, afin que son pĂšre n’en soit pas averti
 C’est lui aussi qui mĂšnera Ă  la victoire l’équipe de football du lycĂ©e MassĂ©na de Nice. Sa scolaritĂ©, sans ĂȘtre brillante, sera nĂ©anmoins soutenue : il rattrapera sans trop de peine l’annĂ©e scolaire perdue pendant sa pneumonie. Au milieu de quelques prix obtenus par le collĂ©gien, on trouve un premier prix de piano, dĂ©notant une attirance certaine pour la musique.

Il gagne Paris pour l'annĂ©e de terminale en Philo, qu’il prĂ©pare au lycĂ©e Janson-de-Sailly, oĂč il se liera d’amitiĂ© avec Jean Bielovucic, un jeune PĂ©ruvien qui, comme lui, se fera un nom dans l’aviation. Puis il rĂ©ussit son entrĂ©e Ă  HEC Paris, dont il sortira dans la promotion 1908 qui porte dĂ©sormais son nom. Émile Lesieur, son ami et condisciple d’HEC, international de rugby Ă  XV, le parrainera lors de son adhĂ©sion au Stade français, oĂč il est inscrit dans la section rugby. Et s’il pratique un peu le tennis, ce n’est rĂ©ellement qu’en amateur.

À peine son diplĂŽme empochĂ©, il se fait embaucher par la firme Automobiles GrĂ©goire. En mĂȘme temps qu’à la pratique du commerce, il s’initie rapidement Ă  la mĂ©canique et au sport automobile, qui ne sont pas enseignĂ©s Ă  HEC. Il ne tarde pas Ă  vouloir voler de ses propres ailes. Son pĂšre, qui voulait faire de lui un avocat, lui a coupĂ© les vivres. Avec l’aide financiĂšre du pĂšre d’un autre condisciple d’HEC, Jacques Quellennec (ingĂ©nieur qui participe Ă  la construction du canal de Suez), le voilĂ  Ă  vingt-et-un ans chef d’entreprise et agent de GrĂ©goire dans la boutique qu’il a ouverte au pied de l’Arc de triomphe de l'Étoile Ă  l’enseigne « Roland Garros automobiles – voiturettes de sport », sise au 6 avenue de la Grande-ArmĂ©e. Il conçoit Ă  cette Ă©poque une voiture tubulaire avec le « baquet » GrĂ©goire, un chĂąssis sur lequel on a fixĂ© deux siĂšges. Il peut quitter sa chambre de bonne du 10, rue des Acacias pour un appartement au 3e Ă©tage du 7 de la rue Lalo dans le 16e arrondissement de Paris[6].

La naissance d’une passion

En vacances d'Ă©tĂ© en 1909 Ă  Sapicourt prĂšs de Reims, chez l’oncle de son ami Quellennec, il va assister Ă  la « Grande Semaine d’Aviation de la Champagne » du 22 au . C'est une rĂ©vĂ©lation pour lui : il sera aviateur[7].

Les bĂ©nĂ©fices de son commerce automobile lui permettent de commander aussitĂŽt au Salon de locomotion aĂ©rienne au palais de la DĂ©couverte la moins chĂšre des machines volantes de l’époque, une Demoiselle Santos-Dumont (7 500 francs contre 30 000 Ă  40 000 pour un BlĂ©riot XI). L'appareil est fragile et dangereux Ă  cause de son train d'atterrissage fragile qui se brise, ce qui vaut Ă  la Demoiselle d'ĂȘtre surnommĂ©e la « tueuse d'homme ». Il n’y a pas encore d’école de pilotage : il apprendra tout seul, avec la collaboration d’un autre « Demoiselliste », le Suisse Edmond Audemars qu’il a rencontrĂ© sur le terrain d’Issy-les-Moulineaux que d’aucuns considĂšrent dĂ©jĂ  comme le « berceau de l’aviation »[8].

Il n’a mĂȘme pas obtenu son brevet de pilote aviateur qu’il est embauchĂ© pour les cĂ©rĂ©monies du par le ComitĂ© Permanent des FĂȘtes de Cholet, oĂč il obtient le 19 juillet son Brevet de l’AĂ©ro-Club de France, le no 147, sur l'aĂ©rodrome de Cholet, qui porte dĂ©sormais son nom[9]. Et il totalise Ă  peine plus de trois heures de vol lorsqu’il est engagĂ© par l’industriel amĂ©ricain Hart O. Berg pour le meeting du Belmont Park Ă  New York. Sa frĂȘle « Demoiselle » et celle de son ami Audemars vont cĂŽtoyer les puissants BlĂ©riot XI, les Antoinette et autres Wright et Curtiss, sans bien sĂ»r tenter de rivaliser avec eux.

À l'hĂŽtel Astor oĂč il est descendu, il a retrouvĂ© son ami amĂ©ricain d’origine franco-canadienne John Moisant, rencontrĂ© sur le terrain d'Issy. Celui-ci organise avec son frĂšre Alfred une tournĂ©e d’exhibitions aĂ©riennes Ă  travers les États-Unis. Le jeune homme n’a aucune hĂ©sitation quand John lui propose de venir voler au sein du Moisant Circus, oĂč le rejoindront Audemars, RenĂ© Simon et RenĂ© Barrier. Pour le garçon de 22 ans, c’est l’occasion inespĂ©rĂ©e de pouvoir voler tous les jours et ainsi d’affiner sa pratique de la boussole et du pilotage par tous les temps. Le train « Cirque Moisant » traversera une bonne partie des États-Unis, puis le Mexique et enfin Cuba et vaudra Ă  R. Garros le surnom de « cloud kisser » (« l'embrasseur de nuages ») dans les nombreux meetings d’aviation de l’époque[10].

Homme de record et précurseur en Amérique du Sud

De retour en France en mai 1911, R. Garros participe aux trois grandes Ă©preuves de l’annĂ©e, la course d'aviation Paris-Madrid, le Paris-Rome et le Circuit europĂ©en. MalgrĂ© ses indĂ©niables qualitĂ©s de pilote, il se fera chaque fois coiffer au poteau et des journalistes le surnommeront « l’Éternel Second ».

Il ne tardera pas Ă  prendre sa revanche. Il est ensuite engagĂ© pour un meeting sur le terrain de Champirol situĂ© sur les communes de Villars (Loire) et Saint-Priest-en-Jarez Ă  proximitĂ© de Saint-Étienne, oĂč il retrouve, entre autres vedettes de l’aviation, l’ami « Bielo » devenu son « frĂšre d’armes ». Mais surtout, il y fait la connaissance de Charles Voisin et de son amie, la baronne de Laroche. La sympathie passe tout de suite entre eux et Voisin, qui s’occupe dĂ©jĂ  des affaires de Bielovucic, accepte de prendre en mains la carriĂšre aĂ©ronautique de son nouvel ami. C’est lui qui prĂ©pare leur participation au « meeting » du Mans et, tout de suite aprĂšs, il va organiser le 1er record d'altitude que Garros arrachera avec 3 950 m au capitaine FĂ©lix, le , en dĂ©collant de la plage de Cancale. Garros professe alors que les records d’altitude sont les plus utiles pour le dĂ©veloppement de l’aviation car les appareils qu’on est obligĂ© de construire pour eux sont les plus « sĂ»rs », les « moins dangereux », les plus « capables de rendre des services ». Ce premier record le place dĂ©sormais parmi les meilleurs, il est sollicitĂ© de toutes parts. À Marseille notamment, oĂč il va renouer ses relations avec son pĂšre grĂące Ă  la mĂ©diation de leur ami commun Jean Ajalbert. Au parc BorĂ©ly, plus de 100 000 spectateurs enthousiastes assisteront Ă  ses Ă©volutions aĂ©riennes, aux cĂŽtĂ©s de Jules VĂ©drines, l’autre vedette du spectacle[11].

Puis l’industriel amĂ©ricain Willis Mc Cormick, crĂ©ateur de la Queen’s Aviation Company limited, l’engage, avec RenĂ© Barrier, Edmond Audemars et Charles Voisin, pour une grande tournĂ©e en AmĂ©rique du Sud[12]. Avec son BlĂ©riot XI, Garros sera le premier Ă  effectuer la traversĂ©e aĂ©rienne de la baie de Rio de Janeiro, Ă  survoler la forĂȘt tropicale, Ă  prendre des photos aĂ©riennes en relief Ă  l’aide de son VĂ©rascope Richard. Il est le premier Ă  voler de SĂŁo Paulo Ă  Santos en emportant symboliquement un petit sac postal et c’est de concert avec son ami Eduardo Chaves, l’un des futurs crĂ©ateurs de l’aviation civile brĂ©silienne, qu’il fait triomphalement le vol de retour Santos-SĂŁo Paulo.

C’est aussi Ă  Rio, Ă  l’issue d’une dĂ©monstration publique, qu’il est abordĂ© par le major Paiva Meira, chef de la Commission militaire du BrĂ©sil, et le lieutenant Ricardo Kirk : avec eux, il va organiser une semaine d’aviation destinĂ©e aux militaires, donnant le baptĂȘme de l’air Ă  de nombreux jeunes officiers qui vont constituer le noyau de la future armĂ©e de l’air brĂ©silienne. Le lieutenant Kirk, considĂ©rĂ© au BrĂ©sil comme le pĂšre de l’aviation militaire, fait partie de ceux-ci et il commandera, dĂšs le mois de septembre, la dĂ©lĂ©gation des jeunes officiers brĂ©siliens venus Ă  Étampes passer leurs brevets de pilotes. Le sien portera le numĂ©ro 1089. À ce titre, Roland Garros peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme l’initiateur de l’aviation militaire brĂ©silienne.

En Argentine, l’aviateur laissera dans la mĂ©moire populaire un nom respectĂ© que beaucoup n’hĂ©siteront pas Ă  associer plus tard Ă  celui de cet autre grand aviateur français, « l’archange » Jean Mermoz.

Circuit d’Anjou, records de Houlgate et Tunis, raid Tunis-Rome

Mais c’est Ă  Angers que Garros va obtenir son premier trĂšs grand succĂšs. Le Grand Prix de l’AĂ©roclub de France doit couronner le vainqueur du circuit d’Anjou : il s’agit d’accomplir sept fois et en deux jours, le dimanche 16 et le lundi , le triangle Angers-Cholet-Saumur, soit un peu plus de 1 100 kilomĂštres[13].. R. Garros, qui se prĂ©sente avec son BlĂ©riot 50 ch personnel (il a depuis longtemps mis un point d’honneur Ă  ne voler que sur ses propres machines), est opposĂ© aux trente-trois meilleurs pilotes du monde, soutenus par tous les moyens possibles des firmes industrielles les plus puissantes du monde. Si quelques courageux ont pris leur envol malgrĂ© le vent et la tempĂȘte, Garros restera bientĂŽt le seul en l’air avec le jeune Brindejonc des Moulinais qui, malheureusement pour lui, franchira la ligne d’arrivĂ©e en dehors du temps rĂ©glementaire. Roland Garros est donc le seul Ă  terminer les Ă©preuves du premier et du deuxiĂšme jour. Les journalistes ne l’appellent plus dĂ©sormais que « le champion des champions ».

Il le confirme au premier meeting de Vienne oĂč, tous prix cumulĂ©s, il reçoit 21 000 couronnes, la somme la plus importante attribuĂ©e Ă  un Français, Audemars se contentant de 7 500 couronnes. Il ne s’endort pas sur ses lauriers et, tout de suite aprĂšs ces brillantes victoires, il va de nouveau obtenir avec son BlĂ©riot le record d’altitude, Ă  Houlgate oĂč son ami l’industriel Émile Dubonnet (brevet de pilote no 47) lui a offert l’hospitalitĂ© dans sa somptueuse villa. Avec un appareil du mĂȘme type que celui utilisĂ© l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente Ă  Cancale, c’est prĂšs d’un kilomĂštre qu’il gagne en hauteur : le voilĂ  Ă  4 960 mĂštres[14].

Mais aprĂšs ces brillants succĂšs, il connaĂźt le malheur de perdre son ami Charles Voisin qui se tue dans un accident de voiture. Surmontant une dure pĂ©riode de dĂ©sarroi, il a la chance, Ă  ce moment-lĂ , que Raymond Saulnier et LĂ©on Morane prennent contact avec lui et il va devenir pilote d’essai de la toute jeune firme Morane-Saulnier.

Son record de Houlgate n’ayant pas tenu plus de quinze jours, il dĂ©cide de le reconquĂ©rir. Avec, cette fois-ci, le Morane-Saulnier Type H de Georges Legagneux, le nouveau recordman, Ă  qui il l’achĂšte sur ses propres deniers. AprĂšs quelques essais infructueux marquĂ©s de nombreux capotages sur le terrain des Milles, prĂšs d'Aix-en-Provence, il dĂ©cide de se rendre Ă  Tunis oĂč le climat lui paraĂźt plus favorable. C’est lĂ  qu’il obtient son troisiĂšme record, homologuĂ© par l’AĂ©roclub de France Ă  5 610 mĂštres[11].

D’aprĂšs le contrat qui le lie dĂ©sormais Ă  la maison Morane-Saulnier, il reste « un exploit » sur les deux qu’il devait. Il opte pour un raid Tunis-Rome (du au en trois Ă©tapes : Tunis-Trapani, 320 kilomĂštres ; Trapani-Santa-Eufemia, 400 kilomĂštres ; Santa-Eufemia-Rome, 438 kilomĂštres)[15] - [16], qui lui permet, par son vol Tunis-Trapani, d’ĂȘtre en le premier Ă  relier par les airs deux continents, l’Afrique et l’Europe. Il se rĂ©jouit aussi d’ĂȘtre « le premier Ă  survoler le VĂ©suve » et l’accueil chaleureux que lui rĂ©servent Ă  Rome les autoritĂ©s, ses amis de l’Aeroclub d’Italie et la foule enthousiaste compense la dĂ©ception de sa deuxiĂšme place l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente lors du Paris-Rome qui a vu la victoire d’AndrĂ© Beaumont.

PremiÚre traversée aérienne de la mer Méditerranée

Tombe de Roland Garros Ă  Vouziers.

ParallĂšlement, Roland Garros est devenu en quelque sorte le conseiller technique de Raymond Saulnier, dont le traitĂ© Équilibre, centrage et classification des aĂ©roplanes continue depuis trois ans Ă  faire autoritĂ© chez les avionneurs. Celui-ci signe, dans Le Figaro, conjointement avec LĂ©on Morane, un article dans lequel tous deux exposent et dĂ©fendent ardemment les thĂ©ories de R. Garros sur « l’excĂ©dent de puissance » et la « qualitĂ© du vol ».

Au printemps 1913, Garros part en vacances sur la CĂŽte d’Azur retrouver, avec sa compagne Marcelle Gorge, les dĂ©cors de son adolescence. Mais il ne peut s’empĂȘcher de participer Ă  la coupe que son ami Jacques Schneider (voir Coupe Schneider), le commissaire de son premier record d’altitude, vient de crĂ©er pour les hydravions. Il n’en tire que la satisfaction d’avoir pu tenir tĂȘte avec un modeste moteur de 60 ch Ă  des appareils beaucoup plus puissants.

R. Garros a entretemps reçu son prix de l’AcadĂ©mie des sports pour l'annĂ©e 1912 (prix Henri Deutsch de la Meurthe). Le 15 juin, il participe pour la deuxiĂšme fois avec succĂšs au deuxiĂšme meeting de Vienne. Le , il va, avec Audemars, LĂ©on Morane et EugĂšne Gilbert, accueillir Ă  CompiĂšgne Brindejonc des Moulinais rentrant de son « circuit des capitales » : les cinq Morane font route de concert vers la capitale, formant ainsi, selon l’historien Edmond Petit, « ce qui doit ĂȘtre le premier vol de groupe Ă  cinq de l’histoire ».

R. Garros a aussi fait, Ă  Molsheim, la connaissance du prestigieux constructeur d’automobiles Ettore Bugatti. Les deux hommes se sont trĂšs vite entendus. R. Garros a tout de suite commandĂ© une Bugatti 5 litres type 18, la seule voiture pouvant moralement porter le nom de « Roland-Garros » puisque c’est Bugatti lui-mĂȘme qui l’a ainsi baptisĂ©e (il n’en sera fabriquĂ© que sept exemplaires, celle de Garros, numĂ©ro de chĂąssis 474, a survĂ©cu au Royaume-Uni sous le nom de « Black Bess »). Elle lui est livrĂ©e le . Il a dĂ©jĂ  projetĂ© en secret de rĂ©aliser la traversĂ©e de la MĂ©diterranĂ©e en juillet ou en aoĂ»t mais le vent est au sud et la mer est dĂ©montĂ©e. Au matin du dimanche , un coup de tĂ©lĂ©phone de son mĂ©canicien Hue lui apprend qu'une embellie s'installe sur la MĂ©diterranĂ©e et que le vent a tournĂ©. Le , il arrive Ă  Saint-RaphaĂ«l dans un train en provenance de Paris[17].

Et le , Roland Garros passe Ă  la postĂ©ritĂ© pour avoir rĂ©ussi la premiĂšre traversĂ©e aĂ©rienne de la MĂ©diterranĂ©e, en 7 heures et 53 minutes, Ă©voluant Ă  une vitesse moyenne de 101 kilomĂštres Ă  l'heure. Son amie Marcelle est la seule femme et la seule civile prĂ©sente sur le terrain du Centre d’aviation de la base d'aĂ©ronautique navale de FrĂ©jus-Saint RaphaĂ«l d’oĂč il prend l’air[18]. Jean Cocteau, qui Ă©crira plus tard sur Roland Garros le long poĂšme intitulĂ© Le Cap de Bonne EspĂ©rance y Ă©voque la « jeune femme au manteau de skunks ». Le monoplan Morane-Saulnier, Ă©quipĂ© d'un moteur Gnome de 80 chevaux et d'une hĂ©lice ChauviĂšre dĂ©colle Ă  5 h 47, alourdi de 200 litres d’essence et de 60 L d’huile de ricin. Garros part Ă  la boussole, avec un moteur qui subit deux pannes et perd une piĂšce, au large de la Corse et au-dessus de la Sardaigne. Il lui reste cinq litres d'essence quand il se pose Ă  Bizerte Ă  13 h 40 aprĂšs avoir parcouru quelque 780 kilomĂštres[19] - [20].

À Marseille, puis Ă  Paris, l’aviateur est accueilli en triomphe. Il faut dire qu’aprĂšs cet exploit, le vainqueur de la MĂ©diterranĂ©e devient la coqueluche de la France et du tout-Paris. Jean Cocteau qui, comme l’a dit Jean-Jacques Kihm, l’un des meilleurs connaisseurs du poĂšte, « avait une vĂ©ritable passion d’ĂȘtre l’ami des gens les plus cĂ©lĂšbres de son temps », a rĂ©ussi Ă  se faire prĂ©senter au hĂ©ros de la MĂ©diterranĂ©e, qui l’emmĂšnera plusieurs fois en avion faire de l'acrobatie aĂ©rienne. Il lui dĂ©diera son poĂšme Le Cap de Bonne-EspĂ©rance[21].

Tous ses pairs les plus prestigieux fĂ©licitent l’aviateur de son exploit et dĂ©jĂ  la presse Ă©voque les premiĂšres lignes aĂ©riennes, qui ne verront rĂ©ellement le jour qu’aprĂšs la guerre. Les 39 km de la traversĂ©e de la Manche ne datent que de quatre ans. Il faudra attendre six ans et une guerre pour la premiĂšre traversĂ©e aĂ©rienne de l’Atlantique, le , par les Britanniques Alcock et Brown (bien avant celle de Lindbergh).

R. Garros est Ă  l’origine, avec Jacques Mortane qui en assure le secrĂ©tariat gĂ©nĂ©ral, de l’association qu’ils appellent tout simplement « Le Groupe », rĂ©unissant une quinzaine de vedettes de l’aviation. Ce Groupe a, entre autres buts, celui de venir en aide aux veuves et orphelins de leurs camarades aviateurs ayant trouvĂ© la mort et ils sont dĂ©jĂ  nombreux Ă  avoir payĂ© leur tribut Ă  leur passion. Pour rĂ©colter des fonds, il leur suffit d’organiser « meetings » et exhibitions. Ainsi, ils sont quatorze le , Ă  prĂ©senter, en dehors des patronages officiels, leur premiĂšre rĂ©alisation, la « JournĂ©e des Aviateurs » Ă  Juvisy.

Le dernier meeting de Vienne

Statue de Roland Garros par Étienne Forestier au Barachois, Ă  Saint-Denis de La RĂ©union.

C’est en octobre 1913, Ă  CĂŽme, au cours du Circuit des Lacs italiens, que R. Garros a rencontrĂ© l’Allemand Hellmuth Hirth, pilote Ă©mĂ©rite et alors directeur technique des Albatros Flugzeugwerke Ă  Johannisthal. Ils vont se revoir peu aprĂšs Ă  Èze, dans la villa de la grande-duchesse Anastasie de Mecklembourg-Schwerin, la plus ardente admiratrice de Garros qui n’est autre que la belle-mĂšre du Kronprinz Guillaume lui-mĂȘme.

Les deux hommes se retrouvent en juin 1914 Ă  Aspern pour le troisiĂšme et dernier « meeting de Vienne », qui est marquĂ© par deux Ă©vĂ©nements tragiques. C'est d’abord la premiĂšre des grandes catastrophes aĂ©riennes du monde : un dirigeable militaire autrichien de type M III en mission photographique est heurtĂ© en vol par un Farman. Les deux appareils sont prĂ©cipitĂ©s au sol face au champ d’Aspern, causant la mort des neuf officiers. Les aviateurs français organisent un cortĂšge aĂ©rien pour saluer ces « frĂšres d’armes » ; tous leurs appareils crĂȘpĂ©s de noir, dont le Morane N que R. Garros prĂ©sente pour la premiĂšre fois en public, passent l’un derriĂšre l’autre Ă  la verticale du lieu de la catastrophe, faisant aux victimes de magnifiques funĂ©railles aĂ©riennes.

Puis survient l’autre drame, l’historique assassinat à Sarajevo de l'archiduc François-Ferdinand, mais personne n’imagine encore la guerre si proche.

R. Garros propose Ă  H. Hirth de venir visiter les usines Morane-Saulnier, et en retour H. Hirth l’invite aussi, ainsi que Raymond Saulnier, pour une visite tournante des usines aĂ©ronautiques allemandes : c’est Ă  Berlin que les bruits de guerre vont le surprendre. Au volant de sa Bugatti, en compagnie de son mĂ©cano Jules Hue, Garros parvient juste avant sa fermeture Ă  franchir la frontiĂšre allemande.

PremiÚre mise au point des tirs à travers l'hélice

Morane-Saulnier type N équipé du dispositif de tir à travers le champ de l'hélice, mis au point par Roland Garros.

Alors que nĂ© dans une colonie il ne doit aucun service militaire, il s’engage comme simple soldat dĂšs le , pour la durĂ©e de la guerre. D’abord affectĂ© Ă  l’Escadrille 23 (en) (appelĂ©e MS 23, car Ă©quipĂ©e d'avions Morane-Saulnier Type H), il participe Ă  de nombreuses missions d’observation, de reconnaissance, de lĂąchages d’obus empennĂ©s en guise de bombes, de combats avec des observateurs armĂ©s de carabines.

Au début des hostilités, les pilotes ennemis se font des signes amicaux lorsqu'ils se rencontrent, puis passées quelques semaines ils se tirent dessus au fusil ou au revolver, sans réelle efficacité. La premiÚre victoire aérienne mondiale est enregistrée le , le mécanicien Louis Quenault abattant un Aviatik B.I grùce à une mitrailleuse fixée à l'avant de son Voisin III. Preuve est faite que c'est ce type d'arme qu'il faut adapter sur les avions, mais nombre d'appareils ont leur moteur placé sur l'avant, interdisant alors l'emploi d'armes à cause de la présence de l'hélice.

DĂšs , Garros sera le premier spĂ©cialiste Ă  dĂ©finir dans un rapport au GQG l'avion de chasse monoplace tel qu'il sera utilisĂ© dans tous les pays du monde au cours des dĂ©cennies. Ayant connaissance du systĂšme de tir Ă  travers l'hĂ©lice inventĂ© en avril 1914 par Raymond Saulnier (et le bureau d'Ă©tude dirigĂ© par Louis Peyret), il lui propose en dĂ©cembre de mettre au point le dispositif. Il rĂ©alise le premier tir en vol et amĂ©liore le dispositif en rĂ©duisant la taille des dĂ©flecteurs en mĂ©tal posĂ©s sur les pales[22]. Il achĂšve en janvier 1915 la mise au point du tout premier chasseur monoplace de l'histoire, armĂ© d’une mitrailleuse tirant dans l’axe de l’avion Ă  travers le champ de rotation de l'hĂ©lice[23].

Il retourne ensuite au front, Ă  la MS26, et son dispositif de tir adaptĂ© sur un Morane-Saulnier type L « Parasol » lui permet d'obtenir, dĂ©but , trois victoires consĂ©cutives en quinze jours : pour l’ensemble des forces alliĂ©es, ce sont les 4e, 5e et 6e victoires aĂ©riennes et, en outre, les premiĂšres remportĂ©es par un homme seul aux commandes d’un monoplace.

Prisonnier de guerre

Le , le sous-lieutenant Garros est en mission au-dessus de la Belgique, lorsqu'il est touchĂ© par une balle de la DCA allemande. Son avion connaĂźt alors des problĂšmes de carburant, l'obligeant Ă  un atterrissage Ă  Hulste, oĂč il est fait prisonnier avant d'avoir pu mettre le feu Ă  son appareil.

Le systĂšme de tir Ă  travers l'hĂ©lice est aussitĂŽt Ă©tudiĂ© par Anthony Fokker, ses ingĂ©nieurs Heinrich LĂŒbber, Curt Heber et Leimberger, qui crĂ©eront un systĂšme diffĂ©rent, rendant la mitrailleuse complĂštement synchrone avec l'hĂ©lice, les balles passant entre les pales sans les toucher, ce qui Ă©vite les dangereux ricochets. Le systĂšme Fokker Ă©quipera en premier le Fokker E.III avec lequel l’aviation allemande va dominer les airs jusqu’au milieu de l'annĂ©e , jusqu'Ă  ce que le systĂšme Fokker soit copiĂ© par les alliĂ©s.

Comme toutes les fortes tĂȘtes, R. Garros sera soumis Ă  une surveillance privilĂ©giĂ©e et dĂ©placĂ© d’un camp Ă  un autre (KĂŒstrin, TrĂšves, Gnadenfrei, Magdebourg, Burg et de nouveau Magdebourg), car il faut l’empĂȘcher d’avoir le temps de rĂ©unir les conditions d’une Ă©vasion. AprĂšs de nombreuses et infructueuses tentatives, il parvient Ă  s'Ă©vader du camp de Magdebourg, au bout de trois ans, le , en compagnie du lieutenant Anselme Marchal, qui parle un trĂšs bon allemand. Les deux hommes se confectionnent deux grossiers uniformes d'officiers allemands, puis ainsi vĂȘtus, avec l'aide de la pĂ©nombre et du ton irascible d'Anselme, ils passent les quatre sentinelles prĂ©sentes. Enfin sortis du camp, ils volent des habits civils et commencent un pĂ©riple qui les mĂšne en Hollande, puis en Grande-Bretagne, et enfin en France[24].

À ce sujet, on peut souligner que, si le cinĂ©aste Jean Renoir a bĂ©nĂ©ficiĂ© du tĂ©moignage du futur gĂ©nĂ©ral Armand Pinsard, ancien compagnon de Roland Ă  la MS 23, fait prisonnier puis Ă©vadĂ© comme lui, il s’est nĂ©cessairement inspirĂ© du rĂ©cit de la captivitĂ© de R. Garros donnĂ© par Jean Ajalbert dans La Passion de Roland Garros, ou par Jean des ValliĂšres dans Kavalier Scharnhorst, pour camper dans La Grande Illusion le personnage de BoĂ«ldieu. Car ce n’est certainement pas par pure coĂŻncidence si son compagnon dans le film porte le nom de « MarĂ©chal ».

Les derniers moments d’une trùs courte vie

Le Miroir fĂȘte les aviateurs Roland Garros et RenĂ© Fonck.
La tombe provisoire de Garros dans Le Miroir.

Ces trois ans de captivitĂ© ont sĂ©rieusement dĂ©gradĂ© sa santĂ©, particuliĂšrement sa vue : sa myopie latente devenue trĂšs gĂȘnante l’oblige Ă  aller clandestinement se faire faire des lunettes pour pouvoir continuer Ă  piloter.

Clemenceau a vainement tentĂ© de le garder comme conseiller auprĂšs de l’État-Major, mais « le Tigre » doit s’incliner devant la volontĂ© obstinĂ©e de l’aviateur : celui-ci veut retourner au combat, un peu comme s’il considĂ©rait sa captivitĂ© comme une faute coupable. L’évadĂ© a entre-temps Ă©tĂ© Ă©levĂ© au grade d’officier de la LĂ©gion d'honneur[25], sans difficultĂ© cette fois-ci, car pour le ruban de chevalier, le prĂ©sident PoincarĂ© lui-mĂȘme avait dĂ» intervenir contre de fortes oppositions pour qu’il soit attribuĂ© au vainqueur de la MĂ©diterranĂ©e.

AprÚs une convalescence et un circuit complet de remise à niveau (les appareils et les méthodes de combat aérien ont complÚtement changé en trois ans), il est affecté à son ancienne MS 26 devenue la SPA 26, puisque désormais équipée de SPAD XIII. Elle fait partie, avec les trois autres escadrilles de Cigognes, du Groupe de Combat no 12 (GC12).

À force de tĂ©nacitĂ©, Roland Garros parvient Ă  retrouver l’aisance de son pilotage. L’escadrille quitte Nancy pour le terrain de la Noblette, en Champagne.

Bien que n’aimant pas l’atmosphĂšre de « l’arriĂšre », qu’il a cĂŽtoyĂ©e Ă  contrecƓur en 1914 alors qu’il travaillait Ă  la mise au point du « tir Ă  travers l’hĂ©lice », il vient rĂ©guliĂšrement en permission de la Noblette Ă  Paris. Marcelle n’y est pas, elle suit une longue convalescence Ă  BillĂšre, dans les PyrĂ©nĂ©es. Hormis Audemars, qui, de nationalitĂ© suisse, ne peut participer aux combats et doit se contenter d’assurer la livraison des appareils neufs, et qui occupe toujours le 4e Ă©tage du 7 rue Lalo, tous ses amis sont au front ou morts, si bien qu’il se retrouve souvent Ă  Passy chez son amie pianiste Misia Edwards, avec qui il partage l’amour pour la musique de Chopin. L’ancienne Ă©lĂšve de Gabriel FaurĂ© jouera pour lui des soirĂ©es entiĂšres quand ce n’est pas Roland Garros, dont le talent musical s’est affirmĂ© depuis Nice, qui est lui-mĂȘme l’interprĂšte de leur compositeur favori. Un soir de septembre, Isadora Duncan, qui fait partie des nombreux invitĂ©s du salon de Misia, demande Ă  Roland de se mettre au piano et de jouer du Chopin. Il s’exĂ©cute et Isadora se met Ă  danser. Comme elle le racontera elle-mĂȘme dans son autobiographie My Life, alors qu’il la raccompagne Ă  son hĂŽtel du quai d'Orsay, elle dansera encore pour lui place de la Concorde au cours d’une alerte aĂ©rienne, tandis que « lui, assis sur la margelle d’une fontaine, m’applaudissait, ses yeux noirs mĂ©lancoliques brillant du feu des fusĂ©es qui tombaient et explosaient non loin de nous. (
) Peu aprĂšs, l’Ange des HĂ©ros l’a saisie et l’a transportĂ©e ailleurs. »

Le , Roland Garros remportait sa quatriĂšme et derniĂšre victoire. La veille de ses 30 ans, le , cinq semaines avant l'Armistice, Ă  l’issue d’un combat contre des Fokker D.VII, son SPAD explosait en l’air avant de s’écraser sur le territoire de la commune de Saint-Morel, dans les Ardennes, non loin de Vouziers oĂč il est enterrĂ©.

Le souvenir de Roland Garros

Un nom lié au tennis

Le nom de Roland Garros est gĂ©nĂ©ralement associĂ© au tennis. En effet, Roland Garros avait adhĂ©rĂ© Ă  la section rugby du Stade français en 1906, avec le parrainage de son condisciple d'HEC et athlĂšte Émile Lesieur , et c’est ce dernier qui, en 1927, devenu prĂ©sident de la prestigieuse association, exigea fermement que l’on donnĂąt le nom de son ami au stade de tennis parisien qu’il fallait construire pour accueillir les Ă©preuves de la coupe Davis ramenĂ©e en France par les « Mousquetaires ». Dixit le compte-rendu : « je ne sortirai pas un sou de mes caisses si on ne donne pas Ă  ce stade le nom de mon ami Garros. » Une citation attribuĂ©e Ă  Roland Garros est aujourd'hui inscrite sur la rambarde qui sĂ©pare la partie infĂ©rieure de la partie supĂ©rieure de la tribune centrale du Court Philippe-Chatrier, la version en français : « La victoire appartient au plus opiniĂątre » faisant face sur l'autre tribune Ă  la version en anglais : « Victory Belongs To The Most Tenacious »[26].

Autres hommages

Toutefois, plusieurs associations et institutions s’efforcent de sauvegarder la mĂ©moire du vainqueur de la MĂ©diterranĂ©e et de l’inventeur de l’avion de chasse monoplace.

  • À Vouziers, oĂč repose sa dĂ©pouille, l’ARGAT (Association Roland Garros de l’Aviation au Tennis), fondĂ©e en 1986 par Yvon Carles, s’est donnĂ© pour but d'entretenir le souvenir de l’aviateur mort pour la France sur le territoire de la commune. Outre l’entretien de sa tombe, l’ARGAT organise tous les ans une cĂ©rĂ©monie Ă  Saint-Morel oĂč son SPAD s’est Ă©crasĂ©, le , ainsi qu’au cimetiĂšre de Vouziers.
  • À Cholet, l’AĂ©rienne du Choletais, fondĂ©e par Philippe Renaudet, est parvenue Ă  convaincre la municipalitĂ© de donner Ă  son aĂ©rodrome le nom de « Roland-Garros », puisque c’est sur ce terrain que Garros a obtenu, le , le Brevet de Pilote de l’AĂ©ro-Club de France no 147. On peut voir sur le terrain d'aviation une stĂšle Ă  la mĂ©moire de Roland Garros.
  • À FrĂ©jus, d’oĂč il s’est envolĂ© le pour la Tunisie, un colloque et une exposition ont Ă©tĂ© organisĂ©s en 2003 pour le 90e anniversaire de la traversĂ©e de la MĂ©diterranĂ©e. Un monument surmontĂ© d’un buste de Garros est Ă©rigĂ©.
  • L’AĂ©ro-Club et la ville de Cagliari en Sardaigne entretiennent son nom.
  • À Tunis, le monument de FrĂ©jus - accueil du vol 1989 – accueil du vol 2003.
  • À Nice, existe le collĂšge Roland-Garros.
  • À Paris :
    • En 1928 une voie nouvelle a Ă©tĂ© ouverte dans le 20e arrondissement sous le nom de square Roland-Garros, dans un quartier oĂč de nombreuses rues portent le nom de pionniers de l’aĂ©ronautique.
    • En 1988, sous l’impulsion du ministre dĂ©lĂ©guĂ© chargĂ© des Transports Jacques Douffiagues et sous la direction d’un ComitĂ© du Centenaire prĂ©sidĂ© par Joseph Blond, PrĂ©sident honoraire de l’AĂ©ro-Club de France, sa naissance a Ă©tĂ© largement commĂ©morĂ©e (voir la piĂšce de dix francs Roland Garros), avec de nombreuses manifestations, au palais de Chaillot, Ă  la Mairie de Neuilly, avec une course aĂ©rienne Le Bourget-La RĂ©union baptisĂ©e « Route de la Vanille », ainsi qu’une fĂȘte aĂ©rienne sur l’ancienne base de SĂ©chault prĂšs de Vouziers. À cette occasion, Philippe Chatrier, prĂ©sident de la FIT et de la FFT, inaugura dans l’enceinte du stade qui porte son nom un marbre cĂ©lĂ©brant la mĂ©moire de Roland Garros. Depuis, le « Tenniseum », construit sur le mĂȘme site et quelquefois appelĂ© Ă  tort « musĂ©e de Roland Garros », rend bien hommage Ă  un grand aviateur dont il a plaquĂ© l’effigie sur toute la hauteur d’un panneau. Il ne s’agit pourtant pas de R. Garros, mais de Charles Lindbergh. Sur l’ensemble du trĂšs long texte dĂ©roulĂ© sur les murs, huit lignes sont consacrĂ©es Ă  l’aviateur français, dont quatre pour expliquer que le prĂ©nom de « Roland » s’écrit avec un "L", non deux.
    • En 2008, quelques anciens de HEC, en collaboration avec d’anciens Ă©lĂšves de l’École nationale supĂ©rieure de l'aĂ©ronautique et de l'espace (SUPAERO), ont dĂ©cidĂ© de cĂ©lĂ©brer le centenaire de la sortie de leur Ă©cole de Roland Garros, au sein de la promotion 1908.
    • En 2021, l'artiste Caroline Brisset est dĂ©signĂ©e pour rĂ©aliser le projet de statue monumentale en vue de reprĂ©senter l'aviateur sur le parvis du stade Ă©ponyme[27].
  • À La RĂ©union :
    • La statue d’Étienne Forestier le reprĂ©sentant appuyĂ© sur une hĂ©lice s’élĂšve sur la place du Barachois Ă  Saint-Denis et la rue de l’Arsenal, oĂč il est nĂ©, a Ă©tĂ© rebaptisĂ©e rue Roland-Garros.
    • L’aĂ©roport principal Ă  Gillot Sainte-Marie porte son nom depuis 1994. Sa construction a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e Ă  la fin des annĂ©es 1920. Ses portes se sont ouvertes pour la premiĂšre fois le , le jour oĂč le tout premier avion s'est posĂ© sur l'Ăźle. En , le Centenaire de la disparition de l'aviateur y a Ă©tĂ© cĂ©lĂ©brĂ©. Une rĂ©plique de l'avion, le Morane-H avec lequel il a traversĂ© la MĂ©diterranĂ©e a pu faire une dĂ©monstration de vol lors de la semaine portes ouvertes[28].
    • ainsi que l’aĂ©ro-club Roland-Garros fondĂ© en 1933 (nom donnĂ© Ă  sa crĂ©ation). Un avion porte ses initiales F-OPRG.
    • Sur la base aĂ©rienne 181 Lieutenant Roland Garros Ă  Sainte-Marie, une statue de Roland Garros, Ɠuvre du sculpteur rĂ©unionnais Marco Ah-Kiem et faite d’aprĂšs une photo prise lors du Paris-Rome en 1911, a Ă©tĂ© inaugurĂ©e le au cours d'une semaine aĂ©ronautique en hommage au premier crĂ©ole volant.
    • Le lycĂ©e Roland-Garros du Tampon porte son nom.
      Roland-Garros, par Marco Ah-Kiem, Ă  Sainte-Marie.
  • L'aviateur est sur une piĂšce de 10 â‚Ź en argent Ă©ditĂ©e en 2012 par la Monnaie de Paris, pour la collection « Les Euros des RĂ©gions » afin de reprĂ©senter La RĂ©union, sa rĂ©gion natale.
  • En 1914, peu aprĂšs le dĂ©but de la PremiĂšre Guerre mondiale, le poĂšte futuriste Ilia Zdanevitch Ă©crivit un poĂšme mi-zaoum mi-onomatopĂ©ique en hommage aux exploits de Roland Garros. Ce poĂšme, retrouvĂ© Ă  Tbilissi en octobre 1989, a Ă©tĂ© publiĂ© en 2000 en russe et en français (dans une traduction de RĂ©gis Gayraud) par les Ă©ditions ClĂ©mence Hiver (in Carnets de l'Iliazd-Club no 5).
  • Le , Ă  l'occasion du centiĂšme anniversaire de la traversĂ©e de la MĂ©diterranĂ©e, l'association Replic'Air renouvelle la traversĂ©e sur une rĂ©plique exacte bien que de construction rĂ©cente, en un temps trĂšs similaire (7 h 44 min)[29].
  • Deux mĂ©dailles commĂ©moratives du centenaire de la premiĂšre traversĂ©e aĂ©rienne de la mer MĂ©diterranĂ©e par Roland Garros, avec des graphismes similaires, ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©es par Georges G. Page (dĂ©jĂ  auteur de la « MĂ©daille des Anciens des Forces Françaises en Allemagne » Ă  la Monnaie de Paris) : On y voit Roland Garros, les cĂŽtes de France et de Tunisie, la Corse, la Sardaigne, l'avion de l'exploit dĂ©collant de FrĂ©jus, un cerf-volant Ă  l'origine de bien des vocations aĂ©ronautiques et un autre avion pilotĂ© par Roland Garros, avec la cocarde française, Ă©quipĂ© d'une mitrailleuse rappelant l'invention du tir Ă  travers l'hĂ©lice due Ă  ce cĂ©lĂšbre aviateur français mort en combat aĂ©rien. Ces mĂ©dailles sont au module de 50 mm en bronze florentin, en sĂ©rie limitĂ©e Ă  compte d'auteur, dĂ©posĂ©es Ă  l'INPI et la BibliothĂšque nationale de France.
  • Un timbre de 6c+2c Ă  l'effigie de Roland Garros a Ă©tĂ© Ă©mis en 1943 par les postes d'Indochine Française. Le timbre a Ă©tĂ© surchargĂ© avec de nouvelles valeurs 10c+2c en 1944.
  • Pour le cinquantiĂšme anniversaire de la traversĂ©e de la MĂ©diterranĂ©e, la poste de Monaco a Ă©mis en 1963 un timbre-poste d'une valeur de 2,00 F, dessinĂ© et gravĂ© par Georges BĂ©temps, reprĂ©sentant le portrait de Roland Garros et son monoplan Morane-Saulnier en vol.
  • À l'occasion de son centenaire en 1988, la Poste française a Ă©mis un timbre-poste d'une valeur de 2,00 F, dessinĂ© et gravĂ© par Jacques Gauthier, figurant le monoplan de Roland Garros sur fond de carte de la MĂ©diterranĂ©e avec l'itinĂ©raire de la traversĂ©e. Trois flammes philatĂ©liques ont Ă©tĂ© mises en service : l'une datĂ©e du 10-11 septembre 1988 - 49 Cholet, une autre datĂ©e du 2 juillet 1988 - 974 St Denis - la troisiĂšme, du 28 juillet 1988, de St Denis de la RĂ©union.
  • En 1988 un timbre a Ă©tĂ© Ă©mis Ă  Wallis et Futuna, d'une valeur de 600F CFP, dessinĂ© et gravĂ© par Claude AndrĂ©otto, reprĂ©sentant l'avant de son monoplan et son portrait en costume d'aviateur.
  • En 2013 la France a Ă©mis un timbre de 3,40 € pour le centenaire de la traversĂ©e de la MĂ©diterranĂ©e, dessinĂ© par Hugault, et Monaco un timbre de 1,35 € sur le mĂȘme sujet, dessinĂ© par Cousin et mis en page par Bara.

DĂ©coration

Notes et références

  1. Acte de naissance de Roland Garros.
  2. Contrairement à ce que mentionne sa fiche sur le site du ministÚre de la Défense ; ce document se trompe d'ailleurs sur la date du décÚs.
  3. Il y a 100 ans, Roland Garros traversait la mer Méditerranée vers la Tunisie, Le Point, 23 septembre 2013.
  4. Stéphane Nicolaou, Roland Garros. Héros du siÚcle, ETAI, , p. 11.
  5. Georges Fleury, Roland Garros. Un inconnu si célÚbre, François Bourin Editeur, , p. 9.
  6. Jean-Pierre LefĂšvre-Garros, Roland Garros. La tĂȘte dans les nuages, la vie aventureuse et passionnĂ©e d'un pionnier de l'aviation, AnankĂ©/Lefrancq, , p. 32-33.
  7. Georges Fleury, Roland Garros. Un inconnu si célÚbre, François Bourin Editeur, , p. 44.
  8. Stéphane Nicolaou, Roland Garros. Héros du siÚcle, ETAI, , p. 15.
  9. Pierre Veillé, « Cholet. Il y a 110 ans, Roland Garros volait dans le ciel choletais », sur ouest-france.fr, Ouest-France, (consulté le ).
  10. Jean-Pierre LefÚvre-Garros, op. cité, p. 99.
  11. Fabrice Abgrall et François Thomazeau, La saga des mousquetaires 1923-1933 : la belle époque du tennis français, Calmann-Lévy, , p. 132.
  12. Ma tournée en Amérique du Sud de Roland Garros, dans La vie au grand air - Avril 1912 - numéro 707 aux éditions La Vie au Grand Air, 1912.
  13. Mickael Leclerc, « Histoire. Quand le cĂ©lĂšbre pilote Roland Garros prenait l’air Ă  Cholet », sur ouest-france.fr, Courrier-de-l'Ouest, (consultĂ© le ).
  14. « La Normandie, dans l’Ɠil de ses personnages cĂ©lĂšbres », sur normandie-cabourg-paysdauge-tourisme.fr (consultĂ© le ).
  15. De Carthage à Rome en aéroplane, L'Illustration, décembre 1912 Aero-mondo.fr.
  16. Carte du trajet suivi par Garros pour son raid Tunis-Rome Gallica.fr.
  17. Georges Fleury, op. cité, p. 335.
  18. Gaston Bonheur, À FrĂ©jus ce soir-lĂ , Juilliard, , p. 212.
  19. Les traversées Aéro-maritimes (1909-1914), Vingt-cinq ans d'Aéronautique Française de Lucien Marchis, aux éditions La chambre syndicale des industries Aéronautiques Aero-mondo.fr.
  20. Jacques Noetinger, L'aviation, une rĂ©volution du XXe siĂšcle, Nouvelles Éditions Latines, , p. 39.
  21. Serge Linares, Jean Cocteau. Le grave et l'aigu, Éditions Champ Vallon, , p. 31.
  22. Raymond Saulnier, « Roland Garros et le tir Ă  travers l'hĂ©lice », L'AĂ©rophile,‎ (lire en ligne).
  23. Jean-Pierre LefÚvre-Garros, op. cité, p. 363.
  24. « 15 fĂ©vrier 1918 : l’aviateur Roland Garros a cette fois rĂ©ussi son Ă©vasion » (consultĂ© le ).
  25. « Cote LH/1081/36 », base Léonore, ministÚre français de la Culture.
  26. (en) Jim Woods, « Victory Belongs To The Most Tenacious », sur stockinvestor.com, (consulté le ).
  27. « Caroline Brisset : à la découverte du «Cloud kisser» » [vidéo], sur rolandgarros.com (consulté le ).
  28. « Centenaire de la disparition de Roland Garros : le dĂ©tachement air 181 rend hommage Ă  l’aviateur rĂ©unionnais », sur RĂ©union la 1Ăšre (consultĂ© le ).
  29. « aerobuzz.fr/spip.php?article43
 »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?).

Voir aussi

Sources et bibliographie

  • Jacques Mortane, Roland Garros virtuose de l'aviation, l'Édition française illustrĂ©e, 1919
  • Jean Ajalbert, La Passion de Roland Garros, Les Éditions de France, 1926, 2 vol., 263 p. & 392 p.
  • Jacques Mortane, La guerre des Ailes : TraquĂ©s par l'ennemi, chap. II : Sous le dĂ©guisement d'officiers allemands : Roland Garros et Anselme MarĂ©chal, BaudiniĂšre, 1929, p. 17-40
  • Roland Garros, MĂ©moires, prĂ©sentĂ©s par Jacques Quellenec, Hachette, 1966
  • Jean-Pierre LefĂšvre-Garros, Roland Garros : la tĂȘte dans les nuages, la vie aventureuse et passionnĂ©e d'un pionnier de l'aviation, Bruxelles, AnankĂ©/Lefrancq, , 415 p. (ISBN 2-87418-012-2 et 978-2-874-18012-5)
  • Georges Fleury, Roland Garros : un inconnu si cĂ©lĂšbre, Paris, Bourin, , 389 p. (ISBN 978-2-84941-123-0 et 2-84941-123-X)
  • Roland Garros, MĂ©moires suivi de journal de guerre, PhĂ©bus, 2016
  • Julien Chenneberg, Roland Garros. Une histoire d’hĂ©ritage, Hachette 2013

Articles connexes

Liens externes

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