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Maurice Couve de Murville

Maurice Couve de Murville, né le à Reims et mort le à Paris, est un haut fonctionnaire, diplomate et homme d'État français. Il est Premier ministre du au , le dernier sous la présidence de Charles de Gaulle.

Maurice Couve de Murville
Illustration.
Maurice Couve de Murville en 1964.
Fonctions
Sénateur français
–
(9 ans et 3 jours)
Élection 28 septembre 1986
Circonscription Paris
Groupe politique RPR
Président de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale
–
(8 ans, 1 mois et 17 jours)
Législature Ve et VIe (Cinquième République)
Prédécesseur Jean de Broglie
Successeur Maurice Faure
Député français
–
(12 ans, 11 mois et 30 jours)
Réélection 19 mars 1978
21 juin 1981
Circonscription 6e de Paris
Législature Ve, VIe et VIIe (Cinquième République)
Groupe politique UDR puis RPR
Prédécesseur Raymond Bousquet
Successeur Scrutin proportionnel
–
(30 jours)
Élection 23 juin 1968
Circonscription 6e de Paris
Législature IVe (Cinquième République)
Groupe politique UDR
Prédécesseur Raymond Bousquet
Successeur Raymond Bousquet
Premier ministre français
–
(11 mois et 10 jours)
Président Charles de Gaulle
Alain Poher (intérim)
Gouvernement Couve de Murville
Législature IVe (Cinquième République)
Coalition Majorité présidentielle
UDR – RI
Prédécesseur Georges Pompidou
Successeur Jacques Chaban-Delmas
Ministre de l'Économie et des Finances
–
(1 mois et 9 jours)
Président Charles de Gaulle
Premier ministre Georges Pompidou
Gouvernement Pompidou IV
Prédécesseur Michel Debré
Successeur François-Xavier Ortoli
Ministre des Affaires étrangères
–
(9 ans, 11 mois et 30 jours)
Président René Coty
Charles de Gaulle
Premier ministre Michel Debré
Georges Pompidou
Président du Conseil Charles de Gaulle
Gouvernement De Gaulle III
Debré
Pompidou I, II, III et IV
Prédécesseur René Pleven
Successeur Michel Debré
Biographie
Nom de naissance Jacques-Maurice Couve de Murville
Date de naissance
Lieu de naissance Reims (Marne, France)
Date de décès
(à 92 ans)
Lieu de décès Paris 7e (France)
Sépulture Cimetière du Montparnasse
Nationalité Français
Parti politique UNR (1958-1967)
UDR (1968-1976)
RPR (1976-1995)
Entourage cousin éponyme
Diplômé de Faculté de droit de Paris
École libre des sciences
politiques de Paris
Profession Inspecteur des finances
Diplomate
Religion Protestant

Signature de Maurice Couve de Murville

Biographie

Jeunesse et études

La famille Couve de Murville est une ancienne famille bourgeoise protestante du Languedoc établie ensuite en Provence. Son fondateur, Jean-Baptiste Couve (v. 1720) était tailleur d'habits à Montpellier, (Hérault). Son fils, Philippe Couve (1757-1815) était commerçant à Marseille. Parmi leurs descendants, se succèdent des négociants, des courtiers d'assurance maritime et des hommes de loi[1].

Maurice Couve de Murville, né Jacques-Maurice Couve, est le fils du magistrat Édouard Couve (1863-1939) et d'Hermine Caesar (1876-1963)[2].

Lauréat du Concours général de géographie en 1922[3], il suit ses études secondaires au lycée Louis-le-Grand. Ayant obtenu le baccalauréat, il s'inscrit en faculté de droit à l'université de Paris. En 1926, il s'inscrit à l'École libre des sciences politiques. Il étudie sous la férule de Clément Colson en économie politique, et Wilfrid Baumgartner en finances publiques, qui écrit de lui dans son bulletin : « M. Couve de Murville est un candidat hors de pair ». Il sort diplômé de l'école en 1928, avec la mention « très bien » et le rang de major de la section Finances publiques[4].

Sa licence de droit et son diplôme de l’École libre en poche, il prépare le concours de l'Inspection des finances, où il est admis en 1930.

À cette même époque, le , il épouse Jacqueline Schweisguth (1912-2002)[5], artiste-peintre sous le pseudonyme de Véra Fabre, qui lui donne trois filles, prénommées Juliette, Dorothée et Béatrice.

Parcours professionnel

Maurice Couve de Murville devient, après ses études et sa réussite au concours, Inspecteur des finances, servant les institutions de la IIIe République de 1930 à 1940. Après le vote des parlementaires réunis à Vichy le et le vote des pleins pouvoirs au maréchal Pétain, il sert, comme ses collègues, membres de l'Inspection des Finances, le nouveau régime politique qu'est le gouvernement de Vichy. Il s'en éloigne en , alors qu'il se trouve en mission, envoyé par le gouvernement de Vichy à Alger. Il est proche, dans un premier temps, du général Giraud et il rejoint ensuite les rangs de la France libre en juin 1943. Après la Libération, à compter de , il entame une prestigieuse carrière diplomatique, notamment en tant qu'ambassadeur auprès de l'Italie, puis dans d'autres pays, notamment aux États-Unis et enfin en République fédérale d'Allemagne.

Sa fidélité au Général lui vaut d'être nommé ministre des Affaires étrangères à l'occasion du retour de celui-ci au pouvoir, en 1958. Il conserve ce poste après l'instauration de la Ve République, dont il est le premier ministre des Affaires étrangères, une fonction qu'il exerce durant dix ans, ce qui constitue un record pour un hôte du quai d'Orsay. Il lui appartient, à ce poste régalien, de mettre en œuvre la politique étrangère d'obédience gaullienne.

Après les événements de Mai 68, il devient brièvement ministre de l'Économie et des Finances, avant d'être, quelques semaines plus tard, nommé Premier ministre. La démission du président de Gaulle, consécutive à la victoire des opposants au gaullisme à l'occasion du référendum du 27 avril 1969, précipite la fin de son gouvernement, l'un des plus éphémères de la Ve République.

De la IIIe République au régime de Vichy puis au service de la France Libre

Entre 1936 et 1937, Maurice Couve de Murville exerce la fonction d'attaché financier auprès de l'ambassade de France à Bruxelles, puis il entre au sein du « mouvement général des fonds », structure précédant la direction du Trésor, au ministère des Finances. Cadre, puis directeur adjoint de cette administration, il doit gérer les fonds lors de l'entrée en guerre de la France contre l'Allemagne, jusqu'au mois de , lorsqu'il est nommé directeur des Finances extérieures et des Changes (DFEC).

À ce poste, ses attributions lui confèrent une importance capitale puisqu'il est chargé d'avaliser tous les mouvements financiers franco-allemands tout en devant « réduire l'influence juive dans l'économie française »[6] - [7]. Il quitte ces fonctions au mois de mars 1943 après avoir siégé au sein de la délégation française à la Commission d’armistice de Wiesbaden[8] qui siège sous l'autorité du haut commandement allemand.

En , quatre mois après le débarquement des Alliés en Afrique du Nord, il part pour Alger, via l’Espagne, où l’avait envoyé Jean Jardin, chef de cabinet de Pierre Laval, pour avoir un homme à lui, dans l'autre camp. L'inspecteur des finances ayant reçu un passeport officiel du gouvernement de Vichy, Charles de Gaulle aurait déclaré : « Couve a passé les Pyrénées en sleeping[8]. » Le , il devient secrétaire général du général Giraud [9].

Le 7 juin 1943, il est nommé commissaire aux finances du Comité français de libération nationale (CFLN). Lors de la fin officielle de la structure que fut la France Libre, créée le et dissoute le par décision du général de Gaulle, il est alors un des ralliés au chef historique de la France libre et de la France combattante qu'est le général de Gaulle.

En février 1945, il devient membre du Gouvernement provisoire de la République française (GPRF) avec le rang d'ambassadeur auprès du gouvernement italien.

Une carrière diplomatique prestigieuse

La carrière diplomatique de Maurice Couve de Murville, entamée à compter de en Italie, se poursuit, notamment lorsqu'il est nommé ambassadeur de France en Égypte, siégeant au Caire de 1950 à 1954. Elle gagne en prestige en 1954, lors de sa désignation comme représentant permanent de la France auprès de l'OTAN, bien qu'il n'exerce cette fonction qu'une seule année, avant d'être nommé ambassadeur à Washington, entre 1955 et 1956, puis à Bonn, de 1956 à 1958.

Sa fidélité à l'égard de Charles de Gaulle, mais également sa compétence et sa parfaite maîtrise des affaires diplomatiques, lui valent d'être nommé, par celui-ci, ministre des Affaires étrangères le , dans le dernier gouvernement de la IVe République, présidé par le général de Gaulle.

Ministre des Affaires étrangères puis Premier ministre

Le retour du général de Gaulle au pouvoir, le , l'amène à franchir les portes du quai d'Orsay pour le diriger, en tant que chef de la diplomatie. Dernier nommé à ce poste sous la IVe République, il sera, par ailleurs, le premier à le détenir sous la Ve République, régime sous lequel il aura accompli l'essentiel de sa carrière politique, dans l'ombre du général de Gaulle qui lui confie la tâche de mettre en œuvre la nouvelle politique étrangère de la France telle que l'« homme du » l'a conçue.

La proximité liant les deux hommes permettra à Maurice Couve de Murville de séjourner quasiment dix ans à l'hôtel du quai d'Orsay. S'il entretient des relations cordiales avec Michel Debré, ses rapports avec Georges Pompidou seront notoirement exécrables, d'autant que le second Premier ministre du premier président de la Ve République lui reprochera son implication présumée et controversée dans l'affaire Marković, un scandale visant à atteindre l'honneur du Premier Ministre et de son épouse alors que ses ambitions présidentielles étaient de plus en plus connues. Le 5 et , il se présente aux élections législatives dans le 7e arrondissement de Paris, contre le député et maire sortant et il est alors battu par le tenant de ces deux fonctions, M. Édouard Frédéric-Dupont par 279 voix d'avance.

Au remaniement ministériel qui suit immédiatement Mai 68, il remplace aux Finances Michel Debré, ne gardant ce poste que peu de temps.

Après les élections législatives, il devient Premier ministre, le , en remplacement de Georges Pompidou. Avec seulement 18 ministres, son gouvernement fut le plus restreint de la Ve République, avant celui de François Fillon en 2007. Aux fonctions de Premier ministre, il se voit chargé, par Charles de Gaulle, de préparer de vastes réformes de structures : Sénat, régions, communes, participation dans l'entreprise, universités[10]. Resté à Matignon pendant 11 mois et 10 jours, jusqu'au , Maurice Couve de Murville détiendra le record de brièveté à ce poste, durant 22 ans et 9 mois et 13 jours, avant d'être dépassé par Édith Cresson le .

L’après-Matignon

Après la démission de Charles de Gaulle de la présidence de la République en et son départ de Matignon en , Maurice Couve de Murville est candidat le , à l'élection législative partielle, dans la 4e circonscription des Yvelines mais il est battu par un autre membre de la « haute société protestante », Michel Rocard, qui obtient au second tour 53,78 % des suffrages exprimés (avec un taux d'abstention de 38 % au second tour le , qui était au 1er tour de 46 %). Il revient élu à l'Assemblée nationale lors des élections législatives en 1973 où il est président de la commission des Affaires étrangères jusqu'en 1981 ; aux élections législatives de , faisant suite à la dissolution de l'Assemblée nationale, conséquence de l'élection de François Mitterrand le comme Président de la République, il est réélu député de Paris. Il est en élu sénateur en 1986, jusqu'en 1995.

En octobre 1995, Couve de Murville met fin à sa carrière politique au bout de son mandat de sénateur, à l'âge de 88 ans.

Mort et postérité

Plaque au no 44 rue du Bac.
Tombe des époux Couve de Murville au cimetière du Montparnasse (division 18).

Maurice Couve de Murville meurt de vieillesse dans son appartement au no 44 rue du Bac, à Paris, à l'âge de 92 ans et 11 mois, le . Il est enterré au cimetière du Montparnasse (18e division), le .

Il est le doyen d'âge des Premiers ministres de la Ve République jusqu'au , date à laquelle il est dépassé par Édouard Balladur.

Détail des mandats et fonctions

Décorations

Hommage

Publications

  • Une politique étrangère, 1958-1969 (1971)
  • Le monde en face : Maurice Couve de Murville, entretiens avec Maurice Delarue, Paris, Plon, , 323 p. (ISBN 2-259-02222-7)

Citation extraite du livre Une politique étrangère 1959-1969 :

« La volonté, c'est celle d'être soi-même l'artisan de son destin - autant qu'on le peut, et on le peut bien davantage qu'on ne le croit communément. C'est de ne s'en laisser imposer ni du dedans, ni du dehors, ni tout simplement par l'incident du jour. C'est de pratiquer une politique délibérée, voulue précisément, que l'on définit soi-même. Se laisser imposer sa politique, c'est d'ailleurs être assuré de recueillir, de chaque action, les seuls désavantages. »

Dans la fiction

Dans la mini-série De Gaulle, l'éclat et le secret (2020), son rôle est interprété par François Guétary.

Notes et références

  1. Pierre-Marie Dioudonnat, LeSimili-Nobiliaire-Français, éd. Sédopols, 2012, p. 244.
  2. Le patronyme de Murville est ajouté par voie de justice, le .
  3. Jean-Philippe de Garate, Couve de Murville, 1907-1999, Harmattan, (ISBN 978-2-296-03569-0, lire en ligne).
  4. Jean-Philippe de Garate, Couve de Murville, 1907-1999, Harmattan, (ISBN 978-2-296-03569-0, lire en ligne).
  5. elle est la fille d'un banquier lui-même inspecteur des finances.
  6. « Industriels et banquiers sous l'occupation - La collaboration économique avec le Reich et Vichy », de Annie Lacroix-Riz - Ed. Armand Colin - 1999
  7. Philippe Valode, Le destin des hommes de Pétain, Nouveau Monde Editions, .
  8. « De Gaulle l’appelait Couve », Le Monde, 29 décembre 1999.
  9. Bénédicte Vergez-Chaignon, Les Vichysto-réistants, Paerrin, 2008, édition de poche Tempus 2016, p. 434.
  10. Etienne Le Brun, Les dernières réformes du général de Gaulle (1968-1969), Huningue, Presses universitaires Rhin Danube, , 301 p. (ISBN 978-2-493323-30-9)
  11. Décret du 31/12/1996
  12. (it) « Commentarium officiale », Acta Apostolicae Sedis, vol. 51, no 9,‎ (lire en ligne [PDF]).
  13. https://www.quirinale.it/onorificenze/ricerca.

Voir aussi

Bibliographie

  • François Boulet, « Maurice Couve de Murville », in Patrick Cabanel et André Encrevé (dir.), Dictionnaire biographique des protestants français de 1787 à nos jours, tome 1 : A-C, Les Éditions de Paris Max Chaleil, Paris, 2015, p. 773-774 (ISBN 978-2846211901)
  • Jean-Philippe de Garate, Couve de Murville, Un président impossible, éditions L'Harmattan, Paris, 2007, 400 p.
  • Étienne Le Brun, Les dernières réformes du général de Gaulle (1968-1969), editions Presses Universitaires Rhin Danube, Huningue, 2022, 301 p.

Article connexe

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