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Clément Colson

Clément Colson, né à Versailles le et mort à Paris le , est un haut fonctionnaire et économiste français, membre de ce que certains appellent l’École de Paris en économie. Il fut Vice-président du Conseil d'État de 1923 à 1928. Il était membre de l'Académie des sciences morales et politiques.

Biographie

Jeunesse et Ă©tudes

Après des études à l’École polytechnique (1873) et à l’École nationale des ponts et chaussées (Paris), il passe sa licence en droit.

Parcours professionnel

Colson réussit le concours d’entrée au Conseil d’État où il est nommé auditeur en 1878. Il possède le statut d'ingénieur des ponts et chaussées en service détaché.

Il devient sous-chef, puis chef de cabinet du ministre des Travaux publics (1879-1882), directeur des Chemins de fer (1894-1895). D'un caractère entier, Colson a la réputation de soutenir ses idées envers et contre tout. Il devient conseiller d’État en 1897, puis inspecteur général des ponts et chaussées (1908).

Il assure diverses activités d’enseignant : professeur de transports à l'École des Hautes Études Commerciales (1885-1905), professeur d'économie politique à l'École nationale des ponts et chaussées (1892). À partir de 1905, comme professeur à l'École libre des sciences politiques, il est chargé d'un cours sur la circulation nationale, puis d'économie politique.

À l'École polytechnique (1914-1928), où il succède à un socialiste Eugène Fournière, il transforme l'ancien cours d'économie sociale en cours d'économie politique[1]. Pour François Divisia, son successeur : « dans les milieux de l'Ecole, il fait prévaloir l'idée que, surtout pour les X, l'exposé des questions sociales doit être éclairé par la théorie et transformé en un véritable enseignement de l'économie politique »[2]. Il est aussi chargé de conférences au centre des Hautes Études militaires (1920-1928).

Lorsqu'il débute effectivement son cours à l'École polytechnique, en 1918, il a déjà 65 ans. Aussi, il va organiser sa succession et faire en sorte que ses disciples, tels que François Divisia, René Roy et Jacques Rueff, accèdent à des charges d'enseignement dans les grandes écoles[1]. Pour Lucette Le Van Lemesle[3], « ce sont eux qui fondent une tradition nouvelle, celle des ingénieurs économistes, si bruyante dans les médias des années 1930[4] et si active dans la réalité économique de l'après-Seconde Guerre mondiale ».

Il finit sa carrière comme président de la section des finances au Conseil d'État (1920) et enfin vice-président du Conseil d'État (1923-1928). Élu, le , membre titulaire de la section d'économie politique, statistique et finances, au fauteuil d'Émile Cheysson, il préside l’Académie des Sciences morales et politiques en 1922. Il se prononce en 1925 pour la dévaluation du franc, ce qui lui attire une fois de plus la réprobation du gouvernement.

Prises de positions

Études sur les prix et les monopoles

Grand spécialiste des voies de communication et plus particulièrement des chemins de fer, ses travaux sont tout particulièrement consacrés à l'étude des mécanismes des prix et des monopoles. Sa théorie de la détermination du salaire et de l'intérêt lui est inspirée par l'examen des projets d'équipement des gares. Par ailleurs, il soutient fortement l'idée que les phénomènes économiques dépendent en grande partie de facteurs psychologiques, ce qui ne l'empêche pas de mobiliser l'outil mathématique dans certaines de ses démonstrations.

Prises de positions libérales

Colson se proclame libéral. Il a présidé la très libérale et libre-échangiste Société d'économie politique. À sa mort, c'est également ce qu'affirment ses disciples François Divisia et Jacques Rueff[5] dans les articles qu'ils lui consacrent.

Libéral, il fait globalement confiance au mécanisme du marché[6], mais son libéralisme est tempéré par l'influence de Frédéric Le Play, et ne conçoit pas l'individu comme isolé, d'où l'idée finalement très moderne « que l'économie politique inclut [...] nécessairement les rapports juridiques »[7]. Cela l'amène à critiquer « les exagérations du libéralisme » de Charles Dunoyer en France ou de John Prince-Smith en Allemagne[8].

La notion de service public

Il s'oppose également à réduction du rôle de l'État à la police, la justice et l'armée. En effet pour lui « le libéralisme ne règle de lui-même ni le sort de ceux qui sont inaptes à s'adapter aux fluctuations économiques, ni les inégalités excessives de la répartition des revenus liées aux différences d'éducation. »[8]. Aussi pour Clément Colson l'État a une légitimité à s'occuper d'enseignement et de services publics dont « le véritable caractère propre... est de ne pouvoir être organisés sans qu'il soit fait usage du pouvoir coercitif »[9].

Sur le plan social, selon Lucette Le Van-Lemesle[10] dès 1910 « il élabore un projet de conventions collectives » ainsi que des mesures en faveur des familles nombreuses, « des discriminations positives comme les bourses...et même l'instauration d'un salaire minimum ».

DĂ©corations

Grand officier de la LĂ©gion d'honneur Grand officier de la LĂ©gion d'honneur : 1929[11]

Principaux ouvrages

  • Organisation financière des ports maritimes en Angleterre (en collaboration avec M. Roume), 1888
  • La Garantie d'intĂ©rĂŞts et son application en France Ă  l'exĂ©cution des travaux publics, 1889
  • Les Chemins de fer et le budget, 1896
  • Cours d'Ă©conomie politique professĂ© Ă  l'École des Ponts et ChaussĂ©es, 6 vol., 1901-1907 (2e Ă©d. 1924-1931)
  • AbrĂ©gĂ© de la lĂ©gislation des chemins de fer et tramways, 1907
  • Transports et tarifs : rĂ©gime administratif des voies de communications. Conditions techniques et commerciales des transports, 1908
  • Organisme Ă©conomique et dĂ©sordre social, 1912, Flammarion, Bibliothèque de philosophie scientifique, Texte en ligne
  • L’Outillage Ă©conomique de la France, 1921
  • Les Conditions de transit dans nos ports, 1926
  • La Situation financière de la France (en collaboration avec Ed. Allix et J. BarthĂ©lĂ©my), 1926
  • Louis Le Chatelier (1853-1928), 1929

Notes

  1. Le Van-Lemesle, 2005, p. 77
  2. Divisia, 1939
  3. Le Van Lemesle, 2005, p. 77
  4. Elle pense peut-être à X-Crise et aux néo-libéraux français
  5. Le Van-Lemesle, 2005, p. 79
  6. Le Van-Lemesle, 2005, p. 80
  7. Le Van Lemesle, 2005, p. 81. Cet auteur ajoute : « Colson bricole sa synthèse personnelle entre Jean-Baptiste Say et Le Play »
  8. Le Van Lemesle, 2005, p. 81
  9. Colson, 1924-1931, livre 1, p. 105-110. Voir aussi Le Mesle, 2005, p. 82
  10. Le Van-Lemesle, 2005, p. 81
  11. Base LĂ©onore

Bibliographie

  • François Divisia, 1939, « ClĂ©ment Colson », Bulletin de la sociĂ©tĂ© amicale de secours des anciens Ă©lèves de l'École polytechnique, no 48,
  • Jacques Rueff, 1939, « ClĂ©ment Colson », Revue d'Ă©conomie politique
  • Christian Picory, 1989, « Orthodoxie libĂ©rale et hĂ©tĂ©rodoxie marginaliste : ClĂ©ment Colson » Revue Ă©conomique, 40/4, juillet
  • Michel S. Zouboulakis, « Eclectisme thĂ©orique et libĂ©ralisme pragmatique dans l'Ĺ“uvre de ClĂ©ment Colson » in Pierre Dockès, Ludovic Frobert, GĂ©rard Klotz, Jean-Perre Pottier, AndrĂ© Tiran (Ă©d.) Les traditions Ă©conomiques françaises, 1848-1939, Paris CNRS Éditions.
  • Lucette Le Van-Lemesle, « CauwĂ©s et Colson, le juriste et l'ingĂ©nieur : une ou deux conceptions du service public ? », Revue d'histoire moderne et contemporaine,‎

Liens externes

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