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Pierre Lefranc

Pierre Lefranc, né le à Paris 5e où il est mort le [2] - [3], est un ancien résistant et proche collaborateur du général de Gaulle. Cofondateur avec André Malraux, et premier président, de l'Institut devenu Fondation Charles-de-Gaulle[4], président de l'Association nationale d'action pour la fidélité au général de Gaulle[5], il était l'un des « barons du gaullisme »[6].

Biographie

Pierre Lefranc naît le à Paris. Son père, Jean-Abel Lefranc, secrétaire général de la Compagnie internationale de navigation aérienne, est tué dans un accident d'avion en 1928. Son grand-père, Abel Lefranc (1863-1952), archiviste-paléographe, fut professeur au Collège de France et membre de l'Institut Académie des inscriptions et belles-lettres.

Le , encore électrisé par l'appel du 18 Juin 1940 du général de Gaulle, dont il avait eu connaissance le 20[7], il fait partie des 1000 manifestants[7] contre l'occupant allemand, sur les Champs-Élysées. À cette occasion, il est blessé par une grenade et placé en état d'arrestation[4], à la Santé puis à Fresnes[8]. Libéré au bout de six mois[9], il gagne la zone libre et contribue à fonder le réseau de Résistance Liberté[4]. Courant de l'été 1942, il fréquente l'école des cadres d'Uriage[8] - [10], où il rencontre Hubert Beuve-Méry (futur fondateur du journal Le Monde)[8], avant de gagner l'Espagne et Gibraltar, où, après un séjour de quelques mois ( - ) dans les prisons de Franco[10], il rencontre pour la première fois, le , le général de Gaulle. Celui-ci l'accueille en ces termes : « Vous en avez mis, du temps, à venir ! Il nous reste beaucoup à faire. »[7]. Il accompagne ensuite le Général à Londres[4].

Après qu'on a refusĂ© d'exaucer son souhait d'ĂŞtre pilote, il intègre l'École des Cadets, le Saint-Cyr de la France libre, de laquelle il sort diplĂ´mĂ© le [10]. Il est alors affectĂ© au bureau central de renseignements et d'action (BCRA), les services secrets de la France Libre, avec pour mission de chapeauter et de coordonner les maquis[10]. Ă€ cet effet, il est, dans la nuit du 24 au , dans le cadre de l'OpĂ©ration « Tilleul Â», parachutĂ© dans le dĂ©partement de l'Indre[10]. Il prend alors le pseudonyme d'« Arteriole Â», et participe les armes Ă  la main Ă  la LibĂ©ration de la France[4] en ramenant, au cours de dangereuses expĂ©ditions, de prĂ©cieux, d'importants renseignements au rĂ©seau communiste qui l'a recueilli[10]. Il revient ensuite brièvement Ă  Londres en octobre, puis repart Ă  Paris pour intĂ©grer la 1re compagnie, puis le service politique (Ă  partir de mars 1945), de la DGER (qui a succĂ©dĂ© au BCRA comme service de renseignement du Gouvernement Provisoire de la RĂ©publique Française)[10]. Ă€ l'occasion de ces nouvelles fonctions, en , il rejoint en Allemagne le service de presse de l'armĂ©e du gĂ©nĂ©ral de Lattre de Tassigny[10]. Il met fin Ă  ses fonctions le [10].

Après la guerre, il est brièvement employĂ© comme chargĂ© de mission au ministère de l'Économie, puis rejoint le privĂ©, au ComitĂ© d'action pour la productivitĂ© dans les assurances[8]. RestĂ© fidèle Ă  de Gaulle, il intègre ensuite les instances dirigeantes du Rassemblement du peuple français (RPF), le parti politique crĂ©Ă© par le GĂ©nĂ©ral, renonçant par la mĂŞme occasion Ă  son emploi dans le privĂ©[4]. Il est Ă©galement, de 1947 Ă  1951, conseiller municipal RPF Ă  Brive-la-Gaillarde[8]. Il retrouve finalement son emploi dans le monde de l'assurance en 1951, tout en rendant rĂ©gulièrement visite au GĂ©nĂ©ral, avec lequel il a nouĂ© de solides relations amicales, Ă  Colombey-les-Deux-Églises, durant la « traversĂ©e du dĂ©sert Â» de 1952 Ă  1958[8].

Le , Pierre Lefranc crée l'Association nationale pour le soutien de l'action du général de Gaulle[8].

En 1958, une fois revenu aux affaires, le gĂ©nĂ©ral de Gaulle demande Ă  Pierre Lefranc de prendre la direction de son cabinet Ă  la prĂ©sidence du Conseil[4]. Ă€ ce titre, il organise la cĂ©rĂ©monie du au cours de laquelle le gĂ©nĂ©ral de Gaulle fait Winston Churchill Compagnon de la LibĂ©ration[11]. Une fois le GĂ©nĂ©ral Ă  l'ÉlysĂ©e, il devient, chargĂ© de mission (1959 - 1961)[8], puis conseiller technique Ă  la prĂ©sidence de la RĂ©publique jusqu'en 1963, date Ă  laquelle il intègre le corps prĂ©fectoral[4] et devient prĂ©fet de l'Indre[8]. En 1965, le GĂ©nĂ©ral le charge de diriger sa campagne prĂ©sidentielle[4]. Pierre Lefranc doit alors faire avec l'inertie de son mentor, qui se refuse Ă  « descendre dans l'arène », et axe en consĂ©quence la campagne sur le travail de terrain des militants en crĂ©ant des comitĂ©s dĂ©partementaux et une « Association pour le soutien au gĂ©nĂ©ral de Gaulle »[12]. Il est ensuite, et restera Ă  ce poste jusqu'en 1973, nommĂ© prĂ©sident de la SociĂ©tĂ© financière de radiodiffusion (SOFIRAD)[4] oĂą, tout d'abord dĂ©sireux de remettre de l'ordre dans la maison, afin d'appliquer les directives du GĂ©nĂ©ral (qui, d'après Lefranc, ne supportait pas que les organes audiovisuels d'État critiquent sans cesse sa politique), il adopte finalement une politique plus conciliante[8]. En mai 1968, tandis qu'il s'efforce de contrĂ´ler les mĂ©dias, accusĂ©s par ses soins de « favoriser la tâche Â» des manifestants[8], il organise, en parallèle et en collaboration avec Pierre Juillet et Jacques Foccart, la grande contre-manifestation du [7]. Il figure d'ailleurs au premier rang de cette grande contre-manifestation, près d'AndrĂ© Malraux et de Michel DebrĂ©[8]. Après le succès de l'entreprise, AndrĂ© Malraux lui dit d'ailleurs avec humour : « Maintenant, Lefranc, vous pouvez aller Ă  la pĂŞche... »[7]. Il crĂ©e Ă©galement, Ă  cette occasion, les ComitĂ©s pour la DĂ©fense de la RĂ©publique (CDR), qu'il prĂ©side jusqu'en mars 1969[8].

Le au matin, au lendemain de la mort de De Gaulle, Pierre Lefranc est chargé par l'amiral Philippe de Gaulle (le fils du Général) de s'entretenir avec le président Georges Pompidou, à qui le Général a remis en 1952 un exemplaire de son testament, des dites dispositions testamentaires[13]. Par la même occasion, il informe le Premier ministre Jacques Chaban-Delmas, qui venait d'arriver à l'Élysée, du décès du Général[13].

En 1971, quelques mois après la mort du Général, et conformément aux instructions que celui-ci lui avait laissées[14], il crée avec André Malraux l'Institut Charles de Gaulle[4], devenu dans les années 1990 une Fondation.

En 1973, le prĂ©sident Georges Pompidou, avec lequel le courant ne passe plus depuis longtemps, comme pour la plupart des barons du gaullisme, le dĂ©missionne finalement de la prĂ©sidence de la Sofirad[8]. La mĂŞme annĂ©e, il fonde la revue L'Appel, destinĂ©e Ă  ĂŞtre une tribune pour les « gaullistes de conviction Â»[8].

Il s'éloigne dès lors du champ politique pour se consacrer à l'Institut Charles de Gaulle, ainsi qu'à l'écriture de plusieurs ouvrages consacrés au Général et au gaullisme.

Il sort toutefois de sa rĂ©serve dans les annĂ©es 1990 et 2000 pour critiquer la prĂ©sidence de Jacques Chirac[7], auquel il reproche notamment l'instauration du quinquennat et la reconnaissance de la responsabilitĂ© de l'État français dans la dĂ©portation des Juifs français au cours de la Seconde Guerre mondiale, qui met Ă  bas la doctrine gaullienne dĂ©clarant « nul et non avenu » le rĂ©gime de Vichy[6] - [15]. Il se monte Ă©galement critique vis-Ă -vis de Nicolas Sarkozy. Il figure d'ailleurs parmi les signataires de « l'appel rĂ©publicain » de l'hebdomadaire Marianne, aux cĂ´tĂ©s notamment de SĂ©golène Royal, de François Bayrou, de Jean-Pierre Chevènement ou de Nicolas Dupont-Aignan[16]. Déçu par la droite, qui n'incarne plus Ă  ses yeux le gaullisme[8], il se rapproche de Jean-Pierre Chevènement, pour lequel il appelle Ă  voter en 2002[6], dĂ©clarant qu'il est « le seul Ă  parler de la France Â»[8].

Il est présent aux universités de rentrée de Debout la République, parti souverainiste se réclamant du gaullisme social fondé par Nicolas Dupont-Aignan, le à Dourdan. Dans son discours, en tant que témoin, il s’interroge : « Que reste-il aujourd’hui de la construction et de l’œuvre de Charles de Gaulle ? Peu de choses, rien presque. », puis ajoute « Je crois que si nous sommes réunis ici, c’est pour refuser l’abdication de notre pays, et malheureusement on en prend la direction »[17].

Il meurt le à l'hôpital du Val de Grâce, à la veille de ses quatre-vingt-dix ans.

Lien filial avec Charles de Gaulle ?

Des rumeurs ont longtemps couru sur la possibilité que Lefranc ait été le fils naturel du général de Gaulle. Franz-Olivier Giesbert rappelle ainsi que « par sa taille, sa vastitude et sa gouaille, [il] rappelait beaucoup de Gaulle », d'autant plus que le Général prenait souvent des nouvelles de Lefranc auprès de ses supérieurs, d'après des confidences de Pierre Messmer, ce qui n'était pas fréquent[18]. Lefranc a toujours démenti ce bruit de couloir avec amusement : « il a un peu flatté ma mère, plus gaulliste encore que moi ! » écrivait-il dans Gouverner selon de Gaulle[19].

Pierre Lefranc et le gaullisme

Pierre Lefranc fait figure, parmi d'autres, de théoricien orthodoxe[8] du gaullisme. Pour lui, le gaullisme est à la fois la défense de certaines valeurs (l'indépendance et l'identité nationale, par exemple), une théorie politique et constitutionnelle (acceptation du principe de séparation des pouvoirs cher à Montesquieu, mais en affirmant la primauté du pouvoir exécutif sur le législatif, refus en conséquence du régime d'assemblée, élection du président de la République au suffrage universel direct…) et un comportement particulier (l'insoumission, la capacité à dire « non », un certain goût, finalement, pour la rébellion…)[5]. À la fin de sa vie, il a plusieurs fois estimé que le gaullisme n'existait pratiquement plus au sein de la classe politique : « Le gaullisme aura duré trente ans. Une génération, en somme... »[7].

Carrière de romancier

Il publiera, sous le pseudonyme de Pierre Lamballe, plusieurs romans.

Publications

Sous son véritable nom

Sous le pseudonyme de Pierre Lamballe

DĂ©corations

Annexes

Sources

Les papiers personnels de Pierre Lefranc sont conservés aux Archives nationales sous la cote 569AP[23] - [24]

Liens externes

Notes et références

  1. René Bargeton, Dictionnaire biographique des préfets (septembre 1870-mai 1982), Paris, Archives nationales, , 555 p. (ISBN 2-86000-232-4, BNF 35744170)
  2. Relevé des fichiers de l'Insee
  3. « Pierre Lefranc, baron du gaullisme, est mort », LeMonde.fr, mis en ligne le 7 janvier 2012.
  4. « Biographies de membres du RPF », Charles-de-Gaulle.org (site officiel de la Fondation Charles de Gaulle)
  5. « Entretien avec Pierre Lefranc. À la recherche du gaullisme des gaullistes », arkheia-revue.org, Guillaume Bourgeois
  6. Gaullisme.fr
  7. « Pierre Lefranc, premier et dernier vrai gaulliste »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?) (consulté le ), Marianne, Philippe Cohen, 10 août 1998
  8. « Pierre Lefranc, gaulliste de la première heure, fidèle jusqu'au bout à "une certaine idée de la France" », Le Monde, mis en ligne le 8 janvier 2012.
  9. « Pierre Lefranc, essayiste, Français libre »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?) (consulté le ), FranceCulture.fr, 5 octobre 2008
  10. « Pierre Lefranc, des services secrets de la France libre à la Fondation Charles de Gaulle », Jean-Dominique Merchet, Marianne2, mis en ligne le 10 janvier 2012.
  11. Winston Churchill, le Pouvoir de l'imagination, François Kersaudy, Éditions Tallandier, 2009, page 650
  12. « L'élection présidentielle de 1965 : les dessous d'une campagne », Espoir, no 145 de décembre 2005
  13. De Gaulle. Tome 3 : le souverain, Jean Lacouture, Seuil, 1986, pages 789 et 790.
  14. « Pierre Lefranc : le premier président de l'Institut de Charles de Gaulle », Charles-de-Gaulle.org, site officiel de la Fondation Charles de Gaulle
  15. Denis Jeambar, « Le devoir d'Histoire », dans L'Express du 2 octobre 1997
  16. « L'Appel républicain de Marianne » « Copie archivée » (version du 19 novembre 2016 sur Internet Archive), Marianne, 16 février 2008
  17. Discours de Pierre Lefranc à l'université de Debout la République, consultée le 15 janvier 2014.
  18. Franz-Olivier Giesbert, Le Sursaut, Paris, Gallimard, , p. 27-28
  19. « Lectures », Parlement(s) : revue d'histoire politique,‎ , p. 144-154 (lire en ligne)
  20. Décret du 12 avril 2010 portant élévation
  21. Décret du 14 novembre 2006 portant élévation aux dignités de grand'croix et de grand officier
  22. « Base des médaillés de la résistance »
  23. Voir la notice dans la salle des inventaires virtuelle des Archives nationales
  24. « LEFRANC, Pierre Abel Georges Augustin », sur Archives nationales (consulté le ).
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