Paix des Braves
On appelle Paix des Braves une proposition ou des accords de paix à des conditions honorables en considération de la bravoure des belligérants. Cette notion est ancienne puisqu'en 241 av. J.-C., Hamilcar Barca la propose aux insurgés lors de la Guerre des Mercenaires.
Le concept est aussi invoqué dans le contexte de conflits touchant des peuples autochtones Amérindiens en Amérique du Nord, Kanak en Nouvelle-Calédonie, Berbères en Afrique du Nord).
Canada
- 1701 - Grande paix de Montréal : la Nouvelle-France avec les Iroquois
- 2002 - Québec avec les Cris du Québec : Entente signée le 7 février 2002 entre le premier ministre du Québec Bernard Landry et le chef du Grand Conseil des Cris, Ted Moses. Cette entente fait suite à la Convention de la Baie-James et du Nord québécois de 1975 et permet aux Cris d'avoir une participation plus active dans la gestion du territoire et des ressources naturelles et d'en retirer des bénéfices économiques[1].
France
Le , le général de Gaulle propose la Paix des Braves au Front de libération nationale, mais ce dernier décline l'offre.
Genèse
La guerre d’Algérie, depuis le printemps et l’été 1955, est passée d’un soulèvement nationaliste classique auquel la France semble pouvoir résoudre à un phénomène de grande ampleur qui a nécessité une « proclamation de l’état d’urgence et l’envoi d’importants renforts »[2]. Le gouvernement Guy Mollet tout comme ceux qui lui succèdent, soit le gouvernement Bourgès-manoury et celui Félix Gaillard dirigés par les radicaux, ainsi que par le MRP, avec celui de Pierre Pflimlin, vont de capitulation en capitulation sur le problème algérien. Dès 1956, il devient « la grande affaire de la France »[3].
En effet, durant la campagne électorale le nouveau président du Conseil, Pierre Mendès France s’était engagé à mettre fin à une « guerre imbécile et sans issue ». Ainsi, le , Guy Mollet se rend à Alger pour installer le nouveau ministre d’État, le général Catroux. Cependant, devant une foule européenne déchaînée qui l'assigne de tomates, Guy Mollet préfère faire marche arrière et remplacer le général Catroux par le socialiste Robert Lacoste avant de mettre en place une nouvelle politique sous un triptyque « Cessez-le-feu, élections, négociations ». Elle implique une victoire militaire sur le FLN indispensable à toute solution. Cependant, après cela Lacoste investi de tous les pouvoirs conduit les colonels et généraux à « transformer l’Algérie en une provinces militaires, [où] ils sont tout-puissants »[4]. Il mène contre le FLN une action répressive qui conduit à la bataille d’Alger en 1957. Ainsi, dès 1957, la politique gouvernementale en Algérie est dans l’impasse et ses conséquences importantes. De ce fait, la Quatrième République parait condamnée par sa propre impuissance. Dans le même temps, le pouvoir affronte un activiste militaire de certains convaincus qu’un pouvoir fort à Paris est nécessaire en ces temps[5]. Le se met en place une manifestation qui réclame la formation d’un Comité de salut public. Pour éviter cela, l’idée d’un recours au Général de Gaulle commence à être évoquée. Le des émeutes et la prise du gouvernement général se déroulent à Alger. Un Comité de salut Public est constitué, présidé par le général Massu. L'armée pactise avec les activistes tout en reconnaissant l’autorité du général Salan. Le 15 mai, il lance un appel au général de Gaulle[6]. Le gouvernement Pflimlin, constatant qu'il ne peut plus rien faire, démissionne dans la nuit du 27 au 28 mai 1958. La voie est libre pour le général de Gaulle ; le premier juin 1958, les députés votent son investiture[7]. Le , l’Assemblée nationale lui accorde les pleins pouvoirs pour 6 mois et le droit de réviser la constitution le 3 juin. C’est la fin de la Quatrième République.
En juin 1958, De Gaulle est appelé par les partisans de l’Algérie française et jusqu’en septembre 1959, il se comportera en « champion de l’Algérie Française », déchainant l’enthousiasme des foules. Il affirmera lors de son voyage en juin 1958, cette formule ambiguë : « Je vous ai compris », puis clamera à Mostaganem : « Vive l’Algérie française ! ». Sous l’impulsion de vouloir garder l’Algérie en lui donnant plus de droits, il lance le plan de Constantine pour le développement économique de l’Algérie[8].
Contenu
Dans sa conférence diffusée dans le cadre du Journal Télévisé de vingt heures, devant la presse française et étrangère, le à Matignon, il offre au FLN une reddition honorable « la paix des braves ». Il déclara cela en vue d’un espoir d’une fin prochaine des combats d’Algérie et de modalités de cessez-le-feu. Proclamant, que la plupart « des hommes de l’insurrection ont combattu courageusement », il appelle donc à cette paix, pensant que « les haines iront en s’effaçant ». Il argumente le déroulement de cette Paix des Braves de cette façon : « ceux qui ont ouvert le feu le cessent et qu'ils retournent, sans humiliation, à leur famille et à leur travail ! ». Il indique la seule voie qui selon lui peut conduire l'Algérie : « Le destin de l’Algérie est en Algérie même, quand la voie démocratique est ouverte, quand les citoyens ont la possibilité d’exprimer leur volonté, il y en a pas d’autre qui soit valable »[9].
Conséquences
Cependant, dans le même temps, il souhaite redonner l’initiative aux autorités légales, demandant aux militaires de regagner leur casernes, enlevant la plupart des pouvoirs aux comités de salut public, retirant d’Algérie le général Salan pour le remplacer par Paul Delouvrier.
Plus tard, lors de sa conférence de presse du 16 septembre 1959, le général de Gaulle prend une décision péremptoire en affirmant le droit de l’Algérie à l’« autodétermination ». Sa position se précise petit à petit, dès son investiture par les foules d’Algérie. Le , il annonce que l’Algérie aura « une place de choix » dans ce qui allait remplacer l'Union française. En mars 1960, il énonce une « Algérie algérienne liée à la France », pour évoquer, plus tard, une « République algérienne » le . Ainsi, se mettent en place des négociations importantes et tendues, qui s’achèveront le par un accord de cessez-le-feu[10].
Notes et références
- « Il y a 20 ans, une entente survenait entre Québec et le Grand Conseil des Cris | 1000 visages, un pays », sur Radio-Canada.ca (consulté le )
- Serge Berstein, Michel Winock, Olivier Wieviorka, La République recommencée, Paris, Points, , 740 p. (ISBN 2-02-033251-5), p. 328
- Serge Berstein, Michel Winock, Olivier Wieviorka, La République recommencée, Paris, Points, , 740 p. (ISBN 2-02-033251-5), p. 329
- Serge Berstein, Michel Winock, Olivier Wieviorka, La République recommencée, Paris, Points, , 740 p. (ISBN 2-02-033251-5), p. 330
- Serge Berstein, Michel Winock, Olivier Wieviorka, La République recommencée, Paris, Points, , 470 p. (ISBN 2-02-033251-5), p. 333
- Serge Berstein, Michel Winock, Olivier Wieviorka, La République recommencée, Paris, Points, , 470 p. (ISBN 2-02-033251-5), p. 335
- Serge Berstein, Michel Winock, Olivier Wieviorka, La République recommencée, Paris, Points, , 470 p. (ISBN 2-02-033251-5), p. 337
- Serge Berstein, Michel Winock, Olivier Wieviorka, La République recommencée, Paris, Points, , 470 p. (ISBN 2-02-033251-5), p. 358
- Michel Droit, « Conférence de presse du Général De Gaulle à Matignon », sur ina.fr (consulté le )
- Guy Pervillé, De Gaulle et le problème algérien en 1958, Outre-mer, Outre-Mers. Revue d'histoire, (lire en ligne), p. 15-27
Annexes
Articles connexes
Bibliographie
- Serge Berstein, Michel Winock et Olivier Wieviorka, La République recommencée, Paris, Points, , 740 p. (ISBN 2-02-033251-5).
- Guy Pervillé, De Gaulle et le problème algérien en 1958, Outre-mer, Revue d'histoire, (lire en ligne), p. 15-27.
- Michel Droit, Conférence de presse du Général De Gaulle à Matignon (lire en ligne).
Liens externes
- La Paix des Braves (Entente concernant une nouvelle relation entre le gouvernement du Québec et les Cris du Québec)