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Sondeur bathymétrique

Un sondeur bathymétrique est un appareil servant à mesurer la profondeur.

Principe de cartographie bathymétrique par écho-sondeur

Les sondeurs sont généralement acoustiques : la profondeur est déduite de la mesure du temps de trajet d'un signal acoustique réfléchi par le fond.

Il existe deux types de sondeurs acoustiques : les sondeurs monofaisceau et les sondeurs multifaisceaux.

Histoire

La pose d'un câble télégraphique transatlantique avec succès en 1866 a incité les savants à déterminer avec précision la profondeur des océans.

En 1876, le biologiste suisse Hermann Fol imagine l'appareil capable de mesurer cette profondeur, appelé piétromètre enregistreur basé sur un manomètre. Mais son appareil resta à l'état de projet[1].

Bathomètre Siemens 1877

L'année suivante, l'inventeur allemand Werner Siemens, imagine un nouvel appareil, appelé bathomètre, dont le principe repose sur le fait que l'intensité de la pesanteur d'un corps diminue proportionnellement à la densité des couches immédiatement sous-jacentes[2].

Sondeurs acoustiques monofaisceaux

Schéma de montage d'un transducteur sous la coque

Les sondeurs acoustiques les plus courants sont des sondeurs monofaisceau : le signal acoustique est émis vers le nadir par un transducteur à large ouverture (typiquement plus de 30°) et réfléchi par le fond ; l'écho est reçu par le même transducteur. Connaissant la célérité moyenne du son, la mesure du temps de parcours permet d'accéder à la profondeur minimale entre l'émetteur/récepteur et le fond.

Sondeurs acoustiques multifaisceaux

Les sondeurs acoustiques les plus modernes sont des sondeurs multifaisceaux, qui permettent en un seul passage (fauchée) de décrire la bathymétrie d'une bande pouvant atteindre plusieurs kilomètres de largeur. Le principe de la mesure est le suivant :

  • un signal acoustique est Ă©mis par un transducteur (ou plutĂ´t, gĂ©nĂ©ralement, un ensemble de transducteurs) Ă  large ouverture angulaire latĂ©rale;
  • le signal rĂ©flĂ©chi par le fond est reçu par un rĂ©seau de transducteurs perpendiculaire Ă  la coque du navire.

Par combinaison des signaux reçus par les transducteurs du réseau (formation de voies), on peut reconstituer le signal réfléchi par le fond dans des faisceaux angulaires étroits (de l'ordre de 1°, ou moins) : les sondeurs modernes peuvent ainsi former plusieurs dizaines ou plusieurs centaines de voies. À chaque signal émis ("ping") correspondent ainsi plusieurs dizaines ou plusieurs centaines de signaux reçus, chacun représentant le signal réfléchi par un secteur angulaire étroit, et donc une petite zone du fond ; sur chacun de ces signaux on peut mesurer :

  • un temps de parcours, et donc, une distance oblique, d'oĂą peut se dĂ©duire une profondeur Ă  une position donnĂ©e si l'on connaĂ®t la gĂ©omĂ©trie de la mesure (position et attitude du navire)
  • une intensitĂ© de signal, qui dĂ©pend de la gĂ©omĂ©trie de la mesure et de la rĂ©flectivitĂ© du fond (donc, de sa nature : roche, vase, etc.). La combinaison des informations reçues, pour des fauchĂ©es successives, permet de dĂ©crire très finement les profondeurs sur une largeur qui dĂ©pend de l'ouverture angulaire du sondeur (de quelques dizaines de mètres par faibles fonds, Ă  plus de 20 km par grands fonds), mais aussi de constituer une image du fond reprĂ©sentative de la nature des fonds marins.

Autres techniques

Le plomb de sonde n'est plus utilisé depuis le milieu du XXe siècle, mais il fait toujours partie de l'équipement de sécurité obligatoire pour tout bateau à partir de la 4e catégorie[3]. C'est un lest profilé à l'extrémité d'une ligne graduée ; si l'on souhaitait connaître la nature du fond, une cavité du plomb pouvait recevoir une substance malléable - traditionnellement du suif - qui recueillait des particules de sédiment sur le fond (sable ou vase), ou restait marquée par la rugosité du fond.

Seules les techniques acoustiques sont utilisables dès que la profondeur à mesurer dépasse quelques dizaines de mètres. Par faibles fonds, d'autres techniques peuvent être employées, comme la bathymétrie laser, qui peut être mise en œuvre à partir d'un aéronef, et est basée sur la mesure de la différence de temps de parcours d'un même rayon lumineux réfléchi par la surface de la mer et par le fond : connaissant la géométrie de la mesure (position de l'émetteur, attitude, angle d'émission, etc.) et la célérité de la lumière dans l'eau de mer, on peut en déduire la profondeur et la position associée. Cette technique permet une bonne précision (jusqu'à quelques centimètres sur la verticale) et une très bonne résolution horizontale (meilleure que le mètre), mais elle est limitée aux faibles profondeurs (quelques dizaines de mètres, suivant la transparence de l'eau de mer et la couleur du laser choisi ; les meilleures pénétrations sont obtenues dans le bleu-vert).

Le sondeur de Thompson. Il est constitué de quatre parties: le plomb et l'avançon; l'enregistreur; la ligne (en acier) et enfin la machine à sonder. Le plomb est une masse en fer galvanisé visant à faire descendre le tout vers le fond. De forme conique, il est relié par une sardine en fer au reste du mécanisme. Celle-ci est reliée par un câble en acier jusqu'au tambour de stockage. À la base du plomb se trouve un creux, que l'on remplit de suif. Ainsi lorsque le plomb touche le sol, le suif s’imprègne de la nature du sol, et servira de preuve que le plomb a bien touché le sol lorsque l'opérateur remontera le plomb. Cet échantillon du fond permettra de connaître la nature du fond marin indispensable pour l'ancrage des navires.

AttachĂ© Ă  la ligne, l'enregistreur de profondeur est contenu dans un cylindre en laiton ouvert vers le bas, afin de permettre Ă  l'eau d'entrer. L'enregistreur est un tube en verre de m de long et d'un petit diamètre. Celui-ci est recouvert de chromate d'argent de couleur brune. Lors de l'immersion de la ligne, l'eau de mer entre dans le tube de verre Ă  mesure que la ligne s'enfonce profondĂ©ment. Une rĂ©action chimique a alors lieu. Le chlorure de sodium prĂ©sent dans l'eau de mer, attaque en longueur le chromate d'argent prĂ©sent sur le tube en verre. Il y a alors formation de chlorure d'argent de coloration blanche. Grâce Ă  la loi de Boyle-Mariotte, il nous est possible en mesurant la longueur de la tache de chlorure d'argent, de dĂ©terminer la profondeur. Une règle de profondeurs calculĂ©es Ă  l'aide d'une formule est d'ailleurs fournie avec le sondeur. Il suffit donc d'appliquer cette règle contre la partie non dĂ©colorĂ©e du tube pour lire directement la profondeur relevĂ©e. La pression atmosphĂ©rique modifie de manière très lĂ©gère les donnĂ©es lues sur cette règle, ainsi des corrections additives ou soustractives sont Ă  appliquer aux lectures selon que la pression est supĂ©rieure ou infĂ©rieure Ă  754 mm de mercure (soit 1005 mbar).

Pour la température, on n'applique jamais de correction; cependant une trop grande différence de température entre l'air et l'eau de mer peut engendrer des erreurs de données. Il suffit alors de plonger le tube dans un seau d'eau de mer sur presque toute sa longueur en gardant l'extrémité ouverte vers le haut et en prenant garde de ne pas y faire entrer des gouttes d'eau.

La ligne, attachĂ©e d'une part Ă  la manille et enroulĂ©e d'autre part sur la poulie est un fil d'acier de 500 mètres de long environ pesant 350 Ă  400 grammes par 100 mètres; avec un diamètre de 0,75 millimètre; et une charge de rupture supĂ©rieure Ă  100 kilogrammes lorsqu'elle est neuve. Afin de prĂ©venir tout risque de rouille, la ligne est conservĂ©e dans un rĂ©cipient d'eau et de chaux mĂ©langĂ©es.

Enfin, la machine à sonder est composée d'une poulie en fonte à double réa, d'un compteur adapté au châssis de l'axe de la poulie, d'une caisse à double compartiments servant aussi de support et enfin d'un appareil de freinage à corde.

Un tel sondage nécessite 3 hommes. Le premier pour diriger les opérations, le deuxième pour s'occuper du plomb et de la ligne et enfin le troisième est responsable du frein. Il faut alors enduire de suif le plomb, remonter le tambour sur lequel la ligne est enroulée, vérifier le frein, introduire le tube de chromate d'argent dans la boite en laiton le long de la ligne. On déroule ensuite progressivement la ligne en mer en veillant à ce qu'il n'y ait ni de nœuds, ni de mou. Lorsque la ligne se met à mollir soudainement, le fond est alors atteint. Il faut alors remonter la ligne, vérifier la nature du sol incrusté dans le suif du plomb. Il ne reste alors plus qu'à sortir le tube de sa boite en laiton et d'en faire la lecture.

Remarques : L'entretien de la sonde est très important, à sa remontée la ligne est séchée, graissée et enroulée sur le tambour. Souvent, afin de faciliter la manœuvre de sondage, la machine est pourvue d'un moteur électrique.

Précautions d'utilisation pour la navigation

  • VĂ©rifier le zĂ©ro (quel tirant d'eau a Ă©tĂ© introduit en mĂ©moire auparavant, le sondeur mesurant la profondeur sous la quille de manière gĂ©nĂ©rale)
  • Choisir l'Ă©chelle adaptĂ©e Ă  la mesure recherchĂ©e, dans l'incertitude, aller de la plus forte Ă  la plus faible.
  • Ajuster le gain d'amplification pour avoir un signal correct, ni trop fort ni trop faible.
  • Ajuster le TVG pour des profondeurs entre 0 et 50 m. TVG mini rĂ©duira les signaux dans la zone proche du transducteur ou il peut y avoir des perturbations et bulles d'air.
  • Observer l'Ă©chelle directement supĂ©rieure pour contrĂ´ler la mesure, en effet si le retour d'Ă©cho revient après le dĂ©part de l'impulsion suivante, il sera pris Ă  tort pour une profondeur plus faible, alors qu'il n'en est rien.
  • La vitesse de propagation du son dans l'eau peut varier en fonction de la tempĂ©rature (de 1 450 m/s en eau douce et froide Ă  1 550 m/s en eau salĂ©e et chaude), ne pas prendre les indications du sondeurs pour vĂ©ritĂ©s vraies. Ceci est d'ailleurs valable en gĂ©nĂ©ral. Toujours recroiser les renseignements (Système de positionnement par satellites, Radar, Sondeur, observation astronomique, etc.).
  • La prĂ©cision usuelle d'un sondeur est de l'ordre de 3 % (c’est-Ă -dire que l'erreur sur la mesure est gĂ©nĂ©ralement infĂ©rieure Ă  3 % de la profondeur mesurĂ©e).
  • connaĂ®tre les paramètres gĂ©odĂ©siques de la zone de sondage.
  • tenir compte de la marĂ©e et la corriger par rapport au zĂ©ro gĂ©odĂ©sique (ellipsoĂŻde) employĂ©.
  • connaĂ®tre les paramètres DGPS en Z.
  • utiliser une centrale d'attitude pour corriger les mouvements du mobile sur lequel est fixĂ© la sonde (houle, roulis, tangage et pilonnement).

Notes et références

  1. Hermann Fol, « Un projet de bathomètre », La Nature,‎ , p. 165 (lire en ligne)
  2. Louis Figuier, L'année scientifique et industrielle, Paris, Librairie de L. Hachette & Cie, (lire en ligne), p. 156 Le bathomètre ou instrument pour déterminer avec précision la profondeur de la mer
  3. Bloc marine

Voir aussi

Articles connexes

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