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DĂ©luge

Le Déluge désigne une trÚs ancienne inondation catastrophique causée par des pluies diluviennes et continues durant sept ou quarante jours, selon les versions. Surtout connu par le récit de l'Arche de Noé dans la Bible, ce mythe est présent dans de nombreuses cultures. Tout au long des siÚcles, la pluralité des mythes du Déluge (plus de six cents répertoriés) et des théories catastrophistes qui en découlent, a en effet « eu la particularité d'avoir donné à repenser continuellement l'histoire de l'humanité[1] ».

Le Déluge par Gustave Doré.
Le DĂ©luge par LĂ©on Comerre.
Le DĂ©luge par Francis Danby (1840), Tate Gallery.

Les mythes du déluge décelés dans la pensée religieuse archaïque, « tout comme leurs analyses ont toujours conservé à travers le temps, et quelles que fussent les démarches idéologiques des comparatistes, une fonction ethnogonique », c'est-à-dire justifier l'identité ethnique ou clanique des civilisations et cultures antiques[2].

Le terme antĂ©diluvien fait rĂ©fĂ©rence aux Ă©poques avant le DĂ©luge et plus spĂ©cifiquement Ă  l'homme antĂ©diluvien[3]. Dans ce dernier cas, le terme est popularisĂ© par l'ouvrage majeur AntiquitĂ©s celtiques et antĂ©diluviennes[4] de Boucher de Perthes, qui reste imprĂ©gnĂ© d'une conception romantique de la science et du mythe biblique du DĂ©luge. Cependant, s'appuyant sur des arguments gĂ©ologiques, palĂ©ontologiques et archĂ©ologiques, le savant rĂ©fute l’idĂ©e d'une apparition rĂ©cente de l'humanitĂ©, imposĂ©e par les sciences de la Terre de son Ă©poque et qui s'appuyait sur la chronologie biblique la plus gĂ©nĂ©ralement acceptĂ©e, celle d'Ussher. Ses travaux sont reconnus internationalement en 1859 par les communautĂ©s scientifiques britannique et française qui affirment la trĂšs grande anciennetĂ© de la terre et de l'humanitĂ©. La notion scientifique d'homme antĂ©diluvien disparaĂźt progressivement au XIXe siĂšcle au profit de l'homme des Ăšres gĂ©ologiques[5].

Textes mésopotamiens

Un déluge, dessin à la plume et au crayon par Léonard de Vinci, 1517-1518, Royal Collection.
George Smith, qui a découvert et traduit la tablette du déluge en 1872.

La mention la plus ancienne du dĂ©luge se trouve dans des textes sumĂ©riens dĂ©couverts Ă  Babylone au XIXe siĂšcle. Bien avant la dĂ©couverte de ces tablettes, le rĂ©cit en Ă©tait dĂ©jĂ  connu grĂące Ă  l'ouvrage de BĂ©rose, un historien du IIIe siĂšcle av. J.-C., dont des fragments nous sont parvenus par la Chronique d'EusĂšbe[n 1]. Selon ce rĂ©cit, le sage Xisuthrus est averti en rĂȘve d'un dĂ©luge imminent et enjoint de construire un bateau dans lequel il embarquerait toutes les choses vivantes pour les protĂ©ger de l'extinction. Lorsque les eaux commencent Ă  se retirer aprĂšs sept jours de pluie, le bateau finit par Ă©chouer sur le mont Ararat, en ArmĂ©nie, oĂč des restes du bateau auraient encore Ă©tĂ© visibles Ă  l'Ă©poque d'Auguste, selon la lĂ©gende[6].

En 1872, lors de fouilles menĂ©es dans les ruines de la bibliothĂšque d'Assourbanipal Ă  Ninive, George Smith du British Museum dĂ©couvre et dĂ©chiffre les douze tablettes de l'Ă©popĂ©e de Gilgamesh. La tablette XI contient le rĂ©cit du dĂ©luge, sans que ce dernier ait le moindre rapport avec l'intrigue de l'Ă©popĂ©e. Cette dĂ©couverte a permis d'Ă©tablir que le rĂ©cit biblique du dĂ©luge n'est pas une crĂ©ation hĂ©braĂŻque, mais bien plus ancienne, combinant plusieurs traditions[7]. Le rĂ©cit remonte Ă  l’ÉpopĂ©e d'Atrahasis ou PoĂšme du Supersage du XVIIe siĂšcle av. J.-C., repris vers le XIIIe siĂšcle av. J.-C. dans la version assyro-babylonienne « standard » de l’ÉpopĂ©e de Gilgamesh oĂč un homme nommĂ© Ziusudra[8] selon les sources sumĂ©riennes ou Atrahasis dit « Le Supersage » ou Uta-Napishtim Ă  Babylone et Ă  Ninive (MĂ©sopotamie antique, Irak moderne). Ce rĂ©cit offre des parallĂšles nombreux et prĂ©cis avec le mythe biblique[9].

« Cet homme fit le rĂ©cit Ă  Gilgamesh de la colĂšre des grands dieux, qui avaient voulu dĂ©peupler la Terre parce que les hommes, de plus en plus nombreux, faisaient un vacarme qui perturbait le repos des dieux ; les instigateurs en Ă©taient Anu, Ninurta, Ennugi (en) et Enlil le dieu suprĂȘme. Cependant, le dieu Ea des eaux souterraines, protecteur des humains, les trahit en prĂ©venant en songe son ami Atrahasis, en lui enjoignant de construire une arche Ă©tanchĂ©e au bitume et d'embarquer avec lui des spĂ©cimens de chaque ĂȘtre vivant.

DÚs que l'écoutille fut fermée, Nergal arracha les étais des vannes célestes, et Ninurta fit déborder les barrages d'en-haut. Adad étendit dans le ciel son silence-de-mort, réduisant en ténÚbres tout ce qui avait été lumineux. Les dieux Anunnaki enflammÚrent la Terre tout entiÚre, et les flots couvrirent le sommet des montagnes. Pendant six jours et sept nuits, bourrasques, pluies battantes, tonnerre, éclairs et ouragans brisÚrent la Terre comme une jarre. Les dieux s'abritÚrent au ciel d'Anu. Le septiÚme jour, la mer se calma et s'immobilisa, et l'arche accosta au mont Nishir.

Atrahasis prit une colombe et la lĂącha ; la colombe revint. Plus tard, une hirondelle fit de mĂȘme. Enfin, il lĂącha un corbeau qui ne revint pas, car les eaux s'Ă©taient retirĂ©es. Alors Atrahasis dispersa les ĂȘtres vivants qui se trouvaient dans l'arche, et fit un sacrifice : disposant le repas sur le faĂźte de la montagne, il plaça de chaque cĂŽtĂ© sept vases-rituels Ă  boire et, en retrait, versa dans le brĂ»le-parfum cymbo, cĂšdre et myrte. Les dieux, humant la bonne odeur, se rassemblĂšrent autour du sacrificateur.

Lorsqu'il constata que des ĂȘtres avaient survĂ©cu, Enlil retrouva son calme, se rappelant que les hommes avaient Ă©tĂ© crĂ©Ă©s pour servir les dieux et qu'ils leur Ă©taient nĂ©cessaires. Il accorda l'immortalitĂ© Ă  Atrahasis, mais fit en sorte que les hommes troublent moins la quiĂ©tude des dieux, en diminuant la durĂ©e de vie des humains, en introduisant les maladies, la stĂ©rilitĂ©, etc.[n 2] »

[réf. nécessaire]

Dans cette version, la cause de la destruction est attribuĂ©e au vacarme des humains, mais le plus souvent la cause n'est pas clairement Ă©tablie, le dĂ©luge affectant des personnages rĂ©putĂ©s pour leur vertu, sans Ă©pargner le dieu de la Lune Nanna/SĂźn, et dĂ©truisant mĂȘme Ă  Nippur le temple d'Enlil, instigateur de la catastrophe[10]. Le vacarme est provoquĂ© par « l’activitĂ© crĂ©atrice de l’humanitĂ© industrieuse[7] », elle-mĂȘme amplifiĂ©e par la surpopulation : le dĂ©luge est un moyen de rĂ©duire celle-ci[11].

Pour l'assyriologue Jean-Jacques Glassner, « le bateau, Ă  l’instar de l’arche dans la GenĂšse, est une reprĂ©sentation rĂ©duite du cosmos ». Ce bateau a la forme d'un cube dont les dimensions coĂŻncident avec celles de la ziggurat de l’Etemenanki, Ă  Babylone, qui a servi de prototype Ă  la tour de Babel, avec 90 mĂštres de cĂŽtĂ©, une hauteur Ă©quivalente, et le mĂȘme nombre de compartiments[12].

Textes grecs et romains

Le DĂ©luge par Michel-Ange.

RĂ©cits du DĂ©luge

Construction de l'arche. Cathédrale de Monreale (début XIIIe siÚcle).
Sortie de l'arche. Chapelle palatine de Palerme (fin XIIe siĂšcle).

RĂ©cit biblique

Livre de la GenĂšse, chapitre 7, versets 1 Ă  12 :

  1. Le Seigneur dit à Noé : Entre dans l'arche, toi et toute ta maison ; car je t'ai vu juste devant moi parmi cette génération.
  2. Tu prendras auprĂšs de toi sept couples de tous les animaux purs, le mĂąle et sa femelle ; une paire des animaux qui ne sont pas purs, le mĂąle et sa femelle ;
  3. Sept couples aussi des oiseaux du ciel, mĂąle et femelle, afin de conserver leur race en vie sur la face de toute la terre.
  4. Car, encore sept jours, et je ferai pleuvoir sur la terre quarante jours et quarante nuits, et j'exterminerai de la face de la terre tous les ĂȘtres que j'ai faits.
  5. Noé exécuta tout ce que le Seigneur lui avait ordonné.
  6. Noé avait six cents ans, lorsque le déluge d'eaux fut sur la terre.
  7. Et Noé entra dans l'arche avec ses fils, sa femme et les femmes de ses fils, pour échapper aux eaux du déluge.
  8. D'entre les animaux purs et les animaux qui ne sont pas purs, les oiseaux et tout ce qui se meut sur la terre,
  9. Il entra dans l'arche auprÚs de Noé, deux à deux, un mùle et une femelle, comme Dieu l'avait ordonné à Noé.
  10. Sept jours aprÚs, les eaux du déluge furent sur la terre.
  11. L'an six cent de la vie de Noé, le second mois, le dix-septiÚme jour du mois, en ce jour-là toutes les sources du grand abßme jaillirent, et les écluses des cieux s'ouvrirent.
  12. La pluie tomba sur la terre quarante jours et quarante nuits[14].

RĂ©cit coranique

Le prophÚte Noé et son arche. Miniature anonyme alentours du XVIe siÚcle.

Contrairement Ă  la tradition juive qui dĂ©signe l'arche par des termes vagues signifiant « boĂźte » ou « caisse », la sourate 29 verset 15 parle d'une (arabe : ŰłÙÙŠÙ†Ű©) safina, et on trouve huit fois le mot (arabe : فلك) fulk autrement dit une embarcation ordinaire, et la sourate 54 verset 13 Ă©voque quant Ă  elle « un objet de planches et d'Ă©toupe[16] ». La notion de DĂ©luge est Ă©trangĂšre au Coran, qui dĂ©crit plutĂŽt une inondation, en arabe : Ű·ÙˆÙŰ§Ù† (TĂ»fĂąn), un mot d'origine aramĂ©enne, et non un dĂ©luge, en arabe : Ù‡Ű·ÙˆÙ„ (huTĂ»l)[17]. Il faut cependant remarquer que toutes les langues de traduction de la Bible n'utilisent pas les mĂȘmes concepts, le DĂ©luge correspondant en anglais Ă  une grande inondation (Great Flood).

La version coranique du dĂ©luge diffĂšre sensiblement de celle de l'Ancien Testament. D'une part, il ne s'agit pas d'un dĂ©luge universel (seule la communautĂ© de NoĂ© est visĂ©e), il a pu ĂȘtre local comme le soutiennent certains exĂ©gĂštes selon Tabari, ou mondial mais pas au point de recouvrir les montagnes[18] - [19]. De plus, NoĂ©, ancĂȘtre de toute l'humanitĂ©, est un prophĂšte dans le Coran. Enfin, les personnes croyantes ont embarquĂ© avec lui et sa famille. Le DĂ©luge est prĂ©sentĂ© comme une catastrophe parmi d'autres. Le Coran qualifie le rĂ©cit du DĂ©luge comme un Ă©vĂ©nement que les oreilles fidĂšles conservent (Coran, LXXIX:11-12).

Autres traces culturelles faisant penser au DĂ©luge

ScÚne de déluge (Girodet, 1806).

Avesta, texte sacré zoroastrien

Ce texte sacré des Iraniens zoroastriens est une transcription de récits oraux trÚs anciens, d'origine médique. Ce texte ne décrit pas spécifiquement un déluge, mais un épisode de « mauvais hivers qui faisaient tomber la neige à gros flocons », d'un « froid féroce et mortel ». Il partage avec les récits du déluge la vision d'un homme juste, le héros avestique Yima, prévenu par le dieu Ahura Mazda de l'imminence d'une catastrophe climatique, et sauvant de la mort une poignée d'hommes, ainsi que les différentes espÚces végétales et animales ; toutefois, il est question dans ce récit, non pas d'une arche, mais d'une gigantesque caverne aménagée par Yima, sur les conseils d'Ahura Mazda. La tribu des MÚdes était initialement établie au nord-ouest de l'actuel Iran, aux confins de l'Arménie et du Caucase.

On ne peut exclure qu'il s'agisse ici d'un lointain souvenir de la derniĂšre glaciation (glaciation de WĂŒrm), qui s'Ă©tait terminĂ©e Ă  environ 8000 av. J.-C. pour laisser place Ă  la pĂ©riode interglaciaire actuelle, l'HolocĂšne. On peut par ailleurs noter que, si (le dĂ©but comme) la fin d'une glaciation correspond bien Ă  une transition de phase (passage d'une phase glaciaire Ă  une phase interglaciaire) dont le paramĂštre de tension est l'albĂ©do de la Terre — Ă©nergie solaire rĂ©flĂ©chie par la surface de la Terre, rapportĂ©e Ă  l'Ă©nergie solaire incidente, paramĂštre en particulier fonction du pourcentage de la surface de la Terre recouverte par les glaces —, et s'il s'agit donc bien d'un phĂ©nomĂšne catastrophique au sens de RenĂ© Thom, pouvant s'Ă©tendre sur un laps de temps relativement court comme certains modĂšles physiques rĂ©cents semblent le montrer, la fin de la derniĂšre glaciation a pu ĂȘtre, pendant quelques siĂšcles ou mĂȘme seulement quelques dĂ©cennies, une pĂ©riode de pluies diluviennes, accompagnĂ©es de gigantesques inondations dans de nombreuses rĂ©gions du monde.

Dans la tradition indienne

Dans plusieurs textes indiens antiques dont le Matsya Purana (en) et le Mahabharata, Manu le premier homme est sauvé par le premier avatar de Vishnou, Matsya[20]. Lui aussi échappe au déluge en construisant un bateau. Manu deviendra par la suite le premier législateur de l'hindouisme.

Popol Vuh, texte sacré de la civilisation maya

Le Déluge maya anéantit en punition de leur impiété la deuxiÚme des trois races d'hommes successives, les hommes de bois, entre le premier homme de glaise, détruit pour sa stupidité, et les hommes de maïs dont descend l'humanité actuelle. Il prend la forme d'une pluie de feu suivie d'un obscurcissement du ciel et d'une « pluie ténébreuse » (dont la nature n'est pas précisée). Cette pluie se double d'une révolte des arbres, des pierres, des animaux et des objets domestiques, de sorte que les hommes de bois ne peuvent trouver refuge chez eux, ni sur leurs toits, ni dans les arbres, ni dans les cavernes[21].

Mort d'Ymir (mythologie scandinave)

Dans le mythe de la création, Odin, exaspéré par la brutalité d'Ymir, le tua et le jeta dans le Ginnungagap (« le gouffre béant »). Le déluge causé par son sang fut si grand qu'il tua tous les géants, à part le petit-fils de Ymir (Bergelmir, fils de Thrudgelmir) et sa femme. Ces derniers repeuplÚrent le monde.

Lone Man, mythologie amérindienne

Le Kon-Tiki au musée d'Oslo.

Selon Myths and Legends explained de Neil Philip, il existe une légende fondatrice qu'il est difficile de définir précisément à cause de l'influence du christianisme sur leur religion : le mythe de la tortue. Le Mandans pensaient que la terre était portée par quatre tortues. Le monde fut inondé lorsque les tortues firent pleuvoir pendant dix jours chacune.

Il existe un autre mythe qui intervient aprÚs cette premiÚre légende :

« Lone Man, qui créa les terres avec le Premier Créateur ainsi que les premiers hommes, dut vaincre le démon Maninga, mais il revint quatre ans plus tard sous la forme d'une grande inondation qui dévasta les villages mandans. Lone Man construisit des palissades que les Mandans appelÚrent le Grand Canoë et sauva son peuple. Il réussit à vaincre Maninga une nouvelle fois : en utilisant la magie de son tambour, Maninga fut emporté par les eaux qui se retiraient. »

La capacitĂ© par les AmĂ©rindiens de naviguer sur les ocĂ©ans a Ă©tĂ© illustrĂ©e par l'expĂ©rience du Kon-Tiki. Ce petit radeau, qui a Ă©tĂ© fabriquĂ© sans aucun clou selon une technique archaĂŻque indienne, a ainsi permis de traverser le Pacifique sur 8 000 km et a soutenu l'idĂ©e d'un peuplement des Ăźles du Pacifique par les flots. En outre, la dĂ©couverte en CrĂšte d'instruments en pierre taillĂ©es remontant Ă  au moins 130 000 ans montre que l'on savait naviguer en haute mer dĂšs le palĂ©olithique[22].

DĂ©luge lituanien

Le Déluge lituanien, imprégné d'un paganisme tardif, nous est connu par quatre contes populaires récoltés au XIXe siÚcle[23]:

« Ce Déluge a été envoyé par le Dieu Prakorimas, ou Praamzis, afin d'exterminer la race de géants qui peuplait alors la terre. Pris de pitié pour le dernier couple de vieux géants qui se noient, Prakorimas leur jette une coquille de noix en guise de canot. La façon dont les Géants créent ensuite l'humanité sur les conseils de Laima, déesse du destin envoyée par Prakorimas, rappelle le mythe grec de Deucalion et Pyrrha : les géants doivent sauter d'une colline à l'autre pour en faire naitre des hommes et des femmes. »

À ce dĂ©luge doit rĂ©pondre un autre cataclysme venant Ă  la fin des temps, une grande peste qui anĂ©antira l'humanitĂ© pour ne laisser qu'une race de nains si amoindris qu'il en faudra neuf pour Ă©gorger un coq. L'analyse de ce mythe par le sĂ©mioticien Algirdas Julien Greimas rĂ©vĂšle un point intĂ©ressant de philosophie archaĂŻque : l'interprĂ©tation moralisante du dĂ©luge, disant que les GĂ©ants ont Ă©tĂ© anĂ©antis pour leurs crimes, serait chrĂ©tienne, tandis que la version la plus archaĂŻque explique le DĂ©luge de façon plus terre Ă  terre par des raisons dĂ©mographiques : la Terre ne pouvant plus supporter la croissance des GĂ©ants se plaint Ă  Prakorimas. Ceci explique l'intervention dans la naissance de l'humanitĂ© de la dĂ©esse Laima, celle qui distribue Ă  chaque ĂȘtre humain sa part des biens de ce monde ou bedalis. Selon Greimas, la morale du mythe diluvien correspond Ă  une morale lituanienne de la modĂ©ration, indĂ©pendamment des notions de Bien et de Mal.

DĂ©luge chinois ?

L'existence d'un mythe diluvien chinois divise les spĂ©cialistes. Plusieurs textes mythiques, contenus dans des compilations telles que le Shiji de Sima Qian et le Shanhai Jing, parlent d'une crue des « Hautes Eaux » (dont la nature n'est pas prĂ©cisĂ©e) qui montent jusqu'au ciel (Shanjai Jing, Shiji). Il n'est pas question de l'anĂ©antissement des humains, ceux-ci Ă©tant seulement « dans le malheur » (Shiji) L'idĂ©e universellement rĂ©pandue de chĂątiment est Ă©galement absente. AprĂšs l'Ă©chec du hĂ©ros Gun, la grande crue est endiguĂ©e par son fils, le hĂ©ros Yu. Si l'historienne Ann Birell appelle sans Ă©quivoque ce mythe celui du DĂ©luge[24], RĂ©mi Mathieu, traducteur de ces rĂ©cits considĂšre que la Chine ne connaĂźt pas Ă  proprement parler de mythe diluvien, mĂȘme si l'histoire de cette grande crue y ressemble[25].

Le Huainanzi, issu du Livre des Vastes LumiĂšres tĂ©moigne de catastrophes naturelles proches des rĂ©cits du DĂ©luge. Avec une diffĂ©rence tout de mĂȘme le dĂ©luge n'est pas ici un chĂątiment imposĂ© Ă  une humanitĂ© coupable d'impiĂ©tĂ©, mais une catastrophe « naturelle » dont l'homme vient finalement Ă  bout. Selon le Huainanzi, dans des temps trĂšs anciens, les colonnes qui soutiennent le ciel aux quatre points cardinaux se brisent et la terre se fissure. Le ciel ne recouvre plus entiĂšrement la terre et la terre ne soutient plus entiĂšrement le ciel. Les eaux inondent le monde. Les fauves dĂ©vorent les humains. Les oiseaux de proie pourchassent les vieillards et les enfants. NĂŒwa, dĂ©esse crĂ©atrice au corps de serpent, qui façonna les premiers hommes avec de la glaise et leur donna le pouvoir de procrĂ©er, fait fondre des pierres de cinq couleurs, et avec la pĂąte obtenue, colmate le ciel. Elle tranche les pattes d'une tortue de mer gĂ©ante pour en faire aux quatre points cardinaux des piliers capables de supporter le ciel. NĂŒwa terrasse le dragon noir qui tourmente les Chinois. Elle incendie des roseaux et, avec leurs cendres, contrĂŽle les crues. La voĂ»te cĂ©leste restaurĂ©e et Ă  nouveau soutenue par quatre piliers, les eaux sont domptĂ©es. La Chine retrouve enfin la paix.

Kristofer Schipper dans l’article « taoĂŻsme » sur l’EncyclopĂŠdia Universalis, Ă©crit : « Yu, hĂ©ros fondateur mythique de la premiĂšre dynastie, dĂ©miurge qui ordonna l'univers aprĂšs le dĂ©luge. Mi-homme mi-dieu, il Ă©tait hĂ©miplĂ©gique et boitait. Yu Ă©tait encore le saint fondateur des confrĂ©ries de forgerons, « dĂ©tentrices du plus prestigieux des arts magiques et du secret des premiĂšres puissances » (Marcel Granet) ». Toutefois, dans son livre La FĂ©odalitĂ© chinoise (1952), Marcel Granet prĂ©sente le hĂ©ros Yu le Grand, fondateur de la royautĂ©, premier roi de la dynastie Hia comme un ingĂ©nieur et un saint qui sut rĂ©duire au devoir le Fleuve jaune.

Toujours d'aprĂšs le mĂȘme article de Kristofer Schipper : « La Chine des Six Dynasties Ă©tait une terre dĂ©chirĂ©e, en proie aux incursions barbares et aux luttes fratricides. Le rĂšgne sanglant des dynasties Ă©phĂ©mĂšres connus sous le nom de « Seize Royaumes des Cinq Barbares » (Jacques GERNET - Jean Chesneaux) ainsi que la rĂ©apparition du fĂ©odalisme crĂ©Ăšrent une misĂšre gĂ©nĂ©rale qui fit croire Ă  un grand nombre que la fin Ă©tait proche. On l'attendait pour l'annĂ©e 444 ; un second dĂ©luge devait anĂ©antir la Terre ; les croyants taoĂŻstes seuls seraient sauvĂ©s. « Le Dao rĂ©vĂšle qu'arrivĂ©e l'annĂ©e renwu un grand dĂ©sastre se produira. L'eau montera Ă  mille et dix mille toises. Les adeptes taoĂŻstes entreront dans les montagnes. Ceux qui entreront dans les montagnes seront Ă©pargnĂ©s. Du troisiĂšme au neuviĂšme mois, le peuple entier mourra. Des dĂ©mons de la peste, au nombre de trente-sept mille, viendront expressĂ©ment tuer les hommes. Ceux qui ne croient pas seront exterminĂ©s. » Ainsi parle le Tongyuanshenzhu jing, livre qui annonce, en des centaines de pages de prĂ©dictions horribles, la fin du monde. Il prĂ©voit l'arrivĂ©e d'un messie nommĂ© Li Hong (mĂȘme nom de famille que Laozi), qui sauvera les Ă©lus qui seuls seront capables de le voir ».

Henri Maspero dans La sociĂ©tĂ© et la religion des Chinois anciens et celles des Tai modernes (1929, Gallimard), Ă©voquent les lĂ©gendes des hĂ©ros de la haute-antiquitĂ© et l'on trouve pages 37 Ă  43 le dĂ©tail des rĂ©cits mythiques du « dĂ©luge chinois » : « La troisiĂšme lĂ©gende dont je voudrais vous parler est relative Ă  l’amĂ©nagement de la terre au commencement du monde. Je vous ai dit, dans la premiĂšre de ces confĂ©rences, combien cet amĂ©nagement avait Ă©tĂ© long et pĂ©nible, au milieu des difficultĂ©s sans nombre que la configuration du terrain opposait aux dĂ©fricheurs ; il avait fallu Ă©lever des digues contre les inondations, creuser des canaux pour drainer et assĂ©cher les marais. Tous ces travaux Ă©taient si anciens que le souvenir s’en perdait dans la brume des lĂ©gendes, et qu’on les attribuait aux hĂ©ros de la haute antiquitĂ©, descendus du ciel aux origines du monde afin de mettre la terre en Ă©tat d’ĂȘtre habitĂ©e par les hommes. Et chaque rĂ©gion de la Chine avait donnĂ© un tour particulier Ă  la lĂ©gende, suivant les traits particuliers de la topographie, de la religion et de la sociĂ©tĂ© locales ».

L'auteur dĂ©taille ensuite les diffĂ©rentes lĂ©gendes et conclut : « Toutes ces lĂ©gendes chinoises, malgrĂ© les diffĂ©rences d’affabulation, sont bĂąties sur le mĂȘme thĂšme. Si on les rĂ©sume en Ă©liminant les traits accessoires, on constate que leur diversitĂ© apparente se rĂ©duit au fond Ă  des adaptations locales d’un mĂȘme thĂšme qui est celui -ci : Le monde Ă©tant couvert d’eau, le Seigneur d’En-Haut y envoie un hĂ©ros pour l’amĂ©nager. Celui -ci se heurte Ă  des obstacles tels qu’il Ă©choue. Le Seigneur envoie alors un deuxiĂšme hĂ©ros qui, aprĂšs des exploits prodigieux, rĂ©ussit Ă  rendre la terre habitable. Alors ce hĂ©ros mĂȘme, ou d’autres venus l’aider, enseignent aux hommes l’agriculture ». Henri Maspero ajoute : « Or sur ce mĂȘme thĂšme est construite une lĂ©gende que l’on trouve Ă  peu prĂšs sous la mĂȘme forme chez tous les Tai d’Indochine. Je vous en donnerai ici la version que j’ai notĂ©e chez les Tai-Blancs de Phu-qui : « Autrefois, en ce monde d’ici -bas, il y avait de l’eau, il y avait de la terre, mais il n’y avait personne pour les mettre en ordre
 » ».

Le DĂ©luge a-t-il eu lieu ?

Le DĂ©luge par Adi Holzer (1975).

L'hypothÚse d'un déluge étendu à toute la surface de la planÚte est incompatible avec les données scientifiques des sciences naturelles, particuliÚrement la géologie et la paléontologie[26] - [27].

En dĂ©pit de cela, l’universalitĂ© apparente du rĂ©cit et les dĂ©tails parfois quasi identiques (construction d’une embarcation, nombre de survivants, couples d’animaux Ă  sauver, etc.) ont longtemps semblĂ© confirmer la rĂ©alitĂ© d'une catastrophe majeure et planĂ©taire marquant l'histoire collective d'une humanitĂ© jadis unie. D'autres objectent que d'une part, les similitudes les plus fortes s’expliqueraient avant tout par la transmission du mythe mĂ©sopotamien (en ce qui concerne les religions monothĂ©istes) et d’autre part que la prĂ©sence d’un tel mythe renverrait avant tout au sentiment de fragilitĂ© qu’avaient les sociĂ©tĂ©s anciennes face aux catastrophes naturelles.

Une lecture littĂ©raliste de la GenĂšse (7-6) date le DĂ©luge de l'an 600 de la vie de NoĂ©, soit, toujours selon la Bible, 1 656 ans aprĂšs la crĂ©ation d'Adam et 2 348 ans avant la naissance du Christ (chronologie de James Ussher). De nombreux Ă©difices Ă©gyptiens furent construits vers 2700 et 2500 ans av. J.-C., soit bien avant la date d'inondation fournie par la Bible, notamment la pyramide de Djoser Ă  Saqqarah et des trois de Gizeh. Or, ces pyramides n’ont montrĂ© aucun des dĂ©gĂąts qu’aurait pu causer leur immersion totale durant douze mois.

Conceptions géologiques anciennes

Tant que les datations des couches gĂ©ologiques n’étaient que relatives et que l’ordre de grandeur du passĂ© de la Terre Ă©tait mal Ă©tabli, les roches sĂ©dimentaires et leurs fossiles marins, ont Ă©tĂ© tenus par les scientifiques occidentaux comme tĂ©moins du dĂ©luge biblique qui avait recouvert jusqu’aux montagnes. Toujours au XIXe siĂšcle, les gĂ©ologues voyaient sa trace dans certains sĂ©diments rĂ©cents (PlĂ©istocĂšne) : dĂ©pĂŽts fluviatiles grossiers prĂ©sents dans les vallĂ©es ou sur leurs versants (appelĂ©s pour cette raison diluvium) et dĂ©pĂŽts de lƓss sur les plateaux (leur homogĂ©nĂ©itĂ© intriguait et Ă©tait interprĂ©tĂ©e comme une dĂ©cantation limoneuse Ă  la suite d’une gigantesque inondation qui avait dĂ©posĂ© le diluvium). Jusqu’au dĂ©but du XXe siĂšcle, des auteurs ont liĂ© le dĂ©luge Ă  un hypothĂ©tique effondrement d’anciens continents, ou de ponts continentaux, Ă  la place de l’ocĂ©an Atlantique.

Conceptions liée au peuplement

Les thĂ©ories sur le premier peuplement de l'AmĂ©rique suggĂšrent que la mer aurait pu se trouver cent mĂštres plus bas lors du peuplement de l'AmĂ©rique et de l'OcĂ©anie lors de la glaciation de WĂŒrm.

Conception astronomique ancienne

William Whiston dans sa Nouvelle ThĂ©orie de la Terre, en 1696 avance que la comĂšte de 1680 est celle qui provoqua le DĂ©luge lors d'un passage juste au-dessus de la Terre. Il soutient que les comĂštes sont responsables des catastrophes qu'a connues la Terre tout au long de son histoire, et qu'elles sont guidĂ©es par la volontĂ© divine : selon lui, « La terre existait dans le chaos avant la crĂ©ation dont parle MoĂŻse et cette crĂ©ation n'eut d'autre effet que de lui donner une forme et une consistance propres Ă  la mettre en Ă©tat de servir d'habitation au genre humain. La terre devenue fertile et peuplĂ©e aux temps de la crĂ©ation conserva cette forme et cette consistance jusqu'au dix-huitiĂšme jour de novembre de l'annĂ©e 2565 avant la pĂ©riode julienne, oĂč elle eut le malheur de rencontrer et de traverser l’atmosphĂšre d'une grande comĂšte dont la queue l'inonda d'un immense volume d'eau ce qui produisit le mĂ©morable flĂ©au du dĂ©luge universel rapportĂ© dans l'Ă©criture, flĂ©au d'oĂč sont nĂ©s tous les ravages toutes les altĂ©rations tous les phĂ©nomĂšnes physiques qu'on observe Ă  la surface et dans l'intĂ©rieur de ce globe[28]. » Cette thĂ©orie rejoint les thĂ©ories modernes que l'eau de la Terre proviendrait des comĂštes.

Des scénarios fantaisistes ou sujets à caution

Dans la thĂšse de Graham Hancock, la pĂ©riode glaciaire de la Terre (qui est cyclique) aurait formĂ© deux couches de glaces de plus de 16 km de haut, sur l’Europe de l’Ouest, et sur le Canada. Le rĂ©chauffement progressif de la planĂšte aurait formĂ© deux immenses mers intĂ©rieures, grandes Ă  peu prĂšs comme la MĂ©diterranĂ©e. La pression exercĂ©e par ces deux immenses blocs aurait « enfoncĂ© » la croĂ»te terrestre, tout en la faisant remonter sur ses bords. La fonte des glaces aurait peu Ă  peu fait cĂ©der les barrages qui maintenaient ces deux immenses mers, pour finalement provoquer un raz-de-marĂ©e de prĂšs de « 600 mĂštres de haut ». ParallĂšlement, la pression de la croĂ»te terrestre se relĂąchant brutalement aurait provoquĂ© de gigantesques tremblements de terre, tout en rĂ©-immergeant les terres qui n’avaient Ă©mergĂ© que grĂące au relief dĂ» Ă  la pression. Cette thĂ©orie l’aura poussĂ© Ă  rechercher les vestiges des anciennes civilisations sous la mer, et ce pour des rĂ©sultats proclamĂ©s spectaculaires : des blocs mycĂ©niens (de plusieurs tonnes) taillĂ©s et traĂźnĂ©s sur une centaine de mĂštres retrouvĂ©s Ă  16 km des cĂŽtes, de mĂȘme que des exemples comme celui-ci un peu partout dans le monde (un mythe trĂšs rĂ©pandu Ă©voquait une hypothĂ©tique civilisation d’avant Sumer, et la dĂ©crivait comme n’étant que cĂŽtiĂšre). MĂȘme si elle met en jeu des processus parfois rĂ©els, cette thĂšse est fortement sujette Ă  caution dans la mesure oĂč l’épaisseur de glace est de l’ordre de trois kilomĂštres (car la glace flue) et les mouvements de « rebonds » dus Ă  sa mise en place et Ă  sa fonte sont mesurables par les datations des plages Ă©tagĂ©es. Enfin les raz-de-marĂ©e laissent des traces caractĂ©ristiques dans les sĂ©diments marins : les hypothĂšses de Hancock n’ont pas Ă©tĂ© reçues par la communautĂ© scientifique.

HypothĂšse locale de la mer Noire

Dans L'homme et les déluges (1986), les professeurs André Capart, océanographe, et Denise Jourdain, préhistorienne, écrivent : « Nous allons devoir entraßner le lecteur loin de l'horizon traditionnel des pays bibliques pour qu'il puisse réaliser à quel point les différentes phases du déluge de Noé n'ont pu se dérouler que sur les bords de la mer Noire, à l'exclusion de tout autre point du globe. Le récit de la GenÚse sera alors non seulement situé dans le temps et dans l'espace de maniÚre irrécusable, mais chacun des épisodes deviendra plus crédible à la lumiÚre des nouvelles découvertes de la science ».

En 1997, les gĂ©ologues amĂ©ricains William Ryan et Walter Pitman ont prĂ©sentĂ©, Ă  partir d’une campagne de recherche amĂ©ricano-russe en mer Noire en 1993, des donnĂ©es indiquant un passage assez brutal dans leurs carottes d’un niveau d’eau douce Ă  un niveau d'eau salĂ©e qu’ils datent d’environ 7 500 ans ; ils pensent tenir lĂ  la preuve de la reconnexion de la mer de Marmara avec la mer Noire qui s’est produite alors par l’entrĂ©e de l’eau de mer par le Bosphore[29].

Cette hypothĂšse est basĂ©e sur une sĂ©rie d’allers-retours dans l’évolution du niveau de la mer au moment de la fin des glaciations :

  • le niveau de la mer baisse Ă  la suite des glaciations, et isole la mer Noire de la MĂ©diterranĂ©e ;
  • les glaces fondent sur les plaines ukrainiennes, provoquant un afflux massif d’eau douce en mer Noire. La mer Noire se jette alors dans la MĂ©diterranĂ©e, et devient un lac d'eau douce ;
  • Ă  la fin de la fonte, le temps devient plus sec, et la mer Noire n’est plus alimentĂ©e. Elle s’assĂšche progressivement (comme le fait par exemple la mer d’Aral), mais la faible durĂ©e de cet Ă©pisode ne permet pas Ă  la salinitĂ© d’augmenter significativement. La mer Noire est alors un lac d’eau douce, situĂ© sous le niveau de la mer (de l’ordre de 200 mĂštres), et toujours isolĂ©e de la MĂ©diterranĂ©e par le seuil du Bosphore. Les peuplades primitives s’installent sur ses rivages, c’est le dĂ©but des civilisations agraires ;
  • enfin, la MĂ©diterranĂ©e remonte progressivement, avec la remontĂ©e gĂ©nĂ©rale du niveau de la mer. Quand le niveau dĂ©passe celui du seuil du Bosphore, c’est la catastrophe : « les portes du ciel s’ouvrirent », et la MĂ©diterranĂ©e tombe dans la mer Noire en une grande cataracte. Le niveau de la mer Noire serait remontĂ© en deux ans de 150 mĂštres, inondant plus de 100 000 km2 de terre et entraĂźnant, sans doute, un dĂ©placement des populations.

Le DĂ©luge, Ă©lĂ©ment commun aux tĂ©moignages des peuples du Proche Orient jusqu'Ă  l'Indus, demeure prĂ©gnant dans notre imaginaire. La date supposĂ©e de la catastrophe, sa localisation gĂ©ographique dans la rĂ©gion du monde occupĂ©e par les premiers peuples sĂ©dentaires, ses consĂ©quences dramatiques sur les populations, et un faisceau d'indices gĂ©o-chronologiques concordants[30] donnent Ă  penser qu'un tel Ă©vĂ©nement a pu donner naissance Ă  un mythe devenu universel qui se retrouvera retranscrit dans les rĂ©cits mĂ©sopotamiens (ÉpopĂ©e de Gilgamesh), et plus tard dans la GenĂšse.

Cette hypothĂšse, qui n'est pas encore consensuelle, s’appuie par ailleurs sur un certain nombre d'autres donnĂ©es qui peuvent sembler des confirmations : trace de canyon sous le niveau de la mer au droit du Bosphore, anomalies encore sensibles dans la rĂ©partition des couches d’eau, dĂ©pĂŽts marins d’eau douce sous le niveau de la mer et recouverts de sĂ©diments de turbiditĂ©, traces de dunes fossiles sous le niveau actuel de la mer
 L'Ă©vĂ©nement aura pu ĂȘtre dĂ©clenchĂ© par un Ă©pisode sismique massif sur la faille nord-anatolienne, dans la zone Marmara-Dardanelles qui est la rĂ©gion sismique la plus active du monde aprĂšs la Californie.

Deux autres hypothÚses lui sont généralement opposées: une hypothÚse gradualiste [31] et une hypothÚse selon laquelle le niveau de la mer Noire a souvent oscillé[32], avec par exemple une montée de 100 m en seulement 30 ans du niveau de la mer[33].

Confrontation de l’hypothùse de la mer Noire aux textes occidentaux

Les civilisations des bords de la mer Noire (vers 6000 av. J.-C.) Ă©taient au dĂ©but de la civilisation agraire. Cette population prĂ©historique Ă©tait relativement dense. S'il a bien eu lieu, un tel Ă©vĂ©nement a dĂ» ĂȘtre extrĂȘmement traumatisant, largement capable de graver pendant trĂšs longtemps la mĂ©moire collective de ces peuplades. À l’ouest, du cĂŽtĂ© grec, la mĂ©moire de la catastrophe a pu ĂȘtre apportĂ©e par les invasions doriennes venues du Nord de la GrĂšce, que l’on situe vers 1200 av. J.-C. Compte tenu du dĂ©bit envisageable pour le Bosphore, et de la faible pente des plaines ukrainiennes et roumaines, l’effet de l’inondation a dĂ» ĂȘtre spectaculaire : la ligne de rivage reculait en moyenne Ă  peu prĂšs Ă  la vitesse d’un homme en marche — ce qui est trop rapide pour une fuite Ă  pied, car l’eau progresse plus vite le long des vallĂ©es, et finit par piĂ©ger les fuyards sur les hauteurs locales. Pour quelques-uns, la « planche de salut » a pu ĂȘtre de se confiner dans un bateau, ou de se rĂ©fugier dans les montagnes. Le texte des MĂ©tamorphoses d’Ovide dĂ©crit une telle situation, de façon peut-ĂȘtre un peu anachronique et parfois excessive, mais trĂšs saisissante : « DĂ©bordĂ©s, les fleuves s’élancent Ă  travers les plaines dĂ©couvertes ; avec les rĂ©coltes, ils emportent les arbres, les troupeaux, les hommes, les maisons, les autels domestiques et leurs objets sacrĂ©s. Si une maison est restĂ©e debout et a pu rĂ©sister Ă  un tel dĂ©sastre sans s’écrouler, le faĂźte disparaĂźt englouti par les eaux et leur assaut fait chanceler les tours dans l'abĂźme
 /
/ l’immense dĂ©bordement des eaux avait recouvert les collines ; des flots jusqu'alors inconnus battaient le sommet des montagnes. » Selon le pseudo-Apollodore, « tous les hommes furent anĂ©antis, Ă  l’exception de quelques-uns qui s’étaient rĂ©fugiĂ©s sur le sommet des montagnes proches ». Est-ce en mĂ©moire de ce cataclysme que les Grecs ont d’abord baptisĂ© la mer Noire « Axine » c’est-Ă -dire « la mer inamicale », avant qu’elle ne devienne plus tard « Euxine » (ou Pont-Euxin) c’est-Ă -dire « la mer amicale » ?

Confrontation de l'hypothĂšse de la mer Noire aux textes orientaux

Les textes orientaux sont beaucoup moins évocateurs que les textes occidentaux ; ils décrivent des sources qui jaillissent de la terre ou du ciel :

  • la Bible (GenĂšse 7:11) : « en ce jour-lĂ  se fendirent toutes les sources de l’immense abĂźme d’eau et les Ă©cluses des cieux s’ouvrirent. »
  • le Coran : 54,12 : « et nous fĂźmes jaillir la terre en sources. »

Dans l’hypothĂšse du dĂ©versement des eaux de la MĂ©diterranĂ©e par le Bosphore, et sous rĂ©serve que celui-ci ait bien eu lieu Ă  une Ă©poque suffisamment rĂ©cente pour que les populations ayant subi ce cataclysme aient pu avoir les contacts directs ou indirects avec le ou les rĂ©dacteur(s) babylonien(s) du PoĂšme du Supersage et des rĂ©dacteurs de la Bible, l'origine de la montĂ©e des eaux de la mer Noire n’a pas pu ĂȘtre comprise par les habitants des rives est de la mer Noire, situĂ©s Ă  prĂšs de 600 km du Bosphore. Les « sources du grand abĂźme » qui soulĂšvent le niveau de la mer, selon le rĂ©cit biblique, pourraient alors prendre tout leur sens. L'allusion biblique au mont Ararat viendrait ainsi du souvenir collectif d'une population chassĂ©e des cĂŽtes escarpĂ©es du Caucase par la montĂ©e des eaux et rĂ©fugiĂ©e dans les montagnes (le mont Ararat, Ă  300 km au sud-est des rives de la mer Noire, est le point culminant de la rĂ©gion, visible de trĂšs loin). Dans l'ÉpopĂ©e d'Atrahasis ou PoĂšme du Supersage, on peut lire : « Les dieux eux-mĂȘmes Ă©taient Ă©pouvantĂ©s : prenant la fuite, ils escaladĂšrent jusqu'au ciel d'Anu oĂč, tels des chiens, ils demeuraient pelotonnĂ©s ».

L'Avesta de la mythologie zoroastrienne iranienne dĂ©crit une gigantesque caverne que Yima aurait amĂ©nagĂ©e sur les conseils de Mazda, y installant mĂȘme une lumiĂšre artificielle, la peuplant des plus rĂ©sistants des hommes et des femmes, ainsi que d'un mĂąle et d'une femelle de chaque animal, oiseau et plante — tous devant subir de « mauvais hivers qui faisaient tomber la neige Ă  gros flocons », un « froid fĂ©roce et mortel ». De lĂ , ces rĂ©fugiĂ©s pourraient ĂȘtre passĂ©s en MĂ©sopotamie (si les populations Ă  l'origine de ce mythe sont akkadiennes, Ă  moins que celles-ci ne soient d'origine sumĂ©riennes, populations dont on admet gĂ©nĂ©ralement qu'elles venaient plutĂŽt de l'Est de l'Irak), situant donc leur origine du cĂŽtĂ© de l'ArmĂ©nie.

Ainsi, les quelques mentions toponymiques identifiées dans les textes antiques situent le déluge au nord d'une ligne mont Parnasse-mont Ararat.

Confrontation de l’hypothĂšse d'un sĂ©isme et des textes anciens

  • À l'est, deux textes, qui sont les plus anciens, l’ÉpopĂ©e d'Atrahasis ou PoĂšme du Supersage) datĂ© du XVIIIe siĂšcle av. J.-C., intĂ©grĂ© dans la version standard de l'Ă©popĂ©e de Gilgamesh vers 1200 av. J.-C., Ă©voquent un sĂ©isme initiateur du dĂ©luge et extrĂȘmement destructeur : « Les assises de la terre immense se brisĂšrent comme une jarre » ;
  • Ă  l’ouest, trois textes beaucoup plus rĂ©cents Ă©voquent un sĂ©isme dĂ©clencheur du dĂ©luge :
    • le TimĂ©e de Platon : « Dans les jours qui suivirent, eurent lieu de grands tremblements de terre, des inondations, et en un seul jour, et une seule nuit fatale, tout ce qu’il y avait de guerriers chez vous fut englouti Ă  la fois dans la terre entrouverte, et l’üle d’Atlantide disparut sous la mer »,
    • le Critias de Platon : « une Ăźle plus vaste que la Libye et l'Asie, et qui une fois aprĂšs avoir Ă©tĂ© engloutie lors d’un tremblement de terre »,
    • Les MĂ©tamorphoses d'Ovide : « Le dieu lui-mĂȘme a frappĂ© la terre de son trident ; elle a tremblĂ© et par sa secousse a ouvert les retraites des eaux ».

Il convient d'examiner les indices temporels, s'il en existe : converties en années grecques, les années "égyptiennes" de Critias indiquent ca 1900 avant J.-C. Les traditions avestiques sont bien plus anciennes.

Ainsi certains textes anciens peuvent effectivement porter la mĂ©moire d'un dĂ©luge initiĂ© par un sĂ©isme. Il est Ă©vident que diffĂ©rentes traditions ont conservĂ© le souvenir, exemplifiĂ©, de plusieurs catastrophes, aux causes diverses, qui ne peuvent ĂȘtre rĂ©duite Ă  un seul "dĂ©luge" : l'optimum climatique de -14 600 se traduisit par une montĂ©e du niveau des eaux. Vers -6000 survint la submersion du Doggerland ; le "grand hiver" de l'Avesta renvoie aux mutations climatiques des rĂ©gions septentrionales. Les diffĂ©rentes traditions ont retenu (dans leur langage propre) la mĂ©moire de leurs expĂ©riences. Les Ă©tudes scientifiques vĂ©rifient la nature de ces Ă©vĂ©nements rĂ©els.

Évocations artistiques et scientifiques

Artistiques

Arche de Noé. Déluge mondial.

Peinture

Le DĂ©luge, 1896-1902.
James Tissot
Musée juif (New York).

Musique

  • Le DĂ©luge, cantate spirituelle d'Élisabeth Jacquet de La Guerre, EJG 33.
  • Le DĂ©luge, cantate funĂšbre maçonnique de François Giroust.
  • Le DĂ©luge, oratorio de Camille Saint-SaĂ«ns op. 45 (1875).
  • Les gospels reprennent souvent ce thĂšme, notamment The Jubalaires avec « Noah », repris ensuite par le Golden Gate Quartet , qui s'illustre Ă©galement avec son remarquable « Didn't it rain? ».

Cinéma

Littérature

Scientifiques

  • Samuel Noah Kramer, L'Histoire commence Ă  Sumer, Flammarion, 1994 (ISBN 208081298X).
  • AndrĂ© Capart, Denise Capart, L'homme et les dĂ©luges, Éditeur Hayez, 1986, 338 pages (ISBN 2871260036 et 9782871260035).
  • W. B. Ryan and W. C. Pitman, Noah's Flood: The new scientific discoveries about the event that changed history, 1998.
  • V. Yanko-Hombach et al., The Black Sea Flood Question: Changes in Coastline, Climate and Human Settlement; Springer, 2007, 971 pages (ISBN 1-4020-4774-6).
  • Albert T. Clay (auteur), Paul Tice (introduction), Atrahasis: An Ancient Hebrew Deluge Story, Book Tree, 2003 (ISBN 1-585-09228-2) (ISBN 978-158509228-4).
  • Raymond-Jacques Tournay (professeur Ă  l'École biblique et archĂ©ologique française de JĂ©rusalem) et Aaron Shaffer (professeur Ă  l'universitĂ© hĂ©braĂŻque de JĂ©rusalem), L’ÉpopĂ©e de Gilgamesh, Introduction, Traduction et Notes, ouvrage publiĂ© avec le concours du CNRS, Éditions du Cerf, Paris, 1998 (ISBN 2-204-05003-2).

Notes et références

Notes

  1. EusĂšbe n'avait pas en main le texte de BĂ©rose, mais s'est basĂ© sur Julius Africanus, qui se basait sur Alexandre Polyhistor, qui lui-mĂȘme se basait sur Apollodore (voir Fraser, p. 107-108)
  2. Pour une version plus complĂšte, voir Fraser, p. 113-118. Voir aussi l'article ÉpopĂ©e de Gilgamesh. La genĂšse du mythe mĂ©sopotamien se trouve dans Glassner 2015 et Chen 2013.

Références

  1. Guillaume DucƓur, « Le mythe du dĂ©luge de l’Inde ancienne et les thĂ©ories des origines entre 1829 et 1872 », Revue de l'histoire des religions, vol. 233, no 3,‎ , p. 390 (DOI 10.4000/rhr.8575).
  2. Guillaume DucƓur, op. cit., p.417
  3. Marie-Françoise AufrĂšre, « L’homme antĂ©diluvien selon Boucher de Perthes (1788-1868) : divagations thĂ©oriques et vraies dĂ©couvertes scientifiques », Travaux du ComitĂ© français d’Histoire de la GĂ©ologie,ComitĂ© français d’Histoire de la GĂ©ologie, 3Ăšme sĂ©rie, t. 21,‎ , p. 155-187 (lire en ligne).
  4. Jacques (1788-1868) Auteur du texte Boucher de Perthes, Antiquités celtiques et antédiluviennes, mémoire sur l'industrie primitive et les arts à leur origine. T. 1 / par M. Boucher de Perthes. Avec 80 planches représentant 1,600 figures, 1847-1864 (lire en ligne)
  5. Claudine Cohen, Jean-Jacques Hublin, Boucher de Perthes. Les origines romantiques de la préhistoire, Belin, , 400 p. (lire en ligne)
  6. Frazer, p. 107-110.
  7. Glassner 2015, p. 3.
  8. TrÚs proche du nom Xisuthrus utilisé par Bérose (Chen 2013, p. 129).
  9. Chen 2013, p. 1.
  10. Chen 2013, p. 221-222.
  11. Chen 2013, p. 230.
  12. Glassner 2015, p. 14.
  13. Histoire naturelle, III, 112-113.
  14. « Lecture de la paracha Noa'h en Français », sur Torah-Box (consulté le ).
  15. Heidi Toelle souligne, dans le Dictionnaire du Coran Ă  la rubrique « DĂ©luge », que le mot rendu par four, le tennur ferait allusion Ă  un feu jaillissant de la Terre. Elle fait un rapprochement avec Roch Hachanah 16,2, SanhĂ©drin 108 et Gen. rabba 28,9. OĂč il est fait mention du rĂ©chauffement des eaux diluviennes.
  16. Souvent rendu par « clous », or clou se dit en arabe : Ù…ŰłÙ…Ű§Ű± (mismar). Ici il est bien question de (arabe : ۯ۳ۧ۱) dĂźsĂąr. Maurice Glotton, Une approche du Coran par la Grammaire et le lexique, Ă©dition Albouraq, avant-propos par Pierre Lory et Mahmoud Azab (ISBN 2-84161-171-X), p. 379.
  17. Heidi Toelle, Dictionnaire du Coran, Ă©dition Robert Laffont, p. 204 (ISBN 978-2-221-09956-8).
  18. Le Déluge avec Noé : universel ou régional ?.
  19. Chronologiquement, notre plus rĂ©cent ancĂȘtre commun remonte Ă  142 000 ans, une pĂ©riode oĂč le niveau des eaux s'Ă©levait rapidement et provoquait des inondations de plus en plus dĂ©vastatrices. L'apparition de l'homme moderne correspond en effet Ă  la fin de la glaciation de Riss.
  20. B. M. Sullivan, The A to Z of Hinduism, Vision Books, pages 131 et 132 (ISBN 8170945216).
  21. Pop Wuh, Paris, Gallimard, collection « À l'aube des peuples », 1990.
  22. Zach Zorich, Paleolithic Tools - Plakias, Crete, volume 64, no 1, janvier-février 2011 (© 2011 by the Archaeological Institute of America archive.archaeology.org/1101/topten/crete.html).
  23. Algirdas Julien Greimas, Des Dieux et des Hommes, Paris, PUF, 1985.
  24. Ann Birell, Mythes Chinois, Paris, Seuil, 2005.
  25. Rémi Mathieu, Anthologie des mythes et légendes de la Chine ancienne, Paris, Gallimard, 1989.
  26. (en) Christopher Gregory Weber, « The Fatal Flaws of Flood Geology », Creation Evolution Journal, vol. 1, no 1,‎ , p. 24–37 (lire en ligne)
  27. (en) David R. Montgomery, The Rocks Don't Lie: A Geologist Investigates Noah's Flood, Norton, (ISBN 9780393082395)
  28. François Para du Phanjas, ThĂ©orie des ĂȘtres sensibles, ou cours complet de physique, spĂ©culative, expĂ©rimentale, systĂ©matique et gĂ©omĂ©trique, mise Ă  la portĂ©e de tout le monde, Jombert, 1772 [lire en ligne].
  29. (en) William Ryan et Walter Pitman, « An abrupt drowning of the Black Sea shelf », Marine Geology, vol. 138, nos 1–2,‎ , p. 119–126 (DOI 10.1016/s0025-3227(97)00007-8, lire en ligne, consultĂ© le )
  30. Briand, F.; Mascle, J.; Wyatt, T. 2003. "Historical and archaeological evidence of recent geological evolution in the Mediterranean Sea - a synthesis". CIESM Workshop Monographs, 24: 5–14
  31. V. M. Sorokin et P. N. Kuprin, « On the character of Black Sea level rise during the Holocene », Moscow University Geology Bulletin, vol. 52, no 5, octobre 2007, pp. 334-341 [lire en ligne] et P. A. Kaplin et A. O. Selivanov, « Late glacial and Holocene sea level changes in semi-enclosed seas of North Eurasia: examples from the contrasting Black and White Seas », Palaeogeography, Palaeoclimatology, Palaeoecology, volume 209, no 1-4, 6 juillet 2004, pages 19-36 [lire en ligne]. Voir aussi ici. Voir aussi E. Larchenkov, S. Kadurin, « Geological evidence for non-catastrophic sea level rise in the nortwestern Black Sea over the past 25 ky » résumé de communication, International Geological Congress Oslo 2008 [lire en ligne].
  32. Valentina Yanko-Hombach, Allan S. Gilbert, Nicolae Panin and Pavel M. Dolukhanov editors, The Black Sea Flood Question: Changes in Coastline, Climate, and Human Settlement, Springer, Netherlands, 2007 [lire en ligne]
  33. (en) Gilles Lericolais, Underwater Seascapes, Springer, (lire en ligne), « Boreal Submerged Black Sea Landscapes »
  34. Eric-Emmanuel Schmitt, La Traversée des temps, t. 1 : Paradis perdus, Paris, Albin Michel, , 563 p. (ISBN 978-2-226-45022-7 et 2-226-45022-X, OCLC 1237737098).

Annexes

Bibliographie

  • (en) Y. S. Chen, The Primeval Flood Catastrophe: Origins and Early Development in Mesopotamian Traditions, Oxford University Press,
  • (en) James Frazer, Folk-Lore In The Testament, Londres, (lire en ligne)
  • Jean-Jacques Glassner, « NoĂ© dans les sources mĂ©sopotamiennes », Revue de l'histoire des religions, no 4,‎ (lire en ligne)
  • Alfred Loisy, « Le rĂ©cit du dĂ©luge dans la tradition de Nippour », dans Revue d'histoire et de littĂ©rature religieuses, 1910, p. 306-312 (lire en ligne)
  • Guillaume Ducoeur, « Le mythe du dĂ©luge de l’Inde ancienne et les thĂ©ories des origines entre 1829 et 1872 », Revue de l'histoire des religions, no 3,‎ (lire en ligne)

Articles connexes

Croyances et religions
Sciences

Liens externes

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