Shanhaijing
Le Shanhaijing ć±±æ”·ç¶, Livre des monts et des mers ou Classique des montagnes et des mers est un recueil de donnĂ©es gĂ©ographiques et de lĂ©gendes de lâAntiquitĂ© chinoise composĂ© entre les Royaumes combattants et les Han. Ses Ă©diteurs principaux, Liu Xiang[1] et son fils Liu Xin[2] des Han occidentaux, lâattribuĂšrent Ă Yu le Grand ou Ă son assistant Bo Yi[3]. Câest la source principale des mythes chinois anciens encore trĂšs populaires. Lu Xun a Ă©voquĂ© dans Achang et le Shanhaijing [4] le plaisir que lui en procura la lecture dans son enfance.
Ăvolution
La version actuelle est essentiellement celle des Han, commentée sous les Jin par Guo Pu[5] (276-324) puis sous les Qing par Bi Yuan (1730-1797)[6] (Shanhaijingjiaozheng [7]) et He Yixing[8] (Shanhaijingjianshu [9]). Certains estiment que des éléments pourraient encore avoir été ajoutés à l'ensemble du temps de Guo Puzeng.
Le Shanhaijing contenait Ă lâorigine des illustrations encore connues au IVe siĂšcle, puisque Tao Yuanming les mentionne dans un poĂšme. Certains pensent mĂȘme que lâouvrage fut composĂ© autour d'elles, le texte actuel Ă©tant un commentaire ; elles disparurent par la suite. Lâouvrage fut de nouveau illustrĂ© sous les Qing.
Lâattribution Ă Yu le Grand ou Bo Yi fut contestĂ©e dĂšs les Wei du Nord par le mandarin Li Daoyuan[10], qui le premier y vit la trace de multiples auteurs. Lâattribution originelle conserva nĂ©anmoins longtemps des partisans.
Composition
Le Shanhaijing comprend 39 textes rĂ©partis en 18 fascicules, pour un total de 31 000 caractĂšres. Lâensemble est divisĂ© en quatre sections :
- Le Livre des montagnes [11] ou Livre des montagnes des cinq trĂ©sors [12], en 5 fascicules, reprĂ©sente les deux tiers de lâouvrage. ConsidĂ©rĂ©e comme la partie la plus ancienne, cette section contient le plus dâinformations gĂ©ographiques.
- Le Livre des terres au delĂ des mers [13] en quatre fascicules ;
- Le Livre des vastes Ă©tendues sauvages [14] en quatre fascicules est considĂ©rĂ© comme le plus fantaisiste ; il mentionne une soixantaine de contrĂ©es lointaines peuplĂ©es dâĂȘtres fantastiques.
- Le Livre des terres entre les mers [15] en cinq fascicules ;
Contenu
GĂ©ographie
Plus de cinq cents montagnes sont mentionnĂ©es, assorties dâindications concernant leur position, altitude, accessibilitĂ©, forme, zones basses, superficie, et parfois vĂ©gĂ©tation et enneigement. Plus de trois cents cours dâeau sont signalĂ©s, avec mention de leurs pĂ©riodes de basses eaux, des lacs et puits voisins. Parmi les ressources naturelles, animales, vĂ©gĂ©tales ou minĂ©rales, ces derniĂšres sont les plus frĂ©quemment citĂ©es : quelque trois cents sites et prĂšs de 80 variĂ©tĂ©s rĂ©parties en quatre catĂ©gories (mĂ©tal, jade, pierre, sol), avec leurs caractĂ©ristiques (Ă©clat, transparence, etc.). Joseph Needham a soulignĂ© la valeur de ces informations ; les historiens chinois placent les auteurs du Shanhaijing sur le mĂȘme plan que ThĂ©ophraste, pĂšre de la pĂ©trologie. ăă
Le monde du Shanhaijing offre une certaine ressemblance avec celui dĂ©crit par Zou Yan : terres centrales entourĂ©es de quatre mers au-delĂ desquelles se trouvent des terres Ă©loignĂ©es, le tout orientĂ© selon quatre directions autour du centre. Les dimensions prĂ©cises du monde « sous le ciel » y sont indiquĂ©es : 28 000 lis dâest en ouest, 26 000 du nord au sud.
Les lieux qui ont pu ĂȘtre identifiĂ©s se rĂ©partissent sur une superficie comprise entre le cours moyen et infĂ©rieur du Fleuve Jaune, le Hunan occidental, lâarchipel Zhoushan (Zhejiang) et les cĂŽtes du Guangdong. Les informations les plus prĂ©cises sont concentrĂ©es dans une zone ayant lâactuelle Luoyang pour centre. Elles prĂ©sentent une certaine concordance avec les indications du Tribut de Yu [16], chapitre du Shangshu. On peut donc supposer que câest essentiellement dans cette rĂ©gion que lâouvrage fut rĂ©digĂ©.
Histoire et mythologie
Sous les Qing, le Livre des monts et des mers Ă©tait discrĂ©ditĂ© comme ouvrage de rĂ©fĂ©rence gĂ©ographique, mais nâen fit pas moins lâobjet de deux importantes Ă©ditions commentĂ©es en raison de son intĂ©rĂȘt littĂ©raire. Câest en effet la principale source des lĂ©gendes de la Chine ancienne, probablement considĂ©rĂ©es comme des informations historiques par ses rĂ©dacteurs. NĂŒwa rĂ©pare le ciel brisĂ©, Lâarcher Yi abat les neuf soleils, Chang'e sâenvole dans la lune sont trois des nombreux mythes rapportĂ©s par lâouvrage. Certains ne se trouvent que dans le Shanhaijing, qui est devenu un matĂ©riau dâĂ©tude essentiel pour les spĂ©cialistes de la mythologie et du folklore chinois ancien.
Place dans la bibliographie chinoise
On sâaccorde Ă penser que le Livre des monts et des mers a vu le jour comme ouvrage gĂ©ographique, historique et folklorique. Ă ce titre, il nâa pas fait l'objet de la censure des lĂ©gistes de la dynastie Qin. Ses premiers Ă©diteurs le considĂ©raient comme un livre de gĂ©ographie. La section LittĂ©rature du Livre des Han le range curieusement dans les Ă©crits des logiciens et des lĂ©gistes[17]. Selon le Livre des Han postĂ©rieurs, câest un ouvrage technique[18]. Sous les Han orientaux, il fut inclus dans les ouvrages de rĂ©fĂ©rence offerts par lâempereur Mingdi Ă Wang Jing[19], chargĂ© de la lutte contre les inondations. Son glossateur des Jin, Guo Puzeng, y voit une rĂ©fĂ©rence gĂ©ographique sĂ©rieuse, et Li Daoyuan des Wei du Nord le cite prĂšs de 80 fois dans son ouvrage de gĂ©ographie. Cette rĂ©putation subsiste sous les Sui et les Tang, mais Hu Yinglin[20] des Ming y voit un recueil dâhistoires fantastiques. Le Sikuquanshu [21] des Qing le range dans les fictions[22].
Au XXe siĂšcle, sa valeur gĂ©ographique a Ă©tĂ© rĂ©Ă©valuĂ©e par des spĂ©cialistes comme Gu Jiegang de lâAcademia Sinica et Tan Qixie (1911-1992) de lâAcadĂ©mie des sciences de Chine, qui pensait reconnaitre dans la section Nord du Livre des montagnes une assez bonne description de lâancien cours du fleuve Jaune.
Notes et références
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- AchĂĄng yÇ shÄnhÇijÄ«ng éżé·èăć±±æ”·ç¶ă; Lu Xun, « Ah Chang et le Livre des monts et des mers », Ćuvres choisies, vol. I, Ăditions en langues Ă©trangĂšres, Beijing, 1981
- Ădition avec le commentaire de Guo Pu, postface de Yang Shen, sur Gallica
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Traductions
- Rémi Mathieu, Etude sur la mythologie et l'ethnologie de la Chine ancienne : Traduction annotée du Shanhai jing, Paris, CollÚge de France, Institut des hautes études chinoises : Diffusion De Boccard, , 1217 p. (ISBN 2-85757-030-9) Deux volumes: 141 pages et 1217 pages.
- Léon de Rosny (trad. oui), Chan-hai-king : Antique géographie chinoise, J. Maisonneuve, (lire en ligne) Volume 1 : Réédition Nabu Press, 2010, 326 pages, (ISBN 1146039921)
- Ămile Burnouf (trad. oui), Le Chan-HaĂŻ-King. Livre des montagnes et des mers. Livre II. Montagnes de l'Ouest..., Compte rendu et extraits sur le site de la BNF, Gallica
- The Classic of Mountains and Seas, Penguin Classics, 2000, (ISBN 0-14-044719-9)