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Anne-Louis Girodet

Anne-Louis Girodet[1], ou Anne-Louis Girodet-Trioson, né le à Montargis et mort le à Paris, est un peintre, illustrateur et graveur français.

Anne-Louis Girodet
Anne-Louis Girodet, Autoportrait,
musée des Beaux-Arts d'Orléans.
Biographie
Naissance
Décès
SĂ©pulture
Nom de naissance
Anne-Louis Girodet de Roucy
Nationalité
Formation
Activité
Ĺ’uvres principales

L'œuvre de Girodet se situe à la charnière des deux grands courants artistiques du début du XIXe siècle : la peinture néoclassique et la peinture romantique. La recherche de la beauté idéale selon les canons classiques l'inscrit dans la lignée des peintres néoclassiques davidiens dont il est avec Antoine-Jean Gros, François Gérard, et Jean-Auguste-Dominique Ingres l'un des principaux représentants, alors même que, par une forte volonté d'innovation, il imprègne ses peintures d'une grâce et d'une poésie singulière qui préfigure le romantisme.


Biographie

Tombe d'Anne-Louis Girodet-Trioson, Paris, cimetière du Père-Lachaise.

Né Anne-Louis Girodet de Roucy (ou de Roussy selon les sources[2]), le jeune Girodet passe son enfance dans sa ville natale de Montargis. Aussi doué pour le violon que pour le dessin, il choisit la peinture et rejoint, en 1785, Paris et l'atelier de Jacques-Louis David, dont il est l'un des élèves les plus talentueux.

Très proche de ses parents ainsi que le montre sa correspondance, Girodet déplore le décès de son père en 1784 et de sa mère en 1787 alors qu'il n'a pas 20 ans. Dans la capitale, le jeune homme est protégé et aidé par le docteur Trioson, un ami proche de sa famille.

Girodet concourt pour le prix de Rome une première fois en 1787 où il est disqualifié pour avoir sorti des croquis de l'enceinte de l'épreuve[3]. Il le retente l'année suivante avec La Mort de Tatius et obtient la seconde place. Il en est lauréat en 1789 avec Joseph, reconnu par ses frères.

Il rejoint alors Rome et y peint Le Sommeil d'Endymion et Hippocrate refusant les présents d'Artaxerxès. En 1793, les Français fuient les États pontificaux après l'assassinat du diplomate Nicolas-Jean Hugou de Bassville ; Girodet quitte la Ville Éternelle, séjournant dans différentes cités de la péninsule italienne.

Girodet regagne Paris en 1795. Il y peint plusieurs tableaux majeurs dont le portrait de Jean-Baptiste Belley en 1797, Mademoiselle Lange en Danaé en 1799, un portrait de Napoléon Bonaparte Premier consul en 1802, la Leçon de géographie en 1803, les Atala au tombeau en 1808, le Portrait de Chateaubriand méditant sur les ruines de Rome en 1809.

En 1809, le docteur Trioson adopte son protégé et en fait son héritier. À partir de cette date le peintre accolera Trioson à son patronyme, qui devient Girodet de Roucy-Trioson, simplifié en Girodet-Trioson.

Girodet-Trioson remporte le prix de la Décennie de 1810 avec Scène du déluge. L’Intervention des Sabines de Jacques-Louis David est classé second et le célèbre peintre du Sacre ne dissimule pas le dépit et la jalousie que lui cause la réussite de son ancien élève.

En 1812, Girodet hérite d'une fortune qui lui permet de se consacrer à l'écriture de poèmes sur l'esthétisme. À partir de 1813, il participe à la décoration du château de Compiègne en y peignant plusieurs fresques murales.

Girodet-Trioson ne pâtit pas de la Restauration. Le roi Louis XVIII lui commande un portrait posthume de Jacques Cathelineau et le , il est nommé professeur à l'École des beaux-arts de Paris en remplacement de François-André Vincent[4]. Il aura comme élève entre autres l'Allemand François Fleischbein.

Les forces de Girodet déclinent et la qualité de ses dernières œuvres, telles Tête de Vierge et Pygmalion et Galatée (1819), en pâtit. Il meurt à Paris le . Inhumé à Paris au cimetière du Père-Lachaise (28e division), son cœur repose dans une urne, dans l'une des chapelles du chœur de l'église Sainte-Madeleine de Montargis, sa ville natale.

L'Ĺ“uvre

Capanaée, tête dite du blasphémateur (vers 1800), localisation inconnue.

Bien qu'ayant commencé comme un fidèle disciple de son maître Jacques-Louis David, Girodet s'efforce ensuite de développer un style personnel, jouant avec les effets de lumière. À la peinture d'Histoire, il préfère une sorte de symbolisme éthéré. Dramatisant à l'excès ses sujets, il excelle dans la pose et le travail de la lumière. Il bouscule les codes de la sensibilité en les transposant dans les scènes religieuses.

Lors de son séjour de cinq ans en Italie, il se démarque de la gravité et de la retenue de David et envoie au Salon en guise d'académie imposée[5], Le Sommeil d'Endymion (Paris, musée du Louvre) dont le caractère onirique et étrange est considéré comme une des premières manifestations du romantisme[6]. Ses tableaux plurent aux romantiques par les sentiments exaltés qu'il y représentait[7]. Sa peinture n'est pas dénuée d'une certaine sensualité ; la représentation d'Endymion en éphèbe alangui, sans aucun relief de musculature, va à l'encontre des canons classiques. Honoré de Balzac en fait l'éloge dans Sarrasine (1831)[8] - [9]. Balzac, qui était par ailleurs un grand admirateur de Girodet, le cite encore dans La Bourse[10] et La Maison du chat-qui-pelote.

Il excelle dans la vérité des portraits, parfois allégoriques (Jean-Baptiste Belley, Mademoiselle Lange en Danaé), souvent intimes — le fils de son père adoptif a été peint à trois époques : jeune enfant, préadolescent et adolescent —, il sait révéler l'âme de ses personnages comme dans son célèbre Portrait de Chateaubriand (Saint-Malo, musée d’Histoire de la Ville et du Pays Malouin). Un de ses portraits, Mademoiselle Lange en Danaé (1799), fait scandale à cause de ses allusions sexuelles satiriques. Cette anecdote, où Girodet se venge de la célèbre Merveilleuse Mademoiselle Lange de n'avoir pas apprécié un premier portrait d'elle, illustre bien le caractère irascible et incontrôlable de ce peintre.

Il réalisa des décors peints pour les demeures de Napoléon, premier consul puis empereur, et participa à la représentation de l'épopée napoléonienne[6]. Sa peinture d'histoire s'arrange souvent avec les faits pour leur donner une dimension métaphysique ou esthétique : dans sa Révolte du Caire, il peint plusieurs belligérants n'ayant jamais participé à l'événement. Dans la Légende napoléonienne, l’Apothéose des Héros français morts pour la patrie pendant la guerre de la Liberté (1802) représente le barde Ossian accueillant au paradis les généraux Desaix, Kléber, Marceau, Hoche et Championnet. Cette toile ne cesse d’étonner par son côté novateur annonçant le premier romantisme.

Girodet a aussi illustré des livres, notamment des éditions de Jean Racine et de Virgile. Le graveur Barthélemy Joseph Fulcran Roger réalisa plusieurs gravures en taille-douce des illustrations de Girodet, notamment d'un portrait de Constance de Salm[11]. Cette dernière a écrit un poème sur la mort de Girodet, publié en 1825 chez Firmin Didot et Arthus Bertrand[12].

Ĺ’uvres dans les collections publiques

Mademoiselle Lange en Danaé (1799), Minneapolis Institute of Art.
Dates non documentées

Expositions

RĂ©compenses et distinctions

Élèves

Annexes

Bibliographie

  • Leroy, P.-A., Girodet-Trioson, peintre d'histoire, 1767-1824, OrlĂ©ans, H. Herluison, (lire en ligne).
  • Georges Bernier, Anne-Louis Girodet : Prix de Rome 1789, Éd. Jacques Damase, 1975, 207 p., 110 reproductions en noir et blanc, 6 en couleurs.
  • Sylvain Bellanger, Girodet (1767-1824), [album de l'exposition], Éd. Gallimard, musĂ©e du Louvre, 2005, 48 p. (ISBN 2-07-011825-8).
  • Anne Lafont, Une Jeunesse artistique sous la RĂ©volution : Girodet avant 1800, thèse[29].
  • Jean-RĂ©mi Mantion, « L'empire des fins. ThĂ©orie de la commande selon Quatremère de Quincy : le cas Girodet », in Les Fins de la Peinture (sous la direction de RenĂ© DĂ©moris), Desjonquères, Paris, 1990.

Article connexe

Liens externes

Notes et références

  1. Notice d'autorité personne : Anne-Louis Girodet, BnF, consulté le .
  2. Dominique Cordellier, Louis-Antoine Prat, Maîtres du dessin européen du XVIe au XXe siècle : la collection Georges Pébereau p. 120.
  3. Les candidats ne devant disposer d'aucune aide extérieure durant le concours.
  4. Il aura pour successeur Louis Hersent en 1825 (cf. Frédéric Chappey, « Les Professeurs de l'École des Beaux-Arts (1794-1873) », Romantisme, no 93, 1996, pp. 95-101.
  5. Exercice d'après le modèle vivant.
  6. Vincent Pomarède, 1001 peintures au Louvre : De l’Antiquité au XIXe siècle, Musée du Louvre Editions, , 363 p. (ISBN 2-35031-032-9), p. 198.
  7. Pierre Laubriet, L'intelligence de l'art chez Balzac, Éditions Slatkine, 1994, p. 167 (ISBN 2051001103).
  8. Bibliothèque de la Pléiade, t.X, 1979, p. 120 (ISBN 2070108686).
  9. Pierre Laubriet, L'intelligence de l'art chez Balzac, Éditions Slatkine, 1994, p. 187.
  10. « Le visage de l'inconnue appartenait, pour ainsi dire, au type fin et délicat de l'école de Prud'hon, et possédait aussi cette poésie que Girodet donnait à ses figures fantastiques. »Bibliothèque de la Pléiade, t. I, 1976, p. 141 (ISBN 2070108511).
  11. « Constance de Salm », sur Histoires du Père Lachaise, (consulté le )
  12. Constance de Salm, Sur Girodet, par Mme la princesse Constance de Salm, Firmin Didot, Arthus Bertrand, , 8 p. (lire en ligne).
  13. Endymion, Louvre.
  14. Autoportrait, Versailles.
  15. Belley, Versailles.
  16. Benoit-Agnès, Montargis.
  17. Bourgeon, Musenor.
  18. GĂ©ographie, Montargis.
  19. DĂ©luge, Louvre.
  20. Indien, Musée Girodet.
  21. Atala au tombeau, notice du musée du Louvre.
  22. Chateaubriand, Base Joconde.
  23. Mameluck, RMN.
  24. « Hippocrate refusant les présents d'Artaxercès, Anne-Louis Girodet, sur Cat'zArts ».
  25. Emmanuelle Brugerolles (dir.), De l’alcôve aux barricades de Fragonard à David, Beaux-Arts de Paris les éditions, 2016, p. 190-193, Cat. 65.
  26. « Le Serment des sept chefs contre Thèbes, Anne-Louis Girodet, sur Cat'zArts ».
  27. Emmanuelle Brugerolles, op. cit., p. 194-195, Cat. 66.
  28. Bellenger, Sylvain., Fumaroli, Marc., Chenique, Bruno. et Musée du Louvre., Girodet, 1767-1824, Paris, Gallimard, , 495 p. (ISBN 978-2-35031-038-1, 2070117839 et 9782070117833, OCLC 62716156, BNF 40053608, lire en ligne).
  29. Anne Lafont, « Une Jeunesse artistique sous la Révolution : Giro det avant 1800s », thèse, Paris 4,‎ (lire en ligne, consulté le )
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