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Vishnou

Vishnou (en sanskrit विष्णु / Viṣṇu, en tamoul விஷ்ணு), on trouve aussi Vichnou[1], également appelé Hari, Padmanabhi ou Padmanabha), est le deuxième dieu de la Trimūrti (également appelée la « trinité hindoue »), avec Brahma et Shiva. La Trimūrti incarne le cycle de manifestation, conservation et dissolution de l'univers dont Brahma est le créateur, Vishnou le protecteur et Shiva (Rudra) le destructeur. Vishnou est connu pour ses nombreux avatars. Il est la divinité principale du vishnouisme, l'une des deux grandes écoles qui partagent l'hindouisme avec le shivaïsme.

Vishnou
Dieu hindou
Vishnou assis sur Ananta, tourné vers l'Ouest (direction des eaux). Deuxième porche. Sanctuaire excavé. Grotte 3, Badami, Karnataka. Fin du VIe siècle.
Vishnou assis sur Ananta, tourné vers l'Ouest (direction des eaux). Deuxième porche. Sanctuaire excavé. Grotte 3, Badami, Karnataka. Fin du VIe siècle.
Caractéristiques
Autre(s) nom(s) Venkateswara
Perumale
Narayana
Srinivasa
Purushottama
Hari
Fonction principale dieu
Monture Garuda
Famille
Premier conjoint Lakshmi
Deuxième conjoint Bhû Devî
Symboles
Attribut(s) shankha, chakra, padma, gada

Vishnou est souvent représenté en homme bleu avec une parure royale et quatre bras, tenant généralement une roue ou chakra, une conque ou shankha, un lotus (padma) et une massue (gada) dans les mains. Il porte sur sa tête une tiare dorée, appelée kirita-mukuta. Il est dépeint également se reposant sur le serpent Shesha, un lotus sort alors de son nombril ; Brahma sort lui-même du lotus[2] ; cette scène se reproduit à chaque nouveau grand cycle temporel ou kalpa, période liée à la cosmologie hindoue ; Vishnou et Brahma recréent ainsi l'univers. Sa parèdre est Lakshmi, la déesse de la richesse et de la bonne fortune, sa monture Garuda, l'aigle. Il est le fils de Dharma et de Ahimsa[3].

Origine

Il est difficile de dater précisément l'origine du culte de Vishnou. Dans les Védas, Vishnou n'est encore qu'une divinité mineure, associée à Indra, alors que Varuna et Mitra sont les deux premières divinités incarnant la souveraineté magico-juridique. Il occupe toutefois une place essentielle dans les épopés, tel le Mahabharata où il apparaît sous la forme du dieu Krishna, ou bien le Rāmāyaṇa où le héros principal, le prince Rāma, est l'une de ses incarnations (la septième).

Comme l'ont brillamment démontré Georges Dumézil et Stig Wikander, son origine est indo-européenne. Il est, mutatis mutandis, l'équivalent du dieu scandinave Vidar, le dieu aux grands pieds ou bien aux larges pas. En effet, dans les Védas, son action principale consiste (et ne consiste que) en ses trois pas au travers desquels il ouvre le champ nécessaire à l'action, notamment le champ de bataille sur lequel opèrera ensuite Indra. En cela son action rejoint celle que, à Rome, remplissait le collège des prêtres dits féciaux.

Plus tard dans l'Indouhisme réformé, sa figure s'enrichit et il devient un des trois membres de la Trimūrti et l'une des divinités les plus importantes du panthéon.

Les attributs de la divinité ou mûrti

  • La conque (shankha, IAST : śaṅkha) est le symbole de la création, elle vient de l'Océan primordial, sa spirale interne exprime l'expansion, le son qu'elle produit est l'image du son primordial.
  • Le disque chakra (dont le nom est Sudarshana, agréable à regarder) comporte six rayons comme les six pétales de la fleur de lotus. Il symbolise la puissance de l'esprit.
  • Le lotus (padma) symbolise le déploiement de la création, mais aussi la pureté et la vérité.
  • L'arc, l'instrument qui lance des sondes d'intuition au sein de l'illusion.
  • Les flèches et le carquois, le pouvoir des sens et la réserve du pouvoir d'agir.
  • La massue (Gada), le pouvoir de la connaissance dont dérivent tous les autres, physiques ou mentaux ; c'est aussi le fléau de Vishnu qui, menaçant, rappelle qu'il faut suivre le chemin de la spiritualité, et non celui de l'attrait matériel.
  • Le joyau Trésor-de-l'Océan ou Kaustubha, qui brille à la poitrine du dieu, la conscience universelle composée des consciences de tous les êtres.
Statue de Vishnou, avec la massue, le disque, la conque et le lotus.
  • La touffe de poils Cher-à-la-fortune ou Shrî-vatsa, situé au-dessus du sein gauche du dieu, représente tout ce dont jouit la conscience.
  • La Guirlande-de-la-forêt ou vana-mâlâ est l'image de Mâyâ, l'illusion.
  • Les deux boucles d'oreilles qui représentent les deux chemins de connaissance, sâmkhya, intellectuelle et yoga, intuitive. Elles ont la forme de Makara, un monstre marin.
  • Les bracelets qui symbolisent les trois buts de la vie : la perfection de soi, le succès, le plaisir.
  • La couronne, la réalité inconnaissable.
  • Le voile jaune ou pîtâmbara porté autour de la taille représente les Vedas.
  • Le cordon sacré, composé de trois brins, les trois lettres de la syllabe AUM.
  • Le char, le mental est son pouvoir d'action sur le monde.
  • La couleur sombre, couleur de l'Immanence, de la substance de l'espace.
  • Le chasse-mouches, symbole du dharma
  • L'éventail représente le sacrifice, il sert à attiser les flammes.
  • Le fanion
  • Le parasol, symbole de la royauté du dieu, sa hampe est l'axe du monde, le mont Meru.
  • L'épée et le fourreau, le savoir et le non-savoir qui le recouvre
  • L'oiseau Garuda
  • Le serpent Vestige ou Shesha Nâga, celui sur lequel repose le dieu lorsqu'il dort attendant la création.

Vishnou adopte dix formes différentes pour sauver des personnes de la mort (dans l'eau par exemple, il choisit kurma la tortue)

  • L'or, représente la richesse et la fortune, quelque chose que Vishnou n'a jamais utilisé
Représentation de Vishnou et de ses dix avatars. Lithographie par le peintre indien Raja Ravi Varma, vers 1900.

Avatars

Selon la tradition, Vishnou s'incarne régulièrement, lorsque le monde est menacé par le chaos. Ses plus célèbres incarnations (avatars) sur Terre sont Rāma et Krishna. La Bhagavad-Gita évoque la notion d'avatars. Parmi les listes d'avatar, la plus connue est celle-ci :

  1. Matsya, le poisson
  2. Kurma, la tortue
  3. Varâha, le sanglier
  4. Narasimha, l'homme-lion (Nara = homme, simha = lion)
  5. Vamana, le nain
  6. Parashurama
  7. Râma
  8. Krishna (signification « obscurité » ou « noir »)
  9. Siddhartha Gautama, Bouddha (quelques versions considèrent que Balarâma est le neuvième avatar). L'intégration de Bouddha dans le panthéon hindou est apparue assez tardivement, probablement au VIIIe siècle comme une expression de la contre-réforme brahmanique au bouddhisme, entamée au IIe siècle av. J.-C.
  10. Kalkî (« temps ») est une figure apocalyptique. C'est irrémédiablement l'incarnation « à venir ».

Vishnou est le dieu principal du vaishnava. Chaitanya y est considéré comme avatar de Vishnou en tant qu'incarnation de Krishna.

Porte décrivant les 10 avatars de Vishnou, temple Tirupati Balaji Padmavati, Kumkaliem, Ponda, Goa.

Autres aspects de la divinité

La Terre, Bhūmi ou Bhû Devi, est également parfois considérée comme son épouse. Vishnou la sauva en effet des eaux sous son avatar de Varâha. Ses liens matrimoniaux lient le dieu à la royauté, la Terre (Bhūmi) et la fortune (Lakshmi) étant les deux principes attachés au roi. En effet, un des termes pour désigner le roi en sanskrit est bhūpati, ce qui peut signifier « maître » ou « époux » de la Terre, le terme pati étant ambivalent. La mitre dont il est coiffé confirme cette fonction royale et démontre que dans l'hindouisme post-védique, même si Indra possède toujours le titre de roi des dieux, c'est de fait Vishnou qui opère vraiment cette fonction. Cette prééminence est d'ailleurs confirmée par de nombreux mythes où Vishnou ou un de ses avatars humilie Indra. C'est notamment le cas dans l'épisode de Krishna soulevant le mont Govardhana.

Astronomie

Notes et références

  1. « Vichnou », dans Émile Littré, Dictionnaire de la langue française, 1872-1877
  2. The A to Z of Hinduism par B.M. Sullivan publié par Vision Books, pages 150 et 151, (ISBN 8170945216)
  3. Alain Daniélou, Mythes et Dieux de l’Inde, le polythéisme hindou, Flammarion, coll. Champs, 1994

Source

  • Alain Daniélou, Mythes et dieux de l'Inde, Champs Flammarion, 1992.
  • The symbolisme of hindu gods and rituals de Swami Parthasarathy, éditions: Vedanta Life Institute

Voir aussi

Bibliographie

  • Vasundhara Filliozat, Mythologie hindoue: Tome 1, Viṣṇu, Editions Agâmât, 2014
  • Alain Daniélou, Mythes et dieux de l'Inde, Flammarion, 1992
  • Vishnu: an introduction par Devdutt Pattanaik, Vakils, Feffer and Simons, 1999
  • Philosophie de la mythologie, Friedrich Wilhelm Joseph von Schelling, Millon 1994
  • Nârada : Précédé d'une étude sur les Avatars de Vichnou de Jean Herbert
  • Histoire des doctrines religieuses et philosophiques de l'antiquité, Henri Brunel, ed Marc Ducloux, 1852
  • Mythes et religion de l'Inde, Par Nityabodhānanda, Maisonneuve et Larose, 2001

Articles connexes

Liens externes

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