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Georges Dumézil

Georges DumĂ©zil est un philologue, historien des religions et anthropologue français, nĂ© le Ă  Paris 12e, ville oĂč il est mort le dans le 5e arrondissement[2].

Georges Dumézil
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
(Ă  88 ans)
Paris
Pseudonyme
Georges Marcenay
Nationalité
Formation
Activités
PĂšre
Conjoint
Madeleine Legrand (d) (Ă  partir de )
Enfants
Claude Dumézil (d)
Perrine Dumézil-Curien (d)
ParentĂšle
signature de Georges Dumézil
Signature

Son travail sur les sociétés et les religions indo-européennes, qui fait toujours l'objet de travaux d'approfondissement et de controverses, a ouvert de nouvelles perspectives à de nombreux chercheurs en sciences humaines[3].

Maßtrisant de nombreuses langues, il a procédé à un important travail d'étude comparative exacte et directe des textes les plus anciens des mythologies et des religions des peuples indo-européens[3].

Georges Dumézil s'est aussi intéressé aux langues et récits traditionnels des peuples d'Asie centrale.

Biographie

Ascendance

Son grand-pÚre Pierre, né en 1821, artisan tonnelier à Bayon (Gironde), envoie au lycée son fils Jean Anatole Dumézil, qui se passionne pour les langues étrangÚres et le latin et devient général. Jean Dumézil transmet sa passion pour le latin à son fils, qui apprend également le grec ancien et l'allemand[4].

Scolarité primaire et secondaire

Georges DumĂ©zil Ă©tudie dans diffĂ©rents lycĂ©es, suivant son pĂšre au grĂ© de ses diffĂ©rentes affectations : Bourges, Briançon, Paris, NeufchĂąteau, Troyes, de nouveau Paris, Tarbes, et enfin Vincennes[5]. Il effectue sa khĂągne au lycĂ©e Louis-le-Grand, Ă  Paris. Il rencontre alors le grand philologue Michel BrĂ©al (mort en 1915), traducteur de l'Ɠuvre de Franz Bopp, fondateur de la grammaire comparĂ©e et auteur d'ouvrages sur le vocabulaire des langues indo-europĂ©ennes. Celui-ci le recommande Ă  son successeur Antoine Meillet, un autre grand linguiste, et lui donne son dictionnaire sanskrit-français. Avant d'ĂȘtre reçu Ă  l'École normale supĂ©rieure en 1916, DumĂ©zil apprend l'arabe et le sanskrit[6].

En sortant du lycée, il connaßt donc six langues, dont trois langues anciennes.

CarriĂšre universitaire

Georges DumĂ©zil est reçu premier au concours d'admission Ă  l'École normale supĂ©rieure en 1916. Ses Ă©tudes sont interrompues par sa mobilisation en tant qu'officier d'artillerie, de mars 1917 Ă  fĂ©vrier 1919. Lors de la session spĂ©ciale d'octobre, il est reçu 6e Ă  l'agrĂ©gation de lettres[7]. Il enseigne quelques mois Ă  Beauvais puis, en janvier 1921, part comme lecteur de français Ă  l'universitĂ© de Varsovie.

En 1922, il rentre en France pour commencer ses thĂšses d'histoire des religions et de mythologie comparĂ©e, sous la direction d'Antoine Meillet, qu'il soutient en avril 1924. La premiĂšre, intitulĂ©e Le Festin d'immortalitĂ©. Étude de mythologie comparĂ©e indo-europĂ©enne, porte sur la comparaison entre l'ambroisie et une boisson mythologique indienne au nom et aux caractĂ©ristiques similaires, l’amrtĂą. Il ne se limite cependant pas Ă  la comparaison de deux religions : il y intĂšgre des Ă©lĂ©ments de nombreuses mythologies indo-europĂ©ennes. On lui reproche alors de prendre trop de libertĂ©s avec les faits pour raconter une plus belle histoire ; c'est d'ailleurs une critique de son Ɠuvre que certains font toujours. Dans sa thĂšse, en l'absence de boisson d'immortalitĂ© en Scandinavie, il promeut la biĂšre Ă  ce rang, ce qui est reconnu (par lui-mĂȘme) comme une erreur. La seconde s'intitule Le Crime des Lemniennes. Rites et LĂ©gendes du monde Ă©gĂ©en.

En 1925, il part pour la Turquie et y enseigne l'histoire des religions Ă  l'universitĂ© d'Istanbul, crĂ©Ă©e par AtatĂŒrk, qui avait voulu la crĂ©ation de cette chaire d'histoire religieuse. Il y apprend le turc, voyage dans le Caucase et en Russie, et dĂ©couvre notamment la langue et la mythologie ossĂštes. Il Ă©tudie Ă©galement la langue des Oubykh, peuple caucasien vaincu par les Russes entre 1860 et 1870, et rĂ©fugiĂ©s dans l'Ouest de la Turquie, ainsi que le tcherkesse et l'abkhaze. Le fonds d'ouvrages qu'il rapporte de ces voyages est un des plus importants de caucasologie en Occident (voir BibliothĂšque interuniversitaire des langues orientales).

Georges Dumézil est marié et pÚre de deux enfants : Perrine, astrophysicienne et épouse d'Hubert Curien, et Claude (1929-2013[8]), psychanalyste.

En 1931, il obtient un poste de lecteur de français Ă  l’universitĂ© d'Uppsala, en SuĂšde. Il y parfait sa connaissance de la mythologie scandinave, et en profite pour apprendre une nouvelle langue. Ce passage Ă  Uppsala aidera plus tard Michel Foucault, son protĂ©gĂ©, Ă  y ĂȘtre Ă©galement nommĂ©. Il quitte ce poste en 1933 et obtient, grĂące Ă  la protection de l’indianiste Sylvain LĂ©vi, un poste de chargĂ© de confĂ©rences en sciences religieuses[9]. Il est ensuite nommĂ© « directeur d’étude comparative des religions des peuples indo-europĂ©ens » Ă  la Ve section de l’École pratique des hautes Ă©tudes. Il suit Ă©galement des cours de sinologie donnĂ©s par Marcel Granet, rĂ©dige des articles nationalistes sous le pseudonyme de Georges Marcenay et frĂ©quente Marcel Mauss. En 1938, il Ă©crit Jupiter Mars Quirinus, oĂč il Ă©labore pour la premiĂšre fois sa thĂ©orie des trois fonctions.

En 1941, il est expulsĂ© de l’enseignement Ă  l’École pratique des hautes-Ă©tudes Ă  cause de son appartenance Ă  la franc-maçonnerie par l’administrateur vichyste de la BibliothĂšque nationale Bernard FaĂż. Il bĂ©nĂ©ficie alors de la protection du pĂšre Dabosville, directeur de l’École Saint-Martin-de-France Ă  Pontoise, qui le prend comme enseignant en latin et en grec. Il rĂ©intĂšgre l’universitĂ© l’annĂ©e suivante aprĂšs l’intervention de JĂ©rĂŽme Carcopino. Il collabore Ă  la Nouvelle Revue Française sous la direction de Drieu la Rochelle pour de nombreux articles. En 1949, il est Ă©lu au CollĂšge de France et commence Ă  y enseigner en dĂ©cembre de la mĂȘme annĂ©e, Ă  la chaire des civilisations indo-europĂ©ennes crĂ©Ă©e pour lui. Il affirme y avoir Ă©tĂ© Ă©lu grĂące au soutien de Jules Bloch, Alfred Ernout, Lucien Febvre, Louis Robert ou encore Emile Benveniste, et malgrĂ© l’opposition farouche d’AndrĂ© Piganiol, d’Edmond Faral et d’AndrĂ© Mazon. Il y enseigne jusqu’en 1968.

AprĂšs-guerre, il voyage au PĂ©rou et apprend le quechua Ă  Cuzco. Mais de 1952 Ă  1972, il voyage surtout dans le Caucase pour y Ă©tudier les langues et les mythologies.

Il prend sa retraite en 1968 mais, pendant trois ans, il continue de donner des confĂ©rences aux États-Unis, aux universitĂ©s de Princeton, Chicago et Los Angeles. Il entreprend alors un travail de compilation de son Ɠuvre. Il publie ainsi les trois volumes de Mythe et ÉpopĂ©e en 1968, 1971 et 1973. En 1970, il est Ă©lu Ă  l’AcadĂ©mie des inscriptions et belles-lettres. Il entre Ă  l’AcadĂ©mie française en 1978.

Il meurt le 11 octobre 1986, peu avant son Ă©pouse Madeleine, qui meurt en 1987.

Travaux

La théorie de la trifonctionnalité

Les Dieux souverains des Indo-Européens, 1977

Il a montré que beaucoup de récits étaient organisés selon des structures narratives semblables et que les mythes exprimés par ces récits traduisaient une conception de la société organisée selon trois fonctions :

  • la fonction du sacrĂ© et de la souverainetĂ© ;
  • la fonction guerriĂšre ;
  • la fonction de production et de reproduction.

Cette organisation en trois fonctions se retrouve aussi bien dans :

DĂšs sa thĂšse, il trouve son domaine de recherches : la mythologie comparĂ©e. Au dĂ©part, poussĂ© dans cette direction par Antoine Meillet, qui veut le voir reprendre l'Ă©tude de la religion indo-europĂ©enne lĂ  oĂč elle a Ă©tĂ© abandonnĂ©e depuis plusieurs dĂ©cennies, il est abandonnĂ© par ses pairs philologues qui lui reprochent, pour les uns, d'inclure trop de mythologie dans des Ă©tudes littĂ©raires et, pour les autres, de plier les faits Ă  sa thĂ©orie.

Sa dĂ©couverte de la culture ossĂšte (derniĂšre branche survivante des Alains, descendants eux-mĂȘmes des Scythes), Ă©tudiĂ©e auparavant par Vsevolod Miller, lui fait reprendre cette voie de recherche. En effet, ceux-ci se projettent dans le peuple mythique des Nartes. Ce monde mythique des Nartes est trĂšs proche des mondes mythiques indo-europĂ©ens (les monstres et les dragons y sont similaires). De plus, ce peuple des Nartes se divise explicitement en trois familles :

  • ceux qui sont forts par l'intelligence (zund), les AlĂŠgatĂŠ ;
  • ceux qui sont forts par le courage et la vaillance au combat, les ÆhsĂŠrtĂŠggatĂŠ ;
  • ceux qui sont riches de leur bĂ©tail : les BoratĂŠ.

Il publie en 1930 un article, « La PrĂ©histoire indo-iranienne des castes », oĂč il rapproche la division en trois catĂ©gories de la sociĂ©tĂ© en Inde de celle retrouvĂ©e en Iran ancien. On peut d'ailleurs remarquer que l'Iran actuel est le seul pays musulman dotĂ© d'un clergĂ©.

En 1938, le rapprochement raisonnĂ© entre brahmanes indiens et flamines romains[10] lui permet d'analyser la fonction du souverain dans les sociĂ©tĂ©s indo-europĂ©ennes. Il joint les rapprochements dĂ©jĂ  faits entre sociĂ©tĂ©s indiennes et iraniennes anciennes Ă  l'observation des flamines, collĂšge de prĂȘtres romains. Les flamines majeurs assuraient le culte des trois dieux Jupiter, Mars et Quirinus, dont les caractĂšres correspondent aux trois fonctions de commandement et de sacrĂ©, de force guerriĂšre et de fĂ©conditĂ©. La fonction de souverainetĂ© se dĂ©compose, elle, en deux versants selon ses termes :

  • l'un est formel, d'origine sacerdotale, s'exprime Ă©galement dans une dimension juridique et est enracinĂ© dans ce monde ;
  • l'autre aspect de la souverainetĂ© est fondĂ© sur la puissance et enracinĂ© dans l'autre monde.

En poussant ses raisonnements (voir son livre le plus aisé d'accÚs, Jupiter Mars Quirinus (1941), il formalise la théorie des trois fonctions (souveraineté et religion, guerre, production), tripartition qui se retrouve dans le vocabulaire, l'organisation sociale et le corpus légendaire de tous les peuples indo-européens :

  • sociĂ©tĂ© mĂ©diĂ©vale, par exemple, divisĂ©e en oratores (ceux qui prient, le clergĂ©), bellatores (ceux qui combattent, la noblesse) et laboratores (ceux qui travaillent, le tiers Ă©tat), ;
  • sociĂ©tĂ© indienne, divisĂ©e en brahmanes (prĂȘtres, enseignants et professeurs), kshatriyas (roi, princes, administrateurs et soldats), plus la caste productive, se subdivisant en vaishyas (artisans, commerçants, hommes d'affaires, agriculteurs et bergers) et shoĂ»dras (serviteurs).

Dans cette société, les prolongements sont plus importants encore : dans le grand poÚme épique indien Mahabharata, chaque héros agit selon le schéma trifonctionnel, en fonction du caractÚre et de la place du dieu dont il est le représentant.

DumĂ©zil montre ensuite que l'histoire officielle des origines de Rome est une mise en scĂšne de cette mĂȘme idĂ©ologie structurante. Par consĂ©quent, il serait vain de chercher Ă  dĂ©mĂȘler lĂ©gende et histoire Ă  propos de Romulus et de ses successeurs.

Postérité

Enluminure mĂ©diĂ©vale, British Library : le clerc, le chevalier et le travailleur. L'organisation de la sociĂ©tĂ© selon trois fonctions primordiales trouve une continuitĂ© jusqu'au Moyen Âge

La « trifonctionnalitĂ© dumĂ©zilienne » demeure encore l'objet de controverses. Ses mĂ©thodes de travail ont influencĂ© l'ensemble d'une discipline, l'Ă©tude des religions antiques : il a changĂ© la maniĂšre de les Ă©tudier, en crĂ©ant l'Ă©tude comparĂ©e des mythologies, Ă©galement en montrant que les divinitĂ©s n'existaient pas pour elles-mĂȘmes, et qu'il fallait faire porter les Ă©tudes sur les paires ou les groupes de dieux (tels qu'ils Ă©taient cĂ©lĂ©brĂ©s dans les rĂ©cits mythiques). Toutes ses analyses portent sur la structure des mythes et des rĂ©cits, ne rapprochant jamais des faits isolĂ©s.

Il est le crĂ©ateur d'une nouvelle discipline, et a dĂ» tĂątonner, Ă©laborer une mĂ©thode : ainsi a-t-il Ă©tĂ© jusqu'Ă  renier l'intĂ©gralitĂ© de son Ɠuvre antĂ©rieure Ă  1938.

Les travaux de Dumézil en apportant un nouvel éclairage notamment sur les religions grecques, romaines, indiennes des origines ont souvent provoqué l'opposition, voire des critiques, des spécialistes de ces domaines rejetant les apports nouveaux de la mythologie comparée dans leurs domaines respectifs. Arnaldo Momigliano, historien de la Rome antique, qui a critiqué la thÚse trifonctionnaliste[11], en est un exemple[12]. L'indianiste allemand Paul Thieme[13] - [14] a été l'un de ses adversaires les plus résolus[15]. Chez les historiens des religions anciennes, Dumézil a dû faire face à l'opposition de l'école dite « dynamiste » ou « primitiviste », dont le britannique H. J. Rose[16] et les néerlandais Hendrik Wagenvoort[17] et Jan Gonda[18] - [19]. En France, son « principal adversaire »[20] fut le latiniste André Piganiol.

La méthode Dumézil a fait des émules, en particulier :

  • l'historien Georges Duby, qui a montrĂ© la continuitĂ© des trois fonctions au Moyen Âge dans Les trois ordres ou l'imaginaire du fĂ©odalisme (1978) et Le Chevalier, la Femme et le PrĂȘtre (1981) ;
  • le philosophe Michel Foucault, qui a bĂ©nĂ©ficiĂ© du patronage de DumĂ©zil et s'est inspirĂ© de ses recherches dans ses premiers travaux.

C'est l'anthropologue Claude Lévi-Strauss qui a prononcé son discours de réception à l'Académie française.

Un grand nombre d'universitaires a repris ses thĂšmes de prĂ©dilection, parmi lesquels l'indianiste suĂ©dois Stig Wikander[21] (1908-1983), le spĂ©cialiste du monde celtique Christian-J. Guyonvarc'h, l'indianiste français Louis Renou, le linguiste et mythologue nĂ©erlandais Jan de Vries[22] (1890-1964), le linguiste français Émile Benveniste[23] et, plus rĂ©cemment, l'historien Bernard Sergent. S'il n'existe pas d'« Ă©cole dumĂ©zilienne », puisque DumĂ©zil n'a jamais Ă©tĂ© le directeur de thĂšse d'un doctorant, les travaux de Georges DumĂ©zil ont marquĂ© la mythologie comparĂ©e et l'ensemble des recherches portant sur les anciennes religions europĂ©ennes. Il a aussi influencĂ© le philosophe et rhĂ©toricien français Philippe-Joseph Salazar, alors jeune normalien, en lui suggĂ©rant que la voix Ă©tait un objet d'Ă©tude.

Les indianistes Jean Naudou, Nick J. Allen, d'Oxford, et Daniel Dubuisson admettent l'utilitĂ© des thĂšses trifonctionnelles dans leur domaine, tout comme Émilia Masson dans le sien, les Hittites.

Michel Poitevin a soulignĂ© l'intĂ©rĂȘt philosophique de l'Ɠuvre de DumĂ©zil, qui incite Ă  rĂ©flĂ©chir sur les structures symboliques de l'esprit humain[24].

Cette avancĂ©e dans la recherche reconnue n'a pas empĂȘchĂ© des comparatistes, tels que Jean Haudry de souligner les limites de la thĂ©orie des « Trois fonctions ». Celui-ci fait remarquer que ce schĂ©ma explicatif pose un problĂšme de chronologie et se laisse difficilement appliquer Ă  certains domaines du monde indo-europĂ©en ; parmi ceux-ci, en particulier les mondes grec ou balte au sein desquels, comme le reconnaissait DumĂ©zil lui-mĂȘme, l'interprĂ©tation des mythes par le prisme de la trifonctionnalitĂ© offre peu de rĂ©sultats. Jean Haudry explique que nombre de rĂ©cits et lĂ©gendes ne peuvent ĂȘtre interprĂ©tĂ©s et compris que par des notions cosmologiques, et que la cosmologie des trois cieux, ciel diurne, ciel nocturne et ciel crĂ©pusculaire, constitue la base des « trois couleurs » symboliques: blanche, noire et rouge, et de leur application Ă  la sociĂ©tĂ©, les fameuses trois fonctions. Cette application Ă  la sociĂ©tĂ© ne s'est pas rĂ©alisĂ©e chez tous les peuples indo-europĂ©ens, mais seulement parmi certains d'entre eux[25].

Polémique sur ses idées politiques

DumĂ©zil a entretenu des relations avec des Ă©crivains tels que Charles Maurras, Pierre Gaxotte (dont il Ă©tait restĂ© l'ami), ou Pierre Drieu la Rochelle dans les annĂ©es 1920, et collaborĂ© dans les annĂ©es 1930 au journal nationaliste Le Jour de LĂ©on Bailby, oĂč il signa de son pseudonyme de Georges Marcenay des Ă©ditoriaux Ă  la fois anticommunistes et antinazis, dĂ©nonçant le danger que reprĂ©sente l'Allemagne hitlĂ©rienne[26].

À partir des annĂ©es 1960 et surtout au cours des annĂ©es 1980, des historiens comme Arnaldo Momigliano[27] et Carlo Ginzburg[28] reprochent Ă  DumĂ©zil, apparemment pour des raisons idĂ©ologiques[29], de nourrir des affinitĂ©s avec l'extrĂȘme droite[30], voire de tĂ©moigner d'une certaine sensibilitĂ© aux idĂ©es national-socialistes[31], attaques qui furent rĂ©futĂ©es[32].

DumĂ©zil a fait partie du comitĂ© de patronage de Nouvelle École — revue liĂ©e Ă  la Nouvelle Droite fondĂ©e par Alain de Benoist et accusĂ©e par la gauche intellectuelle d'entretenir un mythe indo-europĂ©en — de mai-juin 1972 Ă  : « plusieurs hypothĂšses ont Ă©tĂ© avancĂ©es pour expliquer aussi bien l'entrĂ©e dans le comitĂ© de patronage de Nouvelle École que la dĂ©cision d'en sortir[33] ».

Pour certains, Dumézil est suspect en raison de son thÚme de prédilection, les Indo-Européens, que le GRECE mettait en avant dans les années 1970-1980[34]. Pourquoi s'intéresser, à partir des années 1930, à un peuple auquel les tenants de l'idéologie aryenne voulaient identifier la « race » germanique ? Pour Didier Eribon[35], Dumézil, vigoureusement opposé à toute forme d'antisémitisme, n'a rien d'un nazi : ses études sur les Indo-Européens, qui ne laissent rien présumer de ses opinions politiques, remontent à une période antérieure à la popularisation de ce thÚme par les nazis, puisque son premier article sur le sujet date de 1930. Il montre dans cet ouvrage que les détracteurs et accusateurs de Dumézil ne s'étaient pas donné la peine de lire ses livres et plus particuliÚrement celui qu'ils utilisaient pour l'accuser (Mythes et dieux des Germains : essai d'interprétation comparative, PUF, 1939).

Rue Georges-Dumézil, Paris 15e arrondissement

Dans l'entretien tĂ©lĂ©visĂ© qu'il a accordĂ© le , Ă  la fin de sa vie, au journaliste Bernard Pivot dans le cadre de l'Ă©mission Apostrophes, l'historien, interrogĂ© sur une publication de Drieu la Rochelle parue en 1943 dans La Nouvelle Revue française (article consacrĂ© Ă  DumĂ©zil et intitulĂ© Éternelle Germanie), prĂ©cise que la critique rĂ©currente selon laquelle il aurait prĂ©sentĂ© les Indo-EuropĂ©ens comme une race supĂ©rieure s'opposant aux SĂ©mites lui a toujours Ă©tĂ© complĂštement Ă©trangĂšre[36].

À Didier Eribon[37], DumĂ©zil confie : « J'ai eu une tentation politique quand j'Ă©tais jeune, au sortir de la guerre. Gaxotte me prĂ©senta Ă  Maurras, qui Ă©tait un homme fascinant. » Question : « Vous vous ĂȘtes rapprochĂ© de l'Action française ? » DumĂ©zil : « Je n'ai jamais adhĂ©rĂ©. Trop de choses me sĂ©paraient d'elle. Le credo de l'Action française Ă©tait un bloc : il interdisait aussi bien de goĂ»ter Edmond Rostand que de croire Ă  l'innocence du capitaine Dreyfus
 TrĂšs vite, il m'a semblĂ© vain de me soucier de politique intĂ©rieure. En fait, dĂšs 1924, le malheur Ă©tait dĂ©jĂ  dans l'air
 Et je suis parti pour Istanbul, oĂč je me suis laissĂ© pĂ©nĂ©trer par le sage fatalisme oriental. » Il dĂ©clare aussi Ă  Didier Eribon : « Le principe non pas simplement monarchique, mais dynastique, qui met le plus haut poste de l'État Ă  l'abri des caprices et des ambitions, me paraissait, et me paraĂźt toujours, prĂ©fĂ©rable Ă  l'Ă©lection gĂ©nĂ©ralisĂ©e dans laquelle nous vivons depuis Danton et Bonaparte. L'exemple des monarchies du Nord (de l'Europe) m'a confirmĂ© dans ce sentiment. Bien entendu, la formule n'est pas applicable en France. »

Publications

Avant 1939

  • Le Festin d'immortalitĂ© - Étude de mythologie comparĂ©e indo-europĂ©enne, Paris, Annales du MusĂ©e Guimet, 1924 (sa thĂšse)
  • Le Crime des Lemniennes - Rites et LĂ©gendes du monde Ă©gĂ©en, Paris, 1924 (sa thĂšse complĂ©mentaire)
  • Le ProblĂšme des Centaures - Étude de mythologie comparĂ©e indo-europĂ©enne , Paris, Annales du MusĂ©e Guimet, 1929
  • LĂ©gendes sur les Nartes, suivies de cinq notes mythologiques, Paris, HonorĂ© Champion, "BibliothĂšque de l'Institut français de LĂ©ningrad", tome XI, 1930.
  • La Langue des Oubykhs (I, Grammaire ; II, Textes traduits et commentĂ©s ; III, Notes de vocabulaire), Paris, HonorĂ© Champion, 1931.
  • Ouranos-Varuna - Essai de mythologie comparĂ©e indo-europĂ©enne, Paris, Maisonneuve, 1932.
  • Introduction Ă  la grammaire comparĂ©e des langues caucasiennes du nord, 152 p. grand format, Paris, HonorĂ© Champion, 1931.
  • Flamen-Brahman, 1935

La bibliographie qui vient d'ĂȘtre Ă©numĂ©rĂ©e contient les balbutiements de la mythologie comparĂ©e, qui a ensuite Ă©tĂ© reconnue erronĂ©e par DumĂ©zil, mais aussi des Ă©tudes linguistiques scientifiques, en particulier sur les langues caucasiennes, comme l'Oubykh.

À partir de 1939

  • Mythes et dieux des Germains - Essai d'interprĂ©tation comparative, Paris, Presses universitaires de France, 1939
  • Mitra-Varuna - Essai sur deux reprĂ©sentations indo-europĂ©ennes de la SouverainetĂ©, Paris, Presses universitaires de France, 1940 Scan (Version originale, Français)
  • Jupiter Mars Quirinus, composĂ© de :
    • Essai sur la conception indo-europĂ©enne de la sociĂ©tĂ© et sur les origines de Rome, Paris, Gallimard, 1941
    • Naissance de Rome, Gallimard, 1944
    • Naissance d'archanges - Essai sur la formation de la religion zoroastrienne, Paris, Gallimard, 1945
    • Explication de textes indiens et latins, Paris, Gallimard, 1948
  • Les Mythes romains, composĂ© de :
    • Horace et les Curiaces, Paris, Gallimard, 1942
    • Servius et la Fortune - Essai sur la fonction sociale de louange et de blĂąme et sur les Ă©lĂ©ments indo-europĂ©ens du cens romain, Paris, Gallimard, 1943
    • Tarpeia - Cinq essais de philologie comparĂ©e indo-europĂ©enne, Paris, Gallimard, 1947
  • Loki, Paris, G.P. Maisonneuve, 1948
  • L'HĂ©ritage indo-europĂ©en Ă  Rome, Paris, Gallimard, 1949
  • Le TroisiĂšme Souverain, Paris, G.P. Maisonneuve, 1949
  • Les Dieux indo-europĂ©ens, Paris, Presses universitaires de France, 1952
  • Rituels indo-europĂ©ens Ă  Rome, Paris, Klincksieck, 1954
  • DĂ©esses latines et mythes vĂ©diques , Bruxelles, Latomus, 1956
  • Aspects de la fonction guerriĂšre chez les Indo-EuropĂ©ens, Paris, Presses universitaires de France, « BibliothĂšque de l'École des hautes Ă©tudes, Sciences religieuses », LXVIIIe volume, 1956
  • Contes et lĂ©gendes des Oubykhs, Paris, Institut d'ethnologie, 1957
  • Contes lazes, Institut d'ethnologie, 1957
  • L’IdĂ©ologie tripartite des Indo-EuropĂ©ens, Bruxelles, Latomus, 1958
  • Études oubykhs, Paris, A. Maisonneuve, 1959
  • Les Dieux des Germains, essai sur la formation de la religion scandinave, Paris, Presses universitaires de France, 1959
  • Documents anatoliens sur les langues et les traditions du Caucase, Paris, A. Maisonneuve, 1960-1967
  • Le Livre des hĂ©ros, lĂ©gendes ossĂštes sur les Nartes, Paris, Gallimard, 1965
  • La Religion romaine archaĂŻque, avec un appendice sur la religion des Étrusques , Paris, Payot, 1966
  • Mythe et ÉpopĂ©e, son Ɠuvre majeure[38] :
    • L’IdĂ©ologie des trois fonctions dans les Ă©popĂ©es des peuples indo-europĂ©ens, Paris, Gallimard, 1968
    • Types Ă©piques indo-europĂ©ens : un hĂ©ros, un sorcier, un roi, Paris, Gallimard, 1971
    • Histoires romaines, Paris, Gallimard, 1973[39]
  • IdĂ©es romaines, Paris, Gallimard, 1969
  • Heur et Malheur du guerrier, aspects de la fonction guerriĂšre chez les Indo-EuropĂ©ens, Paris, Presses universitaires de France, 1969
  • Du mythe au roman, la Saga de Hadingus et autres essais, Paris, Presses universitaires de France, 1970
  • FĂȘtes romaines d’étĂ© et d’automne, suivi de Dix Questions romaines , Paris, Gallimard, 1975
  • Le Verbe oubykh, Ă©tudes descriptives et comparatives, Paris, AcadĂ©mie des inscriptions et belles-lettres, 1975
  • Les Dieux souverains des Indo-EuropĂ©ens, Paris, Gallimard, 1977
  • Romans de Scythie et d’alentour, Paris, Payot, 1978
  • Mariages indo-europĂ©ens, suivi de Quinze Questions romaines, Paris, Payot, 1979
  • Apollon sonore et autres essais, Paris, Gallimard, 1982
  • La Courtisane et les Seigneurs colorĂ©s, et autres essais - 25 esquisses de mythologie, Paris, Gallimard, 1983
  • Le Moyne noir en gris dedans Varenne - Sotie nostradamique, Paris, Gallimard, 1984
  • Le Mahabarat et le Bhagavat du Colonel de Polier, prĂ©sentation de Georges DumĂ©zil, Paris, Gallimard, 1985.
  • L’Oubli de l’homme et l’honneur des dieux, Paris, Gallimard, 1985
  • Entretiens avec Didier Eribon, Paris, Gallimard, coll. Folio, 1987
  • Le Roman des jumeaux - Esquisses de mythologie, Ă©dition posthume par JoĂ«l Grisward, Paris, Gallimard, 1994

Distinctions

Académie française

Georges Dumézil a été élu à l'Académie française le au fauteuil 40, succédant à Jacques Chastenet, mort le . Sa réception officielle eut lieu le . AprÚs sa mort, le , il fut remplacé, le , par Pierre-Jean Rémy.

Autres distinctions

DĂ©corations

Notes et références

  1. « https://salamandre.college-de-france.fr/ead.html?id=FR075CDF_00CDF0067 » (consulté le )
  2. Archives de l’état civil de Paris en ligne, 12e arrondissement, acte de naissance no 734, annĂ©e 1898 ; avec mention marginale du dĂ©cĂšs.
  3. « Georges Dumézil », sur prosopo.ephe.psl.eu.
  4. RĂ©ponse de M. Georges DumĂ©zil Ă  M. Jean Mistler, secrĂ©taire perpĂ©tuel de l'AcadĂ©mie française, lors de la remise d’épĂ©e d’acadĂ©micien le 16 mai 1979 ; RĂ©ponse au discours de rĂ©ception de Georges DumĂ©zil, par Claude LĂ©vi-Strauss ; Georges DumĂ©zil, Entretiens avec Didier Éribon, Paris, Gallimard, « Folio/essais », 1987, p. 29.
  5. Levi-Strauss C., Réponse au discours de réception de Georges Dumézil, Le 14 juin 1979,
  6. « Georges Dumézil », sur babelio.com.
  7. « Les agrégés de l'enseignement secondaire. Répertoire 1809-1960 », sur cnrs.fr.
  8. https://www.avis-de-deces.net/f_claude-dumezil-paris-7eme-arrondissement-paris_118...
  9. La cité scolaire de Vernon porte le nom de Georges Dumézil.
  10. Flamen-Brahman, Geuthner, Annales du Musée Guimet, 1935.
  11. A. Momigliano, « An Interim Report on the Origins of Rome », Journal of Roman Studies, 1963, nÂș 53, p. 95–121 ; idem, « Aspetti dell’opera di Georges DumĂ©zil », Opus, 1983, nÂș 2, p. 327–421 ; idem, « Georges DumĂ©zil and the Trifunctional Approach to Roman Civilization », History and Theory, 1984, t. 23, nÂș 3, p. 312–320.
  12. Le procĂšs de la neutralitĂ© : « Dans une rĂ©plique Ă  Arnaldo Momigliano, il rappelle qu'il faudra attendre des dizaines d'annĂ©es : on verra alors ce qui « subsistera de votre Ɠuvre et de la mienne »
  13. Sur le sens de l'ethnonyme « arya » : P. Thieme, Der Fremdling im Rgveda (Rigveda) : Eine Studie ĂŒber die Bedeutung der Worte ari, arya, aryaman und ārya, Leipzig, 1938 ; G. DumĂ©zil, « Le nom des ‘Arya’ » Revue de l‘histoire des religions, 1941, p. 36-59.
  14. Reprise : G. DumĂ©zil, Le troisiĂšme souverain, Paris, G.P. Maisonneuve, 1949 ; P. Thieme, « The “Aryan” Gods of the Mitanni Treaties », Journal of the American Oriental Society, 1960, t. 80, fasc. 4, p. 301–317.
  15. C. Scott Littleton, The New Comparative Mythology : An Anthropological Assessment of the Theories of Georges DumĂ©zil, Berkeley–Los Angeles, University of California Press, 1966, p. 176–182.
  16. H. J. Rose, « Review of Georges DumĂ©zil, Jupiter, Mars, Quirinus (1941) and Servius et la Fortune (1943) », Journal of Roman Studies, 1947, nÂș 37, p. 183–186 ; idem, « Review of Georges DumĂ©zil, Rituels indo-europĂ©ens Ă  Rome (1954) », Classical Review, 1955, nÂș 69, p. 307–308 ; G. DumĂ©zil, DĂ©esses latines et mythes vĂ©diques, Bruxelles, 1956, p. 118–123.
  17. G. DumĂ©zil, Revue de philologie, 1952, nÂș 26, p. 7–28 ; H. Wagenvoort, « Gravitas Et Maiestas », Mnemosyne, 1952, t. 5, fasc. 1, p. 287–306 ; G. DumĂ©zil, Revue de philologie, 1954, nÂș 28, p. 19–20 ; H. Wagenvoort, « Felicitas imperatoria », Mnemosyne, 1954, t. 7, fasc. 1, p. 300–322 ; trad. anglaises des articles de H. Wagenvoort – Studies in Roman literature, culture, and religion, Leyde, Brill, 1956.
  18. J. Gonda, « Some Observations on DumĂ©zil's Views of Indo-European Mythology », Mnemosyne, 1960, t. 13, fasc. 1, p. 1–15 ; idem, Triads in the Veda, Amsterdam, North-Holland Publishing Company, 1976.
  19. C. Scott Littleton, op. cit., p. 183-185.
  20. L'expression est de DumĂ©zil lui-mĂȘme, dans Entretiens avec Didier Éribon, Paris, Gallimard, 1987, p. 97.
  21. S. Wikander, « Pāáč‡ážavasagan och Mahābhāratas mystiska förutsĂ€ttningar », Religion och Bibel, 1947, nÂș 6, p. 27–39 ; trad. française « La lĂ©gende des PĂąndava et la substructure mythique du MahĂąbhĂąrata », dans Jupiter, Mars, Quirinus : IV – Explication de textes indiens et latins, de G. DumĂ©zil, BibliothĂšque de l'Ecole des hautes Ă©tudes: Section des sciences religieuses 62.4, Paris, 1948, p. 37–53.
  22. À titre d'exemple : J. de Vries, « Der heutige Stand der germanischen Religionsforschung », Germanisch-romanische Monatsschrift, II (nouv. sĂ©rie, 1951), p. 1–11 ; idem, « La valeur religieuse du mot germanique Irmin », Cahiers du Sud, 1952, nÂș 36, p. 18–27 ; idem, Kelten und Germanen, Berne, 1960.
  23. É. Benveniste, Le vocabulaire des institutions indo-europĂ©ennes, t. 1, Paris, 1969, p. 279–92.
  24. Michel Poitevin, Georges Dumézil, un naturel comparatiste, L'Harmattan ; Dumézil, Ellipses, 2002.
  25. Jean Haudry, La Religion cosmique des Indo-europĂ©ens, Milan et Paris, ArchĂš / Les Belles lettres, « Études indo-europĂ©ennes », 1987, p. 5.
  26. Didier Eribon, « Germania rediviva », chap. III de Faut-il brûler Dumézil ?, Paris, Flammarion, 1992, p. 119-144.
  27. Arnaldo Momigliano, « Premesse per una discussione su Georges DumĂ©zil », Opus, 1983, nÂș 2, p. 329–342 ; « Georges DumĂ©zil and the Trifunctional Approach to Roman Civilization », History and Theory, 1984, t. 23, nÂș 3, p. 312–320.
  28. Carlo Ginzburg, « Mitologia germanica e nazismo : Su un vecchio libro di Georges DumĂ©zil », Quaderni storici, 1984, nÂș 19, p. 857–882 ; traduction française : « Mythologie germanique et nazisme, sur un ancien livre de Georges DumĂ©zil », Annales. Économies, SociĂ©tĂ©s, Civilisations, 1985, n° 4, p. 695–715.
  29. Bernard Sergent, « Comptes rendus, Georges DumĂ©zil, L'oubli de l'homme et l'honneur des dieux et autres essais. Vingt-cinq esquisses de mythologie (51-75), Paris, Gallimard, « BibliothĂšque des sciences humaines », 1985 » (Annales. Économies, SociĂ©tĂ©s, Civilisations, vol. 42, no 2, 1987, p. 315) :
    « Beaucoup plus grave est l'autre attaque Ă  laquelle DumĂ©zil, cette fois sans plaisir, se doit de rĂ©pliquer (p. 299-318). Elle provient d'Italie, d'Arnaldo Momigliano. Elle est grave, parce qu'au lieu d'attaquer les thĂšses de DumĂ©zil avec des arguments et par une contre-dĂ©monstration, elle utilise l'injure et la calomnie. C'est simple : Momigliano n'aime pas les thĂšses de DumĂ©zil ; c'est donc qu'elles sortent d'un cerveau malade, et, s'agissant d'Indo-EuropĂ©ens, Momigliano trouve la maladie, la dĂ©couvre, la crĂ©e : DumĂ©zil doit ĂȘtre nazi ; il doit donc ĂȘtre antisĂ©mite, Momigliano en a fabriquĂ© la dĂ©monstration Ă  l'aide d'allĂ©gations mensongĂšres, et tendancieuses, de dĂ©tournements de sens de textes. [
] Momigliano, on l'aura devinĂ©, se situe politiquement “à gauche”. [
] [L]a gauche — une certaine gauche du moins — entreprend de classer DumĂ©zil parmi les fascistes et nazis. »
    .
  30. Le procÚs de la neutralité
  31. Cf. « L'engagement politique et la critique de Dumézil », site de l'Association pour la diffusion de la pensée française.
  32. « Science et politique. RĂ©ponse Ă  Carlo Ginzburg » (Annales. Économies, SociĂ©tĂ©s, Civilisations, vol. 40, no 5, 1985, p. 985) : « Sous le titre Une idylle de vingt ans, j'ai rĂ©futĂ© Momigliano dans une Esquisse de mon dernier recueil, L'oubli de l'homme et l'honneur des dieux (p. 299-318). Cette rĂ©futation, que Ginzburg omet de signaler, vaut aussi contre plusieurs de ses propres interprĂ©tations et insinuations. »
  33. Cf. Pierre-AndrĂ© Taguieff, Sur la Nouvelle Droite. Jalons d'une analyse critique, Paris, GalilĂ©e, « Descartes et cie », 1994. Selon Maurice Olender, le chercheur a ainsi rĂ©cusĂ© le numĂ©ro spĂ©cial que la revue lui avait consacrĂ© un an avant son « dĂ©part » afin de marquer son opposition aux usages idĂ©ologiques et politiques de son Ɠuvre (« Georges DumĂ©zil et les usages “politiques” de la prĂ©histoire indo-europĂ©enne », in Roger-Pol Droit, Les Grecs, les Romains et nous. L’AntiquitĂ© est-elle moderne ?, Le Monde-Éditions, 1991, p. 191-228, en particulier p. 199 sq., citĂ© dans le « Rapport Rousso » en 2004, chap. III, p. 53). Pour la version d'Alain de Benoist (fondateur de Nouvelle École), qui rĂ©fute celle d'Olender, voir « DumĂ©zil est-il une sorciĂšre ? » (Entretien avec Le Choc du mois, no 58, novembre 1992). Le retrait du comitĂ© de patronage de cette revue n'a pas empĂȘchĂ© DumĂ©zil de citer favorablement peu avant sa mort un livre linguistique du principal indo-europĂ©aniste nĂ©o-droitier — dont il aurait dĂ©savouĂ© les travaux mythologiques (Olender citĂ© par le « Rapport Rousso ») , en l'occurrence « une trĂšs bonne initiation : L'Indo-europĂ©en, de Jean Haudry, dans la collection “Que sais-je ?” » (Georges DumĂ©zil, « Parlez-vous l'indo-europĂ©en ? », Le Nouvel Observateur, no 1142). Pour le dĂ©tail de « l'affaire », on se reportera Ă  Didier Eribon, Faut-il brĂ»ler DumĂ©zil ? Mythologie, Science et Politique, Paris, Flammarion, 1992.
  34. Rapport Rousso), chap. III.
  35. Cf. Didier Eribon, op. cit.
  36. Collection Les grands entretiens de Bernard Pivot, Georges Dumézil, dvd édité aux éditions Gallimard/INA, entretien du 18 juillet 1986.
  37. Entretiens avec Didier Eribon, Gallimard, coll. Folio, 1987, p. 205.
  38. Stig Wikander, « EpopĂ©e et mythologie », Revue de l'histoire des religions, vol. 185, no 1,‎ , p. 3–8 (DOI 10.3406/rhr.1974.10103, lire en ligne, consultĂ© le )
  39. JoĂ«l Grisward, « Mythe et Ă©popĂ©e III. Histoires romaines. », Annales, vol. 29, no 3,‎ , p. 749–752 (lire en ligne, consultĂ© le )
  40. « Georges Dumézil », sur academie-francaise.fr.
  41. « Georges Dumézil », sur aibl.fr.

Annexes

Bibliographie

  • « Le parcours initiatique d'un “parasite” des sciences humaines », entretien de Georges DumĂ©zil avec la revue Autrement, Paris, 1987.
  • Jacques Bonnet et Didier Pralon (dir.), Georges DumĂ©zil : Cahiers pour un temps, Paris, Centre Pompidou / Pandora, 1981.
  • HervĂ© Coutau-BĂ©garie, L’Ɠuvre de Georges DumĂ©zil : Catalogue raisonnĂ©, Paris, Economica, 1998, 210 p. Ce livre omet la chronique de politique Ă©trangĂšre rĂ©digĂ©e par DumĂ©zil dans le journal Le Jour entre 1933 et 1935 et signĂ©e « Georges Marcenay ».
  • Daniel Dubuisson, Mythologies du XXe siĂšcle : DumĂ©zil, LĂ©vi-Strauss, Eliade, Lille, Presses universitaires de Lille, « Racines & modĂšles », 1993 (sur DumĂ©zil : p. 19-122). (ISBN 2-85939-451-6) ; mais dans la 2e Ă©d. revue et aug., Lille, P.U. Septentrion, 2008, « ThĂ©orie, histoire et limites du comparatisme dumĂ©zilien » : p. 99 et sqq.
  • Didier Eribon, Faut-il brĂ»ler DumĂ©zil ? Mythologie, science et politique, Paris, Flammarion, 1992. Ce livre explore, Ă  partir d'archives inĂ©dites, l'itinĂ©raire intellectuel et politique de DumĂ©zil et rĂ©fute les accusations lancĂ©es contre lui dans les annĂ©es 1980.
  • Aristide Leucate, DumĂ©zil, Grez-sur-Loing, Ă©d. PardĂšs, coll. « Qui suis-je ? », 2021, 128 p. (ISBN 978-2867145735).
  • (en) C. Scott Littleton, The New Comparative Mythology : An Anthropological Assessment of the Theories of Georges DumĂ©zil, Berkeley–Los Angeles, University of California Press, 1966, 242 p. (3e Ă©d., 1982).
  • Michel Poitevin, Georges DumĂ©zil, un naturel comparatiste, Paris, L'Harmattan,« Ouverture philosophique », 2002, 209 p.
  • Michel Poitevin, Georges DumĂ©zil, l'enchanteur Ă©rudit, Rennes, Éditions ApogĂ©e, 2019, 89 p.
  • Marco V. GarcĂ­a Quintela, DumĂ©zil, une introduction : Suivie de L’affaire DumĂ©zil, trad. de l'espagnol par Marie-Pierre Bouyssou, Crozon, Armeline, 2001. (ISBN 2-910878-16-3)
  • Colin Renfrew, L'Énigme indo-europĂ©enne : archĂ©ologie et langage, Paris, Flammarion, 1990 : contestation de la thĂ©orie de la trifonctionnalitĂ©.
  • Jean-Claude RiviĂšre (dir.), Georges DumĂ©zil Ă  la dĂ©couverte des Indo-europĂ©ens, Paris, Copernic, 1979.
Articles
  • HervĂ© Coutau-BĂ©garie, « George Dumezil rattrapĂ© par la politique », Histoire, Ă©conomie et sociĂ©tĂ©, 1995, vol. 14, n° 3, p. 533-542.
  • Huguette Fugier, « Quarante ans de recherches dans l’idĂ©ologie indo-europĂ©enne : la mĂ©thode de Georges DumĂ©zil », Revue d’histoire et de philosophie religieuse, 1965, nÂș 45, p. 358–374.
  • (en) Bruce Lincoln, « Shaping the Past and Future » [Compte-rendu du livre de Georges DumĂ©zil, L'Oubli de l'homme et l'honneur des dieux], Times Literary Supplement, , p. 1107–1108 ; reproduit dans son livre Death, War, and Sacrifice : Studies in Ideology and Practice, Chicago, University of Chicago Press, 1991, p. 231–243. L'article assimilant DumĂ©zil Ă  l'extrĂȘme droite française.
  • (it) Jacques Poucet, « Il retaggio indoeuropeo nella tradizione sui re di Roma. A che punto Ăš il dibattito ? », dans Esploratori del pensiero umano : Georges DumĂ©zil e Mircea Eliade, sous la direction de J. Ries et N. Spineto, Milan, Jaca Book, 2000, p. 103-127 ; une adaptation en français. Sur les critiques faites Ă  l'Ă©gard de l'Ɠuvre de DumĂ©zil.
  • John Scheid, « Georges DumĂ©zil et la mĂ©thode expĂ©rimentale », Opus, 1983, vol. 2, nÂș 2, p. 343-351.
  • Bernard Sergent, « Paroles en Ɠuvre : Georges DumĂ©zil », La Mandragore, Revue des littĂ©ratures orales, 1997, nÂș 1, p. 85–94.
Sources audiovisuelles
  • Collection Les grands entretiens de Bernard Pivot, Georges DumĂ©zil, dvd Ă©ditĂ© aux Ă©ditions Gallimard/INA, entretien du .

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