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Culture nuragique

La culture nuragique apparaĂźt en Sardaigne au cours du premier Ăąge du bronze, vers le XVIIIe siĂšcle av. J.-C. et concerne plusieurs milliers de monuments[1]. Son nom dĂ©rive de son monument le plus caractĂ©ristique : le nuraghe. En une vingtaine d'annĂ©es, le « nombre d’édifices rĂ©pertoriĂ©s est passĂ© de 9 000 Ă  20 000 »[1]. Une civilisation trĂšs semblable, appelĂ©e torrĂ©enne, s'est dĂ©veloppĂ©e dans l'actuelle Corse-du-Sud dans la mĂȘme pĂ©riode.

Culture nuragique
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DĂ©finition
Caractéristiques
Répartition géographique Sardaigne
PĂ©riode Âge du Bronze et Âge du Fer
Chronologie du XVIIIe siĂšcle jusqu'Ă  la colonisation romaine en 238 avant notre Ăšre

Chronologie

La TĂšneHallstattBronze finalBronze moyenBronze ancien

Nuragique I

Proto-nuraghe Fronte 'e Mola, Thiesi

La culture de Bonnanaro, qui marque le dĂ©but de l’ñge nuragique, se dĂ©veloppe entre -1800 et -1600. Il a Ă©tĂ© formĂ© de l'Ă©volution finale de la culture campaniforme ainsi que d'influences de la pĂ©ninsule italienne (culture de Polada).

Sur la base d’une classification et d’une division temporelle du spĂ©cialiste Giovanni Lilliu, la premiĂšre phase dĂ©nommĂ©e Nuragique I, voit se former les caractĂ©ristiques principales de cette culture ; entre la fin du Bronze ancien et les dĂ©buts du Bronze moyen (XVIIIe – XVIe siĂšcle av. J.-C.) apparaissent les premiers « proto-nuraghes », appelĂ©s Ă©galement « nuraghes en couloir ». Il s’agit d’édifices assez diffĂ©rents des nuraghes classiques : d’aspect plus ramassĂ© et dont le plan est gĂ©nĂ©ralement irrĂ©gulier. On ne trouve pas Ă  l’intĂ©rieur la grande chambre circulaire typique du nuraghe, mais un ou plusieurs couloirs et Ă©ventuellement une petite chambre couverte par une fausse voĂ»te.

Nuragique II

Nuraghe Ruju dans la province d'Oristano
Nuraghe Arrubiu, Orroli

À l’ñge du bronze moyen, au cours des XVIIe – XIVe siĂšcle av. J.-C. apparaissent les nuraghes en tholos, caractĂ©risĂ©s par la tour conique tronquĂ©e qui abrite Ă  l’intĂ©rieur une ou plusieurs chambres superposĂ©es, couvertes par une fausse voĂ»te.

Nuragique III

Dans un second temps, Ă  situer vraisemblablement durant la phase du Nuragique III (Bronze rĂ©cent et Bronze final, entre le XIVe – IXe siĂšcle av. J.-C.) furent adossĂ©es au simple nuraghe dĂ©jĂ  existant d’autres tours nuragiques reliĂ©es par un mur d’enceinte pour former un vĂ©ritable bastion muni de tours, constituant des Ă©difices imposants et bien articulĂ©s : du simple ajout d’une petite tour latĂ©rale Ă  la vĂ©ritable forteresse avec un bastion pourvu de tours angulaires, gĂ©nĂ©ralement trois (Santu Antine, Torralba-SS, Losa, Abbasanta-OR), quatre (Su Nuraxi, Barumini; Santa Barbara, Macomer), ou mĂȘme cinq (Arrubiu, Orroli), souvent pourvus d’une cour intĂ©rieure oĂč se trouvait Ă©galement un puits pour l’eau.

D’autres murs d’enceinte extĂ©rieure, parfois pourvus de tours, pouvaient entourer les bastions et constituer une ligne de dĂ©fense avancĂ©e. En ce qui concerne leur fonction, les archĂ©ologues sont dĂ©sormais d’accord pour considĂ©rer que les nuraghes Ă©taient des Ă©difices Ă  caractĂšre Ă  la fois civil et militaire, destinĂ©s au contrĂŽle et Ă  la dĂ©fense du territoire et de ses ressources. En effet, Ă  partir de la simple tour de guet situĂ©e Ă  la limite du territoire appartenant Ă  une tribu, sise sur un sommet isolĂ©, ou de la garnison des points stratĂ©giques les plus importants (les voies d’accĂšs aux vallĂ©es, les sentiers grimpant sur les plateaux, les cours d’eau, les guĂ©s, les sources, etc.) on arrive Ă  des Ă©difices complexes comprenant jusqu’à 17 tours (nuraghe Arrubiu, Orroli) et des murs Ă©pais de plusieurs mĂštres, situĂ©s au centre de l’espace relevant de l’intĂ©rĂȘt commun et certainement rĂ©sidence fortifiĂ©e de l’autoritĂ© politique, civile et militaire, et probablement aussi religieuse de la rĂ©gion.

La majeure partie de la population rĂ©sidait dans les villages de cabanes plus ou moins simples et nombreuses (quelquefois plusieurs centaines) en plus des nuraghes. La vie quotidienne se dĂ©roulait donc Ă  l’intĂ©rieur de modestes demeures de pierres au toit gĂ©nĂ©ralement constituĂ©s de branchages, souvent crĂ©pies Ă  l’intĂ©rieur avec du torchis et quelquefois isolĂ©es avec du liĂšge.

Selon certains chercheurs, les Shardanes, une des populations qui font partie de la coalition Peuples de la mer, serait identifiable avec les peuples nuragiques[2] - [3] - [4] - [5] - [6] - [7].

DerniĂšre phase

Dans la derniĂšre phase de la culture nuragique se dĂ©veloppe un genre de cabane plus Ă©voluĂ©, indiquant une meilleure articulation des activitĂ©s : il s’agit de la cabane Ă  secteur, assumant parfois la dimension d’un vĂ©ritable quartier, divisĂ© en petits logis s’ouvrant sur une courette et souvent dotĂ© d’un four Ă  pain. Parmi les Ă©difices qui caractĂ©risaient les villages on peut surtout remarquer les cabanes de rĂ©unions, pourvues d’un siĂšge en pierre au niveau de la base de la tour et destinĂ©es aux assemblĂ©es des notables du village.

Tombe des géants de Lu Brandali, Santa Teresa Gallura

Architecture funéraire

L’architecture funĂ©raire est reprĂ©sentĂ©e par les tombes mĂ©galithiques en couloir, mieux connues du nom de tombes des gĂ©ants, qu’on trouve dans toute la Sardaigne bien qu’avec quelques diffĂ©rences, et en plus grand nombre dans la partie centrale de l’üle. Il s’agit de tombes constituĂ©es d’une chambre funĂ©raire de forme allongĂ©e, construites avec des pierres plates plantĂ©es verticalement et couverte de pierres plates Ă©galement (pour les plus archaĂŻques, des dolmens), ou bien par des rangĂ©es de pierres disposĂ©es en ogive. De face, la tombe s’ouvrait en deux arcs pour dĂ©limiter un espace semi-circulaire.

Nombre de monuments

En une vingtaine d'annĂ©es, entre 1995 et 2015, le « nombre d’édifices rĂ©pertoriĂ©s est passĂ© de 9 000 Ă  20 000 »[1].

Religion

Puits sacré de Santa Cristina, Paulilatino

L’architecture religieuse est au contraire reprĂ©sentĂ©e par des puits et des sources sacrĂ©es : Ă©difices liĂ©s au culte animiste de l’eau. D’autres Ă©difices de culte sont cependant prĂ©sents en plusieurs endroits de l’üle, toutefois moins nombreux que les puits et les sources, ce sont les fameux « temples en mĂ©garon ». Les offrandes de bronzes votifs sont gĂ©nĂ©ralement associĂ©es aux lieux de culte ; il s’agit lĂ  d’une production typique de l’artisanat nuragique, reprĂ©sentant des hommes et des femmes, des animaux, des maquettes de bateaux, de nuraghes, des crĂ©atures fantastiques, des reproductions en miniature d’objets usuels.

Art

L’habiletĂ© et le goĂ»t des artisans nuragiques se manifestent essentiellement dans la dĂ©coration de vases d’usage certainement rituel, destinĂ©s Ă  ĂȘtre utilisĂ©s durant des cĂ©rĂ©monies complexes ; peut-ĂȘtre dans certains cas Ă©galement destinĂ©s Ă  ĂȘtre rituellement brisĂ©s Ă  la fin de la cĂ©rĂ©monie, tels les vases retrouvĂ©s au fond des puits sacrĂ©s.

Les prétendus (dans le sens de faux ?) bronzetti (brunzittos ou brunzittus en langue sarde) sont de petites statuettes en bronze obtenues avec la technique de coulée de cire perdue. Ils peuvent mesurer jusqu'à 39 cm et représenter des scÚnes de la vie quotidienne, des personnages de différentes classes sociales, des figures animales, des divinités, des navires, etc.

Les Géants de Mont-Prama sont un groupe de 32 (ou 40) statues d'une hauteur allant jusqu'à 2,5 m, trouvées en 1974 prÚs de Cabras, dans la province d'Oristano. Ils représentent des guerriers, des archers, des lutteurs, des modÚles de nuraghe et des boxeurs avec un bouclier et un gant armé.

  • Guerrier de Mont-Prama
    Guerrier de Mont-Prama
  • ModĂšle de bateau nuragique. Cagliari, Museo Archeologico Nazionale.
    ModĂšle de bateau nuragique. Cagliari, Museo Archeologico Nazionale.
  • Sculpture en bronze d'un guerrier avec quatre yeux et quatre bras.
    Sculpture en bronze d'un guerrier avec quatre yeux et quatre bras.
  • EpĂ©e de Monte Idda (Decimoputzu)
    Epée de Monte Idda (Decimoputzu)
  • Sculpture en bronze d'un chef nuragique.
    Sculpture en bronze d'un chef nuragique.
  • TrĂŽne ou autel nuragique.
    TrĂŽne ou autel nuragique.
  • Vase en cĂ©ramique
    Vase en céramique
  • Lingot Ă  peau de bƓuf trouvĂ© Ă  Nuragus.

Structure sociale et Ă©conomie

Il est assez plausible de considĂ©rer que la culture des peuples des nuraghes Ă©tait structurĂ©e en chefferies, oĂč l’hĂ©gĂ©monie de quelques familles Ă©tait consolidĂ©e et le pouvoir, auparavant attribuĂ© Ă  des chefs Ă©lus temporairement en des circonstances exceptionnelles, devenu stable et hĂ©rĂ©ditaire. Les reprĂ©sentations des statuettes de bronze nous offrent une documentation Ă  propos des chefs de tribus, reconnaissables parce qu’ils tiennent souvent un bĂąton, interprĂ©tĂ© comme un symbole de commandement. L'Ă©crivain latin Pline l'Ancien dans son Histoire naturelle mentionne trois grandes tribus sardes : les BĂ lari, les Corses et les Ilienses[8]. L’économie fut essentiellement de type agro-pastoral ; on y dĂ©note cependant un dĂ©but de spĂ©cialisation dans les arts et mĂ©tiers.

Génétique

Une étude génétique publiée en 2019 montre que les individus ayant participé aux développements les plus importants de la culture nuragique sont issus d'un mélange génétique entre les chasseurs-cueilleurs de l'ouest (WHG) et les fermiers d'Anatolie qui ont apporté le Néolithique en Europe. Leurs haplogroupes du chromosome Y sont G2a, R1b-V88 et J2b[9].

Postérité

Les principaux sites de la culture nuragique ont inspiré des parcours de la randonnée en Sardaigne.

Notes et références

  1. "La tĂȘte dans les nuraghes" par Florence Evin, le 29 juin 2015 dans Le Monde
  2. E. De RougÚ (1867), Révue Archéologique, XVI, p.35 ff.
  3. F. J. Chabas (1872), Étude sur l'antiquitĂ© historique d'aprĂšs les sources Ă©gyptiennes et les monuments rĂ©putĂ©s prĂ©historiques, impr. de J. Dejussieu (Chalon-sur-SaĂŽne), p.191-192, 314
  4. Sardi in Dizionario di Storia (2011), Treccani
  5. Sardi in Enciclopedia Italiana (1936), Giacomo Devoto, Treccani
  6. Nuovo studio dell’archeologo Ugas: “È certo, i nuragici erano gli Shardana”
  7. Sardinia Point: Intervista a Giovanni Ugas, archeologo dell'universitĂ  di Cagliari.
  8. Pline l'Ancien, Histoire naturelle, III, 13 (=III, 85)
  9. (en) Daniel M. Fernandes, The Arrival of Steppe and Iranian Related Ancestry in the Islands of the Western Mediterranean, biorxiv.org, 21 mars 2019

Sources et bibliographie

  • (it) Giovanni Lilliu, La civiltĂ  dei Sardi dal Paleolitico all'etĂ  dei nuraghi, Nuoro, Il Maestrale, 2004, (ISBN 88-86109-73-3) ;
  • (it) Giovanni Ugas, L'alba dei nuraghi, Cagliari, Fabula Editore, 2005, (ISBN 978-88-89661-00-0) ;
  • (it) Giovanni Ugas, Shardana e Sardegna : i Popoli del Mare, gli alleati del Nordafrica e la fine dei Grandi Regni (XV-XII secolo a. C.), Cagliari, Edizioni della Torre, , 1022 p. (ISBN 978-88-7343-471-9 et 8873434711, OCLC 970796519, lire en ligne)

Voir aussi

Articles connexes

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