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Histoire de la Sardaigne

L’histoire de la Sardaigne est ancienne (depuis le PalĂ©olithique infĂ©rieur) et particuliĂšrement riche. Le peuplement stable de la Sardaigne rĂ©sulte de mouvements de population de la culture de la cĂ©ramique cardiale qui se sont produits vers 6000 av. J.-C. en provenance de la pĂ©ninsule italienne. Mais il s'est poursuivi, au fil des invasions, pour donner le peuple sarde. Christophe de Chenay fait remarquer que :

« Les Sardes ont toujours dĂ» surveiller les envahisseurs [
], ainsi, de cachettes naturelles, puis de nuraghes en villages perchĂ©s, le peuple de Sardaigne assiĂ©gĂ© a toujours su rĂ©sister. Il en reste une mĂ©fiance Ă  l’égard de l’étranger qui disparaĂźt cependant bien vite[1]. »

On peut trouver deux types d'origines supposĂ©es du nom de l’üle. En effet, la premiĂšre, qui est plus de l’ordre du mythe, provient du terme Ichnusa (Î™Ï‡ÎœÎżÏÏƒÏƒÎ± / IchnoĂșssa) ou SandĂ lion (ÎŁÎ±ÎœÎŽÎŹÎ»ÎčÎżÎœ / SandĂĄlion) qui dĂ©rive de la racine grecque qui signifie trace de pied. Ce terme fait rĂ©fĂ©rence Ă  la forme de l’üle, « par la ressemblance grossiĂšre que les anciens trouvaient entre sa forme et celle de l’empreinte d’un pied d’homme »[2].

Mais une seconde origine viendrait d’un chef berbĂšre d’Afrique du Nord (la Libye antique, Ă  l'ouest du Nil) appelĂ© « Sardus, prĂ©tendu fils d’Hercule[3] », qui Ă©tablit une colonie au sud de la Sardaigne. Sardus fut vĂ©nĂ©rĂ©, Ă  tel point qu'« on lui Ă©rigea des statues dans l’üle, avec cette inscription, Sardus Pater[4] ».

Une autre thÚse alternative à cette derniÚre serait que le nom de l'ßle dérive du Peuple de la mer de Shardanes[5] - [6].

Préhistoire et protohistoire

Paléolithique et mésolithique

Exemple de galet taillé de l'Acheuléen espagnol.

La dĂ©couverte Ă  Perfugas (province de Sassari), de galets taillĂ©s selon la mĂ©thode clactonienne a conduit certains archĂ©ologues Ă  envisager une prĂ©sence humaine en Sardaigne dĂšs le PalĂ©olithique infĂ©rieur (entre 400 000 ans av. J.-C. et 150 000 ans av. J.-C.). Cette dĂ©couverte n'est toutefois pas acceptĂ©e de tous, car ces assemblages de pierres taillĂ©es sont caractĂ©ristiques des faciĂšs d'acquisition de silex sur les gisements naturels et n'ont, de ce fait, aucune valeur chrono-culturelle : de tels assemblages existent Ă  toutes les pĂ©riodes, palĂ©olithiques comme nĂ©olithiques[7]. DĂšs lors, les dates du premier peuplement humain varient suivant les sources[8].

Les fouilles rĂ©alisĂ©es Ă  Oliena, dans la province de Nuoro, Ă  l'intĂ©rieur de la grotte Corbeddu (nommĂ©e ainsi en souvenir du bandit sarde Giovanni Corbeddu Salis), ont permis de mettre au jour des restes humains dans une couche datant du PalĂ©olithique supĂ©rieur (entre 35 000 ans av. J.-C. et 10 000 ans av. J.-C.), mais les ossements n'ont pas Ă©tĂ© datĂ©s directement et de nombreux chercheurs les considĂšrent comme plus rĂ©cents, datant du MĂ©solithique ou du NĂ©olithique[9]. En 2020, les restes humains les plus anciens connus en Sardaigne remontent Ă  environ 20 000 ans[10]. Ils proviennent de deux sites : Porto-Leccio, fouillĂ© par C. Tozzi (1996), et Su Coloru, fouillĂ© par P. Fenu et ses collaborateurs (2000).

Néolithique et chalcolithique : la culture prénuragique

DolmenNécropoleNécropoleNécropoleCercle mégalithiqueCercle mégalithique

Paléolithique

C’est durant le NĂ©olithique que l’on peut vĂ©ritablement parler d’installation humaine sur l’üle, et non plus simplement de prĂ©sence ou de frĂ©quentations. Vraisemblablement, des populations d’Italie centrale tirrenique se sont dĂ©placĂ©es vers la Sardaigne. Ce peuplement initial est le fait de groupes d'agriculteurs qui, vers 6000 av. J.-C., importent dans l'Ăźle les animaux domestiques et le blĂ© et qui s'installent durablement dans les plaines fertiles oĂč ils Ă©rigent les premiers villages.

Cercles funéraires de Li Muri, culture d'Arzachena.

La culture prĂ©nuragique correspond Ă  une longue pĂ©riode qui dĂ©bute vers -6 000, pour finir vers -1 855. À cette Ă©poque, les premiers assemblages de poterie nĂ©olithique se rĂ©pandent dans toute la MĂ©diterranĂ©e occidentale, y compris la Sardaigne, en particulier les rĂ©cipients dĂ©corĂ©s d'empreintes de coquille de cardium caractĂ©ristiques de la culture de la cĂ©ramique cardiale, avec des dates de radiocarbone indiquant une rapide expansion maritime vers l'ouest autour de 5 500 avant notre Ăšre[10]. Pour l'historien Francesco Cesare Casula (it), « c’est pour cela, si on peut dire, qu’en Sardaigne il n’y eut jamais un unique peuple, mais plusieurs peuples[11] ».

NĂ©anmoins, les Ă©tudes gĂ©nĂ©tiques rĂ©centes (2019) montrent que la Sardaigne a reçu un afflux initial de populations d'ascendance nĂ©olithique, puis est restĂ©e relativement isolĂ©e des expansions du nĂ©olithique et de l'Ăąge du bronze qui ont eu lieu en Europe continentale. C'est Ă©galement la raison qui explique que la population moderne de l’üle est remarquable par le fait que les individus nĂ©olithiques de l'Europe continentale sont plus proches des Sardes que de toutes les populations europĂ©ennes actuelles[12]. Il est estimĂ© que 56 Ă  62 % de l'ascendance des populations sardes contemporaines provient de ses premiers agriculteurs[13].

Les Sardes de cette Ă©poque pratiquent l’agriculture et l'Ă©levage. Les rĂ©coltes des fruits du pistachier lentisque, permettent par exemple la production d'huile[14]. Les techniques Ă©voluent, notamment grĂące aux autres peuples de la mer MĂ©diterranĂ©e occidentale avec lesquels des Ă©changes commerciaux, culturels et religieux vont peu Ă  peu apparaĂźtre. Les sociĂ©tĂ©s sardes se spĂ©cialisent dans la production de certains biens qu'elles Ă©changent avec les autres communautĂ©s mĂ©diterranĂ©ennes. L'une de ces spĂ©cialitĂ©s est l'exploitation des gisements d’obsidienne du mont Arci, la production de lames en obsidienne et leur diffusion Ă  travers tout le bassin occidental de la MĂ©diterranĂ©e, en particulier durant le IVe millĂ©naire av. J.-C.[15].

Domus de Janas de Lotzorai.

L'inhumation des morts commence Ă  ĂȘtre mise en place dans des tombes circulaires (cercles mĂ©galithiques ou funĂ©raires), mais ses modalitĂ©s vont Ă©voluer avec l'arrivĂ©e de divinitĂ©s caractĂ©ristiques (les dĂ©esses mĂšre), des Domus de janas qui vont peu Ă  peu se complexifier, et enfin de dolmens.

Ainsi la vie sociale se développant, les Sardes vont se regrouper en petites tribus, pour ensuite construire les premiers villages fortifiés, placés sur les hauteurs, constitués de maisons circulaires en pierre. Des évolutions techniques suivront comme le montre la qualité des céramiques, mais aussi des outils.

Avec les derniĂšres civilisations de cette pĂ©riode, on voit apparaĂźtre de vĂ©ritables systĂšmes de dĂ©fense et le dĂ©veloppement d’armes en mĂ©tal. Une nouvelle classe sociale dominante est alors crĂ©Ă©e, celle des guerriers, ce qui tĂ©moigne d'une Ă©volution vers une sociĂ©tĂ© tournĂ©e vers la guerre et non plus simplement agricole ou commerçante.

Civilisation nuragique

Un nuraghe est un monument en forme de cÎne tronqué constitué de pierres.

La civilisation nuragique est le pilier de la culture sarde proprement dite. C’est en effet durant cette Ăšre qu’une vĂ©ritable sociĂ©tĂ© voit le jour.

« La Sardaigne appartint au monde mĂ©galithique qui s’exprima Ă  Malte ou Ă  Stonehenge. [
] elle Ă©volua de maniĂšre originale pour donner naissance Ă  cette civilisation nouragique qui reste encore largement mystĂ©rieuse[16]. »

— Roger Joussaume

Le terme nuragique (ou nouragique) est issu de l’empreinte la plus marquante de cette sociĂ©tĂ©, les nuraghes, que l’on peut trouver dans toute la Sardaigne. Il en reste aujourd’hui 7 000 environ et il est certain qu'ils Ă©taient plus nombreux Ă  l'Ă©poque. C’est vers -900, que cette civilisation commence Ă  dĂ©cliner lentement, avec l’arrivĂ©e de colonies phĂ©niciennes, pour voir sa fin vers -238, avec l’arrivĂ©e du pouvoir romain.

La TĂšneHallstattBronze finalBronze moyenBronze ancien

Civilisation de Bonnanaro

Tombe de gĂ©ant Ă  façade Sa Ena e’ Thomes.

Cette culture (de -1855 Ă  -1200) marque le dĂ©but de l’ñge nuragique et est reconnaissable « par les vases de pĂąte brun clair avec des anses Ă  coude »[17] semblables Ă  ceux de la culture de Polada[18]. Cette cĂ©ramique a Ă©tĂ© retrouvĂ©e dans les Domus de janas — qui ont Ă©tĂ© rĂ©utilisĂ©s —, les allĂ©e couverte, et les grottes.

Puits sacré de Sardaigne.
Détail du puits sacré.

Bonnanaro est une civilisation guerriĂšre, comme le montrent les armes en cuivre et en bronze et, bien sĂ»r, les premiers nuraghes (proto nuraghe) construits. Elle se diffuse dans toute la Sardaigne. Cependant l’üle est probablement divisĂ©e en territoires autonomes les uns des autres, qui commercent ensemble. On peut Ă©galement penser qu’il y a des guerres entre tribus, ou en tous cas des altercations entre rois-bergers. Ces derniers rĂšgnent chacun sur une communautĂ© patriarcale, de bergers ou cultivateurs guerriers, et habitent le nuraghe, tandis que le reste de la population se loge dans de petites huttes en pierre, placĂ©es autour de celui-ci.

Plus tard, vers -1490 les nuraghes en tholos, et les tombes de gĂ©ants Ă  façade font leur apparition, et expriment l’apogĂ©e de cette civilisation. On constate l’apparition d’armes importĂ©es d’Orient durant cette seconde pĂ©riode de la culture de Bonnanaro, ce qui montre l’existence d’un commerce manifeste qui prend de l’ampleur, et rend la vie Ă©conomique de bonne qualitĂ©. En effet, la Sardaigne de cette pĂ©riode fait partie d'un rĂ©seau d'Ăźles (avec la CrĂšte, Chypre et la Sicile) « qui offrent des conditions particuliĂšrement favorables aux Ă©changes[19]. »

Culture de la céramique à peigne et protogéométrique

Les vases sont dorĂ©navant finement dĂ©corĂ©s de cercles et de demi-cercles tracĂ©s au peigne. De plus, le dĂ©veloppement du culte de l’eau, qui Ă©tait sans doute prĂ©existant, fait Ă©merger les puits sacrĂ©s, vĂ©ritables temples dĂ©diĂ©s Ă  cet Ă©lĂ©ment, oĂč l’offrande d’objets prĂ©cieux n’est pas rare. Ces temples semblent ĂȘtre des centres de rĂ©union inter-tribus, ce qui rĂ©vĂšle l’homogĂ©nĂ©itĂ© de ce peuple, malgrĂ© les diverses coalitions. « Ce culte correspond Ă  l’influence mĂ©diterranĂ©enne, et [
] aurait ici un caractĂšre thĂ©rapeutique et magique »[20].

La sociĂ©tĂ© nuragique se complexifiant, on trouve Ă  prĂ©sent deux structures importantes dans certains villages. La premiĂšre est la salle du conseil (exemple du village nuragique de Barumini), qui sert Ă  rĂ©unir les chefs de familles afin de rĂ©gler les problĂšmes de la communautĂ©. La seconde est la salle du conseil fĂ©dĂ©ral, qui a pour fonction de traiter les affaires qui concernaient l’ensemble du peuple nuragique, en rĂ©unissant les chefs des tribus.

Histoire

C’est vers 600 ans av. J.-C., que la Sardaigne dĂ©couvre l’écriture par l’intermĂ©diaire des PhĂ©niciens. C’est cet apport qui fait passer l’üle de l’ñge protohistorique Ă  l'Ăąge historique.

Judicat d'ArborĂ©eMujāhid al-‘ĀmirÄ«Corse-SardaigneRoyaume d'AragonRoyaume d'AragonGĂȘnesPiseJudicatEmpire byzantinVandalesRome antiqueMoyen ÂgeAntiquitĂ©

Antiquité

Statuette en bronze sarde, exposée au musée archéologique national de Cagliari.

L’AntiquitĂ© commence par la domination phĂ©nicienne. Elle est donc Ă  cheval entre la fin de l’ñge nuragique, et la domination romaine. C'est durant cette pĂ©riode que les Sardes auraient Ă©tĂ© initiĂ©s Ă  l'extraction d'huile d'olive, Ă  l'apiculture, et Ă  cailler le lait de brebis[21].

Mythologie

Dans la mythologie grecque, la Sardaigne est probablement la terre des Lestrygons, un peuple de géants anthropophages apparaissant dans L'Odyssée d'HomÚre.

Colonisation phénicienne d'une partie de littoral

Les PhĂ©niciens, peuple marchand, connaissent dĂ©jĂ  bien la Sardaigne, pour y accoster rĂ©guliĂšrement depuis au moins un siĂšcle pour passer la nuit ou en cas d’avarie. En effet, la Sardaigne tient une position stratĂ©gique sur la route commerciale maritime de l’Europe, et en particulier de la Bretagne (l’actuelle Grande-Bretagne), de plus « la Sardaigne avait des ports nombreux et commodes, de vastes pĂąturages au bord de la mer »[22]. Au fur et Ă  mesure des annĂ©es, les PhĂ©niciens commencent Ă  installer de vĂ©ritables villes cĂŽtiĂšres, surtout dans le Sud et l’Ouest de l’üle (Karalis, Bithia, Nora, Sulky, Tharros, etc.) et ceci avec l’aval des tribus locales, qui profitent alors du commerce. C’est donc Ă  partir de -900 que les Ă©changes commerciaux se multiplient, et le travail des mĂ©taux se dĂ©veloppe. C’est d’ailleurs vers cette date que les petits bronzes font leur apparition. Ce sont les PhĂ©niciens et non les Sardes qui profitaient des bienfaits de la mer comme la pĂȘche du thon ou de la sardine (nom dĂ©rivĂ© de Sardaigne). Les PhĂ©niciens sont aussi les premiers Ă  mentionner par Ă©crit le nom de l’üle, Srdn (stĂšle de Nora).

Tant que ces commerçants restĂšrent sur le littoral, la cohabitation Ă©tait bonne, mais les PhĂ©niciens ont commencĂ© Ă  s’intĂ©resser aux ressources de l’intĂ©rieur des terres, et ont envisagĂ© de conquĂ©rir l’üle dans son intĂ©gralitĂ©. Cependant, le peuple nuragique a opposĂ© une telle rĂ©sistance, que la PhĂ©nicie n’a pu faire autrement que de demander l’aide de Carthage. La relation qu’entretiennent les PhĂ©niciens avec la Sardaigne est particuliĂšre, dans le sens que, la plupart du temps, ce peuple ne s'intĂ©resse que trĂšs peu Ă  l'intĂ©rieur de terres colonisĂ©es, par souci de sĂ©curitĂ© que leur apporte la mer. Ainsi, l'Ăźle sarde est l'exception oĂč l'on voit apparaĂźtre des fortifications phĂ©niciennes.

Domination carthaginoise

Hors cette région, la Sardaigne a été entiÚrement dominée par Carthage vers -523.

Les PhĂ©niciens sont Ă  l'origine de la civilisation carthaginoise, qui devient une citĂ© trĂšs puissante. C’est alors en -545 que le gĂ©nĂ©ral carthaginois Malco tente de dĂ©barquer en Sardaigne, mais il se fait repousser violemment par le peuple nuragique, ce qui va marquer le dĂ©but de nombreuses annĂ©es de guerre. « Le jeu de Carthage fut donc de faire alliance avec les insulaires »[23] des cĂŽtes, c’est-Ă -dire les PhĂ©niciens. Il faut attendre 10 ans pour que l’on parle d’un rĂ©el dĂ©but de domination carthaginoise, et en -523 on peut parler d’occupation quasi complĂšte. Seule la rĂ©gion montagneuse de l’est de l’üle rĂ©siste toujours. DĂšs lors, les ports phĂ©niciens deviennent de vĂ©ritables citĂ©s portuaires. De plus, les Carthaginois dĂ©veloppent l’agriculture cĂ©rĂ©aliĂšre sur les terres fertiles de Sardaigne, en utilisant comme esclaves une part des populations locales, et en demandant des taxes importantes aux autres.

Exemple de statuette en terre cuite carthaginoise.

Les forces puniques se sont toujours efforcĂ©es de maintenir le peuple nuragique dans les rĂ©gions montagneuses qui sont bien trop inaccessibles pour ĂȘtre annexĂ©es. Ainsi ils ont pu faire de la Sardaigne une vĂ©ritable base militaire, stratĂ©gique de par sa position sur les routes du commerce maritime. Carthage a mĂȘme rĂ©ussi Ă  nĂ©gocier « avec les Romains, deux traitĂ©s par lesquelles ceux-ci s’interdisaient d’aborder dans l’üle, Ă  moins d’y ĂȘtre forcĂ©s par une bataille ou par une tempĂȘte »[24].

Un rĂ©seau routier est mis en place et les villes cĂŽtiĂšres existantes ont Ă©tĂ© agrandies[25], mais de nombreux monuments de la pĂ©riode nuragique sont dĂ©truits. Mais « en -259 – -258, les Romains exportent la guerre en Sardaigne et en Corse afin d’affronter les garnisons carthaginoises et afin de piller ces Ăźles. En -249, la Sardaigne est Ă  nouveau pillĂ©e. Les Romains manifestent de plus en plus d’intĂ©rĂȘt pour ces Ăźles. »[26]

Le pouvoir romain, sous prĂ©texte d’une pseudo-prĂ©paration d’invasion du Latium par les Carthaginois, envoie ses troupes en Sardaigne. En fait, il profite de l’affaiblissement de Carthage aprĂšs sa dĂ©faite de la premiĂšre guerre punique, mais surtout d’avoir « appris que les mercenaires de la Sardaigne avaient crucifiĂ© leur gĂ©nĂ©ral, saisi les places fortes et partout Ă©gorgĂ© les hommes de la race chananĂ©enne. Le peuple romain menaça la RĂ©publique d’hostilitĂ©s immĂ©diates, si elle ne donnait douze cents talents avec l’üle de Sardaigne tout entiĂšre »[27]. C’est alors que Carthage cĂšde ce territoire Ă  la RĂ©publique romaine en -238.

Domination romaine

La Sardaigne comme province romaine.

Les lĂ©gions romaines ont rapidement pĂ©nĂ©trĂ© toutes les rĂ©gions sardes, y compris celle de la Barbaria, qui a donnĂ© son nom Ă  l’actuelle Barbagia. MalgrĂ© la rĂ©sistance du « peuple des montagnes », la civilisation nuragique s’éteint alors, sans pour autant constater une soumission totale des Sardes. Ainsi, « Barbaria fut le terme dont Rome qualifia la Sardaigne profonde, car Ă  ses yeux Ă©taient barbares [
] les montagnards sardes rĂ©solus Ă  dĂ©fendre leurs coutumes, qui lançaient des razzias dans la plaine jusqu’à ce que l’armĂ©e romaine les repoussĂąt[28] ». De nombreuses rĂ©voltes Ă©clatent durant cette domination, mais elles sont toutes fortement rĂ©primĂ©es.

La rĂ©volte la plus importante est sans doute celle de -215, oĂč Sardes et Carthaginois se sont unis pour expulser les Romains de l’üle. Cependant, le jour de la bataille, les Carthaginois, ayant essuyĂ© une tempĂȘte, arrivent trop tard. Ainsi les Romains, en plus grand nombre, triomphent sur cette insurrection. Toutes les tentatives suivantes sont suivies d’une vengeance sanglante des Romains. On peut parler de fin des rĂ©bellions vers -31 (Ă©poque de l’Empire romain), cependant la Barbaria rĂ©siste encore et toujours.

Rome dĂ©veloppe un rĂ©seau routier organisĂ© en Sardaigne, facilitant le dĂ©placement des troupes et des commerçants. Celui-ci a Ă©tĂ© d’ailleurs utilisĂ© comme base au rĂ©seau actuel. Les Romains utilisent abondamment les ressources de la « Sardaigne, inĂ©puisable terre[29] », dont le « sol, fertile et parfaitement cultivĂ©, fournissait jadis Ă  Rome de si beaux blĂ©s et en telle quantitĂ© que la Sardaigne Ă©tait alors le grenier d’abondance de la capitale de l’Empire romain[30] ». La ville de Karalis, crĂ©Ă©e par les PhĂ©niciens, devient la ville la plus importante de cette Ă©poque. Au-delĂ , des amphithĂ©Ăątres sont bĂątis, et la religion chrĂ©tienne est importĂ©e par le bannissement de milliers de dissidents juifs et chrĂ©tiens dans l’üle, par vagues : « C’était pour les Juifs une idolĂątrie. [
] TibĂšre avait eu raison d’en exiler quatre cents en Sardaigne[31] ». Cette croyance se diffuse et convertit de nombreux habitants. Aujourd’hui encore la ferveur sarde est trĂšs prĂ©sente. C’est en 227, que la Corse-Sardaigne devient une province romaine (dans le sens statutaire). En mĂȘme temps que l’Empire perd ses forces, il abandonne petit Ă  petit l’üle sarde.

  • Gouverneurs romains de la Sardaigne et de la Corse (it)

Domination vandale

Emplacement approximatif de l’Empire vandale d’Afrique vers 455.

Les Vandales d’Afrique, d’origine germanique, sont un peuple migrant vers le sud durant tout le Ve siĂšcle. Ainsi, ils envahissent successivement la Gaule, l'Espagne, et enfin l'Afrique du Nord, oĂč ils s’établissent et prennent Carthage en 439. Entre Rome et le Royaume vandale, le conflit pour le contrĂŽle de la MĂ©diterranĂ©e est omniprĂ©sent. Mais l'Empire romain est mourant, et ainsi quand « en 442 l'Ă©tablissement d'un nouveau traitĂ© aux termes duquel l'ex-Afrique romaine fut partagĂ©e entre l'Empire et le roi vandale »[32], ce dernier est alors en situation de dĂ©barquer et occuper la Sardaigne en 456, grĂące Ă  une vĂ©ritable flotte de guerre qui inflige des razzias Ă  rĂ©pĂ©tition. Les Romains dĂ©laissent alors l'Ăźle sans rĂ©sister. Ainsi, la Sardaigne est divisĂ©e au profit de capitaines vandales, qui y rĂšgnent en maĂźtres absolus. Mais les Romains n’oublient pas cette terre stratĂ©gique pour autant, et tenteront de la reconquĂ©rir plusieurs fois, en faisant en sorte de « favoriser une rĂ©volte en Sardaigne »[33].

La Sardaigne reste une terre d’exil Ă  cette Ă©poque. On peut donner l’exemple de Fulgence qui y fut exilĂ© vers 523, pour avoir Ă©crit ses Lettres ascĂ©tiques et morales. En 534 l’Empire byzantin prend le dessus sur l’Empire vandale, par l’intermĂ©diaire du gĂ©nĂ©ral BĂ©lisaire.

Moyen Âge

Carte médiévale arabe de la Sardaigne.
Les conquĂȘtes de Justinien en jaune Ă  partir de 529.

En Europe, « le Moyen Âge a connu, Ă  vrai dire, une sociĂ©tĂ© largement seigneurialisĂ©e, non fĂ©odalisĂ©e : la Sardaigne[34] ». Cette pĂ©riode commence en 476 avec la chute de Romulus Augustule, le dernier empereur romain.

Domination byzantine et incursion sarrasines

En 533, aprĂšs avoir sĂ©curisĂ© ses frontiĂšres, l'Empire s'empare du Royaume vandale. C’est donc en 534 que Byzance, essayant de retrouver ses frontiĂšres occidentales, prend le pouvoir en Sardaigne. Ceci permettra dĂšs 535 Ă  Byzance d'entamer la reconquĂȘte de l'Italie.

À l'image des prĂ©occupations byzantines, on constate que le fait le plus marquant de cette domination est la conversion quasi complĂšte des Sardes au christianisme. Ceci est l'apport le plus profond que l'on constate dans la Sardaigne de cette Ă©poque.

Seuls les habitants de la Barbaria conservent les anciennes croyances et coutumes. Cependant, partout ailleurs, on peut observer la construction d’églises inspirĂ©es du modĂšle de Sainte-Sophie (Hagia Sophia) Ă  Constantinople. Ainsi, on constate l’introduction dans l’üle de rites byzantins.

D’ailleurs, aujourd’hui encore Ă  Sedilo, on peut voir la chevauchĂ©e dite de s’ ArdĂŹa, qui rappelle les courses des hippodromes de Byzance. Petit Ă  petit, la culture byzantine exerce son influence sur la culture, et en particulier sur l’art, insulaire.

La Sardaigne fait partie de la prĂ©fecture d’Afrique, oĂč l’on trouve un chef civil qui rĂ©side Ă  Cagliari et un chef militaire qui rĂ©side au Fordongianus qui est, depuis les Romains, un rempart fortifiĂ© contre les habitants de la Barbaria. On trouve le long de cette frontiĂšre des forteresses comme celles d’Austis, Samugheo, Nuragus et Armungia. Les populations sont brimĂ©es avec diffĂ©rentes contributions auxquelles s’ajoutent les suffragia, taxations additionnelles avec lesquelles les officiels tĂąchent de rĂ©cupĂ©rer les sommes qu’ils ont dĂ©pensĂ©es pour obtenir leur fonction.

C’est durant la pĂ©riode iconoclaste de l'histoire byzantine, c’est-Ă -dire au cours du VIIIe siĂšcle, que l’Empire rentre en crise, et que les Arabes prennent, petit Ă  petit, le contrĂŽle de la mer MĂ©diterranĂ©e. Ainsi la Sardaigne ne bĂ©nĂ©ficie plus de la protection de Byzance et est donc forcĂ©e d’organiser sa dĂ©fense contre les envahisseurs arabes, qui a commencĂ© le [35] (voir : conquĂȘte musulmane de la Sardaigne). Bien qu’ils restent presque soixante-dix ans en position de domination, les Arabes doivent faire face en 778[36] Ă  une rĂ©volte populaire qui les chasse rapidement de l’üle. Une nouvelle et derniĂšre tentative de conquĂȘte arabe Ă©choue en 821.

Les Judicats

On ne connaĂźt pas prĂ©cisĂ©ment la date de crĂ©ation des Judicats, qui sont quatre rĂ©gions autonomes, mais leur prĂ©sence est attestĂ©e en 851, mĂȘme s’il est probable que leur naissance soit antĂ©rieure Ă  cette date. Chacun des Judicats (Logudoro, Gallura, ArborĂ©e et Calaris) est gouvernĂ© par des rois ou juges (judikes en sarde), qui sont Ă©lus par le parlement sarde appelĂ© Corona de Logu (it). En effet, « en Sardaigne, des dynasties de chefs indigĂšnes avaient dĂ©coupĂ© l’üle en judicatures »[37].

Les Judicats sont alors composés d'un territoire dit logu, divisé en curadorias dirigés par les curadore (autorités surtout judiciaire), formées de plusieurs villages appelés des biddas. Les curatore nomment le majore (le maire) c'est-à-dire le chef du village. Celui- ci est compétent en matiÚre d'investigations judiciaires. Les Judicats sont également subdivisés en districts administratifs, électoraux et juridictionnels qui s'appellent les curadorÏas ou curatorÏas, dirigées par des curadores qui sont soit nommés, soit, pour le moins, approuvés du Juges. Le curadore est un fonctionnaire du Judicat, dont le mandat est limité dans le temps de façon fixe. Il a autorité sur les perceptions fiscales, sur l'action judiciaire pénale et civile, sur les organes de police et sur l'enrÎlement dans l'armée.

Les quatre Judicats sardes.

La taille de ces districts est dĂ©finie pour faire en sorte que la population rĂ©sidant dans chaque curatoria soit approximativement Ă©gale. Par consĂ©quent on constate des mouvements frontaliers dus au changement des taux locaux de croissance dĂ©mographique. Les hommes libres de chaque curatoria se rĂ©unissent pĂ©riodiquement en assemblĂ©e afin d'Ă©lire leur reprĂ©sentant auprĂšs de la couronne de logu. Les centres d'habitation sont les biddas, les villages. On en compte neuf cents et plus jusqu'en 1000 environ, mais dont le nombre se rĂ©duit Ă  trois cent quatre-vingts environ, Ă  la suite de la peste, de la guerre et de la rĂ©pression aragonaise aprĂšs la conquĂȘte de l'Ăźle. Ceci est un systĂšme enracinĂ© et extrĂȘmement efficace de gestion du territoire, mais qui disparaĂźt petit Ă  petit au cours du XIVe et surtout du XVe siĂšcle, par la mise en place du systĂšme fĂ©odal aragonais. La pĂ©riode des Judicats est celle oĂč se dĂ©veloppe la langue sarde qui devient la langue la plus parlĂ©e. En fait remonte Ă  cette pĂ©riode (environ entre les XIe et XIIIe siĂšcles) l'apparition des condaghes qui sont des documents administratif compilĂ© en sarde. L’Église byzantine orthodoxe, avec l’Ɠuvre du pape GrĂ©goire Ier, est remplacĂ©e par le catholicisme. Ce dernier se rĂ©pand alors dans toute l’üle.

ÉlĂ©onore d’ArborĂ©e.

C’est Ă  partir de 1100 environ, qu’on observe la seconde poussĂ©e du christianisme sur l’üle (aprĂšs celle de Byzance), caractĂ©risĂ©e par de nombreuses constructions religieuses. C’est Ă©galement Ă  partir de lĂ  que la mentalitĂ© fĂ©odale est importĂ©e dans l’üle par la fin de l’isolement que connaissait la Sardaigne jusqu’alors. En effet, jusque-lĂ  l’isolement de la Sardaigne la protĂ©geait de l’arrivĂ©e de seigneurs plus ou moins riches et puissants, qui souhaitaient obtenir du pouvoir, en concurrençant, pour ainsi dire, le pouvoir en place. Ainsi, les chĂąteaux et autres forteresses font leur apparition, au profit des « seigneurs fĂ©odaux venus du continent, les Malaspina et les Doria en particulier »[38].

C’est Ă  partir de cette pĂ©riode que la Sardaigne joue un rĂŽle important dans la politique europĂ©enne, comme le montrent les multiples contacts avec les rĂ©gnants d’Europe et, en particulier, le Judicat d’ArborĂ©e, ce dernier Ă©tant le plus influent et celui qui reste en place le plus longtemps, jusqu’au , date de sa capitulation. Un document de cette pĂ©riode, Ă©crit par Mieszko Ier de Pologne et destinĂ© au pape Jean XV, prouve que les Judicats Ă©taient connus de la « lointaine Pologne et qu’ils devaient donc avoir un rĂŽle de grand prestige dans l’Europe mĂ©diĂ©vale »[39].

ÉlĂ©onore d’ArborĂ©e, qui est Ă  la tĂȘte du Judicat d’ArborĂ©e, va mettre en place le premier code civil de ce type en Europe, la Carta de Logu (it) (La Charte du Lieu). Cette loi dont la « date de promulgation est incertaine, [a Ă©tĂ© faite] certainement avant 1392 »[40], et reste en vigueur jusqu’en 1827. Cet acte en fait l’un des personnages politiques sardes majeurs de cette Ă©poque.

Domination de Pise et de GĂȘnes

Les nombreuses Ă©glises de style roman (ici la basilique de Saccargia) tĂ©moignent de l'influence de Pise au Moyen Âge.

Alors que Mujāhid al-‘ĀmirÄ« dit Museto (ou Mugetto) s’empare de la Sardaigne en 1015, c’est en 1017 qu’« il abandonne cette conquĂȘte, dĂšs qu’il apprend l’arrivĂ©e des chrĂ©tiens avec une flotte puissante »[41], menĂ©e par Pise et GĂȘnes, qui, sollicitĂ©s par le pape, s’allient pour chasser les troupes arabes.

À la suite de cela, les deux libĂ©rateurs s’intĂ©ressent Ă  l’üle et interfĂšrent dans son gouvernement. C’est durant cette pĂ©riode que Pise monte en puissance dans son rĂŽle de port principal de la mer TyrrhĂ©nienne et de centre des Ă©changes commerciaux grĂące, entre autres, Ă  l’emplacement idĂ©al de la Sardaigne.

L’ingĂ©rence politique de Pise et de GĂȘnes sur les rois juges dura du XIe au XIVe siĂšcle, en se transformant lentement en protectorat, pour aboutir en domination. Ces deux puissances maritimes ne cessent pas de s’opposer afin de « tenir la Sardaigne constamment divisĂ©e, afin de dominer seul. La politique des papes Ă©tait d’opposer toujours les GĂ©nois aux Pisans, d’appuyer toujours la partie la plus faible, contre la partie la plus forte »[42]. Les familles des deux citĂ©s se disputent alors soit les territoires, soit les places de juge des diffĂ©rents Judicats. En 1258, le Judicat de Cagliari disparaĂźt, pris par les Pisans. Ainsi, en 1265, Mariano de Serra est « l’unique Sarde investi d’une charge de gouvernement dans une Ăźle tombĂ©e entiĂšrement au pouvoir d’étrangers »[43].

Le rĂšgne d'ArborĂ©e, plus fort et mieux organisĂ© que les autres, reste indĂ©pendant. Il dĂ©fend en effet avec force son indĂ©pendance, et en 1323, l'ArborĂ©e s'allie Ă  l'espagnol Jacques II d'Aragon pour une campagne militaire contre Pise et GĂȘnes qui aura pour fin de crĂ©er le royaume de Sardaigne.

Domination aragonaise

SanluriPaix de CaltabellottaPaix de CaltabellottaFerdinand II d'AragonFerdinand II d'AragonJean II d'AragonJean II d'AragonAlphonse V d'AragonFerdinand Ier d'AragonMartin Ier d'AragonMartin Ier d'AragonJean Ier d'AragonJean Ier d'AragonPierre IV d'Aragon

Jacques II d'Aragon
Le Judicat d’ArborĂ©e face Ă  la couronne d’Aragon avant 1410.
Tableau d’un maütre d’art sarde, le Maestro di Castelsardo, du XVIe siùcle.
Témoignage de la présence juive en Sardaigne : plaque (rédigée en catalan) de la rue des Juifs à Alghero

Avec la conquĂȘte des Judicats de Cagliari et de Gallura, le pape Boniface VIII crĂ©e le royaume de Sardaigne et de Corse (Regnum SardiniĂŠ et CorsicĂŠ) le [44], afin de pacifier les conflits en Sicile entre la couronne d’Aragon et la maison d’Anjou. La paix de Caltabellotta, est donc signĂ©e le . Fort de l’appui du pape et du Judicat d'ArborĂ©e, la force aragonaise commence les opĂ©rations militaires contre les Pisans de Cagliari et de Gallura, le dans la campagne de sainte Catherine entre Villanovaforru et Sanluri. C’est le , avec la prise du chĂąteau de Cagliari, que le royaume de Sardaigne et de Corse est dĂ©finitivement instaurĂ©. La commune de Sassari, qui deux ans avant avait choisi de s'allier avec les Aragonais, le se rebelle face au nouveau pouvoir, et rĂ©ussit Ă  devenir indĂ©pendante pendant une annĂ©e. Le , une seconde rĂ©volte Ă©clate et est sauvagement rĂ©primĂ©e.

En 1354, c’est au tour d’Alghero de devenir aragonaise, qui reste encore aujourd’hui fortement catalane. Entre fĂ©vrier et avril 1355 le premier CortĂšs (parlement) est rĂ©uni, ce qui aboutit en juillet Ă  la paix de Sanluri entre les deux parties. La dĂ©faite des autres Judicats, et le retrait partiel du roi d’Aragon permet au Judicat d’ArborĂ©e, encore autonome, de connaĂźtre une expansion importante, et rĂ©unit quasiment toute la Sardaigne (voir carte ci-contre). Mais en 1383, « les insulaires ne pouvant plus supporter la domination tyrannique du juge d’ArborĂ©a »[45] assassinent Hugues III d’ArborĂ©e. « La mort en janvier 1387 du CĂ©rĂ©monieux implique une pause forcĂ©e de rĂ©flexions [
], on avance vers la paix entre Catalans et ArborĂ©ens »[46]. Ainsi en 1388 la paix sarde est signĂ©e entre les deux parties. Cependant cette paix est courte, et le l'armĂ©e du Judicat d’ArborĂ©e est vaincue Ă  Sanluri par les troupes de Martin Ier d’Aragon. Dix ans aprĂšs, vient la dĂ©cision de Guillaume II alors juge du Judicat, de vendre les derniers territoires pour 100 000 florins, et ainsi l’unification presque totale de la Sardaigne sous la banniĂšre du roi d’Aragon. En fait, il a fallu attendre 1448 pour la conquĂȘte de la ville de Castelsardo, contrĂŽlĂ©e par la famille Doria, et 1767-69 pour l'annexion de l'archipel de La Maddalena par Charles-Emmanuel III.

La Sardaigne a un statut spĂ©cial dans le Royaume aragonais, et dĂ©pend directement du roi, ce qui lui confĂšre une certaine autonomie. L’üle s’organise politiquement sous forme d’un parlement, les CortĂšs, « oĂč les trois ordres de la nation avaient chacun leur reprĂ©sentation »[47], ecclĂ©siastique, militaire et royal. Ce dernier correspond aux reprĂ©sentants des villes. Les couleurs de la couronne d’Aragon restent prĂ©sentes en Sardaigne, jusqu’à ce que Ferdinand II d’Aragon, en 1479, crĂ©e la couronne d’Espagne.

En 1492, les Juifs sont expulsés de Sardaigne de par le décret de l'Alhambra qui entraine l'expulsion des Juifs d'Espagne et des possessions espagnoles comme la Sardaigne[48], qui y étaient présents depuis TibÚre.

La prĂ©sence catalano-aragonaise va fortement influencer les coutumes sardes. La langue sarde en est un exemple, car le catalan devient la langue officielle de Sardaigne et ainsi laisse des traces qui « restent intactes encore aujourd’hui »[49], notamment Ă  Alghero, port du Nord-Ouest de l'Ăźle. Les historiens ont d’ailleurs retrouvĂ© plusieurs documents en espagnol qui ont permis de faire apparaĂźtre certaines mƓurs de l'Ă©poque. il y a, par exemple, un document de 1678 qui relate un procĂšs pour « faits de sorcellerie et de mauvaise moralitĂ© »[50].

Époque moderne et contemporaine

TraitĂ© de Turin (1860)TraitĂ© de Turin (1860)TraitĂ© de Londres (1718)TraitĂ© de Londres (1718)ItalieRoyaume d'ItalieRisorgimentoRoyaume de SardaigneMaison d'AutricheÉpoque contemporaineÉpoque moderne

La couronne d’Aragon, et donc la Sardaigne, passe au XVIe siĂšcle, aux mains de Charles Quint, mais reste tout de mĂȘme indĂ©pendante. La guerre de Succession d’Espagne fait passer en 1708 la Sardaigne sous la domination de la maison d’Autriche, mais est rapidement rĂ©cupĂ©rĂ©e en 1717 par Philippe V d’Espagne (conquĂȘte espagnole de la Sardaigne).

C’est Ă  cette Ă©poque que les destins sarde et italien se rejoignent dĂ©finitivement. Mais le royaume de Sardaigne reste au cƓur de la politique italienne et europĂ©enne, par son rĂŽle dans l’unification italienne, et sa relation internationale, en particulier celle qu’elle entretient avec la France.

Le royaume de Sardaigne de 1720

Le royaume de Sardaigne et son contexte géopolitique en 1812.

C’est Ă  la signature du traitĂ© de Londres en 1718, que Victor-AmĂ©dĂ©e II de Savoie Ă©change la Sicile Ă  la Sardaigne. Cet accord prend effet en 1720.

Le royaume de Sardaigne, Ă  partir de cette date, comprend les États de Savoie, le PiĂ©mont, le comtĂ© de Nice et bien sĂ»r l’üle sarde. Plus tard, aprĂšs l’annexion du PiĂ©mont par la France en 1802, il est rĂ©cupĂ©rĂ© en 1815 ainsi que GĂȘnes.

L'expédition française contre la Sardaigne

En 1793 a lieu une tentative d’invasion de la Sardaigne par les Français (ExpĂ©dition de Sardaigne), qui Ă©choue grĂące Ă  la mobilisation presque spontanĂ©e du peuple sarde.

ArrivĂ©e Ă  Cagliari, la flotte de l’amiral Truguet bombarde la ville pendant trois jours en janvier 1793, puis fait une tentative de dĂ©barquement, rentre Ă  Toulon, avant de revenir le mois suivant. Une nouvelle tentative de dĂ©barquement, sous le commandement du gĂ©nĂ©ral Casabianca, Ă©choue Ă  la suite d'une rĂ©sistance vigoureuse des Sardes ainsi que par l'insubordination des troupes françaises.

L'autre partie de l'assaut est surtout une opération de diversion. Pascal Paoli envoie le colonel Colonna Cesari sur l'ßle de Santo Stefano, dans l'archipel de La Maddalena, récupérer le des magasins de munitions importants, ce qui permet au lieutenant-colonel d'artillerie Napoléon Bonaparte d'installer ses canons face à La Maddalena , principale bourgade de l'archipel[51] pour la pilonner le , suscitant la panique dans la population[52] puis la création d'un mouvement de résistance sarde d'environ 200 hommes, en majorité des bergers, organisés par Domenico Millelire, qui vont créer une "marine sarde" de résistance, composée de petits bateaux. DÚs le , les marins de La Fauvette veulent lever l'ancre puis se mutinent quand le colonel Colonna Cesari tente de les reprendre en main [53], obligeant ce dernier à décider de battre en retraite, en abandonnant les trois piÚces d'artillerie de Bonaparte[54]. Les Français sont ainsi revenus en Corse dÚs le [54].

La RĂ©volution sarde d'avril 1794

Peu aprĂšs, la classe dirigeante de l’üle, frustrĂ©e par le centralisme savoyard, se rĂ©volte, Ă  la suite du refus de Victor-AmĂ©dĂ©e III de prendre en considĂ©ration les propositions statutaires des Ă©tats gĂ©nĂ©raux sardes, les Stamenti (Estamentos en espagnol).

Palais royal de Cagliari.

Le une rĂ©volution Ă©clate donc, qui a d’abord pour consĂ©quence d’expulser les fonctionnaires piĂ©montais de Cagliari. Au retour du vice-roi, les seigneurs du nord de l'Ăźle, notamment de Sassari, ont saisi l'occasion pour rĂ©clamer l'autonomie du Sud. Alors que les nobles cagliaritains avaient suscitĂ© la rĂ©volte populaire dans le Nord et que cette situation menace de dĂ©gĂ©nĂ©rer, les PiĂ©montais dĂ©cident d'envoyer Giovanni Maria Angioy, un officier qui avait dĂ©jĂ  battu les Français, avec le titre de « Alternos » c'est-Ă -dire reprĂ©sentant du Vice-Roi, Ă  Sassari. Ainsi, Angioy essaya en vain de rĂ©concilier les diffĂ©rentes factions, mais Ă©tant conscient de l'absence de soutien de Cagliari et du gouvernement, il tente de convaincre les Français d'annexer l'Ăźle, alors que l’arrivĂ©e des troupes françaises au PiĂ©mont en 1796, fait apparaĂźtre une rĂ©volte rĂ©publicaine anti-piĂ©montaise.

Ayant perdu tout espoir d'un soutien extĂ©rieur français aprĂšs l'armistice de Cherasco du 26 avril, il essaya alors une rĂ©volte anti-fĂ©odale pour fonder une rĂ©publique, mais est abandonnĂ© par la majoritĂ© de ses partisans prĂšs d’Oristano, parce que le Roi a acceptĂ© les demandes formulĂ©es en 1794. Angioy s'enfuit Ă  Paris, oĂč il mourut quelques annĂ©es plus tard. « Les rĂ©volutionnaires français, Ă©chaudĂ©s par ce fiasco de 1793, refusĂšrent alors d’aider le rĂ©volutionnaire sarde Giovanni Maria Angioy, qui dut s’exiler Ă  Paris »[55]. La maison de Savoie reprend alors le contrĂŽle de l’üle et rĂ©prime trĂšs durement les subversifs.

Ainsi, à la création de la République piémontaise, le , le roi Charles-Emmanuel IV arrive à Cagliari. Le , Charles-Emmanuel IV cÚde son trÎne à Victor-Emmanuel Ier. La famille royale restera sur l'ßle jusqu'en 1814. En effet, le , « le Piémont fut formellement réuni à la France »[56].

Le décret du 30 novembre 1847

Le dĂ©cret du prononça l’union et l’assimilation de la Sardaigne avec les États continentaux [57] (le PiĂ©mont, la Savoie et la Ligurie) et entraĂźne le dĂ©placement des instances dirigeantes au palais royal de Turin. Cette fusion inquiĂšte les populations sardes soucieuses de prĂ©server leur autonomie. Elles font connaĂźtre au roi leur prĂ©occupation en envoyant Ă  Turin une dĂ©lĂ©gation protestant contre la fusion. À son dĂ©part de Sardaigne, on peut lire un manifeste proclamant : « Vive la ligue italienne/Et les nouvelles rĂ©formes/Mort aux jĂ©suites et aux PiĂ©montais: voici le moment dĂ©sirĂ©/De la gĂ©nĂ©ration sarde »[58] - [59]. Mais les PiĂ©montais passent outre et la fusion est acquise. Et ainsi dĂ©bute, en 1848, la guerre d’indĂ©pendance voulue par le roi de Sardaigne, dans un but unificateur pour l’Italie, le Risorgimento. Dans cette perspective les Sardes participent Ă  la guerre de CrimĂ©e en 1855.

Le royaume d’Italie

Rencontre entre Garibaldi et Victor-Emmanuel II en 1860.

AprĂšs le traitĂ© de Turin (1860) initiĂ© par Camillo Cavour, et l’expĂ©dition des Mille menĂ© par Giuseppe Garibaldi, il faut attendre 1861 pour que le royaume d’Italie soit proclamĂ© par le roi de Sardaigne. L’üle est Ă  partir de lĂ  mise au second plan de la scĂšne politique internationale. Alors que la situation Ă©conomique de l’üle a de lourdes difficultĂ©s, on voit quelques amĂ©liorations (exploitation de mines, rĂ©seau routier
) qui ont cependant des effets limitĂ©s. D'ailleurs, « les diffĂ©rents gouvernements qui se sont succĂ©dĂ© depuis la rĂ©alisation de l’unitĂ© italienne, ont Ă©tĂ© confrontĂ©s Ă  des situations explosives dans le Mezzogiorno et, au fur et Ă  mesure que progresse l’industrialisation, dans le Nord[60] ». Ainsi, l'unification « laissait un grand nombre de problĂšmes non rĂ©solus, comme les profondes inĂ©galitĂ©s sociales et la fracture des mentalitĂ©s et des Ă©conomies entre le Nord et le Midi[61] ». Également, « la Sardaigne [a un] nombre de suicides insignifiants en 1864-1876, si bien qu'on peut nĂ©gliger [son] rang dans cette pĂ©riode[62] », tandis qu'on constate une nette progression de ce taux en 1894-1914, ce qui rĂ©vĂšle le mal-ĂȘtre de l'avant-guerre.

Défilé de la brigade Sassari chantant Dimonios le .

Au dĂ©but de la PremiĂšre Guerre mondiale, le royaume d’Italie est neutre, ne souhaitant pas l'entrĂ©e en guerre du pays. Ce n'est que le qu'elle s'engage dans le conflit. DĂšs cette date on trouve de nombreux soldats sardes au combat, dont on note le symbole incontestablement le plus marquant de cette force militaire, la brigade « Sassari ». On dĂ©nombre « 13 602 victimes sardes de la PremiĂšre Guerre mondiale »[63]. À la fin de la guerre, l’Italie annexe des territoires autrichiens, et les Sardes, comme le reste des Italiens, sont déçus de ce peu de bĂ©nĂ©fice qu'a engendrĂ© la victoire, et ceci en comparaison des pertes humaines. « On a pu dire avec raison des familles sardes que bien peu Ă©taient celles oĂč ne figurĂąt un ou plusieurs morts au champ d'honneur »[64].

Benito Mussolini.

La Sardaigne est donc d'autant plus amĂšre lorsqu'elle constate que « rien ou presque »[64] n'est fait pour son dĂ©veloppement Ă©conomique. C'est ainsi que l'idĂ©e autonomiste fait chemin, et que durant l’entre-deux-guerres, le Parti sarde d'action est crĂ©Ă© afin de faire valoir les intĂ©rĂȘts autonomistes de la Sardaigne, en prenant appui sur les combattants de la brigade « Sassari », qui ont l’expĂ©rience d’autres rĂ©gions italiennes.

Alors qu’au dĂ©but des annĂ©es 1920 Antonio Gramsci, nĂ© Ă  Ales, est l’un des crĂ©ateurs du Parti communiste italien, la Sardaigne vit toujours une situation Ă©conomique prĂ©caire. Et ce n’est pas la pĂ©riode fasciste qui suit qui va amĂ©liorer les choses. En effet, de par la montĂ©e du communisme et la dĂ©ception de la PremiĂšre Guerre mondiale, Mussolini crĂ©Ă© le Parti fasciste en 1919 qui a un fort poids politique dĂšs les annĂ©es 1920. Mussolini accĂšde au pouvoir en 1922 aprĂšs la marche sur Rome, et mĂȘme s'il veut alors dĂ©velopper la production miniĂšre sarde, et y rĂ©ussit, il en rĂ©sulte Ă©galement une exploitation encore plus intense de son peuple.

Bien que la Sardaigne soit relativement protĂ©gĂ©e des heurts de la Seconde Guerre mondiale, de cette derniĂšre « restent seulement les effrayantes blessures infligĂ©es par les bombardements alliĂ©s Ă  Cagliari et dans d’autres villes de l’üle »[65] de 1943[66], qui ont comme but de dĂ©loger de l’üle les garnisons allemandes. Celles-ci seront contraintes de se replier en Corse, qui sera libĂ©rĂ©e en septembre 1943. L’aprĂšs-guerre va donc ĂȘtre, comme dans le reste de l’Europe, une pĂ©riode de reconstruction Ă©conomique.

La RĂ©publique italienne et l’autonomie sarde

Les provinces sardes s’appliquant à partir de 2005.

Le statut spĂ©cial de la Sardaigne est concomitant Ă  la naissance de la rĂ©publique en 1948. On y trouve en effet cinq rĂ©gions du mĂȘme type qui « ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©es dans le but de prĂ©venir tout sĂ©paratisme »[67]. Cette nĂ©cessitĂ© dĂ©coule de la faiblesse de l'État italien d'aprĂšs-guerre qui doit conserver l'unitĂ© nationale. « Aussi l’Italie prend-elle en compte aussi bien la volontĂ© d’unification centralisatrice administrative (la monarchie piĂ©montaise d’abord, influencĂ©e par le modĂšle français, puis l’administration mussolinienne) que la dĂ©finition d’un modĂšle dĂ©mocratique composite, mĂ©nageant le rĂŽle des corps intermĂ©diaires et des minoritĂ©s, avec des Ă©lĂ©ments qui se rapprochent des conceptions communautaristes actuelles »[68].

La loi constitutionnelle no 3 du 26 fĂ©vrier 1948 permet ainsi un transfert du pouvoir national au rĂ©gional, mais en s’intĂ©grant dans l’unitĂ© de la nation : « La Sardaigne avec ses Ăźles est constituĂ©e en rĂ©gion autonome [
] qui entre dans l’unitĂ© politique de la RĂ©publique italienne, une et indivisible »[69]. Ainsi dĂšs 1948, la rĂ©gion s’organise autour de trois provinces (Cagliari, Nuoro et Sassari auxquelles vient s’ajouter plus tard celle d’Oristano) et trois organes des pouvoirs rĂ©gionaux. L’exĂ©cutif est administrĂ© par la Junte rĂ©gionale, le pouvoir lĂ©gislatif par le conseil rĂ©gional, et enfin le Haut Commissaire (rapidement renommĂ© en prĂ©sident de la Junte ou commission rĂ©gionale) Ă©lu par le conseil pour devenir le reprĂ©sentant de la rĂ©gion sarde. Ce dernier est renommĂ© en 2004 en prĂ©sident de la rĂ©gion.

Costume de carnaval d'Ottana, Sardaigne.

Le droit de lĂ©gifĂ©rer au sein de la RĂ©publique italienne est limitĂ© Ă  des domaines qui concernent exclusivement la rĂ©gion (notamment l’organisation des administrations locales par exemple), ou des domaines plus vastes mais qui doivent alors respecter les « principes Ă©tablis par la loi de l’État »[70] (exemple de l’assistance publique). En 2001, la loi rĂ©gionale no 9 ajoute quatre provinces Ă  celles prĂ©existantes. Ainsi les provinces d’Olbia-Tempio, de l’Ogliastra, de Carbonia-Iglesias, et du Medio Campidano prennent effet en mai 2005.

La loi initiale de 1948 va ĂȘtre revue Ă  plusieurs reprises. En 1972[71] (le conseil rĂ©gional est Ă©lu pour cinq ans au lieu de quatre), en 1983[72] (une sĂ©rie de changement sur les « rĂšgles pour la coordination de la finance de la rĂ©gion »), en 1986[73] (prĂ©cise l’article 16 en donnant le nombre de conseillers rĂ©gionaux), en 1989[74] (dĂ©termine la durĂ©e d’installation des conseils rĂ©gionaux), 1993[75] (intĂ©grations aux statuts spĂ©ciaux), 2001[76] (dispositions concernant l’élection directe du prĂ©sident de la rĂ©gion).

Notes et références

  1. Christophe de Chenay, « Maquis sarde et vallées oubliées », dans Le Monde, article du 29/09/2005 [lire en ligne].
  2. Conrad Malte-Brun, Précis de la géographie universelle, Paris, Bureau des publications illustrées, 1843, p. 311.
  3. Il est question ici de MacĂ©ride, l’Hercule des Égyptiens.
  4. André de Claustre, revu et corrigé par François Richer, Dictionnaire portatif de mythologie, Briasson, 1765, p. 410.
  5. Sardinia Point: Intervista a Giovanni Ugas, archeologo dell'universitĂ  di Cagliari.
  6. Clio la muse, Les Peuples de la mer [lire en ligne].
  7. Laurent-Jacques Costa, Questions d'économie préhistorique, CRDP, Corse, 2006.
  8. (it) Une des publications officielles sur le sujet reste la chronologie des cultures prĂ©historiques que l’on trouve dans le livre du professeur Giovanni Lilliu, La civiltĂ  dei Sardi, Turin, Ă©d. Eri, 1988, 3e Ă©dition (ISBN 8886109733).
  9. Laurent-Jacques Costa, « Nouvelles donnĂ©es sur le MĂ©solithique des Ăźles tyrrhĂ©niennes », Gallia PrĂ©histoire, CNRS Éditions, 2004, p. 211-230.
  10. (en) Joseph H. Marcus et al., Genetic history from the Middle Neolithic to present on the Mediterranean island of Sardinia, Nature Communications, volume 11, Article numéro 939, 2020
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Voir aussi

Articles connexes

Antiquité romaine

Sources et bibliographie

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Liens externes

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