Canicule
Une canicule, ou vague de chaleur, est un phénomÚne météorologique de températures de l'air anormalement fortes, diurnes et nocturnes, se prolongeant de quelques jours à quelques semaines, dans une zone relativement étendue[1] - [2]. Elle survient avec un réchauffement trÚs important de l'air, ou avec une invasion d'air trÚs chaud (exemple en Europe : le sirocco en provenance du Sahara), qui provoque notamment une baisse significative de l'amplitude thermique entre le jour et la nuit, la chaleur s'accumulant plus vite qu'elle ne s'évacue par convection ou rayonnement.
En standard, une vague de chaleur est qualifiĂ©e de canicule si elle Ă©gale ou dĂ©passe certains seuils en intensitĂ© et en durĂ©e (par exemple au moins 72 heures, soit 3 jours, de suite). Elle peut ĂȘtre accompagnĂ©e d'un niveau d'humiditĂ© Ă©levĂ©, ce qui accroĂźt la sensation de chaleur. Elle favorise aussi la pollution de l'air en augmentant le taux de particules en suspension, le risque d'incendie de forĂȘt et la prĂ©sence d'ozone troposphĂ©rique et d'oxydes d'azote, sources de pollution photochimique. Cette pollution peut ĂȘtre exacerbĂ©e en ville Ă cause des Ăźlots de chaleur urbains[3].
Cent seize scientifiques ont conclu, dans une étude publiée par l'Union américaine de géophysique, que la canicule de 2016 (la plus chaude jamais enregistrée jusqu'alors) a « uniquement été rendue possible par un important réchauffement anthropique » [= résultant de l'intervention humaine] « à l'échelle d'un siÚcle »[4].
Ătymologie
Le substantif fĂ©minin[6] - [7] - [8] - [9] - [10] « canicule » (prononcĂ© : [kanikyl][7]) est un emprunt[6] - [7] - [10] au latin canicula[6] - [7] - [9], substantif fĂ©minin[11], diminutif de canis (« chien »)[7] signifiant proprement[7] « petite chienne »[6] - [9]. Ce terme est employĂ© depuis le romain Varron[10], en traduisant le grec ancien ÎșÏÏÎœ / kĂșĂŽn, « chien », dĂ©signant la mĂȘme Ă©toile, Sirius ou le chien d'Orion, pour nommer Canicula l'Ă©toile particuliĂšrement brillante de cette constellation du Grand Chien. DĂ©jĂ en Ăgypte antique, la dĂ©esse Sopdet, personnification de l'Ă©toile Sirius, Ă©tait accompagnĂ©e d'une chienne. Souvent Sirius Ă©tait simplement reprĂ©sentĂ©e par cet animal. Le lever hĂ©liaque de Sirius, pĂ©riode oĂč l'Ă©toile Sirius se lĂšve en mĂȘme temps que le Soleil et est donc visible Ă l'aube, marquait le nouvel an Ă©gyptien et le dĂ©but de la crue du Nil vers le 19 juillet, Ă la pĂ©riode la plus chaude de l'annĂ©e[12]. Au niveau du 45e parallĂšle de l'hĂ©misphĂšre nord, en Europe donc, et lors de la pĂ©riode du 24 juillet au 24 aoĂ»t, cette Ă©toile trĂšs lumineuse se lĂšve en mĂȘme temps que le Soleil[13] : ce constat avait laissĂ© penser aux anciens qu'il existait un lien entre l'apparition de cette Ă©toile et les grandes chaleurs mĂ©tĂ©orologiques. Ainsi Pline l'Ancien Ă©crivait : « Quant Ă la Canicule, qui ignore que, se levant, elle allume l'ardeur du soleil ? Les effets de cet astre sont les plus puissants sur la terre : les mers bouillonnent (XVIII, 68) Ă son lever, les vins fermentent dans les celliers, les eaux stagnantes s'agitent[14]. »
ĂlĂ©ments de dĂ©finitions
En tant qu'« accident météorologique », les canicules résultent d'un blocage au sens météorologique du terme de la circulation atmosphérique d'altitude. Les météorologistes distinguent le blocage de type anticyclone de blocage et le « bloc Oméga ». Dans les deux cas un anticyclone stationnaire coupé du flux zonal d'ouest par une puissante advection d'air trÚs chaud et trÚs sec remontant du Sahara et du Maghreb est en cause. De telles conditions, si elles se produisent en plein été seront favorables à une canicule (et éventuellement à une sécheresse et alors des risques de feux).
La dĂ©finition de la canicule est relative au climat de la rĂ©gion considĂ©rĂ©e (en Afrique ou en Scandinavie elle s'Ă©valuera selon des critĂšres diffĂ©rents), ce qui a empĂȘchĂ© la crĂ©ation d'une dĂ©finition universelle trĂšs prĂ©cise : l'OMM la dĂ©finit comme « rĂ©chauffement important de lâair, ou invasion dâair trĂšs chaud sur un vaste territoire » ; durant gĂ©nĂ©ralement « de quelques jours Ă quelques semaines »[1]. Lors des grandes canicules, la colonne d'air est rĂ©chauffĂ©e jusqu'au sommet de la tropopause alors que la pollution reste plutĂŽt confinĂ©e dans les basses couches de la troposphĂšre. En 2003 un excĂšs important d'ozone Ă©tait cependant mesurĂ© jusqu'Ă 6 km d'altitude en France[15].
La tempĂ©rature de l'air n'est pas le seul critĂšre, car modulĂ© par lâhygromĂ©trie et le dĂ©placement d'air pour donner la tempĂ©rature ressentie (de jour et de nuit)[note 1], de l'indice de chaleur, de l'indice humidex ou de l'indice de tempĂ©rature au thermomĂštre-globe mouillĂ© peut aider dans cette dĂ©termination.
Un indice universel a été mis au point dans les années 2010, prenant en compte à la fois la durée et l'amplitude des vagues de chaleur, qui a par exemple montré que la vague de chaleur de 1972 en Finlande a eu une étendue et une ampleur spatiales comparables à celle de 2003 en Europe (mais moins médiatisée car ayant touché des zones moins habitées)[16].
Dans certaines régions sahariennes par exemple, de fortes chaleurs, associées à des anticyclones persistants, peuvent durer de longues semaines, voire des mois.
Belgique
En Belgique, on parle de vague de chaleur climatique lorsque la tempĂ©rature maximale du jour est Ă©gale ou supĂ©rieure Ă 25,0 °C pendant au moins cinq jours consĂ©cutifs, dont trois jours supĂ©rieurs Ă 30,0 °C. Elle prend fin la premiĂšre journĂ©e oĂč la tempĂ©rature maximale passe sous les 25,0 °C[17].
Canada
Environnement Canada considÚre qu'il y a canicule lorsqu'il fait 30 °C ou plus pendant au moins trois jours de suite.
France
Chaque rĂ©gion ayant ses caractĂ©ristiques propres, la dĂ©finition de canicule n'est pas la mĂȘme du Nord au Sud ni de l'Est Ă l'Ouest. Par exemple, pour la France mĂ©tropolitaine :
- à Paris, la chaleur est dite caniculaire s'il fait au moins 31 °C le jour et 21 °C la nuit[18] ;
- à Marseille, la chaleur est dite caniculaire s'il fait au moins 36 °C le jour et 24 °C la nuit[18] ;
- à Brest, une chaleur est dite caniculaire s'il fait au moins 30 °C le jour et 18 °C la nuit ;
- à Lille, la chaleur est dite caniculaire s'il fait au moins 32 °C le jour et 15 °C la nuit ;
- à Toulouse, la chaleur est dite caniculaire s'il fait au moins 36 °C le jour et 21 °C la nuit[19].
Ces seuils sont réévalués presque annuellement par Météo-France en partenariat avec l'Institut de veille sanitaire (InVS). En 2019 en France, pour la premiÚre fois depuis que la météo existe, le seuil de 45 °C a été franchi lors de la canicule de fin juin-début juillet 2019 ; le record absolu a été enregistré à Vérargues dans l'Hérault avec 46 °C[20].
Suisse
En Suisse, on parle de canicule quand les températures ne descendent pas en dessous de 30 à 35 °C (selon les régions) en journée et de 20 à 25 °C (selon les régions) pendant la nuit. Cependant, l'avis de canicule n'est émis que quand l'indice de chaleur dépasse le seuil de 90 pendant plus de 3 jours[21].
Histoire
Il y a trois millĂ©naires, Sirius se levait avec le Soleil (lever hĂ©liaque de Sirius) au dĂ©but de juillet. En Ăgypte antique, ce phĂ©nomĂšne marquait le dĂ©but de la saison de la crue du Nil et permettait de fixer le calendrier annuel. Dans la Rome antique, le dĂ©but de la Canicule Ă©tait cĂ©lĂ©brĂ© par la fĂȘte de Neptunalia (le ), on lui attribuait de mauvaises influences (maladies causĂ©es par la chaleur et hurlements des chiens) et on tentait de conjurer l'influence nĂ©faste de Sirius sur les moissons en immolant des chiens roux comme le Soleil[22]. La Canicule s'achevait par la fĂȘte de Vulcania[23], le 24 aoĂ»t. Il arrive que des Ă©tĂ©s caniculaires aient lieu plusieurs annĂ©es de suite. Certains Ă©pisodes remarquĂ©s correspondent Ă trois annĂ©es consĂ©cutives 1383-1385, ou quatre comme en 1331-1334 et 1778-1781, ou sept comme en 1757-1763 et mĂȘme vingt comme en 1718-1737.
Conséquences
Conséquences sur la santé
Dans de nombreux pays, notamment en voie de développement, les canicules ont des effets collatéraux négatifs pour la santé (maladies, famines et nombreux morts). Elles peuvent en effet :
- exacerber les effets d'une pénurie d'eau potable et dégrader la qualité de l'eau ;
- limiter ou détruire l'agriculture vivriÚre, ce qui conduit à la sous-alimentation d'un nombre accru de personnes ;
- ĂȘtre liĂ©es Ă un ensoleillement intense et Ă une pĂ©riode plus sĂšche, et dĂ©grader la qualitĂ© de l'air en dispersant les particules dans l'air et en exacerbant la pollution photochimique. Cette derniĂšre est encore favorisĂ©e par une pollution par l'ozone et les particules fines, via le phĂ©nomĂšne de smog. Or, l'aridification frĂ©quemment causĂ©e par les canicules est propice aux envols de poussiĂšres et aux incendies de forĂȘt, de brousse, de champs et de dĂ©charges voire urbains, autres sources de polluants de l'air (le Grand incendie de Londres en 1666, qui a ravagĂ© la ville en quelques jours, a Ă©tĂ© favorisĂ© par la sĂ©cheresse des matĂ©riaux inflammables et le manque d'eau disponible pour arrĂȘter les flammes) ;
- nuire à la bonne régulation de la température corporelle humaine (qui se refroidit par l'évaporation de la sueur), particuliÚrement lorsque la chaleur importante est combinée à une forte humidité ambiante. Elle nuit aussi à la qualité du sommeil (notamment en cas de nuits dites « tropicales »). En effet, une humidité relative élevée limite l'évaporation de la sueur jusqu'à la rendre presque impossible au-dessus de 90 % d'humidité. La sueur colle alors à la peau et la température ressentie est plus importante encore que la température réelle, raison pour laquelle il est plus facile de supporter 40 °C avec 24 % d'humidité que 30 °C avec 79 % d'humidité.
GĂ©ographie des effets sanitaires de la canicule
- Les zones littorales sont moins touchées (sauf sur le littoral méditerranéen en France).
- De maniÚre générale, les ßlots de chaleur urbains et la pollution de l'air qui leur est généralement liée exacerbent les effets locaux d'une canicule.
- Les villes sont globalement plus touchĂ©es, Ă proportion de leur taille, phĂ©nomĂšne remarquĂ© pour la premiĂšre fois Ă la fin du XVIIIe siĂšcle, selon W.B Meyer[24]. Ainsi « En 1987, AthĂšnes a enregistrĂ© une surmortalitĂ© de 96,5 %, mais celle-ci n'a pas dĂ©passĂ© une moyenne de 32,5 % dans les autres villes de plus de 10 000 habitants, pour tomber Ă 26,8 % dans les plus petites villes et dans les campagnes[25] (...) En 1980, le nombre des morts en excĂšs a surpassĂ© la normale de 57 % Ă Saint-Louis et de 64 % Ă Kansas City, mais d'Ă peine 10 % dans le reste du Missouri, essentiellement rural[26]. De mĂȘme, alors que la vague de chaleur de l'Ă©tĂ© 1995 a entraĂźnĂ© une surmortalitĂ© de 11,2 % sur l'ensemble de l'Angleterre et du Pays de Galles, le taux a atteint 23,0 % dans le Grand Londres[27]. »
Personnes particuliÚrement vulnérables aux canicules
- De maniÚre générale les bébés et les personnes ùgées sont plus sensibles à la déshydratation.
- Dans les villes, les femmes ĂągĂ©es seules et isolĂ©es et les communautĂ©s pauvres sont les plus touchĂ©es par la surmortalitĂ©. Lors d'une canicule d'une semaine survenue Ă Chicago (29 juillet â 6 aoĂ»t 1999), les personnes seules (qui sont souvent aussi pauvres et vivant dans un habitat prĂ©caire) ont vu leur risque de dĂ©cĂšs multipliĂ© par plus de huit[28] ;
- Les malades mentaux ont environ 30 % et dans certains contextes jusqu'à 200 % de risque supplémentaire de décÚs lors d'une vague de chaleur[29], en partie à cause des médicaments, mais aussi (puisque cette vulnérabilité était déjà démontrée vers 1950, avant la généralisation des psychotropes) pour d'autres raisons : le malade mental est souvent physiologiquement plus vulnérable, les neurotransmetteurs étant souvent dysfonctionnels (dans certains cas de schizophrénie ou de dépression), alors qu'ils sont aussi en jeu dans la régulation de la température du corps. Ces personnes ont aussi fréquemment moins conscience du danger ou y répondent par des comportements inappropriés. Ainsi dans le Wisconsin en 1995[30], puis à Chicago en 1999[31], prÚs de 50% des moins de 65 ans déclarés morts des suites de la canicule souffraient de troubles mentaux (dépression compris).
- la prise de cocaïne en période de canicule semble aussi aggraver le risque de décÚs par overdose : + 33 % quand la température dépasse 31,1 °C, effet non constaté pour les opiacés[32].
- l'alcoolisme est aussi un facteur de risque ; il aurait par exemple multiplié le risque par quinze au Missouri en 1995 (notamment parce qu'il perturbe l'hormone antidiurétique ce qui aggrave le risque de déshydratation et parce qu'il induit des réponses inappropriées à la chaleur), mais une étude n'a pas montré de lien entre quantité d'alcool ingérée et incidence des coups de chaleur[33] ce qui plaide pour un rÎle à élargir au statut social plus vulnérable associé à la prise excessive d'alcool.
Suicides
Dans certains contextes (grandes villes et capitales notamment), les tempĂ©ratures trĂšs supĂ©rieures Ă la tempĂ©rature attendue (gĂ©nĂ©ralement associĂ©es Ă des pics de pollution de l'air)[34] - [35] affectent nĂ©gativement la santĂ© mentale. On a montrĂ© au Japon que le nombre de blessures volontaires augmente ces jours lĂ [36] ; et que dans les grandes villes amĂ©ricaines et du Mexique le taux de suicide augmente quand il fait trĂšs chaud[37]. Une Ă©tude publiĂ©e en 2022, basĂ©e sur les suicides survenus Ă Bruxelles du au confirme ce fait pour l'Europe : « le risque cumulĂ© de mortalitĂ© par suicide Ă©tait presque deux fois plus Ă©levĂ© » dans la capitale belge (climat tempĂ©rĂ©) dans les 0 Ă 6 jours suivant une chaleur modĂ©rĂ©e et extrĂȘme (par rapport Ă la tempĂ©rature mĂ©diane de la pĂ©riode). Les auteurs notent qu'aucune association statistiquement significative n'a Ă©tĂ© constatĂ©e pour les jours oĂč les tempĂ©ratures Ă©taient au contraire anormalement froides[38]. C'est une donnĂ©e Ă prendre en compte dans les stratĂ©gies d'adaptation au changement climatique, soulignent les auteurs de l'Ă©tude[38].
Surmortalité
L'été caniculaire de 2003 a surtout eu des effets urbains, entraßnant une surmortalité de 15 000 personnes en France, soit un accroissement de la mortalité de plus de 30 % (la mortalité moyenne en France étant de 1 400 décÚs par jour[39]). L'impréparation du pays et la désorganisation du mois d'août ont transformé cet événement climatique exceptionnel en catastrophe sanitaire majeure[40].
Au total, on estime à 70 000 le nombre de décÚs supplémentaires dus à cet événement en Europe[41].
Il existe des causes iatrogÚnes (induites par la prise de certains médicaments, tels que les neuroleptiques qui inhibent la fonction thermorégulatrice ou les anticholinergique dont plusieurs antiparkinsoniens et divers anxiolytiques majeurs tels que l'atropine, la belladone, les antidépresseurs tricycliques et les antihistaminiques). Les patients prenant ces médicaments voient leur risque de mourir tripler, d'un coup de chaleur ou de leur pathologie déstabilisée par la chaleur[42] - [43].
à cause du réchauffement climatique, les prospectivistes et les récents rapports du GIEC considÚrent que le phénomÚne risque d'empirer.
Conséquences sur l'environnement
Les situations caniculaires, anticycloniques avec fort ensoleillement et irradiation UV associée sont sources de pollution photochimique[44] qui affecte aussi les animaux et les écosystÚmes. Un vent horizontal faible, voire inexistant, et une stabilité de l'air exceptionnelle limitent les échanges verticaux avec l'extérieur et la dispersion des polluants. Des polluants tel que l'ozone et les NOx augmentent et stagnent alors, ainsi que les particules et les composés chimiques secondaires, ensemble responsables de pics de pollution[15].
Les sĂ©cheresses qui accompagnent souvent la canicule peuvent ĂȘtre catastrophiques car l'air prĂ©sent en altitude y reste longtemps chaud et sec et elles favorisent les incendies de forĂȘt, de brousse et mĂȘme urbains. Les feux de biomasse aggravent considĂ©rablement la pollution de l'air ainsi durant plusieurs jours parfois que les grands feux d'artifice. Le stress thermique et hydrique tue de nombreuses plantes et affaiblit les arbres.
La ressource en eau est souvent dĂ©jĂ au plus bas, et encore sur-sollicitĂ©e par l'agriculture, l'arrosage, des besoins d'eau de refroidissement industriel (pour les centrales nuclĂ©aires notamment, qui ont durant cette pĂ©riode plus de difficultĂ© Ă refroidir leur rĂ©acteurs ou certaines piscines de stockage) ou pour les besoins vitaux. Les polluants se concentrent alors dans les eaux de surface et de nappes superficielles dont la qualitĂ© se dĂ©grade. Les eaux plus chaudes et plus stagnantes, oĂč les poissons meurent, sont favorables aux pullulation rapides de microbes pathogĂšnes (et de moustiques vecteurs de maladie) Ă certains blooms algaux et Ă la production de mĂ©thane. Divers cours d'eau et zones humides peuvent s'assĂ©cher, privant la faune d'eau. Les pluies d'orages, qui marquent souvent la fin d'une canicule, tombent sur une terre dĂ©shydratĂ©e qui les absorbe mal et est rendue plus vulnĂ©rable Ă la rĂ©gression et dĂ©gradation des sols. MatiĂšres organiques, et le cas Ă©chĂ©ants engrais et rĂ©sidus de pesticides sont alors facilement emportĂ©s dans les cours d'eau et vers la mer.
Conséquences sur les animaux domestiques
Pour le chien, une respiration accĂ©lĂ©rĂ©e (qui halĂšte), le poil humide, la langue qui pend ou mĂȘme des vomissement pour certains sont des signes qu'il y a une trop forte exposition Ă la chaleur. Pour rĂ©guler sa tempĂ©rature corporelle, le chien utilise principalement sa langue afin d'Ă©vacuer la chaleur tout en inspirant de l'air frais, mais aussi les coussinets oĂč se trouvent ses glandes sudoripares, mais cependant, cette surface des coussinets est trop petite pour ĂȘtre suffisante en cas de forte chaleur, et la truffe qui est aussi une zone dĂ©nuĂ©e de fourrure. Il est recommandĂ© de le placer dans la piĂšce la plus fraĂźche de l'habitation, avec de l'eau, et de le promener le matin avant 9 h, et le soir aprĂšs 18 h. En pĂ©riode de forte chaleur, le bitume devient trĂšs chaud et le chien risque de se brĂ»ler les coussinets. Il faut Ă©galement limiter les efforts du chien et Ă©viter les transports en voiture et ne jamais le laisser seul dans l'habitacle de la voiture. Le chat tolĂšre mieux la chaleur que le chien, et se rafraĂźchit instinctivement. Toutefois le chat doit disposer d'un coin d'ombre et d'eau Ă proximitĂ© s'il se trouve Ă l'extĂ©rieur[45] - [46] - [47].
Conséquences énergétiques et économiques
La canicule induit dans les pays riches une surconsommation Ă©lectrique aux heures de pointes et parfois la nuit en raison de l'usage croissant et intensif des climatiseurs. Ceci dĂ©sĂ©quilibre l'offre et la demande en Ă©nergie, au moment oĂč la production hydro-Ă©lectrique et nuclĂ©aire estivales sont faibles ; quand les centrales nuclĂ©aires situĂ©es en bordure de fleuve ont des difficultĂ©s Ă se refroidir[48] - [49] et posent des problĂšmes de rĂ©chauffement des cours d'eau[50].
AprĂšs trois jours de forte chaleur, les tempĂ©ratures nocturnes montent. La masse thermique des bĂątiments augmente alors aussi, de mĂȘme que la tempĂ©rature de l'air urbain (qui est en outre aussi rĂ©chauffĂ© par les climatiseurs). Ces derniers fonctionnent plus longtemps et consomment plus d'Ă©lectricitĂ©. Ceci perturbe les schĂ©mas d'approvisionnements en Ă©lectricitĂ©. Un tel appel d'Ă©lectricitĂ© a lors de la canicule de 2006 touchĂ© l'AmĂ©rique du Nord, surchargĂ© le rĂ©seau et ses transformateurs, privant ainsi des milliers de foyers et d'entreprises d'Ă©lectricitĂ© (et de climatisation), en Californie principalement. Ă Los Angeles, des milliers de gens sont restĂ©s sans Ă©lectricitĂ© cinq jours durant[51]. Dans le sud-est australien en 2009, plus d'un demi-million de personnes n'avaient plus d'Ă©lectricitĂ© (en pleine canicule).
La surmorbidité et la surmortalité induites par la chaleur ont aussi un coût humain et financier, pour le systÚme de santé et la société.
Enfin, la productivitĂ© au travail diminue aussi avec la chaleur (dĂ©montrĂ© par une Ă©tude dans 43 pays[52]) et la santĂ© des salariĂ©s en pĂąti. Les capacitĂ©s des entreprises sont affectĂ©es par des supply chains limitĂ©e, les infrastructures Ă©nergĂ©tiques et de transport dĂ©gradĂ©es (par ex. fonte d'enrobĂ© sur les routes et taramas, Ă©longation des rails impliquant de faire ralentir les trainsâŠ), le manque d'eau, etc.). En France, l'Ătat dĂ©dommage ensuite rĂ©guliĂšrement les acteurs Ă©conomiques, notamment pour une partie des prĂ©judices subis en raison de tempĂ©ratures trop Ă©levĂ©es, en classifiant la situation comme « catastrophe naturelle ». Ă titre d'exemple la canicule de juin 2015 (bien moindre que celle de 2003), Ă©tendue sur 67 dĂ©partements (placĂ©s en vigilance orange-canicule) a eu un coĂ»t Ă©valuĂ© Ă plus de 10 milliards d' âŹ[53].
Une exception correspond aux millésimes viticoles exceptionnels qui coïncident souvent avec une canicule, la vigne supportant bien les trÚs fortes chaleurs grùce à son enracinement trÚs profond.
Prospective et modélisation
On cherche Ă mieux modĂ©liser, aux diffĂ©rentes Ă©chelles spatiotemporelles (continentales, rĂ©gionales ou locales) la production et le dĂ©placement des masses d'air chaud, des panaches de feux de biomasse, et la modification des rĂ©gimes photochimiques. Ces modĂšles sont en outre Ă mettre Ă jour au vu de l'Ă©volution du climat, des tempĂ©ratures nocturne, de la destruction de la couche d'ozone, de diverses pollutions de l'air (Diesel, avion, navire en croissanceâŠ) et d'Ă©ventuels nouveaux polluants ou catalyseurs photochimiques introduits dans l'atmosphĂšre. On espĂšre des modĂ©lisations plus prĂ©cise et rapides, dont pour « pouvoir appliquer des politiques de limitations des Ă©missions anthropiques au bon moment et au bon endroit »[15].
Des études récentes ont montré que des vagues de chaleur estivales comme celles de 2003 ne pourraient avoir lieu sans avoir été préparées par des anomalies importants en termes de sécheresse des sols (sécheresse qui limite les possibilités d'évapotranspiration des paysages exposés au soleil)[54] - [55] - [56] - [57] - [58]. D'autres interactions entre les composantes climatiques régionales peuvent également influencer les températures des vagues de chaleur, dont les aérosols de poussiÚre comme cela fut observé en 2006[59].
En France les modélisations de 2012[60] de Météo-France et Paris (scénario tendanciel, c'est-à -dire « moyennement pessimiste » concernant les émissions mondiales de gaz à effet de serre) confirment que le nombre et la gravité des canicules devraient augmenter d'ici 2100 (de 2 à 4 °C d'ici à la fin du siÚcle par rapport à la moyenne 1971-2006), surtout en juillet-août (3,5 à 5 °C de plus que la normale), avec environ 12 fois plus de jours de canicules dans l'année[61].
L'ozone est un polluant-clĂ© notamment induit par les prĂ©curseurs de l'ozone abondants dans les Ă©missions de moteurs, chaudiĂšres, incinĂ©rateurs et feux de biomasse. La production d'ozone peine encore ĂȘtre modĂ©lisĂ©e, mais les corrĂ©lations entre prĂ©curseurs de l'ozone urbain et pĂ©riurbain et les conditions mĂ©tĂ©orologiques font depuis 20 ans l'objet de nombreuses Ă©tudes[62] - [63] - [64]. Pour des raisons encore mal comprises les modĂšles sous-estiment encore la prĂ©sence d'ozone en altitude (mesurĂ©e par des avions de ligne Ă©quipĂ©s de capteurs, pour la base de donnĂ©es MOZAIC)[15].
De nouvelles modélisations et projections régionales du climat faite pour la période 2021-2040 concluent à une probabilité accrue de vagues de chaleur (plus fréquentes et/ou géographiquement plus importantes en Europe que celle de 2010 en Russie)[16], en raison d'une influence anthropique qui tend à encore augmenter[65] - [66] - [67] - [68] - [69] - [70].
La situation pourrait ensuite encore nettement empirer, dont en France[71] - [72] avec des Ă©tĂ©s trĂšs chauds associĂ©s Ă de fortes vagues de chaleur et Ă des records de tempĂ©ratures : dans les annĂ©es 2070, une modĂ©lisation scientifique prĂ©voit une mĂ©ga-canicule aussi sĂ©vĂšre que celle de 2003 (mais par rapport Ă son climat contemporain)[72]. Les fins de printemps trĂšs chauds et secs pourront amplifier le caractĂšre extrĂȘme de canicules en raison du manque d'Ă©vapotranspiration[72]. En 2100, l'augmentation des maxima de tempĂ©rature estivale pourrait varier entre + 6 °C et prĂšs de 13 °C dans les cinq rĂ©gions Ă©tudiĂ©es en France (par rapport aux maxima historiques)[72]. Ces projections (jusqu'Ă plus de 50 °C en France en Ă©tĂ©) sont « comparables aux estimations fournies par un grand nombre de modĂšles climatiques mondiaux »[72] prĂ©cisent les auteurs.
Dans le dĂŽme de chaleur de la rĂ©gion Ăle-de-France, quartiers et arrondissements seront plus ou moins exposĂ©s, selon la largeur des rues, la hauteur, la couleur et le type de bĂątiments prĂ©sents, le couvert vĂ©gĂ©tal, la proximitĂ© ou la prĂ©sence d'eau[61] ; les IIe, IIIe, VIIIe, IXe, Xe et XIe arrondissements se rĂ©chauffent le plus (comme en 2003 avec 4 Ă 7 °C de plus qu'en petite couronne, en fin de nuit, et avec diffĂ©rence de 2 Ă 4 °C selon les arrondissements parisiens). Un effet de « panache de chaleur » modifie aussi la gĂ©ographie de la bulle chaude[61]. Gagner quelques degrĂ©s pourrait amĂ©liorer la qualitĂ© de vie et Ă©pargner des vies (en 2003, quelques degrĂ©s de plus que la moyenne ont induit une surmortalitĂ© de 15 000 morts en France et prĂšs de 70 000 en Europe)[61]. Ces chiffres ont toutefois fait l'objet de nombreuses contestations. Selon l'OMS, ces chiffres rĂ©partis sur l'annĂ©e n'ont pas Ă©tĂ© beaucoup plus Ă©levĂ©s s'ils sont exprimĂ©s sur une annĂ©e, sous le contrĂŽle de la mĂ©thode de lissage, qui permet de comparer non plus un seul mois ou un seul Ă©tĂ©, mais un nombre de dĂ©cĂšs annuel.
Préventions des effets
Organisations nationales de la prévision canicule
Depuis la fin du XXe siÚcle, la prévision des canicules progresse, associée dans un nombre croissant de pays à des efforts de protection civile dédiés et à des alertes indiquant continuellement le niveau de vigilance (selon les secteurs géographiques), avec par exemple :
- en Belgique, l'avertissement fortes chaleurs et canicules, avec un code de 4 couleurs, porté par avec Météo-Belgique[73] ;
- au Canada, les alertes diffusées par les centres de prévision des différentes provinces[74] ;
- en France, les vigilances Météo-France[75] ;
- en Suisse, 5 niveaux de danger, mis à jour par l'office fédéral de l'environnement (OFEV)[76].
Précautions
La canicule étant par définition exceptionnelle, les populations y sont mal préparées (contrairement aux chaleurs « habituelles »).
Deux risques sanitaires directs et principaux se posent : la déshydratation, et le « coup de chaleur » (si, sous l'effet de l'environnement, la température corporelle s'élÚve au-delà de 40,5 °C, le fonctionnement des cellules est altéré).
Cinq catégories de personnes sont particuliÚrement exposées :
- les jeunes enfants : ils sont dépendants, et s'ils réclament spontanément à boire, en pleurant, ils ne sont pas capables de boire sans aide ni de se protéger de la chaleur ;
- les personnes faisant des efforts physiques (par exemple, ouvriers du bùtiment, mais aussi sportifs et randonneurs[77] - [78]) car le travail musculaire est source de thermogenÚse ; les salariés bénéficient de précautions particuliÚres, notamment pour ceux travaillant en extérieur[79] ;
- les personnes souffrant de troubles cardio-vasculaires : la transpiration ou l'hydratation excessive vont modifier la pression artérielle ;
- les personnes ĂągĂ©es : plus vulnĂ©rables, et souvent dĂ©pendantes, elles perdent la notion de soif et doivent donc boire avant d'en avoir envie. Ayant frĂ©quemment une hypertension artĂ©rielle (HTA) ou une insuffisance cardiaque, elles prennent souvent des diurĂ©tiques et/ou un rĂ©gime sans sel (qui peut conduire Ă une hyponatrĂ©mie, c'est-Ă -dire Ă une baisse du taux sanguin de sodium). Certains mĂ©decins considĂšrent que le risque de dĂ©shydratation et d'hyponatrĂ©mie prime sur le risque d'ĆdĂšme (gonflement des membres et ĆdĂšme pulmonaire), car l'ĆdĂšme pulmonaire est facile Ă dĂ©tecter et Ă traiter (dont par un mĂ©decin gĂ©nĂ©raliste Ă domicile), alors que la dĂ©shydratation et l'hyponatrĂ©mie sont difficiles Ă dĂ©tecter et plus mortelles. La suspension de rĂ©gimes sans sel et de diurĂ©tiques ne fait cependant pas consensus, et doit dans tous les cas se faire en accord avec le mĂ©decin traitant, seul compĂ©tent en la matiĂšre ;
- les sans domicile fixe, plus vulnĂ©rables, ayant moins d'accĂšs Ă l'eau et ne pouvant pas se protĂ©ger de la chaleur notamment car exclus des lieux frais (exemples : hall de supermarchĂ©, cinĂ©mas climatisĂ©sâŠ).
Les recommandations sont de se soucier des personnes vulnĂ©rables proches (en particulier, ne jamais laisser un enfant seul dans une voiture ou une caravane, mĂȘme pour une courte durĂ©e), de se protĂ©ger du soleil de pĂ©riodiquement se rafraĂźchir en se mouillant la peau (brumisation, bains, douches, gilet rĂ©frigĂ©rantâŠ) et se ventiler (Ă©ventail, ventilateur, voire profiter de lieux frais (Ă©glisesâŠ) ou climatisĂ©s), et de boire suffisamment (avant d'avoir la sensation de soif intense), selon l'activitĂ© physique et selon la chaleur. Se couper les cheveux en cas d'une abondante chevelure ou se dĂ©gager la nuque avec une queue-de-cheval ont aussi un effet bĂ©nĂ©fique, car le cerveau Ă©tant un organe vital, l'organisme cherchera Ă rĂ©guler sa tempĂ©rature pour Ă©viter l'hyperthermie. Le port d'une casquette ou d'un chapeau permettent d'Ă©viter les coups de soleil sur la tĂȘte.
Protection de l'habitation, des moyens de travail et des infrastructures
Dans la journĂ©e, il est recommandĂ© de garder les fenĂȘtres fermĂ©es pour Ă©viter que la chaleur ne rentre, et de baisser les stores ou fermer les volets, de prĂ©fĂ©rence Ă l'extĂ©rieur des fenĂȘtres pour Ă©viter que les rayons du soleil chauffent les vitres et l'habitation. La nuit, quand les tempĂ©ratures sont en dessous du lieu d'habitation, il est recommandĂ© d'ouvrir les fenĂȘtres pour faire circuler l'air et baisser la tempĂ©rature. Il est Ă©galement conseillĂ© d'avoir une bonne isolation thermique du bĂątiment : plafonds, murs, baies vitrĂ©es[80].
Principales canicules par pays
Suisse
En Suisse, selon l'Office fédéral de la santé publique, les canicules de 2003, 2015 et 2018 ont causé respectivement 1 000, 800 et 200 décÚs supplémentaires[82].
Notes et références
Notes
- Un air sec est plus facile Ă supporter qu'un air humide du fait de la plus faible dissipation thermique entre le corps et l'air ambiant.
Références
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Annexes
Articles connexes
Liens externes
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