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Edward Canby

Edward Richard Sprigg Canby ( – ) était un officier de carrière dans l'armée des États-Unis, général de l'Union dans la guerre de Sécession et les guerres indiennes. Il est tué par des Amérindiens Modocs, frustrés par le résultat de la dernière négociation lors de la guerre des Modocs, le .

Edward Canby
Edward Canby
Major General E.R.S Canby

Naissance
Piatt's Landing, Kentucky (États-Unis)
Décès
Lac Tule dans le Comté de Siskiyou
Californie
Origine américaine
Allégeance Drapeau des États-Unis États-Unis
Grade général
Conflits Guerre de SĂ©cession
Guerres indiennes
Famille Louisa Hawkins Canby (Ă©pouse)
John Parker Hawkins (beau-frère)

Famille et formation

Canby est nĂ© le Ă  Piatt's Landing, dans le comtĂ© de Boone au Kentucky, fils de Israel T. Canby et Elizabeth (Piatt) Canby. Il frĂ©quente Wabash College, puis entre Ă  l'AcadĂ©mie militaire de West Point, dont il sort en 1839[Note 1]. Il est nommĂ© second lieutenant dans le 2e rĂ©giment d'infanterie. Il Ă©pouse Louisa Hawkins Ă  Crawfordsville, dans l'Indiana, le . Les autres cadets de West Point le surnommaient « Sprigg », mais pendant la majeure partie de sa carrière, il est dĂ©signĂ© par le nom de « E.R.S. Canby », et signe parfois lui-mĂŞme « Ed.R.S. Canby Â».

Carrière militaire avant la guerre de Sécession

Au dĂ©but de sa carrière, il participe Ă  la seconde guerre sĂ©minole en Floride et combat pendant la guerre amĂ©ricano-mexicaine, oĂą il reçoit trois promotions, en particulier un brevet de major Ă  Contreras et Churubusco et un brevet de lieutenant-colonel Ă  BelĂ©n Gates. Il est aussi nommĂ© Ă  divers autres postes, Ă  New York et comme adjudant gĂ©nĂ©ral en Californie de 1849 Ă  1851, au moment de la transition de cette rĂ©gion du statut de territoire Ă  celui d'État. Contre ses propres dĂ©sirs, il est obligĂ© de remplir ce qui est censĂ© ĂŞtre le poste civil de conservateur des Archives de Californie de jusqu'Ă  son dĂ©part de Californie en 1851. Les Archives incluaient des registres des gouvernements espagnols et mexicains en Californie ainsi que ceux des missions et des titres de propriĂ©tĂ©. Canby avait Ă©videmment une certaine connaissance de l'espagnol qui lui fut utile pendant cette pĂ©riode (La Filson Historical Society Ă  Louisville, dans le Kentucky conserve ce qui semble ĂŞtre un document de la main de Canby, rĂ©digĂ© en espagnol et dans lequel il s'identifie comme « Edwardo Ricardo S. Canby Â»).

Canby est ensuite en fonction dans le Wyoming et dans l'Utah (alors tous deux parties du territoire de l'Utah) durant la guerre de l'Utah, en 1857-1858. Il croise alors le chemin du capitaine Henry Hopkins Sibley (qu'il a peut-être déjà connu quelque peu à West Point) lorsque ce dernier est traduit en cour martiale, car Canby fait partie des juges. Sibley est acquitté. Canby écrit ensuite une quittance pour une tente militaire, inspirée par les tipis, que Sibley a inventée. Les deux officiers sont plus tard assignés au Nouveau-Mexique, où Canby coordonne une campagne contre les Navajos en 1860, commandant à Sibley une tentative futile de capturer et de punir les Navajos à cause de leurs déprédations contre le bétail des colons. La campagne se termine sans résultat, Canby et Sibley réussissant à peine à entrevoir les Navajos, généralement à une distance trop grande pour pouvoir les attraper.

Guerre de SĂ©cession

Au début de la guerre de Sécession, Canby commande Fort Defiance dans le territoire du Nouveau-Mexique. Il est promu colonel du 19e régiment d'infanterie le , et le mois suivant commande le département du Nouveau-Mexique. Bien que défaites par le brigadier-général confédéré Henry Hopkins Sibley en à la bataille de Valverde, ses troupes finissent par contraindre les Confédérés à une retraite au Texas après la victoire décisive de l'Union à la bataille de Glorieta Pass. (Cette bataille, toutefois, est livrée sous le commandement du colonel John P. Slough, appartenant aux Volontaires du Colorado, qui désobéit à l'ordre de Canby de ne pas affronter directement les Confédérés.) Immédiatement après la bataille, Canby est promu brigadier-général le . Regroupant les forces qu'il avait divisées auparavant, Canby se lance à la poursuite de l'armée confédérée en retraite mais abandonne vite la chasse et les laisse atteindre le Texas. Peu après l'échec de l'invasion confédérée du Nouveau-Mexique, Canby est remplacé à son commandement par le général James H. Carleton et réaffecté à l'est.

Il devient « commandant gĂ©nĂ©ral de la ville et du port de New York Â» le , juste après les Ă©meutes de la conscription. Il reste Ă  ce poste jusqu'au , relançant l'enrĂ´lement et surveillant aussi un camp de prisonniers dans le port de New York. Il travaille ensuite dans le bureau du secrĂ©taire Ă  la Guerre, dĂ©crivant sa position dans une lettre privĂ©e comme celle d'un assistant adjudant gĂ©nĂ©ral. (RĂ©trospectivement, un adjudant gĂ©nĂ©ral du XXe siècle, Edward F. Witsell, a dĂ©crit la position de Canby comme analogue Ă  celle d'un assistant du secrĂ©taire Ă  la Guerre.) En , Canby est promu major gĂ©nĂ©ral et retourne Ă  l'Ouest, oĂą il commande la division militaire du Mississippi occidental. Il est blessĂ© Ă  la hanche par un tireur d'Ă©lite alors qu'il est Ă  bord de la canonnière USS Cricket sur la White River dans l'Arkansas, le . Canby commande les forces de l'Union affectĂ©es Ă  la campagne de Mobile pendant le printemps 1865, campagne qui culmine avec la bataille de Fort Blakely, et conduit Ă  la chute de Mobile dans l'Alabama en . Canby accepte la reddition du gĂ©nĂ©ral Richard Taylor Ă  Citronelle, dans l'Alabama, le , et celle du gĂ©nĂ©ral Edmund Kirby Smith Ă  l'ouest du Mississippi le .

Le succès de Canby au Nouveau-Mexique vient en grande partie de sa planification d'une stratégie de défense globale. Tout comme son opposant, Sibley, il disposait de ressources limitées. Même si les siennes étaient un peu meilleures, il vit surtout que défendre le territoire entier de toute attaque possible obligerait à un étalement risqué de ses forces. Se rendant compte que Sibley devait attaquer le long d'une rivière, Canby décida d'utiliser au mieux ses forces en concentrant sa défense en fonction de deux scénarios d'attaques possibles : une attaque le long du Rio Grande et une autre par les rivières Pecos et Canadian. De plus, les forces défensives mises en place pour contrer cette dernière attaque pouvaient être facilement déplacées pour protéger Fort Union si l'ennemi attaquait par le Rio Grande, ce qu'il fit. Canby prit aussi l'initiative de persuader les gouverneurs du Nouveau-Mexique et du Colorado de recruter des unités de volontaires pour renforcer les troupes fédérales régulières ; les troupes du Colorado furent utiles à la fois à Valverde et à Glorieta (Manuel Chavez, un colonel accompagnant les volontaires du Nouveau-Mexique joua un rôle crucial dans ce dernier engagement). Mais c'était à Sibley de gagner ou de perdre, et en dépit d'un talent militaire parfois supérieur des troupes confédérées et des officiers subalternes, la mollesse et les tergiversations de Sibley pendant l'exécution de plans extrêmement risqués conduisit presque inéluctablement à la déroute confédérée.

Canby était généralement considéré comme un grand administrateur, mais les opinions variaient quant à sa valeur comme militaire. Ulysses S. Grant ne le trouvait pas assez agressif. Dans un incident significatif, Grant envoie à Canby l'ordre de « détruire les chemins de fer et les usines de [l'ennemi], etc. » Dix jours plus tard, Grant le réprimande pour avoir requis des hommes et du matériel afin de construire des chemins de fer : « Je vous ai écrit... pour vous enjoindre... de détruire des chemins de fer, etc., pas de les construire. » Canby était certainement un expert dans les détails administratifs. Si quelqu'un avait une question à propos de règlements militaires ou même de lois constitutionnelles affectant l'armée, Canby était l'homme à consulter. Grant lui-même en vint à apprécier ces qualités en temps de paix, protestant vigoureusement lorsque le Président Andrew Johnson proposa d'affecter Canby loin de la capitale, arguant du fait qu'il y était irremplaçable.

Canby était né dans le Kentucky et son père avait possédé des esclaves. Certains de ses cousins combattirent pour la Confédération et l'un d'eux fut fait prisonnier de guerre. Le père de cet homme écrivit à Canby pour qu'il use de son influence afin de faire libérer son fils sur parole, mais Canby refusa, affirmant qu'il ne se sentait pas le droit de favoriser les membres de sa famille. Plus tard, lorsqu'il devint gouverneur militaire pendant la Reconstruction, il refusa encore de favoriser des Carpetbaggers[Note 2] de sa famille à l'intérieur de sa juridiction.

La Reconstruction

Après la guerre, Canby commande divers départements militaires, restant en fonction en Louisiane de 1864 à ; au département de Washington (c'est-à-dire Delaware, Maryland, le District de Columbia, et Alexandria et le comté de Fairfax en Virginie) de à , quand il est assigné au commandement du deuxième district militaire, comprenant Caroline du Nord et du Sud. En , il reprend brièvement son poste à Washington, mais part pour le cinquième district dès novembre. Là, il se concentre surtout sur la reconstruction du Texas. Il quitte le Texas pour la Virginie, le premier district militaire, en , et y demeure jusqu'en juillet 1870. Chacun de ces postes a lieu pendant la Reconstruction et met Canby au centre des conflits entre Républicains et Démocrates, Blancs et Noirs, gouvernements des États et gouvernement fédéral. De nouvelles constitutions sont soit en train d'être écrites, soit en train d'être ratifiées ou appliquées dans chacun des districts qu'il doit commander et il ne peut éviter d'offenser l'un ou l'autre camp, et souvent les deux. Pourtant, Charles W. Ramsdell qualifie Canby de « vigoureux et ferme, mais juste ». Même des opposants politiques, comme le gouverneur de la Caroline du Nord, Jonathan Worth admet que Canby est sincère et honnête.

Dernière mission

Le , Canby reçoit un doctorat de droit honoris causa de la Wesleyan University à Middletown, dans le Connecticut. En août, il est assigné au commandement de la région du « Nord-ouest Pacifique ». Un des problèmes auxquels il est confronté est que la tribu des Modocs, qui avait jusque-là vécu dans le nord de la Californie, a été contrainte à vivre dans la même réserve de l'Oregon que la tribu des Klamaths avec qui ils ne s'entendent pas. Le gouvernement refuse de leur accorder leur propre réserve en Californie, mais les Modocs retournent à leur ancien territoire. En 1872, la guerre des Modocs éclate. Les Modocs, retranchés dans une redoute au sud du lac Tule, résistent à de nombreuses attaques de l'armée, et la situation tourne à l'impasse.

Le général Canby reçoit des ordres contradictoires de Washington, tantôt en faveur de la paix, tantôt en faveur de la guerre, mais la guerre n'aboutit pas et le gouvernement accepte l'idée d'une commission de paix et y assigne Canby. Les objectifs de la commission sont sapés par l'existence de multiples canaux de communication entre les Modocs et les Blancs. À un moment, quelqu'un en relation avec Kintpuash (encore appelé Captain Jack), le chef modoc, prétend que le gouverneur d'Oregon a l'intention de pendre neuf Modocs sans procès, dès qu'ils se rendront. Ceci induit les Modocs à abandonner les discussions programmées, et enrage Canby parce qu'il croit que son autorité fédérale a priorité sur celle du gouverneur et enlève toute pertinence à la menace ; si les Modocs se rendent à lui, il n'a aucune intention d'autoriser leur punition sans procès préalable.

Gravure représentant l'assassinat du général Candy, publiée dans Harper's Weekly le .

Le , après des mois de faux dĂ©parts et de rencontres avortĂ©es, Canby se rend Ă  d'autres pourparlers, sans arme et avec quelque espoir en vue d'une rĂ©conciliation dĂ©finitive ; le juge E. Steele de Yreka, en Californie, affirme que quand il prĂ©vient Canby que les Modocs sont changeants et susceptibles de tuer les commissaires envoyĂ©s pour faire la paix Ă  la plus lĂ©gère provocation, Canby lui rĂ©pond, « Je crois que vous avez raison, M. Steele, et je respecterai votre conseil, mais ce ne serait pas bien pour le gĂ©nĂ©ral responsable d'avoir peur de se rendre oĂą les commissaires s'aventurent. » Les discussions ont lieu Ă  mi-chemin entre le camp de l'armĂ©e et la redoute tenue par les AmĂ©rindiens près du lac Tule. Deux membres de la troupe de Canby apportent des armes cachĂ©es et des Modocs en encore plus grand nombre viennent armĂ©s. FrustrĂ© par les nĂ©gociations, Kintpuash et l'un de ses lieutenants tirent deux fois dans la tĂŞte de Canby et lui coupent la gorge. C'est le premier gĂ©nĂ©ral tuĂ© pendant les guerres indiennes. D'autres membres du groupe sont tuĂ©s, comme le rĂ©vĂ©rend Eleazar Thomas. D'autres sont blessĂ©s. Selon Jeff C. Riddle, auteur de Indian History of the Modoc War (1914), Canby provoqua Kintpuash en affirmant qu'il n'avait pas autoritĂ© pour retirer les 1 000 soldats qu'il avait mis en position Ă  proximitĂ©[Note 3].

La mort de Canby est suivie de violents contre-coups contre les Modocs. Tous les journaux de l'Est réclament une vengeance sanglante[Note 4]. E. C. Thomas, le fils du commissaire pour la paix assassiné, témoigne de l'étendue et des limites d'une position modérée : tout en acceptant l'inéluctabilité de représailles contre Captain Jack et ses hommes, et en exprimant même son approbation à cet égard, il rappelle que la mémoire de son père serait déshonorée par une méchanceté généralisée contre les Amérindiens : « Certes, la paix viendra par la guerre, mais pas par l'extermination ». Finalement, Kintpuash, Boston Charley, Schonchin John et Black Kim sont jugés pour meurtre et exécutés le . Les Modocs sont envoyés dans des réserves.

Gravure représentant les funérailles du général Canby, publiée dans Harper's Weekly le .

Après un service funèbre sur la côte Ouest, le corps de Canby est ramené dans l'Indiana et enterré dans le cimetière de Crown Hill, à Indianapolis le . Au moins quatre généraux unionistes assistent au service funèbre à Indianapolis : William Tecumseh Sherman, Philip Sheridan, Lew Wallace, et Irvin McDowell, les deux derniers portant le cercueil. Un journaliste remarque que, bien que la procession ait été généralement pleine de réserve, « plus d'une fois, des expressions de haine contre les Modocs » rompirent le silence.

En commémoration de cet assassinat, un monument, la Croix de Canby, fut érigé dans le Lava Beds National Monument. Plusieurs villes portent le nom de Canby : une dans le comté de Clackamas, dans l'Oregon, une dans le comté de Yellow Medicine dans le Minnesota, et une dans le comté de Modoc, en Californie.

Film

Le colonel Canby est mentionné dans le script du western spaghetti de Sergio Leone, Le Bon, la Brute et le Truand. Son adversaire, le général Sibley, y apparaît brièvement.

Le film l'Aigle solitaire (Drum Beat, 1954) de Delmer Daves, a pour thème l'histoire (très romancée) de la guerre des Modocs. Le meurtre du général Canby (Warner Anderson) par Captain Jack (Charles Bronson) y est relaté.

Notes et références

Notes

  1. Il est de la même promotion que les futurs généraux Henry Wager Halleck, Joseph Abel Haskin, Henry Jackson Hunt, Edward Otho Cresap Ord, Eleazer Arthur Paine, James Brewerton Ricketts, Isaac Ingalls Stevens et Lewis Addison Armistead, Jeremy Francis Gilmer, Alexander Robert Lawton. Les sept premiers dans les rangs de l'armée de l'Union et les trois derniers dans ceux confédérés
  2. On désigne ainsi des aventuriers politiques venus du Nord vers le Sud après la guerre civile pour s'y immiscer de manière opportuniste dans la vie politique.
  3. Riddle était le fils de Frank Riddle, l'interprète de Canby pendant les discussions.
  4. Sauf un journal de Géorgie qui titre l'histoire : « Le capitaine Jack et ses guerriers vengent le Sud en assassinant le général Canby, un de ses plus grands oppresseurs ». À l'opposé, des citoyens de Richmond, en Virginie, où Canby avait effectivement occupé le poste de gouverneur militaire, se rassemblent le pour exprimer leur appréciation de Canby et regretter sa mort.

Références

Annexes

Bibliographie

  • (en) John H. Eicher et David J. Eicher, Civil War High Commands, Stanford University Press, , 1040 p. (ISBN 0-8047-3641-3).
  • (en) Max L. Heyman, Jr., Prudent Soldier : a Biography of Major General ERS Canby, 1817-1873, Glendale, CA, The Arthur H. Clark Co., coll. « Frontier Military Series III », .
  • Filson Historical Society Library : MS #118. "Canby, Edward Richard Sprigg, 1819[sic]-1873. Papers, 1837-1873." A\C214 (1 box, 146 items; inclut des extraits de journaux contemporains rapportant la mort du GĂ©nĂ©ral Canby et ses consĂ©quences).

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