Québécois (peuple)
Les Québécois sont les habitants de la province et nation[2] du Québec, au Canada. Ils se distinguent des autres habitants du Canada par le fait, entre autres, qu'ils sont en majorité des locuteurs francophones, mais aussi par une culture, une histoire et des valeurs différentes de ceux-ci. La majorité des Québécois sont descendants des Français qui se sont établis en Nouvelle-France au XVIIe siècle, devenu ensuite le Québec, mais compte aussi d'autres membres de communautés culturelles qui ont été intégrés au cours des siècles. Ce gentilé a été adopté au tournant des années 1960 et remplace au Québec celui de « Canadien français », usité jusqu'alors par les Canadiens d'origine française. Il réfère à un peuple, mais aussi, par l'effet de la loi, à tous les résidents du Québec.
Les francophones natifs au Québec représentent aujourd'hui un peu moins de 80% de la population et la majorité de ceux-ci sont d'origine française. L'autre 20% est formé de citoyens de diverses communautés culturelles parlant d'autres langues, historiquement en grande partie constitué de descendants d'origine britannique arrivés à partir de la Conquête de 1759-1760, puis d'origines mondiales différentes. Ceci inclut les peuples autochtones voulant s'y identifier.
Les Québécois possèdent des institutions qui leur sont propres. Ils sont politiquement représentés par un gouvernement formé d'un lieutenant-gouverneur, nommé par le gouverneur-général du Canada sur recommandation du premier ministre du Canada, représentant le Roi ou la Reine du Canada dont les pouvoirs exécutifs sont exercés, par convention constitutionnelle, par un premier ministre et par une assemblée législative appelée Assemblée nationale. Ce gouvernement exerce les pouvoirs qui lui sont dévolus par la constitution du Canada. Cependant, pour devenir loi, tout projet de loi adopté par l'Assemblée nationale, doit être sanctionné par le lieutenant-gouverneur.
Sens
En relation avec l’idéologie politique, l'époque et le contexte, ce terme peut désigner le gentilé du Québec (l’ensemble des habitants du territoire), les citoyens canadiens installés au Québec, les Canadiens français installés au Québec ou toute personne participant à la société et à la culture québécoise. Les individus de la diaspora québécoise peuvent également se désigner comme Québécois[3] - [4] - [5].
Cette nationalité sociologique peut ainsi prendre un sens ethnique, un sens civique ou les deux simultanément. Ces distinctions ne sont pas sans rappeler celles qui existent entre droit du sol et droit du sang. Encore, celles-ci ne sont pas appropriées dans le contexte québécois, car il n'existe pas de citoyenneté québécoise au sens propre du terme. Sauf pour la citoyenneté canadienne, il existe cependant des critères juridiques propres à l'État du Québec qui définissent des privilèges spécifiques permettant l'accès à certains services offerts par ce même État, tel que l'accès au système de santé public québécois. Cependant, ces privilèges ne sont pas identifiés au sens de citoyenneté québécoise et réfèrent la plupart du temps aux citoyens ou résidents permanents canadiens installés au Québec.
Histoire des Québécois
La loi 101, une loi phare
La Charte de la langue française (chapitre 5 des lois du Québec de 1977 et chapitre C-11 des lois révisées du Québec), communément appelée Loi 101, à cause du numéro du projet de loi qui l'a précédée, est une loi phare du peuple québécois. Entrée en vigueur le 26 août 1977, jour de sa sanction, le premier alinéa de son préambule édicte:
« Langue distinctive d'un peuple majoritairement francophone, la langue française permet au peuple québécois d'exprimer son identité »[6]
L'article premier de la Charte, se lit comme suit: « Le français est la langue officielle du Québec »[7].
La version anglaise de cette loi traduit le mot « Québécois » par « Quebecer » au deuxième alinéa de son préambule. Mais, on ne sait pas si le mot « Quebecer » désigne les Québécois anglophones, ou s'il s'agit simplement d'une traduction anglaise du mot « Québécois »[8].
Il faut noter cependant, que la Charte de la langue française ne s'applique pas aux organismes du gouvernement fédéral, ni aux entreprises sous juridiction fédérale, présents au Québec.
Le 13 mai 2021, le gouvernement du Québec déposa à l'Assemblée Nationale le projet de loi 96 intitulé « Loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français », entrée en vigueur le 1er juin 2022 (chapitre 14). Les amendements adoptés au préambule de la Charte de la langue française ne parlent plus seulement de « peuple québécois », mais aussi de « nation québécoise ». L'article premier se lit désormais comme suit: « Le français est la langue officielle du Québec. Seule cette langue a ce statut ».
Cette loi vise aussi à modifier, en son article 159, l'article 90 de la Loi constitutionnelle de 1867 (l'une des lois fondamentales incluse dans la Constitution du Canada), en y ajoutant l'article 90.1 édictant que: « Les Québécoises et les Québécois forment une nation » [9].
L'article 90.2, édicte que: « Le français est la seule langue officielle du Québec. Il est aussi la langue commune de la nation québécoise »[9].
Autres lois
Le 18 décembre 1982, entra en vigueur le projet de loi 90 (chapitre 62 et chapitre A-23.1 des lois révisées du Québec), « loi sur l'Assemblée nationale » qui, par son article 15, instituait un second serment, cette fois-ci « de loyauté envers le peuple du Québec », en plus de celui portant allégeance au Roi du Canada prévu à l'article 128 de la « Loi constitutionnelle de 1867 », que doivent prêter les députés, afin de pouvoir siéger à l'Assemblée nationale.
Le 28 février 2001, entra en vigueur le projet de loi 99 (chapitre 46 des lois de l'an 2000 et chapitre E-20.2 des lois revisés du Québec) « loi sur l'exercice des droits fondamentaux et des prérogatives du peuple québécois et de l'État du Québec », dont le premier paragraphe du préambule se lit comme suit:
« Considérant que le peuple québécois, majoritairement de langue française, possède des caractéristiques propres et témoige d'une continuité historique enracinée dans son territoire sur lequel il exerce ses droits par l'entremise d'un État national moderne doté d'un gouvernement, d'une assemblée nationale et de tribunaux indépendants et impartiaux. »
Référendums sur l'indépendance du Québec
Deux gouvernements du Parti québécois ont tenu chacun un référendum sur l'indépendance du Québec, en 1980 et en 1995.
En 1980, la question était :« Accordez-vous au Gouvernement du Québec le mandat de négocier l'entente proposée entre le Québec et le Canada? » Cette entente devait permettre au Québec d'accéder à l'indépendance, assortie d'une union économique avec le reste du Canada. Le 20 mai de cette année-là, la proposition fut rejeté par 60% des voix exprimées.
En 1995, la question était: « Acceptez-vous que le Québec devienne souverain, après avoir offert formellement au Canada un nouveau partenariat économique et politique? » Le 30 octobre de cette année-là, la proposition fut rejetée par 50,6% des voix exprimées.
Reconnaissance
L'Assemblée nationale du Québec et la Chambre des communes du Canada ont tous les deux reconnu l'existence d'une nation québécoise[2]. La motion sur la nation québécoise de la Chambre des communes, au niveau fédéral datant de 2006, est toutefois la plus récente. Cependant, aucune de ces déclarations n'a d'effet juridique.
Identité
Contribution des métis
Au début de la colonisation, les coureurs des bois se sont métissés avec les autochtones des Premières Nations. À l'époque les mariages à l'indienne entre les Canadiens d'alors et autochtones étaient réprimés, les enfants issus de ces mariages étaient considérés comme des bâtards, parce que les parents n'étaient pas mariés à l'européenne, c'est-à-dire de façon religieuse (et dans ce cas chrétienne). Ni les Québécois, ni les communautés autochtones ne reconnaissent leurs identités distinctes[10]. Les personnes dites métissées ont longtemps occulté leur ascendance autochtone par crainte de discrimination[11]. Cependant depuis 2016, la Cour suprême du Canada a reconnu que les métis sont des Indiens au sens de la loi actuelle et toujours en vigueur[12].
Lorsqu'ils baptisent les autochtones, les missionnaires leur donnaient des prénoms français, d'où la difficulté à retracer aujourd'hui leurs origines ethniques par la généalogie[13]. Une étude de 2010 conclut qu'environ les deux tiers des Québécois ont des gènes autochtones, mais individuellement à hauteur de 1% seulement[14] - [15].
Quant aux autochtones eux-mêmes, de manière générale ne se disent ni Québécois, ni Canadiens. Selon leur volonté, ils ne font pas partie du peuple québécois.
Notes et références
Notes
Références
- Gouvernement du Canada, « Profil du recensement, Recensement de 2021 » (consulté le ).
- « Reconnaissance de la nation québécoise - Secrétariat du Québec aux relations canadiennes », sur www.sqrc.gouv.qc.ca (consulté le ).
- (fr) Québécois - Le grand dictionnaire terminologique, Office québécois de la langue française, (lire en ligne).
- (fr) Le Robert micro : dictionnaire d'apprentissage de la langue française, Dictionnaire le Robert, .
- Informations lexicographiques et étymologiques de « québécois » (sens onglet 2, II-a,β) dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales.
- Il est à remarquer que le mot "peuple" pour désigner le peuple québécois, est employé ici pour a première fois dans une loi du Québec;
- Il est à remarquer que le texte de cet article est pareil à celui de l'article premier de la Loi sur la langue officielle (Québec), Statuts du Québec, (1974), chapitre 6, dite "Loi 22", suivant le numéro attribué au projet de loi d'origine;
- Quand « québécois » ne se traduit pas. Alex Boisonneault et Hugo Lavallée, Radio-Canada, 22 novembre 2021;
- « Institutions et Constitution - Secrétariat du Québec aux relations canadiennes », sur sqrc.gouv.qc.ca (consulté le )
- « La question métisse au Québec », sur erudit.org, .
- « Des insultes proférées envers les Métis de l'est », sur ici.radio-canada.ca,
- L'arrêt Daniels c Canada, 14 avril 2016, (2016), 1 RCS, 99. Aussi: "Les métis et les Indiens non inscrits sont des Indiens au sens de la loi", Radio-Canada, 14 avril 2016. Mais voir aussi: "Métis pour certains, usurpateurs pour d'autres", Radio-Canada, 21 janvier 2021;
- « Histoire des Autochtones en Abitibi-Témiscamingue : deux communautés, une nation », sur ici.radio-canada.ca, .
- « Oui, vous avez probablement un ancêtre autochtone », . "Les détails du patrimoine génétique des Québécois", Jean-François Cliche, journal Le Soleil, 30 juin 2013.
- « Une étude généalogique et génétique de la contribution amérindienne à la population canadienne française du Québec », .