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Cagot

Le terme de Cagots ou Caqueux dĂ©signe des femmes et des hommes ayant Ă©tĂ© victimes d’une sĂ©grĂ©gation puis d’une discrimination au cours d’une pĂ©riode qui s’étale du XIIIe siĂšcle au XIXe siĂšcle, dans une aire gĂ©ographique chevauchant les PyrĂ©nĂ©es et qui s’étend du Sud de la Garonne au Nord de l’Èbre. Ces personnes, injustement suspectĂ©es d’ĂȘtre porteuses de lĂšpre (lĂšpre hĂ©rĂ©ditaire ou lĂšpre blanche) ou descendantes d’une race maudite (Goths, Cathares, Sarrasins, etc.), Ă©taient repoussĂ©es en marge de la sociĂ©tĂ©, et ne pouvaient le plus souvent qu’exercer des professions artisanales touchant au bois. La pĂ©rennitĂ© de la sĂ©grĂ©gation Ă©tait permise par l’obligation de l’endogamie entre cagots. Les modalitĂ©s et l’intensitĂ© de la discrimination, ainsi que les dĂ©nominations associĂ©es, ont fortement variĂ© selon l’espace et le temps.

À Saint-LĂ©ger-de-Balson (Gironde), la source Saint-Clair est « double », l'une pour les pĂšlerins chrĂ©tiens, l'autre pour les cagots. (FĂ©v. 2010).
Derniers cagots « Agotes », localité de Bozate (Navarre), à la fin du XIXe siÚcle, assemblage de photographies de 1900.
Répartition des langues indo-européennes au VIe siÚcle av. J.-C.

Un cagot, au fĂ©minin cagote, pour le sud-ouest de la France, Ă©tait aussi appelĂ© agote, sur le versant sud des PyrĂ©nĂ©es, en Espagne. D'autres noms, tels que carrĂČts, cascarrĂČts, capots, coquets, ou mĂȘme collibertus (dĂ©signant originellement le serf et le traitre ; puis un appelant de chasse aux canards sauvages) les qualifiaient de la Normandie jusqu'au Pays basque, sur une zone Ă©tendue entre Massif central et littoral atlantique. De plus, des populations similaires existaient en Bretagne (les caqueux, caquins ou caquous), considĂ©rĂ©s comme descendants de lĂ©preux. Les termes employĂ©s Ă©taient pĂ©joratifs, excluants, et employĂ©s par les populations sĂ©dentaires.

Les archives montrent que les familles cagotes qui Ă©taient Ă©tablies dans le sud de la France, ont Ă©tĂ© frappĂ©es d'exclusions et de rĂ©pulsions jusque dans leurs quartiers et villages du Pays basque et de Gascogne dĂšs le XIIIe siĂšcle ; puis de part et d'autre du PiĂ©mont pyrĂ©nĂ©en Ă  partir de la Renaissance[1] - [2]. Outre de probables raisons religieuses d'hĂ©rĂ©sie, la rĂ©putation des cagots a Ă©tĂ© mise Ă  mal dĂšs le Moyen Âge, lorsqu'ils ont Ă©tĂ© en plus associĂ©s Ă  la peur des Ă©pidĂ©mies de lĂšpre. Plus tard, leur situation a empirĂ© lorsqu'ils ont Ă©tĂ© aussi associĂ©s aux gens du voyage de la Petite Égypte migrants en Europe.

Étymologie de cagot

Migrations wisigothes entre 376 et 418.
Le Royaume wisigoth vers 500.
Dialectes actuels en sud France:
  • gascon
  • languedocien
  • limousin
  • auvergnat
  • languedocien en cha
  • vivaro-alpin
  • provençal
  • Sous-dialectes de l'occitan en sud France (selon D. Sumien[3]).

    Une hypothÚse perdure soutenant que cagot s'est formé par contraction de ca-nes-goth en ca-goth puis par déformations phonétiques patoisantes: cagotte, agote, cagot et capot. Car des populations goths repoussées vers le sud par les Francs, se sont réfugiées en nombre à l'intérieur et aux pieds des Pyrénées. Sur leur parcours, ces groupes de Goths ont reçu de la part des habitants autochtones, des noms injurieux. Est notamment attesté dans des documents en latin, le terme de canes gothi, c'est-à-dire « chiens de Goths »[4]. Cette dénomination injurieuse est usitée dÚs 507 pour désigner les Goths (notamment les wisigoths) à cause de leur attachement à l'arianisme, objet de scandale pour les chrétiens catholiques.

    Selon cette hypothĂšse, cette race cagotte (de goths ariens donc), vouĂ©e Ă  la persĂ©cution des Francs christianisĂ©s victorieux Ă  la bataille de VouillĂ©, en 507, oĂč Clovis tua Alaric II, roi des wisigoths, aurait Ă©tĂ© obligĂ©e de se cacher dans les plus secrets rĂ©duits des montagnes pour conserver ses habitudes religieuses. Elle y aurait, outre la consanguinitĂ©, contractĂ© la lĂšpre et l'hypothyroĂŻdie, maladies endĂ©miques qui, conjuguĂ©es entre elles, auraient rĂ©duit cette race Ă  un possible Ă©tat gĂ©nĂ©tique et physiologique de crĂ©tinisme (Ă  rapprocher du « crĂ©tin des Alpes »).

    Lorsque, par la suite, les cagots auraient fini par abjurer l'arianisme pour se réunir à la communion romaine (en 589 pour les Wisigoths), la communauté cagotte aurait alors été suspectée d'abriter des traitres (collibertus), hérétique (Canes gothi), voire lépreux (ladres et infects). Et les plus anciennes attestations de noms du type cacor, cacos, cagou ne seraient que des déformations patoisantes locales du terme cagot.

    Plus tard, Rabelais lui-mĂȘme utilise dĂšs 1535 le terme cagot en français et cela, dans un passage de Gargantua au sujet de l'abbaye de ThĂ©lĂšme : une inscription sur la porte en interdit l'entrĂ©e aux « hypocrites, bigots, cagots ». Ces termes de bigots et de cagots liĂ©s dans une mĂȘme phrase sont associĂ©s par la rime et par l'analogie d'un Ă©lĂ©ment -got, puis par leur signification respective.

    L’AcadĂ©mie française, dans son Ă©dition 1932-1935, donne comme dĂ©finition au mot cagot : « Celui, celle qui a une dĂ©votion fausse ou mal entendue. » ou Got, en langue germanique, signifiait « Dieu » ; dont seraient et delĂ  tirĂ©s les mots de bigot et cagot, pour dĂ©noter ceux qui avec une trop grande superstition s’adonnent au service de Dieu. ».

    Étienne Pasquier[5] Ă©crit au XVIe siĂšcle : « Got en langue germanique et française signifiait Dieu, et de lĂ  nous tirons les mots de bigot et cagot ».

    P. M. Quitard propose une autre hypothÚse[6] : Court de Gebelin fait procéder ce mot d'un latin caco-deus, rapporté par Ducange. Caco, signifiant « faux, mauvais, fourbes ». Le caco-goth serait devenu un traitre de cagot. Du mot grec cacos rappelons enfin que les wisigoths qui proviennent de régions au nord de la GrÚce et sont passés par ce pays pour conquérir Rome puis s'installer dans les Pyrénées.

    Une étymologie béarnaise cagot: « lépreux blanc » serait aussi existante[7] - [8].

    Le latin cacare Ă©voluant vers l'occitan cagar « dĂ©fĂ©quer » est l'hypothĂšse retenue par les lexicographes et les linguistes modernes. Sur le plan sĂ©mantique, le mot dĂ©signait bien Ă  l'origine des populations reculĂ©es des vallĂ©es pyrĂ©nĂ©ennes (peut-ĂȘtre affectĂ©es de la lĂšpre ou d'une autre maladie) et aurait Ă©tĂ© aussi appliquĂ© par dĂ©rision aux bigots[9] - [8].

    Le bĂ©arnais cagot serait un diminutif de cac-osus : la racine cac- du verbe bas-latin cacare (qui a Ă©voluĂ© vers l'occitan cagar cf. cagole, correspondant Ă  chier, mot d'oĂŻl de mĂȘme origine)[10] Ă  laquelle s'ajoute un dĂ©rivĂ© bas latin en -osus non attestĂ© *cacosus « breneux »[11] - [12]. L'hypothĂšse serait nĂ©anmoins renforcĂ©e par l'existence en moyen français des mots cacor (attestĂ© dĂšs 1285[13]), cacos (1321[14]), cagou (1426[15]) et caqueux (XVe siĂšcle)[8] - [12]. Cependant cagou semble breton, car le breton a cagal, pluriel cagalou « crotte », ayant aussi postĂ©rieurement le sens de « misĂ©rable, gueux, mendiant »[8] qui est vraisemblablement un correspondant du bĂ©arnais cagot.

    En rĂ©sumĂ©, le Cagot bĂ©arnais semble plutĂŽt une appellation dĂ©prĂ©ciative occasionnelle; celle plus neutre de crestian Ă©tant plus rĂ©pandue (par exemple dans la toponymie). La prononciation bĂ©arnaise n'est d'ailleurs pas [ca'go] mais [ca'gĂČt] : comme le -ĂČt est un suffixe diminutif occitan, cagĂČt peut se traduire littĂ©ralement par « crotte » ou « petit merdeux ».

    Localisation et désignation

    Un lépreux agitant sa crécelle. Enluminure d'un manuscrit de Barthélémy l'Anglais, Livre des propriétés de choses, France, fin du XVe siÚcle, Paris, BnF, département des Manuscrits.
    Porte des cagots de l'Ă©glise de Sauveterre-de-BĂ©arn.
    A gauche dans l'ombre d'un escalier, les gens terrifiés se cachent et se bousculent pour s'éloigner d'un lépreux qui agite sa cloche pour se signaler.

    Les cagots sont prĂ©sents en France en Gascogne (des portes de Toulouse[16], jusqu'au Pays basque, en Armagnac, en Chalosse, dans le BĂ©arn, en Bigorre et dans les vallĂ©es pyrĂ©nĂ©ennes), mais aussi dans le nord de l'Espagne (Aragon, Navarre sud et nord, Pays basque et Asturies) oĂč ils sont dĂ©signĂ©s par le terme Agotes[17]. Quoique rĂ©duits depuis des siĂšcles Ă  n'avoir de relations normales qu'entre eux, ils ne constituaient cependant pas un groupe en tant que tel, ils Ă©taient au contraire dissĂ©minĂ©s, vivant par petits groupes de deux ou trois familles aux abords de presque toutes les villes ou villages des rĂ©gions mentionnĂ©es[18]. Ces hameaux Ă©taient appelĂ©s crestianies puis Ă  partir du XVIe siĂšcle cagoteries[19] - [20] ou aux Capots. À l’échelle du BĂ©arn par exemple, la rĂ©partition des cagots, souvent charpentiers, s’apparente Ă  celle des autres artisans nombreux essentiellement dans le piĂ©mont. Loin de s’agglutiner en quelques lieux, les crestians s’éparpillent dans 137 villages et bourgs. En dehors des montagnes, 35 Ă  40 % des communautĂ©s connaissent des cagots, surtout les plus importantes, Ă  l’exclusion des trĂšs petits villages[21]. La toponymie et la topographie indiquent que les endroits oĂč se trouvaient les cagots prĂ©sentent des caractĂ©ristiques constantes ; ce sont des Ă©carts, en dehors des murs, nommĂ©s « crestian » (et dĂ©rivĂ©s) ou « place » (les noms Laplace sont frĂ©quents) Ă  cĂŽtĂ© de points d'eau, lieux attribuĂ©s pour vivre et surtout pratiquer leurs mĂ©tiers.

    Insigne saillant de façade signalant l'habitation d'un cagot à Langogne (LozÚre).

    Selon les lieux et les époques, les façons de désigner les cagots ont évolué.

    Avant le XVIe siĂšcle, Cagots, Crestians et GĂ©sitains pour cause de religion et lĂšpre

    Les chercheurs et historiens Ă©valuent aujourd'hui l'apparition des « crestians » ou « chrestias » au XIIIe siĂšcle[22]. la dĂ©signation a peut-ĂȘtre Ă©tĂ© synonyme en gascon de « lĂ©preux blancs ». Les lĂ©preux Ă©taient quant Ă  eux dĂ©signĂ©s sous le nom de pauperes Christi « pauvres du Christ », Ă  rapprocher des Anawim, les « pauvres de YavhĂ© ». On pensait peut-ĂȘtre Ă  l'Ă©poque Ă  un principe de prĂ©caution dictĂ© par Dieu, d'oĂč le terme de crestian.

    Les crestias sont appelĂ©s, Ă  Bordeaux, ladres (voleur en gascon) qui signifiait lĂšpre en ancien français, terme aussi Ă  rapprocher de ladrĂłn signifiant voleur ou pillard en espagnol et donc synonyme de bagaude, duquel cagot pourrait ĂȘtre issu. Les chroniques les dĂ©signent souvent encore par les dĂ©nominations de capos, gaffos, tous termes de mĂ©pris qui signifiaient aussi lĂ©preux. À cette mĂȘme Ă©poque on les appelait aussi des noms de Lazare. D'ailleurs, dans certains textes du XVIe siĂšcle, le terme cagot et ses Ă©quivalents sont employĂ©s comme des synonymes de « lĂ©preux ». En bĂ©arnais, ce terme signifiait « lĂ©preux blanc ». Les dĂ©nominations de Gahet (gahets, gahetz, gafets, gaffets) et de Gahouillet, forme pyrĂ©nĂ©enne du castillan gajo lĂ©preux, sont aussi utilisĂ©es. LĂšpre dĂ©signe au Moyen Âge diffĂ©rentes maladies de peau mal dĂ©finies : la lĂšpre rouge est presque toujours mortelle ; la lĂšpre blanche ou lĂšpre tuberculeuse prĂ©sente des signes semblables, mais peut se stabiliser. Toutes les maladies de peau, donc visibles, Ă©taient assimilĂ©es Ă  une lĂšpre, une ladrerie, d'un mot hĂ©breu rattachĂ© Ă  Lazare. Tous ces malades inspirent la peur de la contagion et sont isolĂ©s hors des villages. La seule et mauvaise connaissance des maladies de peau visibles, sous le terme gĂ©nĂ©rique de lĂšpre, induisait faussement que toutes ces maladies Ă©taient transmissibles par le contact et se transmettaient dans les gĂ©nĂ©rations.

    Le terme employé pour lÚpre en Gascogne était lo mau de sent Lop (« le mal de saint Loup »), ou plus souvent lo malandrÚr, (litt., « le mal-aller », lat. malandria, ), cf l'italien malandato, « mal fichu », et les mots français « malandrin » et « maladrerie » qui en découlent aussi. Le terme ladre (du nom Lazarus) est aussi employé[23]. On voit que l'assimilation de termes injurieux aux noms de la lÚpre a été d'usage courant, et demeure.

    Le terme de GĂ©sitas, GĂ©sites ou GĂ©sitains est postĂ©rieur Ă  1517, date d'un cĂ©lĂšbre procĂšs Ă  la suite d'une pĂ©tition de cagots aux États de Navarre. Cette pĂ©tition fut combattue par un certain Caxarnaut qui utilisa un texte de l'Ancien Testament oĂč il est question d'un prince sauvĂ© de la lĂšpre par le prophĂšte ÉlisĂ©e, mais trahi par son valet Geizi (GiĂ©zi ou GĂ©hazi). Ce dernier fut chĂątiĂ© sur place par le prophĂšte qui lui donna la lĂšpre ĂŽtĂ©e peu de temps avant Ă  son maĂźtre. Caxarnaut voulait dĂ©montrer que la lĂšpre Ă©tait incurable et d'origine divine[24]. Ce sont les textes officiels qui appellent les cagots les gĂ©zites, mot curieux et savant que le peuple n’adoptera pas et que l’on trouvera seulement dans la bouche ou sous la plume des lettrĂ©s[25].

    Au fil des siÚcles, de nouvelles appellations pour désigner les cagots

    Les pattes palmée de l'oie, un oiseau palmipÚde.

    Le nom de cagot est apparu vers le XVIe siĂšcle, lorsque la thĂ©orie des origines goths remplace celle des lĂ©preux[24]. Au temps de la renaissance, le mot crestia ou crestian qui dĂ©signait les cagots au Moyen Âge est totalement abandonnĂ© dans la langue courante. Aux XVIIe et XVIIIe siĂšcles, en Armagnac, en Condomois, en Lomagne, le peuple les appelle capots, en BĂ©arn cagots, au Pays basque français et en Navarre espagnole agots[25]. Les cagots sont aussi appelĂ©s agotas (Ă  Bordeaux, dans l'Agenais, et les Landes), agotz (Pays basque). Durant cette mĂȘme pĂ©riode apparaissent aussi les appellations mĂšstres (maĂźtres dans le travail du bois) et charpentiers. Les Parlements, non sans difficultĂ©, essaieront d’imposer l’usage de charpentier parce que les mots capot ou cagot sont ressentis comme une insulte[25].

    Les cagots étaient aussi appelés dans d'autres régions :

    Et enfin, ils sont dĂ©nommĂ©s colliberts en Bas-Poitou[29], du latin collibertus, signifiant originellement un pauvre ou un serf (AntiquitĂ©), puis dĂ©signant ensuite un "traitre" (Moyen Âge). En Poitou, Collibertus a Ă©tĂ© aussi employĂ© pour dĂ©signer le nom d'un palmipĂšde fort bien connu sur la cote atlantique: le canard colvert. Le colvert dont l'appelant de chasse est une sorte de "traitre" envers les colverts sauvages de passage qui sont abattus. Ce mĂȘme Colvert sauvage dont les populations borĂ©ales migrent tous les ans vers le sud pour y hiverner...

    Une migration annuelle, telle celle que font les Compagnons cagots accompagnés de leurs familles. Car ces ouvriers trÚs qualifiés ne peuvent plus travailler l'hiver sur les toitures devenues trop dangereuses aux maçons, charpentiers et couvreurs itinérants...

    Les cagots sont donc souvent des semi-nomades économiques qui évoluent entre les Mercheros (Espagne) et les Yéniches (centre et Est de la France) qui sont aussi des nomades de professions (merciers, rémouleur, ferrailleur, vannier, etc) et vivent en marge des sociétés sédentaires.

    DĂšs le XVe siĂšcle, le phĂ©nomĂšne de rejet des cagots s'est tout Ă  coup aggravĂ© Ă  la suite de l'arrivĂ©e en Europe des groupes de la Petite Égypte dont les premiers Roms expliquaient qu'ils avaient quittĂ© leur pays pour expier leur apostasie (rĂ©elle ou allĂ©guĂ©e) de la foi chrĂ©tienne. Pris pour ces gens du voyage, les cagots furent ainsi de plus en plus mĂ©prisĂ©s et rejetĂ©s par les populations sĂ©dentaires.

    Une population réprouvée

    BagnĂšres-de-Bigorre - l'Adour et le quartier des cagots

    Les cagots vivant comme des proscrits et frappĂ©s de tabou, un nombre considĂ©rable d’interdictions dictĂ©es par la superstition pesaient sur eux : certaines Ă©taient orales, mais d’autres Ă©taient transcrites dans les « fors » (lois) de Navarre et du BĂ©arn des XIIIe et XIVe siĂšcles.

    Lorsqu'un cagot Ă©tait reconnu et la dĂ©cision de le proscrire prise, il Ă©tait arrachĂ© Ă  sa famille, on le recouvrait d'un drap mortuaire, le chef de la paroisse venait le prendre en procession, le conduisait Ă  l'Ă©glise, oĂč il Ă©tait placĂ© en chapelle ardente pour entendre les priĂšres des morts et recevoir des aspersions, avant d'ĂȘtre conduit Ă  la maison qu'il devait occuper. « ArrivĂ© Ă  la porte, au-dessus de laquelle Ă©tait placĂ©e une petite cloche surmontĂ©e d'une croix, le lĂ©preux, avant de se dĂ©pouiller de son habit, s'est mis Ă  genoux, le curĂ© Ă  fait un discours touchant, l'a exhortĂ© Ă  la patience, lui a rappelĂ© les tribulations de JĂ©sus-Christ, lui a montrĂ©, au-dessus de sa tĂȘte, prĂȘt Ă  le recevoir, le ciel, sĂ©jour de ceux qui ont Ă©tĂ© affligĂ©s sur la terre. Le malade a retirĂ© ensuite son vĂštement, mis sa tartarelle de ladre, pris sa cliquette pour qu'Ă  l'avenir tout le monde eĂ»t Ă  fuir devant lui. Alors le curĂ©, d'une voix forte, lui a fait savoir, en ces termes, les dĂ©fenses prescrites par le rituel :

    « : Je te défends de sortir sans ton habit de ladre.

    Je te défends de sortir nu-pieds.
    Je te défends de passer par les ruelles étroites.
    Je te défends de parler à quelqu'un lorsqu'il sera sous le vent.
    Je te défends d'aller dans aucune église, dans aucun moutier, dans aucune foire, dans aucun marché, dans aucune réunion d'hommes.
    Je te défends de boire et de laver tes mains, soit dans une fontaine, soit dans une riviÚre.
    Je te défends de manier aucune marchandise avant de l'avoir achetée.
    Je te défends de toucher les enfants. Je te défends de leur rien donner.
    Je te défends enfin d'habiter avec toute autre femme que la tienne[30]. »

    Interdits et obligations

    Les interdits pesant sur les cagots ne se cumulaient pas toujours. Il faut tenir compte des diffĂ©rences locales de part et d'autre des PyrĂ©nĂ©es, et des Ă©volutions dans le temps (sur une trĂšs longue pĂ©riode de 800 ans) de la rĂ©alitĂ© des cagots.

    Discriminations de lieu d'habitation

    Mis Ă  l'Ă©cart, victimes d'une sorte de racisme populaire, fortement ancrĂ© localement, il leur Ă©tait dĂ©fendu, selon les lieux, sous les peines les plus sĂ©vĂšres, d'habiter dans les villes et les villages. Ils vivaient dans des quartiers spĂ©ciaux, dans des hameaux ou villages isolĂ©s, souvent d’anciennes lĂ©proseries. Ces hameaux avaient leur fontaine, leur lavoir et souvent leur propre Ă©glise et parfois un petit Ă©tablissement hospitalier gĂ©rĂ© par un ordre religieux[24].

    Obligation de porter un insigne et obligations vestimentaires

    PiĂšce monnaie "Gros Ă  la fleur de lys" dite Patte d'oie (Ă  gauche) Sous le roi Jean II le Bon - 1358

    Les cagots Ă©taient tenus de porter un signe distinctif, gĂ©nĂ©ralement en forme de patte d'oie (« pĂ©dauque ») ou de canard, coupĂ© dans du drap rouge et cousu sur leurs vĂȘtements. Francisque Michel a fait apparaĂźtre que dans une des chansons anciennes (contre la cagoterie) qu'il compila et publia (Noces de Marguerite de Gourrigues, du XVIIe siĂšcle), il semblait rĂ©sulter que, outre la patte de canard qu'ils portaient sur la poitrine, les cagots avaient encore la cocarde rouge au chapeau[31]. À Marmande, en 1396, le rĂšglement de la ville prĂ©cise que les gahets devront porter, cousu sur leur vĂȘtement de dessus, du cĂŽtĂ© gauche, un signe de tissu rouge, long d’une main et large de trois doigts[32].

    Un arrĂȘt du parlement de Bordeaux dĂ©fendit aux cagots, sous peine du fouet, de paraĂźtre en public autrement que chaussĂ©s et habillĂ©s de rouge (comme les Cacous en Bretagne)[29].

    En 1460, les États de BĂ©arn demandĂšrent Ă  Gaston IV de Foix-BĂ©arn qu'il leur fĂ»t dĂ©fendu de marcher pieds nus dans les rues sous peine d'avoir les pieds percĂ©s d'un fer, et qu'ils portassent sur leurs habits leur ancienne marque d'un pied d'oie ou de canard. Le prince ne rĂ©pondit pas Ă  cette demande[29].

    Mais à la différence des lépreux, dont le grand signe a été la cliquette ou les cliquets ou crécelle ou tartavelle, le chercheur Yves Guy écrit que l'on peut facilement défier qui que ce soit de trouver une seule allusion à un cagot s'annonçant par un instrument bruyant de ce type[33].

    À Jurançon, devant la principale porte de leurs maisons, les cagots Ă©taient forcĂ©s d'avoir une figure d'homme sculptĂ©e en pierre. Toutes ces sculptures ont Ă©tĂ© dĂ©truites par la suite avec le plus grand soin. On peut vraisemblablement penser qu'elles permettaient de signifier la prĂ©sence de cagots[31].

    Discriminations Ă  l'Ă©glise

    Sculpture de « cagot » de l’église Saint-Girons de Monein.

    Les cagots ne se rendaient au village que pour leurs besoins les plus pressants, et pour aller Ă  l'Ă©glise. Dans de nombreux cas, ils n'entraient que par une porte latĂ©rale, souvent plus petite, comme celle de l'Ă©glise d'Arras-en-Lavedan ou de l'Abbaye de Saint-Savin-en-Lavedan (petite ouverture au ras du sol appelĂ©e « fenĂȘtre des cagots »[34]) et ne prenaient l'eau bĂ©nite qu'au bout d'un bĂąton. C’est aussi au bout d’une planchette que le curĂ© leur tendait l’hostie lors de la messe. Parfois, ils avaient leur propre bĂ©nitier, simple pierre creusĂ©e incrustĂ©e dans un mur de l'Ă©glise et sans grandes sculptures. Un certain nombre de bĂ©nitiers sur pied reprĂ©sentant des Atlantes ou des Maures sont faussement attribuĂ©s au cagots, comme Ă  Pierrefitte-Nestalas et Ă  l'Abbaye de Saint-Savin-en-Lavedan[24].

    Les sacrements mĂȘme leur Ă©taient interdits en certains endroits, pour la mĂȘme raison qu'aux animaux. Ils ne pouvaient recevoir le sacrement de l'Ordre, et ne pouvaient entrer dans la citĂ© de Lourdes que dans la journĂ©e, par une porte qui leur Ă©tait rĂ©servĂ©e : la Capdet pourtet[24].

    Discriminations liées à l'état civil

    La naissance dans une famille de cagots suffisait Ă  Ă©tablir pour le reste de la vie la condition de cagot. La marginalisation des cagots dĂ©butait au baptĂȘme cĂ©lĂ©brĂ© sans carillon et Ă  la nuit tombĂ©e (la mention « cagot », ou son synonyme Ă©rudit « gĂ©zitain », Ă©tait portĂ©e sur le registre paroissial) et se terminait aprĂšs leur mort, puisqu'ils avaient un cimetiĂšre Ă  part[33]. Ils n’avaient pas de nom de famille : seul un prĂ©nom, suivi de la mention « crestians » ou « cagot », figurait sur leur acte de baptĂȘme. Sur les registres des paroisses, comme sur les actes civils, leur nom Ă©tait toujours accompagnĂ© de l'Ă©pithĂšte flĂ©trissante de cagot[35]. Ils n’étaient admis nulle part aux honneurs ou aux fonctions publiques. On ne leur permettait pas de faire, Ă  la guerre, office de combattants mais leurs services comme charpentiers Ă©taient utilisĂ©s pendant les siĂšges. Il leur Ă©tait interdit de porter toute arme ou tout outil de fer autre que ceux dont ils avaient besoin pour leurs mĂ©tiers.

    Les cagots ne pouvaient se marier qu’entre eux, car la famille qui les eĂ»t accueillis se fĂ»t dĂ©shonorĂ©e[35] ; pas de dĂ©rogation Ă  cette rĂšgle. Aussi, pour Ă©viter la consanguinitĂ©, les cagots allaient chercher femme dans d’autres communautĂ©s de cagots plus ou moins proches[25], ou ils s’expatriaient Ă  peu de distance, introduisant dans la communautĂ© d’accueil leur nom patronymique, empruntĂ© Ă  leur communautĂ© d’origine[25]. D’autre part, les villageois ne perdaient pas une occasion d'attaquer les cagots quand un mariage entre cagots avait lieu. Des cris, des chants injurieux les accueillaient au passage ; bien vite les beaux esprits du village composaient une chanson grossiĂšre, en forme de litanie oĂč tous les gens de la noce Ă©taient compris et dont on accompagnait le cortĂšge[35]. Souvent des rixes Ă©clataient, le sang coulait — mais les parias, moins nombreux, avaient presque toujours le dessous[35].

    Discriminations juridiques

    On ne les entendait en justice qu’à dĂ©faut d’autre tĂ©moignage, et il ne fallait pas moins de quatre ou mĂȘme de sept cagots pour valoir un tĂ©moin ordinaire[35]. D'aprĂšs l'ancien for de BĂ©arn, il fallait la dĂ©position de sept cagots pour valoir un tĂ©moignage[29]. Toutefois, le pouvoir juridique des cagots n'Ă©tait pas nul : ils n’étaient point serfs. Ils passĂšrent par exemple un contrat de grĂ© Ă  grĂ© (voir infra) avec Gaston FĂ©bus, dans l’église de Pau, en prĂ©sence de tĂ©moins, et par-devant notaire[36], oĂč les cagots s'engageaient Ă  la construction du chĂąteau de Montaner, contre une exonĂ©ration de la taille.

    Interdictions concernant les activités liés à la nourriture et à l'eau

    Les interdits liés aux croyances qu'ils pouvaient contaminer l'eau étaient nombreux : interdiction de venir boire aux fontaines, ils devaient prendre celle-ci à des fontaines qui leur étaient réservées. Interdiction de laver aux lavoirs communs (par exemple à Cauterets, ils ne pouvaient se baigner qu'aprÚs les autres habitants, et ne pénétrer que par une entrée dérobée donnant accÚs à des bains réservés aux seuls cagots)[24].

    Interdiction d’entretenir aucun bĂ©tail, si ce n’est un cochon pour leur provision et une bĂȘte de somme — encore n’avaient-ils pas pour ces animaux la jouissance des biens communaux[35]. Ils ne pouvaient vendre le produit de leur exploitation aux gens du village[24] (interdiction de faire du commerce).

    Il Ă©tait interdit aux cagots de labourer, de danser et de jouer avec leurs voisins[35]. Certains mĂ©tiers leur Ă©taient interdits, gĂ©nĂ©ralement ceux considĂ©rĂ©s comme susceptibles de transmettre la lĂšpre, comme ceux liĂ©s Ă  la terre, au feu et Ă  l’eau : ils n'Ă©taient donc jamais cultivateurs. Ils ne devaient porter aucun objet tranchant, donc ni arme ni couteau.

    En 1606, les États de Soule leur interdisent l'Ă©tat de meunier[29]. Les rĂšglements les plus anciens ne spĂ©cifient pas toujours que les cagots ne peuvent ĂȘtre que charpentiers ; en revanche, ils leur interdisent plusieurs autres professions, en particulier celles qui ont trait Ă  l’alimentation. C’est ainsi que la coutume de Marmande (1396) dĂ©fend aux gaffets de vendre du vin ou de faire du commerce dans les tavernes ; ils ne pouvaient pas non plus vendre du porc, du mouton, ou autres animaux comestibles ; il leur Ă©tait interdit en outre d’extraire l’huile de noix. La coutume du Mas d’Agenais (1388) dĂ©fendait de louer les gaffets pour les vendanges[36].

    Le clergĂ© comme l’aristocratie justifient ces discriminations, parfois jusqu'en plein XVIIIe siĂšcle, en dĂ©pit du fait que les cagots Ă©taient catholiques. Ils condamnent cependant les excĂšs commis sur ces populations par les manants, sur lesquels pesaient les corvĂ©es et la taille, dont Ă©taient exempts les cagots, Ă  certaines Ă©poques et dans certaines rĂ©gions.

    On ne connait pas d'étude ou de recensement sur les cagots protestants quoiqu'il dût y en avoir dans les régions majoritairement réformées du sud-ouest.

    Statut fiscal des cagots

    Charpente de l'Ă©glise Saint-Girons de Monein, construite par les cagots.

    Pour les annĂ©es 1360 et 1365 par exemple, les cagots payaient des redevances pour leurs terres ou fiefs, ainsi que des taxes sur le revenu de celles-ci[36]. L'exemption de la taille ne fut pas uniforme. Au XVe siĂšcle, dans la plupart des pays d'Ă©lection (les plus nombreux), la taille concernait les chefs de famille roturiers, elle Ă©tait rĂ©partie arbitrairement d'aprĂšs les signes apparents de richesse et en fonction des rĂ©seaux d'influence. Seules dans les rĂ©gions correspondant Ă  la "taille rĂ©elle" (dans la plupart des pays d'État), la taille[37] concernait les biens fonciers.

    L’Armagnac stricto sensu Ă©tait, avec le BĂ©arn oĂč les cagots atteignent aussi approximativement 2 % de la population, le seul pays oĂč les cagots ont eu un statut fiscal Ă  part[21] :

    Le 6 dĂ©cembre 1379 (la taille seigneuriale existait depuis environ 300 ans), les cagots (dĂ©fendus par leurs procureurs) passĂšrent un traitĂ© avec Gaston FĂ©bus par lequel ils s’engageaient Ă  exĂ©cuter toute la charpente du chĂąteau de Montaner, ainsi que les ferrures nĂ©cessaires, le tout, Ă  leurs frais ; en revanche, le prince leur accordait la remise de deux francs sur l'imposition de chaque feu (les « feux » correspondaient aux foyers ou familles) ; les dispensait de la taille ; et leur permettait de prendre le bois dans ses forĂȘts. Les exemptions d’impĂŽts dont il est ici question ne regardaient que les cagoteries existantes en 1379, et non celles Ă  venir, ainsi qu’il est spĂ©cifiĂ© dans le For de 1551[36]. Ce privilĂšge ne fut aboli qu’en 1707. On ignore si les cagoteries anciennes qui avaient Ă©tĂ© abandonnĂ©es en 1385 (Aydie, Montardon, Lagor, Laas) jouirent des bĂ©nĂ©fices du traitĂ© de 1379, lorsque plus tard elles furent Ă  nouveau occupĂ©es par les parias. Plusieurs des cagots qui figurent dans le dĂ©nombrement de 1385 semblent n’avoir pas eu Ă  payer le droit de feu. La reconnaissance des cagots envers Gaston FĂ©bus s’était manifestĂ©e deux ans plus tĂŽt (1383) par un hommage au souverain, hommage oĂč figurent quatre-vingt-dix-huit d’entre eux[36]. AprĂšs la mort de Gaston FĂ©bus, la rĂ©novation du fort, en 1398, exempte ces cagots selon les termes du contrat, pour leurs cagoteries, tout comme les ecclĂ©siastiques pour leurs bĂ©nĂ©fices[21] ; en 1379, des serfs furent eux aussi dispensĂ©s de corvĂ©es, contre des versements en argent dont le produit fut affectĂ© aux travaux du chĂąteau de Montaner[38].

    Dans les Landes et la Chalosse, oĂč leur prĂ©sence Ă©tait « forte », les cagots devaient acquitter un tarif de droits paroissiaux qui leur Ă©tait propre[21].

    Globalement, le nombre des questes des cagots levĂ©es dans les diffĂ©rentes recettes du comte d’Armagnac recoupe assez bien la frĂ©quence de la toponymie cagot. On pourrait, a priori, penser que la queste ou emparanse (impĂŽts), repose sur les chefs de famille. En rĂ©alitĂ© la situation est sans doute plus complexe.

    Concernant le cens, l'exemple peut ĂȘtre donnĂ© des gahets de Bordeaux, charpentiers de leur Ă©tat, qui Ă©taient rassemblĂ©s dans un faubourg oĂč ils formaient une sorte de communautĂ©. Ils y avaient, au milieu des vignes, une chapelle particuliĂšre appelĂ©e de leur nom Saint-Nicolas-des-Gahets[39], et ils payaient pour le tout un cens annuel de 16 sous au chapitre de la cathĂ©drale Saint-AndrĂ©. Il leur Ă©tait interdit de toucher aux vivres des marchĂ©s, ni d’entrer dans les boucheries, les tavernes et les boulangeries[40].

    Les cagots Ă©taient Ă©pargnĂ©s, sous les familles Albret, de la Gabelle en BĂ©arn, Bigorre et Chalosse. Cette exemption, quand elle existait, a durĂ© jusqu'au rĂšgne de Louis XIV, date Ă  laquelle on comptait encore 2 500 cagots en BĂ©arn. Par ordonnance royale, ceux-ci rachetĂšrent alors leur « affranchissement », moyennant finances compensant les impĂŽts dont ils Ă©taient dispensĂ©s.

    MĂ©tiers cagots

    On considĂ©rait au Moyen Âge que le fer ou le bois ne pouvaient pas transmettre la lĂšpre. Beaucoup de cagots Ă©taient donc charpentiers, menuisiers, bĂ»cherons, sabotiers, tonneliers ou forgerons. Ces mĂ©tiers dĂ©pendaient des rĂ©gions oĂč vivaient les cagots. Ceux-ci ne pouvaient exercer que le mĂ©tier de charpentier en BĂ©arn, ou celui de bĂ»cheron dans le Gers[33].

    Cagots bĂątisseurs

    Le chĂąteau de Montaner, construit par les cagots, pour Gaston FĂ©bus.
    Bénitier destiné aux cagots, cathédrale d'Oloron, Béarn

    Les cagots excellaient dans le travail du bois. ils ont participé à la construction de la charpente de nombreux édifices, dont certains sont aujourd'hui des monuments historiques.

    • Au XIIIe siĂšcle : c’est Ă  des cagots du BĂ©arn que l’on confie la construction de la charpente de Notre-Dame de Paris[18] - [41].
    • 1379 : sous la direction de Sicard de Lordat et de vingt-cinq maĂźtres maçons, les cagots construisent le chĂąteau de Pau[36]. Dans le BĂ©arn, une liste des cagots ayant travaillĂ© Ă  la charpente du chĂąteau de Montaner (engagement pris en 1379, rĂ©alisĂ© en 1398), ainsi que le dĂ©nombrement gĂ©nĂ©ral de la vicomtĂ© en 1385, permettent de faire pour cette Ă©poque une approximation du nombre de cagots entre 600 et 1 000 personnes[42]. Pour le chĂąteau de Montaner, le maĂźtre charpentier cagot Pierre Doat s’engage pour les cagots Ă  installer des fours pour y cuire 100 000 briques par an. Pour l’achĂšvement du donjon, et pour l’ossature des bĂątiments Ă  l’intĂ©rieur de l’enceinte, quatre-vingt-huit charpentiers cagots s’engagent Ă  fournir toutes les piĂšces de bois nĂ©cessaires, taillĂ©es, avec leurs ferrures ; Ă  les poser ; Ă  recouvrir les charpentes du toit de lauzes livrĂ©es sur place[38].
    • 1396 : Berdot de Candau et Arnaud de Salafranque, sous la direction du chef des cagots de Lucq, Peyrolet, exĂ©cutent les rĂ©parations de l’église d’Ogenne[36];
    • 1404 et 1414 : les cagots rĂ©parent le moulin de Navarrenx, sous la direction de Berduquet de Caresuran, architecte de valeur[36] .
    • 1464 : Ă  Monein (qui comptait en 1385 environ 2 300 habitants), la rĂ©alisation de la charpente remarquable de l’imposante Ă©glise Saint-Girons est confiĂ©e aux cagots[43]. Mais comme dans les autres Ă©glises de la rĂ©gion, dans l'Ă©glise Saint-Girons, un bĂ©nitier et une petite porte sont attribuĂ©s Ă  ces exclus de la sociĂ©tĂ©[44].
    • Au XVIe siĂšcle, les cagots travaillent aux abattoirs et au temple protestant de Pau[36].
    • 1597 : un incendie endommage l'Ă©glise de Campan ; les cagots reconstruisent la charpente.
    • 1694 : le 19 novembre 1694, un autre incendie violent dĂ©truit l'Ă©glise de Campan, la halle, et 70 maisons. Les cagots vont reconstruire l'Ă©glise, ainsi que la halle de Campan, lieu d'un important marchĂ© aux bestiaux. L'Ă©glise et la halle datent de cette Ă©poque. La halle, classĂ©e monument historique depuis le 14 mars 1927, est la plus ancienne des Hautes-PyrĂ©nĂ©es.
    • On pourrait citer bien d’autres travaux encore, Ă  Morlaas, Ă  Loubieng, Ă  Arzacq et ailleurs[36].

    RĂšglements et pratiques

    En 1471, un rĂšglement fait par un notaire d'Oloron spĂ©cifiait que les cagots devaient vivre de leur mĂ©tier de charpentier, ainsi qu’ils y Ă©taient obligĂ©s par un usage ancien ; de plus, il leur interdisait les autres professions. Pour Ă©viter que les prix de leurs travaux ne fussent majorĂ©s par suite de l’espĂšce de monopole dont ils jouissaient, le mĂȘme rĂšglement prenait soin de dire que le cagot de Moumour (pour lequel ce document avait Ă©tĂ© rĂ©digĂ©) serait dans l’obligation de fournir, avant tout, les commandes faites par les habitants de son village, moyennant un salaire raisonnable[36]. Concernant leur rĂ©munĂ©ration, les cagots qui refusaient de travailler sans ĂȘtre payĂ©s (de quelque façon que ce soit), furent accusĂ©s de refuser de travailler pour ceux qui n'avaient pas les moyens de les payer, et ne travailler que pour les riches, moyennant double salaire, « encore qu’ils ne restassent Ă  l’ouvrage que la moitiĂ© du jour ». C’est pourquoi les États demandĂšrent qu’on forçùt les cagots Ă  travailler soit Ă  la journĂ©e, soit Ă  prix fait par-devant expert, et cela pour les pauvres comme pour les riches[36].

    La plupart des cagots faisaient honnĂȘtement et bien leur travail ; Jean Darnal, parlant du rĂšglement de police fait pour Bordeaux en 1555, disait par exemple, Ă  leur sujet, qu’ils Ă©taient « charpentiers et bons travaillans, qui gagnent leur vie en cet art dans la ville et ailleurs »[45]. Aux XVIIe et XVIIIe siĂšcles, les cagots ont acquis une telle maĂźtrise dans le travail du bois qu’on les considĂ©rait comme des « maĂźtres » et, plus tard, on les appellera couramment « lous mĂšstres », lous mĂšstes, les maĂźtres, et ou « les charpentiers »[25] car ils Ă©taient considĂ©rĂ©s comme des maĂźtres dans le travail du bois, Ă  qui l’on fait appel pour les ouvrages les plus difficiles ou les plus risquĂ©s[25].

    Les cagots savaient aussi tirer parti des ressources naturelles des lieux oĂč ils vivaient. Par exemple, le saumon Ă©tait devenu une manne financiĂšre pour le village de Navarrenx. Les cagots, habiles charpentiers pour certains, participĂšrent activement Ă  l’élaboration de nombreux engins de pĂȘche ; le crochet (ancĂȘtre du rateau) le barau (filet tournant) les nasses, les coffres Ă  moulin, etc.[46]

    Mais lorsqu'en 1604 (sous Henri IV), les cagots de Nay, en particulier, se mĂȘlĂšrent de vouloir vendre toutes sortes de marchandises, les États de BĂ©arn rĂ©affirmĂšrent que les cagots ne pouvaient avoir d'autres professions que charpentier et menuisier, mĂ©tiers auxquels ils Ă©taient assujettis par le For, et qu'il leur Ă©tait interdit « de s’adonner Ă  aucun art mĂ©canique, et moins encore Ă  la vente de marchandises »[36].

    Compagnonnage

    Campan - La halle, construite par les cagots, classée monument historique.
    Rue du pont des cagots Ă  Campan.

    Au retour de son pĂšlerinage Ă  Compostelle, un cagot pouvait s’inscrire comme compagnon de Saint-Jacques Ă  la confrĂ©rie des charpentiers de son village[24]. La relĂ©gation professionnelle des Cagots a pu gĂ©nĂ©rer le compagnonnage, comme le suggĂšre RenĂ© Descazeaux, mais ultĂ©rieurement Ă  la mise Ă  l'Ă©cart, et principalement pour les mĂ©tiers du bois. Certains, dont le Larousse, pensaient que les Gavots (compagnons du Devoir de libertĂ©) Ă©taient des descendants des cagots[47].

    Les cagots[48] n'étaient acceptés que parmi les compagnons du Devoir de Liberté (l'une des différentes branches du compagnonnage, apparue en 1804 et regroupant tous les compagnons qui ne se reconnaissent pas dans le catholique « Saint devoir de Dieu » : loups, étrangers, indiens, gavots ).

    Tous les cagots n'Ă©taient pas des charpentiers

    Mais le chercheur Yves Guy, en prenant comme exemples les actes paroissiaux de familles de Saint-Savin, a réfuté l'affirmation selon laquelle "tous les cagots étaient des charpentiers". Pour lui, le mot "charpentier" était devenu une étiquette de substitution pour désigner les cagots[49].

    Les autres professions exercées par les cagots le plus souvent furent celles de menuisier, vannier, de cordier et de tisserand. Les tisserands le plus souvent se voyaient contraints de travailler pour le dehors, les gens du pays ne leur donnant presque rien à faire sous prétexte que leur drap serait encagotté[35].

    Dans les cas oĂč les instruments de torture Ă©taient en bois, ce qui Ă©tait frĂ©quent dans les bourgs et villages, il arrivait que les cagots fussent bourreaux, constructeurs de cercueils et fossoyeurs, fonctions n’amĂ©liorant pas leur image auprĂšs des populations locales ni, de ce fait, leur sort. En 1607 (sous Henri IV), Ă  Garos, les cagots refusĂšrent de faire les cercueils et les trĂ©teaux pour les supporter ; les jurats et dĂ©putĂ©s de la ville firent alors une ordonnance par laquelle ils obligeaient les prĂ©venus Ă  exĂ©cuter ces funĂšbres travaux, Ă  toute sommation, et cela moyennant un salaire fixe que paierait le maĂźtre de la maison oĂč serait constatĂ© le dĂ©cĂšs. Les cagots rĂ©calcitrants Ă©taient passibles d’une « loi majeure »[36].

    On retrouve aussi des cagots exerçant des professions telles que chirurgiens et on leur prĂȘte volontiers des dons de guĂ©risseurs, car vivant prĂšs des forĂȘts, ils avaient une bonne connaissance des plantes mĂ©dicinales[24].

    Les femmes Ă©taient souvent sages-femmes ; jusqu’au XVe siĂšcle, les cagotes eurent mĂȘme la totale exclusivitĂ© de cette activitĂ©. Le pouvoir religieux considĂ©rait en effet les sages-femmes comme des sorciĂšres qui avaient accumulĂ© des connaissances empiriques sur le corps, les plantes mĂ©dicinales, la prĂ©vention et la guĂ©rison des maladies.

    La profession exercĂ©e par les cagots les sauve de la misĂšre et surtout les maintient dans une constante relation avec le reste de la population[25]. Et c’est cela sans doute qui permettra plus tard leur dĂ©finitive rĂ©intĂ©gration[25]

    Contexte historique du phénomÚne des cagots

    En France, une ordonnance de Louis XIV tenta de mettre fin Ă  l'emploi du terme cagot. Mais le clergĂ© persista Ă  employer le terme jusqu'Ă  une grande partie du XVIIIe siĂšcle. Puis cagot disparut presque partout. Le terme continua nĂ©anmoins d'ĂȘtre utilisĂ© en Navarre, et en Espagne oĂč le phĂ©nomĂšne survĂ©cut jusqu'en 1819, et mĂȘme avec des traces au XXe siĂšcle.

    Chronologie

    Europe du Sud-ouest: Les peuples en Espagne avant conquĂȘte cartaginoise et notamment en Aragon au IIIe siĂšcle av. J.-C.
    invasions du IIe   au   Ve siĂšcle
    Les mouvements migratoires du IIe au Ve siĂšcle
    .
    Au IIe siÚcle, arrivée et installation de la culture gothe sur le nord de la mer noire. Puis sur la péninsule de Crimée que les auteurs byzantins appelleront plus tard « Gothie » et qui perdurera jusqu'au XVe siÚcle. Le dialecte Gotique de Crimée y sera parlé jusqu'au XVIIe siÚcle.
    Tracés des grandes invasions
    entre le IIe siĂšcle et le VIe siĂšcle.
    Alors que les Wisigoths sont seulement implantés le long des fleuves Gironde et Dordogne entre Bordeaux et Toulouse, ils doivent s'unir aux romains en 446 pour combattre les armées du roi suÚve Rechila qui est en train de conquérir toute l'Espagne et va bientÎt menacer le sud de l'actuelle France.
    Vers 450, l'empire des Huns est à son maximum d'expansion. Pour se protéger, nombre de peuples ont dû migré vers l'ouest...
    Évolution des Ostrogoths et des Wisigoths; Ier – Ve siùcles.
    Situation des royaumes des Ostrogoths et des Wisigoths en 528.
    Duchés d'Aquitaine et de Vasconie (710-740).
    Gaule à l'avÚnement de Charles Martel (714). Paul Vidal de La Blache, Atlas général d'histoire et de géographie (1912).
    Domaines de Gaucelme du Roussillon et de BerĂ  Ier, comte de Barcelone (801) puis du RadĂšs (y succĂšde Ă  son pĂšre en 812).
    Incursions des Danois vikings (843-939).
    Occitanie et Aragon en 1213.
    Le Languedoc (et partie du royaume d’Aragon) en 1209.
    Évolution territoriale de la Reconquista (1000 Ă  1300) Ă  partir de l'Ă©volution linguistique de la pĂ©ninsule IbĂ©rique:
    Entre Pays basque et Catalogne, on distingue clairement le flux de population déferlant et s'implantant sur l'Aragon pendant 3 siÚcles.
    La pression est aussi forte sur le Pays basque qui rĂ©gresse presque de moitiĂ© en surface linguistique. À l'ouest, les exclusions et rĂ©pulsions de populations arrivantes devaient y ĂȘtre logiquement trĂšs nombreuses pour que les basques rĂ©sistent jusqu'Ă  nos jours.
    Situés en périphérie Est de ce flux, les antiques Rennains du RazÚs n'y ont pas résisté...
    • Au sud-ouest de la Gaule, la cĂ©lĂšbre rĂ©gion historique du Pays basque est le pays des basques, un peuple autochtone de racine linguistique commune (Basq - Gasc - Vasc - Wasc) qui donnera naissance aux Baskoiak...

    EvÚnements précurseurs des cagots: le terme « canes gothi ! »

    • 0 : un trĂšs ancien peuple possĂšde un territoire qui s'Ă©tend de la pĂ©ninsule ibĂ©rique (cours supĂ©rieur de la riviĂšre Èbre, Aragon, Rioja1 et Guipuscoa) au versant nord des PyrĂ©nĂ©es occidentales correspond Ă  l'Ă©poque contemporaine Ă  l'actuelle Navarre : ce sont les vascons, bien intĂ©grĂ©s au monde romain et christianisĂ©s en tant que gens vasconum ou Vasconii (en latin) puis dĂ©nommĂ©s Gascons (duchĂ© de Vasconie en Gascogne), et correspondant Ă  nos indĂ©racinables Basques du royaume de Navarre (Moyen Âge), qui aprĂšs bien des vicissitudes (dont des vieux conflits avec les royaumes Wisigoths et Francs) ont vaillamment perdurĂ© ;
    • 0 : Westrogothie (ou VĂ€stergötland - pays des goths maritimes) est une terre originelle d'une tribu de la cĂŽte Ouest de la SuĂšde avant migrations du IIe siĂšcle
      Ostrogothie (ou Östergötland - pays des goths de l'Est) est une autre terre originelle d'une tribu sƓur de la cĂŽte Est de la SuĂšde avant migrations.

    Les deux tribus goths migrent vers Gotland, ßle du centre de la mer Baltique. C'est un troisiÚme peuplement de départ;
    Pendant les deux millénaires suivants, le nom français « Gothie » désignera toute « terre des Goths ».

    • 100 : dĂ©part des Goths en bateaux, de leur patrie-mĂšre du Gotland (situĂ©e au centre de la mer Baltique) en direction du sud. Empruntant les cours d'eau, puis traversant des terres hautes, ils atteindront en quelques dizaines d'annĂ©es une ancienne Ăźle: la PĂ©ninsule de CrimĂ©e.

    Ces nouveaux Goths de Crimée vont s'y établir dans la Gothie criméenne et d'autres régions situées au nord de la mer Noire. La Gothie de Crimée, partie sud-ouest de la péninsule de Crimée restera pendant de longs siÚcles terres de Goths. Mais ce n'est que début d'une longue aventure qui mÚnera une partie d'entre eux jusqu'à Rome, Toulouse, Barcelone, et en biens d'autres lieux...

    • 200 : les Francs entrent par le nord sur le sol de la Gaule. Vont s'y succĂ©der entre 400 et 1789, sur un espace gĂ©ographique recoupant plus ou moins la France actuelle, 4 dynasties franques :

    Mérovingienne (400-755) - Carolingienne (751-987) - Capétienne (987-1328) - Valoisienne (1328-1789)...

    • 256 : les tribus daces Ă©pargnĂ©es par la conquĂȘte romaine (essentiellement les Carpes) s'allient avec les Goths et les Sarmates dans une « fĂ©dĂ©ration de peuples barbares » constituĂ©e autour des « goths ».

    On Ă©voque aussi des alliances ultĂ©rieures avec les Huns vers le IIIe siĂšcle, et plus tard encore avec des VĂ©nĂšdes, ancĂȘtres des Slaves. Avec les Goths, les Carpes pĂ©nĂštrent dans les Balkans et s'y fixent, contrairement aux Goths : les linguistes y voient l'origine des Albanais. D'aprĂšs JordanĂšs, la Dacie devint une des Gothies, avant qu'elle ne soit prise par les GĂ©pides (peuple germanique du rameau ostique, proche des Goths).

    • 325 : rĂ©union forcĂ©e du Premier concile de NicĂ©e sur ordre de l'empereur romain Constantin Ier devenu maĂźtre de l'empire qui conduira Ă  la persĂ©cutions des courants chrĂ©tiens (les Ă©glises de JĂ©rusalem, d'Alexandrie, etc) autres que celui de Pierre et Paul Ă  Rome.
    • ??? : Ă  Laon, trois manuscrits europĂ©ens rĂ©digĂ©s entre le IXe et le XIVe siĂšcle en monastĂšres reprennent des Ă©crits traitant de la lĂšpre (Lepra) et de ses traitements mĂ©dicaux depuis le IVe siĂšcle. Ces traitements sont Ă  base de chaux vive pour dessĂ©cher la peau et de plantes mĂ©dicinales qui dĂ©sinfectent, adoucissent la peau et attĂ©nuent les douleurs[50].
    • 350 : pour la rĂ©gion pyrĂ©nĂ©enne, la Bigorre commence juste Ă  ĂȘtre Ă©vangĂ©lisĂ©e. Dans la vallĂ©e de Campan, la 1re Ă©glise est construite Ă  BeaudĂ©an;
    • 350 : l'Ă©vĂȘque arien Wulfila (311-382) Ă  la tĂȘte d'une communautĂ© de Wisigoths chrĂ©tiens en MĂ©sie (Bulgarie) est l'auteur d'une traduction de la Bible grecque de la Septante en langue gotique, la langue des goths (branche germanique la plus ancienne de famille des langues indo-europĂ©ennes) qui perdura au moins jusqu'au milieu du VIIe siĂšcle en Espagne et survivra jusqu'au XVIIIe siĂšcle en CrimĂ©e ;
    • 375 (source) : soumission des Greuthunges (pays ostrogoth) par les Huns qui aprĂšs franchissement du Don, atteignent le pays des Tervinges (pays wisigoth). Les wisigoths migrent aussitĂŽt en direction du sud-ouest pour ne pas subir le sort des Greuthunges qui plus Ă  l'Est, sont intĂ©grĂ©s dans l'empire hunnique et seront dĂ©nommĂ©s "Ostrogoths" (Goths de l'Est).
    Origines les plus lointaines des cagoths
    • 376 : entrĂ©e des Tervinges (Fritigern) dans l’Empire romain ; ils sont alors appelĂ©s Wisigoths (Goths de l'Ouest).
    • 396 : mort de Saint Clair, compagnon du grand Saint Martin de Tours qui avant d'ĂȘtre soldat romain puis prĂštre-fondateur du 1er monastĂšre des Gaules Ă  LigugĂ© (Poitou) puis Ă©vĂȘque de Tours (Touraine), avait migrĂ© de Pannonie (Hongrie) oĂč il Ă©tait nĂ© et avait passĂ© sa jeunesse.
      • Rappelons que pour la fĂȘte de la Saint Martin (11 novembre), il Ă©tait de tradition de dĂ©guster une oie bien grasse, ou Ă  dĂ©faut pour les plus pauvres, un canard sauvage attrapĂ© lors de sa migration. Dans les deux cas, il y avait "patte palmĂ©es" pour les cagots.
    • 400 : dĂ©but de la dynastie franque mĂ©rovingienne (400-755):
    • 409 : dĂ©but des invasions barbares en Hispanie (Espagne). Elles dureront un siĂšcle et menaceront le sud de l'actuelle France. Les Wisigoths en profiteront pour s'y installer aprĂšs avoir pris Rome...
    • 410 : prise de Rome par Alaric et ses wisigoths qui emportent un grand trĂ©sor en or amassĂ© par l'Empire romain (dont celui du Temple de JĂ©rusalem). Il servira Ă  fonder leur deux capitales wisigoths (une politique et une dĂ©fensive religieuse) dans le sud de la France;
    • 412 : les wisigoths de religion arienne commencent Ă  s'installer en Bigorre (ils y resteront pendant au moins un siĂšcle);
    • 412 : les Wisigoths arrivent en Hispanie et prennent Barcelone. Mais l'annĂ©e suivante leur roi Athaulf est assassinĂ©;
    • 416 : Wallia, nouveau roi des Wisigoths, est chargĂ© par l'Empire romain d'Occident de chasser les Barbares d'Hispanie; Il nettoie le nord de la pĂ©ninsule.
    • 418 : le royaume wisigoth s'Ă©tend dans le sud-ouest europĂ©en. Il est l'un des grands royaumes germaniques du haut Moyen Âge issu des grandes invasions contre l'empire romain. Le royaume wisigoth de Toulouse, est une des Gothies ; puis celui de TolĂšde en sera une autre.

    Le royaume wisigoth du cÎté français des Pyrénées existera de 418 à 720. Sa double-capitale (politique - religieuse sera souvent déplacée à mesure de l'évolution territoriale :

    • 481 : le roi franc mĂ©rovingien Clovis (puis ses fils) commence la conquĂȘte de presque toute l'ancienne province romaine de Gaule (correspondant Ă  une grande partie du territoire de la France actuelle) jusqu'et 535. Les wisigoths devront dĂ©placer leur capitale de Toulouse Ă  Narbonne en 507.
    • 507 : du fait des tensions entre peuples, apparition du terme « chiens de Goths » canes gothi (attestĂ© dans des documents en latin et dans Histoire des races maudites), envers les Goths (notamment les wisigoths) Ă  cause de leur migration et aussi de leur attachement Ă  l'arianisme qui est objet de scandales pour les chrĂ©tiens nicĂ©ens.
    • 507 : les Francs christianisĂ©s prennent les armes contre les goths ariens. Ils sont victorieux Ă  la bataille de VouillĂ©, en 507, oĂč Clovis tue Alaric II, roi des wisigoths. C'est la fin du royaume de Toulouse et repli des Wisigoths sur la place-forte de Rhedae et en Espagne, sous protectorat de ThĂ©odoric.
    • 512 : publication de l’Edictum Theodorici regis, code pour les Romains et les Goths.
    • 526 : mort de ThĂ©odoric; et Ă©tablissement du royaume wisigoth de TolĂšde.
    • 531 : histoire des Goths de l’écrivain latin Cassiodore, conseiller de ThĂ©odoric.
    • 589 : conversion officielle (forcĂ©e) des Wisigoths au christianisme romain. Les Wisigoths d’Espagne, jusque-lĂ  ariens, deviennent nicĂ©ens (IIIe Concile de TolĂšde).
    • 638 : le roi Chinthila (636-639) est Ă  l'origine d'un Ă©dit stipulant que seul un « Goth » peut monter sur le trĂŽne wisigothique.
    • 654 : multiplication des mariages mixtes et l'abolition de la personnalitĂ© des lois des Wisigoths. Jusqu'au VIIe siĂšcle, on distingue principalement dans le royaume : les Gothi (les Wisigoths), des hispano-romains (Hispani); puis ces diffĂ©rences s'attĂ©nuent. Le terme de Gothi finit par perdre son sens ethnique pour s'appliquer Ă  l'ensemble des deux populations du Royaume.
    • 711 : conquĂȘte de l’Espagne par les musulmans et fin du royaume de TolĂšde (711-718).
    • 718 : dĂ©but du royaume nĂ©o-wisigoth des Asturies (718-722).
    • 720 : traitĂ© de paix entre Charles Martel et le duc Eudes d'Aquitaine, le chef des basques Vascons dont le territoire s'Ă©tend de la Loire jusqu'au-delĂ  des PyrĂ©nĂ©es (avec Toulouse comme nouvelle capitale prise aux Wisigoths), et qui domine tous les territoires au sud et Ă  l’est de la Loire Ă  l’exception de la Touraine. Il reconnait le pouvoir de Charles en Neustrie comme en Austrasie. Et en Ă©change, le franc carolingien Charles Martel s'engage Ă  lui livrer le roi franc mĂ©rovingien ChilpĂ©ric II[51] - [52].
    • 722 : le royaume des Asturies sera une des derniĂšres Gothies, tel que les Mozarabes dissidents d'al-Andalus le dĂ©signent dans les chroniques mozarabes.

    EvÚnements géolocalisants en France des cagoths

    • 732 : les Maures Omeyyades d’Espagne lancent alors deux offensives simultanĂ©es, une qui remonte la vallĂ©e du RhĂŽne jusqu'Ă  Sens, et l'autre conduite par Abd-er-Rahman qui franchit les PyrĂ©nĂ©es. Il ravage le Pays basque (les Vascons) et l’Aquitaine de Eudes. Il prend sa capitale Bordeaux et dĂ©fait les troupes d’Eudes dans une bataille sanglante de la Dordogne ou de la Garonne. Le duc d'Aquitaine s'enfuit et demande aussitot l'aide Ă  Charles Martel, son ancien ennemi.
    • 732 : le , Charles Martel stoppe l'avance des Sarrasins et leurs alliĂ©s Ă  la bataille de Poitiers. La cavalerie lourde franque surprend les Maures par sa rĂ©sistance. L'Ă©mir Abd-al-RahmĂąn est tuĂ©. Son armĂ©e rebrousse chemin. Cette victoire sur les Maures est le moyen pour Charles Martel de mettre fin Ă  l'indĂ©pendance du duc d'Aquitaine Eudes. AprĂšs avoir perdu Bordeaux, Eudes accepte la suzerainetĂ© de Charles Martel et meurt en 735. C'est la fin des basques vascons d'Aquitaine qui se replient sur leur Pays basque pyrĂ©nĂ©en.
    • 733 : des restes de l'armĂ©e arabe repoussĂ©e par Charles Martel un an plus tĂŽt Ă  Poitiers, arrivent Ă  Campan. Ils sont Ă  nouveau dĂ©faits par les Campons.

    Les survivants arabes sont installĂ©s sur la rive droite de l'Adour sur ce qui sera reconnu plus tard comme le quartier des Cagots de Campan. Ces survivants Ă©taient possiblement arabes, wisigoths ou mĂȘme francs MĂ©rovingiens mercenaires ou alliĂ©s des Maures. Ils Ă©taient tous ennemis des francs carolingiens...

    • 754 : la dynastie mĂ©rovingienne a vĂ©cu : faiblesse du pouvoir royal, pouvoir de l’aristocratie franque et des maires du palais, sorte de premiers ministres.
    • 755 : fin de la dynastie mĂ©rovingienne (400-755) // DĂ©but de la dynastie franque carolingienne (751-987). Le pouvoir passe Ă  la dynastie du nom de Charlemagne, roi le plus emblĂ©matique de cette dynastie. Le maire du palais Charles Martel, avec l’appui du Pape, organise cette « passation » de pouvoir aux fins d'Ă©tendre le christianisme romain Ă  l'Ă©chelle d'empire.
    • 765 : toujours des raids mauresques sur le sud de la France pour des razzias sur les domaines de l'Église.
    • 778 : bataille du col de Roncevaux : Le premier comte en titre du RazĂšs (capitale Rhedae / Rennes-le-chĂąteau) dont le nom nous soit parvenu est celui de Guillaume de Gellone, valeureux compagnon de Charlemagne qui participa Ă  la bataille de Roncevaux (778), aux cĂŽtĂ©s de Roland.
    • 779 : premier acte connu concernant un village du RazĂšs rĂ©sumĂ© dans l'inventaire des actes de l'archevĂȘchĂ© de Narbonne : il est fait Ă©tat d'un arrĂȘt prononcĂ© dans cette ville par lequel le lieu de Cailhau est adjugĂ© Ă  l'archevĂȘque au dĂ©triment du comte carolingien Milon qui l'avait usurpĂ©. Ce document souligne dĂ©jĂ  l'intĂ©rĂȘt que les Narbonnais, et en particulier leurs prĂ©lats, portent aux localitĂ©s du RazĂšs. Ils allaient le manifester par la suite en maintes occasions.
    • 787 : deuxiĂšme concile de NicĂ©e.
    • 788 : dans une poĂ©sie de l'Ă©vĂȘque ThĂ©odulf d'OrlĂ©ans, est mentionnĂ© pour la 1re fois le nom de la rĂ©gion RazĂšs (Rhedesium).
    • 788 : se tient Ă  Narbonne, un important concile au cours duquel Daniel, mĂ©tropolitain de la province, revendique sur l'Ă©vĂȘque d'Elne tout le pays de RazĂšs. Ce dernier est disjoint de l'Ă©vĂȘchĂ© de Carcassonne et intĂ©grĂ© Ă  l'archevĂȘchĂ© de Narbonne en 791. Les prĂ©lats narbonnais portent dĂ©sormais le titre d'archevĂȘques de Narbonne et du RazĂšs (Rhedae sera chrĂ©tienne).
    • 798 : devenue carolingienne, la citĂ© isolĂ©e de Rhedae, capitale du pays de RazĂšs, a un rĂŽle politique important Ă  l'Ă©poque de Charlemagne, qui est attestĂ© par un poĂšme de l’évĂȘque d’OrlĂ©ans ThĂ©odulf[53], issu d'une famille de l'aristocratie gothique. En 798, ThĂ©odulf d'OrlĂ©an fut dĂ©pĂȘchĂ© en Septimanie par Charlemagne comme envoyĂ© spĂ©cial ou missus dominicus avec Leidrade, futur archevĂȘque de Lyon. Et Rhedae y est citĂ© comme l'un des chefs-lieux des pagi audois[54].
    • 801 : Louis le Pieux, qui alors gouvernait l'Aquitaine en tant que fils ainĂ© de Charlemagne, conquiert Barcelone avec l'aide de BerĂ , fils de Guillaume de Gellone (comte du RazĂšs. La capitale de Guillaume de Gellone est Rhedae en pays RazĂšs. Le samedi , vainqueur, BerĂ  est investi comte de Barcelone, avec Ă©galement le titre de marquis pour pouvoir gouverner ce nouveau pays frontalier.

    Le marquisat de Gothie est une des derniÚres Gothies du début de ce IXe siÚcle en Septimanie.

    • 812 : BerĂ  (790-820), cousin de Charlemagne et fils du dĂ©funt Guillaume de Gellone, comte de Barcelone depuis 801, porte Ă  son tour le titre de comte du RazĂšs avec pour Capitale Rhedae (Rennes le chĂąteau). Celui-ci, comme son pĂšre, administrera un territoire libre de toute prĂ©sence sarrasine et en quasi indĂ©pendance du comtĂ© de Narbonne.
    • 830 : Argila, le fils de BerĂ , devient comte en 830, vend en 845, une partie du pays de Sault, dĂ©pendant du RazĂšs Ă  son propre fils, Bera II, lequel acquiert l'annĂ©e suivante le titre du comte de RazĂšs moyennant une forte somme. À la suite des luttes intestines qui suivent la mort du roi Louis le Pieux, Bera II, ayant pris le parti de PĂ©pin II d'Aquitaine, ait Ă©tĂ© dĂ©pouillĂ© de tous ses domaines par Charles le Chauve pour fĂ©lonie, les Rennains sont alors considĂ©rĂ©s comme traitres.
    • 987 : fin de la dynastie carolingienne (751-987). À la fin du IXe siĂšcle, le comtĂ© du RazĂšs sous pression des Maures, est divisĂ© au profit de puissances locales.

    EvÚnements géolocalisants en Espagne des gafos

    • 1063 : croisade de Barbastro en Aragon dans le nord de l'Espagne, prĂȘchĂ©e par le pape Alexandre II. C'est la premiĂšre rĂ©alisation d'une coalition chrĂ©tienne Ă  but guerrier (contre des Maures. C'est aussi le dĂ©but de la Reconquista en Espagne qui fera migrer de nombreuses populations, dont les cagots ;
    • 1070 : les cagots sont mentionnĂ©s comme « gafos » dans le fuero de Navarre rĂ©digĂ© pour Sancho RemĂ­riz ;
    • 1080 : selon Constantin l'Africain (1020-1087), mĂ©decin nord-africain de Carthage moine au Mont-Cassin (Italie), les premiers symptĂŽmes de la lĂšpre Ă©taient identifiĂ©s dans les yeux devenant dilatĂ©s, les lĂšvres crĂ©ant des boursouflures crevassĂ©es, le visage tumĂ©fiĂ© et la cloison nasale qui se creusait et se dĂ©tĂ©riorait.

    DĂšs l'AntiquitĂ©, les symptĂŽmes majeurs de la maladie avaient pu ĂȘtre identifiĂ©s. La forme de lĂšpre la plus apparente et la plus simple Ă  identifier Ă©tait sa forme lĂ©promateuse oĂč l’aspect du visage, premier Ă©lĂ©ment que l’on voyait de loin, Ă©tait trĂšs important. DĂšs le XIe siĂšcle, l’on parlait aussi d’une « maladie dessĂ©chante qui affecte tous les membres du corps[55] ». Les plus pauvres et les enfants Ă©taient plus atteints que les adultes biens nourris. Sans exclure la possibilitĂ© d’une transmission d’homme Ă  homme, la lĂšpre Ă©tait considĂ©rĂ©e au Moyen Âge comme une maladie de l’ñme rĂ©sultant d’une punition de Dieu en consĂ©quence des pĂ©chĂ©s commis, donc la contagion de la maladie Ă©tait tout d’abord pensĂ©e comme une contagion des pĂ©chĂ©s par les thĂ©ologiens. En rĂ©sumĂ©, pour les chrĂ©tiens, le ladre - celui qui avait la lĂšpre - Ă©tait puni par le Ciel (punition de Dieu). Et il pouvait transmettre son mal en touchant mĂȘme le meilleur des chrĂ©tiens qui devenait Ă  son tour un infect pĂ©cheur, un malade (souffrant du "mal.ladre"). La lĂšpre a donc fini par ĂȘtre aussi assimilĂ©e Ă  l’hĂ©rĂ©sie; le lĂ©peux, et surtout le cagot lĂ©preux, devenant un hĂ©rĂ©tique Ă  marquer, Ă  signaler, Ă  rejeter ou Ă  isoler [56].

    EvĂšnements nominatifs du cagot et des cagots

    • 1099 : succĂšs de la PremiĂšre croisade aprĂšs que les CroisĂ©s assiĂšgent puis prennent pied Ă  JĂ©rusalem. Dans les deux siĂšcles suivants, il y aura une dizaine de croisades contre tous types d'hĂ©rĂ©tiques ;
    • 1148 : la ville de Tortosa (Tortose, en Catalogne) est conquise par les Maures puis par le comte Raimond-BĂ©renger IV de Barcelone. La tradition dit que, les hommes Ă©tant partis travailler dans les champs, ce sont uniquement les femmes de Tortose, armĂ©es de simples haches, qui ont dĂ©fendu la ville ;
    • 1205 : le territoire est dĂ©nommĂ© dans les chartes sous le nom de regnum FranciĂŠ (royaume de France). Le nom de France n'avait Ă©tĂ© employĂ© de façon officielle qu'une quinzaine d'annĂ©es plus tĂŽt, quand la chancellerie du roi Philippe Auguste commençait Ă  employer le terme de "rex FranciĂŠ" (roi de France) pour dĂ©signer le souverain Ă  la place de l'ancien "rex Francorum" (roi des Francs) ;
    • 1209 : dĂ©but de la croisade des albigeois (1209-1244) proclamĂ©e par l'Église catholique contre l'hĂ©rĂ©sie, principalement le catharisme et dans une faible mesure le valdĂ©isme. DĂšs le XIIe siĂšcle et le concile de Lombers, les textes de l'Ă©poque parlent d'« hĂ©rĂ©sie albigeoise » sans que cette rĂ©gion ne soit plus cathare que ses voisines. Remarquons que l'hĂ©rĂ©sie Ă©tait surtout implantĂ©e en Languedoc :

    Croisade des albigeois: Croisade des barons (1209) - Guerre du Languedoc (1209-1213) - Révolte du Languedoc (1216-1223) - Intervention royale (1226-1229) - Fin à Montségur (Prise du castrum + bûcher de 200 cathares en 1244) ;

    • 1288 : apparait en premiĂšre mention le terme « cagot » en 1288 ;
    • 1310 : les templiers chassĂ©s de France, les hospitaliers hĂ©ritent de leurs commanderies templiĂšres. Ils dĂ©veloppent alors maladreries (pour les ladres) et lĂ©proseries (lĂ©preux) et accueillent en "hĂŽpital" tous pĂšlerins malades, les misĂ©reux et mĂȘme les bĂ©bĂ©s abandonnĂ©es Ă  La porte des hospitaux (Sous la "Voute de l'HĂŽpital" de Pons en Charente-Maritime par ex.). Du fait de cette organisation nouvelle, les hospitaliers mettent fin au processus d'intĂ©gration dans la population, des "Crestias" (les ladres) qui auraient ainsi pu ĂȘtre rejetĂ©s tel des cagots ;
    • 1379 : signature par les cagots du BĂ©arn (charpentiers) d'un contrat avec Gaston FĂ©bus, oĂč les cagots s'engagent Ă  la construction du chĂąteau de Montaner contre une exonĂ©ration de taille ;
    • 1464 : rĂ©alisation de la charpente remarquable de l'Ă©glise Saint-Girons par les cagots ;
    • 1514 : les agots en Navarre sont les premiers Ă  se plaindre de leur sort au pape LĂ©on X. Au XVIe siĂšcle les interdictions et les brimades se multiplieront. BientĂŽt, les cagots ne sont plus que des "parias" vus comme lie de la sociĂ©tĂ© ;
    • 1535 : en Touraine, Rabelais utilise en français le terme cagots (sans dĂ©formation) dans son Gargantua au sujet de l'abbaye de ThĂ©lĂšme : une inscription sur la porte en interdit l'entrĂ©e aux « hypocrites, bigots, cagots » ;
    • 1580 : les cagots, avec l'accord des Consuls et du Recteur, construisent eux-mĂȘmes leur propre chapelle dĂ©diĂ©e Ă  Saint SĂ©bastien dans la vallĂ©e de Campan ;
    • 1611 : sur requĂȘte desdits cagots, il fut procĂ©dĂ© en BĂ©arn Ă  une enquĂȘte mĂ©dicale ordonnĂ©e par le gouverneur de la province : cette expertise conclut Ă  l'absence de toute trace de maladie[26] ;
    • 1642 : dernier acte de baptĂȘme de la paroisse de Doazit (Landes) faisant Ă©tat du terme de « gesitaing » ;
    • 1675 : on renonça Ă  inscrire sur les registres paroissiaux la qualitĂ© de cagot ou gesitain, aprĂšs le nom des intĂ©ressĂ©s ; on remplace par le mot « charpentier » ;
    • 1691 : violent incendie dans la vallĂ©e de Campan. L'Ă©glise est dĂ©truite et est remise en Ă©tat, comme en 1597, par les cagots ;
    • 1691 : Ă  Doazit et Ă  Brassempouy en 1694 : derniĂšres inhumations mentionnĂ©es dans le cimetiĂšre des chrestians de la paroisse ;
    • 1707 : abolition du privilĂšge issu de la construction du chĂąteau de Montaner (exonĂ©ration de la taille pour un certain nombre de cagoteries du BĂ©arn) ;
    • 1723 : arrĂȘt du Parlement de Bordeaux, faisant dĂ©fense Ă  toute personne du pays de labour d'injurier aucun particulier comme prĂ©tendus descendants de la race de Giezy, et de les traiter d'agots, cagots, gahets ni ladres, Ă  peine de 500 livres d'amende ; ordonnant qu'ils seront admis dans les assemblĂ©es gĂ©nĂ©rales et particuliĂšres, aux charges municipales et honneurs de l'Ă©glise, mĂȘme pourront se placer aux galeries et autres lieux de ladite Ă©glise oĂč ils seront traitĂ©s et reconnus comme les autres habitants des lieux, sans aucune distinction ; comme aussi que leurs enfants seront reçus dans les Ă©coles et collĂšges des villes, bourgs et villages, et seront admis dans toutes les instructions chrĂ©tiennes indistinctement[57] ;
    • Le 1724 : un autre arrĂȘt du Parlement de Bordeaux, signĂ© de la main mĂȘme de Montesquieu, exige que soit respectĂ© l'arrĂȘt prĂ©cĂ©dent du du mĂȘme Parlement ;
    • 1764 : dernier emploi du terme « charpentier » dans les registres paroissiaux de Saint-Savin, terme Ă  peine voilĂ© utilisĂ© par le clergĂ© de Saint-Savin pour dĂ©signer les cagots ;
    • 1819 : loi abolissant la discrimination en Navarre. Un quartier de Madrid reste toutefois un ghetto cagot (Nuevo BaztĂĄn) d'oĂč Ă©migrent vers les États-Unis certains de leurs descendants ;
    • DĂ©but du XXe siĂšcle : Ă  Arizkun (Navarre), le quartier de Bozate serait restĂ© encore habitĂ© par les descendants de cagots.

    Origines du phénomÚne

    Les raisons les plus diverses ont été données pour expliquer le phénomÚne. La documentation écrite concernant l'Aquitaine avant le XIe siÚcle étant presque inexistante, chacun y est allé de son hypothÚse, en fonction des conceptions de chaque époque et de chaque auteur.

    L'explication traditionnelle est qu'il s'agissait de familles lĂ©preuses ou de descendants de lĂ©preux. Mais le docteur Yves Guy, du CNRS, auteur notamment du rapport « Sur les origines possibles de la sĂ©grĂ©gation des cagots », ayant eu Ă  soigner des lĂ©preux, nota le premier que la notion (encore acceptĂ©e Ă  la fin du XIXe siĂšcle) de « lĂšpre blanche » (hĂ©rĂ©ditaire) est invalidĂ©e par l'Ă©tude contemporaine de cette maladie[58]. La caractĂ©risation des cagots comme lĂ©preux hĂ©rĂ©ditaires est donc un fantasme collectif localisĂ© Ă  la rĂ©gion. Les cagots n'Ă©taient pas lĂ©preux, mais ils Ă©taient dĂ©signĂ©s comme tels[26]. Et dĂšs le XIIe siĂšcle, avec le dĂ©veloppement de la lecture de la bible en fonction de son sens moral et allĂ©gorique, les thĂ©ologiens considĂ©raient la lĂšpre comme la figure biblique du pĂȘchĂ© gĂ©nĂ©ralisĂ©[26]. La vision religieuse, sur un fond d'ignorance radicale de la nature rĂ©elle de la maladie et de terreur panique de la population devant ce flĂ©au Ă©tait capable de justifier la notion de lĂšpre hĂ©rĂ©ditaire[26].

    Diverses origines ethniques leur ont Ă©tĂ© prĂȘtĂ©es par des historiens : on les a ainsi fait descendre des Goths[59], des Sarrasins[60] ou de Cathares.

    L'hypothĂšse cathare est appuyĂ©e sur la supplique adressĂ©e en 1514 au pape LĂ©on X (voir infra) « (
) parce que l'on dit que leurs ancĂȘtres avaient prĂȘtĂ© main-forte au comte Raymond de Toulouse, dans sa rĂ©volte contre la sainte Église romaine (
) »[61]. Les demandeurs se gardent bien de nier les faits imputĂ©s, se contentant de poursuivre ainsi : « (
) Ils supplient le Saint PĂšre d'ordonner que, puisqu'ils n'ont trempĂ© en rien dans la conduite de leurs aĂŻeux, ils soient remis en possession de tout ce qu'on leur dĂ©nie (
) Car ils sont bons catholiques et fils soumis de sainte mĂšre l'Église (
) ». De plus, le nom de « crestians » Ă©voque assez prĂ©cisĂ©ment le nom que se donnaient les Cathares eux-mĂȘmes : « bons crestians »[62]. En gĂ©nĂ©ral, cette thĂšse est repoussĂ©e par les historiens (par exemple De Marca[63] et LardizĂĄbal) qui notent que les premiers Cathares n'apparaissent en Languedoc qu'en 1170 et qu'il n'y a jamais eu en Gascogne d'Église cathare. Le catharisme organisĂ© n'a en effet guĂšre dĂ©passĂ© la rive droite de la Garonne, tandis que les cagots sont essentiellement prĂ©sents dans les rĂ©gions situĂ©es en rive gauche, en Bigorre, BĂ©arn, Gascogne, Pays basque et mĂȘme Navarre, au-delĂ  des PyrĂ©nĂ©es. Toutefois, pour expliquer leur prĂ©sence sur la rive gauche de la Garonne, rien ne s'oppose Ă  ce qu'un certain nombre de Cathares , chassĂ©s de Languedoc par les massacres et la rĂ©pression, s'y soient rĂ©fugiĂ©s. EnglobĂ©s ensuite sous le terme gĂ©nĂ©rique de « cagots », ils se seraient dit bons disciples de l'Église de Rome, Ă  seule fin d'Ă©chapper Ă  la vindicte ecclĂ©siastique[64].

    Une hypothÚse sociale en fait par ailleurs des réprouvés pour cause de leur métier (charpentiers). Mais les sources semblent indiquer que ce n'est pas l'association corporative qui a provoqué l'ostracisme et que ce sont au contraire les restrictions qui leur étaient imposées qui les ont conduits à adopter certains métiers.

    Alain Guerreau, directeur de recherche au CNRS, a analysĂ© les conditions qui ont permis qu'un groupe se trouve stigmatisĂ© de cette maniĂšre[65]. Pour lui, c'est la rĂ©organisation de la sociĂ©tĂ© fĂ©odale dans le sud-ouest de la France aux XIIe et XIIIe siĂšcles, qui a crĂ©Ă©, dans un contexte Ă©conomique et politique figĂ©, une catĂ©gorie d'exclus (fils cadets, sans terre) vivant Ă  la marge. Les lĂ©preux Ă©tant eux aussi rejetĂ©s de la sociĂ©tĂ© Ă  la mĂȘme Ă©poque, l'assimilation se serait maintenue par la suite, lorsque fut oubliĂ©e leur origine.

    La lente lutte des cagots vers l'intégration

    Maisons de cagots dans le quartier MailhĂČc (maillet de bois), Saint-Savin, carte postale ancienne (1906). Cette maison aurait Ă©tĂ© dĂ©molie.

    En 1425, dans son chùteau de L'Isle-Jourdain, le comte Jean IV d'Armagnac reçoit une « plainte et supplique » des Crestias de sa ville de Lectoure, et il écrit au juge de Lomagne :... Ces Crestias sont tous les jours inquiétés et molestés par nos bailes de Lectoure, bien qu'ils n'aient commis aucun crime ou délit justifiant ces vexations, mais pour leur extorquer une certaine somme... Quant à nous, informés de ce que cesdits Crestias sont bien utiles et conviennent à notre cité de Lectoure, nous voulons et désirons que nos sujets et vassaux soient préservés et gardés de pareilles oppressions et extorsions. Pour cela nous voulons et vous mandons et commandons expressément... que, de par nous, vous interdisiez et défendiez auxdits bailes, sous grandes peines par nous appliquées, que d'ores et déjà, ils ne molestent et n'inquiÚtent plus lesdits Crestias, à moins qu'ils n'aient à leur encontre quelque information qui soit par vous décrétée... »[25].

    En 1514, les cagots de Navarre s'adressent au pape LĂ©on X, se plaignant de discriminations dans les Ă©glises. LĂ©on X rĂ©pondit par une bulle enjoignant de « les traiter avec bienveillance sur le mĂȘme pied que les autres fidĂšles » et confia l'application de cette bulle au chanoine de Pampelune. Mais la mise en pratique de ces dispositions Ă  leur Ă©gard provoqua d'interminables procĂšs, en dĂ©pit de l'appui de l'empereur Charles Quint, en 1524[25].

    Les Agots de Navarre avaient aussi fait appel au parlement de Pampelune en 1515, les pĂ©titionnaires Ă©taient au nombre de plus de deux cents, issus de soixante-cinq villages des diocĂšses de Pampelune, Huesca, Jaca, Bayonne et Dax. Le parlement de Pampelune fit droit Ă  leur requĂȘte. Mais la condition des Agots au niveau local reste inchangĂ©e, en raison de l'hostilitĂ© de la population[25], en particulier la population rurale de connivence avec le Bas-clergĂ©[19].

    Pendant plus de trois siĂšcles, le scĂ©nario fut le mĂȘme : brimades se succĂ©dant Ă  leur Ă©gard, procĂšs gagnĂ©s par eux de plus en plus souvent, appui du haut clergĂ© et des princes, mais rĂ©sistance des autoritĂ©s locales et du peuple.

    Cette lutte juridique est illustrĂ©e par celle menĂ©e par les cagots de Saint-Clar et de Lectoure, Ă  partir du milieu de la seconde moitiĂ© du XVIe siĂšcle. Ceux-ci subissaient violences et injures lorsqu'ils se mĂȘlaient au reste de la population, en toutes circonstances. Un procĂšs en 1560, qu'ils perdent[66], suivi d'un procĂšs en appel en 1579, s'enchaĂźna avec une nouvelle affaire du mĂȘme genre en 1599 et 1600. Le Parlement de Toulouse, avant de juger si les charpentiers de Lectoure et Saint-Clar Ă©taient en droit de se plaindre d’avoir Ă©tĂ© injuriĂ©s du nom de capot, ordonna qu’il fĂ»t procĂ©dĂ© Ă  un examen mĂ©dical. Le 15 juin 1600, les mĂ©decins reconnurent que les capots en question Ă©taient absolument sains de leur personne. Ce n’est qu’en 1627 que les anciens parias obtinrent du Parlement de Toulouse entiĂšre satisfaction, et la jouissance de tous les droits qui jusqu'alors leur Ă©taient refusĂ©s. Cet arrĂȘt de 1627 eut sans doute un retentissement considĂ©rable, car il n’y a aucune trace de procĂšs nouveaux avant la fin du XVIIe siĂšcle[36].

    Au XVIe siĂšcle, on estime que les cagots reprĂ©sentaient environ dix pour cent de la population locale. À partir de cette Ă©poque, si les interdits demeuraient, l’isolement se relĂącha, et au fil des siĂšcles qui suivirent ils commencĂšrent peu Ă  peu Ă  s’intĂ©grer dans la population de sorte que leurs noms de familles, dĂ©sormais inscrits sur les registres paroissiaux, ne les distinguaient plus, puisque, avec un mĂȘme patronyme dans une mĂȘme paroisse certaines familles Ă©taient cagotes et d’autres non. En fait, il est certain que la plupart des familles du sud-ouest de la France et de l’autre versant des PyrĂ©nĂ©es en Espagne comptent au moins un ascendant cagot.

    En 1683, un fait administratif bouleversera la donne, mĂȘme si les attitudes n'Ă©volueront que trĂšs lentement. Louis XIV et Colbert ayant besoin d'argent pour financer les guerres lointaines, l'Intendant de BĂ©arn, M.Dubois du Baillet, devant la demande royale, d'imposer la gabelle au BĂ©arn, Ă  la Bigorre et Ă  la Chalosse jusqu'alors Ă©pargnĂ©s sous les Albret, proposa que l'on donne la possibilitĂ© aux cagots d'acheter leur affranchissement ; l'instauration de la gabelle pouvant provoquer des Ă©meutes. L'idĂ©e fut acceptĂ©e et les Lettres Patentes distribuĂ©es. Les cagots pouvaient devenir des sujets Ă  part entiĂšre et les interdits les frappant furent en partie supprimĂ©s (ordonnance de l'intendant de Bezons de 1696), avec l'aide de l'Ă©vĂȘque de Tarbes, Mgr de Poudenx, et abolis en 1789. Le successeur de Mgr Poudenx, Mgr de la RomagĂšre a ordonnĂ© prĂȘtre le premier cagot ; c'Ă©tait en 1768. À la fin du XVIIIe siĂšcle, leur intĂ©gration au sein des communautĂ©s villageoises Ă©tait pratiquement Ă©tablie, bien qu'encore rejetĂ©e par nombre de non-cagots[24].

    C’est la RĂ©volution française qui leur permit de devenir dĂ©finitivement citoyens Ă  part entiĂšre, Ă  la suite des Juifs et des Protestants qui l'Ă©taient devenus grĂące Ă  l'Ă©dit de Versailles pris par Louis XVI en 1787 et enregistrĂ© en 1788.

    En 1809, le sous-prĂ©fet d’ArgelĂšs rĂ©pondait au ministre de l’IntĂ©rieur soucieux du bien ĂȘtre de ces exclus : Elle [la population cagote] s’est tellement fondue et mĂ©langĂ©e par les alliances avec les autres communautĂ©s du pays que tous les caractĂšres physiques et moraux, s’il en existe, ont entiĂšrement disparu, et que ces familles ne sont plus distinguĂ©es que par l’ancienne tradition locale dont le souvenir s’efface chaque jour. »[24]

    Au XIXe siĂšcle, subsistaient essentiellement les injures, le terme « cagot » en constituant une, encore utilisĂ©e dans le sud-ouest de la France, sans qu’on ne sache plus aujourd’hui quelle en est l'origine.

    En Espagne, en Navarre, la sĂ©grĂ©gation qui a officiellement pris fin en 1819 lorsque le Parlement a interdit expressĂ©ment la marginalisation des agotes a Ă©galement mis longtemps Ă  se rĂ©sorber dans les mentalitĂ©s, voire dans les faits. La localitĂ© de Bozate dans la commune d'Arizkun, situĂ©e dans la vallĂ©e du Baztan en Navarre fut la derniĂšre enclave connue des Agotes (du XIVe siĂšcle au dĂ©but du XXe siĂšcle, porte Ă  part Ă  l'Église, espace Ă  part dans le cimetiĂšre, pas de mariage Ă  l'extĂ©rieur du groupe, sĂ©grĂ©gation Ă  l'Ă©cole, etc.).

    MĂ©moire

    La rue des Capots, et la "porte Anglaise" - MĂ©zin (Lot-et-Garonne).
    Porte murée dite « des cagots » de l'église Saint-Martin de Moustey

    Un musĂ©e se trouve dans la localitĂ© de Bozate, en Espagne, crĂ©Ă© par le sculpteur Xabier Santxotena[67], nĂ© en Arizkun (descendant d'Agotes). Pour ce dernier, les cagots provenaient des groupes d'une ancienne guilde, en France, dĂ©diĂ©e Ă  la construction de cathĂ©drales. Selon Santxotena, l'exclusion des cagots viendrait du fait que ces groupes avait des idĂ©es religieuses diffĂ©rentes de l'orthodoxie catholique (ils incinĂ©raient leurs morts, ils Ă©taient contre la hiĂ©rarchie de l'Église, etc)[68]. Si fait que, considĂ©rĂ©s comme hĂ©rĂ©tiques, les agotes avaient Ă©tĂ© par consĂ©quent considĂ©rĂ©s comme porteurs d'une sorte de « lĂšpre spirituelle » symbolique. Le musĂ©e prĂ©sente les Ɠuvres du sculpteur (dans un parc) et une casa Gorrienea, ouverte en 2003, montre la vie quotidienne de ces ancĂȘtres cagots.

    Le seul musée des cagots de France se trouve dans les Hautes-Pyrénées à Arreau[69]. Il est situé dans le chùteau des Nestes, rue Saint-ExupÚre[70].

    La toponymie sert Ă©galement la MĂ©moire, des lieux existent encore, rappelant l'existence des cagots dans ces localitĂ©s : rue des cagots (communes de Montgaillard et de Lourdes)[71], impasse des cagots (LaurĂšde)[71], place des cagots (Roquefort)[71], place des capots (Saint-Girons), rue des Capots (communes de MĂ©zin, Sos, Vic-Fezensac, Aire-sur-l'Adour, Eauze, Gondrin)[71], chemin des capots (Villeneuve-de-Marsan), ruelle des capots (VĂ©rines). À Aubiet, un lieu-dit (lotissement) s’appelle « les MĂšstres ». C’est Ă  cet endroit, dans un hameau, que les cagots (les mestres) d’Aubiet vivaient, sur la rive gauche de l’Arrats, sĂ©parĂ©s du village par la riviĂšre. Dans ce dernier exemple, la dĂ©couverte du nom du lieu a permis Ă  des enseignants de dĂ©couvrir l'histoire des cagots et de dĂ©clencher un travail pĂ©dagogique[72]. Des noms de lieux-dits Ă©voquent aussi les cagots, comme Salazar (Villefranche-de-Lauragais), Saint-LĂ©zĂ©, Larrazet (Tarn-et-Garonne)[71]. Jusqu'au dĂ©but du XXe siĂšcle, plusieurs quartiers de cagots portaient encore le nom de Charpentier.

    Un exemple de discrimination fondée sur la peur et les préjugés

    Peur de la contagion

    L'histoire des cagots témoigne de la peur viscérale qu'éprouvaient les populations vis-à-vis de la lÚpre, de la terreur que cette maladie inspirait, mais aussi et surtout des ravages que la peur opÚre, des fantasmes qu'elle suscite et des réactions qu'elle inspire, du rÎle qu'elle joue dans la ségrégation d'une partie de la population.

    Si leur sort peut ĂȘtre comparĂ© Ă  celui de groupes exclus dans de nombreuses sociĂ©tĂ©s (parias et poulichis en Inde ou burakumin du Japon), la particularitĂ© des cagots dans l'histoire des discriminations est d'ĂȘtre une relĂ©gation hĂ©rĂ©ditaire et socio-Ă©conomique vernaculaire, non justifiĂ©e par une structure religieuse ou politique Ă  la diffĂ©rence des systĂšmes de caste, des ghettos juifs ou bannis. Elle ne vise ni Ă  la disparition ni Ă  la conversion : on n'a pas de trace de pogromes ou de bĂ»chers destinĂ©s aux cagots pour leur seule qualitĂ© de faire partie de cette communautĂ©. C'est un processus discriminant autour de la peur de la maladie impure ou gĂ©nĂ©alogiquement transmise, dans une structure socio-Ă©conomique d'exclusion sur le terroir villageois. Cette population, considĂ©rĂ©e comme physiquement diffĂ©rente, garda un statut spĂ©cifique dans la sociĂ©tĂ© mĂ©diĂ©vale d’abord et moderne ensuite, faisant parfois fonction de bouc Ă©missaire pour conjurer la peur de la lĂšpre, maladie dont on ignorait l’origine et que l’on ne savait pas soigner.

    Ce n'est qu'avec la progression du pouvoir central normalisateur que le phénomÚne disparaßt pour le cas des cagots à la fin du XVIIe siÚcle.

    Préjugés sociologiques

    Les prĂ©jugĂ©s s'appuyaient d'une part sur la croyance en un stĂ©rĂ©otype physique des cagots, dĂ©crits par certains documents comme tantĂŽt petits et bruns au teint olivĂątre, et tantĂŽt grands aux yeux bleus (pourtant aucune origine ethnique homogĂšne ou particuliĂšre n'apparaĂźt clairement, et rien ne les distingue vraiment du reste de la population). Des mĂ©decins nommĂ©s par le Parlement de Toulouse, aprĂšs expertise de 22 d’entre eux le 13 juin 1600, ne purent que conclure qu’ils Ă©taient exempts de toute pathologie. Mais les prĂ©jugĂ©s demeuraient, attribuant aux cagots[18] un ensemble de caractĂ©ristiques physiques et de caractĂšres abstraits. Ainsi les cagots Ă©taient censĂ©s dĂ©gager une odeur dĂ©sagrĂ©able.

    D'autre part, les prĂ©jugĂ©s s'appuyaient aussi sur des stĂ©rĂ©otypes moraux (on disait aussi les cagots nuisibles et malĂ©fiques, les prĂ©tendant parfois sorciers, les accablant de nombre de maux et vices), mais aussi fantasmatiques, les affublant de tares telles que l’absence de lobe aux oreilles, de pieds et de mains palmĂ©s, ou d’ĂȘtre goitreux. Certains de ces traits rappellent les sĂ©quelles physiques de la lĂšpre, tandis que le goitre Ă©tait une maladie typique des populations montagnardes privĂ©es de nourriture iodĂ©e. Concernant l’arriĂ©ration mentale en proportion de cette population, il n'est pas Ă©tabli que ce pourcentage ait diffĂ©rĂ© du reste de la population locale. Les populations du Moyen Âge, contrairement aux nĂŽtres, ne discriminaient de toute façon pas sur ce critĂšre.

    De plus, les prĂ©jugĂ©s attribuant aux cagots un Ă©loignement de l’Église catholique ne sont pas absents, comme l'atteste ce quatrain de Ronsard de 1562, Remonstrance au peuple de la France, ou cagot est associĂ© Ă  Goths, Wisigoths, mais aussi Huguenots.

    « Je n'aime point ces noms qui sont finis en os,
    Gots, cagots, austrogots, visgots et huguenots,
    Ils me sont odieux comme peste, et je pense
    Qu'ils sont prodigieux à l'empire de France. »

    Patronymes cagots

    Patronymes dérivés de cagots en France

    Au XIXe siÚcle, une procession de cagots "Parias des Pyrénées" portant l'habit marqué d'une patte de palmipÚde, arrive sur les bords du Lapaca aux sons de la crécelle et de la cliquette qui les signalent.
    - (Histoire Ă©pisodique du vieux Lourdes, BĂ©arn)

    Les noms de famille dĂ©rivĂ©s des mĂ©tiers, tels Charpentier et Cordier sont globalement assez prĂ©sents dans les descendances des cagots de par l'absence de nom de famille dans les registres paroissiaux. De mĂȘme, le surnom de ChrĂ©tien qui leur Ă©tait donnĂ© entraĂźne une forte occurrence de ses dĂ©rivĂ©s (ChrĂ©tien, Chrestia, Crestien, Cretin..) dans les noms de famille actuels, sans toutefois pouvoir exclure une autre provenance pour ces noms de famille.

    Les cagots habitant en dehors des villes, il est frĂ©quent de dĂ©signer la place oĂč ils habitaient comme "la place". Ainsi, le nom de famille Laplace peut ĂȘtre attribuĂ© Ă  des cagots.

    Plus directement, les dérivés de toutes les formes de surnoms des cagots, sont aujourd'hui présents dans les descendances. On trouve en particulier, les formes dérivées de Colibert (Colbert, Colvert, Collibert, Collibet...), de Caquin ou Kakou (Coquin, Coquet, Caque, Caquette, Caqueux, Cacou...), de Gahet (Gaffet, Gaffez, Gavot...), d'Agot, voire de Canard, en raison de la patte de canard (Canard, Canar...) ou du signe de la patte d'oie qu'ils devaient porter à la vue de tous...

    Enfin, les noms de famille désignant des lépreux peuvent également avoir été donnés à des cagots : Lépreux, Lazare, Lazaru, Salazar, Leze...

    Autres patronymes portés par les cagots

    Le premier cagot bĂ©arnais dont nous connaissons le nom s’appelle Domengoo de Momas, d’Artiguelouve. Momas est un village bĂ©arnais. Le cagot qui s’établissait dans la cagoterie d’un autre village pouvait garder comme additif (au nom de baptĂȘme) le nom du village d’origine, dont il Ă©tait l’exclu[73].

    Les cagots ont, en premier lieu, comme patronymes, des prĂ©noms, du fait qu'ils n'avaient pas le droit d'avoir un nom de famille dans les registres paroissiaux. Chez les cagots, cela paraĂźt indiquer le baptĂȘme le jour de tel ou tel saint, dont on substitue le nom au nom oriental du catĂ©chumĂšne : Guillem (Guillaume) ; Bertran (Bertrand) ; Baslia (Bastien) ; Arnaut (Arnaud)[74]. Ce qui paraĂźt plus particulier, c’est l’abondance de diminutifs indiquant une moindre considĂ©ration : Janiet (Petit Jean) ; Guilhaumet (Petit Guillaume) ; Peyrolet (Petit Pierre) ; et Bernadou (Petit Bernard) ; Lucalou (Petit Lucas), etc.[74].

    Les noms d’objets : Cagotte (petit couvre-chef en osier d'origine normande); TislĂšs (paniers) ; Caplisteig (tĂȘte de panier) ou encore Tamboury (tambourin), qui est donnĂ© parce qu'anciennement les cagots jouaient notamment du tambour de basque (de prĂ©somption d’origine espagnole ou mauresque)[74]. Sous de nombreuses variantes, on retrouve souvent ce signalement d'ustensile rond dans les mains des cagots. C'est Ă  rapprocher des lĂ©preux du pays chartrain qui devaient porter un linge blanc sur la tĂȘte ainsi que leur instrument en mains (cloche, crĂ©celle, cliquette, et autres) pour avertir la population[75]. Citons quelques appellations exclusivement cagotes : Berdot ; Blazy (Blaise) ; Estrabou ; Doat et Douau ; Feuga ; Louncaubi et Mouncaubi ; Menjou et Menjoulet[74].

    Le paysan pyrĂ©nĂ©en a, plus rarement que les provinciaux de langue d’oĂŻl, un surnom pour patronyme. En tout cas, ceux-ci sont tous portĂ©s par des descendants de cagots : Chibalet (petit cheval) ; Cournel (cornet, peut-ĂȘtre cornard) ; JoarĂŻ Soulel (Jean qui est seul) ; Pistole (pistole) ; Lachoune (parties gĂ©nitales fĂ©minines) ; Matagrabe (tue boue, vainqueur de la boue, sans doute parce que sa cabane Ă©tait bĂątie sur un bourbier). On ne cĂ©dait pas aux cagots les meilleurs terrains et d’ailleurs, en gĂ©nĂ©ral hors du village ; Lamoune (le singe) ; Mounau, Mounou (le singe, le petit singe) ; TestaroĂŒye (tĂȘte rouge, le rouquin)[74].

    Quelques noms de lieux leur sont spĂ©ciaux : Caussade (chaussĂ©e) ; CastagnĂšde (chĂątaigneraie) ; Junca/Junqua (jonchaie) ; Tuya (endroit plantĂ© de bruyĂšres et d’ajoncs). On remarquera ici les sites malsains ou isolĂ©s qu'indiquent ces mots, rappelant l’habitat de ces sortes de parias, toujours mis Ă  part, jusqu'aux temps modernes. Un nom de mĂ©tier, rĂ©servĂ© aux cagots, tisserand, est frĂ©quent, en BĂ©arn et en Bigorre : TisnĂ© et le pluriel TisnĂšs[74].

    Ce qui prĂ©cĂšde ne prouverait que le caractĂšre distinct d’habitants du Sud-Ouest. Ne portant pas les mĂȘmes noms que les autres, ils formaient donc incontestablement un groupe Ă  part.

    Mais il existe des noms de cagots trĂšs communs en Aragon et dans les pays de langue catalane, certains rĂ©pandus dans la rĂ©gion de Valence et mĂȘme en Castille. Plusieurs rappellent l’origine espagnole de ceux qui les portent. Antonio ; Arraza et Darraza ; Berdolo ; Monico et Monicolo ; Oliva ; RozĂšs ; Ramonet et Ramonau ; Rotger. Les mots s’altĂšrent plus ou moins prononcĂ©s par des gascons, mais on reconnaĂźt les racines hispaniques. Les patronymes cagots : Chicouyou ; Chicoy (du castillan chico, petit, altĂ©rĂ© en bĂ©arnais, chicou, on appelle les Espagnols des chicous dans plusieurs rĂ©gions des Basses-PyrĂ©nĂ©es) ; Espagnac et Despagnat indiquent la provenance espagnole. Les noms de marranes, de morisques se retrouvent, quoiqu'en petit nombre. Peut-ĂȘtre : Moura ; Boulan ; Boumata ; Bourjou ; Laouan sont-ils des altĂ©rations, d’anciens noms arabes[74].

    Fusler et Miro ; Rey sont en gĂ©nĂ©ral portĂ©s dans les BalĂ©ares par les chuetas, juifs convertis au Xe siĂšcle. On les trouve çà et lĂ  dans les PyrĂ©nĂ©es. MarrĂąn et Marrant, nom cagot, rare il est vrai, est le mot espagnol marrano, juif converti et aussi porc. Quant au nom de Gahet et de Gahouillet, c’est la forme pyrĂ©nĂ©enne du castillan gajo lĂ©preux. Il est incontestablement exclusif Ă  des cagots. (La conversion du "f" et du "h" est frĂ©quente.)[74].

    Les noms de cagots pouvaient ĂȘtre notamment observĂ©s sur les registres paroissiaux (mention de gĂ©zitains annotĂ©es aux cĂŽtĂ©s des noms de cagots), ou bien par exemple sur des registres notariaux ou fiscaux. Ainsi l'inventaire des ressources domaniales dans les bailliages de Pau, Lembeye et MontanĂ©rĂšs, vers 1550, comporte de longues listes de francaus (impĂŽts) dus par des cagots, par exemple : lo crestia de Gerderest, Menyolet crestia de Gerderest, Dangavo maeste Guillem du crestia du ssus, Margalide du crestia de bat, Johan de Feaas, maeste Bernadon deu Bosq, maeste Bernadon, maeste Bemad de Poguet, maeste Pascaou de Balente[76].

    Sens dérivé

    Jusqu'au milieu du XXe siĂšcle, cagot, utilisĂ© comme une insulte, signifiait aussi bien « crĂ©tin » que « idiot du village », « bigot » ou « goitreux ». Beaucoup d'observateurs faisaient la confusion entre les crĂ©tins et les cagots, du fait que ces derniers, contraints Ă  l'endogamie, avaient parmi eux des individus qui semblaient avoir subi un arrĂȘt de croissance. Mais ce n'Ă©tait pas la gĂ©nĂ©ralitĂ©, et les cagots observĂ©s par la sociĂ©tĂ© d'anthropologie de Paris en 1867 n'Ă©taient atteints d'aucune difformitĂ©[24].

    Le terme « cagot » a pris, à la suite de bigot et sans doute sous l'influence de sonorités communes, le sens de « personne dévote à l'excÚs » ; ceci proviendrait des efforts désespérés des cagots pour s'intégrer dans les communautés locales.

    Attesté chez Rabelais, le mot a également eu la nuance d'hypocrisie, de religiosité affecté, préfiguration de « tartuffe ».

    « Quoi ? je souffrirai, moi, qu'un cagot de critique
    Vienne usurper céans un pouvoir tyrannique ? »

    — Moliùre, Le Tartuffe I, 1.

    « Sénécal se rembrunit, comme les cagots amenés dans les réunions de plaisir. »

    — Gustave Flaubert, L'Éducation sentimentale.

    Bibliographie

    Livre d'Anatole France qui a Ă©crit La RĂŽtisserie de la reine PĂ©dauque (1893).
    Cette reine du royaume wisigoth qui habitait en sa capitale de Toulouse (Tolosa) ou de Rennes-le-ChĂąteau (Rhedae) Ă©tait dĂ©nommĂ©e PĂ©dauque (de PĂ©d=pied et Auca=oie). Car elle avait les pieds palmĂ©s et en forme de "patte d'oie". Elle aurait pu ĂȘtre l'une des premiĂšres cagotes en raison de sa malformation gĂ©nĂ©tique et de sa religion devenue hĂ©rĂ©tique: l'Arianisme...
    • Anatole France, 1893, La RĂŽtisserie de la reine PĂ©dauque, Gallimard, 1989.
    • Antolini, P., 1991, Au-delĂ  de la riviĂšre. Les cagots : histoire d'une exclusion, Nathan (1989 en italien), (ISBN 2091904309).
    • Beñat Le Cagot, Minutes of a Village Meeting, 1979 et That Fox-of-a-Beñat, 1984 (2 nouvelles signĂ©es Beñat Le Cagot par Rodney William Whitaker lorsqu'il vivait en reclus avec sa famille dans les PyrĂ©nĂ©es basques. Dans Shibumi, il Ă©voque une figure locale, Beñat Le Cagot, barde basque, truculent indĂ©pendantiste qui vit dans un village perdu de la Haute-Soule, au Pays basque. Son rĂ©pertoire religieux, clairement hĂ©rĂ©tique est composĂ© de jurons bibliques : « par les couilles Ă©pistolaires de St-Paul ! » ; « par les couilles perfides de Judas ! » ; « par les couilles humides de St-Jean-le-Baptiste ! »
    • Bouillet, M.-N., et Chassang, A. (dir.), 1878, « Cagots »,
    • François Caradec, Dictionnaire du français argotique & populaire, Paris, Larousse, 1977, 256 p. ; rĂ©Ă©ditĂ© sous le titre N’ayons pas peur des mots en 1988. Nouvelle Ă©dition mise Ă  jour, Paris, Larousse, coll. « RĂ©fĂ©rences Larousse », 2001, XXII-298 p.
    • Charpentier, L., 1971, Les Jacques et le mystĂšre de Compostelle, Robert Laffont (Ă©ditions J'ai Lu) (pages 135-141), (ISBN 2277513679).
    • Cordier, E., 1866-1867, « Les Cagots des PyrĂ©nĂ©es », Bulletin de la SociĂ©tĂ© Ramond.
    • Cursente BenoĂźt, Les cagots, histoire d'une sĂ©grĂ©gation, 2018, Cairn Edition
    • Descazeaux, R., 2002, Les Cagots, histoire d'un secret, Pau, Princi NĂ©guer, (ISBN 2846180849).
    • Fabre, M., 1987, Le MystĂšre des cagots, race maudite des PyrĂ©nĂ©es, Pau, MCT, (ISBN 2905521619).
    • Fay, H.-M., 1910, LĂ©preux et Cagots du Sud-Ouest, Paris, 1910, reprint ICN, Pau, 2000, 784 p.
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    • Jean-Emile Cabarrouy, 1995, Les cagots - Exclus et maudits des terres du sud. J&D Éditions, Biarritz;
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    • Francisque Michel, L'Histoire des races maudites de la France et de l'Espagne, Paris, A. Franck, , 341 p. (lire en ligne) ; rĂ©Ă©d. deux tomes, Ed. des RĂ©gionalismes, CressĂ©, 2010, (ISBN 2846183198) & (ISBN 2846185638).
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    • Robb, Graham, Une histoire buissonniĂšre de la France, Flammarion / Champs 2011 (ISBN 978-20812-8946-8).
    • Vincent Raymond RiviĂšre-Chalan, La marque infĂąme des lĂ©preux et christians sous l'ancien rĂ©gime. Des cours des miracles aux cagoteries, La pensĂ©e universelle, 1978
    • Ulysse Robert, Les Signes d'infamie au Moyen Âge : Juifs, Sarrasins, hĂ©rĂ©tiques, lĂ©preux, cagots et filles, Paris, H. Champion, 1891, p. 146-158
    • Jean-Jacques Rouch, Jean le cagot : Maudit en terre d'oc, Toulouse, Privat, coll. « Roman historique », , 215 p., 22 cm (ISBN 978-2-7089-5903-3)
    • (eu) Tambourin, Marikita, Agoten in memoriam, 2016, Maiatz

    Voir aussi

    Articles connexes

    Liens externes

    Notes et références

    1. .
    2. (eu + fr) Marikita Tambourin, Agoten in memoriam, Baiona, Maiatz, , 291 p. (ISBN 9791092009309, OCLC 959549522).
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    4. Michel, Histoire des races maudites, I, p. 284.
    5. Étienne Pasquier, ƒuvres choisies, p. 101.
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      Mox sedes Narbona tuas urbemque decoram...
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      Moenibus inferimus nos cito Narbo tuis
      .
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