AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Bourreau

Un bourreau est un exĂ©cuteur des arrĂȘts de justice chargĂ© d'infliger des peines corporelles ou la peine de mort. Le bourreau peut Ă©galement ĂȘtre appelĂ© « exĂ©cuteur des hautes Ɠuvres »[1]. Son titre a Ă©voluĂ© au cours des siĂšcles, de la dĂ©nomination pĂ©jorative de « bourrel » Ă  celle plus institutionnelle d'« exĂ©cuteur de la haute justice » lorsqu'il est reconnu comme un agent du pouvoir judiciaire Ă  part entiĂšre[2]. NĂ©anmoins la dĂ©finition administrative de la Chancellerie ne reconnaissait qu'un titre rĂ©ellement officiel, celui de : « ExĂ©cuteur en chef des arrĂȘts criminels », comme l'attestent les cartes professionnelles dĂ©livrĂ©es par la Justice Ă  ces derniers sous la IV et la Ve RĂ©publique.

Bourreau
Bourreau tranchant la tĂȘte d'une condamnĂ©e. (ExĂ©cution de LĂ©onora GaligaĂŻ, 1617).

L’étymologie du mot est relativement controversĂ©e. Le terme viendrait du verbe « bourrer », signifiant tourmenter. Il se peut Ă©galement qu’il dĂ©rive de la profession de bourrelier, une des activitĂ©s principales Ă  avoir Ă©tĂ© sollicitĂ©e pour remplir la tĂąche de bourreau. Enfin, ce terme viendrait peut-ĂȘtre d’un homme nommĂ© Borel ayant pris en charge une fonction similaire au XIIIe siĂšcle, pĂ©riode de professionnalisation de cette charge[3].

Historique

Le mĂ©tier de bourreau tel que l’on pourrait l’envisager aujourd'hui est le rĂ©sultat de siĂšcles d’évolution. À l’origine, la fonction d’exĂ©cution de la peine capitale n’était pas assurĂ©e par une seule personne, mais gĂ©nĂ©ralement un fait collectif[4] bien souvent rĂ©gi par la loi du talion. Jusqu’au Moyen Âge, et encore pendant un certain temps aprĂšs, c’est la justice privĂ©e qui domine largement. Ce systĂšme de vendetta exclut la nĂ©cessitĂ© d’un exĂ©cuteur, la figure du bourreau telle qu’elle Ă©mergera Ă  la fin du Moyen Âge n’est donc pas encore apparue.

Il est difficile de dater dans le temps l’émergence du bourreau. Dans les textes des auteurs grecs et latins, on ne trouve la trace d’aucun personnage apparentĂ© Ă  une telle fonction. L’application de la peine de mort Ă©tait alors diverse. Dans la tradition hĂ©braĂŻque, la mise Ă  mort se faisait de maniĂšre collective, demandant une participation active aux membres de la communautĂ©, notamment au travers de la pratique de la lapidation. Dans le monde romain, les licteurs Ă©taient chargĂ©s d’appliquer les sentences des condamnations publiques, sauf cas de livraison du condamnĂ© aux jeux du cirque[5]. Concernant les crimes domestiques, les membres de la famille pouvaient eux-mĂȘmes mettre en Ɠuvre un processus de vengeance privĂ©e. En GrĂšce, la lapidation est Ă©galement courante. Les citoyens peuvent aussi exĂ©cuter les coupables de crimes privĂ©s eux-mĂȘmes[6]. Ce droit sera peu Ă  peu cĂ©dĂ© aux magistrats, qui dĂ©lĂšgueront la tĂąche Ă  des esclaves[7].

C’est avec l’apparition d’une rĂ©glementation Ă©tatique de la peine de mort que des exĂ©cuteurs furent dĂ©signĂ©s de maniĂšre attitrĂ©e, d’autant que les exĂ©cutions nĂ©cessitaient une certaine forme de technicitĂ©, acquise principalement par expĂ©rience. Initialement, les bourreaux Ă©taient occasionnels et exerçaient un autre mĂ©tier. Avec le temps, l'exĂ©cuteur public est devenu un officier de justice, dĂ©tenteur d’une charge qu’il achetait, et conservera un statut officiel jusqu’à la RĂ©volution française[5].

Antiquité

Dans la Rome antique, le bourreau appelĂ© carnifex est un esclave public prĂ©posĂ© aux « hautes Ɠuvres ». Subalterne des triumviri capitales, il exĂ©cute les condamnĂ©s gĂ©nĂ©ralement par strangulation (avec ses deux mains, un lacet ou une corde). Avec ses aides (tortores), sous la prĂ©sidence d’un quaesitor, il est Ă©galement chargĂ© d'administrer la torture judiciaire (quaestio)[8].

Professionnalisation

Les premiers bourreaux professionnels apparurent en Europe occidentale durant le XIIIe siĂšcle. Cette Ă©mergence, relativement lente, se fit en parallĂšle des importants changements concernant la justice et la formation de l’État. À la fin de la pĂ©riode mĂ©diĂ©vale, les systĂšmes de vengeance privĂ©e se trouvĂšrent substituĂ©s par le nouveau systĂšme pĂ©nal et l’émergence d’une justice criminelle, consĂ©quents Ă  la mise en place de la fĂ©odalitĂ© et le dĂ©but de la centralisation du pouvoir. En outre, le dĂ©veloppement d’une justice criminelle fut encouragĂ©e par les mouvements d’urbanisation, notamment dans les Flandres et aux Pays-Bas[9]. Un des points centraux de cette nouvelle justice Ă©tait le passage de la procĂ©dure accusatoire Ă  la procĂ©dure inquisitoire[10].

La montĂ©e en puissance de la justice d’État s’accompagna Ă©galement d’un mouvement de monopolisation de la violence lĂ©gitime par les autoritĂ©s. En mĂȘme temps que l’État devient dĂ©tenteur de la justice, il se doit Ă©galement d’ĂȘtre celui qui punit. La professionnalisation du mĂ©tier de bourreau, qui relĂšve donc Ă  la fois d'un mouvement historique et d'une nĂ©cessitĂ©, est une manifestation de la centralisation du pouvoir Ă  l’époque mĂ©diĂ©vale et d'une volontĂ© de pacifier la sociĂ©tĂ©, en Ă©liminant la justice privĂ©e et les systĂšmes de vendetta. L'exĂ©cuteur public devient donc un agent judiciaire du processus de « civilisation » en Europe occidentale[11].

Dans une sociĂ©tĂ© oĂč l’oralitĂ© et la mĂ©moire visuelle occupent une place prĂ©pondĂ©rante, la mise en place d’une fonction officielle de bourreau s’accompagne d’une publicitĂ© et d’une ritualisation de l’exĂ©cution des chĂątiments. La codification de la mise en scĂšne participe aussi Ă  une volontĂ© explicite de mĂ©diatiser la violence ordonnĂ©e par la justice[12].

RĂŽle du bourreau

Exécution de Robert Tresilian.

Un bourreau Ă©tait, au cours de la pĂ©riode mĂ©diĂ©vale, un officier judiciaire chargĂ© d’exĂ©cuter les peines capitales et corporelles ordonnĂ©es par la justice criminelle. Les tĂąches lui revenant pouvaient ĂȘtre trĂšs variĂ©es, allant des sĂ©vices corporels Ă  la mise Ă  mort par noyade, bĂ»cher, enfouissement, dĂ©capitation, Ă©cartĂšlement, pendaison, etc. La pendaison Ă©tait le mode d’exĂ©cution le plus rĂ©pandu et Ă©tait appliquĂ© Ă  de nombreux crimes. À Paris et Avignon, la pendaison reprĂ©sentait environ 70 % des mises Ă  mort aux XIVe et XVe siĂšcles[13]. Concernant les sĂ©vices corporels, la plus rĂ©pandue Ă©tait la flagellation, une pratique qui Ă©tait alors trĂšs courante. Le bourreau pouvait Ă©galement ĂȘtre amenĂ© Ă  mutiler ses victimes, en les marquant au fer rouge ou encore en les amputant d’une partie du corps, renvoyant gĂ©nĂ©ralement symboliquement au crime commis[14]. Ces mĂ©thodes Ă©taient d’ailleurs gĂ©nĂ©ralement rĂ©glementĂ©es et trĂšs codifiĂ©es. Le bourreau devait donc ĂȘtre habile et expĂ©rimentĂ©, maĂźtriser de nombreux instruments et techniques de tortures et de mise Ă  mort. Il Ă©tait un maillon indispensable de l’exĂ©cution des dĂ©cisions de justice.

La mise en place de la procĂ©dure inquisitoire au XIIIe siĂšcle introduisit la pratique de la torture en tant que mĂ©thode d’interrogation. La question Ă©tait alors pratiquĂ©e par le bourreau.

MalgrĂ© tout, la mise Ă  mort demeure une pratique rare au Moyen Âge, au moins jusqu’au XIVe siĂšcle. « Le Moyen Âge, pĂ©tri de morale religieuse, pratique la peine de mort avec parcimonie[15]. » La majoritĂ© des peines appliquĂ©es s’exercent sur les biens de l’accusĂ© (amendes) ou sur sa libertĂ© (bannissement), et la justice revĂȘt une fonction plus de mĂ©diation que de rĂ©pression[16]. En revanche, mĂȘme si la majoritĂ© des peines Ă©tait globalement peu rĂ©pressive, certaines exĂ©cutions pouvaient ĂȘtre trĂšs violentes, leur fonction Ă©tant principalement de marquer les esprits. La peine de mort est avant tout une peine exemplaire et devait donc ĂȘtre rendue publiquement. L’exĂ©cution publique de sentences capitales ou corporelles Ă©tait entourĂ©e de rituels complexes et prĂ©cis, dont la rĂ©alisation servait Ă  lĂ©gitimer la sentence rendue par la justice. Il revient donc au bourreau d’assurer le bon dĂ©roulement de la mise Ă  mort pour ne pas entraver le cours de la justice. Le bourreau, autorisĂ© Ă  tuer, exerce une fonction singuliĂšre. Et c’est aussi pour que ne s‘exerce pas Ă  son encontre le droit de vengeance que son action doit demeurer en tout point conforme au rituel[17].

L’application de la peine capitale traduit, au sein de la sociĂ©tĂ© mĂ©diĂ©vale, une volontĂ© d’annihiler un individu indĂ©sirable ne pouvant plus ĂȘtre rĂ©intĂ©grĂ© Ă  la sociĂ©tĂ© Ă  laquelle il appartenait. Bien qu’il ne s’agisse pas d’éliminer mais de punir, les peines corporelles portaient Ă©galement un fort caractĂšre exemplaire, supposĂ©es dĂ©montrer Ă  la sociĂ©tĂ© ce qu’il en coĂ»te de transgresser l’ordre social, les mutilations ajoutant une marque visible et indĂ©lĂ©bile, signe permanent de la condamnation et de l’infamie perpĂ©tuelle[18]. La publicitĂ© Ă©tait d’autant plus importante qu’elle dĂ©montrait un retour Ă  l’ordre au sein de la communautĂ©[19].

Les fonctions et devoirs d’un bourreau durant l’époque mĂ©diĂ©vale Ă©taient donc plutĂŽt variĂ©s et demandaient une certaine maĂźtrise technique des instruments et des modalitĂ©s des peines capitales et corporelles. Il est Ă©galement important de souligner que l'exĂ©cuteur public occupait la place centrale des rituels punitifs du bas Moyen Âge, censĂ©s permettre le retour Ă  l’ordre hiĂ©rarchique et Ă  l’harmonie sociale, alors troublĂ©s par des actes criminels. Un bourreau compĂ©tent Ă©tait une aide prĂ©cieuse pour les autoritĂ©s publiques[20].

Outre ces « hautes Ɠuvres », le bourreau accomplissait gĂ©nĂ©ralement Ă©galement les « basses Ɠuvres », constituĂ©es de travaux annexes comme le nettoyage des rues ou la vidange des eaux usĂ©es, ce qui lui permettait de complĂ©ter son revenu.

Figure du bourreau

La fonction d’« exĂ©cuteur des hautes Ɠuvres » Ă©tait quasiment exclusivement rĂ©servĂ©e aux hommes (quelques femmes dites « bourrelles » ont existĂ©, mais elles se chargeaient uniquement des sanctions appliquĂ©es aux femmes[21]) qui appartenaient aux classes sociales infĂ©rieures. Il s’agissait de personnages sĂ©culiers, qui devaient nĂ©cessairement ĂȘtre chrĂ©tiens. Cette occupation ne pouvait Ă©galement pas ĂȘtre attribuĂ©e Ă  des personnes dites « rĂ©putĂ©es ». En consĂ©quence, il Ă©tait difficile pour les autoritĂ©s de recruter des personnes pouvant ĂȘtre bourreau, c’est pourquoi, au XVe siĂšcle, les bouchers Ă©taient quelquefois forcĂ©s de remplir Ă©galement cette fonction[22]. Il pouvait Ă©galement s’agir d’anciens criminels ayant obtenu le pardon en Ă©change de la prise en charge de cette fonction. De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, ceux qui acceptaient d’effectuer cette tĂąche trĂšs impopulaire Ă©taient soit forcĂ©s, soit dans une situation d’absolue nĂ©cessitĂ©[22]. Rapidement la charge de bourreau devient hĂ©rĂ©ditaire, ce qui mĂšne, dĂšs le XVe siĂšcle, Ă  la crĂ©ation de vĂ©ritables dynasties de bourreaux. Cette transmission de la charge tient Ă  son statut particulier : le bourreau Ă©tait marginalisĂ© et ses enfants exclus de l'enseignement ou de l'apprentissage et donc ne pouvaient pas exercer d'autres mĂ©tiers[23]. Ce fonctionnement Ă©tait plutĂŽt profitable au systĂšme pĂ©nal, qui Ă©tait alors assurĂ© d’obtenir des exĂ©cuteurs formĂ©s dĂšs leur plus jeune Ăąge.

Stigmatisation et ambiguïté sociale

Durant la pĂ©riode mĂ©diĂ©vale, les attitudes Ă  l’encontre des bourreaux Ă©taient ambiguĂ«s. L'exĂ©cution, d'abord simple prolongement de l'action judiciaire, fut dĂšs le XIIIe siĂšcle (moment d’institutionnalisation de la profession) exposĂ©e Ă  une stigmatisation grandissante. Le bourreau, Ă  la fois exĂ©cuteur de la justice officielle, agent du droit, Ă©tait largement stigmatisĂ© et exclu par la sociĂ©tĂ© dans laquelle il Ă©voluait.

La violence, principalement envisagĂ©e comme une perturbation de l’ordre divin[24], devait ĂȘtre utilisĂ©e dans un cadre juridique strict pour apparaitre lĂ©gitime. Bien qu’étant agent de la justice lĂ©gitime, l’image du bourreau demeurait nĂ©gative. Cette image nĂ©gative dĂ©coulait principalement du fait que la violence exercĂ©e par le bourreau l’était contre des personnes sans dĂ©fense. Le bourreau Ă©tait d’ailleurs souvent imaginĂ© comme Ă©tant l’opposĂ© du bon chevalier, n’attaquant jamais des personnes dĂ©sarmĂ©es et protĂ©geant les faibles[25]. De plus, l’association de l'exĂ©cuteur public avec l’impuretĂ© et le sang contribuait largement Ă  l’attitude nĂ©gative de la sociĂ©tĂ© en gĂ©nĂ©ral vis-Ă -vis de cette figure. Au Moyen Âge, l'Ă©coulement du sang avait un statut d'effusion polluante. En raison de son activitĂ©, le bourreau devient donc un ĂȘtre contaminĂ©, et est de ce fait exclu de la sociĂ©tĂ©. Le fait que de nombreux bourreaux Ă©taient d’anciens criminels eut Ă©galement un impact trĂšs nĂ©gatif sur les attitudes vis-Ă -vis de cette profession.

Bien que le bourreau jouisse de certains privilĂšges (exemptions, havage, etc.) en contrepartie Ă  l’infamie et la souillure dont sa fonction est entachĂ©e, l’ostracisme vĂ©cu au quotidien par l’exĂ©cuteur public et sa famille Ă©tait puissant. PremiĂšrement, le bourreau Ă©tait logĂ© en dehors de la ville[26], Ă  l’écart de la sociĂ©tĂ©. Bien qu'il puisse jouir de conditions matĂ©rielles meilleures que celles des basses classes, l’exĂ©cuteur public Ă©tait fonciĂšrement exclu de la vie sociale et bourgeoise. Le bourreau Ă©tait Ă  tel point considĂ©rĂ© comme impur qu’il ne pouvait avoir de contact physique avec des biens comestibles sans qu’ils ne soient nettoyĂ©s aprĂšs son passage. RejetĂ© par ses pairs pour avoir exĂ©cutĂ© la volontĂ© de la justice selon le bien commun, il est haĂŻ et redoutĂ© de tous. Le sceau du sang en fait un intouchable craint par la sociĂ©tĂ©[27].

Les exécuteurs publics étaient donc des figures poussées aux marges de la société, soumises à de nombreuses restrictions et obligations. Ils étaient soumis à un code d'honneur professionnel des plus sévÚres. En cas d'exécution manquée, il était menacé d'une sanction de l'autorité, quand il n'était pas immédiatement lynché par la foule des curieux[28].

L’isolement du bourreau et de sa famille conduisit Ă  des alliances entre familles de bourreaux, donnant naissance Ă  de vĂ©ritables dynasties[5]. Satisfaites qu’un office aussi peu enviable soit pourvu de maniĂšre permanente par le biais de rĂ©seaux familiaux, les autoritĂ©s administratives et judiciaires se sont toujours inclinĂ©es devant ce systĂšme hĂ©rĂ©ditaire. Ainsi les bourreaux et leurs familles ont-ils toujours considĂ©rĂ© qu’ils exerçaient une sorte de charge monnayable et transmissible comme n’importe quel autre Ă©lĂ©ment de leur patrimoine.

Les bourreaux subissaient Ă©galement une stigmatisation sociale via le port de vĂȘtements et de signes distinctifs[29]. Dans la sociĂ©tĂ© mĂ©diĂ©vale, les vĂȘtements avaient une fonction de reprĂ©sentation de l’ordre social et moral. Ils soulignaient la hiĂ©rarchie Ă  l'Ɠuvre dans la sociĂ©tĂ©. Les rĂ©glementations concernant l’habillement, qui dĂ©coulaient largement d’une idĂ©ologie sociale, avaient pour but de dĂ©montrer le sexe, le statut et la classe sociale d’une personne[30]. L’habit du bourreau, qu'il Ă©tait obligĂ© de revĂȘtir en tout temps, portait donc une signification relative Ă  son statut et son mĂ©tier.

Chroniques de Froissart (BnF). , ExĂ©cution d’Olivier de Clisson.

Un des traits caractĂ©ristiques de l’habillement du bourreau Ă©tait la polychromie, notamment sous forme de rayures[31], un habit colorĂ© facilitant l’ostracisme et signalant l’infamie. L’utilisation du motif rayĂ©, imposĂ© au bourreau, comme d'ailleurs Ă  d'autres catĂ©gories sociales considĂ©rĂ©es comme « infĂąmes »[32], avait pour but de mettre en Ă©vidence le statut marginal du bourreau et de l’empĂȘcher de se mĂȘler aux personnes dites « respectables ». Parmi les signes distinctifs utilisĂ©s dans la symbolique vestimentaire mĂ©diĂ©vale, les rayures tiennent une place particuliĂšre. Elles expriment la dĂ©prĂ©ciation, la mĂ©fiance, parfois le rejet[33]. Le motif rayĂ© Ă©tait Ă©galement associĂ© Ă  l’indĂ©cence, Ă  la luxure et Ă  l’infamie. Dans l’iconographie, les bourreaux Ă©taient souvent habillĂ©s de maniĂšre Ă  contraster avec le reste de l’image, les contrastes de couleurs Ă©tant gĂ©nĂ©ralement associĂ©s avec des connotations trĂšs nĂ©gatives, dĂ©montrant une moralitĂ© discutable. Le rouge Ă©tait la couleur la plus commune dans la reprĂ©sentation des bourreaux Ă  l’époque mĂ©diĂ©vale. Cette couleur Ă©tait utilisĂ©e en rĂ©fĂ©rence Ă  l’activitĂ© violente et sanglante du bourreau. De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, le rouge, bien que reprĂ©sentant Ă©galement la justice, Ă©tait associĂ© Ă  une vie de pĂ©chĂ©s et reprĂ©sentait les chrĂ©tiens engagĂ©s dans une activitĂ© infamante[34]. Le jaune, Ă©galement utilisĂ©, reprĂ©sentait la tromperie, l’impuretĂ© et la transgression des normes. L’utilisation du vert signifiait Ă©galement l’impuretĂ© et Ă©tait associĂ© avec le diable. Enfin, le noir Ă©tait aussi une couleur typiquement associĂ©e Ă  l’habit du bourreau et reprĂ©sentait le vice, la mort, et une classe sociale basse.

Le bourreau, marquĂ© de l'opprobre social, devait Ă©galement porter un signe distinctif de sa fonction. Ces marques d'infamie, qui Ă©taient utilisĂ©es de maniĂšre frĂ©quente durant la pĂ©riode mĂ©diĂ©vale, servaient Ă  dĂ©signer, aux yeux de tous, ceux qui Ă©taient mis Ă  l'Ă©cart de la communautĂ©[35]. L’exĂ©cuteur public devait porter sur sa tenue, sur la manche ou dans le dos, de petits insignes cousus, comme c’était le cas pour d’autres parias (prostituĂ©es, Juifs, hĂ©rĂ©tiques, etc.). Ces insignes reprĂ©sentaient une Ă©chelle et un gibet, ou une main tenant une Ă©pĂ©e, symboles de justice. Le but principal de toutes ces mesures Ă©tait que le bourreau devait demeurer identifiable en toute situation, le distinguant du reste de la sociĂ©tĂ© et suggĂ©rant son statut social infĂ©rieur et sa morale basse[36].

En France avant la RĂ©volution

En France avant la RĂ©volution, chaque bailliage disposait d'un exĂ©cuteur des basses Ɠuvres et des hautes Ɠuvres qui portait le nom de bourreau. Ainsi, les modes d'exĂ©cution, les hautes Ɠuvres, et les techniques utilisĂ©es diffĂ©raient d'une rĂ©gion Ă  l'autre. Si les bourreaux jouissaient d'appellations variables selon les lieux et les circonstances, la plus courante Ă©tait celle d'exĂ©cuteur de haute justice que l'on retrouve dans le Code noir ainsi qu'un dĂ©cret de 1787[37].

Dans l'Est, le bourreau était souvent issu de métiers en rapport avec les cadavres et la mort tels que équarrisseur, tanneur, bourrelier voire croque-mort, fossoyeur, etc. et était surnommé le riffleur[38].

Au sud de la Loire, le bourreau était souvent un occasionnel surnommé le bingre par les bourreaux dynastiques.
Toutefois, devant le manque de volontaires, les magistrats faisaient appel, parfois, Ă  d’anciens criminels qu’ils sortaient de prison pour leur Ă©viter, en Ă©change, la corde ou les galĂšres.

En Île-de-France, les bourreaux Ă©taient au service du roi qui leur dĂ©livrait des lettres de provision, les rendant propriĂ©taires de leur office. Le bourreau devenait alors officier du roi et transmettait par la suite sa charge Ă  ses propres enfants qui de plus avaient du mal Ă  trouver d'autres mĂ©tiers, se faisant ainsi le fondateur d’une dynastie appelĂ©e les bourreaux dynastiques[39].

Outre les exécutions, le bourreau était chargé préalablement à leur exécution de tourmenter et de torturer les condamnés à mort.
À titre d'exemple, on trouve des quittances comme celle de Geoffroy ThĂ©rage, le bourreau de Jeanne d'Arc qui indique outre sa rĂ©munĂ©ration, le travail effectuĂ©[40]. Il est Ă  noter, que ce maitre persĂ©cuteur des hautes Ɠuvres du Roy, au bailliage de Rouen, n'Ă©tait sĂ»rement pas diffĂ©rent de ses collĂšgues qui officiaient dans les autres juridictions.

Pendant les 25 annĂ©es de son office, il mit au pilori, traĂźna des suppliciĂ©s sur une claie, dĂ©capita, pendit, trancha des mains, Ă©cartela avant de pendre les quatre membres et de mettre la tĂȘte sur une lance, etc. En 1432, il va ainsi dĂ©capiter, Ă©carteler, pendre les membres et mettre la tĂȘte sur une lance 104 fois.

Dans de telles conditions, on comprend pourquoi le bourreau suscitait une telle horreur et vivait reclus, Ă  l’écart des honnĂȘtes gens qui fuyaient tous son contact. On refusait ses enfants dans les Ă©coles, et les marchands rechignaient Ă  lui vendre leurs marchandises. L'Église consentait au mariage consanguin dans ces familles. En ville, le boulanger gardait le pain destinĂ© au bourreau Ă  l'envers, favorisant la superstition que prĂ©senter le pain Ă  l'envers sur une table attire le diable. La littĂ©rature et le cinĂ©ma ont dĂ©veloppĂ© une autre lĂ©gende, celle de bourreaux portant un masque ou une cagoule lors de l'exĂ©cution alors que leur visage Ă©tait Ă  dĂ©couvert ou qu'ils portaient un chapeau, leur signe distinctif Ă©tant un insigne sur le manteau (Ă©pĂ©e, manteau)[39].
Le bourreau percevait ses Ă©moluments sur une grande quantitĂ© en nature des marchands des halles et en fonction des supplices rĂ©pertoriĂ©s sur des « carnets de bourreaux » : c’était le droit de havage qui permettait au bourreau de prendre une certaine quantitĂ© de pain, de lĂ©gumes, de viande, de poisson dans les paniers sur lesquels il Ă©tendait la main. Ce droit fut aboli en 1775.

En 1791, la torture prĂ©alable Ă  l’exĂ©cution fut supprimĂ©e et les peines de mort furent alors uniformisĂ©es sur l’ensemble du territoire français : « Tout condamnĂ© Ă  mort aura la tĂȘte tranchĂ©e ».

En France depuis la RĂ©volution

Bourreau français en 1798
(musée de la Révolution française).
La tour et la maison du bourreau de Toulouse Ă  La Restauration, prĂšs de la Porte de Las Croses (dessein de Ferdinand Mazzoli).

À partir de 1791, il n'y eut plus qu'un exĂ©cuteur par dĂ©partement.

D'aprĂšs le Dictionnaire de l'administration française de 1877-1885[41], la loi du Ă©tablit d'abord un « exĂ©cuteur des arrĂȘts criminels » par dĂ©partement, chacun assistĂ© de deux aides, sauf celui de Paris qui en avait quatre. Le bourreau Ă©tait chargĂ© « d'exĂ©cuter les arrĂȘts prononçant la peine de mort ».

Sous l'Empire et sous la Restauration, leur nombre fut réduit pour les amener à un par cour d'appel dÚs le Second Empire.

En 1832, il fut Ă©galement chargĂ© « de pourvoir Ă  l'entretien et Ă  l'Ă©tablissement des bois de justice » et il fut dĂ©cidĂ© de diviser par deux le nombre de bourreaux au fur et Ă  mesure des mises Ă  la retraite, et de supprimer les aides dans la plupart des dĂ©partements. En 1849, il n'y avait plus qu'un « exĂ©cuteur en chef » par ressort de cour d'appel et un « exĂ©cuteur-adjoint » dans chaque dĂ©partement oĂč ne siĂ©geait pas une cour d'appel. Enfin, en 1850, il fut dĂ©cidĂ© que l'exĂ©cuteur en chef serait seul habilitĂ© Ă  procĂ©der et que les adjoints ne seraient plus assignĂ©s Ă  des dĂ©partements mais simplement Ă  l'assistance de l'exĂ©cuteur en chef.

Le dĂ©cret d'Adolphe CrĂ©mieux du finit par uniformiser la charge en supprimant les bourreaux de province, ne laissant plus qu'un seul « exĂ©cuteur en chef » pour tout le territoire national, avec cinq « exĂ©cuteur-adjoints ». Seul le bourreau de Corse resta en fonction jusqu'en 1875. L'AlgĂ©rie, alors française, gardant, quant Ă  elle, une Ă©quipe d'exĂ©cuteurs qui lui Ă©tait propre, jusqu'Ă  l'indĂ©pendance du pays.

Le bourreau n'Ă©tait pas fonctionnaire, mais « agent contractuel de l'État ». Sa fonction ne paraissait pas sur les comptes de la nation, il ne percevait donc pas de salaire, mais des gages versĂ©s par le ministĂšre de la Justice. Selon des estimations, un « exĂ©cuteur en chef » gagnait moins qu'une secrĂ©taire, et ses « aides », moins que des balayeurs. Ainsi, le revenu que Marcel Chevalier tirait de sa fonction de dernier exĂ©cuteur en chef, Ă©tait en 1979 de 40 833 francs annuels, soit l'Ă©quivalent de celui d'un ouvrier d'administration ou d'un employĂ© de bureau. Il s'agissait lĂ  de la somme qu'il s'auto-attribuait sur les 180 000 francs que lui versait le ministĂšre, le reste servant Ă  entretenir les bois de justice et Ă  payer ses adjoints. Comme ses prĂ©dĂ©cesseurs, il ne s'agissait pas de son mĂ©tier principal, puisque lui-mĂȘme Ă©tait imprimeur typographe (il fut d'ailleurs Ă©lu « meilleur ouvrier de France » dans sa jeunesse). Chevalier disait lui-mĂȘme « je travaille deux fois ». Il entra en fonction en 1976, et son contrat fut rompu en 1981.

Quant Ă  la transmission de la charge, elle se faisait toujours par cooptation (en France tout particuliĂšrement), privilĂ©giant les liens familiaux, survivance du systĂšme dynastique en vigueur depuis des siĂšcles dans la profession, mĂȘme si, selon Jacques Delarue, les candidatures spontanĂ©es ne manquaient pas auprĂšs du ministĂšre de la Justice. À dĂ©faut de transmission familiale, l'administration en la personne du directeur du dĂ©partement des arrĂȘts criminels du ministĂšre de la Justice utilisait la rĂšgle de l'anciennetĂ© parmi les adjoints pour dĂ©signer le nouvel « exĂ©cuteur en chef ».

Bourreau au XXIe siĂšcle

L'existence d'un « bourreau » seul en droit de tuer contre rĂ©munĂ©ration comme on le voyait en France ou au Royaume-Uni a toujours suscitĂ© la rĂ©vulsion de la population[42], mĂȘme lorsque celle-ci soutient la peine de mort[43]. De ce fait les pays Ă©vitent de dĂ©signer une seule personne comme ayant aptitude pour commettre l'acte lĂ©tal.

En Arabie saoudite

Muhammad Saad al-Beshi, 42 ans à l'époque, a accordé une rare interview en 2003 au journal Arab News[44]. Il y explique qu'il a débuté comme exécuteur en 1998 et qu'il était particuliÚrement stressé ce jour-là car les exécutions ont lieu en public ; il déclare également qu'il est aujourd'hui le pÚre comblé de sept enfants. Il est presque sûr que son fils aßné va lui succéder dans sa profession qui l'amÚne à procéder à des amputations de mains ou des jambes. Il ne compte plus depuis longtemps ses exécutions et, en général, il va voir la famille de la victime du condamné pour demander leur pardon au nom du condamné peu avant l'exécution. Il participe à la formation de jeunes futurs bourreaux. Il exécute les condamnés au pistolet ou au sabre selon leur désir[45] - [46]. Un autre bourreau, Abdallah Al-Bishi, a lui aussi été interviewé à la télévision. Il y explique que les condamnés sont anesthésiés localement avant les démembrements et qu'il lui est déjà arrivé d'exécuter des gens qu'il connaissait[47].

Au Bangladesh

Les exĂ©cutions sont mises en Ɠuvre par des dĂ©tenus « fiables » ayant reçu une formation Ă  cet effet[48] - [49].

En Chine

L'exĂ©cution de la peine de mort est une des activitĂ©s des policiers parmi d'autres. Dans le cadre des exĂ©cutions par balles, ceux-ci sont assignĂ©s Ă  un entraĂźnement les deux jours prĂ©cĂ©dents pour s'assurer que le condamnĂ© mourra bien du premier coup. Comme au Japon, ils ne sont pas volontaires mais tout de mĂȘme rĂ©compensĂ©s pour cette activitĂ©[50].

Aux États-Unis

Aux États-Unis les Ă©quipes sont diffĂ©remment composĂ©es selon les États : certains autorisent la participation de professionnels mĂ©dicaux, d'autres non.

À titre d'exemple, la Californie a publiĂ© en 2007 son trĂšs dĂ©taillĂ© protocole d'exĂ©cution par injection lĂ©tale[51]. Celui-ci prĂ©voit que le directeur prĂ©side lors de l'exĂ©cution, ainsi qu’à la commission dĂ©signant et contrĂŽlant la compĂ©tence des membres de la lethal injection team, au nombre de vingt minimum. Un adjoint du directeur et un surveillant du grade de lieutenant ou capitaine (the lethal injection team leader) assurent la direction effective de l'Ă©quipe. Celle-ci est divisĂ©e en quatre sous-Ă©quipes : l'Ă©quipe de sĂ©curitĂ© composĂ©e de surveillants chargĂ©s du condamnĂ© et des tĂ©moins ; l'Ă©quipe intraveineuse chargĂ©e d'insĂ©rer les cathĂ©ters ; l'Ă©quipe d'infusion chargĂ©e de prĂ©parer et injecter les produits et l'Ă©quipe des archives. Chacun des membres de l'Ă©quipe doit ĂȘtre volontaire, avoir de bons antĂ©cĂ©dents, une bonne expĂ©rience et ne pas avoir travaillĂ© dans le couloir de la mort depuis au moins un an. Les membres se rĂ©unissent tous les mois pour s'entraĂźner et effectuer une simulation d'exĂ©cution.

En Arizona, il a Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ© qu'un mĂ©decin employĂ© pour superviser les exĂ©cutions en 2010 et 2011 Ă©tait payĂ© 18 000 $ pour chacune d'entre elles. Il a mĂȘme perçu 12 000 $ pour une exĂ©cution qui n'a pas eu lieu, ayant Ă©tĂ© suspendue au dernier moment[52].

En Inde

Trois exĂ©cutions ont eu lieu en Inde depuis 2004, la premiĂšre en 2012. Le , la peine de mort a Ă©tĂ© infligĂ©e au terroriste Aljab Kasab, condamnĂ© pour le meurtre de 55 personnes. MalgrĂ© de nombreux candidats souhaitant exĂ©cuter Kasab gratuitement, le gouvernement a considĂ©rĂ© qu'il valait mieux que le travail soit effectuĂ© par une personne agrĂ©Ă©e. Deux agents pĂ©nitentiaires ont finalement Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ©s pour procĂ©der Ă  cette exĂ©cution. Le gouvernement souhaitait Ă©galement que l'exĂ©cution soit secrĂšte jusqu’à sa mise en Ɠuvre, c'est pourquoi les bourreaux furent interdits de sortir de la prison les deux jours qui prĂ©cĂ©dĂšrent l'exĂ©cution ; ils ne dĂ©couvrirent que quelques minutes avant la pendaison l'identitĂ© du condamnĂ©. Ils furent payĂ©s 2 500 roupies chacun (un Indien gagne en moyenne 100 roupies par jour) ; le gouvernement a dĂ©cidĂ© de ne pas rĂ©vĂ©ler leur identitĂ©[53].

En Indonésie

Des balles à blanc sont réparties au hasard dans les fusils du peloton d'exécution.

Au Japon

Les exĂ©cutions sont mises en Ɠuvre par une Ă©quipe de surveillants du couloir de la mort, ceux-ci quittant ce poste tous les trois ans pour Ă©viter qu'ils ne tissent trop de liens affectifs avec les condamnĂ©s[54]. Trois ou cinq surveillants sont tenus de presser chacun en mĂȘme temps un bouton ouvrant la trappe de la potence sans savoir lequel est actif. Les surveillants apprennent le jour mĂȘme qu'ils vont devoir participer Ă  une exĂ©cution et ne peuvent refuser, au risque de perdre leur emploi. Ils reçoivent nĂ©anmoins, pour chaque exĂ©cution Ă  laquelle ils participent, une prime d'environ 180 € en plus de leur salaire rĂ©glementaire[55]. Les exĂ©cutions ayant lieu le matin, on leur donne Ă©galement leur aprĂšs-midi.

Bourreaux célÚbres

En Allemagne

Au Canada

Aux États-Unis

En France

D'aprÚs l'Arbre généalogique de bourreaux français (pour les trois premiers cités)[57]

Bourreaux de Paris[58] - [59] - [60]
Voir aussi
  • Les JouĂ«nne, l'une des plus anciennes dynasties de bourreaux (le premier d'entre eux, Nicolas Jouhanne dit La Justice, bourreau du Pays de Caux en Normandie est dĂ©jĂ  citĂ© en 1202)
  • Geoffroy ThĂ©rage Ă  Rouen, chargĂ© de l'exĂ©cution de Jeanne d'Arc
  • Georges Michel Wollmar, bourreau de Colmar depuis 1747, il procĂ©da notamment Ă  l'exĂ©cution de Hirtzel LĂ©vy, mort innocent sur la roue le 31 dĂ©cembre 1754. Son fils, Georges FrĂ©dĂ©ric lui succĂ©da.
  • Jacques Joseph Durand, le bourreau assassin de Laval
  • Les exĂ©cuteurs en AlgĂ©rie
    • Jacques Baroux (1843-1847)
    • Nicolas Wolf (1847-1855)
    • Antoine Rasseneux (1855-1885)
    • Gustave Rasseneux (1885-1906)
    • Pierre Lapeyre (1906-1928)
    • Henri Roch (1928-1944)
    • AndrĂ© Berger (1944-1957)
    • Maurice Meyssonnier (1957-1958) avec son fils Fernand Meyssonnier comme premier aide
  • On peut Ă©galement citer quelques aides-bourreaux dont certains passeront Ă  la postĂ©ritĂ©[63]
    • Charles-Henri-Constant Desmores (1805-1813)
    • Charles-Nicolas-Lubin Jouenne (1807-1809)
    • Pierre-Nicolas Jouenne (1811-1812)
    • Henri-ClĂ©ment Sanson (1811-1840)
    • Joseph-Nicolas Fauconnier (1819-1823)
    • Jean Dupont (1828-1854)
    • Henri-Charles Desmorest (1830-1840)
    • Jacques-Henri Ganier (1840)
    • Nicolas Chtarque (1841)
    • Jean-Pierre Guerchoux (1842)
    • Louis-Marie-Dauphin Benoist (1842-1844)
    • Jean-Pierre Piot (1843-1847)
    • Jean-Jacques Vollmar (1844-1849)
    • EugĂšne FĂ©rey (1847)
    • Nicolas-Placide Doubleau (1853)
    • Pierre-Alexandre-Roland Leroy (1853)
    • Louis-Julien-FortunĂ© Leroy (1853-1862)
    • LĂ©on Richim (1860-1866)
    • AimĂ©-EugĂšne Étienne (1862-1890)
    • Jean-Emile Grosholtz (1866-1871)
    • Edouard-Matthieu Desfourneaux (1871-1900)
    • Alphonse-LĂ©on Berger (1872-1906)
    • Adolphe-DĂ©sirĂ© Deville (1879-1900)
    • EugĂšne-Clovis Rogis (1900-1911)
    • Louis Rogis (1905-1930)
    • Gaston Bernoux (1912-1958)
    • Ernest Deschamps (1912-1921)
    • LĂ©opold-Charles-Emile Desfourneaux (1912-1926)
    • RenĂ©-Henri Desfourneaux (1925-1934)
    • Robert Martin (1930-1945)
    • Henri Sabin (1930-1951)
    • Julien Guyot (1934-1958)
    • Georges Martin (1939-1951)
    • Georges-Emile Obrecht (vers 1940)
    • Gustave Galland (1944)
    • Georges Perruchot (1951-1976)
    • Georges Ribour (1957-1958)
    • Raymond Navarre (1959-1960)
    • RenĂ© Cheny (1960-1981)
    • Roger Deshaes (1960-)

En Israël

  • Shalom Nagar, agent pĂ©nitentiaire, a une seule pendaison Ă  son actif et non la moindre, celle d’Adolf Eichmann.

Au Royaume-Uni

  • Un français (le ) : Il est de notoriĂ©tĂ© publique que Henri VIII a fait appel Ă  un bourreau français originaire de Saint-Omer pour effectuer Ă  l'Ă©pĂ©e, la dĂ©capitation de la reine Anne Boleyn, jugĂ©e coupable, Ă  tort, d'adultĂšre et d'inceste. Le bourreau, d'une grande prĂ©venance, lui demanda en français de l'excuser et elle lui rĂ©pondit en français qu'elle maitrisait parfaitement qu'elle le pardonnait. En guise de dernier hommage, la foule, hormis deux personnes, aux environs de deux mille Ăąmes, s'agenouilla dans l'herbe dans l'enceinte de la tour de Londres en mĂȘme temps qu'elle le fit dans la paille, sur l'Ă©chafaud. Alors qu'elle Ă©tait prĂȘte et en position, le bourreau feint de ne pas avoir son Ă©pĂ©e en main et demanda Ă  son assistant de la lui passer avant de trancher, la seconde suivante, le cou de la reine en une seule fois[64]. Il reçut 23 livres pour son office, soit un peu plus de 70 000 de nos euros.
  • William Calcraft (1800 - 1879), exĂ©cuteur pendant 45 ans, de 1829 Ă  1874, la plus longue carriĂšre de bourreau dans l’histoire britannique.
  • William Marwood (1820 - 1883), exĂ©cuteur de 1872 Ă  1883, fut dans les annĂ©es 1870, le bourreau qui modernisa la technique de la pendaison, notamment par l’invention (selon les sources) de la mĂ©thode du Long Drop.
  • James Berry (1852-1913)
  • John Ellis (1874 - 1932), qui officia de 1901 Ă  1924.
  • Les Pierrepoint : dont le plus illustre reprĂ©sentant fut Albert (1905 - 1992). Il fut l'un des derniers exĂ©cuteurs au Royaume-Uni (les derniĂšres exĂ©cutions datent de 1964). Il fut considĂ©rĂ© comme l'exĂ©cuteur britannique le plus « prolifique » du XXe siĂšcle : il officia dans 450 pendaisons entre 1932 et 1956, soit 433 hommes et 17 femmes.
  • Harry Allen (1911 - 1992), l’avant-dernier bourreau britannique. Il officia de 1956 Ă  1960.
  • Robert Leslie Stewart (1918 - 1989), le dernier exĂ©cuteur du royaume, il procĂ©da Ă  six exĂ©cutions durant sa courte carriĂšre de 1960 Ă  1964.

En Suisse

Notes et références

  1. « Centre National des Ressources Textuelles et Lexicales, définition du mot "bourreau" », sur cnrtl.fr
  2. TOURNEILLE, ValĂ©rie, « Bourreau », dans GAUVARD, Claude, DE LIBERA, Alain, ZINK, Michel (sous la dir.), Dictionnaire du Moyen Âge, Paris, Presses universitaires de France, 2002, p. 190.
  3. BAUER, Alain, Dictionnaire amoureux du Crime, Paris, Plan,
  4. ARMAND, FrĂ©dĂ©rique, Les bourreaux en France, du Moyen Âge Ă  l’abolition de la peine de mort, Paris, Perrin, , p. 13
  5. BAUER, Alain, Op.cit.
  6. ARMAND, Frédérique, Op.cit., p.14
  7. ARMAND, Frédérique, Op.cit., p.15
  8. Mariama Gueye, « Le Carnifex. Un « barbare » au service de la justice romaine », Analecta malacitana, vol. XXXIII, no 2,‎ , p. 425-441
  9. KLEMETTILÄ, Hannele, Epitomes of evil : representations of executioners in Northern France and the Low Countries in the late Middle Ages, Turnhout, Brepols, , p.35
  10. (en) KLEMETTILÄ, Hannele, Op.cit., Turnhout, Brepols, , p.35
  11. (en) ROYER, Katherine, The Body in Parts : Reading the Execution Ritual in Late Medieval England », Historical Reflections / Réflexions Historiques, , p. 321
  12. TOURNEILLE, ValĂ©rie Paris, Crime et chĂątiment au Moyen Âge (Ve – XVe siĂšcle, Paris, Seuil, , p. 268
  13. (en) KLEMETTILÄ, Hannele, Op. cit., p.26
  14. (en) KLEMETTILÄ, Hannele, Op.cit., p.36
  15. TOURNEILLE, Valérie, Op.cit., p.253
  16. ARMAND, Frédérique, Op.cit., p. 21
  17. TOURNEILLE, Valérie, Op.cit., p. 275
  18. TOURNEILLE, Valérie, Op.cit., p.251
  19. (en) KLEMETTILÄ, Hannele, Op.cit., p.29
  20. (en) KLEMETTILÄ, Hannele, Op.cit., p.34
  21. Informations lexicographiques et étymologiques de « bourrelle » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales.
  22. (en) KLEMETTILÄ, Hannele, Op.cit., p.38
  23. (en) ROYER, Katherine, Op.cit., p.299
  24. (en) KlemettilÀ, Hannele, Op.cit., p.40
  25. (en) KLEMETTILÄ, Hannele, Op.cit., p.41
  26. (en) ROYER, Katherine, Op.cit., p.300
  27. MOREL, Barbara, Une iconographie de la rĂ©pression judiciaire : le chĂątiment dans l’enluminure en France du XIIIe au XVe siĂšcle, Paris, Editions du ComitĂ© des travaux historiques et scientifiques, , p. 287
  28. « Bourreau » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne.
  29. MOREL, Barbara, Op.cit., p. 258
  30. (en) KLEMETTILÄ, Hannele, Op.cit., p. 109
  31. (en) KLEMETTILÄ, Hannele, Op.cit., p.110
  32. (en) KLEMETTILÄ, Hannele, Op.cit., p.111
  33. « Classes BNF, "société du signe" », sur http://classes.bnf.fr/
  34. (en) KLEMETTILÄ, Hannele, Op.cit., p.121-2
  35. « Classes BNF, "société du signe" », sur http://classes.bnf.fr
  36. (en) KLEMETTILÄ, Hannele, « The Physiognomy and Mental Equipment of a Late-Medieval Hangman : A Chapter in Anthropological History », in EDELGARD, E. DUBRUCK, Barbara I., CUSICK, William C. (sous la dir.), Fifteenth-Century Studies, Vol. 31, Londres, NED: New edition, , p.148
  37. http://criminocorpus.cnrs.fr/expositions/consultation.php?visiter&id=38&image&idimg=493&zoom=1.0
  38. Revue française de généalogie, no 170
  39. FrĂ©dĂ©ric Armand, Les Bourreaux de France du Moyen Âge Ă  l'abolition de la peine de mort, Paris, Perrin, , 336 p. (ISBN 978-2-262-03798-7)
  40. Geoffroy Thérage, le bourreau de Jehanne
  41. « P1 - Votre recherche », sur bnf.fr (consulté le ).
  42. Dans Le Roi des Montagnes, Edmond About fait ainsi parler un Grec : « Il y a une grande diffĂ©rence entre un bourreau et un brigand. Le mĂ©tier de bourreau est infĂąme ; la profession de brigand est honorĂ©e. Le gouvernement est obligĂ© de garder le bourreau d'AthĂšnes au fort PalamĂšde, sans quoi il serait assassinĂ© ; tandis que personne ne veut de mal Ă  Hadgi-Stavros, et que les plus honnĂȘtes gens du royaume seraient fiers de lui donner la main. »
  43. (en)
  44. (en) Mahmoud Ahmad, « Kingdom’s Leading Executioner Says: ‘I Lead a Normal Life’ », Arab News, (consultĂ© le )
  45. Article repris sur kabylie.com
  46. « Saudi Beheader » [vidéo], sur YouTube (consulté le ).
  47. http://www.dailynews.lk/2005/05/07/wld03.htm
  48. http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5i1MQxq-w1Vf24b56n1IrmkwOmS5Q?docId=CNG.5401286171fb743cb62f987a5daff4a2.381
  49. Voir en ligne
  50. « therepublic.com/mobile/view/st
 »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?).
  51. http://timesofindia.indiatimes.com/india/Kasabs-execution-decided-two-months-ago-hangman-paid-Rs-5000/articleshow/17310811.cms ; http://www.hindustantimes.com/India-news/Maharashtra/Hangman-didn-t-know-he-had-been-called-in-for-Kasab-execution/Article1-962603.aspx http://www.dnaindia.com/mumbai/report_rs5000-for-kasab-hanging-shared-by-2-yerawada-jail-staffers_1771953 ; http://inde.aujourdhuilemonde.com/le-salaire-moyen-indien-passe-la-barre-des-149-eurosjour
  52. http://www.statesman.com/news/world/japan-offers-rare-look-into-its-execution-chamber-883882.html http://www.japansociety.org/a_secret_theater
  53. Blazek, Matthias, Scharfrichter in Preußen und im Deutschen Reich 1866–1945, Stuttgart, ibidem, 2010 (ISBN 978-3-8382-0107-8).
  54. Arbre généalogique des bourreaux français
  55. Histoire de la peine de mort, par Pascal Bastien
  56. Les bourreaux sur eghl.fr
  57. Qui Ă©taient les bourreaux de Paris ?
  58. Fin du XIVe siĂšcle
  59. Capeluche fut le valet de Geoffroy
  60. The Tudor Society

Annexes

Bibliographie

  • Jacques Aeschlimann, Tabazan ou le Bourreau de GenĂšve, Éditions La SirĂšne, illustrations ThĂ©odore Strawinsky, GenĂšve, 1961.
  • FrĂ©dĂ©ric Armand, Les bourreaux en France : du Moyen Âge Ă  l’abolition de la peine de mort, Paris, Perrin, , 332 p. (ISBN 978-2-262-03798-7)
  • Charles Aublant, « Droits du bourreau de PĂ©rigueux », dans Bulletin de la SociĂ©tĂ© historique et archĂ©ologique du PĂ©rigord, 1941, tome 68, p. 346-354 (lire en ligne)
  • Jacques Delarue, Le mĂ©tier de bourreau : du moyen Ăąge Ă  aujourd"hui, Fayard, coll. « Grands documents contemporains », , 439 p. (ISBN 978-2-213-02336-6)
  • Michel Demorest et Danielle Demorest, Dictionnaire gĂ©nĂ©alogique des familles des bourreaux, Paris, Éditions GĂ©nĂ©alogiques de la VoĂ»te, , 674 p. (ISBN 978-2-84766-368-6)
  • Michel Demorest et Danielle Demorest, Dictionnaire historique et anecdotique des bourreaux, Éditions GĂ©nĂ©alogiques de la VoĂ»te, coll. « Gens de Justice », (ISBN 978-2-84766-367-9)
  • François Foucart, Anatole Deibler, profession bourreau, Plon, 1992.
  • Claude Gauvard, « GrĂące et exĂ©cution capitale : les deux visages de la justice royale française Ă  la fin du Moyen Âge », BibliothĂšque de l'Ă©cole des chartes, vol. 153, no 2,‎ , p. 275-290 (lire en ligne)
  • Claude Gauvard, Dictionnaire raisonnĂ© de l’Occident mĂ©diĂ©val : Collectif sous la direction de Jacques Le Goff et Jean-claude Schmitt, Paris, Fayard, , 1236 p. (ISBN 978-2-213-60264-6), « Justice et paix », p. 587-594
  • Henri Gilles, La mort et l’au-delĂ  en France mĂ©ridionale : XIIe au XVe siĂšcle, Toulouse, Privat, coll. « Cahiers de Fanjeau 33 », , 546 p. (ISBN 978-2-7089-3433-7), « Peine de mort et droit cannonique »
  • (en) Hannele KlemettilĂ€, Epitomes of evil: representations of executioners in Northern France and the Low Countries in the late Middle Ages, Turnhout, Brepols, 2006.
  • (en) Hannele KlemettilĂ€, « The Physiognomy and Mental Equipment of a Late-Medieval Hangman: A Chapter in Anthropological History » dans Edelgard E. Dubruck et Barbara I. Gusick (sous la dir.), Fifteenth-Century Studies, Vol. 31, Londres, Boydell & Brewer, Camden House, 2006, p. 144-163.
  • Barbara Morel, Une iconographie de la rĂ©pression judiciaire : le chĂątiment dans l’enluminure en France du XIIIe au XVe siĂšcle, Paris, Éditions du ComitĂ© des travaux historiques et scientifiques, 2007.
  • TancrĂšde Ramonet, « Bourreau », dans Philippe Di Folco (sous la dir.), Dictionnaire de la mort, Larousse, 2010, p. 156-158 (ISBN 978-2035848468).
  • (en) Katherine Royer, « The Body in Parts: Reading the Execution Ritual in Late Medieval England » in Historical Reflections / RĂ©flexions Historiques, Vol. 29, No. 2, Interpreting the Death Penalty: Spectacles and Debates (Summer 2003), p. 319-339
  • ValĂ©rie Tourneille, « Bourreau », dans Claude Gauvard, Alain de Libera et Michel Zink (sous la dir.), Dictionnaire du Moyen Âge, Paris, Presses universitaires de France, 2002, p. 190.
  • ValĂ©rie Tourneille, Crime et chĂątiment au Moyen Âge (Ve-XVe siĂšcle), Paris, Seuil, 2013.

Autres sites

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.