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Droit de havage

Sous l'Ancien Régime, le droit de havage ou droit de havée[1] - [2] (de l'ancien français havée : ancienne mesure de grains correspondant à une poignée prise à deux mains[3]) était le droit de prélèvement réservé aux exécuteurs de la haute justice, autrement dit les bourreaux, qui donnait la possibilité de prendre les grains et denrées qui se vendent au marché (céréales, fruits, œufs, légumes, etc.) et autant que la main pouvait en contenir.

Droit de havage
Présentation
Type

Le havage vient de l'ancien mot havir, qui signifie prendre[4].

Historique

Généralités

Le droit de prendre ce que la main peut contenir est un droit seigneurial abandonné par le Haut-Justicier aux exécuteurs des hautes-œuvres. Le droit de havage est donc étroitement lié à la fonction de bourreau : en effet, celui-ci suscitait une telle horreur qu'il vivait reclus et que les gens fuyaient son contact ; ses enfants étaient refusés dans les écoles, et les marchands rechignaient à lui vendre leurs marchandises.

Le bourreau percevait ses émoluments, le droit de havage, sur une grande quantité en nature des marchands des halles : cela lui permettait de prélever des légumes, de la viande, du poisson dans les paniers sur lesquels il étendait la main ; un valet marquait alors à la craie le dos des marchands visités afin de prendre les denrées.

Ce droit Ă  prendre avec la main est par la suite remplacĂ© par le droit de prendre avec une cuillère en fer... qui grandissait toujours. Devant ces abus grandissants (il y avait alors un bourreau dans chaque bailliage), le mode de rĂ©munĂ©ration fut modifiĂ© : profitant de la libĂ©ralisation du commerce des grains, initiĂ©e par Turgot, de la hausse des prix des grains et donc du pain Ă  la suite des mauvaises rĂ©coltes des Ă©tĂ©s 1773-1774, et de l'impopularitĂ© grandissante du « bourreau profiteur Â», le parlement, soucieux de ne pas Ă©tendre la guerre des farines, remplaça, le , le droit de havage par une perception fixe.

Ă€ Paris

À Paris, la place du pilori et de l'échafaud est aussi celle des Halles. Le bourreau loue à des marchands forains les petites échoppes autour de cette place. Pour salaire, il a le droit de havage qui lui donne la possibilité de prendre toutes sortes de marchandises vendues aux Halles : des grains, des fruits, du poisson, du gibier, des œufs, de la laine, etc. autant que sa main peut en prendre. Les commerçants ainsi ponctionnés étaient marqués, dans le dos, d'une croix à la craie.

Au XIVe siècle, le bourreau de Paris touchait, en plus du droit de havage, une somme fixe de 15 sols parisis pour chaque exécution. Au XVe siècle, il eut également le droit d'avoir la tête de tous les cochons qui divaguaient dans les rues.

Voici quelques exemples de rémunération du bourreau de Paris à partir au XVIe siècle[5] :

  • Pour la question : 20 livres
  • Pour amende honorable :
    • Une torche de cire jaune du poids de 2 livres : 10 livres
    • Deux Ă©criteaux : 6 livres
    • Une chemise : 2 livres
  • Pour une tĂŞte tranchĂ©e : 100 livres. Si la lame s'Ă©brèche, la rĂ©paration est facturĂ©e 24 livres.
  • Pour une personne brĂ»lĂ©e : 50 livres
  • Pour une personne rouĂ©e : 50 livres
  • Pour une personne pendue : 25 livres. Si la corde casse, le remplacement de chaque corde est facturĂ© 6 livres.
  • Pour porter le cadavre au lieu de sĂ©pulture après l'exĂ©cution : 30 livres.

À Étampes

À Étampes, un arrêt du indique la perception des droits de havage[4] :

« L'exécuteur des sentences criminelles du bailliage d'Étampes, pour perception des droits de havage, sera et demeurera autorisé à percevoir tous les jours, indistinctement aux portes et barrières de ladite ville d'Étampes seulement :

Il est fait interdiction au bourreau d'Étampes de percevoir une redevance sur les produits servant pour les récoltes et moissons futures, ainsi que pour les denrées acheminées pour les marchés voisins en particulier pour Paris, même si ces produits sont convertis en farine. En outre il lui est fait défense de percevoir les droits les jours de foire et fêtes de la Vierge

Il ne percevra aucun droits sur les, beurres, œufs, légumes, fruits, gibier. »

Bailliage de Rouen

Voici quelques exemples de rémunération de Geoffroy Thérage, bourreau du bailliage de Rouen de 1407 à 1432 et bourreau de Jeanne d'Arc[6] :

Notes et références

Voir aussi

Articles connexes

Lien externe

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