Halles de Paris
Les Halles de Paris Ă©tait le nom donnĂ© aux halles centrales, marchĂ© de vente en gros de produits alimentaires frais, situĂ© au cĆur de Paris, dans le 1er arrondissement, et qui donna son nom au quartier environnant. Au plus fort de son activitĂ© et par manque de place, les Ă©tals des marchands s'installaient mĂȘme dans les rues adjacentes.
Destination initiale |
Marché |
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Destination actuelle |
transféré en 1969, démoli en 1973 |
Architecte | |
Construction |
1857-1874 (origine 1110) |
Propriétaire |
Ville de Paris |
Ătat de conservation |
détruit (d) |
Pays | |
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RĂ©gion | |
DĂ©partement | |
Arrondissement |
Coordonnées |
48° 51âČ 44âł N, 2° 20âČ 44âł E |
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Elles sont le dĂ©cor principal du Ventre de Paris d'Ămile Zola[1].
à l'emplacement de ce vaste marché, qui se tenait jusqu'au début des années 1970, se trouvent aujourd'hui un espace vert (le jardin Nelson-Mandela, précédemment jardin des Halles), un centre commercial souterrain (le Forum des Halles) et de nombreux espaces consacrés aux loisirs (piscine, cinéma) et aux activités culturelles (conservatoire, bibliothÚque, centre culturel). La gare RER Chùtelet - Les Halles, située sous le complexe, est la plus grande gare souterraine du monde et permet un accÚs depuis toute la région parisienne.
Les Halles centrales
Le marché principal de Paris a changé de place plusieurs fois, pour suivre l'évolution démographique et la croissance rapide de la ville.
Le premier marchĂ© animait le cĆur de l'Ăźle de la CitĂ©, puis il s'implanta de l'autre cĂŽtĂ© de la Seine, en plein air, sur la terre battue, place de GrĂšve â l'actuelle place de l'HĂŽtel-de-Ville â jusqu'au XIIe siĂšcle.
Vers 1110, Louis VI le Gros dĂ©cida un nouveau transfert en rase campagne, sur l'emplacement d'anciens marĂ©cages assĂ©chĂ©s et transformĂ©s en champs, d'oĂč le nom de « Campelli » ou « Champeaux », qu'on retrouve aujourd'hui dans la rue des Petits-Champs. Et pendant plus de huit siĂšcles, les Halles allaient rester Ă cet emplacement, en subissant de continuelles transformations, pour essayer de s'adapter aux besoins sans cesse croissants de la capitale.
Le pilori des Halles
Le pilori du roi situé aux Halles était le seul à Paris, les seigneurs haut-justiciers n'ayant droit qu'à une échelle de justice. Le premier pilori installé à un carrefour prÚs de la place de GrÚve est transféré aux Halles sous le rÚgne de Saint Louis.
Il était placé à l'angle nord-est du marché aux poissons, à proximité de la fontaine et d'une croix.
Tombant en ruines, il est reconstruit en 1502, brûlé par les Parisiens en 1516 et encore reconstruit en 1542
Le pilori des halles Ă©tait une tour avec un rez-de-chaussĂ©e habitable surmontĂ© d'un Ă©tage hexagonal sur une roue mobile en fer, avec la place pour six condamnĂ©s. Les parois Ă©taient percĂ©es de trous dans lesquels le condamnĂ© passait sa tĂȘte et ses mains. Cette peine d'exposition publique infamante dans un lieu particuliĂšrement frĂ©quentĂ© Ă©tait infligĂ©e aux commerçants ayant fait usage de faux-poids, aux banqueroutiers, aux faux-tĂ©moins, aux proxĂ©nĂštes et aux blasphĂ©mateurs qui avaient la langue coupĂ©e Ă la cinquiĂšme rĂ©cidive. Il est supprimĂ© en 1789[2].
Jusqu'Ă la fin du XVIIe siĂšcle
- 1137 : Louis VI le Gros ordonne le transfert des deux marchĂ©s (marchĂ© Palu de lâĂźle de la CitĂ© et marchĂ© central de la place de GrĂšve, devenus insuffisants face Ă l'accroissement de la ville) vers le centre de Paris, au lieu-dit Les Champeaux (« Petits Champs »), Ă lâendroit dâanciens marĂ©cages situĂ©s alors extra-muros, Ă l'emplacement actuel, y faisant construire une grande halle au croisement stratĂ©gique de trois voies importantes, la rue Saint-Denis, la rue Montmartre et la rue Saint-HonorĂ©[3]. Fin 1137, le nouveau roi de France, Louis VII le Jeune, exempte Adelente Gente de tout droit sur une maison et un four qu'elle avait fait construire au nouveau marchĂ© des Champeaux qui prend le nom de fief de la RapĂ©e et qui subsistera jusqu'Ă la RĂ©volution.
- 1181-1183 : Philippe-Auguste achĂšte la foire Saint-Ladre ou Saint-Lazare, situĂ©e dans les faubourgs du nord de la ville et dĂ©pendante de la lĂ©proserie situĂ©e dans l'enclos Saint-Lazare, en 1183[4] ou 1181[5] et la transfĂšre Ă l'emplacement mĂȘme des futures Halles. Cet achat lui permet de prolonger l'aqueduc qui amenait l'eau des sources du PrĂ©-Saint-Gervais au prieurĂ© Saint-Lazare jusqu'aux halles oĂč est Ă©tablie la premiĂšre fontaine publique de Paris[6]. Deux bĂątiments couverts sont Ă©levĂ©s pour assainir le nouveau marchĂ© en 1183. TrĂšs intĂ©ressĂ© par le dĂ©veloppement de ce marchĂ© central, Philippe Auguste rĂ©glemente lui-mĂȘme le commerce des denrĂ©es essentielles : viande, pain et vin. Quelques annĂ©es plus tard, le roi achĂšte Ă Adam, archidiacre de Paris, puis Ă©vĂȘque de ThĂ©rouenne, l'entiĂšre propriĂ©tĂ© des terrains du fief de ThĂ©rouenne en payant une redevance Ă l'Ă©vĂȘchĂ© de Paris. Il s'agit d'un bazar immense oĂč, sur des emplacements spĂ©ciaux, se vendent des denrĂ©es alimentaires, du textile, des chaussures, de la mercerie. Les marchands s'installent sous des abris particuliers, proches des maisons oĂč se trouvaient les commerces fixes des fabricants. C'est ainsi que la rue de la Grande Friperie doit son nom au nombre de commerces de fripes. Progressivement, d'autres marchands viennent s'installer autour de ceux qui avaient dĂ©jĂ leur emplacement.
- Compte tenu de l'augmentation des Ă©changes, Philippe Auguste fait construire les premiĂšres halles pour les drapiers et tisserands, mais le marchĂ© continue de s'Ă©tendre, de telle sorte qu'en 1269 Saint Louis fait construire trois nouvelles halles (le lieu au Moyen Ăge continue Ă s'appeler le plus souvent « la Halle » en rĂ©fĂ©rence Ă celle de 1137) : deux marchĂ©s sont affectĂ©s aux drapiers, le troisiĂšme aux merciers et aux corroyeurs[7].
- Ă partir du XVIe siĂšcle, on envisage sa rĂ©organisation et l'Ă©largissement des voies. La vente en gros des poissons aux Halles de Paris se faisait non de grĂ© Ă grĂ© entre vendeurs et acheteurs, mais aux enchĂšres et par lâintermĂ©diaire dâofficiers publics[8].
- 1543 : par l'Ă©dit de RĂ©formation, François Ier dĂ©cide la reconstruction des Halles pendant vingt-neuf ans. Il s'y prend de maniĂšre que Paris y gagne, et le TrĂ©sor aussi. Au terme d'un Ă©dit du , il ordonne « la vente aux enchĂšres des places vides des halles » annonçant la renonciation des Domaines Ă la facultĂ© de rachat ; en retour, les acquĂ©reurs avaient obligation d'exĂ©cuter, dans des dĂ©lais fixĂ©s, la dĂ©molition de bĂątisses existantes et la reconstruction de « maisons et manoirs commodes ». Jusqu'en 1572, on fait bĂątir des maisons avec, gĂ©nĂ©ralement, au rez-de-chaussĂ©e, des portiques ou galeries couvertes connus sous le nom de « piliers des Halles », qui disparaissent lors de la construction des pavillons Baltard. Au centre de ces galeries Ă arcades se trouve le « carreau », marchĂ© du pain, du beurre, du fromage et des Ćufs[7].
Les Halles au XVIÚ siÚcle Les Halles en 1737 sur plan de Turgot (emplacement et surface inchangés) Piliers des Halles, rue de la Tonnellerie en 1851 peu avant leur disparition
L'extension des marchés de la fin du XVIIIe siÚcle aux années 1820
Les halles restent jusqu'au cours de la deuxiĂšme moitiĂ© du XVIIIe siĂšcle Ă leur emplacement du Moyen-Ăge sur une surface restreinte, faiblement augmentĂ©e lors de la reconstruction du XVIe siĂšcle, qui n'Ă©tait plus en rapport avec la croissance de la population. De plus, la majoritĂ© des marchandises Ă©taient exposĂ©es Ă lâair libre dans des espaces oĂč sâaccumulaient les immondices, sauf quelques parties abritĂ©es par des halles, dont celles aux poissons. La conception de la gestion de la ville Ă©volue Ă cette Ă©poque ce qui amĂšne Ă prendre des mesures d'hygiĂšne et de sĂ©curitĂ©, telles que le transfert des cimetiĂšres urbains Ă la pĂ©riphĂ©rie, et Ă amĂ©liorer les conditions d'approvisionnement.
La Halle aux blĂ©s construite sur les plans de Nicolas Le Camus de MĂ©ziĂšres ouvre en 1763. L'ancienne halle aux blĂ©s devient la halle Ă la viande, elle-mĂȘme transfĂ©rĂ©e en 1818 au marchĂ© des Prouvaires. Sa coupole dĂ©truite par un incendie est reconstruite par François-Joseph BĂ©langer en 1812.
Le Marché des Innocents, marché aux fleurs, fruits et légumes, situé à proximité, entre les rues Saint-Denis, de la Lingerie, de la Ferronnerie et aux Fers (emplacement de l'actuelle rue Berger), est inauguré le 24 février 1789 à l'emplacement de l'ancien cimetiÚre des Innocents, ce qui double la surface des Halles.
Napoléon Ier réglemente l'abattage des animaux par l'établissement de cinq abattoirs à la périphérie de la ville et entreprend une réorganisation cohérente des marchés couverts. Il projette en 1811 de faire construire une halle centrale entre le marché des Innocents et la Halle aux blés.
La chute de l'Empire en 1815 retarde la poursuite de ce projet qui connaĂźt cependant un dĂ©but dâexĂ©cution avec la crĂ©ation du MarchĂ© des Prouvaires. Ce marchĂ© ouvre en 1818 sur un rectangle Ă l'ouest de l'emplacement du domaine des halles des annĂ©es 1850-1860. Le marchĂ© Ă la viande qui Ă©tait situĂ© Ă l'emplacement d'origine de la halle aux blĂ©s (dĂ©placĂ©e en 1770 dans un bĂątiment, qui sera ensuite celui de la Bourse de Commerce), y est transfĂ©rĂ©. Un marchĂ© aux herbes s'installe Ă la place de cette ancienne halle Ă la viande[9].
Une halle aux poissons est construite en 1822 Ă l'emplacement de l'ancien marchĂ© aux poissons (« la marĂ©e »), et une halle au beurre, aux Ćufs et aux fromages Ă proximitĂ© en 1823[10].
L'extension des parties couvertes est une mesure destinée à la commodité des vendeurs et aussi à l'amélioration des conditions d'hygiÚne.
Jusque vers 1840, lâapprovisionnement Ă©tait assurĂ© par voie dâeau (Seine, Marne, Oise et canaux) et par les charrettes des producteurs de lĂ©gumes et de beurre sur une distance maximum de 100 Ă 120 kilomĂštres, Ă lâexception du poisson transportĂ© par des convois accĂ©lĂ©rĂ©s Ă partir des ports de la Manche. Les marchandises arrivaient aux halles par des rues Ă©troites.
Les Halles vers 1830 Quartier des Halles en 1836
Les pavillons Baltard
La population de Paris ayant continuĂ© sa croissance depuis la derniĂšre extension des marchĂ©s en 1818, le rĂ©amĂ©nagement des Halles devenait nĂ©cessaire. Aussi, le prĂ©fet Rambuteau crĂ©e la Commission des Halles, qui a pour mission d'Ă©tudier l'intĂ©rĂȘt de garder les Halles Ă leur emplacement ou bien de les dĂ©placer.
Plusieurs projets sont présentés de 1841 à 1851, dont celui d'Hector Horeau qui propose en 1845 le déplacement du marché sur un espace rectangulaire entre la Seine et le marché des Innocents[11] - [12].
Une ordonnance du 17 janvier 1847 fixe le périmÚtre des halles centrales de Paris[13]. En 1848, un concours d'architecture est lancé et est remporté par Victor Baltard, associé à Félix Callet.
Dans un premier temps, le projet validé par l'administration prévoyait une construction en pierre avec des locaux presque clos[14]. Un premier pavillon en pierre est alors construit à partir de septembre 1851 en face de l'église Saint-Eustache. Il est vite surnommé « le Fort de la Halle » en raison de son caractÚre massif.
Dans un dĂ©cret du , signĂ© par Louis NapolĂ©on Bonaparte, prĂ©sident de la RĂ©publique, « le pĂ©rimĂštre des halles centrales de Paris et les alignements nĂ©cessaires pour le percement et l'Ă©largissement de diverses rues qui doivent en faciliter les abords, sont dĂ©finitivement arrĂȘtĂ©s ». L'exĂ©cution immĂ©diate du projet est dĂ©clarĂ©e d'utilitĂ© publique. Pour cela, le prĂ©fet de la Seine, agissant au nom de la ville de Paris, est autorisĂ© à « acquĂ©rir, soit Ă l'amiable, soit, s'il y a lieu, par voie d'expropriation, conformĂ©ment Ă la loi du 3 mai 1841, les immeubles ou portions d'immeubles dont l'occupation est nĂ©cessaire »[15].
Ă la suite d'une visite le , NapolĂ©on III demande l'arrĂȘt des travaux et l'adoption d'un systĂšme de construction en mĂ©tal. L'Empereur, enthousiasmĂ© par la gare de l'Est rĂ©cemment construite, aurait dit au prĂ©fet Haussmann : « ce sont de vastes parapluies qu'il me faut, rien de plus ! ». Baltard, architecte classique jusque-lĂ , aurait Ă©tĂ© alors rĂ©ticent Ă cette innovation[16]. NapolĂ©on III est Ă©galement influencĂ© par sa femme, l'impĂ©ratrice EugĂ©nie, qui est emballĂ©e par le tout nouveau Crystal Palace construit Ă Londres [17]. La construction de ce premier pavillon est cependant achevĂ©e et il reste en usage jusqu'Ă sa dĂ©molition en 1866.
Quartier des Halles en 1849 avec indication du territoire des Halles de Baltard construites de 1854 à 1874 Pose de la premiÚre pierre du pavillon des Halles par le Président de la République (le Prince-président Louis-Napoléon Bonaparte) le 15 septembre 1851 Premier pavillon en pierres en 1866 peu avant sa démolition
En 1854, aprĂšs bien des tĂątonnements et des hĂ©sitations et la prĂ©sentation de projets alternatifs comme celui de Thorel[18], Victor Baltard prĂ©sente son projet dĂ©finitif. Il projette d'Ă©difier douze pavillons couverts de vitrage avec des parois en verre et des colonnettes en fonte[19] - [20]. Ces pavillons sont regroupĂ©s en deux groupes sĂ©parĂ©s par une rue centrale Ă ciel ouvert situĂ©e au niveau du chevet de l'Ă©glise Saint-Eustache (suivant le tracĂ© de l'actuelle allĂ©e AndrĂ©-Breton), chacun des six pavillons des deux groupes Ă©tant rĂ©unis entre eux par des rues couvertes. Un dĂ©cret impĂ©rial du , signĂ© NapolĂ©on III, modifie le pĂ©rimĂštre des halles et les alignements arrĂȘtĂ©s et dĂ©clare le projet d'utilitĂ© publique[21].
Les premiers pavillons sont ouverts en 1857, les autres en 1858, 1860 et 1874. Le premier pavillon en pierre construit en 1853 est dĂ©moli en 1866 et reconstruit en 1869 sur le modĂšle des autres[22]. L'ensemble des dix pavillons couvre une surface de 34 817 m2 remplaçant celle de 8 860 m2 des marchĂ©s d'approvisionnement antĂ©rieurs (marchĂ© des Innocents, marchĂ© des Prouvaires, marchĂ© de la Verdure, halle aux Ćufs, beurre et fromage, halle aux poissons et marchĂ© du LĂ©gat affectĂ© aux pommes de terre)[23].
Chaque pavillon a sa spĂ©cialitĂ© : le numĂ©ro 3 pour la viande, le numĂ©ro 9 pour le poisson, etc. Les fruits et lĂ©gumes sont vendus sur le Carreau, dans les allĂ©es couvertes et sur les rues alentour. Les caves abritent lotisseurs-gaveurs, cabocheurs, pĂ©trisseurs de beurre, compteurs-mireurs dâĆufs, etc.[24]
Les bùtiments situés sur le territoire des pavillons et aux alentours sont expropriés et plusieurs voies sont ouvertes aux environs à la place des bùtiments démolis : rue du Louvre, rue de Turbigo, rue des Halles, rue du Pont-Neuf, rue Berger et prolongement de la rue Pierre-Lescot jusqu'au square des Innocents ouvert à la place du marché des Innocents.
Le marché des Innocents à proximité est également supprimé et remplacé en 1860 par les pavillons aux fruits et aux légumes.
Ainsi disparaissent le carreau de la Halle, la Halle aux fruits, la Halle aux Draps et Toiles, les rues de la Tonnellerie, de la Fromagerie, du Marché-aux-Poirées, de la Cordonnerie, de la Petite-Friperie, de la Grande-Friperie, Jean-de-Bauce, du Contrat-Social et la place du Légat.
Voies ouvertes de 1851 à 1868 dans le quartier des Halles Dessin, vue à vol d'oiseau des Halles centrales de Paris en 1863, conçues par Victor Baltard[25]
Ă partir des annĂ©es 1850, le transport ferroviaire accroit le rayon dâapprovisionnement Ă plusieurs centaines de kilomĂštres et les conditions dâaccĂšs sont quelque peu amĂ©liorĂ©es par la percĂ©e de nouvelles voies, rue du Pont-Neuf, rue de Turbigo et rue des Halles. Cependant, les Halles restent Ă lâĂ©cart des axes majeurs, la grande croisĂ©e de la rue de Rivoli et du boulevard de SĂ©bastopol. De plus, les halles ne sont pas reliĂ©es par voie ferrĂ©e, contrairement aux abattoirs de la Villette crĂ©Ă©es Ă la mĂȘme Ă©poque, un projet de desserte ferroviaire envisagĂ© en 1854 par la ligne de Petite Ceinture via la gare de l'Est[26] Ă©tant restĂ© sans suite.
Une liaison secondaire est cependant Ă©tablie de 1894 Ă 1936 par le chemin de fer sur route et tramway l'Arpajonnais qui achemine de nuit (de 1 heure Ă 4 heures) les produits des exploitations maraichĂšres de la pĂ©riphĂ©rie sud de la rĂ©gion (autour dâArpajon Ă 37 kilomĂštres) et Ă©vacue au retour des gadoues qui servent d'engrais. Le volume transportĂ© par cette ligne secondaire atteint au maximum 24 440 tonnes en 1927 ce qui ne reprĂ©sente qu'une faible part de lâapprovisionnement des Halles. La circulation des camions amĂšne la suppression de l'Arpajonnais en 1936 et le quartier est de plus en plus encombrĂ©.
Les ventes s'étendent au-delà des pavillons dans les rues avoisinantes sur des espaces affectés. La croissance du volume des transactions de marchandises amÚne à supprimer autour de 1900 les marchés au détail encore existants et à réserver les halles centrales exclusivement à la vente en gros[27].
Voies disparues
Carreau de la Halle
SituĂ© dans l'ancien 4e arrondissement de Paris, quartier des MarchĂ©s, le carreau de la Halle Ă©tait situĂ© entre les rues de la Tonnellerie, du MarchĂ©-aux-PoirĂ©es et des Piliers-aux-Potiers-d'Ătain.
Rue du Contrat-Social
Située dans l'ancien 3e arrondissement de Paris, quartier Saint-Eustache, la rue du Contrat-Social commençait rue de la Tonnellerie et finissait rue des Prouvaires.
Les numéros étaient rouges, le dernier numéro impair était le no 7 et le dernier numéro pair était le no 8.
Cette rue fut percée vers 1786, et nommée « rue Colonne », du nom de Charles-Alexandre de Calonne, qui était alors ministre des Finances. En 1790, on lui donna le nom de « rue de La Fayette », en l'honneur du général Lafayette, qui était alors trÚs populaire. En 1792 elle prit la dénomination de « rue du Contrat-Social », du nom du titre d'un des ouvrages de Jean-Jacques Rousseau, qui demeura longtemps dans ce quartier
La rue est supprimée en 1860 lors de la construction des pavillons Baltard.
Rue de la Grande-Friperie
Située dans l'ancien 4e arrondissement de Paris, quartier des Marchés, la rue de la Grande-Friperie commençait rues de la Grande-Friperie et du Marché-aux-Poirées et finissait rue de la Tonnellerie.
Son nom lui fut donné à cause de la grande quantité de fripiers qui l'habitaient.
Les numéros étaient rouges, le dernier numéro impair était le no 27 et le dernier numéro pair était le no 32.
Elle est citée sous le nom de « rue de la Fripperie » dans un manuscrit de 1636.
La rue est supprimée en 1860 lors de la construction des pavillons Baltard.
Rue Jean-de-Beauce
Située dans l'ancien 4e arrondissement de Paris, quartier des Marchés, la rue Jean-de-Beauce commençait rue de la Grande-Friperie et finissait rue de la Cordonnerie. Ainsi nommée d'un particulier de ce nom qui y possédait une boutique ou un magasin.
Les numéros étaient noirs, le dernier numéro impair était le no 3 et le dernier numéro pair était le no 4.
Elle est citée sous le nom de « rue Jehan de Beausse » dans un manuscrit de 1636.
La rue est supprimée en 1860 lors de la construction des pavillons Baltard.
Place du LĂ©gat
Située dans l'ancien 4e arrondissement de Paris, quartier des Marchés, la place du Légat était située prÚs de la halle aux Draps, entre les rues de la Grande et de la Petite-Friperie.
Le site devient par la suite un marché couvert et spacieux, destiné à la vente de pommes de terre.
Rue du Marché-aux-Poirées
Située dans l'ancien 4e arrondissement de Paris, quartier des Marchés, la rue du Marché-aux-Poirée commençait place du Marché-des-Innocents et rue de la Petite-Friperie et finissait rue de la Cossonnerie.
Ainsi nommée parce que le marché aux Poirées s'y tenait.
Les numéros étaient noirs, le dernier numéro impair était le no 27 et le dernier numéro pair était le no 28.
Elle est citée sous le nom de « rue du Marché aux poirées » dans un manuscrit de 1636. Le marché au Poirées est indiqué sur les plans de Paris de Didier Robert de Vaugondy en 1760[28] et en 1771[29].
Durant la Révolution française, Jacques Morel, représentant de la section des Marchés à la Commune de Paris, demeurait dans cette rue[30].
La rue est supprimée en 1860 lors de la construction des pavillons Baltard.
Rue de la Petite-Friperie
Située dans l'ancien 4e arrondissement de Paris, quartier des Marchés, la rue de la Petite-Friperie commençait rues de la Grande-Friperie et de la Lingerie et finissait rue de la Tonnellerie.
Son nom lui fut donné à cause de la grande quantité de fripiers qui l'habitaient.
Les numéros étaient rouges, il n'y avait pas de numéro impair et le dernier numéro pair était le no 30.
Elle est citée sous le nom de « rue de la Fripperie » dans un manuscrit de 1636.
La rue est supprimée en 1860 lors de la construction des pavillons Baltard.
DĂ©molition des pavillons Baltard
En 1950, les Halles semblaient condamnĂ©es Ă une mort par asphyxie, Ă plus ou moins brĂšve Ă©chĂ©ance. Les trafics Ă©taient en rĂ©gression dans certains secteurs ; des circuits nouveaux se crĂ©aient hors des Halles Ă proximitĂ© des gares, ou Ă la pĂ©riphĂ©rie de l'agglomĂ©ration parisienne, ou encore directement Ă partir des lieux de production. Quand en 1953, le gouvernement dĂ©cida de crĂ©er une chaĂźne de marchĂ©s d'intĂ©rĂȘt national, le problĂšme des Halles de Paris revint Ă l'ordre du jour.
Le , le transfert du marché des Halles à Rungis et à La Villette est décidé.
En 1963, le préfet de Paris propose la rénovation de la rive droite, entre la Seine et la gare de l'Est. 670 hectares et 150 000 habitants sont concernés. Le projet est repoussé, mais le Conseil de Paris crée une Société d'études d'aménagement des Halles et secteurs limitrophes. En 1968, les premiers projets d'aménagement sont repoussés par le Conseil de Paris. La surface de rénovation est réduite de 32 à 15 hectares, le reste fera l'objet d'une réhabilitation. Un aménagement souterrain est envisagé.
Entre le et le 1er mars 1969, le transfert du marché est effectué vers Rungis et La Villette. Cette opération considérée à l'époque comme étant le « déménagement du siÚcle » concerna 20 000 personnes, 1 000 entreprises de gros, 10 000 m3 de matériel, 5 000 tonnes de marchandises et 1 500 camions[31]. Les 3 et suivants, le marché de Rungis ouvrait officiellement ses portes.
En attendant le début des travaux de démolition qui interviendront deux ans plus tard, le préfet de Paris Marcel Diebolt autorise l'organisation de manifestations culturelles dans les pavillons[32].
Devant la crainte d'une invasion de rats à la recherche de nourriture, maintenant que le marché avait disparu, 150 techniciens déversent 10 tonnes d'aliments empoisonnés dans les locaux abandonnés, permettant de tuer environ 20 000 rats[33].
En 1970, une zone d'amĂ©nagement concertĂ© est crĂ©Ă©e. Elle s'Ă©tend sur le secteur des halles et sur le plateau Beaubourg. Il est dĂ©cidĂ© d'amĂ©nager le futur quartier de l'Horloge. En 1971, les six premiers pavillons situĂ©s Ă l'est de la rue Baltard sont dĂ©molis pour permettre la construction de la gare RER et du Forum. En 1973, les pavillons de la viande, les Ăźlots sud des Halles et les Ăźlots Beaubourg sont dĂ©molis. Deux de ces pavillons seront prĂ©servĂ©s : le no 8, qui abritait le marchĂ© aux Ćufs et Ă la volaille, est dĂ©montĂ© et reconstruit Ă Nogent-sur-Marne pour y abriter une salle de spectacle baptisĂ©e « Pavillon Baltard » et un deuxiĂšme dans le parc Harbor View Park (ja) de la ville de Yokohama au Japon, qui ne reprend que la partie haute de la structure originale en fonte[34]. Les matĂ©riaux des autres pavillons sont vendus au prix de la ferraille.
AprÚs la destruction des halles, le « trou » des Halles demeure plusieurs années alors que plusieurs projets d'aménagement restent infructueux. à l'été 1973, le film de Marco Ferreri, Touche pas à la femme blanche !, y est tourné. Celui-ci apparaßt aussi dans Le Locataire de Roman Polanski.
- Le Pavillon Baltard no 8, reconstruit Ă Nogent-sur-Marne.
AprĂšs les pavillons : le forum, le jardin et la station RER
En 1974, élu président de la République, Valéry Giscard d'Estaing décide l'abandon d'un centre de commerce international initialement projeté et la création d'un jardin à son emplacement. Les démolitions, comme celle de la rue de la Réale, se poursuivent[35].
En 1975, le projet choisi par les Parisiens est rejeté au profit, dans un premier temps, de celui de l'architecte espagnol Ricardo Bofill, puis de Jean Willerval. En 1978, le groupe de l'ARPA (Architecture Participative) fait un projet d'urbanisme avec les Associations de Paris, Champeaux, Copras, CIAH[36].
En 1979, le projet centre commercial « le Forum » est proposĂ© par l'architecte Claude Vasconi. Un concours est d'abord organisĂ© pour l'amĂ©nagement de la partie Lescot directement au-dessus de la gare RER. L'Ă©quipe composĂ©e des architectes Georges Pencreac'h et Claude Vasconi l'emporte avec le projet du Forum des Halles, inaugurĂ© en 1979. Parmi les projets non retenus : celui d'Albert Laprade (deux hautes tours, des commerces, des jardins, des logements et un parking souterrain de 20 000 places) et celui de Jean Faugeron (plusieurs tours fuselĂ©es, les plus hautes devant atteindre 200 mĂštres)[37]. Une deuxiĂšme consultation est par la suite organisĂ©e pour la partie aĂ©rienne, emportĂ©e par Ricardo Bofill, dont le projet avance jusqu'Ă l'Ă©dification du gros Ćuvre Ă R+2, avant que le maire de Paris (Jacques Chirac) dĂ©cide de tout raser en imposant Ă la place l'architecte Jean Willerval et ses « parapluies », inaugurĂ©s en 1983. L'ensemble fut loin d'ĂȘtre perçu comme une rĂ©ussite[38].
En 1977, la station du RER le est inaugurée et la station Les Halles de la ligne 4 est déplacée pour une meilleure correspondance.
Le Forum de commerce et de loisirs est inauguré le . Deux hÎtels, de logements et de bureaux sont construits en 1983. La deuxiÚme partie du Forum souterrain (architecte : Paul Chemetov) est ouverte en 1985. Les jardins sont aménagés par Louis Arretche en 1986 et le parc océanique Cousteau est inauguré en juillet 1989.
XXIe siĂšcle
- 2004 : un concours d'architecture est lancĂ© par la mairie pour une rĂ©novation totale du quartier. Quatre Ă©quipes d'architectes sont sĂ©lectionnĂ©es : Jean Nouvel, MVRDV/Winy Maas, OMA/Rem Koolhaas et David Mangin. Le , le maire de Paris Bertrand DelanoĂ« annonce le choix de la commission d'appel d'offres pour le rĂ©amĂ©nagement des Halles de Paris. C'est le projet de l'architecte et urbaniste français David Mangin qui remporte les suffrages, plus pour son parti pris que pour le projet en lui-mĂȘme qui ne sera pas concrĂ©tisĂ© tel quel. Son rĂŽle est de coordonner la mise en Ćuvre du projet, dont il rĂ©alisera une partie. Les conditions qui ont amenĂ© Ă ce choix dĂ©clenchent une polĂ©mique importante chez nombre d'observateurs de l'urbanisme parisien. Un concours international sera organisĂ©, afin de dĂ©terminer le projet dĂ©finitif. Les premiers travaux devraient commencer en 2009.
- 2007 : en juillet, les architectes français Patrick Berger et Jacques Anziutti gagnent le projet du futur « carreau des Halles », avec la CanopĂ©e, surhaussement symbolique de lâactuel Forum des Halles[39].
- 2010 : en avril, dĂ©but des travaux de rĂ©amĂ©nagement des Halles, reconnus d'utilitĂ© publique[40] par arrĂȘtĂ© prĂ©fectoral (arrĂȘtĂ© prĂ©fectoral no 2010-189-3 du ) et comprenant la rĂ©organisation des espaces publics en surface, la construction de la CanopĂ©e, le nouveau jardin, la rĂ©organisation des voiries souterraines et le rĂ©amĂ©nagement de la gare ChĂątelet-Les-Halles avec le Forum et leurs accĂšs [41]. Ils comprennent notamment le dĂ©samiantage et le dĂ©poussiĂ©rage du plomb des anciennes halles pour un montant supĂ©rieur Ă 1 million d'euros hors taxes[42] - [43] - [44], commencĂ© le .
- 2011 : à partir du , une partie de la rue des Halles est fermée à la circulation des voitures. Le commence le désamiantage de l'intérieur des pavillons Willerval[45].
- 2016 : inauguration de la Canopée (architectes Patrick Berger et Jacques Anziutti).
Du ventre au cĆur
Ce « ventre de Paris », évoqué par Zola du temps des marchés de gros, est devenu un des principaux pÎles d'animation de la capitale, proche du centre géographique de la ville et à la croisée des principales lignes du réseau de transport collectif de la région.
C'est Ă la fois :
- la plus grande gare de la ville, ChĂątelet - Les Halles, avec trois lignes de RER, cinq de mĂ©tro, 15 de bus et 13 de Noctiliens oĂč passent en moyenne 800 000 voyageurs quotidiens;
- le Forum, troisiĂšme centre commercial français en frĂ©quentation avec 34 millions de clients annuels en 2016 (deuxiĂšme en Ăle-de-France aprĂšs les Quatre Temps Ă la DĂ©fense), comprenant 26 salles de cinĂ©ma[46];
- la piscine la plus fréquentée;
- un jardin de plus de quatre hectares;
- un réseau de voiries, essentiellement souterraines.
- trois médiathÚques de la Ville de Paris, deux musicales (une réservée aux conservatoires, l'autre ouverte à tous publics), une spécialisée dans le cinéma
Halle aux poissons
InstallĂ©e depuis le Moyen-Ăge dans un triangle au sud-est de l'Ă©glise Saint-Eustache prĂšs du pilori, la halle est reconstruite au mĂȘme emplacement en 1822 et transfĂ©rĂ©e en 1857 dans les pavillons Baltard 9 et 11 Ă l'angle des rues Rambuteau et Pierre Lescot[47].
Halle aux fromages
Le marchĂ© aux fromages Ă©tabli au sud de la halle aux poissons est installĂ©e dans une halle construite Ă cet emplacement en 1823 abritant Ă©galement un marchĂ© au beurre et aux Ćufs puis transfĂ©rĂ©e en 1857 dans le pavillon Baltard n° 12 Ă l'angle des rues Berger et Pierre Lescot, proche de son emplacement d'origine[10].
Halle Ă la viande
La halle à la viande est établie à l'emplacement de l'ancienne halle au blé lors de son installation en 1770 dans le bùtiment qui sera celui de la bourse de commerce), transférée aux marché des Prouvaires ouvert en 1818, puis dans le pavillon Baltard n° 3 rue Rambuteau au sud de l'église Saint-Eustache en 1860[9].
Halle au blé et aux farines
L'ancienne Halle au blé était installée entre les rues de la Tonnellerie[48] - [49] et de la Fromagerie sur la place des Halles.
Ce marché étant devenu trop petit, la Ville décide en 1762 de transporter le marché dans un bùtiment édifié à l'emplacement de l'hÎtel de Soissons, acheté par la ville quelques années auparavant, dont il subsiste la colonne astronomique de Catherine de Médicis[50].
La Halle au blé et aux farines construite de 1763 à 1767 sur les plans de Nicolas Le Camus de MéziÚres est inaugurée en 1770 avec son centre à l'air libre, recouvert par une coupole en bois en 1782. Celle-ci est détruite par un incendie en 1802 et remplacée par une nouvelle structure en fer, recouverte dans un premier temps de feuilles de plomb, puis de vitres, qui subit un nouvel incendie en 1854. De nouveau rénové, l'édifice devint le siÚge de la Bourse de commerce. La halle à la viande est installée à l'emplacement de l'ancienne halle au blé qui devient en 1818 celui du marché aux herbes.
Halle aux herbes
Fief des herboristes et des maraĂźchers, elle est prĂ©sente dans de nombreuses villes de France. Elle est installĂ©e en 1818, Ă l'emplacement de l'ancienne halle Ă la viande qui Ă©tait lui-mĂȘme celui de l'ancienne halle aux blĂ©s avant son transfert en 1770 dans le bĂątiment construit Ă cet effet qui sera par la suite la bourse de commerce de Paris. La halle aux herbes est installĂ©e en 1858 dans les pavillons Baltard n° 7 et n° 8 fruits et lĂ©gumes.
Halle aux draps
La Halle aux draps était établie depuis le XVe siÚcle entre la rue de la Poterie et la rue de la Petite-Friperie au sud du carreau des halles. Elle est reconstruite sous le nom de « Halle aux draps et toiles » par Molinos et Legrand en 1786. Le bùtiment est incendié en 1855.
Halles Ă©tablies dans d'autres quartiers de Paris
Halle aux gibiers
Bùtie en 1810 par l'architecte Célestin-Joseph Happe, elle était située quai des Grands-Augustins.
Halle aux cuirs
Fief des pelletiers et autres mégissiers, la premiÚre halle est installée par Saint Louis rue de la Lingerie, à proximité de la halle aux draps, au sud du carreau des Halles. Elle est transférée rue Mauconseil, sur l'emplacement de l'ancienne Comédie italienne, et elle y demeure jusqu'en 1866. Une nouvelle Halle aux cuirs est inaugurée le . Construite sur des dépendances de l'ancien hospice des Cent-Filles, elle occupe une superficie d'un hectare, situé à l'emplacement de l'actuel campus Censier, et forme donc un quadrilatÚre borné par les rues Censier, de la Clef, Santeuil et du Fer-à -Moulin. En plus des bureaux, le bùtiment est doté d'immenses magasins dont l'entrée principale se trouvait rue Santeuil, une cour de 1 350 m2 formant le carreau de la Halle ; au-dessus sont installés deux étages de magasins ; au-dessous, d'immenses souterrains servent de caves pour y recevoir huiles, essences, vernis et tout corps gras indispensable à la mégisserie. Une ordonnance de police du en fixe le fonctionnement et les heures d'ouverture, de fermeture et de vente[51].
Dans la nuit du 11 au , elle subit un terrible incendie qui la dĂ©truit totalement. La Halle aux cuirs ne sera pas reconstruite au mĂȘme endroit, car le quartier oĂč elle s'Ă©levait s'Ă©tait complĂštement transformĂ© en quelques annĂ©es par la construction de nouvelles habitations dont les occupants ne se seraient pas accommodĂ©s des inconvĂ©nients de ces industries mĂ©gissiĂšres toutes proches. D'autant plus que la prison Sainte-PĂ©lagie, situĂ©e dans le quartier, fut dĂ©saffectĂ©e et dĂ©molie en 1899. Tandis que la BiĂšvre, envahie jusqu'ici par les pestilences des abattoirs, des hĂŽpitaux, des Ă©gouts, des industries pelletiĂšres (tannerie et teinturerie) fut dĂ©sormais recouverte sur cette partie de son cours[51].
Halle aux veaux
Avant 1646, la Halle aux veaux était située rue de la Planche-Mibray, au bout de la rue Vieille-Place-aux-Veaux.
Par un arrĂȘt du , le marchĂ© aux veaux fut transfĂ©rĂ© quai des Ormes.
Par lettres patentes, d', le roi Louis XV ordonne la construction d'une nouvelle halle, d'un nouveau marché aux veaux.
Le [50], une nouvelle halle aux veaux est construite par Nicolas Lenoir. Elle était située entre les rues de Pontoise et de Poissy dans l'ancien 12e arrondissement de Paris, quartier du Jardin du Roi (actuel 5e arrondissement de Paris, quartier Saint-Victor)[52].
Halle aux vieux linges
Bùtie en 1811 par Jacques Molinos, elle était située rue du Temple.
Halle aux vins
Fief des marchands de vin, appelés familiÚrement « les pinardiers ».
Elle se trouvait depuis 1666 quai Saint-Bernard, sur l'emplacement de l'actuel campus de Jussieu (facultĂ© des Sciences), toujours dans le 5e arrondissement de Paris, le long de la Seine d'oĂč les chalands arrivaient. Construite de 1958 Ă 1972, la FacultĂ© est inaugurĂ©e en 1970 (Paris VII) et en 1971 (Paris VI). Pendant longtemps, on l'appela familiĂšrement « la facultĂ© des Sciences de la Halle aux vins » et sa grande tour « la tour Zamanski », du nom du doyen de la FacultĂ©. Ces appellations non officielles sont passĂ©es de mode aujourd'hui. On trouve Ă©galement, sur l'ancienne emprise de la Halle aux vins, l'Institut du monde arabe inaugurĂ© en 1987.
Grenier de réserve
Bùti en 1807 par Delanoy, il était situé boulevard Bourdon.
Regrat des Halles
Le regrat signifie la vente de menues denrĂ©es au dĂ©tail et de seconde main. Au regrat, aux dĂ©chets des Halles, on vendait les denrĂ©es de rebut dans une sorte de marchĂ©s au reste, du moins au XVIIIe siĂšcle. Dans son ouvrage Les Halles de Paris des origines Ă 1789. Ăvolution matĂ©rielle, juridique et Ă©conomique paru en 1962, l'auteur Jean Martineau mentionne que le regrat persistait parce qu'il existait toute une plĂšbe aux revenus si faibles qu'elle ne pouvait acheter sur les marchĂ©s au prix normal les provisions qui lui Ă©tait offertes, parce qu'Ă ce prix les quantitĂ©s offertes Ă©taient encore trop grande pour la modicitĂ© de ses moyens[53].
Jacques Savary des BrĂ»lons, dans son Dictionnaire universel du commerce de Savary paru en 1727, indique : « C'est pareillement dans la Halle Ă la poirĂ©e, devant la porte de la grande Halle, que les petites Regratieres dĂ©bitent leurs fruits selon les saisons, comme les cerises, groseilles, pĂȘches, abricots. Voyer Frutier-Regratier. [...] on met aussi de ce nombre quantitĂ© de pauvres gens qui font un petit nĂ©goce d'herbages, de lĂ©gumes, d'oeufs, de beurre et de fromage, en consĂ©quence de Lettres qu'on appelle Lettres de Regrat »[54].
Durant ce mĂȘme siĂšcle, dans Le Neveu de Rameau de Denis Diderot, Rameau s'exprime en ces termes aprĂšs avoir Ă©tĂ© chassĂ© par ses protecteurs : « ...Vous vous en ĂȘtes allĂ© en vous mordant les doigts ; câest votre langue maudite quâil fallait mordre auparavant. Pour ne vous en ĂȘtre pas avisĂ©, vous voilĂ sur le pavĂ©, sans le sol, et ne sachant oĂč donner de la tĂȘte. Vous Ă©tiez nourri Ă bouche que veux-tu, et vous retournerez au regrat ; ... ».
AccĂšs
Ce site est desservi par la station ChĂątelet - Les Halles âââââ, âââ.
Filmographie
- Voici le temps des assassins, rĂ©alisĂ© par Julien Duvivier, en 1956. Duvivier dĂ©cide de construire en studio une partie des Halles de Paris, mais Ă©galement de tourner en dĂ©cors naturels. Il restitue la vie grouillante des anciennes Halles, sur fond des pavillons Baltard anĂ©antis par dâautres dĂ©molisseurs, destruction dont Paris porte encore les stigmates plus de 40 ans aprĂšs leur disparition.
- Touche pas à la femme blanche ! de Marco Ferreri est tourné partiellement dans le trou des Halles, chantier de démolition des Halles de Paris.
- Les Rois mages (2001) de Bernard Campan et Didier Bourdon : une scÚne de vol y est tournée.
- Un idiot Ă Paris (1967) de Serge Korber[55].
- La Route (1964), feuilleton télévisé de Pierre Cardinal : plusieurs scÚnes y sont tournées.
Bibliographie
- Anonyme, Les Halles centrales de Paris, construites sous le rÚgne de Napoléon III, A. Morel, (lire en ligne)
- Charles Garnier, Notice sur Victor Baltard, Firmin-Didot, (lire en ligne)
- Jules Vigneau, Les Halles centrales aujourdâhui et autrefois, Paris, Librairie Ed. Duruy, (lire en ligne)
- Paul SĂ©dille, « Victor Baltard, architecte », Gazette des Beaux-Arts, no 1,â , p. 485-496 (lire en ligne)
- Georges EugĂšne Haussmann, MĂ©moires, t. 3, (lire en ligne)
- Françoise Fromonot, La comédie des Halles. Intrigue et mise en scÚne, éditions La Fabrique, 2019.
- Françoise Fromonot, La campagne des Halles. Les nouveaux malheurs de Paris, éditions La Fabrique, 2005.
- LĂ©on Biollay, Les Anciennes Halles de Paris, MĂ©moires de la SociĂ©tĂ© de l'histoire de Paris et de l'Ăle-de-France, 1876, tome 3, p. 293-355, (lire en ligne).
- Pierre Lavedan, La Question du déplacement de Paris et du transfert des Halles, au Conseil municipal sous la Monarchie de Juillet, Commission des travaux historiques, Paris, 1969.
- Bertrand Lemoine, Les Halles de Paris, Ăditions LâĂquerre, 1980, 286 p.
- Philippe Mellot, La Vie secrĂšte des Halles de Paris, Ăditions Omnibus, 2010, 240 p.
- Jean-Louis Robert et Myriam Tsikounas (dir.), Les Halles. Images dâun quartier, prĂ©face dâAlain Corbin, Paris, Publications de la Sorbonne, 2004, 248 p.
- Patrice de Moncan, Paris, les Halles de Baltard, éditions du MécÚne, 1992 (réédition en 2010).
Notes et références
- Ămile Zola, Le Ventre de Paris, BibliothĂšque Ă©lectronique du QuĂ©bec, coll. « Ă tous les vents » (no 27) :
« La grande voix des Halles grondait plus haut ; par instants, des volĂ©es de cloche, dans un pavillon Ă©loignĂ©, coupaient cette clameur roulante et montante. Ils entrĂšrent sous une des rues couvertes, entre le pavillon de la marĂ©e et le pavillon de la volaille. Florent levait les yeux, regardait la haute voĂ»te, dont les boiseries intĂ©rieures luisaient, entre les dentelles noires des charpentes de fonte. Quand il dĂ©boucha dans la grande rue du milieu, il songea Ă quelque ville Ă©trange, avec ses quartiers distincts, ses faubourgs, ses villages, ses promenades et ses routes, ses places et ses carrefours, mise tout entiĂšre sous un hangar, un jour de pluie, par quelque caprice gigantesque. Lâombre, sommeillant dans les creux des toitures, multipliait la forĂȘt des piliers, Ă©largissait Ă lâinfini les nervures dĂ©licates, les galeries dĂ©coupĂ©es, les 44 persiennes transparentes ; et câĂ©tait, au-dessus de la ville, jusquâau fond des tĂ©nĂšbres, toute une vĂ©gĂ©tation, toute une floraison, monstrueux Ă©panouissement de mĂ©tal, dont les tiges qui montaient en fusĂ©e, les branches qui se tordaient et se nouaient, couvraient un monde avec les lĂ©gĂšretĂ©s de feuillage dâune futaie sĂ©culaire. Des quartiers dormaient encore, clos de leurs grilles. Les pavillons du beurre et de la volaille alignaient leurs petites boutiques treillagĂ©es, allongeaient leurs ruelles dĂ©sertes sous les files des becs de gaz. Le pavillon de la marĂ©e venait dâĂȘtre ouvert ; des femmes traversaient les rangĂ©es de pierres blanches, tachĂ©es de lâombre des paniers et des linges oubliĂ©s. Aux gros lĂ©gumes, aux fleurs et aux fruits, le vacarme allait grandissant. De proche en proche, le rĂ©veil gagnait la ville, du quartier populeux oĂč les choux sâentassent dĂšs quatre heures du matin, au quartier paresseux et riche qui nâaccroche des poulardes et des faisans Ă ses maisons que vers les huit heures. »
- Jacques Hillairet, Gibets, piloris et cachots du vieux Paris, Paris, Ă©ditions de Minuit, , 338 p., p. 48-50.
- « Les Halles. Le Moyen Ăge », paris-atlas-historique.fr (consultĂ© le 30 janvier 2019).
- EugÚne Pottet, Histoire de Saint-Lazare (1122-1912), Paris, Société française d'imprimerie et de librairie, 1re éd., 1912, p. 12.
- FĂ©lix Lazare et Louis Lazare, Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments, 1844-1849 (p. 367-368.
- Philippe Lorentz et Dany Sandron, Atlas de Paris au Moyen-Ăge, Parigramme, , 240 p. (ISBN 2 8409 6402 3), p. 219
- Franck Ferrand, « Les Halles, le ventre de Paris », Ă©mission Au cĆur de l'histoire sur Europe 1, 17 avril 2012.
- Reynald Abad, « Aux origines du suicide de Vatel : les difficultĂ©s de lâapprovisionnement en marĂ©e au temps de Louis XIV », Dix-septiĂšme siĂšcle, 2002, vol. 4, no 217, p. 631-641.
- Les Halles centrales, p. 5-6.
- Les Halles centrales, p. 6.
- Pierre Pinon, Atlas du Paris hausmannien, Paris, Parigramme, , 209 p. (ISBN 978 2 37395 008 3), p. 100
- Halles centrales. Projet Horeau. Projet de l'administration sur Gallica.
- Plan d'ensemble des halles centrales de Paris tracé conformément au plan annexé à l'ordonnance royale du 17 janvier 1847 sur Gallica.
- Garnier 1874, p. 6.
- Adolphe Alphand (dir.), Adrien Deville et Ămile Hochereau, Ville de Paris : Recueil des lettres patentes, ordonnances royales, dĂ©crets et arrĂȘtĂ©s prĂ©fectoraux concernant les voies publiques, Paris, Imprimerie nouvelle (association ouvriĂšre), (lire en ligne), « DĂ©cret du 10 mars 1852 », p. 261.
- Haussmann 1879, p. 479.
- « Eugenie de Montijo et les Halles Centrales ».
- Yvan Christ, Paris des utopies, Ăditions Nicolas Chaudun, 2011, p. 190.
- SĂ©dille 1874, p. 492.
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- Adolphe Alphand (dir.), op. cit., p. 282 [lire en ligne].
- Les Halles centrales, p. 13-14.
- Les Halles centrales, p. 7 et 13.
- « Les Halles de Baltard, métiers du jour et de la nuit », exposition du 5 octobre 2011 au 26 février 2012, carnavalet.paris.fr (consulté le 31 janvier 2019).
- Planche parue dans Victor Baltard et Félix Callet, Monographie des Halles centrales de Paris, construites sous le rÚgne de Napoléon III et sous l'administration de M. le baron Haussmann, sénateur, préfet du département de la Seine, A. Morel, Paris, 1863.
- Plan à l'appui d'un projet de chemin de fer destiné à relier les halles centrales de Paris avec le chemin de fer de ceinture sur Gallica.
- Les Halles centrales, p. 110.
- Tablettes parisiennes qui contiennent le plan de la ville & des faubourgs de Paris divisé en vingt quartiers (1760)
- Plan de la ville et des faubourgs de Paris, divisé en ses vingt quartiers (1771)
- Michel Eude : La commune robespierriste, page 334
- « Rungis fĂȘte ses 40 ans », www.lejdd.fr, 2009 (consultĂ© le 31 janvier 2019).
- « Historique du premier chantier des Halles », www.accomplir.asso.fr (consulté le 31 janvier 2019).
- Olivier Thomas, « Les rats sont entrés dans Paris », L'Histoire n°469, mars 2020, p. 12-19.
- Visible aux coordonnĂ©es suivantes : 35° 26âČ 32âł N, 139° 39âČ 10âł E
- Charles Marville, « Vues du Vieux Paris. Rue de la Réale, vers 1866 », vergue.com (consulté le 31 janvier 2019).
- Marie-Christine Husson, « âchirac se penche sur le trou des hallesâ », Liberation,â
- Bruno D. Cot, « Paris. Les projets fous⊠auxquels vous avez échappé », cahier central publié dans L'Express, semaine du 29 mars 2013, p. VIII.
- « Les Halles, diagnostic patrimonial, juillet 2004. Les constructions et édifices de surface, p. 56 [PDF]
« Cette architecture de âgirollesâ ou de âparapluiesâ, dont l'inspiration provenait des pavillons de Baltard, dut en dĂ©finitive accueillir un programme important d'Ă©quipements publics. [âŠ] Alors que âles Ă©tudes de structure Ă©taient dĂ©jĂ trĂšs avancĂ©es quand le programme dĂ©finitif des Ă©quipements sociaux a Ă©tĂ© mis au pointâ, ce bourrage de la structure par des activitĂ©s pour lesquelles elle n'Ă©tait pas a priori conçue s'est montrĂ©e dĂ©favorable aussi bien vis-Ă -vis de l'expression architecturale que du bon fonctionnement des Ă©quipements en question. »
- « La maquette du futur âcarreauâ des Halles dĂ©voilĂ©e », www.liberation.fr, 2 juillet 2007 (consultĂ© le 31 janvier 2019).
- « La rĂ©novation des Halles dĂ©clarĂ©e d'utilitĂ© publique », L'Obs,â (lire en ligne).
- [PDF] « 2010. Début des travaux », www.parisleshalles.fr (consulté le 31 janvier 2019).
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- « Le chantier des Halles, opĂ©ration Ă cĆur ouvert. Fibre tueuse », Le Monde, (consultĂ© le ).
- commons:File:Les Halles, July 30, 2010.jpg.
- « PremiĂšres opĂ©rations de dĂ©samiantage Ă lâintĂ©rieur des pavillons Willerval », (consultĂ© le ).
- ClĂ©mentine Maligorne, « 7 choses Ă savoir sur les centres commerciaux en France », Le Figaro,â (lire en ligne)
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- La rue de la Tonnellerie, qui a disparu lors de la construction des Halles centrales par Victor Baltard, allait de la rue Saint-Honoré à la rue Rambuteau.
- « Rue de la Tonnellerie », grande-boucherie.chez-alice.fr (consulté le 31 janvier 2019).
- M.-J. De Gaulle, Nouvelle histoire de Paris et de ses environs, 1839, p. 396.
- « Halle aux cuirs (Incendie de la) », www.france-pittoresque.com (consulté le 30 janvier 2019).
- Jean de La Tynna, Dictionnaire topographique, Ă©tymologique et historique des rues de Paris, 1817.
- Martineau (Jean). Les Halles de Paris des origines Ă 1789. Ăvolution matĂ©rielle, juridique et Ă©conomique, PersĂ©e (portail)
- Dictionnaire universel du commerce de Savary, de Jacques Savary des Brûlons, Google Livres (pages 188 et 308).
- Serge Korber 1936-, « Un idiot à Paris », Gaumont video, (consulté le ).
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
- Les Halles de Paris Ă travers l'histoire
- « Le destin des Halles de Paris à travers Doisneau »
- Recueil de 28 plans de Victor Baltard pour les Halles centrales dressés de 1846 à 1853, conservé à la BibliothÚque historique de la Ville de Paris, numérisé et consultable sur le portail des bibliothÚques spécialisées de la Ville de Paris. Exemple : plan d'ensemble