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Nicolas Lenoir

Samson Nicolas François Lenoir, dit Lenoir le Romain, est un architecte français né à Saint-Germain-en-Laye le [2] et mort à Paris le .

Samson Nicolas Lenoir
« le Romain »
Image illustrative de l'article Nicolas Lenoir
Portrait par Henri-Pierre Danloux.
Versailles, Château de Versailles.
Présentation
Nom de naissance Samson Nicolas Lenoir
Autres noms Le Romain
Naissance
Saint-Germain-en-Laye
DĂ©cès (Ă  76 ans)
Paris[1]
Mouvement néo-classicisme
Ĺ’uvre
RĂ©alisations HĂ´tel de Lantenay, Dijon, 1756
Porte Saint-Nicolas, Beaune, 1762-1770
Abbaye de Cîteaux, bâtiment Lenoir, 1762-1771
Quartier d'Aligre, Paris, 1767-1786
Hôtel Benoît de Sainte-Paulle, Paris, 1773
Théâtre de la Porte-Saint-Martin, Paris, 1781

Représentant du style néoclassique, il commença sa carrière en Bourgogne, actif surtout à Dijon et à Beaune, avant de la poursuivre à Paris après 1763. Il s'y livra à de grandes spéculations immobilières, notamment dans le quartier d'Aligre et au Faubourg Poissonnière. En 1781, il construisit en trois mois le théâtre de la Porte-Saint-Martin pour y installer l'Opéra après l'incendie de sa salle du Palais-Royal. Mais cette opération ébranla ses finances et, malgré diverses tentatives pour les rétablir, il finit sa vie dans la gêne sous le Premier Empire.

Biographie

Né à Saint-Germain-en-Laye de parents parisiens[3], la famille de Samson Nicolas Lenoir devait certainement appartenir aux professions du bâtiment, « car la rapidité de sa réussite n'appartient qu'à l'héritier d'un savoir-faire familial. »[4]

Formation et séjour en Italie

DĂ©signĂ© comme Ă©lève de Jacques François Blondel, Lenoir monta en loge pour le Prix de Rome en 1752, face Ă  Charles De Wailly, qui eut le prix, Pierre-Louis Moreau-Desproux et Pierre-Louis Helin. Il partit nĂ©anmoins pour l'Italie Ă  ses frais et frĂ©quenta l'AcadĂ©mie de France Ă  Rome sans en ĂŞtre officiellement pensionnaire. Plus tard, il se dĂ©clarait « ancien Ă©lève Â» de la prestigieuse institution et prit le surnom « le Romain Â» sans doute pour entretenir la confusion.

Selon Michel Gallet : « Certaines constantes de son œuvre, si pénétrée d'éléments maniéristes, suggèrent qu'il s'est arrêté à Gênes, où il noua aussi d'utiles relations[5]. Fait plus rare parmi sa génération, il dut pousser jusqu'à Venise[6] et y étudier le style des ingénieurs, Da Ponte, Sanmicheli, Benoni, qui perce dans ses projets de marchés et d'entrepôts. »[7]

1755-1763 : les années bourguignonnes

De retour en France, il commença sa carrière en Bourgogne, et plus particulièrement à Dijon où subsistent plusieurs de ses œuvres de jeunesse. Il est incontestablement[8] l'auteur de l'hôtel de Lantenay, construit entre 1756 et 1759 pour Bénigne III Bouhier de Fontaine, qui abrita l'intendance avant de devenir la préfecture. Bien implanté dans la capitale bourguignonne en 1760[9], où il vivait dans la compagnie des artistes et des mécènes[10], il travailla également en Lorraine pour la maîtrise des Eaux et Forêts. Le président Fyot de La Marche le présenta à Voltaire en 1761 et il semble qu'il bâtit la modeste église de Ferney, surtout connue pour l'inscription Deo erexit Voltaire .

Architecte et spéculateur immobilier parisien

Dès la fin de la guerre de Sept Ans, Lenoir s'établit à Paris où il poursuivit une intense carrière d'architecte et de spéculateur. Profitant du rétablissement de la confiance sous les ministères de Turgot et de Necker, des investisseurs immobiliers achetaient, à la périphérie de la capitale, des terrains mal exploités par des communautés religieuses et, avec l'agrément de la Ville de Paris et du Conseil du roi, ils aménageaient la voirie, créaient des égouts couverts, perçaient des rues qui recevaient des noms d'échevins – Buffault, Taitbout, La Michodière, Hauteville, Caumartin... – et faisaient construire dans ces lotissements des bâtiments d'habitation ordonnés de préférence autour d'un édifice public. Lenoir fut l'un des plus actifs dans ces opérations ce qui lui valut de bâtir des marchés, des greniers, une banque, des théâtres, des salles de danse...

En 1763, pour l'abbaye Saint-Antoine-des-Champs, Lenoir ajouta deux nouvelles ailes aux bâtiments abbatiaux, dont l'une subsiste dans le complexe de l'hôpital Saint-Antoine. À l’initiative de Gabrielle Charlotte de Beauvau-Craon qui voulait créer un marché de denrées comestibles et de fourrage et désengorger la rue du Faubourg-Saint-Antoine, il construisit le marché d'Aligre en 1767 sur des terrains cédés par l'abbaye à des opérateurs privés regroupés autour de lui, dont le sieur Chomel de Scériville qui servit de prête-nom pour la revente des immeubles. Lenoir conçut le plan-masse du lotissement, le marché, les quatre immeubles formant les angles de la place centrale ovale. Il traça quatre rues, parallèles deux à deux pour desservir la place du marché : la rue d'Aligre, la rue Lenoir-Faubourg-Saint-Antoine, la rue de Cotte et la rue Trouvée[11]. Il s'attacha à édifier entre 1767et 1786 des maisons de rapport d’une très grande qualité architecturale, dont le no 17, rue d'Aligre porte témoignage. Certaines parcelles sont constituées de vastes immeubles, souvent dotés de longues et grandes cours.

Lenoir se lia dans ses affaires Ă  son beau-père, Henri RibouttĂ©, contrĂ´leur des rentes de la Ville et administrateur de la Royale incendies, ainsi qu'au banquier Guillaume Kornmann, qui fit un procès Ă  Beaumarchais pour une retentissante affaire de mĹ“urs. Avec plusieurs de ses collègues notamment Goupy, Delafosse, BarrĂ©, Ledoux, BĂ©langer, Perrard de Montreuil, il fut actif dans le quartier du faubourg Poissonnière, dit aussi la « nouvelle France Â», crĂ©Ă© par François BenoĂ®t de Sainte-Paulle sur les anciennes cultures des Filles-Dieu.

Au nord, vers le Clos-Cadet, la rue Bleue et la rue Buffault, il fut associé au notaire Margantin. Associé à Douet de Montigny, il édifia pour l'entrepreneur et spéculateur Jean Bimont le côté sud de l'actuelle place de la Bourse. Pour la famille de Choiseul, il construisit entre la rue de Choiseul et la rue Pagevin. Rue d'Angiviller (aujourd'hui disparue), près de la colonnade du Louvre, il construisit dans le cadre d'une spéculation menée en association avec Étienne Navault, receveur des domaines de la généralité de Lyon, un ensemble immobilier de cent travées de sept niveaux sous une forte corniche dorique qui impressionna par son austérité et sa monumentalité. De l'autre côté du Louvre, à l'angle de la rue Saint-Honoré et de la rue Saint-Nicaise, sur l'emplacement des Quinze-Vingts, transférés au faubourg Saint-Antoine, il construisit des immeubles de rapport et amorça la reconstruction de la place du Palais-Royal[12]. Entre le quai de la Tournelle et le collège des Bernardins, il édifia la halle aux Veaux. Les Destutt de Tracy le chargèrent de construire un ensemble immobilier rue Saint-Denis à proximité de l'abbaye Saint-Chaumont, opération dont la rue de Tracy conserve le souvenir. Il fit l'acquisition en 1778 du château des Ternes qu'il transforma en habitations et dont il lotit les abords, et construisit l'église Saint-Leu-Saint-Gilles de Bagnolet.

En 1781, les affaires traitées par le cabinet de Lenoir engageaient un volume de capitaux considérable de 18 à 20 millions de francs. Elles assuraient du travail à nombre d'architectes moins renommés comme Hiver (ou Yvert), Montigny et Beaudoin[13].

Le théâtre de la Porte-Saint-Martin (1781)

Pour assurer sa réputation, Lenoir eut l'ambition de construire un théâtre. En 1782, lorsqu'on envisagea de donner une nouvelle salle aux Italiens, il s'associa avec Benoît de Sainte-Paulle pour proposer de la situer dans le quartier du Faubourg Poissonnière, au centre d'une place ovale vers laquelle convergeraient de nouvelles rues. Cette disposition permettait d'isoler le théâtre, précaution utile en cas d'incendie. Le projet est connu, dans ses élévations, par « un très beau dessin en perspective qui dilate abusivement le volume et les espaces (collection Destailleur). Le péristyle ionique est tourné vers le Boulevard. Les élévations latérales, divisées en deux niveaux et ceinturées de balcons ont été jugées mesquines mais vont valoir le péristyle. Le comble est une pyramide à huit versants. Commodité essentielle : une galerie passant sous la salle aurait traversé le rez-de-chaussée d'outre en outre et permis aux voitures de déposer et de reprendre leurs passagers à couvert »[14], innovation sans doute inspirée de l'hôtel Thellusson, chef-d'œuvre que venait d'achever Claude Nicolas Ledoux.

Bien qu'il ait eu le soutien de l'intendant des Menus-Plaisirs, Papillon de La Ferté, et fut appuyé par la plume de l'abbé de Lubersac, le projet de Lenoir fut écarté au profit de celui de Choiseul qui installa les Italiens sur le boulevard qui porte aujourd'hui leur nom, à l'emplacement de l'hôtel construit pour le grand-père de sa femme, Pierre Crozat, à l'emplacement actuel de l'Opéra-Comique, là même où Lenoir proposait d'installer la Caisse d'Escompte[15].

Le Théâtre de la Porte Saint-Martin vers 1790.

Lenoir avait été plus heureux avec l'Opéra qu'il fallut reloger d'urgence après le second incendie du Palais-Royal, le . Il ne lui fallut pas plus de deux jours pour proposer un projet de reconstruction in situ. Mais d'autres possibilités furent évoquées : utilisation de la Salle des Jeunes Élèves que Trou dit Henry venait de construire sur le boulevard du Temple et qui avait été fermée dès 1780, ou de la Salle des Machines des Tuileries, que la Comédie-Française devait libérer prochainement pour prendre possession du Théâtre de l'Odéon, ou encore construction d'une nouvelle salle selon un projet de Bélanger sur un terrain appartenant aux Menus-Plaisirs.

Lenoir proposa, pour sa part, de construire une nouvelle salle sur un terrain que lui-même et ses commanditaires, Kornmann et Riboutté, possédaient à l'entrée de la rue de Bondy, à proximité de la Porte Saint-Martin. Cette idée reçut l'approbation de Louis XVI et la construction de la nouvelle salle fut réalisée en un temps record de 86 jours, entre le 26 août et le [16]. Pour cela, on dut autoriser les charrois de matériaux à entrer nuitamment dans la capitale et l'on travailla les dimanches et fêtes. Quinze jours avant l'ouverture, Lenoir exposait dans le Journal de Paris : « J'ai l'honneur de prévenir les dames que je n'ai pas employé le plâtre dans tout l'intérieur de la salle [...] J'ai donné de la pente aux loges, afin que les personnes qui se trouvent sur les bancs de derrière puissent voir par-dessus la tête de leurs voisins sans être obligées de se lever. »[17] Tout fut badigeonné à la détrempe dans des tons bleu, blanc et or.

MalgrĂ© ces prĂ©cautions, le public s'effrayait de la rapiditĂ© avec laquelle l'Ă©difice avait Ă©tĂ© Ă©levĂ©. Pour en dĂ©montrer la soliditĂ©, on donna une reprĂ©sentation gratuite le . 6 000 personnes s'entassèrent dans un théâtre prĂ©vu pour 1 800, sans qu'il en rĂ©sultât d'accident fâcheux. Lenoir put remettre la clĂ© de sa loge Ă  la Reine Marie-Antoinette, qui venait de mettre au monde un Dauphin.

Connue sous le nom de théâtre de la Porte-Saint-Martin, la nouvelle salle présentait « une façade qui manifestait l'indépendance d'esprit et l'éclectisme de Lenoir. Les atlantes du rez-de-chaussée étaient des motifs qu'il avait toujours aimés. Mais la frise en bas-relief et les trois serliennes éclairant le foyer étaient des concessions au goût du jour. Ce dispositif central contrastait avec le traitement sévère et le percement parcimonieux des surfaces avoisinantes. »[18]

Revers de fortune et construction de Vauxhalls

Les Bains chinois, boulevard des Italiens, 1787. Paris, Musée Carnavalet.

Lenoir profita Ă©galement de la vogue, importĂ©e d'Angleterre, des luxueux Ă©tablissements de plaisirs appelĂ©s « Vauxhalls Â». Pour l'entrepreneur Le Bourguignon, il transforma le Vauxhall d'hiver crĂ©Ă© en 1769 par les frères Ruggieri Ă  la foire Saint-Germain. Puis, il prit l'Ă©tablissement Ă  son compte et le transfĂ©ra, sous le nom de PanthĂ©on d'Hiver au Palais-Royal, foyer de la prostitution et du jeu, sur un terrain biscornu dont il tira habilement parti, rue Saint-Thomas-du-Louvre. On y trouvait un salon chinois, un cafĂ© turc, et l'architecte s'y rĂ©serva un appartement personnel. Les guides du temps dĂ©crivent des lieux « magiques, enchanteurs, galants et voluptueux »[19] L'entrĂ©e coĂ»tait une livre seize sols mais on pouvait Ă©galement s'abonner pour une somme mensuelle de cinq Ă  neuf livres.

Lenoir construisit également en 1774 le Vauxhall de Bordeaux et, en 1787, le pittoresque établissement des Bains chinois, boulevard des Italiens, qui abritait, outre des bains, un restaurant, un café et un magasin de mode (détruit en 1853).

Dans les années 1780, les affaires de Lenoir souffrirent de ses rapports financiers avec le machiniste Boullet[18] ainsi que des engagements contractés pendant l'opération de l'Opéra. « Bien qu'il n'ait jamais cessé d'être actif, il se débattit désormais dans les embarras d'une déconfiture larvée. Happé dans l'engrenage des affaires, il n'avoua jamais sa détresse. »[20] Il traversa sans encombre la Révolution française, en profita pour spéculer sur les biens nationaux pour tenter de rétablir sa situation de fortune.

À cette époque, il fit graver un projet d'opéra de forme circulaire[21] à construire au Carrousel. Sous le Premier Empire, il construisit l'abattoir de Villejuif. Il tenta une dernière spéculation en construisant le Théâtre de la Cité, face au Palais de Justice, genre de Vauxhall entouré de rues intérieures qui préfiguraient les passages et doté d'un décor extravagant. L'établissement devint ensuite le Bal du Prado[22].

« Séparé à l'amiable de son épouse, voyant peu ses enfants, il mourut chez le concierge du Louvre, dans une relative pauvreté, mais non dans l'indigence comme l'écrit le rédacteur du Grand Larousse. Lenoir avait été un homme droit, courageux et puissamment organisé, digne dans toutes ses attitudes, conciliant, clair et direct dans sa correspondance. Très exigeant pour lui-même, il le fut pour ses collaborateurs. Nous avons trouvé sur un dessin cette inscription de sa main : “Il faut une pareille copie pour demain à onze heures du matin”. Les Goncourt ont signalé Lenoir comme “un architecte plein d'attentions pour les femmes”. En Lenoir, l'artiste et l'homme d'affaires s'étaient égalés. Sa figure légendaire avait frappé les Parisiens et resta longtemps dans leur souvenir. »[23]

Une rue de Dijon porte aujourd'hui le nom de Lenoir. À Paris, une portion de la rue d'Aligre, dans un quartier qu'il contribua à lotir, s'appelait autrefois la rue Lenoir.

Ĺ’uvres principales

Ă€ Dijon

  • HĂ´tel Bouhier de Lantenay (47, rue de la PrĂ©fecture, actuel siège de la prĂ©fecture de rĂ©gion) : HĂ´tel Ă©levĂ© de 1756 Ă  1759 pour BĂ©nigne III Bouhier de Fontaine, brigadier des armĂ©es du roi, frère du cĂ©lèbre prĂ©sident Bouhier ; achevĂ© par son fils, BĂ©nigne IV Bouhier de Fontaine, marquis de Lantenay et conseiller au Parlement. Il a abritĂ© l'intendance de Bourgogne (1781) puis la prĂ©fecture (depuis 1800). « C'est l'un des Ă©difices de transition les plus importants oĂą apparaĂ®t en France l'esprit nĂ©o-classique. ConformĂ©ment aux traditions dijonnaises, une apparence rĂ©servĂ©e a Ă©tĂ© donnĂ©e par Lenoir Ă  l'espace public de la cour d'honneur, tandis que les signes de noblesse et d'opulence ont Ă©tĂ© rĂ©servĂ©s Ă  l'Ă©lĂ©vation sur le jardin. L'Ĺ“uvre Ă©tonne par sa modĂ©nature brutale et son ordre colossal interdit aux Ă©lèves de Blondel dans les Ă©difices particuliers. Des pilastres ioniques embrassent les deux premiers niveaux des trois avant-corps ; ils sont relayĂ©s dans l'attique par des gaines cannelĂ©es que surmontent des mufles de lions. Dans le sens horizontal, des serviettes et des frises de canaux se dĂ©ploient entre les Ă©tages. Certaines travĂ©es de l'attique sont percĂ©es d'Ĺ“ils-de-bĹ“uf. Les appuis des fenĂŞtres admettent encore des ferronneries Louis XV, mais une balustrade dissimule la toiture au sommet du bâtiment. L'hĂ´tel de Lantenay a fait date dans l'architecture bourguignonne ; l'architecte Charles Saint-Père (d) l'a imitĂ© dans son projet pour Montmusard. »[24]
  • HĂ´tel Montillet (3, rue Buffon) : construit en 1757 pour Pierre Jobard, trĂ©sorier au Parlement de Bourgogne.
  • Petit hĂ´tel Berbisey (27, rue Berbisey) : LĂ©guĂ© par Jean de Berbisey, premier prĂ©sident du Parlement de Bourgogne, au profit des premiers prĂ©sidents afin qu'ils puissent soutenir leur rang, il est entièrement remaniĂ© de 1761 Ă  1767 par Lenoir pour Jean-Philippe Fyot de La Marche, commanditaire du château de Montmusard[25]. Le projet de Lenoir a Ă©tĂ© gravĂ© par Monnier. « Cette architecture est inspirĂ©e des estampes de Delafosse et de J.-Fr. De Neufforge. On y trouve des atlantes hissĂ©s sur des gaines, des diglyphes et des mutules doriques, des bustes sur des consoles, des serviettes, des frises de postes. »[26]
  • HĂ´tel de Loisy[27].

Ă€ Beaune

  • Porte Saint-Nicolas, porte de ville, rue de Lorraine (1762-1770) : Le projet de reconstruction de la porte, d'un nouveau pont, du logement du portier et d'une glacière fut dressĂ© en 1762 par Lenoir Le Romain. Le , ThĂ©odore Chevignard de Chavigny, gouverneur de Beaune, fit don de 4 800 livres pour participer Ă  l'Ă©dification de la porte. Jacques Lebrun, charpentier et entrepreneur Ă  Beaune obtint l'adjudication des travaux en . Les travaux furent surveillĂ©s par Denis Lenoir, frère et reprĂ©sentant de l'architecte[28].
  • Porte Bretonnière, porte de ville, rue Maufoux (1785, en grande partie dĂ©truite en 1869) : Lenoir donna un projet en 1764, rejetĂ© comme trop coĂ»teux[29].

Dans le reste de la Bourgogne

Abbaye de Cîteaux, bâtiment Lenoir, 1762-1771.
  • Château de Toulongeon, Ă  La Chapelle-sous-Uchon près d'Autun (SaĂ´ne-et-Loire) (1756, dĂ©truit) : Agrandissement ou reconstruction pour ThĂ©odore Chevignard de Chavigny, gouverneur de Beaune. Après lui, le château appartint au comte de Vergennes, cĂ©lèbre ministre de Louis XVI. Il fut pillĂ© et dĂ©truit sous la RĂ©volution française et les terres vendues comme biens nationaux.
  • Château de Longecourt-en-Plaine (1757-1761) : Transformation d'un château fĂ©odal en demeure de plaisance pour le compte de Nicolas-Philippe Berbis. Des ouvertures sont percĂ©es dans les murailles de brique. Sur celles-ci, sont plaquĂ©es des guirlandes et des dĂ©cors de stuc rĂ©alisĂ©s par des spĂ©cialistes allemands et italiens. On bâtit en avant des ailes des portiques d'ordre toscan supportant des balcons avec balustrades. Les dispositions intĂ©rieures du corps central sont complètement transformĂ©es : hall Ă  colonnes au rez-de-chaussĂ©e et immense salon dĂ©corĂ© de stuc imitant le marbre Ă  l'Ă©tage. Les escaliers Ă  vis, d'aspect mĂ©diĂ©vaux, sont remplacĂ©s par un escalier intĂ©rieur Ă  double rampant. MĂŞme le mobilier est redessinĂ© en accord avec la nouvelle configuration des lieux.
  • Château de Montmusard (dĂ©truit) : On signale des embellissements rĂ©alisĂ©s par Samson-Nicolas Lenoir soit pour Claude-Philibert Fyot de la Marche soit, plus probablement, pour son fils.
  • Château de Pouilly-lès-Dijon (1762) : Faisanderie du parc, que Lenoir grava lui-mĂŞme. Il employa sur ce chantier Jean-Jacques HuvĂ©, alors apprenti[30].
  • Abbaye de CĂ®teaux (1762-1771) : Projet de restauration d'ensemble dont seul le « Bâtiment Lenoir Â» fut rĂ©alisĂ© (1762, travaux achevĂ©s en 1771). « Ă€ chaque travĂ©e, la croisĂ©e du rez-de-chaussĂ©e et celle de l'Ă©tage s'inscrivent dans un dĂ©foncement commun, artifice que recommandait l'abbĂ© Laugier pour produire Ă  peu de frais un effet monumental ; ce bâtiment monastique est une très belle Ĺ“uvre. »[31] Sur ce chantier, Lenoir employa Jean-Jacques HuvĂ© entre 1762 et 1764[30].

Ă€ Paris

En région parisienne

Notes et références

  1. Relevé généalogique sur Geneanet
  2. Acte de baptême du 5 juillet 1733 de la paroisse Saint-Germain-de-Paris de Saint-Germain-en-Laye, Archives départementales des Yvelines en ligne, cote 1168926, vue 52/102
  3. Michel Gallet, Les architectes parisiens du XVIIIe siècle, p. 331.
  4. ibidem. Son frère, Denis, fut entrepreneur en bâtiment. On connaît à la même époque un Lenoir de Vernon et un Lenoir de Saint-Elme, architectes et spéculateurs à Paris. Par ailleurs, les liens de sa famille avec les Lamotte, « bouchers des Invalides », lui valurent la bienveillance lointaine de la marquise de Pompadour et l'appui direct de son frère, futur marquis de Marigny.
  5. Il devait travailler ultérieurement à Paris pour le banquier d'origine génoise Octave-Pie Giambone.
  6. Parmi d'autres architectes à avoir visité Venise à l'occasion de leur formation en Italie, on peut citer Jacob Guerne et Jean-Philippe Lemoine de Couzon, qui voyagèrent également à leurs frais.
  7. Michel Gallet, Les architectes parisiens du XVIIIe siècle, p. 331
  8. L'érudition dijonnaise en a parfois douté.
  9. Plusieurs de ses homonymes étaient actifs comme architectes dans la ville, ainsi que les Le Jolivet, dont l'un avait été son confrère à l'Académie royale d'architecture. Il était en outre cousin des Cellerier, aubergistes dijonnais, et enseignait l'architecture à leur fils Jacques, promis à une brillante carrière.
  10. « Il se joignait à Devosges et à Antoine aîné pour dessiner chez Verniquet le modèle vivant. » (Michel Gallet, Les architectes parisiens du XVIIIe siècle, p. 332)
  11. La deuxième et la quatrième ont été réunies à la première et à la troisième.
  12. Les Quinze-Vingts se trouvaient initialement entre la rue Saint-Thomas-du-Louvre à l'est, la rue Saint-Nicaise à l'ouest et la rue Saint-Honoré au nord, à peu près à l'emplacement occupé par le Grand hôtel du Louvre.
  13. Michel Gallet, Les architectes parisiens du XVIIIe siècle, pp. 333 et 335
  14. Michel Gallet, Les architectes parisiens du XVIIIe siècle, p. 334
  15. Michel Gallet, Les architectes parisiens du XVIIIe siècle, p. 266
  16. On peut lire dans Les anciennes maisons de Paris. Histoire de Paris rue par rue, maison par maison de Charles Lefeuve, paru en 1875, le jugement suivant : « Lenoir, cet architecte expéditif du théâtre de la Porte Saint-Martin ».
  17. cité par Michel Gallet, Les architectes parisiens du XVIIIe siècle, pp. 334-335
  18. Michel Gallet, Les architectes parisiens du XVIIIe siècle, p. 335
  19. cité par Michel Gallet, Les architectes parisiens du XVIIIe siècle, p. 335
  20. Michel Gallet, Les architectes parisiens du XVIIIe siècle, p. 335-336
  21. comme celui donné par Étienne-Louis Boullée
  22. Il fut démoli en 1860 pour faire place au Tribunal de commerce.
  23. Michel Gallet, Les architectes parisiens du XVIIIe siècle, p. 336
  24. Michel Gallet, Les architectes parisiens du XVIIIe siècle, p. 331. V. Hotel Bouhier De Lantenay - Dijon, Notice no IA21000221, base Mérimée, ministère français de la Culture
  25. V. Yves Beauvalot, « Le Petit Hôtel Berbisey », Les Cahiers du vieux Dijon, 1975
  26. Michel Gallet, Les architectes parisiens du XVIIIe siècle, p. 332
  27. selon Yves Beauvalot, art. cit.
  28. Notice no IA21000101, base Mérimée, ministère français de la Culture
  29. Notice no IA21000100, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  30. Sébastien Chaufour, Jean-Jacques Huvé (1742-1808), architecte : Retour à Palladio, Paris, Thèse de l'École nationale des chartes, (lire en ligne)
  31. Michel Gallet, Les architectes parisiens du XVIIIe siècle, p. 332
  32. 12e ardt - Le lotissement d'Aligre et ses environs - Paris.fr
  33. également connu comme hôtel Chéret et hôtel Ney
  34. Michel Gallet, Les architectes parisiens du XVIIIe siècle, p. 333
  35. Jean-Marie PĂ©rouse de Montclos (dir.), Le Guide du patrimoine. Paris, Paris, Hachette, 1994, p. 408
  36. FĂ©lix de Rochegude, Promenades dans toutes les rues de Paris. Xe arrondissement, Paris, Hachette, 1863, p. 28 ; Charles Lefeuve, Les vieilles maisons de Paris. Histoire de Paris, rue par rue, maison par maison, 1875
  37. Michel Gallet, Les architectes parisiens du XVIIIe siècle, p. 237
  38. Le plan joint au permis de construire a été conservé : Arch. nat. Z1J 1055.
  39. Le « marquis de Gallifet, prince des Martigues qui le cĂ©da, en 1778, au vil spĂ©culateur Nicolas Lenoir, dit le Romain, qui, bien qu’architecte, le mutila. Â» (fr)

Sources

  • Michel Gallet, Les architectes parisiens du XVIIIe siècle, Paris, Éditions Mengès, 1995 (ISBN 2856203701)
  • Biographie universelle, ou dictionnaire historique des hommes qui se sont fait un nom par leur gĂ©nie, leurs talents, leurs vertus, leurs erreurs ou leurs crimes par F.-X. de Feller, p. 207.

Voir aussi

Bibliographie

  • Ch. Oursel, « Lenoir-le-Romain ; notes et documents sur les artistes bourguignons Â», Annales de Bourgogne, XVIII, 1946
  • J. Evans, in : Monastic architecture in France, Cambridge, 1964
  • Martin Meade, Lenoir le Romain, thèse de l'UniversitĂ© de Londres, 1970
  • A.-Ch. Gruber, « Les Vauxhalls parisiens au XVIIIe siècle Â», Bulletin de la SociĂ©tĂ© d'histoire de l'art français, 1971
  • Pascal Étienne, in : Le Faubourg Poissonnière, Paris, 1986

Article connexe

Liens externes

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