Académie de France à Rome
L'Académie de France à Rome est une institution artistique française située dans la villa Médicis sur la colline du Pincio à Rome et destinée à l'accueil en résidence pour une période donnée, en son sein ou hors les murs, de jeunes artistes afin de développer leurs projets créatifs.
Fondation |
---|
Type | |
---|---|
Forme juridique | |
Domaine d'activité |
Autres enseignements |
Siège | |
Pays | |
Coordonnées |
41° 54′ 30″ N, 12° 28′ 57″ E |
Fondateurs | |
---|---|
Dirigeant | |
Site web |
L’Académie est souvent nommée « Villa Médicis » par métonymie, en référence au palais l’hébergeant depuis 1803.
Histoire
Fondation
Fondée en 1666 par Colbert, l'Académie de France à Rome est d'abord située dans une maison sur les pentes du Janicule près du monastère de Sant'Onofrio. Elle déménage en 1673 au palais Vidoni Caffarelli puis en 1684 dans le palais Capranica, aujourd'hui théâtre Valle. En 1725, elle s'établit au palais Mancini[2], sur le Corso, jusqu'au Directoire.
Villa Médicis
En 1803, Napoléon Bonaparte transfère l'Académie de France à Rome à la villa Médicis. L'intention du futur empereur des Français est de perpétuer une institution menacée un temps par la Révolution et, ainsi, de permettre aux jeunes artistes de pouvoir continuer d'approcher et de copier les chefs-d’œuvre de l'Antiquité ou de la Renaissance puis de s'en inspirer pour leurs « envois de Rome ». Ces travaux annuels, envoyés et jugés à Paris, constituent des exercices obligés pour tous les pensionnés.
Au début, la villa et ses jardins sont dans un triste état et doivent être rénovés pour accueillir l'ensemble des lauréats du prix de Rome. Ces derniers y font alors un séjour de trois à cinq ans selon les disciplines.
Après une première interruption du concours pendant la Première Guerre mondiale, les activités reprennent alors que se succèdent à la direction de l'institution Denys Puech, lauréat du prix de Rome en 1884 et auteur d'un buste du Duce, le sculpteur Paul Landowski, puis le musicien Jacques Ibert. En 1941, Mussolini confisque le lieu à la France. L'Académie se replie à la villa Paradiso à Nice à partir de novembre 1941, puis à Fontainebleau de fin mai 1944 jusqu'en 1946[3].
Concours et prix de Rome sont supprimés en 1968 par André Malraux, le dernier grand prix d'architecture ayant pris fin dès 1967, les événements de 1968 empêchant son bon déroulement[4]. L'Académie des beaux-arts à Paris et l'Institut de France perdent alors la tutelle de la villa Médicis au profit du ministère de la Culture et de l'État[5]. Dès lors, les pensionnaires n'appartiennent plus seulement aux disciplines traditionnelles (peinture, sculpture, architecture, gravure, gravure sur médailles ou sur pierres fines, composition musicale) mais aussi à des champs artistiques jusque-là négligés ou nouveaux (histoire de l'art, archéologie, littérature, scénographie, photographie, cinéma, vidéo, voire cuisine). Les artistes sont recrutés, non plus sur concours, mais sur dossier et pour des séjours variant de six à dix-huit mois voire, plus rarement, deux ans.
Le bâtiment et ses dépendances ont fait l'objet d'une nouvelle campagne de réhabilitation et de modernisation dont la restauration de la façade sur les jardins constitue l'étape la plus spectaculaire. Ces travaux se sont déroulés entre 2004 et 2007 sous la direction de Richard Peduzzi.
Depuis quelques années, la villa Médicis s'ouvre sur l'extérieur et présente expositions et spectacles élaborés par ses pensionnaires. Il est également possible pour les visiteurs de louer des chambres de la villa[6].
Selon le journal L'Express, la rémunération mensuelle du directeur de l'Académie de France à Rome est de 5 000 € auxquels s'ajoutent 4 000 € de défraiements ainsi que la résidence[7].
Directeurs
Se référer aussi à la catégorie Directeur de l'Académie de France à Rome.
- 1666-1672 : Charles Errard
- 1673-1675 : Noël Coypel
- 1675-1684 : Charles Errard
- 1684-1699 : Matthieu de La Teullière
- 1699-1704 : René-Antoine Houasse
- 1704-1725 : Charles-François Poerson
- 1725-1737 : Nicolas Vleughels
- 1737-1738 : Pierre de L'Estache
- 1738-1751 : Jean-François de Troy
- 1751-1775 : Charles-Joseph Natoire
- 1775 : Noël Hallé
- 1775-1781 : Joseph-Marie Vien
- 1781-1787 : Louis Jean François Lagrenée
- 1787-1792 : François-Guillaume Ménageot
- 1792-1807 : Joseph-Benoît Suvée
- 1807 : Pierre-Adrien Pâris
- 1807-1816 : Guillaume Guillon Lethière
- 1816-1823 : Charles Thévenin
- 1823-1828 : Pierre-Narcisse Guérin
- 1829-1834 : Horace Vernet
- 1835-1840 : Jean-Auguste-Dominique Ingres
- 1841-1846 : Jean-Victor Schnetz
- 1847-1852 : Jean Alaux
- 1853-1866 : Jean-Victor Schnetz
- 1866-1867 : Joseph-Nicolas Robert-Fleury
- 1867-1873 : Ernest Hébert
- 1873-1878 : Jules Eugène Lenepveu
- 1879-1884 : Louis-Nicolas Cabat
- 1885-1890 : Ernest Hébert
- 1891-1904 : Jean-Baptiste-Claude-Eugène Guillaume
- 1905-1913 : Charles-Emile-Auguste Durand, dit Carolus-Duran
- 1913-1921 : Albert Besnard
- 1921-1933 : Denys Puech[8]
- 1933-1937 : Paul-Maximilien Landowski
- 1937-1960 : Jacques Ibert
- 1961-1977 : Balthazar Klossowski de Rola, dit Balthus
- 1979-1985 : Jean Leymarie
- 1985-1994 : Jean-Marie Drot
- 1994-1997 : Jean-Pierre Angremy, dit Pierre-Jean Rémy
- 1997-2002 : Bruno Racine
- 2002-2008 : Richard Peduzzi
- 2008-2009 : Frédéric Mitterrand
- 2009-2015 : Éric de Chassey
- 2015-2018 : Muriel Mayette-Holtz
- 2018-2020 : Stéphane Gaillard[9] (intérim)
- À partir de l'été 2020 : Sam Stourdzé[10]
Pensionnaires et élèves
Se référer aux catégories Prix de Rome et Pensionnaire de la Villa Médicis.
Sociétés d'artistes fondées à l'Académie de France à Rome
Deux sociétés d'artistes plus ou moins confidentielles furent successivement constituées au sein de l'Académie de France à Rome. La première, dite « Grand Malheur » fut fondée en 1806 et dissoute en 1830[11]. Les statuts de la seconde, dite « La Cipolla[12] » furent rédigés le 20 juin 1818 et révisés le 7 juillet 1820. Le sculpteur Cortot et ses proches amis Louis Petitot et Jean-Baptiste Roman sont cités comme fondateurs. Seurre (l'aîné) fut nommé secrétaire en 1819[13].
Notes et références
- D'après les dessins et gravures de Joseph-Marie Vien. Le Magasin pittoresque, 1842.
- L'Académie de France à Rome : le palais Mancini, L'Histoire par l'image, Réunion des musées nationaux.
- Françoise Taliano-des Garets, Villes et culture sous l'Occupation : Expériences françaises et perspectives comparées, Paris, Armand Colin, coll. « Recherches », , 184 p. (ISBN 2200281811, lire en ligne), p. 120-126.
- Malraux avait déjà envisagé, une première fois et sans succès, la suppression du concours du prix de Rome en 1962.
- L'Institut de France réagit à cet état de fait, dès 1975, en organisant chaque année le concours du grand prix d'architecture de l'Académie des beaux-arts qui existe encore aujourd'hui.
- Michaël Moreau, « À quoi sert la Villa Médicis ? : Dans les coulisses d'une institution à bout de souffle », Revue du crieur, no 2, , p. 34 (ISBN 978-2-7071-8798-7).
- « Ces postes qui valent de l'or », L'Express n° 224-225 mai-juin 2008, p. 49.
- Prix de Rome en 1884, il sculpte un buste de Benito Mussolini alors qu'il dirige la villa Medicis.
- Secrétaire général de la villa Médicis ; voir sur lefigaro.fr.
- « Sam Stourdzé nommé directeur de la Villa Médicis à Rome », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le ).
- Claire Barbillon, Philippe Durey, Uwe Fleckner, Ingres, un homme à part? : entre carrière et mythe, la fabrique du personnage, actes du colloque de l'École du Louvre, 25-28 avril 2006, Paris, École du Louvre, p. 207.
- Également connue comme « société cipolaisienne » (aussi orthographié « cipolésienne »).
- Henry Lapauze, Histoire de l'Académie de France à Rome, t. 2, Plon-Nourrit, 1924, p. 1924.
Annexes
Bibliographie
- Alessandro Franchi-Verney, L’Académie de France à Rome, 1666-1903, Paris, Fischbacher, 1904
- Louis Hautecœur, « L'Académie de France et le triomphe des Horaces », dans Rome et la Renaissance de l'Antiquité à la fin du XVIIIe siècle, Paris, Fontemoing et Cie éditeurs, coll. « Bibliothèque des Écoles françaises d'Athènes et de Rome no 105 », , VIII-316 p. (lire en ligne), p. 151-162
- Henry Lapauze, Histoire de l'Académie de France à Rome, Paris, Plon, 1924, tome 1 (1666-1801), tome 2 (1802-1910)
- Marc Bayard, Émilie Beck Saiello et Aude Gobet (dir.), L’Académie de France à Rome. Le palais Mancini : un foyer artistique dans l’Europe des Lumières (1725-1792), Presses universitaires de Rennes, 2016 (ISBN 978-2-7535-4287-7)
- Jérôme Delaplanche (dir.), 350 ans de création : les artistes de l'Académie de France à Rome de Louis XIV à nos jours, catalogue d’exposition (Rome, Académie de France à Rome - Villa Médicis, -), Milano : Officina Libraria, 2016. (ISBN 978-88-99765-08-8)
- François Fossier, Le séjour des grands prix de Rome à la Villa Médicis, Paris, L'Harmattan, 2018, 234 p. (ISBN 9782343141503)
- L'Académie de France à Rome aux XIXe et XXe siècles - Entre tradition, modernité et création (actes du colloque, Rome, Villa Médicis, 25-27 septembre 1997), Somogy, 2002, (ISBN 978-2-85056603-5) ; 268p.
- Maestà di Roma da Napoleone all'unita d'Italia : d'Ingres à Degas, les artistes français à Rome exposition, (Rome, villa Médicis, exposition du 7 mars au 29 juin 2003), Electa, Milan, 2003, (ISBN 978-8-83702157-3) ; 616p.
Articles connexes
- Pierre Julien
- Prix de Rome
- Envoi de Rome
- Villa Médicis
- Casa de Velázquez
- Villa Kujuyama
- Villa Médicis hors les murs
- L'Incognito, roman d'Hervé Guibert, dans lequel l'auteur raconte sa vie à l'Académie entre 1987 et 1989
- La Légèreté, bande dessinée de Catherine Meurisse, Dargaud,
- École française de Rome
- American Academy in Rome
- Académie de Roumanie à Rome
Liens externes
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- Ressource relative à la musique :
- Ressource relative à la vie publique :
- Ressource relative aux organisations :
- Le site de la villa Médicis permet, entre autres, d'obtenir la liste de tous les pensionnaires dans toutes les disciplines, des origines à nos jours.
- Liste des pensionnaires entre 1800 et 1890 sur le site des Archives de l'Académie de France à Rome au XIXe siècle.