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Hervé Guibert

HervĂ© Guibert (Saint-Cloud, – Clamart, ) est un Ă©crivain et journaliste français. Il Ă©crit des nouvelles et romans dont certains font partie du mouvement littĂ©raire appelĂ© autofiction[1]. Pratiquant assidĂ»ment la photographie, il est Ă©galement reconnu pour ses textes sur ce medium[2].

Hervé Guibert
Plaque de la rue Hervé-Guibert à Paris (14e arrondissement).
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
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Genre artistique
Distinction
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Biographie

HervĂ© Guibert naĂźt dans une famille de la classe moyenne d’aprĂšs-guerre. Son pĂšre est inspecteur vĂ©tĂ©rinaire. Sa sƓur Dominique est son aĂźnĂ©e de cinq ans. Ses grand-tantes, Suzanne et Louise, marquent son univers familial.

AprĂšs une enfance parisienne dans le 14e arrondissement, il poursuit des Ă©tudes secondaires Ă  La Rochelle et fait partie d’une troupe de thĂ©Ăątre : « la ComĂ©die de La Rochelle et du Centre-Ouest ».

Revenu Ă  Paris en 1973, il Ă©choue au concours d'entrĂ©e de l’IDHEC Ă  18 ans.

Vie amoureuse

Trois hommes occupent une place importante dans sa vie sentimentale et son Ɠuvre :

Il entretient également une relation épistolaire avec Roland Barthes, qui s'interrompt quand ce dernier réclame des relations intimes en échange d'un texte[3].

Proche du photographe Hans Georg Berger (en) depuis 1978, il sĂ©journe Ă  plusieurs reprises dans sa rĂ©sidence de Santa Caterina, sur l’üle d'Elbe[4], oĂč il Ă©crit plusieurs de ses livres[5] et se laisse photographier[6].

Un sĂ©jour Ă  la Villa MĂ©dicis de 1987 Ă  1989, en mĂȘme temps qu'EugĂšne Savitzkaya[7] et Mathieu Lindon[8], inspire son roman L'Incognito. Mathieu Lindon racontera Ă  son tour ces annĂ©es romaines dans son livre Hervelino, paru en 2021[9].

Le sida

En , il apprend qu’il est atteint du sida. Il est trĂšs proche de Thierry Jouno – atteint du sida Ă©galement, et qui mourra peu aprĂšs lui le –, de ses deux enfants et de sa compagne Christine. Il Ă©pouse cette derniĂšre le . C'est un mariage d'amour et de raison[10] - [11].

En 1990, il rĂ©vĂšle sa sĂ©ropositivitĂ© dans À l'ami qui ne m'a pas sauvĂ© la vie. Ce roman autobiographique le fait connaĂźtre d'un large public. Il inaugure une trilogie comprenant Protocole compassionnel et L'Homme au chapeau rouge.

Cette mĂȘme annĂ©e, il est l'invitĂ© de Bernard Pivot dans l'Ă©mission littĂ©raire Apostrophes. Dans son dernier ouvrage CytomĂ©galovirus, il dĂ©crit quotidiennement l'avancĂ©e de la maladie qui le mine[12].

Il réalise un travail artistique sur le sida, qui le prive de ses forces[13] - [14]. Le film La Pudeur ou l'Impudeur, achevé avec la productrice Pascale Breugnot quelques semaines avant sa mort, est diffusé à la télévision le [15].

Atteint du cytomĂ©galovirus, presque aveugle, il tente de se suicider la veille de ses 36 ans en absorbant de la digitaline. Il meurt deux semaines plus tard, le , Ă  l'hĂŽpital Antoine-BĂ©clĂšre, des suites de cet empoisonnement[16]. Il est enterrĂ© au cimetiĂšre de Rio nell'Elba, sur la rive orientale de l'Ăźle d'Elbe. En sa mĂ©moire, une stĂšle cubique portant son nom est Ă©rigĂ©e dans le Jardin du souvenir, Ă  proximitĂ© de l’ermitage de Santa Caterina.

Travail littéraire

Les textes d'Hervé Guibert se caractérisent par une recherche de simplicité et de dépouillement. Son style évolue sous l'influence de ses lectures (Roland Barthes[17], Bernard-Marie KoltÚs ou encore Thomas Bernhard, ce dernier marquant ouvertement le style du roman A l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie).

Hervé Guibert compose de courts romans aux chapitres de quelques pages, qui se fondent souvent sur des faits biographiques transformés en fiction[18] - [19]. L'intrigue est brutalement exposée (ainsi dans Mes parents), le vocabulaire parfois recherché et les descriptions de tortures ou d'amours charnelles trÚs crues[20].

Il travaille avec Patrice ChĂ©reau, qui coĂ©crit le scĂ©nario de L'Homme blessĂ© ; ce film obtient le CĂ©sar du meilleur scĂ©nario en 1984. Il se lie d'amitiĂ© avec Sophie Calle[21] - [22]. Journaliste, il collabore dĂšs 1973 Ă  plusieurs revues et interviewe des artistes tels Isabelle Adjani, Zouc ou Miquel BarcelĂł ; en retour, ce dernier effectue plus de 25 portraits de lui. Travaillant au service culturel du journal Le Monde jusqu’en 1985, il Ă©crit des critiques de photographie et de cinĂ©ma[23].

RĂ©trospectives photo

En 2011, la Maison europĂ©enne de la photographie organise la premiĂšre rĂ©trospective de l'Ɠuvre photographique d'HervĂ© Guibert[24]. En marge de cette exposition, les Ă©ditions Gallimard publient un livre qui prĂ©sente plus de 200 de ses photographies rĂ©alisĂ©es entre 1976 et 1991[25]. En 2021, l'institution prĂ©sente Ă  nouveau de nombreuses photographies de HervĂ© Guibert au sein de l'exposition Love Songs, photographies de l'intime.

En 2018, l'exposition Les Palais des monstres désirables réunit à la galerie Les Douches des photos de jeunesse regroupées par Christine Guibert et Agathe Gaillard[26].

En 2019, une rĂ©trospective a lieu Ă  la Fondation Loewe de Madrid[11].  

ƒuvre

Romans

Trilogie romans autobiographiques

Recueils de nouvelles

Autres publications

Prix et distinctions

Plaque de la rue Hervé-Guibert à Paris.

Hommages

En 2013, la Ville de Paris décide de la création de la rue Hervé-Guibert dans le 14e arrondissement[28].

En 2018, Christophe Honoré fait de lui un personnage de sa piÚce Les Idoles, joué par Marina Foïs[29] - [30].

En janvier 2021, l'Ă©crivain Mathieu Lindon publie Hervelino, un livre dans lequel il rend hommage Ă  leur amitiĂ©, dĂ©butĂ©e en 1978 par l'entremise de Michel Foucault, et revient notamment sur les deux annĂ©es qu'ils passent ensemble Ă  la fin des annĂ©es 1980 Ă  Rome, oĂč ils sont tous deux pensionnaires de la Villa MĂ©dicis[9].

L'ensemble de l'oeuvre d'HervĂ© Guibert suscite l'admiration de l'autrice Nina Bouraoui, et notamment Le MausolĂ©e des amants, car « on y dĂ©cĂšle toutes les trames de ses autres romans, ses phobies, ses peurs, errances, ses personnages, dont Vincent, un de ses amants, et T., l’homme de toute sa vie
 »[31] - [32] - [33].

En avril 2021, l'Ă©crivain Baptiste Thery-Guilbert fait de lui un personnage principal dans son roman Pas dire[34] - [35].

À l'occasion de la journĂ©e internationale de lutte contre le VIH/sida du 1er dĂ©cembre 2021, la chaĂźne Arte prĂ©sente le documentaire inĂ©dit HervĂ© Guibert, la mort propagande, du rĂ©alisateur David Teboul[36] - [37].

Notes et références

  1. Bruno Blanckeman, les Récits indécidables : Jean Echenoz, Hervé Guibert, Pascal Quignard, Presses universitaires du Septentrion, 2000
  2. FrĂ©dĂ©rique Poinat, L'Ɠuvre siamoise : Guibert et l'expĂ©rience photographique, L'Harmattan 2008
  3. « revue-rue-descartes »
  4. Voci Hans Georg Berger 1990, « Lo scoperto di un luogo ideale ».
  5. « Les ils d’Elbe », sur LibĂ©ration.fr, (consultĂ© le )
  6. Alain Rauwel, « Hans Georg Berger, portraitiste amoureux », sur Art Critique, (consulté le )
  7. Pensionnaires de la Villa MĂ©dicis 1987.
  8. Pensionnaires de la Villa MĂ©dicis 1988.
  9. Marie Laure Delorme, « Mathieu Lindon : les années romaines », sur Le Point, (consulté le )
  10. « "Je suis Christine Guibert, j’ai connu HervĂ© en 1976 " », sur France Inter (consultĂ© le )
  11. « Christine Guibert », sur herve-guibert (consulté le )
  12. Arnaud Genon, « Fracture autobiographique et écriture du sida : l'autofiction chez Hervé Guibert », in Autofiction(s), actes du colloque de Cerisy-la-Salle, Presses universitaires de Lyon, 2010.
  13. Antoine de Gaudemar, La Maladie de l'amour, entretien avec Hervé Guibert, Libération, 1er mars 1990.
  14. Arnaud Genon, « Du corps jouissant au corps souffrant », La Faute à Rousseau, no 37, octobre 2004.
  15. Arnaud Genon, « La pudeur ou l'impudeur d'Hervé Guibert : l'accomplissement par l'image du développement de soi », L'intimité, Presses universitaires Blaise Pascal, 2005, p. 81-90.
  16. Arnaud Genon, dans La Compagnie des auteurs, Hervé Guibert écrivain photographe, 21 août 2019, à 53 min, https://www.franceculture.fr/emissions/la-compagnie-des-auteurs/herve-guibert-34-lecrivain-photographe-0.
  17. Voir Article du Monde de juillet 2000, sur le site survivre-au-sida : sur le rapport Ă  Barthes puis Ă  Foucault.
  18. Arnaud Genon, « Ce que dit l’autofiction : les Ă©crivains et leurs fractures » (Sur Camille Laurens, HervĂ© Guibert et Serge Doubrovsky), Raison publique no 14, « L’art de l’intime », 2011
  19. Arnaud Genon, « GUIBERT, Hervé (écrivain / photographe ) », sur www.autofiction.org, (consulté le )
  20. « Chez-moi sacrĂ©, chez-moi fĂ©tiche : les espaces fantasmĂ©s d’HervĂ© Guibert | Revue À l'Ă©preuve », sur alepreuve.org (consultĂ© le )
  21. Arnaud Genon, HervĂ© Guibert : ‘‘ Le rĂȘve du cinĂ©ma’’, French Cultural Studies 22 (1), february 2011
  22. Arnaud Genon, « Hervé Guibert. Quand je parle photographie, je parle de moi.», La Faute à Rousseau, APA, Numéro 53, février 2010, Photographies
  23. critiques réunies dans La Photo inéluctablement (Gallimard, 1999) puis Articles intrépides (Gallimard, 2008)
  24. Hervé Guibert, photographies avec sous-titres dans Le Figaro du 8 mars 2011.
  25. Jean-Baptiste Del Amo, Hervé Guibert photographe, Paris, Gallimard, , 222 p. (ISBN 978-2-07-013255-3, OCLC 717430014, lire en ligne)
  26. « "Hervé Guibert se trouvait monstrueux" », sur Bibliobs (consulté le )
  27. Fiche du livre, sur le site de l'Ă©diteur, Gallimard.
  28. « Conseil de Paris »
  29. Natacha Rossel, « ThĂ©Ăątre – Christophe HonorĂ©, l’urgence de cicatriser le traumatisme du Sida », 24 heures,‎ (ISSN 1424-4039, lire en ligne, consultĂ© le )
  30. Lucile Bellan, « Terrassées par le sida, les «Idoles» de Christophe Honoré revivent sur scÚne », sur Slate.fr, (consulté le )
  31. « Sur une ßle déserte... Nina Bouraoui », sur LExpress.fr, (consulté le )
  32. « Nina Bouraoui », sur herve-guibert (consulté le )
  33. Littérature intimiste, « Le mausolée des amants Hervé Guibert: analyse critique citations extraits », sur BUZZ... littéraire : Critiques livres, romans et analyse, (consulté le )
  34. Benoit Migneault, « Pas dire », sur Fugues, (consultĂ© le ) : « L’un des personnages du rĂ©cit, Ă©crivain de son Ă©tat, semble par ailleurs ĂȘtre une rĂ©fĂ©rence directe Ă  HervĂ© Guibert, dont il porte le prĂ©nom, sans aucun doute un hommage Ă  l’un des grands tĂ©moins littĂ©raires de cette pĂ©riode. »
  35. « Tout dire », sur Lettres québécoises (consulté le )
  36. « TĂ©lĂ©vision. David Teboul : « “La Mort propagande” n’est pas un film sur HervĂ© Guibert, mais avec lui » », sur L'HumanitĂ©, (consultĂ© le )
  37. Christine Marc et ier, « David Teboul », sur DIACRITIK (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • Bruno Blanckeman, "Mourir en direct. LittĂ©rature et tĂ©moignage : le cas HervĂ© Guibert", EsthĂ©tique du tĂ©moignage, sous la direction de Carole Dornier et Renaud Dulong, EHESS, 2005.
  • Jean-Pierre BoulĂ©, HervĂ© Guibert : l'entreprise de l'Ă©criture du moi, L'Harmattan, 2001, compte rendu sur le site Fabula.
  • François Buot, HervĂ© Guibert : le Jeune Homme et la mort, Grasset 1999.
  • Marie Darrieussecq, "Le FantĂŽme Guibert", Senso. Magazine des sens et des mots, no 29, hiver 2007.
  • AndrĂ©-Michel Gardey, "HervĂ© Guibert : de l'impudeur au rĂ©el de l'image du sida et rĂ©flexion psychanalytique sur le corps", Clinique mĂ©diterranĂ©enne. Psychanalyse et psychopathologie freudienne, no 64, 2001.
  • Arnaud Genon, HervĂ© Guibert. Vers une esthĂ©tique postmoderne, L'Harmattan, Coll. Critiques littĂ©raires, 2007.
  • Arnaud Genon (sous la direction de), La Revue littĂ©raire no 51 spĂ©cial HervĂ© Guibert, . Avec les contributions de RenĂ© de Ceccatty, Christophe Donner, Arnaud Genon, BĂ©nĂ©dicte Heim, Claire Legendre, Catherine Mavrikakis, Philippe Mezescaze, Mathieu Simonet, Abdellah TaĂŻa
 et des photographies inĂ©dites d’HervĂ© Guibert par Bernard Faucon.
  • Arnaud Genon, L'Aventure singuliĂšre d'HervĂ© Guibert, Articles et chroniques, Mon Petit Éditeur, coll. Essai, 2012.
  • Arnaud Genon, Roman, journal, autofiction : HervĂ© Guibert en ses genres, Mon Petit Éditeur, coll. Sciences Humaines, 2014.
  • Christian Soleil, HervĂ© Guibert, Actes graphiques 2002.
  • Lionel Souquet, « Des aveugles d'HervĂ© Guibert, ou le narcissisme Ă  l'Ă©preuve de la cĂ©citĂ© », Revue de la S.A.P.F.E.S.U., Buenos Aires, año XXII, no 27, , p. 87-91.
  • Collectif, Le Corps textuel d'HervĂ© Guibert, textes rĂ©unis et Ă©ditĂ©s par Ralph Sarkonak, au jour le siĂšcle 2, Lettres modernes, Minard, 1997.
  • Robert Pujade, "HervĂ© Guibert : une leçon de photographie", Lyon, UniversitĂ© Claude Bernard / Insa, 2008.
  • FrĂ©dĂ©ric Andrau, HervĂ© Guibert ou les morsures du destin, Éditions SĂ©guier, 2015.

Fabio Libasci, “Le passioni dell’io. HervĂ© Guibert lettore di Michel Foucault”, Milano, Mimesis, 2018.

Articles connexes

Liens externes

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