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Faubourg Poissonnière

Le faubourg Poissonnière ou quartier Poissonnière est le nom d'un faubourg et d'un ancien quartier de Paris. Plus anciennement, il s'est aussi appelé quartier ou faubourg de la « Nouvelle-France ».

Faubourg Poissonnière
quartier Poissonnière
Faubourg Poissonnière
Place Franz-Liszt vue depuis la terrasse de l'église Saint-Vincent de Paul, 2008.
Administration
Pays Drapeau de la France France
Région Île-de-France
Ville Paris

    Les faubourgs étaient les quartiers « fors le bourg » (du latin foris, « en dehors », et bourg), donc en dehors des murs ou au-delà des portes d'une ville.

    Origine du nom

    Au Moyen Âge, les poissonniers venant livrer aux Halles leur marchandise en provenance des ports de la mer du Nord et de la partie septentrionale de la Manche auraient emprunté le « chemin des Poissonniers »[1]. La rue Poissonnière située dans le 2e arrondissement correspond à peu près à la partie du chemin englobée dans la ville au moment de la construction de l’enceinte de Louis XIII dite des « Fossés jaunes », au début du XVIIe siècle[Note 1].

    Le chemin se prolongeait, hors des limites de Paris d'avant 1860, dans le faubourg, puis passait entre les communes de Montmartre et de La Chapelle.

    Ce chemin, à l'exception d'un court tronçon absorbé par le boulevard Barbès, est devenu la rue du Faubourg-Poissonnière entre les 9e et 10e arrondissements, la rue des Poissonniers dans le 18e arrondissement et l’avenue de la Porte-des-Poissonniers, située tout au nord de la ville, à l’emplacement où se trouvait la porte des Poissonniers dans l’enceinte de Thiers. À Saint-Ouen, commune limitrophe, elle prend le nom de Chemin des Poissonniers pour rejoindre l'Estrée au lieu-dit La Croix Penchée.

    C'est la partie située le long de l'actuelle rue du Faubourg-Poissonnière, alors en dehors des murs, qui deviendra le faubourg Poissonnière puis le quartier du faubourg Poissonnière de 1795 à 1860.

    Historique

    Formation du faubourg

    Hors des murs de Paris, l'urbanisation se développe autour de ce « chemin des Poissonniers » et ce nouveau territoire est érigé en faubourg en 1648[1], la rue principale, actuelle rue du Faubourg-Poissonnière, qui traverse ce faubourg prend alors le nom de « chaussée de la Nouvelle-France »[1] car elle conduisait au hameau de la Nouvelle France créé sur un ancien vignoble dans les années 1640. Vers 1660, cette voie sera rebaptisée Sainte-Anne[1] du nom de la chapelle ouverte en 1658 pour desservir ce nouveau quartier, avant de prendre le nom de rue du Faubourg-Poissonnière.

    Sur le plan de la ville et des faubourgs de Paris divisé en ses vingt quartiers par le Sr Robert de Vaugondy de 1771[2] le quartier est toujours nommé « nouvelle France » et la rue du Faubourg-Poissonnière est nommée rue Sainte-Anne. Sur le plan de Pichon, Ingénieur Géographe, de 1789 Nouveau plan routier de la ville et faubourgs de Paris[3] la rue du Faubourg-Poissonnière est nommée rue Sainte-Anne ou Poissonnière.

    Au début du XVIIIe siècle, l'espace entre le « Nouveau Cours » (boulevards de Bonne-Nouvelle et Poissonnière) et le hameau de la Nouvelle-France (au niveau de l'actuelle rue Bleue) était en majorité occupé par des jardins maraichers et donc encore peu construit à l'exception de quelques maisons bâties de 1645 à 1673 dans la rue Bergère et rue du Faubourg-Poissonnière à proximité du boulevard.

    Ce quartier se développe après la suppression des nuisances causées par le grand égout à ciel ouvert, canalisé en 1740 et recouvert en 1766-1767 sur lequel sont ouvertes la rue des Petites-Écuries et la rue Richer. Ce développement est en partie l'œuvre des pouvoirs publics qui créent la petite écurie du Roi (autour de l'actuelle cour des Petites-Écuries), l'hôtel des Menus-Plaisirs et la caserne des gardes françaises bâtie en 1771 (actuelle caserne de la Nouvelle France reconstruite en 1932) et aussi celles de spéculateurs dont Nicolas Lenoir et Claude-Martin Goupy[4]. Ce dernier spécula dès 1770 au faubourg Poissonnière sur des terrains vendus par la communauté des Filles-Dieu dont il était l'entrepreneur, jouant un rôle capital dans l'urbanisation du quartier[5].

    Lors de la création des (anciens) arrondissements de Paris en 1795, le quartier du faubourg Poissonnière sera officiellement créé dans l'ancien IIIe, ce sera le IXe quartier de Paris, il était situé dans le sud-ouest du 10e arrondissement actuel, approximativement entre la rue du Faubourg-Poissonnière, la rue du Faubourg-Saint-Denis, le boulevard de Bonne-Nouvelle et la rue de Chabrol, c'était sur l'emplacement qu'avait occupée la section du Faubourg-Poissonnière sous la Révolution française.

    « Les limites de ce quartier sont : la rue du Faubourg-Poissonnière numéros pairs, le mur d'enceinte de la barrière Poissonnière à la barrière St-Denis, la rue du Faubourg St-Denis numéros impairs, et le boulevard Bonne-Nouvelle numéros pairs. Superficie 800,000 m. carrés, équivalant à 0,024 de la superficie totale de Paris[6]. »

    — Girault de Saint-Fargeau, Les quarante-huit quartiers de Paris: biographie historique et anecdotique des rues, des palais, des hotels et des maisons de Paris.

    La partie sud du quartier entre le boulevard et la rue des Petites-Écuries est située sur les anciennes cultures qui dépendaient des Filles-Dieu, la partie nord-est (nouveau quartier Poissonnière) sur les anciens terrains de l'enclos Saint-Lazare, le territoire entre la rue des Petites-Écuries et la rue de Paradis était compris dans la censive Sainte-Opportune, la partie au nord de la rue Bellefond jusqu'à la rue Pétrelle est en grande partie celle de l'ancien domaine du château Charolais[7].

    Nouveau quartier Poissonnière

    Le « nouveau quartier Poissonnière » sera le nom d'une extension du quartier du faubourg Poissonnière vers le nord sur les terrains lotis de l'enclos Saint-Lazare dont une partie est cédée en 1821 à un groupe de financiers, la « Compagnie du Nouveau Quartier Poissonnière » qui deviendra en 1825 la « Société du nouveau Quartier Poissonnière »[8].

    Un quartier neuf est réalisé autour de la place Charles X qui devint la place Lafayette en 1830 puis la place Franz-Liszt de 1962 à aujourd'hui.

    C'est à cette occasion que sera construite l'église Saint-Vincent-de-Paul et que de nombreuses voies seront percées, la rue Charles-X, devenue rue La Fayette, la rue d'Hauteville est prolongée entre la rue des Messageries et la place Franz-Liszt, la rue des Abattoirs, devenue partie est de la rue de Dunkerque, la rue du Chevet-de-l'Église, devenue rue de Belzunce, la rue du Gazomètre, devenue partie de la rue d'Abbeville, la rue du Nord qui sera absorbée par le boulevard de Magenta, la rue des Jardins Poissonnière, devenue rue de Rocroy et la rue des Petits-Hôtels.

    Le faubourg Poissonnière aujourd'hui

    Le 1er janvier 1860, Paris passe de 12 arrondissements et 48 quartiers ; à 20 arrondissements et 80 quartiers[17].

    Le nom de « quartier du faubourg Poissonnière » n'a alors plus d'existence officielle, mais tout comme on continue à nommer « faubourg » des quartiers aujourd’hui incorporés à la ville de Paris (le faubourg Saint-Antoine, le faubourg Saint-Marcel, le faubourg Montmartre, etc.) on continue d'utiliser ces noms en référence au quartier.

    Aujourd'hui, le nom « faubourg Poissonnière » fait toujours référence à l'ancien faubourg, le long de la rue du Faubourg-Poissonnière qui marque la limite entre les 9e et 10e arrondissements[18].

    Annexes

    Notes et références

    1. Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments par Félix Lazare,... et Louis Lazare,... 1844-1849 (p. 551)
    2. plan de la ville et des faubourgs de Paris divisé en ses vingt quartiers par le Sr Robert de Vaugondy sur Gallica
    3. Nouveau plan routier de la ville et faubourgs de Paris - La Bibliothèque Médicis en ligne
    4. [PDF]Claude Goupy, architecte et seigneur du fief de Meaux à Eaubonne (p. 2)
    5. Pascal Étienne, Le Faubourg Poissonnière : architecture, élégance et décor, Paris, Délégation à l'Action artistique de la Ville de Paris, , 312 p., p. 92-108.
    6. Les quarante-huit quartiers de Paris: biographie historique et anecdotique ... Par Girault de Saint-Fargeau (p. 65)
    7. Volume 3 de Paris ancien et moderne, ou Histoire de France divisée en douze périodes appliquées aux douze arrondissements de Paris, et justifiée par les monuments de cette ville célèbre, Jean de Marlès (p. 147)
    8. Bulletin des lois de la République franc̜aise, Volume 3 - Bulletin 62Bis
    9. Recueil des lettres patentes, ordonnances royales, décrets et arrêtés préfectoraux concernant les voies publiques
    10. La rue de la Barrière-Poissonnière qui deviendra la rue du Nord en 1833 et le boulevard Magenta en 1855,
    11. La rue de la Barrière-Saint-Denis qui deviendra rue de Denain puis l'avenue de Denain en 1847 et enfin boulevard de Denain en 1859
    12. La rue de l'Abattoir qui deviendra la rue de Dunkerque
    13. La rue des Magasins qui deviendra la rue de Saint-Quentin
    14. La rue du Chevet-de-l'Église deviendra la rue de Belzunce
    15. La rue du Gazomètre qui deviendra la rue d'Abbeville
    16. La partie entre les actuelles rues Lafayette et du Château-Landon
    17. No 7072 — Loi sur l'extension des limites de Paris, Bulletin des lois de la République française, t. XIV, XIe s., no 738 (p. 747–751)
    18. Marie de Paris, « Parcours d'architecture : un nouveau regard sur le patrimoine parisien - 10e ardt - À travers le Faubourg Poissonnière », Marie de Paris (consulté le )

    Notes

    1. D’après Pascal Étienne, ceci serait inexact car il n’existait aucune porte dans l’enceinte de Charles V sur ce parcours entre la porte Montmartre et la porte Saint-Denis, la première ouverture du rempart sur ce chemin ne datant que de 1646 dans l’enceinte de Louis XIII. Les arrivages de poissons transitaient donc par la rue Saint-Denis et la rue des Poissonniers aurait probablement été ainsi nommée parce que les poissonniers installaient leurs étals près des Halles rue Montorgueil

    Bibliographie

    • Pascal Étienne, Le Faubourg Poissonnière : Architecture, élégance et décor, Délégation à l'Action artistique de la Ville de Paris, 1986.
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