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Paul SĂ©dille

Paul Sédille, né le et mort le [1], est un architecte, théoricien de l'architecture et peintre français.

Paul SĂ©dille
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  63 ans)
Paris
SĂ©pulture
Nationalité
Activité
Période d'activité
Ĺ’uvres principales
Sépulture au cimetière de Montmartre.

Biographie

Paul Sédille est le fils de l'architecte Charles-Jules Sédille. Marié à Louise Soyer, il aura une fille, Madeleine, en 1865.

On lui doit notamment la reconstruction des magasins du Printemps à Paris entre 1881 et 1883. Il est en France le théoricien de la polychromie architecturale, et l'avocat d'un point de vue théorique du réalisme architectural basé sur l'œuvre de Gottfried Semper.

En dehors de l'architecture, Paul SĂ©dille a aussi peint et exposait presque chaque annĂ©e au Salon des artistes français ses toiles dans la lignĂ©e de l’école de Barbizon. Il est aussi le premier a s’intĂ©resser aux bonsaĂŻs et Ă  en parler dans la Gazette des Beaux-Arts de Ă  la suite de leur prĂ©sentation lors de l'Exposition universelle la mĂŞme annĂ©e.

Membre honoraire correspondant en France du Royal Institute of British Architects, il fut aussi membre de l'Académie d'architecture et de la Société des amis des monuments parisiens[2].

Il est inhumé au cimetière de Montmartre (25e division).

Architecte et théoricien de la polychromie architecturale

Façade de la Maison Dumas au 32, rue Eugène Flachat, Paris 17e.

Bien que l'on connaisse surtout Paul Sédille pour son travail important de reconstruction des magasins du Printemps, son travail de recherche architectural est essentiel pour comprendre la richesse de son œuvre. Très actif des années 1870 aux années 1890, esprit curieux et grand voyageur, il a écrit de nombreux articles sur l'évolution de l'architecture de son temps (sur l'architecture moderne en Angleterre et à Vienne par exemple). C'est au cours d'un voyage en Espagne en 1871 qu'il prend conscience de l'importance de la polychromie architecturale et qu'il va devenir le fer de lance en France des théories du réalisme architectural développées par Gottfried Semper. Son article « Étude sur la renaissance de la polychromie monumentale en France », le plus abouti sur le sujet est publié dans la revue L'Architecture en 1889.

Son travail a été particulièrement remarqué lors de l'Exposition universelle de 1878. Il y construit notamment avec la faïencerie de Jules Paul Loebnitz la monumentale porte des Beaux-Arts qui sera récompensée par une médaille d'or. « Rien n’est beau comme la porte monumentale exécutée par M. Loebnitz et exposée sous le porche des Beaux-Arts, d’après le projet de M. Sédille […] tout y est grandiose, d’un décor élégant et savant, d’un émail pouvant braver la température humide de nos hivers […] » écrit un rapporteur de l'époque. Pour cette exposition universelle, Sédille commandera aussi à Loebnitz le décor céramique du pavillon du Creusot.

À nouveau, lors de l'exposition rétrospective de l'Union centrale des arts décoratifs en 1884, Paul Sédille réalise la porte d’entrée ornée d’un écusson portant la devise de l'Union centrale, au décor fortement inspiré de Luca della Robbia. Deux figures de femmes couchées, du sculpteur André-Joseph Allar, symbolisent le Printemps et l'Automne. Sédille y intègre aussi deux panneaux de faïence réalisés par Loebnitz pour lesquels il avait déjà obtenu une médaille d'honneur à l’exposition d'Amsterdam de 1882.

Lors de l'Exposition universelle de 1889 commĂ©morant centenaire de la RĂ©volution, Loebnitz prĂ©sentait en tant que membre du jury une « exposition de dĂ©coration cĂ©ramique appliquĂ©e Ă  l’architecture », soit un « Ă©lĂ©gant portique ornĂ© d’émaux et de terres  cuites. Il reprend de l'exposition de L'union Centrale une «cheminĂ©e monumentale en briques apparentes, ornĂ©e de dĂ©cors Ă©maillĂ©es et comportant sous la voussure deux groupes de personnages grandeur nature en terre cuite de ton naturel ; architecture de M. Paul SĂ©dille, figures d’AndrĂ© Allar », comme l'indique la notice du pavillon Loebnitz. Lors de la prĂ©paration de l'Exposition universelle, SĂ©dille Ă©crivait Ă  son ami Loebnitz :  Â« Il convient de marier habilement les cĂ©ramiques avec les autres matĂ©riaux et surtout de les associer dans une gamme harmonieuse les colorations puissantes de vos Ă©maux », terminant ainsi sa lettre : « Je termine donc souhaitant avec vous la gĂ©nĂ©ralisation de notre rĂŞve commun, celui d’une dĂ©coration vraie, colorĂ©e et durable par les terres et les Ă©maux sortis inaltĂ©rables du feu. »

La reconstruction du Printemps

Le , un incendie ravage totalement les immeubles du grand magasin le Printemps. Seuls les immeubles rĂ©cemment acquis de la rue Caumartin ont Ă©chappĂ© Ă  la catastrophe. Pourtant, très rapidement le chantier se met en place : dĂ©but 1882, l'architecte Paul SĂ©dille monte les structures du nouveau bâtiment.

La partie incendiĂ©e est reconstruite, et les anciens bâtiments ayant survĂ©cu sont eux aussi dĂ©molis, afin d'assurer l'harmonie et la modernitĂ© complète du nouvel Ă©difice. Paul SĂ©dille va s'employer Ă  reconstituer les magasins sur un plan d'ensemble englobant dĂ©sormais tout le pâtĂ© de maisons encadrĂ© par le boulevard Haussmann, la rue du Havre, la rue de Provence et la rue de Caumartin (soit environ 2 950 m2 de surface). Il va procĂ©der par Ă©tapes et dĂ©buter par la rue du Havre afin de poursuivre temporairement la vente dans les parties infĂ©rieures des immeubles que l'incendie n'a pas entièrement dĂ©truits. La façade rue du Havre sera choisie comme la façade principale de l'Ă©difice pour sa position face Ă  un grand carrefour dĂ©pourvu d'arbres, contrairement Ă  celle sur le boulevard Haussmann.

Parmi les innovations architecturales et techniques du nouveau magasin : un amĂ©nagement assurant un espace fonctionnel et aujourd'hui encore reconnu par les historiens d'art et d'architecture comme le prototype du grand magasin et de l'Ă©difice industriel moderne, l'apparition du fer comme Ă©lĂ©ment visible de dĂ©coration et non plus comme seule armature de la bâtisse, et un tout nouvel Ă©clairage sĂ©curisant — foyers Jablohkov, lampes Ă  arc et lampes Ă  incandescence — et permettant une vĂ©ritable mise en valeur des produits en vente. La façade principale sur rue Ă©tant uniquement dĂ©corative et ne portant rien, l'ossature du bâtiment est donc entièrement rĂ©alisĂ©e en mĂ©tal. Enfin, en 1883, SĂ©dille confia au cĂ©ramiste Jules Paul Loebnitz avec qui il avait dĂ©jĂ  collaborĂ© Ă  de nombreuses reprises, les terres cuites Ă©maillĂ©es de l’enseigne du nouveau magasin du Printemps, les mosaĂŻques provenant d’un atelier vĂ©nitien.

RĂ©alisations majeures

Château de Boisrond de Bussy-le-Repos.

Publications

  • « Rapport prĂ©sentĂ© par la commission chargĂ©e d'examiner une proposition de M. Paul SĂ©dille relative aux rĂ©compenses Ă  dĂ©cerner par la sociĂ©tĂ© centrale des architectes », Bulletin mensuel de la sociĂ©tĂ© centrale des architectes, 1873, p. 72-76.
  • « Victor Baltard », Gazette des beaux-arts, 2e pĂ©r., 9, 1874, p. 485-496.
  • « Rapport sur un brochure de M. Ruprich-Robert », Bulletin mensuel de la sociĂ©tĂ© centrale des architectes 4e sĂ©r., 2, 1875, 43f.
  • « Joseph Louis Duc, Architecte », EncyclopĂ©die d'architecture, 2e sĂ©r., 8, 1879, p. 65-74.
  • « L'architecture contemporaine et les industries d'art qui s'y rattachent », Bulletin mensuel de la sociĂ©tĂ© centrale des architectes 6e sĂ©r., 2, 1885, p. 28-33.
  • « Du rĂ´le de la construction dans l'architecture », EncyclopĂ©die d'architecture, 3e sĂ©r., 4, 1885, p. 73f.
  • « L'architecture moderne Ă  Vienne », Gazette des beaux-arts, 2e pĂ©r., 30, 1884, p. 122-44, 460-67, 481-91. rĂ©Ă©d. in : Bulletin mensuel de la sociĂ©tĂ© centrale des architectes 6e sĂ©r., 2, 1885, p. 196-222.
  • « RĂ©compenses Ă  l'architecture privĂ©e », Bulletin mensuel de la sociĂ©tĂ© centrale des architectes 6e sĂ©r., 2, 1885, p. 411-18 ; rĂ©Ă©d. en « Du rĂ´le de la construction dans l'architecture », EncyclopĂ©die d'architecture 3e sĂ©r., 4, 1885, 73f.
  • « L'architecture moderne en Angleterre », Gazette des beaux-arts, 2e pĂ©r., 33, 1886, p. 89-102, 194-208 ; 34, 1886, p. 89-106, 441-465 ; 35, 1887, p. 273-290.
  • « Étude sur la renaissance de la polychromie monumentale en France », Transactions of the Royal Institute of British Architects, n. s., 3, 1887, p. 5-16 ; traduit en anglais, pp. 17–25. rĂ©Ă©d. in : L'Architecture, 1, 1888, p. 13-16, 37-40, 97-99.
  • « Charles Garnier », Gazette des beaux-arts, 3e pĂ©r., 20, 1898, p.: 341-346.
  • « Basilique de Jeanne d'Arc, DomrĂ©my. Construction de la flèche », L'architecture, 12, 1899, p. 372-374.

Notes et références

  1. Fiche BNF
  2. Adhérent de 1885 à 1894, membre du comité de 1886 à 1891 et vice-président en 1886, 1890 et 1891.
  3. Commission du vieux Paris. SĂ©ance du 27 novembre 2007.
  4. Annales industrielles, 22 novembre 1891.
  5. Protections patrimoniales, 6e arrondissement, Ville de Paris, Règlement du PLU, tome 2, annexe VI, p. 153 à 219.

Annexes

Bibliographie

  • Berry, J. Duncan. "From Historicism to Architectural Realism: On Some of Wagner's Sources", in: Harry F. Mallgrave (Ă©d.), Otto Wagner: Reflections on the Raiment of Modernity (Santa Monica, 1993): 242-278.
  • Bus, Charles du. "Deux aspects de l'art urbain", Gazette des beux-arts, 4e pĂ©r., 12 (1914): 368-90.
  • Contag. "Der Neubau des 'Magasin au Printemps (sic)' in Paris", Deutsche Bauzeitung 20 (1886): 33f.
  • EncyclopdĂ©die d'architecture, 3e sĂ©r., 4 (1885): 1-35 + pls. 860f., 896f., 899, 919, 927f., 931, 941, 965, 981f., 992, 997f., 1004-6.
  • Hautecoeur, Louis. Histoire de l'architecture classique en France (Paris, 1943-57), 7: 377, 413, 447.
  • Hitchcock, Henry-Russell. Architecture: Nineteenth and Twentieth Centuries, 4th ed. (Harmondsworth, 1977), 384.
  • Hofmann, Albert. "Die französischen Architektur der Dritten Republik", Deutsche Bauzeitung 21 (1887), 38, 127.
  • Lafenestre, Georges. "Les magasins du Printemps rĂ©Ă©difiĂ©s par M. Paul SĂ©dille", Gazette des beaux-arts, 2e pĂ©r., 27 (1883): 239-53.
  • Loyer, François, Histoire de l'architecture française, de la RĂ©volution Ă  nos jours (Mengès-Édition du patrimoine, 1999), 167, 179, notes 417, 428, 796.
  • Lucas, Charles. NĂ©crologie: M. Paul SĂ©dille", La Construction moderne 15 (1900): 179-80.
  • Lucien, Étienne. "La vie et les ouvrages de Paul SĂ©dille", L'Architecture 13 (1900): 305-8, 313-15.
  • Mallgrave, Harry F. Modern Architectural Theory: A Historical Survey, 1673-1968 (Cambridge, 2005): 207.
  • Marrey, Bernard. Les grands magasins des origines Ă  1939 (Paris, 1979): 97-109.
  • Middleton, Robin D. "Paul SĂ©dille", in: Adolf K. Placzek (Ă©d.), The Macmillan Encyclopedia of Architects (New York, 1982), 4: 20-21.
  • Sully-Proudhomme, RenĂ© François Armand. "Paul SĂ©dille", Revue de l'art ancient et moderne 9 (1901): 77-84, 149-60.
  • Sully-Proudhomme, RenĂ© François Armand. Paul SĂ©dille (Paris, 1902).
  • Thieme-Becker 30: 422.
  • Laure de Clermont-Tonnerre et Jean-Luc Dauphin, Paul SĂ©dille en Villeneuvien : Un architecte fin de siècle Ă  Bussy-le-Repos et Villeneuve-sur-Yonne.
  • Paris Immeubles Insolites, (ISBN 9782840969129), 107.
  • « SĂ©dille, Paul », dans RĂ©pertoire des architectes nĂ©s ou actifs dans les Vosges : 1800-1940, Épinal, Archives dĂ©partementales des Vosges, (ISBN 978-2-86088-052-7), p. 51.

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