Accueil🇫🇷Chercher

Francisque Michel

Francisque Michel, né François-Xavier Michel à Lyon le et mort à Paris le , est un philologue et médiéviste français, infatigable fouilleur d’archives qui publia de très nombreux manuscrits du Moyen Âge, et prit position dans la défense des juifs ou des cagots.

Biographie

Fils d’André Michel dit Thomas, marchand de vin, et de Marie Françoise Gerber, sa seconde femme, elle-même fille d’un brasseur de bière. Les parents de Francisque Michel possédaient un domaine, avec des vignes, dans la commune de Juliénas, au sud-ouest de Mâcon. La scolarité de François-Xavier Michel après une interruption en 1822[1], se poursuit après octobre 1826 au collège royal Charlemagne à Paris (son père s'est installé à Paris en 1826), Un registre signale sa sortie de ce collège au 1er juillet 1827, il effectue ensuite des va-et-vient entre Paris et Lyon, et des études morcelées. C’est à Paris, le 4 janvier 1830, qu’il obtient son baccalauréat, plus âgé de trois ans que la moyenne. Il s’inscrivit à l’École des chartes dès sa réouverture en janvier 1830, en vue du concours de fin d’année, auquel il échoua[1].

À 21 ans, il avait visité à Paris tous les grands dépôts de livres et d’archives, lu un nombre incroyable de manuscrits médiévaux. Très lié avec Daunou et Raynouard, associé brièvement avec le médiéviste Roquefort, il se chargeait également de commissions de librairie pour les érudits lyonnais. Il n’avait ni emploi fixe ni diplôme de grande valeur. Ses talents de bibliographe lui valurent d’être adjoint, en novembre 1832, à l’équipe chargée de continuer une vaste compilation commencée par Bréquigny au XVIIIe siècle, la table chronologique des chartes imprimées relatives à l’histoire de France[1].

En juin, Francisque Michel demande au ministre de l’Instruction publique une mission littéraire au British Museum. Guizot donne son accord le 24 juillet ; Michel se retrouve à Londres le 6 septembre. Il en revint avec une moisson considérable de textes médiévaux. Il identifia à Oxford, en 1835, le plus ancien manuscrit de notre Chanson de Roland. C’est à ses frais qu’il en donne en 1837 une édition confidentielle et part en mission en Écosse la même année. Francisque Michel est fait chevalier de la Légion d’honneur le 29 avril 1838 à la suite du monstrueux travail fourni en mission, puis nommé le 4 février 1839 à la chaire de littérature étrangère de la faculté des lettres de Bordeaux, où il enseigne dès novembre. Son biographe, Didier Barrière, a pointé la situation atypique de ce jeune chargé de cours qui fait fonction de professeur alors qu’il n’a qu’un simple diplôme de bachelier. Il ne passera pas la licence avant 1842, le doctorat[2] avant 1846. En revanche, il n’avait pas attendu aussi longtemps pour accumuler titres et décorations à l’étranger[1].

Francisque Michel a d'abord publiĂ© de la poĂ©sie. Cet habituĂ© du Salon de Nodier Ă  l’Arsenal a portĂ© comme lui ses recherches sur les littĂ©ratures marginales, sur les bizarreries de l’histoire ou du langage, sur tout ce qui pouvait secouer le conservatisme classique. En cela, il est allĂ© souvent plus loin que son maĂ®tre. DĂ©pourvu de prĂ©jugĂ©s sociaux, il Ă©bauche une dĂ©fense des juifs en 1834 dans son Ă©dition de Hugues de Lincoln et travaillera longtemps sur une Histoire des races maudites de la France et de l’Espagne[3] (1847) dans laquelle il dĂ©fend aussi, notamment, les cagots. Très intriguĂ© par les mĹ“urs des classes dangereuses – « les gueux, les cagnardiers, les caymands et autres marpauds qui piaussaient ès piolles des cours des miracles » (lettre Ă  Paul Lacroix du 5 aoĂ»t 1848) –, il tentera de composer une encyclopĂ©die de leur langage dans ses Ă‰tudes de philologie comparĂ©e sur l’argot (1856)[1]. Il a Ă©ditĂ©, entre 1834 et 1856, beaucoup d’œuvres Ă©crites du XIe au XIVe siècles en français, anglais et saxon, dont le Roman de la rose, l'Histoire de la guerre de Navarre en 1276 et 1277 de Guilhem Anelier (1856). Il a ensuite Ă©ditĂ© des traductions françaises de Goldsmith, Sterne, Shakespeare et Tennyson.

Sa carrière très mouvementée lui a valu de nombreuses mésaventures avec sa hiérarchie ou ses collègues, d’autant plus qu’il souffrait d’un orgueil disproportionné, et sa curiosité universelle a été la cause d’incidents pittoresques dans sa vie ; mais beaucoup d’érudits modernes ont reconnu les services inestimables qu’il a rendus à la science en faisant découvrir des textes d’un grand intérêt historique ou littéraire. C’est l’un des acteurs principaux de ce qu’on appelé la Renaissance médiévale[1].

Ĺ’uvres

  • Examen critique de la Dissertation (d'Louis Henri Monin) sur le roman de la bataille Roncevaux, Paris, Rignaux, 1832.
  • Le Lai de Havelok, Paris, Chez Sylvestre, Libraire, 1833, XLVIII-33 p.
  • Recueil de ce qui reste des poĂ«mes relatifs Ă  ses aventures composĂ©s en françois, en anglo-normand et en grec dans les XII et XIII siècles, Ă©d. Francisque Michel, Paris, Techener, t. 1 et 2, 1835; t. 3, 1839.
  • La Chanson de Roland, ou de Roncevaux, du XIIe siècle, publiĂ©e pour la première fois, d'après le manuscrit de la Bibliothèque BodlĂ©ienne, Ă  Oxford... Paris, Silvestre, 1837. In-8°.
  • "Bibliothèque anglo-saxonne". Paris, Silvestre ; et Londres, Pickering. 1837. Grand in-8. TirĂ© Ă  100 exemplaires, dont quelques-uns sur Hollande. VIII et 168 pages.
  • Examen critique du roman de Berthe aux grands pieds,
  • Chronique des ducs de Normandie, par BenoĂ®t, trouvère anglo-normand du XIIe siècle, publiĂ©e pour la première fois, d'après un manuscrit du MusĂ©e britannique. Paris, Imprimerie royale, 1836-1844. 3 vol. in-4° (Collection de documents inĂ©dits sur l'histoire de France, publiĂ©s par ordre du roi.)
  • Histoire des races maudites de la France et de l'Espagne (1847) ; rĂ©Ă©d. 2013 en deux tomes, Ed. des RĂ©gionalismes, (ISBN 9782824002545).
  • Recherches sur le commerce pendant le Moyen Ă‚ge (1852-1854)
  • Les Écossais en France, les Français en Écosse, vol. 1, Londres, TrĂĽbner & Company, , 551 p. (lire en ligne),
  • Les Écossais en France, les Français en Écosse, vol. 2, Londres, TrĂĽbner & Company, , 551 p. (lire en ligne),
  • Études de philologie comparĂ©e sur l'argot et sur les idiomes analogues parlĂ©s en Europe et en Asie (1856)
  • Guillaume Anelier (trad. Francisque-Michel), Histoire de la guerre de Navarre en 1276 et 1277, Imprimerie ImpĂ©riale, (1re Ă©d. 1277), 785 p. (lire en ligne)
  • Le Pays basque (1857)
  • Histoire du commerce et de la navigation Ă  Bordeaux, principalement sous l'administration anglaise, Bordeaux, J. Delmas, 1867-1870, 543 p. (lire en ligne) ; rĂ©Ă©d. en 4 volumes, Ed. des RĂ©gionalismes.
  • Histoire des hĂ´telleries, cabarets, hĂ´tels garnis, restaurants et cafĂ©s, et des anciennes communautĂ©s et confrĂ©ries d'hĂ´teliers, de marchands de vins, de restaurateurs, de limonadiers, etc., avec Édouard Fournier (1851-1854)
  • Attendez-moi sous l'orme, dissertation sur un ancien proverbe, par M. Francisque Michel... Paris, Imprimerie impĂ©riale, 1868.In-8°, 42 p.
  • Le Romancero du pays basque, Paris, Firmin-Didot frères, fils et Cie, , 136 p. (lire en ligne)

Notes et références

  1. « Francisque Michel », sur ABC de la langue Française (consulté le )
  2. Cf. « Des épreuves de doctorat dans ces derniers temps », Revue de l'instruction publique de la littérature et des sciences en France,‎ (lire en ligne) : « L'attente où l'on est dans l'Université de la création de plusieurs facultés de lettres a excité le zèle d'un grand nombre de professeurs de collèges qui se sont, dans ces deniers temps, présentés en assez grand nombre pour présenter l'épreuve du doctorat. La Faculté de Lettres (...) de Paris a reçu MM. Ch. Benoît, L. Lacroix et Francisque Michel... »
  3. Francisque Michel, L'Histoire des races maudites de la France et de l'Espagne, Paris, A. Franck rééd. deux tomes, Ed. des Régionalismes, Cressé, 2010, , 341 p. (ISBN 2846183198 et 2846185638, lire en ligne)

Bibliographie

  • « Francisque Michel », dans Pierre Larousse, Grand dictionnaire universel du XIXe siècle, Paris, Administration du grand dictionnaire universel, 15 vol., 1863-1890 [dĂ©tail des Ă©ditions].
  • William Cole, First and Otherwise Notable Editions of Medieval French Texts Printed from 1742 to 1874: A Bibliographical Catalogue of My Collection, Sitges: Cole & Contreras, 2005.
  • Didier Barrière, Francisque Michel, mĂ©diĂ©viste bibliomane romantique. Bassac, Plein chant, 2014. 18 cm, 170 p., ill

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.