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FĂ©minisme musulman

Le féminisme musulman, également appelé féminisme islamique, est un mouvement féministe musulman, souvent proche de l'islam libéral[1], qui revendique un féminisme interne à l'islam et vise à une modification des rapports entre hommes et femmes au sein de la religion musulmane.

Symbole du féminisme islamique.

Il est comparable, en ce sens, à d'autres mouvements de théologie féministe, tel que le féminisme chrétien ou le féminisme judaïque, en ce qu'il se fonde sur une étude des textes sacrés pour affirmer l'égalité des genres[2].

Le fĂ©minisme islamique tente de crĂ©er un espace entre deux positions critiques, contradictoires en un sens mais complĂ©mentaires en un autre, en ce qu'elles oblitĂšrent la possibilitĂ© mĂȘme d'un tel fĂ©minisme : d'un cĂŽtĂ©, celle des fondamentalistes islamiques qui affirment que le fĂ©minisme est une invention occidentale, produit d'une ModernitĂ© abhorrĂ©e, et de l'autre une position fĂ©ministe ou/et occidentale qui soutient le caractĂšre prĂ©tendument incompatible de l'islam et du fĂ©minisme, opinion souvent accompagnĂ©e d'une dĂ©nĂ©gation de l'existence de mouvements fĂ©ministes spĂ©cifiques aux pays musulmans. Selon Valentine Moghadam (2006), sociologue et chef de la section « ÉgalitĂ© des genres et dĂ©veloppement » Ă  l'Organisation des Nations unies pour l'Ă©ducation, la science et la culture (Unesco), ces deux positions extrĂȘmes « orientalisent » ou « exotisent » l'islam davantage qu'elles ne permettent de comprendre l'Ă©mergence de ces mouvements rĂ©formistes[3].

Le fĂ©minisme islamique est prĂ©sent dans de nombreux pays, des États-Unis Ă  l'Afrique du Sud, de l'Europe Ă  l'Asie en passant par le Maghreb et le Machrek, et se mobilise contre le patriarcat Ă  partir de rĂ©fĂ©rences musulmanes[4].

Origine et revendications du mouvement

Le fĂ©minisme musulman se fonde sur l’ijtihad [note 1] pour interroger la place des femmes dans l'islam ou, selon une perspective gĂ©opolitique, dans les pays musulmans. Il accorde une place centrale Ă  l'Ă©ducation comme Ă©lĂ©ment d'autonomisation des femmes[4]. Selon Valentine Moghadam, le fĂ©minisme musulman rejoint le fĂ©minisme chrĂ©tien et judaĂŻque en s'enracinant dans une perspective religieuse[3].

Le terme de « fĂ©minisme musulman » a Ă©tĂ© Ă©laborĂ© au dĂ©but des annĂ©es 1990[5] principalement par des femmes iraniennes, laĂŻques et fĂ©ministes qui s'intĂ©ressaient Ă  l'Ă©mergence d'un mouvement, depuis les annĂ©es 1980, qui reformulaient les problĂ©matiques fĂ©ministes Ă  l'intĂ©rieur du paradigme islamique. Outre l'Iran, cette expression circulait oralement en Afrique du Sud (Shamima Shaikh), en Égypte, en Turquie, et dans les pays occidentaux[6]. Cela fait suite Ă  l'accĂšs aux Ă©tudes supĂ©rieures de femmes issues des classes moyennes, qui ont repris le concept amĂ©ricain des Ă©tudes de genre[7].

Ce mouvement converge en Iran autour de la revue Zanan (en) (Femmes), fondĂ©e par Shahla Sherkat, qui soulĂšve le dĂ©bat des relations de genre Ă  l'intĂ©rieur de l'islam, et de la compatibilitĂ© entre islam et fĂ©minisme. Pour de nombreux laĂŻques iraniens, ces deux notions sont incompatibles. La revue Zanan affirmait l'origine sociale et politique des inĂ©galitĂ©s de genre, et critiquait une large partie du droit musulman comme Ă©tant fondĂ© sur une interprĂ©tation patriarcale du Coran, soulevant ainsi la question de l’ijtihad et du droit des femmes Ă  rĂ©interprĂ©ter le jurisprudence islamique (le fiqh). En Iran, en Égypte, au Maroc et au YĂ©men, les fĂ©ministes musulmanes se sont attaquĂ©es au droit musulman de la famille. À l'intĂ©rieur de la RĂ©publique islamique d'Iran, certaines fĂ©ministes musulmanes se revendiquaient du fondamentalisme, tandis que d'autres rejetaient sans appel cette doctrine[3].

Ce mouvement s'appuie sur les interrogations soulevĂ©es par les intellectuels musulmans concernant les rapports entre l'islam et la dĂ©mocratie et les droits de l'Homme, s'inscrivant ainsi dans un courant de rĂ©forme plus large (islam libĂ©ral) — par exemple, Abdolkarim Soroush, Mohsen Kadivar, Hasan Yousefi Eshkevari (en), et d’autres connus sous l’appellation de « nouveaux intellectuels religieux en Iran » (ou rĂ©formateurs) ; le dĂ©funt Mahmoud Mohamed Taha du Soudan, Hassan Hanafi d’Égypte et l’exilĂ© Nasr Hamid AbĂ» Zayd ; Mohammed Arkoun d’AlgĂ©rie, professeur Ă  la Sorbonne ; Chandra Muzaffar de Malaisie, Fathi Osman (en), etc. Outre le droit Ă  l’ijtihad, le fĂ©minisme islamique revendique le droit de participer aux priĂšres et d’officier dans des priĂšres mixtes[3].

Selon Margot Badran, chercheuse au Centre pour la comprĂ©hension entre musulmans et chrĂ©tiens du prince saoudien Al-Walid ben Talal Ă  l'UniversitĂ© de Georgetown (États-Unis), les concepts centraux de ce mouvement sont l'Ă©galitĂ© des femmes et la justice sociale[6]. Selon la chercheuse :

« L’islam est la seule des trois religions du Livre Ă  avoir introduit dans ses textes – le Coran considĂ©rĂ© comme la parole de Dieu – l’idĂ©e d’une Ă©galitĂ© fondamentale de la femme et de l’homme (l’un et l’autre Ă©tant considĂ©rĂ©s comme des ĂȘtres humains — ou insan), et Ă  y inclure la question des droits des femmes et de la justice sociale. C’est ce message qui a Ă©tĂ© perverti au nom de l’islam lui–mĂȘme. Le patriarcat prĂ©existant, que le Coran est venu tempĂ©rer et finalement Ă©radiquer (
) s’est montrĂ© fort rĂ©sistant. Et c’est en dĂ©pit de la persistance du patriarcat que la religion musulmane fut adoptĂ©e. La manipulation par les franges dominantes de la sociĂ©tĂ© fut telle que l’islam finit par ĂȘtre perçu comme naturellement patriarcal au point d’effacer la contradiction inhĂ©rente entre la parole rĂ©vĂ©lĂ©e et le patriarcat et d’anĂ©antir toute revendication islamique en faveur de l’égalitĂ© des sexes et de la justice sociale. Ce n’est pas le moindre paradoxe de constater que la seule religion qui a inscrit l’égalitĂ© des sexes dans ses textes se retrouve aujourd’hui considĂ©rĂ©e comme la plus machiste de toutes (
). Les musulmans machistes, au niveau Ă©tatique, social ou familial, et les dĂ©tracteurs de l’islam ont un intĂ©rĂȘt commun, quoique pour des raisons diffĂ©rentes, Ă  perpĂ©tuer cette fiction d’un islam patriarcal[6]. »

Margot Badran affirme que le fĂ©minisme islamiste revendique une conception Ă©galitaire de l'oumma, ou communautĂ© des croyants, qui transcende les divisions Orient/Occident, public/privĂ©, sĂ©culier/religieux, et rejette l'idĂ©e d'un État islamique[6].

Histoire du mouvement avant l'Ă©mergence du terme

En Égypte, le terme « fĂ©minisme » est utilisĂ©, dĂšs les annĂ©es 1920, par les femmes musulmanes participant aux mouvements de libĂ©ration de la femme, c'est-Ă -dire au mĂȘme moment oĂč le terme Ă©mergeait aux États-Unis[6]. La fĂ©ministe sri-lankaise Kumari Jayawardena a montrĂ©, en 1986, dans son Ă©tude des mouvements fĂ©ministes dans plusieurs pays orientaux, que les fĂ©ministes Ă©gyptiennes n'avaient pas empruntĂ© la notion de fĂ©minisme Ă  l'Occident[6]. Elle rejetait ainsi l'affirmation islamiste selon laquelle le fĂ©minisme serait une invention occidentale[6].

En 1923, la féministe égyptienne Huda Sharawi acquiert une renommée internationale aprÚs avoir décidé de militer en ne portant pas le voile[8].

Au contraire, la lutte pour l'Ă©galitĂ© des droits s'accompagnait, en Égypte, d'anticolonialisme, luttant aussi bien contre le patriarcat autochtone que contre le colonialisme patriarcal[6]. Du fait de son lien avec le nationalisme, il Ă©tait alors dĂ©signĂ© sous le nom de « fĂ©minisme laĂŻc », synonyme, selon Badran, de « fĂ©minisme national » (Ă©gyptien, syrien, etc.)[6]. Huda Sharawi devient ainsi la prĂ©sidente du ComitĂ© central du Wafd, le parti nationaliste, et fonde en 1923 l'Union fĂ©ministe Ă©gyptienne. La mĂȘme annĂ©e, elle se dĂ©voile publiquement, devenant la premiĂšre femme Ă©gyptienne Ă  retirer son foulard islamique.

En parallÚle en Tunisie, Tahar Haddad, diplÎmé de l'Université Islamique Zitouna écrit bon nombre d'articles portant sur l'instruction de la femme et son émancipation juridique et sociale dans le journal As-Sawab entre 1928 et 1929. Ces écrits sont à l'origine de son ouvrage le plus connu, Notre femme dans la législation islamique et la société (1930). C'est sur la base de ses travaux que sera promulgué le Code du statut personnel (CSP) du président tunisien Habib Bourguiba de l'aprÚs-indépendance[note 2].

Avec l'Ă©mergence de l'islam politique dans les annĂ©es 1970, qui remet en cause la distinction sĂ©culier/religieux, les fĂ©ministes musulmanes sont dĂ©nigrĂ©es en tant que musulmanes dĂ©voyĂ©es, et grossiĂšrement dĂ©crites comme « brosses Ă  reluire de l’Occident » ou « brosses Ă  reluire de la laĂŻcitĂ© »[6]. Certaines fĂ©ministes laĂŻques se sont alors jointes Ă  ces attaques, pour dĂ©peindre l'islam comme religion fondamentalement sexiste, clichĂ© persistant jusqu'Ă  aujourd'hui[6]. NĂ©anmoins, les Ă©changes entre fĂ©ministes islamiques et fĂ©ministes laĂŻques se font aujourd'hui plus importants[6]. Cette alliance a participĂ© Ă  certaines avancĂ©es dans les annĂ©es 2000, comme l'obtention du droit de vote pour les femmes Ă  BahreĂŻn en 2002 puis au KoweĂŻt en 2005 ou encore le Code de la famille au Maroc en 2004[7].

Tandis que les mouvements fĂ©ministes laĂŻques Ă  l'intĂ©rieur du monde musulman se dĂ©veloppaient dans le cadre national, le fĂ©minisme islamique se concevait au contraire comme mouvement universaliste, transcendant les frontiĂšres Ă©tatiques[6]. Il se dĂ©veloppa d'abord dans les pays oĂč l'islamisme se rĂ©vĂ©la comme force politique importante, qui re-dessinait l'espace des femmes dans la sociĂ©tĂ© et conduisait Ă  d'importantes rĂ©gressions du statut de la femme, Ă  l'opposĂ© du progrĂšs social espĂ©rĂ©[6]. Al-Fanar (le Phare), Organisation fĂ©ministe palestinienne incluait ainsi dans les assertions principales de l'islam politique, celle selon laquelle :

« Le comble de la corruption occidentale, selon les fondamentalistes, est le fĂ©minisme et le mouvement de libĂ©ration des femmes, qui allient des valeurs Ă©galitaires et dĂ©mocratiques et les appliquent aux femmes. Les femmes qui sont actives dans ces mouvements sont corrompues et licencieuses, et sont des renĂ©gates dont il est permis de verser le sang. En outre, tout ceci s’applique Ă  toute personne qui les soutient[9]. »

NĂ©anmoins, le mouvement fĂ©ministe musulman se dĂ©veloppa parfois mĂȘme Ă  l'intĂ©rieur de ces mouvements islamistes eux-mĂȘmes (ainsi en Turquie[6]). En Afrique du Sud, il Ă©merge Ă  l'issue de la lutte contre l'apartheid[6]. Il apparaĂźt alors que les femmes ont profitĂ© d'un accĂšs important Ă  l'Ă©ducation, dans tous les domaines, y compris religieux, et alors qu'une population grandissante se retrouve confrontĂ© Ă  la modernitĂ©, en particulier en raison de l'urbanisation[6].

Interprétations du Coran

Voir aussi Théologie féministe.

Le mouvement fĂ©ministe musulman montre que le Coran introduit l'idĂ©e d'Ă©galitĂ© fondamentale de l'homme et de la femme Ă  travers la notion d'insan[6]. Il met en relation le principe d'Ă©quilibre (tawwazun) avec le principe d'Ă©galitĂ©[6], et montre que « le Coran n’assigne pas Ă  des rĂŽles sociaux spĂ©cifiques » mais « met plutĂŽt en avant la notion de mutualitĂ© dans les relations conjugales : les Ă©poux se doivent mutuellement protection et assistance »[6].

Il rejette certains hadĂźth misogynes comme apocryphes[6]. Ainsi, la sociologue marocaine Fatima Mernissi et l’universitaire turque en Ă©tudes religieuses Hidayet Tuksal (en), par ailleurs spĂ©cialiste du hadĂźth, ont utilisĂ© les mĂ©thodologies classiques d’examen des textes islamiques pour dĂ©montrer leur inauthenticitĂ©[6]. Tuksal travaille avec le DĂ©partement des affaires religieuses turc (Dinayet) sur un projet consistant Ă  retirer les hadĂźths misogynes des collections que cette institution publie et distribue Ă  76 000 mosquĂ©es Ă  travers le monde[6].

Les fĂ©ministes musulmanes[10] ont aussi travaillĂ© sur le fiqh (jurisprudence islamique) qui n'a guĂšre Ă©tĂ© mis Ă  jour depuis son Ă©laboration et sa cristallisation en quatre Ă©coles juridiques. Elles ont ainsi participĂ© Ă  la rĂ©forme du droit de la famille au Maroc (Moudawana), plaçant l’homme et la femme Ă  Ă©galitĂ© en tant que chefs de famille, Ă©liminant presque toute forme de polygamie.

Place des femmes dans l'espace religieux

Dans l'UniversitĂ© al-Azhar du Caire, les femmes musulmanes ont obtenu le mĂȘme statut que les hommes oulĂ©mas, acquĂ©rant ainsi l'Ă©galitĂ© des genres non seulement dans la sphĂšre publique sĂ©culiĂšre, mais aussi dans la sphĂšre religieuse[6]. Chercheuse en fiqh comparĂ© et professeur Ă  Al Azhar, Souad Salih mĂšne une campagne pour permettre aux femmes d’ĂȘtre officiellement nommĂ©es au poste de mufti en Égypte[6].

Bien qu'hommes et femmes, lorsqu'ils font le hajj (pĂšlerinage), prient ensemble dans la Grande MosquĂ©e et soient rassemblĂ©s dans le mathaf (l’espace de dĂ©ambulation) au moment de tourner autour de la Kaaba[6], les femmes sont en gĂ©nĂ©ral placĂ©es derriĂšre les hommes dans les mosquĂ©es et ne peuvent faire de sermons. Au milieu des annĂ©es 1990, la Claremont Mosque, au Cap (Afrique du Sud), laissa les femmes s'asseoir en rangs parallĂšles aux hommes. La mosquĂ©e du Cap devint alors le premier lieu oĂč le sermon introductif fut donnĂ© par une femme, la thĂ©ologienne amĂ©ricaine Amina Wadud[6].

Dans le monde occidental, plusieurs femmes revendiquent le droit d'ĂȘtre imame et de faire des priĂšres sans sĂ©grĂ©gation sexuelle, tel que Seyran AteƟ en Allemagne, Sherin Khankan au Danemark, ou Kahina Bahloul, Anne-Sophie Monsinay et Eva Janadin en France[11]. Elles se basent sur des hadiths (traditions sur les premiers musulmans) narrant que Mahomet a nommĂ© Oumm Waraka, une ansĂąr, comme imame de sa communautĂ©. L'imamat des femmes est cependant trĂšs discutĂ© car les oulĂ©mas l'ayant permis sont minoritaires au sein de l'islam, certains ajoutĂšrent des conditions trĂšs prĂ©cises[12] - [13].

Divergences et précisions à l'intérieur du mouvement : féminisme et religion

Certaines fĂ©ministes musulmanes ont essayĂ© de distinguer plus prĂ©cisĂ©ment entre « fĂ©minisme islamique », « fĂ©minisme musulman » et « femmes islamistes »[3]. À premiĂšre vue, le terme de « femmes islamistes » n'implique en effet aucune dimension fĂ©ministe mais bien une allĂ©geance Ă  l'islam politique, tandis que les expressions de « fĂ©minisme islamique » et de « fĂ©minisme musulman » impliquent une compatibilitĂ© entre la religion musulmane et le fĂ©minisme, de mĂȘme qu'il peut y avoir un fĂ©minisme judaĂŻque ou chrĂ©tien.

Selon Sonia Dayan-Herzbrun, auteure de Femmes et politique au Moyen-Orient (2006), le terme dĂ©signe aussi bien « ceux qui s’efforcent d’établir la compatibilitĂ© entre l’islam et l’émancipation des femmes » que « ceux qui mettent l’accent sur la spĂ©cificitĂ© de la domination des femmes musulmanes indĂ©pendamment des sociĂ©tĂ©s dans lesquelles elles se trouvent »[14] — de façon comparable, par exemple, au Black feminism des États-Unis qui mettait l'accent sur la spĂ©cificitĂ© de la domination des femmes afro-amĂ©ricaines.

Certains dĂ©fenseurs de la laĂŻcitĂ© considĂšrent qu'il s'agit d'une manipulation de la lutte fĂ©ministe au profit du fondamentalisme. A contrario, l'historienne Margot Badran considĂšre que « le fĂ©minisme islamique est au cƓur d'une transformation qui cherche Ă  se faire jour Ă  l'intĂ©rieur de l'islam. Transformation et non rĂ©forme, car il ne s'agit pas d'amender les idĂ©es et coutumes patriarcales qui s'y sont infiltrĂ©es, mais d'aller chercher dans les profondeurs du Coran son message d'Ă©galitĂ© des genres et de justice sociale [
], et d'y conformer, par un bouleversement radical, ce qu'on nous a si longtemps fait prendre pour l'islam »[7].

Le cas marocain

Plusieurs observateurs considĂšrent que le Maroc a vu une trĂšs significative avancĂ©e dans le statut des femmes grĂące Ă  la formation d'un « fĂ©minisme islamique d’État ». Souad Eddouada et Renata Pepicelli remarquent que :

« De nombreux chercheurs estiment que la rĂ©forme du Code de la famille Mudawana, intervenue au Maroc en 2004, est Ă  ce jour le cas exemplaire de lĂ©gislation fondĂ©e sur la sharĂź'a, mettant en Ɠuvre, du moins en partie, les idĂ©es de justice sociale et d'Ă©galitĂ© des genres avancĂ©es par le fĂ©minisme islamique sur la base d'une lecture renouvelĂ©e du Coran. »

Cependant, les auteures remarquent Ă©galement que l'introduction de thĂ©ologiennes et de prĂ©dicatrices, dans un processus duel d'institutionnalisation de l'Islam (Ă  la suite des attentats terroristes de Casablanca) et d'intĂ©gration des revendications fĂ©ministes marocaines, pourrait aussi bien ĂȘtre une instrumentalisation des femmes Ă  des fins politiques qu'une occasion d'amĂ©liorer la condition des femmes marocaines[15].

Les Marocaines restent massivement exclues du marché du travail. Estimé à 24,7 %, le taux d'activité des femmes au Maroc reste assez faible en comparaison avec les pays ayant un taux de croissance similaire, a estimé le , Abdeslam Seddiki, le ministre de l'Emploi et de la Formation Professionnelle, lors d'une conférence sur « Les femmes et le monde du travail ». Abdeslam Seddiki a ajouté que « le taux d'activité des femmes n'a pas accompagné la dynamique que connaßt le Maroc dans tous les domaines » et a expliqué cette faiblesse du taux d'activité des femmes par le « partage traditionnel des rÎles, la prolongation de la durée de scolarité en milieu urbain et quelques pratiques discriminatoires sur le marché du travail »[16].

Pour le penseur musulman Kamal Znidar, la situation de la femme marocaine en matiĂšre d'emploi paraĂźt tout Ă  fait normale quand on prend en considĂ©ration la nature de la culture religieuse qui domine le Maroc. Cette culture, selon lui, n'encourage pas le travail de la femme et la limite Ă  un rĂŽle au foyer. « DĂšs l'enfance, on programme les Marocaines Ă  devenir mĂ©nagĂšres et pas fonctionnaires ou managers. Que ça soit Ă  la maison, Ă  la rue, et mĂȘme Ă  la tĂ©lĂ©vision ou Ă  l'Ă©cole, l'image de la femme est toujours associĂ©e au rĂŽle de la mĂšre attachĂ©e Ă  son foyer qui sacrifie sa vie pour s'occuper des tĂąches mĂ©nagĂšres et de l'Ă©ducation de ses enfants », analyse l'auteur du livre Islam : meilleure religion au monde[16]. « Cette culture donne naissance Ă  des femmes dĂ©sintĂ©ressĂ©es des rĂ©ussites estudiantines et professionnelles. Beaucoup de Marocaines arrĂȘtent leurs Ă©tudes, voire dĂ©missionnent de leur mĂ©tier, dĂšs qu'elles se marient. Ces choix poussent de nombreux entrepreneurs Ă  Ă©viter le maximum possible l'emploi de la femme », a-t-il ajoutĂ©. Kamal Znidar a aussi estimĂ© que la montĂ©e en puissance des forces de l'obscurantisme et la prĂ©sence au pouvoir d'un islamiste qui lutte pour maintenir la femme au rang de mĂ©nagĂšre vont rendre la lutte pour la libĂ©ration des femmes de plus en plus difficile au Maroc[16].

Le , dans un discours violent devant les parlementaires lors d'une séance orale sur « les questions et les attentes de la femme marocaine des programmes et politiques du gouvernement », le chef du gouvernement marocain Abdel-Ilah Benkiran a déclaré que tout le problÚme de la femme marocaine est qu'elle est entrée dans le marché du travail. Il a poursuivi dans un discours rétrograde que le travail « ne lui laisse plus le temps ni de se marier, ni de devenir mÚre, ni d'éduquer ses enfants » et a qualifié d'« erreur » son choix de travailler[16].

Le penseur musulman Kamal Znidar a dĂ©noncĂ© les discours et les positions « machistes » du chef du gouvernement limitant le rĂŽle des femmes Ă  rester au foyer et a rappelĂ© qu'en islam, Ă  l'Ă©poque du prophĂšte et des califes bien guidĂ©s, les femmes ont jouĂ© des rĂŽles d'une trĂšs grande importance. Il a aussi soulignĂ© qu'Ă  cause de ces discours et ces positions machistes, l'islam est aujourd'hui mal-vu et perçu comme une religion antifĂ©ministe et l'islamisme est devenu synonyme d'un systĂšme politique oĂč la libertĂ© et les droits de la femme n'ont pas de place[17].

Le cas français (controverses)

En France, la loi sur les signes religieux dans les Ă©coles publiques de 2004 a Ă©tĂ© l'occasion d'un dĂ©bat opposant partisans et adversaires de la loi, faisant apparaĂźtre une ligne de clivage au sein mĂȘme du mouvement fĂ©ministe entre ceux et celles qui soutenaient la loi, au nom de l'Ă©mancipation de la femme vis-Ă -vis de la religion, et celles qui ont au contraire critiquĂ© une instrumentalisation du fĂ©minisme par la droite, Ă  des fins racistes et xĂ©nophobes[18] - [19] - [20] - [21]. Houria Bouteldja, porte-parole du collectif controversĂ© des IndigĂšnes de la RĂ©publique (PIR), Ă©tablissait ainsi une continuitĂ© entre la cĂ©rĂ©monie du dĂ©voilement Ă  Alger, en 1958, en plein milieu de la guerre d'AlgĂ©rie, citant Frantz Fanon pour qui « certaines, dĂ©voilĂ©es depuis longtemps, reprennent le voile affirmant ainsi qu’il n’est pas vrai que la femme se libĂšre sur l’invitation de la France et du GĂ©nĂ©ral de Gaulle »[20]. Bouteldja critiquait ainsi notamment l'association Ni putes ni soumises, qu'elle qualifiait, d'aprĂšs le concept de Louis Althusser, d'« appareil idĂ©ologique d'État »[20].

Pour la sociologue et féministe Zahra Ali, qui assume le port du voile, cette polémique renvoie au « discours de la domination coloniale présentée comme une mission de civilisation »[22] - [23] et elle déplore la marginalisation et la stigmatisation dont sont victimes les femmes musulmanes voilées de la part des féministes[24].

L'essayiste CĂ©line Pina considĂšre que « la promotion d'un signe qui marque la place subalterne de la femme et son refus de lui accorder l'Ă©galitĂ© en droit est (un) choix (mais faire) passer un tel engagement pour du fĂ©minisme est en revanche une imposture ». Elle prĂ©cise que « le prĂ©tendu «fĂ©minisme islamique», dont Rokhaya Diallo se veut une reprĂ©sentante, est en rĂ©alitĂ© une arme forgĂ©e par les islamistes dans le cadre de leur volontĂ© de conquĂȘte culturelle, laquelle passe par la contestation systĂ©matique de l'universalisme et la promotion du relativisme culturel dans tous les domaines. Ainsi l'«islamo-fĂ©minisme» vise Ă  dĂ©lĂ©gitimer l'action des fĂ©ministes universalistes qui considĂšrent le fĂ©minisme comme un enjeu et un combat dont les conquĂȘtes doivent profiter Ă  toutes les femmes. Or le prĂ©tendu «fĂ©minisme islamique», loin de contribuer Ă  l'Ă©mancipation des femmes, participe Ă  la propagation de l'idĂ©ologie islamiste et du patriarcat qui lui est consubstantiel. ConquĂ©rir des droits universels ne l'intĂ©resse pas. Cette mouvance, trĂšs prĂ©sente au sein des institutions internationales, est un des plus efficaces cheval de Troie des islamistes »[25]

Pour la psychanalyste Houria Abdelouahed, auteure de Les Femmes du prophĂšte : « Comment peut-on en venir Ă  parler de fĂ©minisme islamique ? FĂ©ministe et musulmane, je veux bien : qu'une femme n'ait pas envie d'Ă©branler toutes les assises identitaires, je peux comprendre. Mais fĂ©ministe et islamique, je n'y crois pas. Certains versets se prĂȘtent Ă  interprĂ©tations, pas d'autres. Lorsqu'un verset dit : « Battez-les si elles continuent Ă  ĂȘtre insoumises », qu'on le veuille ou non, le verbe battre, ne se prĂȘte pas Ă  de multiples interprĂ©tations. Et lorsque Tabari interprĂšte le verset « Battez-les », il Ă©crit que l'homme peut possĂ©der la femme sans lui adresser la parole. Donc, il peut la violer »[26].

Le doctorant en droit public, Pierre Juston qualifie ce concept de « fumeux » dans un article au journal Marianne en rĂ©ponse Ă  un manifeste intitulĂ© « Les droits des musulmanes font partie du droit des femmes »[27] dont la militante Rokhaya Diallo est la premiĂšre signataire. Il explique notamment que ce concept s'est dĂ©veloppĂ© « dans le prolongement des gender studies et des thĂ©ories intersectionnelles » et dĂ©montre que le collectif Ă  l'origine du manifeste est issue de « la plateforme inter-associative PrĂ©sence Musulmane, proche de Tariq Ramadan qui dĂ©veloppait dĂ©jĂ  au dĂ©but des annĂ©es 2000 une stratĂ©gie de l’émergence idĂ©ologique du "fĂ©minisme islamique" »[28].

CongrĂšs

Un congrÚs international sur le féminisme musulman a eu lieu à Barcelone en Espagne du 27 au . Il était organisé par la Junta Islamica Catalan avec le soutien du Centre de Catalogne de l'Unesco[3].

Au nom de l'association PĂ©nĂ©lopes, Caroline Fourest, au contraire, considĂšre la notion mĂȘme de « fĂ©minisme islamique » d'oxymorique (rapprochement de deux termes contradictoires), s'affirmant outrĂ©e que l'Unesco et la Ligue des droits de l'homme aient organisĂ© un colloque Ă  ce sujet Ă  Paris en 2006[29]. L'association a dĂ©noncĂ© la prĂ©sence, Ă  Barcelone en 2005, de la femme de Youssef al-QaradĂąwĂź, dirigeant du Conseil europĂ©en pour la fatwa et la recherche et tenant de positions particuliĂšrement rĂ©trogrades concernant le statut de la femme[29]. La femme de Qaradhaoui s'Ă©tait en effet opposĂ©e, lors de ce forum Ă  Barcelone, Ă  tout fĂ©minisme islamique, affirmant qu'il ne saurait ĂȘtre que laĂŻc[30].

PrisonniÚres féministes

Aziza al-Yousef, l'universitaire emprisonnée en 2018.

En mai 2018, l’Arabie saoudite emprisonne onze militantes des droits des femmes qui avaient notamment « dĂ©fendu le droit des femmes Ă  conduire ou demandĂ© la levĂ©e du systĂšme de tutelle qui oblige ces derniĂšres Ă  obtenir la permission d’un parent masculin pour de nombreuses dĂ©marches » au motif de « porter atteinte aux intĂ©rĂȘts nationaux et d’aider les ennemis de l’État »[31] - [32]. Trois d'entre les prisonniĂšres sont libĂ©rĂ©es en mars 2019, tout en restant poursuivies : Eman al-Nafjan[33], Aziza al-Yousef et Rokaya Mohareb[34] - [31] - [35].

Liste de féministes musulmanes

Notes et références

Notes

  1. L’ijtihad dĂ©signe l'effort de rĂ©flexion, en vue d'interprĂ©ter les textes fondateurs et en dĂ©duire le systĂšme juridique islamique ou pour informer le musulman de la nature d'une action (licite, illicite, rĂ©prouvĂ©e
).
  2. Le CSP consiste en une série de lois progressistes, promulguées le 13 août 1956, entrées en vigueur le 1er janvier 1957, visant à l'instauration de l'égalité entre l'homme et la femme dans nombre de domaines. Il est l'un des actes les plus connus du Premier ministre et futur président Habib Bourguiba prÚs de cinq mois aprÚs l'indépendance de son pays.

Références

  1. Zahra Ali, Amélie Le Renard, Anaïs Albert et Fanny Gallot, « Féminismes : islam, politique et libéralisme. Entretien croisé avec Zahra Ali et Amélie Le Renard », Tracés. Revue de Sciences humaines [En ligne], #15 | 2015, mis en ligne le 01 janvier 2017, consulté le 11 juin 2019. URL : http://journals.openedition.org/traces/6263 ; DOI : 10.4000/traces.6263
  2. « Féminisme islamique : le Coran au féminin », sur Slate.fr, (consulté le ).
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Voir aussi

En français

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  • Zahra Ali, FĂ©minismes islamiques, Paris, La fabrique Ă©ditions, , 229 p. (ISBN 978-2-35872-036-6)
    Avec les contributions de Omaima Abou-Bakr, Zainah Anwar, Margot Badran, Asma Barlas, Malika Hamidi, Saida Kada, Hanane al-Laham, Asma Lamrabet et Ziba Mir-Hosseini.
  • Malika Hamidi, Un fĂ©minisme musulman,et pourquoi pas?, Paris, Édition de l'aube, , 176 p. (ISBN 978-2-8159-2149-7)

Autres langues

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  • Amina Wadud. 2006. Inside the Gender Jihad: Women's Reform in Islam, Oxford: Oneworld Publications.
  • Yamani, Mai (ed.). 1996. Feminism and Islam: Legal and Literary Perspectives. NY: New York University Press.
  • Zanan. 2005/1384. “Eight Years’ Work for Women: Interview with Zahra Shojai.” Zanan (May). [en persan]

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Articles connexes

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