Huda Sharawi
Huda Sharawi, dont le nom est aussi orthographié Ho(u)da Sha(a)rawi ou Charaoui (هدى شعراوي ), née le à Al-Minya et morte le au Caire, est l'une des pionnières du mouvement féministe égyptien et arabe.
Naissance | |
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Décès | |
Nom dans la langue maternelle |
هدى شعراوي ede |
Nationalités |
ottomane (- Sultanat d'Égypte (- Royaume d'Égypte (- |
Activités |
Femme politique, poétesse, militante sociale, journaliste |
Membre de | |
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Distinction |
Biographie
Jeunesse et famille
Huda Sharawi est née à Minya en Haute-Égypte sous le nom de Nur al-Huda Sultan. Issue d'une famille égyptienne importante, elle est la fille de Muhammad Sultan, président de la Chambre des députés et d'une esclave circassienne. Elle passe sa jeunesse dans un harem. Elle y apprend le Coran par cœur, mais sans être autorisée à recevoir des cours d'arabe.
Dans ses mémoires, elle raconte comment l'eunuque chargé de veiller sur elle avait interdit à sa préceptrice de Coran de lui apprendre la grammaire arabe : « Remportez votre livre, madame l'institutrice. La jeune dame n'a pas besoin de grammaire, car elle ne deviendra pas juge ».
La langue qu'elle utilise quotidiennement est le français, que lui avait enseigné une institutrice italienne[1].
À treize ans, elle est mariée contre son gré avec son cousin, Ali Sharawi, dont elle divorce peu après. Elle se remarie avec lui à l'âge de vingt et un ans. C'est aussi un homme politique, membre du parti laïc et libéral Wafd, qui l'associe dans son combat contre le protectorat britannique en Égypte[2].
Engagement social et féministe
En 1908, elle fonde un dispensaire accompagné d'une école, donnant des enseignements de puériculture et d'hygiène domestique. Cette institution est parrainée par un groupe de dames de la haute société égyptienne, réunies au sein de la Mabarrat Muhammad Ali al-Kabir. Son institution a un grand succès, son dispensaire devient un hôpital, autour duquel, se développe tout un réseau de soin du même type. En 1919, en pleine agitation nationaliste, le même groupe de dames fonde, dans un quartier populaire du Caire, la Société de la femme nouvelle. Cette association a pour but d'alphabétiser les jeunes filles pauvres, de leur enseigner l'hygiène et quelques notions générales. En 1923, elle fonde l'Union féministe égyptienne (UFE), pour défendre le droit des femmes, en leur permettant par exemple d'accéder plus facilement à l'Université et à la fonction publique[1].
Après la Première Guerre mondiale, son mari participe à la création du Wafd, parti nationaliste égyptien, qui milite pour l'indépendance de l'Égypte vis-à-vis du Royaume-Uni. Elle s'engage elle-même dans le combat nationaliste, en organisant plusieurs manifestations. Elle crée, en , le Comité central du Wafd, dont elle est élue présidente.
En 1923, peu après la mort de son mari, alors qu'elle revient en Égypte, après sa participation à un congrès international à Rome, elle décide, au large d'Alexandrie, de ne pas remettre son voile et de poursuivre sa lutte politique le visage découvert. Cela lui vaut une renommée internationale[2] - [1]. Elle obtient également du roi Fouad Ier, qu'elle soutient face aux britanniques pour obtenir une plus grande indépendance de l'Égypte, que l'âge minimum légal du mariage des filles soit fixé à seize ans, et que leur droit d’accès à l'enseignement secondaire et supérieur soit reconnu[3].
Elle est une des figures du féminisme de la Nahda[4].
Quelques années plus tard, l'UFE lance une revue bimensuelle en langue française puis également en langue arabe L'Égyptienne (Al-Misriyah), avec comme sous-titre « Féminisme, sociologie, art »[5], et qui se consacre à la défense des droits des femmes dans le monde arabe. Sa rédactrice-en-chef, Ceza Nabaroui, est sa meilleure amie[2] - [1]. C'est à partir de cette époque qu'elle passe du cadre du nationalisme égyptien au nationalisme arabe. Dans cette revue, elle défend l'unité panarabe, la Palestine, et emploie de plus en plus un vocabulaire à tendance islamique[1].
Après la Grande Révolte arabe en Palestine, elle répond à l'appel du Comité des femmes arabes de Jérusalem pour tenter d'obtenir une condamnation internationale de la déclaration Balfour ainsi que l'appui du Premier ministre égyptien à la cause Palestinienne.
En 1938, elle est désignée à la tête de la Conférence des femmes d'Orient où la politique britannique et les activités sionistes en Palestine sont condamnés. Elle se place dans une perspective d'unité du monde arabe, comme l'indique son appel au Caire, en , au premier Congrès féministe arabe. Mais à la création de la Ligue arabe, quelques mois après, elle se plaint du peu de représentations des femmes : « La Ligue dont vous avez signé le pacte hier n'est qu'une moitié de Ligue, la Ligue de la moitié du peuple arabe »[1].
Elle meurt en 1947, quelques années avant la révolution égyptienne de 1952, et l'émergence de Gamal Abdel Nasser qui va à la fois adopter un positionnement nationaliste, inclure des revendications féministes dans sa politique intérieure, et chercher à mettre sous contrôle les organisations féministes[1].
Notes et références
- Sonia Dayan-Herzbrun, Femmes et politique au Moyen-Orient, Paris, L’Harmattan, , « Huda Sharawi, nationaliste et féministe », p. 23-44
- Denise Ammoun, « En 1923, Hoda Charaoui enlève son voile », La Croix, (lire en ligne)
- Jean-Pierre Péroncel-Hugoz, « Les Égyptiennes du bon côté du Coran », Le Monde, (lire en ligne)
- Leyla Dakhli. La Nahda (notice pour le Dictionnaire de l’Humanisme arabe). 2012, lire en ligne.
- [Numéro 76, janvier 1932]
Voir aussi
Bibliographie
- Sonia Dayan-Herzbrun, « Féministe et nationaliste égyptienne : Huda Sharawi », Mil neuf cent, vol. 16, no 16, , p. 57-75 (lire en ligne, consulté le ).