Circassie
La Circassie est une rĂ©gion historique situĂ©e au nord du Caucase sur la cĂŽte de la mer Noire. Elle comprenait la cĂŽte et la majeure partie du territoire de lâactuel kraĂŻ de Krasnodar en Russie. Aujourdâhui, des Circassiens, locuteurs de langues abkhazo-adygiennes (branche des langues caucasiennes) vivent encore dans les rĂ©publiques de KaratchaĂŻĂ©vo-Tcherkessie, de Kabardino-Balkarie et dâAdyguĂ©e de la fĂ©dĂ©ration de Russie : ce sont les descendants de ceux qui ont Ă©chappĂ© Ă lâexpulsion de 1864-67, mais la plupart vivent dans la diaspora, principalement en Turquie mais aussi dans dâautres pays.
GĂ©ographie
La Circassie est bordĂ©e Ă lâouest par la pĂ©ninsule de Taman, la mer d'Azov et la mer Noire, au sud par lâAbkhazie et la Kabardino-Balkarie, au nord par le fleuve Kouban et Ă lâest par les territoires alains formant aujourdâhui le kraĂŻ de Stavropol.
La Circassie tire son nom de ses habitants traditionnels[1] : les Circassiens (qui prĂ©fĂšrent sâappeler AdyguĂ©ens et sont aussi appelĂ©s Tcherkesses ou Kabardes). Les AdyguĂ©ens ne reprĂ©sentent aujourdâhui quâune petite partie de la population de cette zone. La RĂ©publique dâAdyguĂ©e, membre de la fĂ©dĂ©ration de Russie, est enclavĂ©e dans le kraĂŻ de Krasnodar.
Histoire
AprĂšs en avoir Ă©tĂ© victimes lorsqu'ils n'Ă©taient pas encore islamisĂ©s, les Circassiens devenus musulmans ont Ă leur tour pratiquĂ© la traite orientale des esclaves Ă partir du XVIe siĂšcle au dĂ©triment des populations russes mĂ©ridionales et au profit de leurs clients Ottomans[2] : leurs razzias, contre lesquelles l'Empire russe Ă©tablit en travers de leurs routes les cosaques du Kouban[3], prirent fin avec la guerre de cent ans que leur livra l'Empire russe de 1764 Ă 1864 et qui se conclut par la dĂ©portation des Circassiens vers l'Empire ottoman. PrivĂ©s de leurs troupeaux au profit des cosaques, pourvus d'un pĂ©cule compensatoire symbolique, dĂ©barquĂ©s Ă TrĂ©bizonde, Samson, Sinope ou Constantinople, ils furent dispersĂ©s dans l'Empire ottoman entre les Balkans, l'Anatolie et le Moyen-Orient ottoman (aujourd'hui Liban, Jordanie, Palestine, IsraĂ«l et Ăgypte)[4] - [5].
La diaspora circassienne commémore chaque année sa déportation qu'elle qualifie a posteriori de « nettoyage ethnique ».
- Carte de la Mer Noire par Jean Chardin (1672)
Ătude de casque circassien .
Delacroix, 1826
Musée du Louvre[6]- Réunion de princes tcherkesses, cÎtes de la Mer Noire, 1847.
- Abandon des villages circassiens Ă lâapproche des troupes russes, Pyotr Nikolaevich Gruzinsky, 1872.
- Réfugiés circassiens dans l'Empire ottoman.
La diaspora circassienne
Ceux qui sont restĂ©s en Circassie (aujourd'hui en Russie) sont actuellement nommĂ©s AdyguĂ©ens, Tcherkesses et Kabardes tandis que ceux de la diaspora ont conservĂ© la dĂ©nomination ancienne de Circassiens. On trouve des communautĂ©s d'ascendance circassienne en Turquie (en grande partie assimilĂ©es, du moins en milieu rural), en Syrie, au Liban, en Jordanie (oĂč ils forment une partie de la garde royale), en Ăgypte (incorporĂ©es Ă l'origine aux mamelouks), en IsraĂ«l (Ă Kfar Kama et Rehaniya (en)), en Dobroudja du Nord (Ă Slava CerchezÄ) et en MĂ©tohie (Kosovo) - du moins jusqu'en 1998, date Ă laquelle, bien que musulmane comme les Albanais locaux, elle en a Ă©tĂ© chassĂ©e par l'UCK albanaise[7].
De tous ces pays, des Circassiens ont Ă©migrĂ© vers les Ătats-Unis (Ătats de New York et du New Jersey), lâAllemagne, les Pays-Bas et la France (oĂč, les statistiques ethniques Ă©tant interdites[8], ils sont comptabilisĂ©s comme citoyens des pays dont ils sont issus, ou comme Français s'ils ont Ă©tĂ© naturalisĂ©s).
Dans son livre Istanbul, le prix Nobel Orhan Pamuk indique que « ma grand-mĂšre avait du sang circassien [âŠ] ; lors de la guerre ottomano-russe entre 1877 et 1878, mon pĂšre avait immigrĂ© en Anatolie, et la famille s'est installĂ©e Ă Izmir »[9].
- Circassien portant la tchokha traditionnelle (manteau de laine), 1898.
- Chefs circassiens et bédouins à l'aéroport d'Amman (Jordanie), 1921.
- Circassien dans le nord de la Syrie.
- Musée Centre de l'héritage circassien à Kfar Kama (Israël).
- Commémoration de la déportation des Circassiens, , Istanbul (Turquie).
Références
- Slavomir Rawicz (trad. de l'anglais par E. Chédaille), A marche forcée : A pied, du cercle polaire à l'Himalaya, 1941-1942 [« The Long Walk »], Paris, Libretto, (1re éd. 1956), 328 p. (ISBN 978-2-7529-0559-8).
- (en) Amjad Jaimoukha, The Circassians: A Handbook, New York, Palgrave, (ISBN 978-0-312-23994-7).
- Iaroslav Lebedynsky, L'Ă©nigme des "Tcherkasses", L'Harmattan, Paris 2018 (ISBN 978-2343158754)
- Sandra Ores, « Les Tcherkesses, les oubliés de Sotchi | L'Arche », sur larchemag.fr, (consulté le )
- « Adyga index::Tcherkesse France : circassien : caucase », sur tcherkesse.free.fr (consulté le )
- Casque, Base Joconde
- Alexandre Najjar, Les Exilés du Caucase, Grasset, 1995.
- Philippe d'Iribarne, « L'intĂ©gration, entre corps politique et corps social », Le DĂ©bat du 1er mars 2014, pp. 27â31 (ISSN 0246-2346)
- Ăditions Gallimard, 2007, page 26.