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Citation apocryphe

Une citation apocryphe est une citation attribuĂ©e Ă  une personne qui n’a pourtant jamais tenu les propos rapportĂ©s, ou alors les a exprimĂ©s sous une forme diffĂ©rente.

Origine

Le sociologue Robert Merton remarqua que certaines situations s'expliquent par ce qu'il appela l'« effet Matthieu », en rĂ©fĂ©rence Ă  la phrase de l'Évangile selon saint Matthieu : « À celui qui a, il sera beaucoup donnĂ© et il vivra dans l’abondance, mais Ă  celui qui n’a rien, il sera tout pris, mĂȘme ce qu’il possĂ©dait. » Quand la phrase est suffisamment percutante pour rester cĂ©lĂšbre, mais que l'auteur ne l'est pas assez pour ĂȘtre retenu, on attribue la phrase Ă  une personne plus cĂ©lĂšbre, mais dont les propres idĂ©es et le ton correspondent suffisamment pour que cela semble plausible. N. David Mermin explique ainsi que l'effet Matthieu a conduit Ă  attribuer Ă  Richard Feynman sa boutade Ă  propos de la physique quantique : « Shut up and calculate »[1].

Le Premier ministre britannique Winston Churchill Ă©tant cĂ©lĂšbre pour sa rĂ©partie, il existe de fausses citations de toutes origines qui lui sont attribuĂ©es. Propos dĂ©formĂ©s, contexte modifiĂ©, ou attribution abusive — ceci Ă©tant favorisĂ© par la tendance qu'avait Churchill lui-mĂȘme Ă  faire des citations sans le prĂ©ciser[2].

Citations inventées

  • Voltaire : « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous ayez le droit de le dire. »
À croire certains commentateurs[3], cette citation reposerait sur une lettre du 6 fĂ©vrier 1770 Ă  un abbĂ© Le Riche oĂč Voltaire aurait Ă©crit : « Monsieur l'abbĂ©, je dĂ©teste ce que vous Ă©crivez, mais je donnerai ma vie pour que vous puissiez continuer Ă  Ă©crire. » En fait, cette lettre existe mais la phrase n'y figure pas, ni mĂȘme l'idĂ©e. On la considĂšre alors comme pseudo-citation ayant sa source dans le passage suivant :

« J’aimais l’auteur du livre De l’Esprit [HelvĂ©tius]. Cet homme valait mieux que tous ses ennemis ensemble ; mais je n’ai jamais approuvĂ© ni les erreurs de son livre, ni les vĂ©ritĂ©s triviales qu’il dĂ©bite avec emphase. J’ai pris son parti hautement, quand des hommes absurdes l’ont condamnĂ© pour ces vĂ©ritĂ©s mĂȘmes. »

— Questions sur l’EncyclopĂ©die, article « Homme »[4]

Elle a Ă©tĂ© employĂ©e pour la premiĂšre fois en 1906 dans The Friends of Voltaire, livre en anglais d’Evelyn Beatrice Hall Ă©crivant sous le pseudonyme de S. G. Tallentyre, pour rĂ©sumer la position de Voltaire : « ‘I disapprove of what you say, but I will defend to the death your right to say it’, was his attitude now »[5].
Une autre citation apocryphe de Voltaire a été souvent citée en janvier 2014 lors de débats en marge de l'affaire Dieudonné : « Pour savoir qui vous dirige vraiment il suffit de regarder ceux que vous ne pouvez pas critiquer. » Selon le site HoaxBuster[6], il s'agirait d'une citation en anglais d'un certain Kevin Alfred Strom en 1993, traduite en français et attribuée à Voltaire sans que la référence du prétendu texte de Voltaire ne soit jamais précisée.
  • Galileo Galilei : « Et pourtant elle tourne ! » (E pur si muove!)
    GalilĂ©e n’a pas dĂ©fiĂ© ainsi le Saint-Office (ce qui, dans les circonstances extrĂȘmement tendues qui venaient de l'opposer Ă  l'Église, aurait Ă©tĂ© du suicide), et accepta de se renier. Cette lĂ©gende a Ă©tĂ© publiĂ©e en 1761 dans Querelles LittĂ©raires[7], un siĂšcle aprĂšs sa mort.
  • Albert Einstein : « L’astrologie est une science en soi, illuminatrice. J’ai beaucoup appris grĂące Ă  elle et je lui dois beaucoup. Les connaissances gĂ©ophysiques mettent en relief le pouvoir des Ă©toiles et des planĂštes sur le destin terrestre. À son tour, en un certain sens, l’astrologie le renforce. C’est pourquoi c’est une espĂšce d’élixir de vie pour l’humanitĂ©. »
    Apparue dans les annĂ©es 1980, la citation va envahir les sites astrologiques. Elle connait son heure de gloire quand elle est reprise en exergue par l'astrologue Élizabeth Teissier dans sa thĂšse de sociologie[8]. C'est un bien mauvais argument d'autoritĂ© puisque, en rĂ©alitĂ©, Einstein avait trĂšs mauvaise opinion de l’astrologie[9].
  • La citation « si les abeilles venaient Ă  disparaĂźtre, l'humanitĂ© n'aurait plus que quatre annĂ©es devant elle » attribuĂ©e Ă  Albert Einstein est une rumeur propagĂ©e dans les mĂ©dias. Elle a Ă©tĂ© Ă©noncĂ©e pour la premiĂšre fois en 1994 (39 ans aprĂšs la mort d'Einstein) dans une brochure distribuĂ©e par l’Union Nationale de l’Apiculture Française Ă  l’occasion d’une manifestation Ă  Bruxelles contre la politique agricole europĂ©enne[10] - [11]. Einstein Ă©tait physicien et non biologiste. Sans abeilles, la pollinisation d’un grand nombre de plantes ne se ferait plus, entraĂźnant la disparition de nombreux animaux et des effets dĂ©vastateurs sur l'agriculture et la biosphĂšre de maniĂšre gĂ©nĂ©rale[12].
  • GĂ©nĂ©ral Pierre Cambronne sur le champ de bataille de Waterloo : « La garde meurt, mais ne se rend pas », phrase dĂ©mentie d'ailleurs par l'intĂ©ressĂ© lui-mĂȘme « puisque je ne suis pas mort c'est que je me suis rendu »[13]. Victor Hugo affirmera dans Les MisĂ©rables qu'il aurait rĂ©pondu « merde » (« le mot de Cambronne »).
  • Henri IV de France lorsqu'il accepte de renoncer Ă  la foi rĂ©formĂ©e pour entrer dans Paris : « Paris vaut bien une messe ! ». La phrase tire vraisemblablement son origine des propos prĂȘtĂ©s au « duc de Rosny » (Sully) dans Les Caquets de l'accouchĂ©e (rĂ©cit anonyme de 1622) : « Comme disoit un jour le duc de Rosny au feu roy Henry le Grand, que Dieu absolve, lors qu'il luy demandoit pourquoy il n'alloit pas Ă  la messe aussi bien que lui : Sire, sire, la couronne vaut bien une messe ; aussi une espĂ©e de connestable donnĂ©e Ă  un vieil routier de guerre merite bien de desguiser pour un temps sa conscience et de feindre d'estre grand catholique[14] ».
  • « Lafayette nous voici ! » par le gĂ©nĂ©ral en chef des armĂ©es amĂ©ricaines Ă  l'arrivĂ©e de ses troupes en France, durant la PremiĂšre Guerre mondiale. Cette citation aurait Ă©tĂ© inventĂ©e pour son article par Gaston Riou, qui n'avait pu assister au discours. On suppose aussi qu’elle aurait Ă©tĂ© prononcĂ©e le jour anniversaire de l’IndĂ©pendance des États-Unis d'AmĂ©rique, le 4 juillet 1917 par le colonel Stanton, sur la tombe de La Fayette au cimetiĂšre de Picpus Ă  Paris[15].
  • AndrĂ© Malraux : « Le XXIe siĂšcle sera spirituel ou ne sera pas ». (On trouve aussi « religieux » au lieu de « spirituel ».) Cette phrase semble une citation non littĂ©rale de deux propos authentiques : « Je pense que la tĂąche du prochain siĂšcle, en face de la plus terrible menace qu'ait connue l'humanitĂ©, va ĂȘtre d'y rĂ©intĂ©grer les dieux. » et « Le problĂšme capital de la fin du siĂšcle sera le problĂšme religieux – sous une forme aussi diffĂ©rente de celle que nous connaissons, que le christianisme le fut des religions antiques[16]. »
  • Elvis Presley : « Je n'ai besoin des Noirs que pour acheter mes disques et cirer mes pompes[17] ». Il n'y a aucune preuve qu'il ait affirmĂ© cela, et rien ne laisse Ă  penser que ce grand admirateur de la culture afro-amĂ©ricaine ait pu avoir des opinions racistes. Par ailleurs, le succĂšs commercial d'Elvis fut dĂ» principalement au public blanc, prĂ©cisĂ©ment parce qu'il contribuait, Ă  travers le rock 'n' roll naissant, Ă  offrir une interprĂ©tation « prĂ©sentable » du rhythm 'n' blues considĂ©rĂ© comme une « musique de Noirs pour des Noirs », les deux styles pourtant trĂšs proches faisant alors l'objet de classements sĂ©parĂ©s, en vertu de la sĂ©grĂ©gation raciale qui Ă©tait alors Ă  l'Ɠuvre.
  • Charles X n'a pas dĂ©clarĂ©, Ă  la Restauration « Rien n'y est changĂ© [Ă  la France] si ce n'est qu'il s'y trouve un Français de plus ! ». C'est Jacques Claude Beugnot qui l'Ă©crit, pilotĂ© par Talleyrand qui fait publier cette dĂ©claration dans le Moniteur. Celui qui est alors comte d'Artois la rejette dans un premier temps, mais, devant le succĂšs de la formule, se dira convaincu de l'avoir prononcĂ©e[18] !
  • « La grandeur d’une nation et son progrĂšs moral peuvent ĂȘtre jugĂ©s Ă  la façon dont elle traite ses animaux
 Je suis d’avis que plus une crĂ©ature est faible, plus elle est en droit d’ĂȘtre protĂ©gĂ©e par l’homme de sa propre cruautĂ©. » aurait dĂ©clarĂ© Mahatma Gandhi. C'est une pure invention mille fois citĂ©e dans la presse et dans les livres[19].
  • Charles de Gaulle : « Des chercheurs qui cherchent, on en trouve ; des chercheurs qui trouvent, on en cherche ». Si cette formule existe dĂšs 1960, elle n'est liĂ©e au gĂ©nĂ©ral que pendant les annĂ©es 1990[20].

Auteur modifié

  • Marie-Antoinette : « Qu'ils mangent de la brioche ! » En fait, les pamphlĂ©taires lui ont attribuĂ© une citation des Confessions de Jean-Jacques Rousseau, publiĂ©es en 1778 : « Je me rappelai le pis-aller d’une grande princesse Ă  qui l’on disait que les paysans n’avaient pas de pain, et qui rĂ©pondit : “Qu’ils mangent de la brioche”. J’achetai de la brioche. » (Livre sixiĂšme : 1736).
  • Hermann Göring ou Joseph Goebbels : « Quand j'entends le mot “culture”, je sors mon revolver. » (en allemand : « Wenn ich “Kultur” höre... entsichere ich meinen Browning » litt. quand j'entends le mot “culture”, j'ĂŽte le cran de sĂ»retĂ© de mon Browning.). Cette phrase vient d'une piĂšce de thĂ©Ăątre allemande jouĂ©e en 1933, Schlageter, de Hanns Johst[21] - [22], et Ă©tait devenue une plaisanterie rĂ©currente en Allemagne. Elle a par la suite Ă©tĂ© prononcĂ©e par Baldur von Schirach, chef des Jeunesses hitlĂ©riennes, lors d'un discours en 1938[23].
  • Simon IV de Montfort ou Arnaud Amaury : « Tuez-les tous, Dieu reconnaitra les siens », durant le sac de BĂ©ziers, en 1209.
    Cette phrase présente en fait les trois types des citations apocryphes, puisqu'elle est :
    • inventĂ©e : plusieurs chroniqueurs, prĂ©sents dans la rĂ©gion de BĂ©ziers au moment du sac, ont racontĂ© les faits sans mentionner cette phrase et c'est seulement dans la chronique de l'Allemand CĂ©saire de Heisterbach, rĂ©digĂ©e entre 1219 et 1223, qu'elle apparaĂźt pour la premiĂšre fois. La chronologie des Ă©vĂšnements au cours de la prise de BĂ©ziers rend cette citation improbable. Le rapport d'Arnaud Amaury Ă  Innocent III d'aoĂ»t 1209 dit clairement le contraire[24].
    • auteur modifiĂ© quand on l'attribue Ă  Simon de Montfort, car CĂ©saire de Heisterbach la place dans la bouche d'Arnaud Amaury, le lĂ©gat du pape pour la croisade des Albigeois. Simon de Montfort n'Ă©tant Ă  ce moment qu'un obscur participant de la croisade des Albigeois, il paraĂźt Ă©tonnant que les croisĂ©s lui aient demandĂ© son avis.
    • propos modifiĂ©, car les paroles que CĂ©saire prĂȘte Ă  Arnaud Amaury sont : « Massacrez-les, car le Seigneur connaĂźt les siens. »[25]
    • Joinville place l'affirmation inverse dans la bouche d'un jeune croisĂ©, en Égypte lors de la premiĂšre des croisades entreprises par Louis IX, au cours d'une bataille oĂč les croisĂ©s Ă©taient tellement infĂ©rieurs en nombre que l'avis gĂ©nĂ©ral Ă©tait de se rendre, mais un jeune chevalier rĂ©pond (en rĂ©sumĂ©) « Laissons-nous tous tuer, ainsi demain nous serons tous en Paradis » ou en dĂ©tail (Livre des saintes paroles et des bons faiz nostre roy saint Looys, chap. LXIII in fine):
      Ne tarda guĂšres que nous veismes venir quatre galies du soudanc, lĂ  oĂč il avoit bien mil homes. Lor j'appelai mes chevaliers et ma gent, et leur demandai que il vouloient que nous feissions, ou de nous rendre aus galies le soudanc, ou de nous rendre Ă  ceus qui estoient Ă  terre. Nous acordames tuit que nous amions mieus que nous nous rendissions aus galies le soudanc, pour ce que il nous tiendroient touz ensemble, que ce que nous nous rendissions Ă  ceus qui estoient Ă  terre, pour ce que il nous esparpilleroient et venderoient aus Beduyns. Lors dist un miens celeriers, qui estoit nĂ©s de Doulevens: «Sire, je ne m'acort pas Ă  cest conseil.» Je li demandai auquel il s'acordoit, et il me dist: «Je m'acort que nous nous lessons touz tuer; si nous en irons tuit en paradis.» Mais nous ne le creumes pas.
  • Marco Polo : « Le musulman actif est celui qui dĂ©capite l'infidĂšle, tandis que le musulman modĂ©rĂ© tient les pieds de sa victime. » Cette phrase n'est pas issue de l'ouvrage le livre des merveilles comme cela est trĂšs souvent affirmĂ©. Son vĂ©ritable auteur serait un obscur personnage nommĂ© Dr. Sabiesky. L'attribution Ă  Marco Polo de cette citation vient probablement de la mauvaise prĂ©sentation d'un site internet islamophobe : sur celui-ci, la mise en page maladroite de plusieurs citations consĂ©cutives peut laisser croire que la premiĂšre est attribuĂ© Ă  l'auteur de la seconde[26].

Propos modifiés ou tronqués

  • Mirabeau : « Allez dire Ă  ceux qui vous envoient que nous sommes ici par la volontĂ© du peuple et que nous ne quitterons nos places que par la force des baĂŻonnettes ! » La phrase exacte est plus probablement : « Cependant, pour Ă©viter tout Ă©quivoque et tout dĂ©lai, je dĂ©clare que si l’on vous a chargĂ©s de nous faire sortir d’ici, vous devez demander des ordres pour employer la force ; car nous ne quitterons nos places que par la puissance des baĂŻonnettes. » Mais la version emphatique est la plus connue[28].
  • Michel Rocard : « La France ne peut pas accueillir toute la misĂšre du monde... » La formule a bel et bien Ă©tĂ© prononcĂ©e par le premier ministre en 1989, cependant elle se serait poursuivie dans son Ă©noncĂ© initial par un complĂ©ment qui en change nettement le sens : « ...mais elle doit en prendre fidĂšlement sa part. » Dans un article publiĂ© dans Le Monde en 1996, puis au 70e anniversaire de la Cimade en 2009, Michel Rocard se plaignit de la citation rĂ©currente et systĂ©matiquement tronquĂ©e d'une phrase de lui sous la forme : « La France ne peut accueillir toute la misĂšre du monde », alors que selon lui, la forme complĂšte Ă©tait : « La France ne peut accueillir toute la misĂšre du monde, mais elle doit en prendre fidĂšlement sa part. »[29]
Toutefois, d'aprĂšs un article de Thomas Deltombe[30] - [31] retraçant l'historique de la polĂ©mique, Michel Rocard a bel et bien prononcĂ© la version courte de la phrase, dans un Ă©noncĂ© visant clairement Ă  justifier une politique anti-immigration (dans un contexte de montĂ©e du Front National), et ce Ă  au moins deux reprises : le 3 dĂ©cembre 1989 Ă  l'Ă©mission 7 sur 7, et le 7 janvier 1990 devant des Ă©lus socialistes originaires du Maghreb. Lors de l'allocution du 7 janvier 1990, Michel Rocard aurait ainsi dĂ©clarĂ© : « [...] la France n’est plus, ne peut plus ĂȘtre une terre d’immigration nouvelle. Je l’ai dĂ©jĂ  dit et je le rĂ©affirme : quelque gĂ©nĂ©reux qu’on soit, nous ne pouvons accueillir toute la misĂšre du monde. »[32]
  • Antoine Lavoisier : « Rien ne se perd, rien ne se crĂ©e, tout se transforme ».
  • Charles Darwin : « Les espĂšces qui survivent ne sont pas les espĂšces les plus fortes, ni les plus intelligentes, mais celles qui s'adaptent le mieux aux changements » la phrase est trĂšs couramment attribuĂ©e Ă  Darwin n'est pas de lui. Elle est cependant dans le marbre du hall de l'AcadĂ©mie des sciences de Californie et a Ă©tĂ© aperçue encore dans une exposition consacrĂ©e Ă  la palĂ©ontologie Ă  la CitĂ© des Sciences Ă  Paris. Une citation tronquĂ©e Ă  Ă©galement Ă©tĂ© mise en Ă©vidence par le British National History Museum de Londres, plus exactement sur le site internet de l'exposition cĂ©lĂ©brant le bicentenaire de Darwin: «Dans la lutte pour la survie, les plus aptes gagnent aux dĂ©pens de leurs rivaux, parce qu'ils rĂ©ussissent Ă  s'adapter le mieux Ă  leur environnement». «Ces phrases n'apparaissent nulle part dans l'oeuvre de Darwin», affirme Patrick Tort, auteur de nombreux ouvrages sur Darwin et le darwinisme qui travaille au MusĂ©um national d'histoire naturelle Ă  Paris. Mais le plus prĂ©judiciable est que les citations sont non seulement attribuĂ©es Ă  tort Ă  Darwin, mais ne sont pas non plus fidĂšles Ă  sa pensĂ©e. En effet d'aprĂšs son Ɠuvre L'Origine des EspĂšces, publiĂ©e en 1859, il y dĂ©voile la thĂ©orie de la sĂ©lection naturelle. Or les espĂšces qui survivent davantage ne sont pas les espĂšces qui s'adaptent le mieux au changement. «Ce sont les plus chanceuses, ou celles qui ont dĂ©jĂ  les bonnes caractĂ©ristiques physiques pour les transmettre Ă  la gĂ©nĂ©ration suivante», explique ce professeur[33].

Notes et références

  1. Could Feynman Have Said This?
  2. Ces citations que Winston Churchill n'a jamais prononcées
  3. Norbert Guterman, A Book of French Quotations, 1963
  4. Dictionnaire philosophique, in ƒuvres complùtes, Garnier, 1879, p.385
  5. Marjorie B. Garber, « Quotation marks », Routledge, 2003, (ISBN 0415937469), p. 20
  6. Citation de Voltaire inventée ?
  7. A. Rupert Hall, « Galileo nel XVIII secolo », Rivista di filosofia, 15 (Turin, 1979), p. 375-78, 83.
  8. Einstein et l’astrologie : une citation fausse qui a la vie dure
  9. Albert Einstein avait dit ceci : « Le lecteur est prié de noter les remarques sur l'astrologie. Elles démontrent que l'ennemi intérieur [chez Kepler], vaincu et devenu inoffensif, n'était pas encore complÚtement mort. ». Préface de « Johannes Kepler: Life and Letters », Carola Baumgardt, New York, Philosophical Library, 1951.
  10. Article sur Snopes.com
  11. Cette citation dans le communiqué de l'UNAF est probablement une déformation d'une lettre d'Einstein envoyée le 12 décembre 1951 à un groupe d'écoliers qui lui demandait par écrit s'il resterait des hommes vivants si le soleil s'éteignait, le physicien répondant que « sans la lumiÚre du soleil, il n'y aurait plus de blé, de pain, d'herbe, de bétail, de viande, de lait, et tout serait gelé. Il n'y aurait plus de vie ». Source : (en) Alice Calaprice, The Ultimate Quotable Einstein, Princeton University Press, , p. 479.
  12. R. A. Morse et N. W. Calderone, The Value of Honey Bees as Pollinators of US Crops in 2000, Cornell University Press, 2000
  13. Stephen Clarke, Comment les Français ont gagnĂ© Waterloo, Albin Michel, (ISBN 9782226375438, prĂ©sentation en ligne), p. 68, renvoie Ă  Jean-Claude CarriĂšre et Guy Bechtel, Dictionnaire des rĂ©vĂ©lations historiques et contemporaines, Plon, (ISBN 978-2-259-18964-4) ; voir aussi, des mĂȘmes auteurs, leur Dictionnaire de la bĂȘtise de 1965.
  14. Les Caquets de l'accouchée, page 172 de l'édition de Le Roux de Lincy, numérisée sur Google Books
  15. A. Malraux, « L'homme et le fantÎme », dans L'Express du 21 mai 1955. Cité par François Perrin, Franc-parler, Ottignies, 1996, p. 173 et 190, qui cite également un passage analogue tiré de « Malraux nous dit », dans Preuve, no 49, mai 1955, p. 15.
  16. « Elvis », L'Express,‎ (lire en ligne)
  17. Talleyrand, d'Emmanuel de Waresquiel, p. 456 et 704
  18. (en) « Gandhi's Hoax Quote », sur Hindustan Times, (consulté le )
  19. Pierre-Carl Langlais, « « Des chercheurs qui cherchent, on en trouve ; des chercheurs qui trouvent, on en cherche » : la phrase que de Gaulle n’aurait jamais dite », L'Obs,‎ (lire en ligne)
  20. « Hanns Johst, 1890-1978. Biographie Rolf DĂŒsterberg », sur polunbi.de (consultĂ© le ).
  21. « Quand j’entends le mot culture, je sors mon revolver ! » (Hermann Göring)
  22. « Quand j'entends le mot culture, je sors mon revolver. » [vidéo], sur Dailymotion (consulté le ).
  23. Selon Sisley & Sisley, The History of the Albigensian Crusade Annexe B, Boydell 1998 (ISBN 0-85115-807-2), Patrologiae cursus completus...ab aevo apostolico ad tempora Innocentii III, anno 1216...series Latina ed J-P Migne et al, Paris 1844-64 vol 216 col 139. Voir aussi M. Roquebert, L'epopée cathare 1198-1212: l'Invasion ch 17, Toulouse 1970, P. Belperron, La Croisade contre les Albigeois et l'union de Languedoc à la France (1209-1249) p. 163-9, Paris 1942, et H. Vidal, Episcopatus et pouvoir épiscopal à Béziers à la veille de la croisade des albigeois p. 75-90, Montpelier 1951
  24. Dominique Paladilhe, Simon de Montfort, Librairie Académique Perrin, (réimpr. 1997), 324 p. (ISBN 2-262-01291-1), p. 92-96
  25. « Marco Faux-Lo » sur http://www.snopes.com
  26. « "Un peuple prĂȘt Ă  sacrifier un peu de libertĂ© pour un peu de sĂ©curitĂ©..." : Benjamin Franklin a-t-il vraiment dit ça? », sur Les Inrockuptibles, (consultĂ© le )
  27. Assemblée nationale - Séance du 23 juin 1789
  28. « Michel Rocard et « toute la misÚre du monde » », sur Le Monde diplomatique, (consulté le )
  29. Thomas Deltombe, « “Accueillir toute la misĂšre du monde”, Michel Rocard, martyr ou mystificateur ? », dans Le Monde diplomatique, 30 septembre 2009, en ligne.
  30. Zineb Dryef, « Rocard tente bien de s'arranger avec la 'misÚre du monde' », Rue89, nouvelobs.com 5 octobre 2009, en ligne.
  31. Extrait diffusé dans Soir 3, sur FR3, le 7 janvier 1990, selon l'article de Thomas Deltombe dans le Monde diplomatique. Notons qu'il est possible que l'extrait ait été tronqué avant l'ajout d'une nuance significative dans la suite du discours.
  32. « Bicentenaire de Darwin: les citations qu'il n'a jamais dites », sur La Presse, (consulté le )

Bibliographie

  • Paul F. Boller Jr. et John George, They never said it : a book of fake quotes, misquotes, & misleading attributions, Oxford University Press, New-York, 1989.
  • (en) What they didn't say : a book of misquotations, Oxford University Press, (prĂ©sentation en ligne)

Articles connexes

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