Evelyn Beatrice Hall
Evelyn Beatrice Hall, née le à Shooter's Hill (Londres) et morte le [1] à Wadhurst (Sussex de l'Est), est une femme de lettres britannique essentiellement connue pour sa biographie de Voltaire intitulée The Life of Voltaire publiée en 1903. Elle a aussi écrit sous le pseudonyme de S. G. Tallentyre.
Alias |
Stephen G. Tallentyre |
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Naissance |
Shooter's Hill (Londres) |
DĂ©cĂšs |
Wadhurst (Sussex de l'Est) |
Activité principale |
Langue dâĂ©criture | anglais britannique |
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Ćuvres principales
The Friends of Voltaire (1906)
Evelyn Hall est l'autrice de la phrase cĂ©lĂšbre : « Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu'au bout pour que vous puissiez le dire »[2], souvent faussement attribuĂ©e Ă Voltaire[3] - [4] et trĂšs souvent utilisĂ©e pour illustrer le concept de libertĂ© d'expression. Apocryphe, donc, cette phrase rĂ©sume bien nĂ©anmoins la philosophie de la lutte de Voltaire contre toutes les intolĂ©rances, et dâabord religieuses (en tĂ©moigne l'exclamation qu'il utilise pour signer sa correspondance : « Ă©crasons l'infĂąme ! »[5]), raison pour laquelle Evelyn Hall la lui a prĂȘtĂ©e dans son autre livre : The Friends of Voltaire (« Les Amis de Voltaire »), publiĂ© en 1906 sous le mĂȘme pseudonyme de S. G. Tallentyre[6].
Biographie
Evelyn Beatrice Hall est la seconde des quatre enfants de William John Hall (1830 - 1910) et Isabella Frances Hall (nĂ©e Cooper). Sa sĆur aĂźnĂ©e, Ethel Frances Hall (1865 - 1943), Ă©pouse en 1889 Hugh Stowell Scott, Ă©crivain sous le pseudonyme de Henry Seton Merriman.
Evelyn Hall a par la suite une influence importante dans la vie de celui-ci, en écrivant avec lui deux tomes de nouvelles, From Wisdom Court (1893) et The Money-Spinner (1896). Lorsqu'il meurt en 1903, Scott lÚgue 5 000 £ à Evelyn Hall, avec la mention « en signe de ma gratitude pour son aide permanente et son conseil littéraire, sans lesquels je n'aurais jamais pu vivre de ma plume ».
Dans The Friends of Voltaire, publiĂ© en 1906 sous le pseudonyme S. G. Tallentyre, Evelyn Hall dĂ©crit la rĂ©action de Voltaire aprĂšs l'autodafĂ© de l'essai De l'esprit du philosophe français Claude-Adrien HelvĂ©tius. Voltaire n'Ă©tait pas admirateur de lâĆuvre, mais trouvait les attaques injustifiĂ©es et, selon Hall, aurait rĂ©agi ainsi :
« "Tant d'histoires pour une omelette !" s'exclama-t-il quand il entendit parler de l'autodafé. Qu'il est abominablement injuste de persécuter un homme pour une bagatelle aussi légÚre ! "Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu'au bout pour que vous puissiez le dire," telle était son attitude alors. »
Dans sa version originale :
« What a fuss about an omelette!â he had exclaimed when he heard of the burning. How abominably unjust to persecute a man for such an airy trifle as that! âI disapprove of what you say, but I will defend to the death your right to say it,â was his attitude now. »
EntourĂ©e de guillemets dans l'ouvrage de Hall, sans que l'on sache si cela rĂ©sulte d'une maladresse de l'auteur ou de l'Ă©diteur[6], la phrase a Ă©tĂ© prise pour une citation et rapidement traduite en français pour devenir une citation apocryphe populaire de Voltaire[7] - [8], alors que le livre, lui, n'a jamais Ă©tĂ© traduit[9]. AprĂšs avoir employĂ© une nouvelle fois cette tournure dans un recueil de correspondances, Voltaire in His Letters, publiĂ© en 1919, Evelyn Hall indique ĂȘtre l'inventrice de l'aphorisme dans une lettre Ă©crite en 1939[9].
Evelyn Beatrice Hall a tentĂ© par cette tournure de rĂ©sumer la pensĂ©e de Voltaire, lequel n'a jamais tenu de propos de la sorte[6]. Les propos qui s'en approchent le plus sous la plume de Voltaire sont : « Jâaimais lâauteur du livre De l'esprit. Cet homme valait mieux que tous ses ennemis ensemble ; mais je nâai jamais approuvĂ© ni les erreurs de son livre, ni les vĂ©ritĂ©s triviales quâil dĂ©bite avec emphase. Jâai pris son parti hautement, quand des hommes absurdes lâont condamnĂ© pour ces vĂ©ritĂ©s mĂȘmes. » (Voltaire, Questions sur lâEncyclopĂ©die, article « Homme »).
Evelyn Hall ne s'est jamais mariée et décÚde en 1956 à l'ùge de 87 ans.
Citation apocryphe
Popularisation
En 1980, MaĂźtre Visconti-Vigne cite cette phrase lors de la sĂ©ance d'ouverture de la confĂ©rence de stage Ă la cour d'appel[10]. Le 10 dĂ©cembre 1988, on peut lire cette phrase prĂšs du car-podium au sein de la manifestation organisĂ©e par Amnesty Ă Bordeaux pour la commĂ©moration du 40e anniversaire de la DĂ©claration universelle des droits de l'homme adoptĂ©e par l'ONU le 10 dĂ©cembre 1948[11]. Le 25 septembre 1991, Yasser Arafat cite cette phrase lors du Conseil national palestinien[12]. Le 24 janvier 1992, Henri Krasucki cite cette phrase dans une interview au journal Les Ăchos[13]. Le 14 aoĂ»t 1994, Christian Casteran Ă©voque cette phrase dans Sud-Ouest[14]. Le 21 septembre 1996, GĂ©rald Antoni, professeur de philosophie au lycĂ©e Guez-de-Balzac d'AngoulĂȘme, cite cette phrase dans un article de Sud Ouest[15]. Le 15 dĂ©cembre 1999, François Couchepin devant l'assemblĂ©e fĂ©dĂ©rale cite cette phrase[16]. Le 17 juin 2004, Jean-Luc MĂ©lenchon cite cette phrase dans un rassemblement Ă Auvers-sur-Oise autour de Maryam Radjavi[17]. Le 3 mai 2008, Jacques VergĂšs cite cette phrase dans On n'est pas couchĂ©[18]. Le 15 juillet 2020, SĂ©golĂšne Royal cite cette phrase sur Twitter en l'attribuant Ă Voltaire[19]. Le 17 juillet 2021, Michel Onfray Ă©voque sur Europe 1 cette citation en disant : « Vous savez, tout le monde se gausse de ce mot de Voltaire ; enfin... attribuĂ© Ă Voltaire »[20].
Bibliographie
- The Money-Spinner and Other Character Notes (1896)
- The Women of the Salons, and Other French Portraits (1901)
- The Friends of Voltaire (1906) (ISBN 1-4102-1020-0)
- The Life of Voltaire (1907) (ISBN 1-4102-1346-3)
- The Life of Mirabeau (1912) (ISBN 1-4102-1024-3)
- Voltaire In His Letters (traductrice) (1919) (ISBN 1-4102-1195-9)
Notes et références
- Evelyn Beatrice Hall Quotes, Brainyquote.com.
- (en) Paul F. Boller, Jr. et George, John, They Never Said It : A Book of Fake Quotes, Misquotes, and Misleading Attributions, New York, Oxford University Press, (ISBN 978-0-19-505541-2, LCCN 88022115), p. 124-126.
- « Décodeur: Voltaire n'a jamais écrit "je ne suis pas d'accord avec vous, mais je me battrai pour que vous puissiez le dire"! - Vidéo », sur Play RTS (consulté le )
- Voir notamment, au sujet de cette exclamation souvent abrĂ©gĂ©e en « Ăcr.l'inf.! », les liens suivants : Pierre Milza, « Ăcraser lâinfĂąme », Revue "Voltaire", mise en ligne par Cairn.info en 2017,â , pp. 731 Ă 772 (lire en ligne, consultĂ© le ). Ainsi que : MichĂšle Ressi, « L'Histoire en citations, SiĂšcle des LumiĂšres : Voltaire : « Ăcrasons l'infĂąme. » », sur histoire-en-citations.fr (consultĂ© le ). Et enfin : AndrĂ© Comte-Sponville, « Ăcrasons lâinfĂąme », LibĂ©ration,â (lire en ligne, consultĂ© le ).
- « Voltaire n'a jamais dit : « Je ne suis pas dâaccord avec vous, mais je me battrai⊠» », sur Le Projet Voltaire, (consultĂ© le )
- « Voltaire : « Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais... » », sur LâHistoire en citations, (consultĂ© le )
- Zyneb Drief, « ArrĂȘtez avec le « je me battrai pour vous » de Voltaire ! », L'Ovs avec Rue89,â (lire en ligne)
- Louis-Philippe Gratton, « Voltaire ne lâa jamais dit », sur Exculturae (consultĂ© le )
- « ConfĂ©rence de stage Ă la cour d'appel », Sud Ouest,â , p. 5
- « Les ballons d'Amnesty », Sud Ouest,â , p. 7
- Jooneed Khan, « CNP: huis clos et rumeurs pour la phase cruciale des travaux », La Presse,â
- MichĂšle Lecluse, « Henri Krasucki: « L'Ă©chec de l'Est n'a pas modifiĂ© le besoin d'une sociĂ©tĂ© plus juste » », Les Ăchos,â , p. 7
- Christian Casteran, « Trois siĂšcles aprĂšs Voltaire », Sud Ouest,â , p. 4
- Philippe van Dorsselaer, « Deux heures pour commencer », Sud Ouest,â , A
- « Discours du Chancelier François Couchepin - 15 dĂ©cembre 1999 devant l'AssemblĂ©e fĂ©dĂ©rale », Confedere,â , p. 7
- Claire GuĂ©don, « Deux mille Moudjahidin autour de Maryam Radjavi », Le Parisien,â , p. 6
- « Jacques VergĂšs - On nâest pas couchĂ© 3 mai 2008 #ONPC » (consultĂ© le )
- « SégolÚne Royal utilise une citation faussement attribuée à Voltaire », sur www.20minutes.fr (consulté le )
- « Michel Onfray sur le pass sanitaire : "Il fallait plutÎt défendre la vaccination pour tout le monde" » (consulté le )
Liens externes
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :