Amnesty International France
Amnesty International France (parfois abrégé AIF ou AISF) est la section française de l'organisation non gouvernementale non-partisane Amnesty International. Depuis sa création en 1971[1], cette organisation de défense des droits humains milite pour le droit à la liberté d'expression, l'arrêt de la torture et des autres violations des droits de l'homme dans le monde.
Fondation |
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Sigles |
AISF, AIF |
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Type | |
Forme juridique | |
Domaines d'activité |
Droits de l'homme, autres organisations fonctionnant par adhésion volontaire |
Objectif |
Travailler à l'avènement d'un monde dans lequel toute personne jouira de l'ensemble des droits proclamés par la Déclaration universelle des droits de l'homme et des autres normes internationales de défense de ces droits |
Siège | |
Pays | |
Coordonnées |
48° 52′ 33″ N, 2° 22′ 24″ E |
Membres |
111 634 () |
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Effectif |
+88 équivalent temps plein (unité non prise en charge) () |
Président |
Jean-Claude Samouiller (depuis 2022) |
Directrice |
Sylvie Brigot-Vilain (d) (depuis ) |
Organisation mère | |
Affiliation | |
Budget |
26 079 000 € () |
Site web |
Histoire
Le , l'avocat britannique Peter Benenson lit un article concernant deux étudiants portugais condamnés à sept ans de prison pour avoir porté un toast à la liberté. Il pense aussitôt à une pression internationale qui mobiliserait l'opinion publique en faveur des prisonniers d'opinion : Amnesty International est née[2] - [3]. L'appel que publie Benenson, intitulé The Forgotten Prisoners[4] - [5], est diffusé dans la presse le [6] - [7], et l'idée d'une campagne internationale pour la défense des droits de la personne suscite immédiatement plus de 1 000 offres de soutien[8].
Dix ans après la création du mouvement Amnesty International, le mouvement compte dix-huit sections[9]. Amnesty International France prend la suite des groupes d'adoption à Paris, Strasbourg, Rennes[10]. L'association loi 1901 est créée en septembre 1971[11] et déclarée en préfecture le 19 janvier 1972[12].
En 1973, un événement amnestien devant se tenir à l'UNESCO à l'occasion du 25e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme est annulé sous la pression de certains états membres mis en cause dans le Rapport annuel d'Amnesty International. Cette censure provoque une importante mobilisation en faveur de l'association. Le nombre d'adhérents va fortement augmenter à la fin des années 1970 à la suite de cela ainsi qu'à l'aide d'une campagne publicitaire et de l'attribution du prix Nobel de la Paix[10].
Quinze ans après sa création, en 1987, l'association est reconnue d'utilité publique[13].
L'ONG est « confrontée à un déchaînement de haine et de menaces parce qu’elle a qualifié d’"apartheid" le système de répression de l’État israélien à l’égard des Palestiniens. » Ses conférences portant sur Israël et la Palestine sont régulièrement interdites par les pouvoirs publics en France[14].
Principes et objectifs
Amnesty International France est spécialisée dans la défense des droits humains[15] - [16]. Elle mène des recherches et des actions visant à faire pression sur le gouvernement et à faire cesser les graves atteintes à l'égard des droits humains.
L'organisation lance des campagnes qui cible les principales discriminations en Europe à l’encontre des minorités (migrants, personnes LGBT, communautés musulmanes[17], etc.). Depuis 2012, elle dénonce l'inaction des autorités françaises envers les populations Roms[18] et demande l'arrêt des expulsions forcées[19] ainsi que de garantir l’accès au droit à l’éducation, à la santé et au logement.
En 2008, la Cour des comptes rappelait la typologie des actions[12] :
- Appels mondiaux si une forte mobilisation peut contribuer à améliorer le sort des personnes sélectionnées.
- Actions urgentes pour des personnes ou des groupes de personnes dont la vie ou la sécurité physique ou mentale sont en danger.
- Requêtes auprès des Nations unies.
- Lettres aux gouvernements.
- Aides financières destinées à l'accueil de demandeurs d'asile.
- Actions de sensibilisation et d'Ă©ducation.
- Actions pour faire Ă©voluer le droit international et les droits nationaux.
Actions
Les principales actions d'Amnesty International France[20] :
- Protection des civils dans les conflits : respect du droit international humanitaire, protection des réfugiés[21], contrôle de la vente d'armes[22]
- Garantir l'accès à la justice : abolition de la peine de mort, faire reculer la torture, responsabilité des entreprises
- Défense des libertés : défense des droits et libertés dans la lutte antiterroriste[23], soutien et protection des défenseurs des droits humains[24], lutte contre la surveillance illégale, liberté d'expression et droit de manifester[25].
- Lutte contre les discriminations : discriminations de genre, Ă l'encontre des Roms[26].
Organisation
Association
Le conseil d'administration (CA) d'Amnesty International France compte entre douze et quinze membres. Le mandat du CA est de deux ans renouvelable deux fois. Il élit le président qui est statutairement bénévole et nomme le directeur général.
Le conseil des finances et des risques financiers (CFRF) veille à une gestion financière saine et rigoureuse de l'association, en cohérence avec son objet social et le respect de ses principes et valeurs.
Depuis 2018, un comité des candidatures est en place afin de susciter des candidatures dans les organes de gouvernance (CA et CFRF) en informant, sensibilisant, conseillant et accompagnant les candidats.
Amnesty International France est agréée par le ministère de l'éducation nationale[27] et labellisée par le comité de la Charte[28].
Afin de toucher un public jeune, l'association s'est dotée d'antennes jeunes[29] - [30] - [31] et de représentants des jeunes au conseil national.
Fondation
Créée en 2016, la Fondation Amnesty International France (FAIF) est une fondation abritée placée sous l'égide de la Fondation Université de Paris. Elle a pour mission de « développer des projets innovants en matière d'éducation aux droits humains selon les priorités d'Amnesty International. » La fondation est administrée par un comité exécutif composé de sept membres[32] - [33].
Membres
Amnesty International France compte deux statuts de membres : membres individuels et membres de groupe[12].
Le nombre de membres a connu une croissance rapide, pour culminer à 25 000 personnes au début des années 1990, puis un plan de développement a permis de très fortement accroître le nombre de membres à partir de 2014 pour franchir le seuil des 100 000 membres en 2018.
Président
Nom | Mandat | Notes |
---|---|---|
Hubert Thierry | 1971-1976 | [47] |
Marie-José Protais | 1977-1977 | journaliste, rédactrice en chef du magazine Actuel-Développement édité par le Ministère de la Coopération[48] |
Aimé Léaud | 1977-1979 | [49] |
Jean-François Lambert | 1979-1982 | [50] |
? | ||
Marc de Montalembert | 1984-1989 | [51] |
? | ||
Michel Fournier | ~1995 | |
Xavier Dhonte | ?-1998 | avocat au barreau de Lille[52] |
Denys Robiliard | 1998-2002 | [53] |
Francis Perrin | 2002-2004 | docteur en économie, rédacteur pour un journal d’information pétrolière[54] |
Geneviève Sevrin | 2004-2008 | dirige le service des relations et coopérations internationales de la région Nord-Pas-de-Calais |
Geneviève Garrigos | 2008-2016 | directrice communication Europe Santen, groupe japonais spécialisé en ophtalmologie[55] |
Camille Blanc | 2016-2018 | consultante en systèmes d'information[56] |
Cécile Coudriou | 2018- | enseignante dans le domaine des « Sciences de l’Information et de la Communication » à l'Université Paris 13[57] |
Directeur général
- 1989-1999 : Michel Forst
- 2001-2004 : David Friboulet
- 2005-2006 : Lili-Anna Pereša
- 2007-2015 : Stephan Oberreit
- Depuis 2016 : Sylvie Brigot-Vilain
Budget
En 2016, la section française est la cinquième contributrice au budget Amnesty International Limited, après les sections des Pays-Bas, Grande-Bretagne, États-Unis et Suisse[58].
Depuis 2011, l'exercice comptable est aligné sur l'année civile[59]. Les ressources financières s'élèvent à 26 millions d'euros en 2019. 67% provient de la générosité du public (essentiellement des dons manuels des 250 000 donateurs). Les cotisations et abonnements des membres représentent 25 %[60]. L'association n'accepte aucune subvention d'États ou de partis politiques[61] - [62].
Du au , l'événement caritatif Z Event rassemblant 54 streamers rapporte 5 724 377 € à l'association[63].
Amnesty International France finance un dixième des dépenses du secrétariat international situé à Londres. Cela représente 4 691 933 € en 2016[20].
En 2017, Amnesty International France déclare à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique exercer des activités de lobbying en France pour un montant qui n'excède pas 200 000 euros[64].
Critiques
En 2008, Amnesty est accusée par Bakchich d'avoir des relations avec la société Total, expliquant la non dénonciation de cette société dans son rapport annuel détaillé sur la Birmanie[65]. Cette relation a été confirmée par Jane Birkin à Londres selon le site Bakchich. La critique vise particulièrement le conflit d'intérêts de Francis Perrin, ancien président d’Amnesty International France[66], et rédacteur en chef de la revue spécialisée Pétrole et gaz arabes (PGA), lequel a répondu à Backchich « je ne vois aucun conflit d’aucune sorte dans mes relations avec Total, nous entretenons un dialogue constructif… ».
En 2010, Amnesty International milite au côté de quatre hommes et femmes politiques belges de gauche et de la Ligue des droits de l'homme pour que des soins soient apportés au belgo-marocain Oussama Atar détenu dans des geôles irakiennes. L'homme, condamné pour participation à une organisation terroriste, serait atteint du cancer et aurait besoin de soins urgents, non disponibles dans sa prison irakienne. Libéré en 2012, avec l'appui des Affaires étrangères, il rentre en Belgique et disparaît dans la nature. En 2016, il apparaît que l'homme se livre à des activités de terrorisme islamiste et serait un des mentors derrière les attentats de Paris et de Bruxelles. La NVA exprime son incompréhension et le député Alain Destexhe demande alors une enquête sur le rôle joué par Amnesty International ainsi que les députés Zoé Genot, Jamal Ikazban et Ahmed El Khannouss dans cette libération.
En 2014, une étude de l'AEGE, une association d'étudiants et d'anciens étudiants de l'École de guerre économique, dirigée par Christian Harbulot, analyse la provenance des financements de l'ONG qu'il soupçonne de collusion avec le gouvernement des Etats-Unis de l'époque. Il questionne, ainsi que d'autres auteurs, la partialité de l'ONG quant au choix des cibles de ses campagnes et de ses positions politiques.
Notes et références
- Cet article est partiellement ou en totalité issu de l'article intitulé « Amnesty International » (voir la liste des auteurs).
- Éric Poinsot, « Vers une lecture économique et sociale des droits humains : l'évolution d'Amnesty International », Revue française de science politique, vol. 54, no 3,‎ , p. 399 (ISSN 0035-2950 et 1950-6686, DOI 10.3917/rfsp.543.0399, lire en ligne)
- Teresa Campos, « 1960 – La belle légende d’Amnesty », sur Courrier International,
- Agnès Jésupret, « Naissance d'une nouvelle ONG : Amnesty International », sur Live 2 Times,
- (en) « The Forgotten Prisoners », sur Amnesty
- Marc-Olivier Alliot, « The Observer publie "l'appel pour l'amnistie" », sur Live 2 Times,
- « Amnesty International fête ses 50 ans », sur Le Figaro,
- (en) Tracy McVeigh, « Amnesty International marks 50 years of fighting for free speech », sur The Guardian,
- Geneviève Garrigos, « Amnesty International, cinquante ans de combat contre la tyrannie et l'injustice », sur Le Monde,
- Historique d'Amnesty International, (lire en ligne)
- « Il était une fois… Amnesty International France (AIF) », sur Internet Archive (consulté le ).
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- Cour des comptes, « Rapport d’observations définitives de la Cour des comptes sur les comptes d’emploi 2001-2002 à 2005-2006 des ressources collectées auprès du public par Amnesty International section française (AISF) »,
- Décret du 12 novembre 1987 portant reconnaissance d'une association comme établissement d'utilité publique
- « « Les interdictions des conférences d’Amnesty International sur Israël s’apparentent à des atteintes répétées à la liberté d’expression » », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne)
- Samy Cohen, « ONG et altermondialistes : un même combat ? », L'Économie politique, vol. 25,‎ , p. 91-101 (DOI 10.3917/leco.025.0091, lire en ligne)
- Amaia Errecart, « De la sociabilité associative : formes et enjeux de la construction d’un ethos collectif », Mots. Les langages du politique, vol. 3, no 121,‎ , p. 89-105 (lire en ligne)
- Laurent Grzybowski, « Amnesty International dénonce la montée de l'islamophobie », sur La Vie,
- « Amnesty accuse la police française de «harceler» les Roms », sur Libération,
- Fabrice Tassel, « Amnesty presse la France de ne plus expulser les Roms », sur Libération,
- Amnesty International France, Rapport d'activités,
- Romain David, « Pour Amnesty, le coronavirus a poussé certains pays à "s’asseoir sur les droits" des réfugiés », sur Europe 1,
- « Ventes d’armes de la France : vous avez dit transparence ? », Ouest-France,‎ (lire en ligne)
- « Amnesty International dénonce l'abus des autorités françaises dans la lutte antiterroriste », sur franceinter.fr,
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- Rapport financier, Amnesty International France, (lire en ligne)
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- « Proposition de résolution tendant à la création d'une commission d'enquête sur l'immigration clandestine : Rapport de la commission d'enquête sur l'immigration clandestine - tome II : Audition de M. Patrick Delouvin, responsable des questions relatives aux réfugiés au sein d'Amnesty International », sur senat.fr,
- Corentin Lamy, « Z Event 2020 : le marathon de jeux vidéo récolte 5,7 millions d’euros pour Amnesty International », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
- « Amnesty International Section Française », sur Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (consulté le )
- Francis Christophe, « Total travaille son Amnesty », sur Bakchich.info,
- Clotilde Costes, « L'ONG Amnesty encourage les réformateurs arabes », sur Le Figaro,
Voir aussi
Bibliographie
- Jean-Paul Besset, Amnesty International, la conspiration de l'espoir, Les Éditions du Félin, , 195 p. (ISBN 978-2-86645-096-0)
- Aimé Léaud (préf. Robert Badinter), Amnesty International : Le parti des droits de l'homme, Éditions du Seuil, , 245 p. (ISBN 978-2-02-020695-2)
- Cour des comptes, Rapport d'observations définitives de la Cour des comptes sur « les comptes d'emploi 2001-2002 à 2005-2006 des ressources collectées auprès du public par Amnesty International section française (AISF) », (lire en ligne)