Carol J. Adams
Carol J. Adams est une écrivaine américaine féministe et militante pour les droits des animaux. Son ouvrage principal, The Sexual Politics of Meat: A Feminist-Vegetarian Critical Theory (1990) traduit en français en 2016 (Politique sexuelle de la viande, une théorie critique féministe végétarienne), traite des liens entre l'oppression des femmes et des animaux non-humains[1]. Elle a écrit une centaine d'articles dans des journaux, magazines et livres sur le végétarisme, les droits des animaux, les violences conjugales, et les abus sexuels.
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Biographie
Carol J. Adams est nĂ©e en 1951. Militante vĂ©gane et fĂ©ministe, elle travaille sur la construction sociale des discriminations inter-sectionnelles[2]. Elle fut influencĂ©e trĂšs jeune par sa mĂšre, qui Ă©tait Ă la fois fĂ©ministe et militante pour les droits civiques aux Ătats-Unis et aussi par son pĂšre qui participa Ă un des premiers procĂšs concernant la pollution du lac ĂriĂ©, un des grands lacs du nord-est des Ătats-Unis[3]. Elle grandit dans un petit village de lâĂtat de New York appelĂ© Forestville. AprĂšs une licence d'anglais et d'histoire Ă l'universitĂ© de Rochester en 1972, elle Ă©tudie Ă Boston avec la philosophe fĂ©ministe Mary Daly.
Adams raconte comment aprÚs avoir découvert le corps de son poney tué lors d'un accident de chasse, et mangé un hamburger le soir, elle conclut que c'était hypocrite de pleurer la mort de son poney et de n'avoir aucun problÚme à manger une vache tuée dans un abattoir[4]. Elle devint végétarienne ce jour-là .
Ăcrits
Politique sexuelle de la viande, une théorie critique féministe végétarienne
Dans Politique sexuelle de la viande, Adams explique comment, en particulier en période de disette, les femmes ont souvent donné à manger aux hommes de la viande, perçue comme la meilleure des nourritures. Elle traite également des liens entre féminisme et végétarisme, entre patriarcat et le fait de manger de la viande, à la fois de façon historique et à travers des textes littéraires. Elle décrit ce qu'elle appelle la structure du « référent absent », qui représente dans ce contexte « ce qui sépare le mangeur de viande de l'animal qu'il mange et l'animal du produit final »[5].
Un thÚme récurrent de son travail est les hommes qui ressentent une forme de domination sur les animaux similaire à ceux qui abusent, exploitent ou dégradent les femmes ; Adams utilise donc le terme « référent absent » pour désigner ce phénomÚne.
Carol J. Adams thĂ©orise la dĂ©sambiguĂŻsation et d'objectivation des femmes Ă partir de la notion de « rĂ©fĂ©rent absent ». Adams explique dans Politique sexuelle de la viande le processus de dĂ©shumaniser l'animal : « Au moyen du dĂ©peçage, on transforme lâanimal en rĂ©fĂ©rent absent. Lâanimal, Ă travers son nom et son corps, est rendu absent en tant quâanimal afin que la viande peut exister. La vie de lâanimal prĂ©cĂšde et permet lâexistence de la viande. Tant que lâanimal est vivant, il ne peut pas y avoir de la viande. Un cadavre remplace donc lâanimal vivant. Sans animaux, il nây aurait pas de consommation carnĂ©e, mais ils sont pourtant absents de lâacte de manger de la viande, en raison de leur transformation en aliment »[6].
Le livre d'Adams retrace à l'aide de la notion de « référent absent » différentes perspectives sociales. Carol J. Adams soutient que la politique de genre est liée à la façon dont la société voit les animaux et la viande consommée. D'aprÚs l'auteur du livre, le processus de « référent absent » est au fondement de l'oppression patriarcale[7]; Elle fait accepter la brutalité comme quelque chose de quotidien et nécessaire, ou la viande vient définir la virilité et la vitalité de l'homme par la capacité à dominer et à ingurgiter[6].
Carol J. Adams soutenait aussi cette notion chez les femmes. D'aprĂšs Adams, l'altĂ©ration de l'animal reflĂ©tait la maniĂšre dont le corps fĂ©minin Ă©tait Ă©galement posĂ© comme un objet de consommation chez le patriarcat. En relayant le corps dâune femme Ă un objet de consommation comme la viande, les femmes Ă©taient souvent rĂ©duites Ă un symbole de sexe et de l'Ă©rotisme. En mettant en parallĂšle le corps d'une femme d'une façon similaire Ă un morceau de viande, la sociĂ©tĂ© patriarcale ne considĂšre plus la femme en tant qu'une personne, mais plutĂŽt un objet de consommation[8].
Dans une autre facette du livre Politique sexuelle de la viande, Carol J. Adams avance le terme « anthropornographie », soit la défection d'animal non-humain en tant que prostituées. Adams explique comment l'image de la femme est largement déformée dont les médias en étant représentés par des dessins animent de divers animaux faisant des actes érotiques[9]. D'aprÚs Adams, ces publicités suggÚrent que les femmes veulent du sexe de maniÚre promiscuité. Elle ajoute aussi sur ce sujet : «L'anthropornographie vous donne une prostituée dans votre assiette. Des animaux non humains se prostituent pour vous. Les non-humains vous veulent aussi. Souffrance? Abattage ? Des actes inhumains ? Non. Ils le veulent.»[10]
Activisme
Carol J. Adams a toujours été une grande militante qui se démenait pour les causes sociales. En effet, elle a mené plusieurs luttes pour les femmes, les animaux, ainsi que pour les individus victimes de racisme.
Adams Ă©tait une femme qui appartenait au mouvement politique qui prĂŽne l'Ă©galitĂ© entre les hommes et les femmes. Plus jeune, celle-ci assistait Ă plusieurs rencontres qui sont portĂ©es sur la libĂ©ration des femmes. Encore plus, elle a Ă©tĂ© employĂ©e au centre de libĂ©ration des femmes. Son activisme l'aida Ă faire des liens entre l'oppression des femmes et des animaux. Effectivement, cette derniĂšre utilisait une mĂ©taphore pour comparer la femme Ă un animal, car les deux subissaient des violences. En d'autres mots, l'animal est tuĂ© et fragmentĂ© avant d'ĂȘtre consommĂ©, cela est de mĂȘme pour la femme, elle est victime de pornographie, de prostitution, de viol ou de violence[11].
Par ailleurs, grùce à des recherches et des analyses, Adams constate que plusieurs féministes étaient en fait des végétariennes, elle découvre aussi que des féministes publient divers écrits sur le végétarisme[11].
L'Ă©crivaine apporte un trĂšs grand soutien aux animaux et souhaite que les gens se tournent vers le vĂ©gĂ©talisme pour protĂ©ger les animaux. Elle explique que les nutriments qui nous sont essentiels se trouvent dans les plantes. Il est donc non nĂ©cessaire de tuer des animaux pour se nourrir. Celle-ci crĂ©e mĂȘme le terme « protĂ©ines fĂ©minisĂ©s » pour les produits laitiers et les Ćufs puisque ceux-ci sont des protĂ©ines vĂ©gĂ©tales produites Ă partir du cycle de reproduction des animaux femelles[11].
L'Ă©crivaine prĂ©cise que grĂące Ă l'activisme, elle a appris Ă se mettre Ă la place de l'autre, plus particuliĂšrement Ă la place de l'opprimĂ©. C'est donc Ă l'activisme qu'elle doit son Ă©criture. D'ailleurs, dans une de ses Ćuvres Species Matters, Carol J Adams explique qu'elle et son conjoint Ă©taient militants dans les annĂ©es 1970 contre le racisme[11].
Autres Ă©crits
Elle a Ă©crit d'autres ouvrages dont The Pornography of Meat, oĂč elle fait la comparaison entre les Ă©tales de viande et la reprĂ©sentation des femmes dans les publicitĂ©s et critique la sociĂ©tĂ© de consommation.
Le livre Living Among Meat Eaters: The Vegetarian's Survival Handbook (Vivre avec des mangeurs de viande: le guide de survie du végétarien) conseille les végétariens sur la bonne maniÚre de communiquer lors de repas en famille, avec des collÚgues ou des amis qui pourraient se révéler hostiles à l'égard du végétarisme.
Publications
- (en) The Sexual Politics of Meat: A Feminist-Vegetarian Critical Theory, Continuum, (ISBN 0-8264-0455-3)
- (en) Ecofeminism and the Sacred, Continuum, (ISBN 0-8264-0586-X)
- (en) Neither Man nor Beast: Feminism and the Defense of Animals, Continuum, (ISBN 0-8264-0670-X)
- (en) Woman-battering: Creative pastoral care and counseling series, Fortress Press, (ISBN 0-8006-2785-7)
- Avec Marie M. Fortune. (en) Violence against Women and Children: A Christian Theological Sourcebook, Continuum,
- Avec Josephine Donovan. (en) Animals and women: Feminist theoretical explorations, Duke University Press, (ISBN 0-8223-1667-6)
- (en) The inner art of vegetarianism: Spiritual practices for body and soul, Lantern Books, 2000. (ISBN 1-930051-13-1)
- (en) Journey to gameland: How to make a board game from your favorite children's book, Lantern Books, (ISBN 1-930051-51-4)
- Avec Howard Williams. (en) The ethics of diet: A catena of authorities deprecatory of the practice of flesh-eating, University of Illinois Press, (ISBN 0-252-07130-1)
- (en) « Bitch, Chick, Cow: Women's and (Other) Animals' Rights », dans Sisterhood Is Forever (en), Washington Square Press, (ISBN 0-7434-6627-6).
- (en) Help! My child stopped eating meat!: An A-Z guide to surviving a conflict in diets, Continuum, (ISBN 0-8264-1583-0)
- (en) The Pornography of Meat, Continuum, (ISBN 0-8264-1646-2)
- (en) Prayers for Animals, Continuum, (ISBN 0-8264-1651-9)
- (en) God listens when you're sad: Prayers when your animal friend is sick or dies, Pilgrim Press, (ISBN 0-8298-1667-4)
- (en) God listens to your love : prayers for living with animal friends, Pilgrim Press, (ISBN 0-8298-1665-8)
- (en) God listens to your care : prayers for all the animals of the world, Pilgrim Press, (ISBN 0-8298-1666-6)
- Avec Douglas Buchanan et Kelly Gesch. (en) Bedside, bathtub and armchair companion to Frankenstein, Continuum, (ISBN 0-8264-1824-4)
- (en) Carol J. Adams (dir.) et Josephine Donovan (dir.), The Feminist Care Tradition in Animal Ethics: A Reader, Columbia University Press, (ISBN 978-0-231-14038-6)
- (en) How to eat like a vegetarian even if you never want to be one: More than 250 shortcuts, strategies, and simple solutions, Lantern Books, (ISBN 978-1-59056-137-9)
- (en) Living among meat eaters: The vegetarians' survival handbook, Lantern Books, (ISBN 978-1-59056-116-4)
- Préface pour l'anthologie de Lisa Kemmerer (en) Sister Species: Women, Animals, and Social Justice, University of Illinois Press, (ISBN 978-0-252-07811-8)[12]
Références
- (en) Elizabeth W. Green, « Fifteen Questions For Carol J. Adams », The Harvard Crimson,â (lire en ligne, consultĂ© le ).
- (en) « Carol J. Adams - "Politics and the absent referent in 2014Ⳡ- Neither Man Nor Beast », sur Youtube (consulté le ).
- (en) « Carol J. Adams (Feminist-Vegetarian Author) », sur triroc.com (consulté le ).
- (en) [vidéo] Adams lecturing at Stanford University sur YouTube, octobre 2010.
- (en) Rebecca Myers-Spiers, « Not a piece of meat: Carol J Adams and the feminist-vegetarian connection », Off Our Backs,â (lire en ligne, consultĂ© le ).
- Sylvie Tissot, « Carol Adams : La politique sexuelle de la viande. Une théorie critique féministe végétarienne », sur CAIRN.INFO, (consulté le )
- (en) Mark Molloy, « The Sexual Politics of Meat, A Feminist-Vegetarian Critical Theory », News Books Network,â , p. 1 (lire en ligne)
- Virginie SimoneauâGilbert, Adams, Carol J. (2016) La politique sexuelle de la viande : une thĂ©orie fĂ©ministe critique vĂ©gĂ©tarienne, traduit de lâanglais (Etatsâ Unis) par Danielle Petitclerc, Lausanne,, UniversitĂ© de MontrĂ©al, LâĂge dâHomme, , 357 p. (lire en ligne), p. 309,310
- (en) Kasey Lynn Morris, et Jamie L. Goldenberg, Women, objects, and animals: differentiating between sex- and beauty-based objectification, Department of Psychology, University of South Florida, , 38 p. (lire en ligne), p. 18
- (en) Lisa Kemmerer, « The Pornography of Meat by Carol Adams », sur Philosophy Now (consulté le )
- (en) UniversitĂ© de Rochester et Ăcole de thĂ©ologie de Yale, « Carol J. Adams », sur stringfixer.com (consultĂ© le )
- (en) Lisa A. Kemmerer (préf. Carol j. Adams), Sister Species : Women, Animals, and Social Justice, University of Illinois Press, (ISBN 978-0-252-07811-8, présentation en ligne, lire en ligne).