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Arme Ă  feu

Une arme à feu est une arme visant originellement à toucher une cible à grande distance via des projectiles, au moyen de gaz produits par une déflagration, combustion rapide et confinée d'un composé chimique détonant.

Assortiment d'armes à feu légères.

Depuis quelques siècles, à partir de la Renaissance tardive, les armes à feu sont devenues les armes prépondérantes de l'humanité. Utilisées pour la chasse, certains sports, le crime[1] - [2] et la guerre, elles ont été sources de nouveaux types de blessures et séquelles, et de profondes mutations dans les doctrines militaires[3].

De façon simplifiée on distingue deux grands types d'armes à feu :

  1. les armes légères, armes individuelles, d'un calibre réduit, souvent en dessous de quinze millimètres, que l'on pointe à la main vers une cible visible ;
  2. les armes lourdes, armes collectives, pièces d'artillerie, plus imposantes et nécessitant l'utilisation d'un support (l'affût) pour être mises en batterie. Elles peuvent peser plusieurs tonnes et avoir une portée de plusieurs dizaines de kilomètres ; leur pointage se fait souvent de façon indirecte grâce à des observateurs avancés et par l'utilisation de coordonnées géographiques.

On les classe aussi selon l'automatisation de leur séquence de tir : on distingue ainsi les armes au coup par coup, les armes à répétition, les armes semi-automatiques et les armes automatiques.

Histoire

Canon portatif chinois de la période Yuan (1271-1368).
Arquebusier et son arme Ă  feu (1608).

Les armes à feu actuelles tirent vraisemblablement leur nom du feu nécessaire à l'allumage de la mèche de l'arquebuse, ou du pistolet jusqu'à la platine à mèche.

Les premières armes à feu n'avaient pas encore de projectile, mais se contentaient de projeter des flammes. Elles apparurent en Chine au VIIIe siècle avec les « lances de feu » (Huo Sang), sorte de lance-flammes à l’efficacité pratique restreinte sur un champ de bataille (mais plus large pour ses qualités incendiaires). Leur efficacité psychologique sur des novices pouvait être utile. Les Byzantins connaissaient quant à eux le feu grégeois (sorte de lance-flamme dévastateur) et avaient développé quelques armes à feu rudimentaires[4].

Au XIIIe siècle, les troupes de Gengis Khan utilisaient, de façon marginale, les pots à feu (assimilables aux cocktails molotov). Les pots à feu étaient constitués d'un contenant rempli de combustible qui, en se répandant, créait un foyer incendiaire.

À partir du XIIIe siècle, les Chinois commencent à concevoir des armes en forme de tube (notamment en bambou, puis en métal) dans lesquels une explosion projette différents projectiles grossiers[5]. Cette technologie se transmet rapidement aux Coréens (seulement plus tard aux Japonais) et à l'ouest aux Arabes (via les Mamelouks) Persans et Turcs, et de là aux empires italiens de Méditerranée.

Les premières armes à feu européennes apparurent au cours de la deuxième moitié du Moyen Âge, vraisemblablement au XIIIe siècle, date à laquelle on trouve les premières mentions de ce type d'armes à feu médiévales ; elles introduisent les armes à feu qui vont révolutionner la technologie militaire. Les premiers essais d'armes à feu concernaient surtout des engins d'artillerie, les armes portables se révélant tout d'abord problématiques à mettre en œuvre et moins efficaces que les armes de jet traditionnelles, comme l'arc et l'arbalète.

Les premières pièces d'artillerie furent utilisées conjointement avec l'artillerie névrobalistique, alors en usage pour les sièges. Du fait des limitations technologiques de ces premières réalisations, leur emploi était souvent risqué pour l'attaquant lui-même, les premières bombardes ayant tendance à exploser après quelques tirs, voire dès le premier. Leur efficacité était douteuse, leur projectile se désagrégeant à l'impact au lieu d'entamer la fortification visée.

Les progrès réalisés en métallurgie vinrent peu à peu à bout de ces premières difficultés. Il devint possible, dès la fin du Moyen Âge, de réaliser des canons fiables n'explosant plus que très occasionnellement et les projectiles en fonte s'imposent au détriment de ceux en pierre. L'effet sur les techniques de siège et de fortification est alors fondamental, les plus hautes murailles, gages d'invulnérabilité auparavant, deviennent les plus vulnérables, et l'on doit repenser l'art de protéger une position.

A partir du XVIIe siècle, le développement d'armes à feu individuelles fiables, réutilisables et peu coûteuses permet à l'Europe de dominer militairement l'essentiel des peuples de la planète, jusqu'à la généralisation de ce type d'armes dans tous les pays au cours des XIXe siècle et XXe siècle.

Principe de fonctionnement

Mise en mouvement du projectile

Onde de choc précédant, à l'extérieur de l'arme, une balle supersonique.

Lors d'une étape préalable au tir, dont la nature varie avec le type d'arme considéré, le projectile est placé dans une chambre. Entre le fond de cette dernière et lui se trouve une charge propulsive (le premier composé de ce type utilisé a été la poudre noire, supplanté par la poudre sans fumée).

La charge propulsive subit, lors du tir, une réaction chimique la transformant en partie en gaz. Ce gaz va alors, en se détendant, exercer une pression, propulsant le projectile dans le canon.

La vitesse de cette réaction détermine certaines caractéristiques des gaz produits, en particulier les variations de leurs pression et volume, déterminant de façon directe la vitesse à la bouche, dont dépendent nombre de critères d'appréciation de l'efficacité (énergie donc portée...).

Cette réaction est une déflagration lorsque le fonctionnement de l'arme est normal, ce qui signifie qu'elle progresse dans la charge à une vitesse subsonique, même si elle produit des gaz plus rapides.

En progressant plus rapidement, la rĂ©action pourrait produire des gaz plus rapides ou sous plus forte pression mais Ă©galement devenir une dĂ©tonation, dont l'onde de choc provoque parfois une dangereuse explosion endommageant voire dĂ©truisant la chambre ou le canon. Renforcer l'arme et le projectile de sorte qu'ils tolèrent cela, par exemple afin d'employer une charge propulsive composĂ©e d'un explosif brisant, nĂ©cessiterait une architecture gĂ©nĂ©rale, des natures et quantitĂ©s de matĂ©riaux ainsi qu'un mode de gestion des charges (instables, toxiques...) irrĂ©alistes, c'est pourquoi l'ensemble est conçu de sorte que le rĂ©gime de la rĂ©action reste celui d'une dĂ©flagration. Cela limite la vitesse des gaz produits, donc celle du projectile, Ă  environ 2 000 m/s. Pour lever cette limite, d'autres types d'armes, par exemple des canons Ă©lectromagnĂ©tiques, sont Ă  l'Ă©tude.

La proportion de l'énergie chimique d'une charge propulsive de cartouche contemporaine convertie en énergie cinétique lors d'un tir varie entre un cinquième et un tiers environ, le gros du reste l'étant, de façon à peu près équivalente, d'une part en chaleur des gaz (sans utilité directe pour le tir sinon celle de permettre et d'accompagner la réaction) et, d'autre part, en élévation de la température de l'arme, en particulier de son canon. Le reliquat, généralement inférieur à 10 %, est dissipé par les frottements ou correspond à de la charge non convertie (imbrûlée).

Chargement du projectile

Selon le type d'arme et son degré d'évolution, le fût comporte ou non un système permettant l'insertion du projectile autrement que par la bouche du canon, éventuellement complété par un système permettant de répéter l'opération automatiquement :

  • fĂ»t monobloc (premiers canons, arquebuses),
  • culasse amovible (canons d'artillerie, fusils de chasse),
  • barillet (revolvers) : cylindre percĂ© de part en part, chaque lumière constituant une section de chambre dans laquelle une munition est placĂ©e lors du chargement,
  • culasse Ă  verrou (fusil de prĂ©cision),
  • culasse avec mĂ©canisme de chargement et fenĂŞtre d'Ă©jection, qui chambre une munition (la place dans la chambre) après avoir, si nĂ©cessaire, Ă©jectĂ© l'Ă©tui vide de la prĂ©cĂ©dente.

Mise à feu du mélange déflagrant

Avec les premières armes à feu, la mise à feu s'effectuait manuellement, par embrasement d'une mèche en étoupe à l'aide d'une pierre à briquet ou d'une torche.

Dans les armes à feu modernes, les projectiles contiennent leur propre mélange déflagrant, enfermé dans le fond d'un étui ou d'une douille. Inaccessible à une flamme nue, sa déflagration est déclenchée par un choc brutal produit par un percuteur ou bien par une décharge électrique.

Les armes Ă  feu dans le monde

Les armes légères et de petit calibre sont considérées par l'ONU[6] comme une source potentielle ou avérée (selon les contextes) d'exacerbation de la violence.

Mi-2007, un rapport[7] Ă©tabli par l’Institut universitaire de hautes Ă©tudes internationales de Genève estimait que 650 des 850 millions de petites armes Ă  feu sur Terre (76,5 %) sont en fait dĂ©tenues par des civils, le reste l'Ă©tant par les diverses armĂ©es et forces de l'ordre. Les citoyens des États-Unis dĂ©tiendraient 290 millions d’armes, soit presque une par personne (90 petites armes Ă  feu pour 100 habitants)[8]. Viennent ensuite le YĂ©men (61 armes pour 100 habitants), la Finlande (56), la Suisse (46) et l’Irak (39) alors qu'il y a en 2017 moins d'une arme Ă  feu pour 100 habitants en CorĂ©e du Sud ou au Ghana[9].

La France se situe Ă  un niveau comparable Ă  beaucoup de pays europĂ©ens, avec 32 armes pour 100 habitants[8]. L'âge minimal pour l'acquisition et la dĂ©tention d'armes Ă  feu en Finlande est fixĂ© Ă  18 ans[10] - [11]mais 15 ans pour en utiliser une[12]. On estime que 56 % de la population finlandaise et 38 000 adolescents en dĂ©tiennent une[10] - [11].

L’Inde serait en Asie le pays plus armĂ© (46 millions d'armes privĂ©es, n'appartenant ni Ă  la police ni Ă  l'armĂ©e), mais rapportĂ© Ă  sa population le taux d'armement privĂ© y est parmi les plus bas (quatre pour 100 habitants). De mĂŞme pour la Chine (trois armes Ă  feu pour 100 habitants) et le Nigeria, pays le plus peuplĂ© d'Afrique (une arme pour 100 habitants). Les auteurs notent que la violence armĂ©e et l'insĂ©curitĂ© (au Sud-Soudan par exemple) semblent souvent facilitĂ©es par la disponibilitĂ© des armes Ă  feu pour les civils (en ville notamment), mais que la seule prĂ©sence d'arme ne permet pas d'en prĂ©voir un usage violent.

Le faible nombre d'armes par habitant n'est pas en soi un gage d'absence de violence (ex : le Nigeria ou l'Amérique latine montrent un niveau élevé de violence, sans abondance d'armes à feu chez les civils) ; il n’y a pas de relation claire entre un plus grand nombre d’armes et un niveau de violence accru, concluait Keith Krause (directeur du programme).

10 ans après (en 2017) le Small Arms Survey estime que les citoyens amĂ©ricains dĂ©tiennent 42 % des 650 millions d'armes Ă  feu individuelles en circulation dans le monde[9]. Dans l'Union europĂ©enne (740 millions d'habitants dans 25 pays, soit plus du double qu'aux États-Unis) « seules » 18 personnes meurent par jour par balle, et dans 75 % des cas il s'agissait d'un suicide, d'après le Flamish Peace Institute[9]. De 2010 Ă  2015 il y a eu 8 592 homicides par arme Ă  feu par an (moyenne sur 5 ans), soit plus de cinq fois le taux du Canada voisin[9].

Légalité

Un rebelle avec un lance-roquettes RPG 7 en Centrafrique.

Un baromètre[13] tente de suivre la légalité et la transparence des grands marchés mondiaux d'armes légères, petit calibre et de leurs munitions.

Les chercheurs tentent de différencier :

  • les transferts autorisĂ©s (mais ils peuvent ne l'ĂŞtre que par un seul des deux gouvernements concernĂ©s).
  • les transferts irresponsables (ou « transferts sur le marchĂ© noir »), autorisĂ©s par un gouvernement au moins, mais lĂ©galement douteux pour le droit international, avec risque d’utilisation abusive et/ou de dĂ©tournement vers des usages ou des destinataires non autorisĂ©s, etc. MĂŞme si l'on ne retenait comme « irresponsables » que les transferts interdits par l'ONU, le rapport de 2007 constate que les embargos de l’ONU sur les armes, bien qu'Ă©tant contractuellement obligatoires pour tous les membres de l’ONU, ne sont que peu respectĂ©s, et effectuĂ©s en toute impunitĂ© (ex. : transferts autorisĂ©s par des gouvernements mais faits en secret, vers le Liban, la Somalie et le Soudan en 2006).
  • transferts illĂ©gaux (sur le marchĂ© noir), interdits par les deux gouvernements.
    Les transferts illicites englobent les transferts irresponsables et les transferts illégaux (marché gris/noir). Ils sont difficiles à quantifier.
    Certains transferts autorisés font l'objet de détournements massifs. À titre d'exemple, le rapport Small arms survey 2007 cite le détournement de « plusieurs centaines de milliers d’armes légères transférées par les États-Unis à l'Irak » et de « dizaines de milliers de munitions des troupes de maintien de la paix en Afrique du Sud et au Burundi » depuis 2003.
  • Les transferts secrets (les plus difficiles Ă  mesurer), dĂ©signant ceux qui sont volontairement cachĂ©s par les gouvernements (dĂ©clarations mensongères ou absence totale de dĂ©claration et de transparence).

À cause du trafic d'armes et de munitions et de leur possible usage différé, la conséquence de tous ces transferts peut être éloignée dans l'espace et dans le temps.

En 2 ans (de 2002 Ă  2004), plus de 60 Ă©tats ont laissĂ© faire ou soutenu des transferts de type « irresponsables » en direction de 36 pays .

Quelques chiffres (évaluations, pour petits calibres et armes légères)

Taux de mortalitĂ© par arme Ă  feu pour 100 000 habitants en 2009 dans plusieurs pays du monde.

Selon des estimations, il y aurait, Ă  la fin des annĂ©es 2010, plus d’un milliard d’armes Ă  feu en circulation dans le monde, soit un niveau record[14]. Selon Small Arms Survey, un projet de recherche indĂ©pendant rattachĂ© Ă  l'Institut des Hautes Ă©tudes internationales et du dĂ©veloppement Ă  Genève, 857 millions (85 %) seraient dans les mains de civils, 133 millions (13 %) dans les arsenaux militaires et 23 millions (2 %) au sein des organismes d'application de la loi comme la police[14].

Les grands exportateurs de ces armes (2004) : États-Unis, Italie, Allemagne, BrĂ©sil, Autriche, Belgique puis Chine (ceux qui exportent pour plus de 100 millions de dollars/an).

Les plus grands importateurs (ceux dont la valeur annuelle importĂ©e s’élevait Ă  au moins 100 millions de dollars) : États-Unis, Allemagne, Arabie saoudite, Égypte, France et Pays-Bas.

Transparence des transferts (selon le Baromètre 2007)

  • Les pays les plus transparents sur le commerce des armes lĂ©gères seraient les États-Unis, la France, l’Italie, la Norvège, le Royaume-Uni et l’Allemagne.
  • Les moins transparents : Bulgarie, CorĂ©e du Nord et Afrique du Sud qui n'ont fourni aucune information, ni preuve.

Selon la Small Arms Survey, une enquĂŞte de l'Institut des hautes Ă©tudes internationales et du dĂ©veloppement de Genève sur les armes de poing, il y aurait entre 18 et 20 millions d'armes Ă  feu dĂ©tenues illĂ©galement en France, qui se classerait en septième position mondiale et en deuxième position europĂ©enne pour le nombre d'armes par civil.

Le nombre d'armes dĂ©tenues lĂ©galement en France s'Ă©tablirait quant Ă  lui aux environs de 3 millions se rĂ©partissant de la façon suivante :

  • 762 331 armes soumises Ă  autorisation (actuelles catĂ©gories B dites de tir, de guerre et de dĂ©fense)
  • 2 039 726 armes soumises Ă  dĂ©claration ou enregistrement (armes dites de tir, de chasse ou de salon, catĂ©gories C et D1)[15].

Ces chiffres ne prennent en compte que les armes détenues à titre civil, et non celles détenues par l'état pour sa mission régalienne.

Banalisation ; violence et mortalité par arme à feu

La violence par arme à feu a été banalisée par les guerres, puis à grande échelle par le cinéma et la télévision, certains jeux vidéo pouvant favoriser une « déréalisation de la violence »[16] - [17] notamment parce qu'on n'y meurt jamais vraiment et que le personnage du joueur peut ressusciter[18], et aux États-Unis par la facilité d'accès et de détention au domicile (notamment dénoncée par Michael Moore [19]).

La simple vue d'une image d'arme à feu peut induire une cascade de réactions psychologiques, dont on s'est demandé si elles encouragent la violence ou une conduite plus agressive[20].

Comme pour d'autres formes de violences[21] et les homicides en général[22], il existe une géographie et une épidémiologie du risque de mort par arme à feu[23]. Et une étude récente (publication 2017) faite à Chicago a montré que la violence par arme à feu se répandait dans les réseaux de personnes de manière épidémiologique[24] avec localement des phénomènes d'« endémisme »[25] (causant des morts et blessures qui coûtent 229 milliards de dollars par an aux États-Unis selon Quéré & Raufer (2015)[26].

Les blessures par balles d'armes à feu étaient d'un genre nouveau[27] ; elles ont nécessité une évolution de la médecine[28] et de la médecine légale[29], suscitant l'apparition de nouvelles disciplines telles que la traumatologie balistique[30] - [31].

Sous-dotation de la Recherche sur les effets des morts et tueries par arme Ă  feu

Selon un article rĂ©cent (2017) de la revue JAMA Internal Medicine, alors que la violence par arme Ă  feu se propage un peu Ă  la manière d' « une maladie infectieuse », la lutte contre cette source de dĂ©cès et de blessures graves (plus de 30 000 tuĂ©s/an aux États-Unis en 2015) ne bĂ©nĂ©ficie pas des moyens financiers et de recherche qui seraient attendus au vu de la menace si le problème Ă©tait traitĂ© sous l'angle de santĂ© publique[32]. 200 personnes ont Ă©tĂ© tuĂ©es en moyenne chaque jour aux États-Unis en 2016[24] ; en 2014, 10 945 personnes ont Ă©tĂ© tuĂ©es par balles dans ce pays (l'Ă©quivalent de la population d'une ville de plus de 10 000 habitants) et environ 65 106 autres blessĂ©es[24]).

RapportĂ© au risque d'ĂŞtre tuĂ© par balle, ce facteur de mortalitĂ© devrait attirer des subventions de recherche bien plus importantes et susciter un nombre de publications scientifiques beaucoup plus Ă©levĂ©. Or, durant la dĂ©cennie 2004-2014, seuls 22 millions de dollars ont Ă©tĂ© attribuĂ©s Ă  ce thème (2,2 millions par an en moyenne), au lieu des 1,4 milliard attendus), soit 6200 % d'argent en moins[33] que ce qui serait attendu de la part des seuls financement fĂ©dĂ©raux amĂ©ricains Ă  la recherche si l'on compare la lĂ©talitĂ© de cette forme de violence par rapport Ă  celle des maladies cardiaques[32]. De mĂŞme pour les publications scientifiques qui ne sont que 4 % environ de ce qui serait attendu au vu du nombre de morts par arme Ă  feu.

Si l'on comparait cette fois les financements et publications avec ceux induits par les maladies infectieuses mortelles, les morts par arme à feu ne permettent de lever que 0,7 % de crédits de recherche attendus, et 4 % des publications scientifiques attendues. Rapportée à l'indicateur « nombre de morts », d'après les bases de données de la recherche publique, la recherche sur la violence par arme à feu est aux États-Unis le second thème de recherche le moins financé, derrière la mortalité par les chutes, les accidents de circulation ou même les empoisonnements (et de manière générale les blessures issues de violences font l'objet de moins de recherche (et de publications) que les autres sources de mortalité)[32]. Les auteurs plaident pour que cette disproportion soit levée, d'autant qu'une part importante de cette mortalité est une mortalité évitable[34]. Elle touche en outre significativement plus de jeunes que d'adultes mûrs[32], quant au nombre d'années perdues et pouvant être épargnées, ou d'années de handicap induites, la disproportion d'intérêt est encore plus marquée que rapportée à l'intérêt pour les accidents de la route par exemple[32] (Des remarques similaires ont été faites sur les dégâts auditifs induits par les coups de feu[35] - [36], et en 2014-2015 pour le saturnisme induit par les munitions (de chasse notamment) qui a fait l'objet de nombreuses études concernant le monde animal mais de très peu de publications relatives à son existence et ses effets chez l'Homme). Selon les auteurs de l'article, des études basées sur les outils épidémiologiques existants suffiraient à prédire les personnes à risque et à mieux protéger les citoyens[32]. Des commentateurs de l'étude suggèrent que « la violence par arme à feu se développe à la manière d'une maladie et mérite des ressources médicales et en santé publique »[33].

Le lobby des armes a freiné les tentatives de recherche sur ce thème, y compris en pesant politiquement : ainsi un projet de loi de budget du Congrès de 1996 stipulait que « aucun des fonds mis à disposition des Centers for Disease Control and Prevention (CDC) pour la prévention et le contrôle des blessures ne peut être utilisé pour défendre juridiquement ou promouvoir le contrôle des armes à feu » et des restrictions de ce type ont été faites à l'égard des National Institutes of Health et d'autres agences de soutien à la recherche)[32]. Même si la loi n'interdit pas explicitement cette recherche sur le phénomène de violence liée aux armes à feu, elle la défavorise[32]. En 2016, l'Association américaine pour l'avancement des sciences (éditeur de la revue Science) a appelé le Congrès à lever les restrictions sur le financement de la recherche sur les armes à feu, sans succès[37]. Le seul programme de recherche dédié (ouvert en janvier 2014) était intitulé « Recherche sur les déterminants de santé et les conséquences de la violence et de sa prévention, particulièrement à propos des armes à feu ». Il s'est clos en janvier 2017 après avoir financé 18 projets de recherche dont 14, équivalant à 11,4 millions de dollars sur 18 millions, contiennent les mots "firearm", "firearms gun", "guns", "handgun", "shootings", ou "weapons" dans leur titre ou résumé.

Dès janvier 2017, l'administration Trump semble avoir au moins gelĂ© le dispositif d'aide Ă  la Recherche mis en place sous l'Ă©gide de Barack Obama après la tuerie de l'Ă©cole primaire Sandy Hook. Selon le journal Science : « les directeurs des instituts des NIH tiennent fermement Ă  ne pas renouveler leur programme de recherche ciblĂ© sur les armes Ă  feu », c'est-Ă -dire Ă  mettre fin Ă  l'initiative de recherche nĂ©e en 2012 sur la violence armĂ©e, bien qu'au moins une trentaine de membres de la Chambre des ReprĂ©sentants des États-Unis aient au contraire exhortĂ© les NIH Ă  prolonger cette initiative, rappelant que rien qu'en 2015, cette forme de violence a blessĂ© sur le territoire des États-Unis plus de 80 000 personnes (dont 60 000 survivant Ă  des tentatives de meurtre ou blessures par balle perdue, ainsi que 3 700 personnes ayant survĂ©cu Ă  une tentative de suicide par arme Ă  feu). De plus, près de 34 000 amĂ©ricains sont morts de ces violences : pour les 2/3 par suicide Ă  l'arme Ă  feu et pour 1/3 par assassinat[38] - [39]. Les crĂ©dits du NIH (bloquĂ©s depuis janvier 2017[40]) devraient ĂŞtre rĂ©orientĂ©s vers la violence en gĂ©nĂ©ral ou induite par l'abus d'alcool. Les chercheurs travaillant sur la violence armĂ©e pourront encore postuler Ă  des financement NIH via le canal gĂ©nĂ©ral, oĂą ils seront en concurrence avec des milliers de demandeurs sur d'autres projets[41].

Selon le NIH, deux subventions concernant les armes Ă  feu ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© accordĂ©es de cette façon (pour 1,4 million de dollars)[42]. Garen Wintemute, mĂ©decin urgentiste pilotant un programme de recherche sur la prĂ©vention de la violence Ă  l'UniversitĂ© de Californie, reconnait l'importance du facteur "alcool" qu'il Ă©tudie lui-mĂŞme (il Ă©tudie les liens entre des arrestations antĂ©rieures liĂ©es Ă  l'alcool et le risque de commettre dans le futur une infraction criminelle avec armes Ă  feu, parmi 116 000 acheteurs lĂ©gaux en Californie), mais dĂ©plore le manque de soutien directement allouĂ© Ă  la violence par arme Ă  feu, par rapport Ă  l'ampleur des dĂ©gâts qu'elle occasionne. Ce manque de financement par rapport aux enjeux sociĂ©taux est selon lui un cas « unique »[41].

Lien de cause à effet entre disponibilité et taux élevé de mort par balle

L'article Estimation du nombre d'armes à feu par habitant par pays avance des chiffres qui montrent qu'entre la disponibilité des armes à feu légales et le nombre d'homicides par arme à feu, on ne peut pas établir un lien de cause à effet.

Deux exemples extrêmes, les États-Unis où les armes sont les plus nombreuses et le Brésil ou le nombre d'homicide par arme à feu est le plus élevé :

  • Aux États-Unis, le nombre d'armes Ă  feu serait d'environ 90 pour 100 habitants, soit un total voisin de 292 millions d'armes, le nombre d'homicides est annuellement de 9 200 environ[43].
  • Au BrĂ©sil, oĂą le nombre d'homicides par arme Ă  feu est d'environ 36000[43], le nombre d'armes Ă  feu pour 100 habitants serait d'environ 8.

En Suisse, où les armes sont relativement nombreuses par le fait que nombre de personnes conservent à la maison leur arme militaire, le nombre d'homicides est très faible : « Entre 2009 et 2016, le nombre moyen d’homicides en Suisse chaque année était de 49 »[44]. Le nombre en Finlande, autre pays très fortement armé, est nettement plus élevé.

Aux États-Unis, les statistiques comparées entre États montrent globalement que dans les États où la population est la plus armée, le taux de tués par arme à feu est plus élevé.

En 2008, en moyenne 10,38 personnes Ă©taient tuĂ©es par balles (intentionnellement ou non) pour 100 000 habitants – soit près de 30 000 morts sur l’annĂ©e.

Dans les cinq États oĂą le pourcentage de foyers possĂ©dant une arme Ă  feu Ă©tait le plus Ă©levĂ© ([Wyoming (62,8 %), Alaska (60,6 %), Alabama (57,2 %), Mississippi (54,3 %), Louisiane (45,6 %)])[45], le taux de tuĂ©s par balles Ă©tait bien supĂ©rieur Ă  la moyenne nationale (de 17 Ă  20 tuĂ©s pour 100 000 habitants). Inversement, dans les cinq États caractĂ©risĂ©s par le plus faible taux de possession individuelle d'armes Ă  feu ([Hawaii (9,7 %), New Jersey (11,3 %), Massachusetts (12,8 %), Rhode Island (13,3 %), New York (18,1 %)]), le nombre de morts Ă©tait bien plus faible (de 3 Ă  5 pour 100000)[46]

Ceci Ă©tant, le pays oĂą la violence par arme Ă  feu est la plus importante, en dehors des zones de guerre, est le BrĂ©sil oĂą on comptabilise presque 35 000 meurtres par arme Ă  feu chaque annĂ©e[43].

Les pays oĂą le nombre annuel moyen d'homicides par arme Ă  feu, relativement Ă  la population, est le plus Ă©levĂ©, sont : le Honduras (56 homicides pour 100 000 habitants), le Salvador (42/100 000) et la JamaĂŻque (39/100 000). Ces valeurs sont Ă  comparer au taux de 3/100000 aux États-Unis, 2/100000 en Russie, 0.4/100000 en Finlande et 0.2/100000 en France[47].

Dans de très nombreux pays d'Amérique centrale et du Sud, on constate en moyenne annuelle des nombres de crimes par arme à feu très élevés : 13314 au Mexique, 12529 en Colombie, 9952 au Venezuela, 5021 au Guatemala. La culture du meurtre par arme à feu semble donc être bien installée en Amérique, pas seulement aux États-Unis, et proportionnellement à la population, moins aux États-Unis que dans de nombreux autres pays.

D'après une étude de l'ONU sur des données de 2012, le taux d'utilisation d'armes à feu pour commettre des homicides était de 41 % dans le monde, 66 % en Amérique, 28 % en Afrique et en Asie, 13 % en Europe, 10 % en Océanie [47].

Importance du délai entre l'achat et la réception

En 2017, une étude américaine financée par la Harvard Business School et notamment conduite par Deepak Malhotra (chercheur en négociation/résolution de conflits) et un économiste (Michael Luca) a confirmé qu’une période d'attente obligatoire entre la vente d'une arme à feu et sa livraison au client sauverait des centaines de vies par an rien qu’aux États-Unis.

Divers travaux conduits dans d’autres pays avaient dĂ©jĂ  suggĂ©rĂ© qu’un tel temps de latence pouvait apaiser certaines des pulsions violentes et criminelles suscitĂ©es par la colère, de mĂŞme que certaines pulsions suicidaires, notamment chez les adultes jeunes de sexe masculin (avec d’un « dĂ©lai de rĂ©flexion » de 28 jours imposĂ© par la loi avant l'achat d'armes Ă  feu) selon une Ă©tude australienne de 1995[48].

De 1970 Ă  2014, 43 Ă©tats et Washington D.C. disposaient d’une lĂ©gislation imposant un certain dĂ©lai d’attente.

Les auteurs de l’étude ont comparĂ© les taux d’homicide par arme Ă  feu selon le dĂ©lai lĂ©gal de livraison (qui selon les États amĂ©ricains, quand il existe varie de 2 Ă  7 jours)[49]. RĂ©sultat : Tous les États ayant imposĂ© un dĂ©lai d’attente (peu importe la durĂ©e totale du dĂ©lai) prĂ©sentaient moins d’homicides (17 % en moins en moyenne pour les crimes et 10 % environ de suicides en moins)[49].

L’étude note aussi qu’en 1994 une loi sur la prĂ©vention de la violence avec armes de poing a exigĂ© des vĂ©rifications d’antĂ©cĂ©dents pour tout client achetant ce type d'armes, avec 5 jours obligatoires d’attente (dĂ©lai jugĂ© minimal pour faire les vĂ©rifications demandĂ©es par cette loi). Ce texte s’est appliquĂ© immĂ©diatement dans tout le pays, imposant Ă  19 Ă©tats jusqu’alors sans pĂ©riodes d'attente de les imposer. Une analyse rĂ©trospective des statistiques a montrĂ© que le nombre d’homicides par arme Ă  feu a alors chutĂ© de 17 %, pendant que le taux officiel de suicides par arme Ă  feu chutait lui de 6 %[49].

En 1998, sous la pression du lobby des armes à feu, un système de « vérification instantanée des antécédents informatisés » a supprimé cette période d'attente (sauf pour certains États qui ont tenu à les conserver)[49]. Les 17 états ayant conservé ce délai d'attente ont évité environ 750 homicides par arme à feu par an[49]. La relation de cause à effet est difficile à prouver, mais par extrapolation statistique, il semblerait que si les 50 états et Washington D.C. adoptaient tous une période d'attente obligatoire, ce sont 910 vies supplémentaires qui seraient épargnées[49]. Sur cette base, Raja Krishnamoorthi (D-IL) a proposé un projet de loi imposant une attente de trois jours entre l'achat d'un fusil et sa livraison, « à peu près aussi longtemps que vous attendriez un achat Amazon » a commenté Deepak Malhotra dans le journal Science[37].

Effets des législations sur les homicides par arme à feu

Après les guerres notamment, ou dans le cadre des luttes contre la criminalité, le contrôle des armes à feu et de leur entreposage est un enjeu pour la sécurité intérieure des États[50]. On admet généralement que la facilité d'accès à une arme à feu augmente le risque de suicide au moyen de cette arme[51] - [52] - [53] mais les effets d'une loi sur le risque d'homicide ont longtemps été controversés, par exemple aux États-Unis et en Australie[54], notamment parce que les premières études qui ont porté le lien entre les lois sur le contrôle des armes et les tués par balle manquaient de puissance statistiques (cela a par exemple été le cas des travaux de Bridges en 2002 [53]; de Lester en 2001 [55] ; de Mundt en 1990 [56] et de Scarff en 1983 [57]).

Depuis, des études statistiquement renforcées ont démontré l'efficacité de ces lois. Ainsi, les lois canadiennes C-51 (1977), C-17 (1991) et C-68 (1995) votées pour améliorer le contrôle des armes et mieux prévenir les homicides ont eu un effet positif avec une réduction de 5 à 10 % (selon les provinces) des homicides). Cette réduction a été plus nette pour les homicides commis par fusils de chasse et carabines.

L'effet de diminution de l’accessibilité et de la disponibilité de ces armes semble être plus important que le durcissement des peines également prévues par le législateur[58].

Conséquences environnementales

Outre les apports d'origine militaire (entraĂ®nements, conflits et leurs munitions non-explosĂ©es ou munitions immergĂ©es), l'usage de certaines munitions en pleine nature ou dans les champs et prairies (chasse et ball-trap surtout) contribue de manière non nĂ©gligeable Ă  la pollution de l'environnement ; plusieurs dizaines de milliers de tonnes de plomb sont ainsi dispersĂ©es dans l'environnement chaque annĂ©e par la chasse et le ball-trap (8 000 t par an environ, en France dans les annĂ©es 1990, dont 6 000 t par la chasse[59]), qui se surajoutent aux apports des annĂ©es prĂ©cĂ©dentes de certaines pollutions diffuses de l'environnement (plomb toxique des balles ou de la grenaille, mĂ©taux lourds des amorces et de fumĂ©es de tir qui sont diffusĂ©s dans l'environnement, dĂ©chet toxique en quantitĂ© dispersĂ©e (DTQD) Ă©tant notamment source de saturnisme animal, aviaire en particulier et de saturnisme humain).

Armes à feu comme source de mortalité

Dans le monde

Les données à l'échelle mondiale, bien qu'imprécises, sont estimées à 2 millions de morts violentes, chaque année[60]. Selon les données de l'OMS, elles se répartiraient en 42 % de suicides, 32 % d'homicides, et 26 % de guerres.

Des donnĂ©es de 52 pays Ă  moyens et hauts revenus — non soumis Ă  des conflits civils — tenant un compte prĂ©cis indiquent que pour une population combinĂ©e d'environ 1400 millions de personnes, environ 115 000 sont tuĂ©es de la sorte, chaque annĂ©e[60].

Morts civils par arme Ă  feu dans quelques pays de l'OCDE[61]
Pays Morts par
arme Ă  feu
Population totale Rapport
1983
Royaume-Uni855,8 millions1/7 000 000
Allemagne de l'Ouest5378 millions1/1 470 000
États-Unis10 838226 millions1/20 900
1994
Royaume-Uni26158,5 millions1/224 000
États-Unis37 500264 millions1/7 040

La mortalitĂ© par arme Ă  feu varie considĂ©rablement selon les pays et les Ă©poques. Elle est Ă©levĂ©e dans certains pays mĂŞme en temps de paix. Ainsi, dans les annĂ©es 2010, aux États-Unis, plus de 33 000 personnes meurent chaque annĂ©e par arme Ă  feu (accidents, homicides et suicides) ; c’est autant que tous les morts par les accidents de la circulation du pays[37].

Il existe curieusement une exception aux États-Unis : la Californie, dont le taux de mortalité annuel due à la violence armée a diminué d'environ 20 % de 2000 à 2016 alors que le taux national ne changeait pas dans le pays. Ce phénomène n'a pas encore été expliqué[62] (c'est aussi l'État le plus impliqué dans la lutte contre le saturnisme induit par les munitions[63]).

États-Unis

Il est facile de s'y procurer légalement armes et munitions.

Le contrĂ´le des armes Ă  feu y est influencĂ© par le lobby des armes Ă  feu (National Rifle Association of America, NRA), qui s'appuie sur la seconde partie du second amendement de la Constitution amĂ©ricaine, en omettant de rappeler sa première partie (qui le contextualise en rappelant qu'il vise Ă  permettre l'existence d'une communautĂ© armĂ©e dĂ©signĂ©e comme « milice bien organisĂ©e »[64] destinĂ©e Ă  protĂ©ger un « État libre »[65]) ; Il est aussi facile de se dĂ©placer avec une arme. Ainsi, l'auteur de la tuerie de Charleston a utilisĂ© le pistolet qu'il a reçu comme cadeau d'anniversaire pour ses 21 ans[66] et, au mĂŞme moment, le gouvernement du Texas autorisait le port d'armes aux Ă©tudiants dans tous les campus de l'État Ă  partir du 1er aoĂ»t 2016.

Ce sujet a Ă©tĂ© traitĂ© par un documentaire de Michael Moore (Bowling For Columbine, 2002) tentant d'expliquer ou contextualiser le massacre du lycĂ©e de Columbine (en 1999, oĂą 12 lycĂ©ens et un professeur avaient Ă©tĂ© abattus par deux Ă©lèves)[66].
À l'époque d'Obama, 58 % des sondés américains se disaient favorables à une législation souhaitée par le président et visant à limiter la circulation des armes et l'accès aux armes à feu, mais le Sénat n'a pas suivi le président dans ce sens[66].

Les États-Unis sont, parmi les pays en paix intĂ©rieure (sans guerre civile), celui oĂą le risque de mourir d'une arme Ă  feu et/ou dans une tuerie de masse est le plus Ă©levĂ© : en 2012, 8 855 morts par arme Ă  feu (hors suicide) y ont Ă©tĂ© comptabilisĂ©s (contre 430 en France). En 2015, c'est l'Ă©quivalent d'une ville entière : près de 34 000 amĂ©ricains ont Ă©tĂ© ainsi tuĂ©s (dont 2/3 par suicide Ă  l'arme Ă  feu et 1/3 par assassinat)[66]. En 2022, 44.000 dĂ©cès par armes Ă  feu ont Ă©tĂ© recensĂ©s aux États-Unis, dont une moitiĂ© dans des affaires de meurtres et une autre moitiĂ© par suicides[67]. Il faut ajouter Ă  ce chiffre plus de 80 000 personnes plus ou moins gravement blessĂ©es et handicapĂ©es : 60 000 sont des survivants de tentatives de meurtre ou ont reçu une ou plusieurs blessures dues Ă  des balles perdues ; et 3 700 autres personnes sont des survivants de tentatives ratĂ©es de suicide par arme Ă  feu[66], souvent gravement handicapĂ©s.

Les jeunes et les enfants sont particulièrement touchés : en 2017, les blessures par balles sont la troisième cause de mortalité chez les enfants aux États-Unis ; 25 mineurs y meurent chaque semaine par balle et 91 % des enfants tués dans le monde par des armes à feu le sont dans ce pays[68] - [69].

Les gouvernements américains successifs semblent paralysés par le lobby des armes ou le soutiennent (après la fusillade de Las Vegas, Donald Trump a annulé un projet de loi [lancé par l'administration Obama] qui aurait rendu difficile l'achat d'une arme à feu pour une personne démontrée atteinte d'une maladie mentale[9]).

Une étude des fusillades de masse dans 171 pays a conclu que, de 1966 à 2012, plus du tiers de ces fusillades ont eu lieu aux États-Unis[9] (avec selon Lankford, son auteur, une corrélation entre le nombre de tirs en masse dans un pays et le taux de possession d'armes à feu). Ces fusillades semblent en augmentation (383 en 2016 contre 333 en 2015 selon Gun Violence Archive)[9].

Dans les années 2000-2010, moins d'Américains possèdent une arme, mais ceux qui en possèdent en achètent et en stockent plus [70].

Australie

Après qu'un homme armĂ© a, en 1996, avec un fusil semi-automatique, tuĂ© 35 personnes sur un site touristique connu en Tasmanie, l'Australie a radicalement renforcĂ© sa lĂ©gislation sur les armes Ă  feu (interdiction d'armes Ă  tir rapide et règles de propriĂ©tĂ© durcies avec possibilitĂ© de faire racheter ses armes anciennes par l'État qui les dĂ©truit)[9] ; vingt ans après, aucune nouvelle tuerie n'a eu lieu alors qu'on en compte plusieurs par an aux États-Unis et qu'avant la nouvelle loi, en dix-huit annĂ©es, l'Australie avait subi treize fusillades de masse (104 morts).

Serbie

En Serbie, une importante présence des armes et une culture des armes à feu explique plusieurs drames parmi lesquels :

La Serbie a des lois strictes sur les armes à feu mais aussi l'un des taux de possession d'armes à feu par habitant les plus élevés au monde[72] - [73]. En 2018, ce pays des Balkans se place au troisième rang des pays du monde, derrière les États-Unis et le Yémen[74], pour la circulation des armes à feu avec 39 armes pour 100 habitants[71]. D'après les données de l'ONG suisse Small Arms Survey, il y avait 2,7 millions d'armes à feu détenues par les civils en Serbie en 2018[71]. 1,18 million étaient officiellement enregistrées et 1,53 million étaient non déclarées[71]. De nos jours, des centaines de milliers d'armes à feu circulent dans le pays[75]. 765 000 armes, dont plus de 232 000 pistolets, sont légalement enregistrées en Serbie, un état d'environ 7 millions d'habitants[75]. Une partie de l'arsenal ayant servi à perpétrer les attentats de 2015 en France provenait des Balkans[71].

Pendant les années 1990, les conflits liés à l'éclatement de la Yougoslavie ont favorisé la circulation de nombreuses armes à feu dans la région. Une fois la paix revenue, les armes ont continué à être produite par les industries de l'armement locale et les stocks de l'armée ont été détournés[71]. Aujourd'hui encore, les armes sont relativement bon marché : une arme de poing s'achète 150 euros, un fusil d'assaut 250 euros, et beaucoup sont exportées. La culture des armes marque la société serbe : ainsi, pendant les célébrations, il est fréquent que des gens tirent en l'air[71]. Les armes à feu sont employées pour régler les différends quotidiens[71]. De plus, la pratique de la chasse est très répandue[71]. Les stands de tirs sont très populaires en Serbie[74].

Pourtant, le port d'armes à feu est encadré en Serbie : les mineurs ne peuvent en avoir une qu'avec un permis délivré par la police[71] - [75]. Le port d'armes est conditionné à un examen médical qui doit être refait tous les cinq ans[71]. Pour pouvoir posséder une arme, il ne faut pas avoir été condamné pour un crime, ne pas présenter de trouble mental, d'alcoolisme ou de consommation de drogues. La fusillade de l'école élémentaire Vladislav Ribnikar s'est produite la veille, ce qui a conduit le gouvernement serbe à proposer une réglementation plus stricte sur la possession d'armes à feu[76].

France

Selon les statistiques disponibles concernant les causes mĂ©dicales de dĂ©cès par arme Ă  feu pour la pĂ©riode de 20 ans 1979–1999[77], si l'on retire la rubrique E 965.4 « Armes Ă  feu autres et non prĂ©cisĂ©es », les fusils et carabines de chasse sont largement surreprĂ©sentĂ©s dans les suicides, blessures accidentelles et mĂŞme les attentats par rapport aux armes de poings et fusils de guerre.

Pour 1999, les statistiques (qui sous-estiment d'environ 20 % le nombre rĂ©el de morts par arme Ă  feu selon l'Inserm) ont fait Ă©tat en France de « 2 607 dĂ©cès par arme Ă  feu, quelle qu'en soit la nature : accident, suicide, homicide ou indĂ©terminĂ©e quant Ă  l'intention », qui se rĂ©partissent en 78 % pour les suicides, 6 % pour les homicides et 4 % pour les accidents (les 12 % restant correspondent aux cas que le mĂ©decin certificateur n'a pas pu classer en accident, suicide ou homicide)[77]. Le poids des dĂ©cès par arme Ă  feu a Ă©tĂ© en 1999 de 0,5 % dans la mortalitĂ© toutes causes confondues (537 459 dĂ©cès) mais de 6,0 % dans la mortalitĂ© par mort violente (43 783 dĂ©cès)[77].

Le taux brut de dĂ©cès par arme Ă  feu correspondant Ă©tait de 4,4 pour 100 000 en 1999, avec environ 10 fois plus d'hommes que de femmes tuĂ©s par arme Ă  feu cette annĂ©e-lĂ  (2 332 hommes tuĂ©s pour 275 femmes)[77]. « Tous les âges de la vie sont touchĂ©s par les dĂ©cès par arme Ă  feu, y compris les âges extrĂŞmes : 26 dĂ©cès entre 1 et 14 ans, et 120 dĂ©cès au-delĂ  de 85 ans. Les dĂ©cès par arme Ă  feu augmentent très fortement dès l'âge de 10 ans jusqu'Ă  50 ans oĂą ils atteignent leur valeur maximale (269 dĂ©cès). On observe ensuite une diminution de leur nombre jusqu'Ă  64 ans, puis un nouvel accroissement jusqu'Ă  80 ans. On constate après cet âge une baisse continue mais irrĂ©gulière du nombre de dĂ©cès par arme Ă  feu »[77]. On constate une surmortalitĂ© chez les hommes seuls (veufs, divorcĂ©s ou cĂ©libataires) et des disparitĂ©s gĂ©ographiques importantes (surmortalitĂ© selon un gradient Nord/Sud-Ouest et Sud-Est).
D'après l'INSERM toujours, en France, 2 105 personnes sont mortes par arme Ă  feu en 2005, dont 1 653 se sont suicidĂ©es. Il faudrait ajouter Ă  ces chiffres d'autres sĂ©quelles possibles liĂ©es Ă  l'utilisation d'une arme Ă  feu (intoxication par le mercure ou le plomb (saturnisme) pour les pratiques en stand de tir, troubles de l'audition, invaliditĂ©s physiques ou sociopsychologiques après un accident, blessures volontaires ou dĂ©fensives lors d'une rixe, etc.).

En 2014, le Centre d'épidémiologie sur les causes médicales de décès dénombrait 1594 décès par arme à feu répartis en 24 accidents, 89 homicides, 1102 suicides et 379 causes indéterminées. La tendance de l'évolution de la mortalité par arme à feu dans ce pays est donc à une très forte baisse puisque, selon le même organisme, le total était de 2187 décès en 2005 et de 1793 décès en 2010[78].

Types d'armes Ă  feu

Une mitrailleuse Browning M2 de calibre 12,7 mm .
Soldat de l'US Navy en train de tirer avec une carabine Mk 18 Mod 1.

Marques et termes célèbres

Un fusil d'assaut AKM-59 (1er plan) et un pistolet mitrailleur HK MP5K (2d plan).

Types de projectiles

Les plus anciens projectiles utilisés étaient des boulets inertes en fonte ou en pierre. Ensuite, pour les armes de plus petit calibre, on a utilisé de la mitraille (petits morceaux de fer ou de plomb).

On utilise actuellement des projectiles encapsulés dans une douille contenant aussi les matériaux assurant la propulsion (mélange déflagrant et une amorce déclenchant cette dernière). Une arme est donc chambrée pour une munition donnée qui définit strictement la forme et les dimensions (calibre, mais aussi longueur et morphologie de sa douille) et de puissance. Une munition peut être déclinée en différentes versions, avec notamment des projectiles et charges différents.

Le contenu de la partie utile peut grandement varier (selon le type d'utilisation de l'arme) :

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Voir aussi

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Articles connexes

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