SlutWalk
Les Slutwalk sont une série de manifestations féministes commencées le à Toronto, au Canada, et devenues par la suite un mouvement international. Les participantes protestent contre le viol, les violences sexuelles, la culture du viol, la stigmatisation des victimes/survivantes (victim blaming) et le slutshaming. Lors de ces manifestations, de nombreuses femmes choisissent de s'habiller de manière jugée provocante afin de faire passer le message suivant : « Ne nous dites pas comment nous comporter, dites-leur de ne pas violer »[1].
Histoire
Les rassemblements ont commencé lorsque Michael Sanguinetti, un officier de la police de Toronto, a suggéré que pour diminuer les risques de subir un viol, « les femmes devraient éviter de s'habiller comme des salopes »[2]. Le lendemain, les femmes et les hommes de Toronto descendaient dans la rue pour protester contre ces déclarations. Depuis lors, des mouvements Slutwalk sont nés partout dans le monde.
Mouvement international
Suisse
Slutwalk Suisse est né en 2012 à Genève sous la forme d'un collectif. Il rassemble des militantes lausannoises ayant participé à une marche de nuit et des militantes genevoises qui s'étaient rassemblées autour de témoignages de viol. Ce rapprochement donne lieu à la première Marche des Salopes à Genève, le 6 octobre 2012[3] - [4] - [5] - [6] sous la forme d'une marche suivi d'un espace de témoignages et d'une performance d'effeuillage burlesque.
Le 13 octobre 2013, la deuxième Marche des Salopes a lieu à Genève[7] - [8] - [9]. Lors de la deuxième Marche des Salopes ont lieu plusieurs témoignages et des palmes de la culture du viol sont distribuées[10] - [11]. À l'issue de la Marche, des questionnaires distribués, sous forme de plaintes symboliques, ont été comptés et ont pu servir à faire quelques statistiques informelles sur les violences sexuelles à Genève : 83 % des sondés ont vécu du harcèlement de rue, 54 % ont subi des attouchements, 30 % un viol, 25 % un cas de harcèlement au travail et 21 % de l'homophobie, de la part de personnes connues ou inconnues et 32 % ont été culpabilisés en tant que victime[12].
Durant l'année 2013, le collectif travaille à un projet : le site de la prévention suisse de la criminalité donne des conseils aux femmes pour "se protéger des violences sexuelles perpétrées par des inconnus". Le collectif estime que ces conseils sont problématiques[13] (liberticide et mettant la responsabilité de leur agression sur les femmes) et leur envoie un dossier pour leur proposer des pistes d'amélioration[14]. Le site internet, représentant une conférence suisse des départements cantonaux de Justice et Police, n'a pas adapté ses conseils à la suite de cette proposition.
En avril 2014, le collectif organise une conférence à l'Université de Lausanne donnée par les fondatrices du projet Unbreakable[15], qui avait beaucoup inspiré les premiers témoignages à la base de la création de l'association. Cette conférence est organisée en collaboration avec l'Université de Lausanne et la RTS.
En mai 2014, pour pérenniser le travail du groupe, l'association est créée au sens de la loi suisse[16].
En juin 2014, l'association remet au Conseil d'État du canton de Genève les plaintes symboliques qu'elle a collectées pendant la marche 2013 et complétées par d'autres plaintes reçues entre-temps. Les résultats de ces plaintes sont : 83 % des sondées ont été victimes de harcèlement de rue, 54 % d’attouchements, 32 % de stigmatisation en tant que victimes, 30 % de viol, 25 % de harcèlement au travail et 21 % d’homophobie[17] - [18] - [19].
En juin 2014, la première du documentaire Salope en Marche d'Anne-Claire Adet[20], a lieu au Clot Voltaire.
Le 13 septembre 2014, en lieu et place de la Marche, la Kermesse des Salopes est organisée : elle regroupe plusieurs associations et institutions qui traitent des questions de violences sexuelles à Genève (Viol Secours, Feminista, la Fédération LGBT, le 2e observatoire, la librairie Livresse...). Lors de la journée, plusieurs activités ont lieu. Une fête foraine est organisée sur la place des Volontaires, un cours d'autodéfense féministe est organisé, une exposition de photo est mise en place à la barje des Volontaires, ainsi qu'une projection de plusieurs films, dont Salope en Marche, et des témoignages ont lieu sur la scène, ainsi qu'une remise des palmes de la culture du Viol[21].
A l'occasion de la Semaine de l'égalité 2018 à Genève, Slutwalk Suisse a créé une exposition féministe intitulée « Mais t'étais habillé.e.x comment ? »[22]. Composée des vêtements que la victime/survivante portait au moment de son agression sexuelle ainsi que du témoignage relatant cette agression, l'exposition a pour but de dénoncer et de déconstruire la culpabilisation des victimes qui leur fait porter la responsabilité de l'agression à la place de leur auteur. "Mais t'étais habillé comment?" montre qu'il y a en réalité autant de tenues et de situations différentes que de victimes/survivantes.
Références
- Slutwalk : lâcher de « salopes » à Paris, Terrafemina.
- (en) Brittany Leach, « Slutwalk and Sovereignty: Transnational Protest as Emergent Global Democracy », APSA,‎ , p 9 (lire en ligne)
- « La première marche des salopes en Suisse a eu lieu samedi à Genève », sur Play RTS (consulté le )
- « https://www.tdg.ch/geneve/actu-genevoise/400-salopes-marchent-geneve/story/13336229 », sur www.google.ch (consulté le )
- « Les «Salopes» débarquent à Genève », sur lematin.ch/ (consulté le )
- «Quand je dis non, c’est pas oui, c’est non», sur lematin.ch/ (consulté le )
- « Les «Salopes» défilent pour défendre leur liberté », sur tdg.ch/ (consulté le )
- « La «Marche des salopes» réunit 200 manifestants », sur lematin.ch/ (consulté le )
- « Défilé de "salopes" contre les violences sexuelles à Genève », sur rts.ch (consulté le )
- « PV de l'assemblée générale constitutive de l'association Slutwalk Suisse »
- « Panpan cucul | L'Hebdo », sur www.hebdo.ch (consulté le )
- « 20 minutes - «Macho t'es foutu, les salopes sont dans la rue» - Geneve », sur 20 Minutes (consulté le )
- (en) « Slutwalk.ch », sur slutwalk.ch (consulté le ).
- (en) « Slutwalk.ch », sur slutwalk.ch (consulté le ).
- « Play », sur La Télé (consulté le )
- « Les «Salopes» consolident leurs positions », sur tdg.ch/ (consulté le )
- Geraldine Pompon, « Visibiliser l’invisible : remise des plaintes symboliques récoltées durant la marche de 2013 | Slutwalk Suisse » (consulté le )
- « Visibiliser l'invisible », sur Site de l'emiliE (consulté le )
- « GE: la Marche des salopes a déposé des plaintes symboliques de femmes victimes de harcèlement », sur Play RTS (consulté le )
- Salopes en marche I English subtitles (lire en ligne)
- «La femme peut aussi dire non», sur tdg.ch/ (consulté le )
- Julie Eigenmann, « L’expo «Mais t’étais habillé-e-x comment?» démonte les clichés », tdg.ch/,‎ (lire en ligne, consulté le )
- Nic Ulmi, « En culotte contre les agressions sexuelles », sur Le Temps.ch (consulté le )