Violence sexuelle
La violence sexuelle est « tout acte sexuel, tentative pour obtenir un acte sexuel, commentaire ou avances de nature sexuelle, ou actes visant Ă un trafic ou autrement dirigĂ© contre la sexualitĂ© dâune personne en utilisant la coercition, commis par une personne, indĂ©pendamment de sa relation avec la victime, dans tout contexte, y compris, mais sans sây limiter, le foyer et le travail » selon la dĂ©finition de l'Organisation mondiale de la santĂ©[1] - [2] - [3]. La violence sexuelle est commise aussi bien en temps de paix qu'en temps de guerre. TrĂšs courante, cette violation des droits humains est considĂ©rĂ©e comme l'une des plus traumatisantes et omniprĂ©sentes Ă la fois[4] - [5].
La violence sexuelle pose de graves problĂšmes de santĂ© publique et elle entraĂźne d'importantes rĂ©percussions, Ă court ou Ă long terme, sur la santĂ© physique et mentale : dangers pour la santĂ© sexuelle[6] et risques majorĂ©s de suicide ou d'infection au VIH-1. En outre, certaines violences sont accompagnĂ©es d'assassinats soit durant une agression sexuelle, soit comme crime d'honneur aprĂšs l'agression. MĂȘme si les principales victimes des violences sont les filles et les femmes[5], le problĂšme peut frapper n'importe quelle personne, quel que soit son Ăąge. Les auteurs de violences peuvent ĂȘtre des parents, des soignants, des connaissances, des Ă©trangers ou des partenaires. Ces violences procĂšdent rarement d'un crime passionnel ; au contraire, elles expriment le dĂ©sir de puissance et de domination sur la victime.
La violence sexuelle fait souvent l'objet d'une rĂ©probation sociale, ce qui explique pourquoi les signalements des actes varient d'une rĂ©gion Ă l'autre. Dans l'ensemble, ce phĂ©nomĂšne est largement non-dĂ©tectĂ© : les donnĂ©es disponibles produisent une image sous-estimĂ©e de l'Ă©tendue rĂ©elle du problĂšme. En outre, la violence sexuelle est souvent survolĂ©e par les chercheurs, or une comprĂ©hension fine de ses mĂ©canismes est nĂ©cessaire pour mener des campagnes de lutte efficaces[7]. Les statistiques distinguent les violences sexuelles familiales et celles qui se produisent lors d'un conflit. Bien souvent, les personnes qui imposent des actes sexuels Ă leur conjoint croient que leur comportement est lĂ©gitime dans le cadre du mariage. Dans le cas des conflits, la violence sexuelle accompagne systĂ©matiquement la guerre et elle se perpĂ©tue Ă cause de l'impunitĂ© des criminels[8] - [9]. Le viol sur les hommes et les femmes sert souvent d'arme pour attaquer un ennemi, pour symboliser la conquĂȘte et l'humiliation de ses soldats[10]. Bien que les conventions relatives aux droits de l'homme, la coutume et le droit international humanitaire interdisent les violences sexuelles, les instruments d'application sont encore fragiles et, dans de nombreux points du globe, inexistants[4] - [5] - [11] - [12].
D'un point de vue historique, le préjugé voulait que la violence sexuelle ne frappùt que les femmes et qu'elle fût banale voire « normale », en temps de guerre et en temps de paix, depuis la GrÚce antique jusqu'au XXe siÚcle. Cet attitude a conduit à négliger les procédés, les objectifs et l'ampleur de cette violence. Il a fallu attendre la fin du XXe siÚcle pour que la violence sexuelle ne soit plus considérée comme un sujet mineur et qu'elle fasse l'objet de législations de plus en plus complÚtes.
DĂ©finitions
En général
L'Organisation mondiale de la santĂ©, dans son rapport de 2002 sur la violence et santĂ©, dĂ©crit la violence sexuelle ainsi : « Tout acte sexuel, tentative pour obtenir un acte sexuel, commentaire ou avances de nature sexuelle, ou actes visant Ă un trafic ou autrement diriges contre la sexualitĂ© dâune personne en utilisant la coercition, commis par une personne indĂ©pendamment de sa relation avec la victime, dans tout contexte, y compris, mais sans sây limiter, le foyer et le travail »[1]. Cette dĂ©finit inclut, entre autres, le viol, c'est-Ă -dire la pĂ©nĂ©tration, de force ou par la contrainte, de la vulve ou de l'anus d'une personne, par le pĂ©nis, d'autres membres ou un objet. La violence sexuelle est un acte commis Ă dessein pour infliger une grave humiliation Ă la victime et porter atteinte Ă la dignitĂ© humaine. Dans le cas oĂč des tiers sont forcĂ©s de regarder l'agression, l'intention est d'intimider cette communautĂ©[13].
D'autres aspects de la violence sexuelle sont les variantes de l'agression sexuelle, qui peut consister en un contact imposé entre la bouche et le pénis, la vulve ou l'anus[14], ainsi que des actes hostiles sans contact physique, comme le harcÚlement sexuel, les menaces et le voyeurisme[15].
Dans le cadre d'une violence sexuelle, la notion de contrainte correspond Ă un large Ă©ventail de coercition : force physique, intimidation psychologique, chantage ou d'autres menaces â comme la menace de recevoir des blessures, de perdre son travail ou de ne pas obtenir un poste convoitĂ©. La contrainte renvoie Ă©galement aux personnes qui ne sont pas en Ă©tat de formuler un consentement Ă cause de l'ivresse, de l'usage de drogues, du manque de sommeil ou d'une incapacitĂ© mentale Ă comprendre la situation.
Ces dĂ©finitions au sens large figurent dans des traitĂ©s internationaux. Le Statut de Rome, dans l'article 7(1)(g), dĂ©clare : « on entend par crime contre l'humanitĂ© l'un quelconque des actes ci-aprĂšs lorsqu'il est commis dans le cadre d'une attaque gĂ©nĂ©ralisĂ©e ou systĂ©matique lancĂ©e contre toute population civile et en connaissance de cette attaque : viol, esclavage sexuel, prostitution forcĂ©e, grossesse forcĂ©e, stĂ©rilisation forcĂ©e ou toute autre forme de violence sexuelle de gravitĂ© comparable »[16]. La violence sexuelle est dĂ©crite dans les ĂlĂ©ments des crimes : « un acte de nature sexuelle sur une ou plusieurs personnes ou a contraint ladite ou lesdites personnes Ă accomplir un tel acte par la force ou en usant Ă lâencontre de ladite ou desdites ou de tierces personnes de la menace de la force ou de la coercition, telle que celle causĂ©e par la menace de violences, contrainte, dĂ©tention, pressions psychologiques, abus de pouvoir, ou bien Ă la faveur dâun environnement coercitif, ou encore en profitant de lâincapacitĂ© desdites personnes de donner leur libre consentement »[2].
Le rapporteur spĂ©cial des Nations unies publie en 1998 un document sur le viol systĂ©matique, lâesclavage sexuel et les pratiques analogues Ă lâesclavage en pĂ©riode de conflit armĂ©. Le document indique que la violence sexuelle est « toute violence, physique ou psychologique, menĂ©e par des moyens sexuels en ciblant la sexualitĂ© »[3].
Violence sexuelle familiale et violence sexuelle liée à un conflit
Il existe une distinction entre la violence sexuelle familiale et la violence sexuelles liée à un conflit[7].
- La violence sexuelle familiale est perpétrée par un partenaire amoureux ou des membres de la famille et de son entourage. Ce type de violence sexuelle est trÚs répandu, en temps de guerre comme en tant de paix.
- La violence sexuelle lors d'un conflit est perpétrée par des combattants, y compris les rebelles, les milices et les armées gouvernementales. La violence sexuelle sous toutes ses formes peut faire l'objet d'une campagne systématique lors d'un conflit « pour torturer, blesser, soutirer des informations, avilir, menacer, intimider ou punir »[17]. Dans ce cadre, la violence sexuelle est utilisée comme une arme de guerre. Voir : viol de guerre et viol en tant qu'arme de génocide.
Victimes
Portée
Toutes sortes de personnes peuvent subir des violences sexuelles : femmes, hommes, enfants et aussi des personnes qui se définissent par leur genre, par exemple les personnes trans.
La majorité des recherches, des rapports et des analyses concernent les violences contre les femmes et les violences sexuelles lors d'un conflit. Les récits typiques sur la violence sexuelle montrent souvent les hommes comme auteurs et les femmes comme victimes. Et il est vrai que les femmes sont, de trÚs loin, les premiÚres victimes. Néanmoins, la violence sexuelle est le fait d'hommes et de femmes, en temps de paix comme en temps de guerre[18].
Certaines personnes sont ciblées en raison de leur orientation sexuelle ; ces agressions, souvent appelées « viols correctifs », se fondent sur un principe d'hétéronormativité.
Violence sexuelle familiale
La violence sexuelle familiale recouvre toutes les formes d'activitĂ© sexuelle non dĂ©sirĂ©e. Il s'agit d'abus mĂȘme si la victime avait, auparavant, acceptĂ© de bon grĂ© des activitĂ©s sexuelles avec l'auteur des violences. Les victimes peuvent ĂȘtre des hommes ou des femmes[19].
D'aprÚs une étude de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) en 2006 sur la violence physique et sexuelle commises dans le cadre familial contre les femmes dans dix pays, la prévalence de violences familiales sexuelles frappe en moyenne entre 10% et 50% de la population féminine. La violence sexuelle familiale est, par ailleurs, nettement moins répandue que les autres variantes de violences familiales. Les variations dans les données entre et dans différents pays laissent présager qu'il est possible de prévenir ce type de violence[20].
Femmes et filles
La violence sexuelle contre les femmes et les filles revĂȘt de nombreux aspects et elle est exĂ©cutĂ©e dans des situations et des contextes variĂ©s. Le rapport de l'OMS sur la violence et la santĂ©[14] recense les procĂ©dĂ©s suivants parmi les violences sexuelles contre les femmes et les filles :
- Viols systématiques au cours de conflits armés ;
- Viol conjugal ou dans le cadre d'une relation amoureuse (voir aussi date rape) ;
- Viol par des inconnus ;
- Avances sexuelles non souhaitées ou harcÚlement sexuel, y compris les demandes de prestations sexuelles en échange d'un service ;
- Abus sexuel sur des personnes handicapées physiquement ou mentalement ;
- Abus sexuel sur mineur ;
- Mariage forcé ou cohabitation imposée, y compris en tant qu'union entre enfants ;
- Refus du droit d'utiliser la contraception ou d'adopter des mesures de protection contre les infections sexuellement transmissibles (voir coercition reproductive) ;
- Avortement forcé ;
- Violences contre l'intégrité physique, notamment les mutilations génitales féminines et les tests de virginité ;
- Prostitution forcĂ©e et traite d'ĂȘtres humains Ă des fins d'exploitation sexuelle ;
- Attouchement sexuel.
En 1987, une étude montre que les étudiantes à l'université ont été menées à des actes sexuels non consentis face à des hommes usant de coercition verbale, de force physique, d'alcool et de drogues pour perturber leur jugement[21].
La violence sexuelle fait partie des atteintes les plus fréquentes contre les femmes en temps de guerre. Elle fait également partie des expériences les plus traumatisantes, sur les plans émotionnel et psychologique, que subissent les femmes lors d'un conflit. Les violences sexuelles, et en particulier le viol, sont considérées comme une méthode de guerre : elles ne servent pas uniquement à « torturer, blesser, soutirer des informations, avilir, déplacer, intimider, punir ou simplement détruire », en effet elles sont des stratégies délibérées pour désorganiser les communautés et saper le moral des hommes[22] - [23]. La violence sexuelle en tant qu'arme de guerre est monnaie courante lors de conflits comme au Rwanda, au Soudan, en Sierra Leone et au Kosovo[23].
Hommes et garçons
à l'instar des femmes, les hommes peuvent subir des violences sexuelles sous plusieurs formes et elles peuvent survenir dans n'importe quel cadre, y compris au domicile, au travail, en prison, en garde à vue, en temps de guerre et dans l'armée[14] - [24]. Les différentes formes de violence sexuelle contre les hommes sont le viol, la stérilisation contrainte, la masturbation imposée et les violences sur les organes génitaux (y compris les mutilations). Outre la douleur physique, les violences sexuelles contre les hommes peuvent aussi exploiter les conceptions locales sur le genre et la sexualité pour infliger aux victimes de graves séquelles psychologiques, causant des souffrances pendant des années aprÚs l'agression[25].
La violence sexuelle contre les hommes est plus rĂ©pandue que l'opinion publique ne le pense. Toutefois, la portĂ©e de ces crimes demeure mĂ©connue, principalement Ă cause de carences en termes de documentation sur ces cas. Les victimes hĂ©sitent souvent Ă signaler les abus par peur, par confusion, par culpabilitĂ©, par honte, par stigmatisation ou par la conjugaison de plusieurs de ces sentiments[26] - [27]. En outre, les hommes peuvent se montrer rĂ©ticents Ă Ă©voquer leur victimation. Sur ce plan, la maniĂšre dont les sociĂ©tĂ©s Ă©laborent la notion de masculinitĂ© pĂšse un certain poids. Il peut arriver que la masculinitĂ© soit vue comme incompatible avec la victimation, surtout dans les communautĂ©s oĂč la masculinitĂ© signifie l'exercice du pouvoir ; auquel cas, les victimes s'abstiennent de porter plainte[28]. L'idĂ©e que la victimation serait incompatible avec la conception conventionnelle de la masculinitĂ© peut influencer tant l'agression elle-mĂȘme que les capacitĂ©s des victimes Ă la surmonter[29]. Les violences sexuelles contre les hommes Ă©tant largement sous-reprĂ©sentĂ©es, les rares Ă©tudes disponibles tendent Ă prĂ©senter un caractĂšre anecdotique[24].
Quand les violences sexuelles contre les hommes sont reconnues et font l'objet d'une plainte, l'agression est souvent qualifiĂ©e d'« abus » ou de « torture ». Ces qualifications ont tendance Ă invisibiliser les agressions sexuelles contre les hommes en les rattachant Ă une autre catĂ©gories, ce qui concourt Ă la sous-reprĂ©sentation des plaintes concernant ces crimes ; ces facteurs reposent peut-ĂȘtre sur le prĂ©jugĂ© voulant que la violence sexuelle est un problĂšme de femmes et que les hommes ne peuvent pas devenir victimes d'agressions sexuelles[18].
Enfants
La violence sexuelle contre les enfants est une forme de maltraitance sur mineur. La violence sexuelle contre les enfants englobe le harcÚlement et le viol ainsi que leur exploitation dans la prostitution et la pédopornographie[30] - [31].
La violence sexuelle porte gravement atteinte aux droits d'un enfant et risque de provoquer d'importants traumatismes physiques et psychiques sur la victime[30] - [32]. D'aprÚs une étude de 2002 par l'OMS, environ 223 millions d'enfants ont subi des violences sexuelles commises par un contact physique[33]. Or, compte tenu de la sensibilité de ce sujet et de la tendance à dissimuler ces abus, les victimes sont probablement bien plus nombreuses en réalité[30] - [32].
Les filles sont bien plus souvent ciblĂ©es que les garçons. L'enquĂȘte de l'OMS indique que 150 millions de filles ont subi des abus, lĂ oĂč les garçons sont 73 millions de victimes. D'autres sources rejoignent la conclusion que les filles sont nettement plus exposĂ©es aux violences sexuelles, y compris la prostitution[34].
Causes de la violence et facteurs de risques
Les causes de la violence sexuelle sont complexes en raison de la diversitĂ© de ses formes et des contextes oĂč elle se produit. Il existe d'importants recoupements entre plusieurs formes de violence sexuelle et la violence sexuelle dans le couple. Certains facteurs aggravent le risque qu'une personne devienne victime d'actes sexuels contraints, ou qu'une personne inflige Ă une autre un acte sexuel contraint, ainsi que des facteurs dans l'environnement social, comme l'entourage, qui influencent le risque d'un viol et conditionnent la rĂ©action face au viol[35].
Environ 70 % des personnes victimes de violence sexuelle se sont trouvées en état de paralysie (en) avant et pendant l'agression[36]. L'avis majoritaire parmi les scientifiques est que cette forme de paralysie se produit chez les humains quand ils n'ont aucun recours pour éviter qu'une violence sexuelle soit commise à leur encontre ; ainsi, le cerveau paralyse le corps afin de lui permettre de survivre avec des lésions moins graves[37] - [38].
Facteurs de risque
D'aprÚs les Centres pour le contrÎle et la prévention des maladies, les facteurs individuels concourant au risque de violences sont[39] :
- Alcoolisme ;
- Toxicomanie ;
- DĂ©linquance ;
- DĂ©ficits d'empathie ;
- Agressivité générale et tolérance envers la violence ;
- Initiation sexuelle précoce ;
- Fantasmes sexuels de coercition ;
- Préférences pour une sexualité impersonnelle et pour la prise de risques en matiÚre de sexualité ;
- Exposition à des médias avec des contenus sexuels crus ;
- Hostilité envers les femmes ;
- Adhésion aux normes de genre traditionnelles ;
- Hyper-masculinité ;
- Comportement suicidaire ;
- Occurrence antérieure d'une agression sexuelle, comme victime ou comme auteur.
Sur le plan relationnel, les facteurs de risque sont[39] :
- Environnement familial marqué par la violence physique et les conflits ;
- Abus sexuels, sévices physiques ou psychologiques dans l'enfance ;
- Entourage familial peu réconfortant ;
- Relations parent-enfant difficiles, surtout avec les pĂšres ;
- Association avec des homologues présentant une sexualité agressive, des traits hypermasculins ou de la délinquance ;
- Participation à une relation de couple marquée par la violence ou des abus.
Sur le plan de la communauté, les facteurs de risque sont[39] :
- Pauvreté ;
- Manque de perspectives d'emploi ;
- Manque de soutien dans la police ou le systĂšme judiciaire ;
- Tolérance généralisée de la communauté envers la violence sexuelle ;
- Sanctions indulgentes de la communauté envers les auteurs de violence sexuelle.
Il existe aussi une forme d'opportunisme sexuel aprÚs une catastrophe. L'opportunisme sexuel pendant et aprÚs des évÚnements catastrophiques est peu recensé. Or, aprÚs les séismes de 2015 au Népal et d'autres évÚnements catastrophiques, ont été recensées des hausses massives de traite des jeunes filles, ainsi que d'autres atteintes aux droits humains[40] - [41] - [42].
Auteurs des violences
Les auteurs de violences sexuelles sont issus de milieux variĂ©s ; ils peuvent ĂȘtre connus de la victime en tant qu'ami, membre de la famille, partenaire de couple, connaissance ou bien lui ĂȘtre tout Ă fait inconnus[43]. D'aprĂšs l'OMS, les principales motivations prĂ©sidant Ă la violence sexuelle sont l'exercice d'un pouvoir et d'un contrĂŽle sur quelqu'un â contrairement Ă l'idĂ©e rĂ©pandue selon laquelle la motivation serait le dĂ©sir sexuel. La violence sexuelle est bien un acte violent, agressif et hostile visant Ă rabaisser, dominer, humilier, terrifier et contrĂŽler la victime[44]. Le criminel peut agir contre une victime pour se rassurer sur ses propres capacitĂ©s sexuelles, pour Ă©vacuer sa frustration, pour compenser un sentiment d'impuissance et pour obtenir la satisfaction sexuelle[45].
Les donnĂ©es concernant les hommes qui commettent des violences sexuelles sont quelque peu limitĂ©es et biaisĂ©es car elles reposent sur les violeurs arrĂȘtĂ©s, exceptĂ© aux Ătats-Unis, oĂč des recherches ont aussi portĂ© sur des hommes Ă©tudiant Ă l'universitĂ©. MalgrĂ© les limitations que prĂ©sentent les informations disponibles sur les hommes sexuellement violents, il apparaĂźt que la violence sexuelle est prĂ©sente dans la quasi-totalitĂ© des pays du monde (avec des diffĂ©rences de prĂ©valence), dans toutes les classes socio-Ă©conomiques et Ă tous les Ăąges, dĂšs l'enfance. Les donnĂ©es sur les hommes sexuellement violents montrent aussi que la plupart d'entre eux agressent des femmes qu'ils ont dĂ©jĂ rencontrĂ©es[46] - [47]. Les facteurs aggravant le risque d'un passage Ă l'acte rĂ©sident dans des attitudes et des croyances, ainsi que dans des comportements qui ont lieu lorsque se prĂ©sente l'occasion, voire un soutien, pour commettre des agressions.
RĂ©percussions
Généralités
La violence sexuelle constitue un grave problĂšme de santĂ© publique et elle provoque des rĂ©percussions Ă court et Ă long terme sur la santĂ© et le bien-ĂȘtre, tant physique que psychologique[48]. Des Ă©tudes montrent que les victimes de violence sexuelle, hommes et femmes, sont exposĂ©es aux mĂȘmes problĂšmes de santĂ© mentale et aux mĂȘmes rĂ©percussions sociales et comportementales[49] - [50] - [51]. En 2013, une enquĂȘte indique que 72,4 % des victimes souffrent d'au moins un problĂšme gynĂ©cologique : 52,2 % souffrent d'une douleur chronique dans la partie infĂ©rieure de l'abdomen ; 27,4 % souffrent de saignement vaginal anormal ; 26,6 % sont atteintes d'infertilitĂ© ; 25,3 % ont des plaie gĂ©nitales ; 22,5 % subissent un gonflement dans l'abdomen. En outre, 18,7 % des rĂ©pondants ont aussi subi de graves comorbiditĂ©s psychologiques et chirurgicales, dont l'alcoolisme. 69,4 % tĂ©moignent d'une importante dĂ©tresse psychologique ; 15,8 % ont commis une tentative de suicide ; 75,6 % dĂ©clarent un problĂšme relatif Ă la chirurgie. 4,8 % des rĂ©pondants sont sĂ©ropositifs au VIH[52].
Enfants victimes de violences sexuelles
Dans le cas des abus sexuels sur mineur, l'enfant risque de prĂ©senter des troubles mentaux qui peuvent se prolonger Ă l'Ăąge adulte, surtout si l'abus sexuel comporte un rapport sexuel[53] - [54] - [55]. Les enquĂȘtes sur les garçons victimes d'abus montre qu'un sur cinq, une fois Ă l'Ăąge adulte, commet Ă son tour des violences sexuelles sur des enfants[56]. Les enfants victimes d'abus sexuels risquent de prĂ©senter des comportements nĂ©gatifs Ă l'Ăąge adulte, des problĂšmes d'apprentissage ainsi qu'une rĂ©gression ou un dĂ©veloppement plus lent[57].
Exemples
Le tableau ci-dessous propose des exemples de répercussions physiques et psychologiques aprÚs des violences sexuelles[58] :
Effets mortels Ă l'issue d'une violence sexuelle | |||
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Effets non mortels Ă l'issue d'une violence sexuelle | |||
RĂ©percussions physiques |
RĂ©percussions psychologiques | ||
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Il arrive aussi que les victimes de violence sexuelles subissent la stigmatisation et l'ostracisation dans leur famille et auprÚs d'autrui[59]. Les préjugés voulant que la victime aurait provoqué les violences sexuelles conduisent à imposer le silence sur les agressions sexuelles, ce qui conduit à des conséquences psychologiques encore plus graves, surtout chez les enfants[60]. Il est donc nécessaire de mener davantage d'interventions pour changer le comportement social envers la violence sexuelle, et de déployer des efforts pour éduquer les personnes à qui les victimes voudraient parler de l'agression subie[61] - [62].
Statistiques
Les motivations qui prĂ©sident Ă l'absence de signalement auprĂšs des autoritĂ©s sont la honte et la gĂȘne, la peur de ne pas ĂȘtre cru, la peur qu'inspire le criminel, la peur face aux procĂ©dures juridiques ou le scepticisme concernant l'aide susceptible d'ĂȘtre apportĂ©e par les policiers[63]. Les hommes sont encore plus rĂ©ticents Ă porter plainte pour violences sexuelles Ă cause d'une gĂȘne extrĂȘme et d'inquiĂ©tudes sur le regard que leur porteront des tiers, sur leur masculinitĂ© et sur le fait qu'ils n'ont pas Ă©tĂ© en mesure d'empĂȘcher l'agression[64]. Par consĂ©quent, les informations sur la violence sexuelle contre les hommes, en particulier, prĂ©sentent de grandes carences. Les abus sexuels sur mineurs sont, eux aussi, trĂšs frĂ©quemment passĂ©s sous silence. Les donnĂ©es sur le sujet proviennent en majoritĂ© d'adultes interrogĂ©s sur leurs anciennes expĂ©riences sexuelles[65]. L'une des raisons expliquant l'absence de plainte est le manque d'autonomie des enfants quand ils veulent obtenir de l'aide. Ils ont gĂ©nĂ©ralement besoin de s'appuyer sur un parent, qui peut refuser de croire l'enfant ou qui peut mĂȘme ĂȘtre l'auteur des violences[66].
Les donnĂ©es sur la violence sexuelle Ă©manent gĂ©nĂ©ralement de la police, des centres de soins, d'organisations non gouvernementales et d'enquĂȘtes menĂ©es par des chercheurs. L'Ă©cart entre ces sources et l'ampleur des violences sexuelles peut ĂȘtre reprĂ©sentĂ© comme un iceberg[67]. La petite partie Ă©mergĂ©e reprĂ©sente les crimes signalĂ©s auprĂšs de la police. Les ONG et les sondages peuvent balayer un spectre plus large.
Une étude de l'Institut national d'études démographiques (INED) parue en juin 2023 a estimé que 13 % des femmes et 5,5 % des hommes ont été victimes de violences sexuelles avant leurs 18 ans[68].
Références
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Annexes
Articles connexes
- Violence contre les femmes
- Violence contre les hommes (en)
- Violence contre la communauté LGBT
- Traitement des victimes d'agression sexuelle (en)
- Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes, ses causes et ses conséquences (en)
- Violence sexuelle dans le couple
- Violences sexuelles au travail
- Violence sexuelle dans le sport
- HarcĂšlement sexuel
- Agression sexuelle
- Consentement sexuel
Bibliographie
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- (en) OCHA, The shame of war: sexual violence against women and girls in conflict, OCHA/IRIN,
- (en) WHO, Guidelines for medico-legal care for victims of sexual violence, World Health Organization, (ISBN 978-92-4-154628-7, lire en ligne)
Liens externes
- Nuremberg Trials Fact Sheet
- The Tokyo War Crimes Trial
- ICRC Resource Center. Sexual violence in armed conflicts: questions and answers
- Office of the Special Representative of the Secretary General for Sexual Violence in Conflict
- UN Action against Sexual Violence in Conflict Brochure
- Stop Rape Now. UN Action Against Sexual Violence in Conflict
- Reporting and interpreting data on sexual violence from conflict-affected countries
- UN Action against sexual violence in conflict: Progress Report 2010-2011
- Addressing Conflict Related Sexual Violence: An analytical inventory of peacekeeping practice
- Global Solution to Sexual Violence in Conflict, Chatham House, 18 February 2013. Speech of the UN SRSG on Sexual Violence in Conflict, Haja Zainab Hawa Bangura.
- World Report on Violence and Health
- ICC Elements of Crimes