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Violence contre la communauté LGBT

La violence contre la communautĂ© LGBT identifie les actes d'agressions psychologiques ou physiques spontanĂ©es ou organisĂ©es de la part d'individus, de groupes ou d'États Ă  l'encontre de personnes homosexuelles ou transgenres en raison de leur sexualitĂ©. Elle peut aller jusqu'au viol, la torture ou l'assassinat. La protection contre cette violence varie selon les États ; mĂȘme si beaucoup la condamnent, d'autres y participent. Cette violence qui peut ĂȘtre influencĂ©e par des prĂ©jugĂ©s culturels, religieux ou moraux se manifeste aussi par des actions contre les Prides et s'exprime parfois Ă  travers des chansons au contenu homophobe. La condamnation lĂ©gale de l'homosexualitĂ© remonte trĂšs loin dans l'histoire.

DĂ©finition

La violence contre la communautĂ© LGBT est caractĂ©risĂ©e comme un ensemble d'agressions verbales ou physiques homophobes ou transphobes qui peuvent aussi s'exprimer sous les formes extrĂȘmes d'enlĂšvement, de torture de viol ou d'assassinat Ă  l'encontre de personnes homosexuelles ou transgenres[1].

Cette violence se retrouve Ă  des niveaux diffĂ©rents dans toutes les pays du Monde et dans tous les lieux publics ou privĂ©s : dans la rue, Ă  l'Ă©cole, sur le lieu de travail, dans des services de l'État (services de police, prison) etc. Elle peut ĂȘtre le fait d'un individu isolĂ© ou d'un groupe, spontanĂ©e ou organisĂ©e[1].

Selon une étude de 2012, les personnes appartenant à la communauté LGBT subissent des formes de violence différentes selon leur race et leur position sociale[2].

Des situations variables selon les pays

En 2020, les relations homosexuelles sont légales en Europe, en Amérique du Nord et en Amérique latine[3].

En Europe, le cadre général en faveur de l'égalité de traitement en matiÚre d'emploi et de travail et la charte des droits fondamentaux de l'Union européenne offrent une certaine protection contre la discrimination basée sur la sexualité[3].

Mais mĂȘme dans les pays oĂč l'homosexualitĂ© est lĂ©gale et les violences contre les membres de la communautĂ© LGBT considĂ©rĂ©es comme des crimes de haine, les personnes homosexuelles ou transgenres sont exposĂ©es Ă  des humiliations et des violences de la part d'individus ou de groupes, ces agressions pouvant aller jusqu'au meurtre[3].

Dans le monde, de nombreux pays sont trĂšs dangereux pour la communautĂ© LGBT en raison de lois discriminatoires souvent liĂ©es Ă  des idĂ©ologies conservatrices ou religieuses, qui punissent l'homosexualitĂ© comme un crime ou comme des actes « contre-nature », « indĂ©cents » ou « immoraux ». Les peines encourues peuvent aller d’amendes Ă  la prison, en passant par des « thĂ©rapies » forcĂ©es, des coups de fouet, voire la peine de mort. Dans ces pays oĂč l’homosexualitĂ© peut ĂȘtre punie par la loi, les personnes homosexuelles ou soupçonnĂ©es de l’ĂȘtre vivent dans la peur d’ĂȘtre arrĂȘtĂ©es et condamnĂ©es[3] - [4]. Ce sont ceux oĂč la religion dominante est l'Islam, une bonne partie de l'Afrique (Ă  l'exception de l'Afrique du Sud), certains pays d'Asie (Ă  l'exception du Japon et de TaĂŻwan), quelques petits États des CaraĂŻbes dont la JamaĂŻque et certains pays ex-communistes de l'Europe de l'Est et d'Asie centrale, tels que la Russie et la Serbie[5].

Brésil

Selon le Grupo Gay da Bahia (GGB), l'ONG pour la dĂ©fense des droits des homosexuels la plus ancienne du BrĂ©sil, le taux de meurtres d'homosexuels au BrĂ©sil est particuliĂšrement Ă©levĂ©, avec 3 196 cas signalĂ©s entre 1980 et 2009 (soit environ 0,7 cas par an pour 100 000 habitants)[6]. GGB fait Ă©tat de 190 documents concernant des meurtres homophobes au BrĂ©sil en 2008, ce qui reprĂ©sente environ 0,5 % des homicides dans ce pays (22 pour 100 000 habitants en 2008). 64 % des victimes Ă©taient des hommes gays, 32 % Ă©taient des personnes transgenres et 4 % Ă©taient lesbiennes[7].

Pour justifier le nombre Ă©levĂ© de meurtres de personnes transgenres, une hypothĂšse avancĂ©e est la forte implication de ces personnes dans le commerce de la drogue, ce qui les expose Ă  plus de violence que les homosexuels et les hĂ©tĂ©rosexuels. Les responsables du blog gay brĂ©silien gaysdedireita ont enquĂȘtĂ© sur un Ă©chantillon de 30 meurtres homosexuels rapportĂ©s par les mĂ©dias en 2009, dont certains utilisĂ©s par le GGB dans son rapport statistique national. Ils ont dĂ©terminĂ© que la « grande majoritĂ© » d'entre eux ont Ă©tĂ© commis par les partenaires homosexuels des victimes, habituels ou occasionnels (comme les prostituĂ©s), les autres raisons Ă©tant notamment des dettes impayĂ©es Ă  des dealers de drogue[8].

Cameroun

Selon Human Rights Watch, les forces de sécurité ne protÚgent pas les personnes LGBTI contre les attaques violentes à leur encontre et souvent elles procÚdent à l'arrestations arbitraires des victimes. Selon une organisation de la société civile, en 2022, il y a eu une augmentation de la violence et des abus contre les personnes LGBT[9].

États-Unis

Selon le FBI, 18.6 % des victimes de crimes de haine commis en 2010 aux États-Unis l'on Ă©tĂ© Ă  cause de leur orientation sexuelle[10].

Le , a eu lieu une fusillade Ă  Orlando dans une boĂźte de nuit LGBT, faisant une cinquantaine de morts et plus de 50 blessĂ©s. L'auteur, un amĂ©ricain d'origine afghane, avait prĂȘtĂ© allĂ©geance Ă  l' État islamique, qui a revendiquĂ© ensuite l'attentat[11]. Il s'agit, pour les États-Unis, du plus lourd bilan pour un massacre par arme Ă  feu commis en temps de paix et l'un des crimes homophobes les plus graves de l'histoire amĂ©ricaine.

Canada

Au Canada, en 2008, les données déclarées par la police ont révélé qu'environ 10 % des crimes de haine dans le pays ont été motivés par l'orientation sexuelle. Parmi ceux-ci, 56 % étaient de nature violente. En comparaison, seules 38 % des infractions à caractÚre raciste étaient de nature violente[12].

Irlande

En Irlande du Nord en 2008, 160 incidents homophobes et 7 incidents transphobes ont Ă©tĂ© signalĂ©s. Parmi ces incidents, 68,4 % Ă©taient des crimes violents, un chiffre significativement plus Ă©levĂ© que pour toute autre catĂ©gorie (37,4 % pour les crimes Ă  caractĂšre raciste).

Moyen-Orient

Selon les groupes de droits de l'homme, bien que les partenariats de mĂȘme sexe ne soient pas expressĂ©ment interdits en Égypte, les forces de sĂ©curitĂ© du gouvernement ont harcelĂ©, arrĂȘtĂ©, emprisonnĂ© et mĂȘme torturĂ© les personnes LGBTQ utilisant des lois destinĂ©es Ă  empĂȘcher la «dĂ©bauche» publique. En juillet 2022, la secrĂ©taire exĂ©cutive de la CCNUCC, Patricia Espinosa, a reçu une lettre d'un couple gay, Jerome Foster et Elijah Mckenzie-Jackson, dĂ©noncent le choix de l'Égypte pour accueillir les pourparlers COP27 au motif qu'il "place notre vie en danger dans le processus de dĂ©fense de la vie de notre planĂšte" en raison de sa torture LGBTQ, de l'abattage des femmes et de la suppression des droits civils. En outre, Foster a dit qu'il craignait que s'il allait en Égypte, il pourrait ĂȘtre arrĂȘtĂ© ou imprimĂ© en raison de sa sexualitĂ©[13].

En septembre 2022, Netflix a Ă©tĂ© demandĂ© par les pays du Golfe, notamment BahreĂŻn, KoweĂŻt, Oman, l,Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, pour supprimer le contenu LGBTQ. Les pays du Golfe ont Ă©galement menacĂ© la plate-forme d'abonnement vidĂ©o Ă  la demande avec une action en justice. En Outre, en juin 2022, Buzz l'Éclair, un film d'animation de Pixar Studios qui comporte une brĂšve scĂšne de baisers entre deux femmes, a Ă©tĂ© interdit aux Émirats arabes unis. En avril 2022, l'Arabie saoudite a demandĂ© Ă  Disney de supprimer les rĂ©fĂ©rences LGBTQ du film Doctor Strange in the Multiverse of Madness et en a interdit la diffusion Ă  la suite du refus de Disney de s'y conformer[14] - [15].

LĂ©gislations contre les crimes homophobes

Douze pays membres de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe ont adopté une législation spécifique (au-delà de la législation anti-discrimination) qui statue que les préjugés sur l'orientation sexuelle sont une circonstance aggravante lorsqu'un crime est commis.

Parmi ces douze pays, seuls les États-Unis ont un droit pĂ©nal qui mentionne spĂ©cifiquement l'identitĂ© de genre, mais dans onze États seulement ainsi que dans le District de Columbia[12]. Ils appliquent des peines plus sĂ©vĂšres pour les crimes oĂč l'orientation sexuelle rĂ©elle ou perçue semble avoir Ă©tĂ© un Ă©lĂ©ment motivant.

En , l'Assemblée générale des Nations unies élimine, par 79 voix contre 70, l'« orientation sexuelle » des motifs d'exécutions listés dans le rapport du rapporteur spécial « Exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires » et le remplace par « raisons discriminatoires de toute nature »[16] qui comprennent entre autres la race, la religion, les différences linguistiques, ou des personnes telles que réfugiés, enfants des rues et membre de peuples autochtones[17].

L’adĂ©quation de l'arsenal juridique et policier contre ces crimes haineux est cependant difficile Ă  Ă©valuer : les rapports et les statistiques des autoritĂ©s manquent, et les victimes ne portent pas toutes plainte[12], craignant de mettre en avant leur orientation s'attirant ainsi plus de violences[18].

Clémence juridique face aux agressions homophobes

Certaines dĂ©fenses juridiques comme le Gay panic defense permettent de condamner Ă  des peines plus lĂ©gĂšres les personnes accusĂ©es de battre, de torturer ou de tuer les homosexuels en raison de leur orientation. L'argument est que l'attaquant Ă©prouve une telle furie contre sa victime qu'il est atteint de folie temporaire et ne peut ni se contrĂŽler ni diffĂ©rencier le bien du mal. Si la perte de facultĂ©s est prouvĂ©e, ou que la sympathie du jury est acquise, une peine initialement sĂ©vĂšre peut ĂȘtre considĂ©rablement rĂ©duite. Dans plusieurs systĂšmes juridiques, la dĂ©fense invoque la provocation (en) pour justifier les attaques violentes contre les personnes homosexuelles ou trans. Cela a conduit plusieurs États et territoires australiens Ă  modifier leur lĂ©gislation, afin de prĂ©venir ou de rĂ©duire l'usage de ce moyen de dĂ©fense en cas de rĂ©actions violentes envers les homosexuels non-violents.

Les cas sont nombreux et trÚs médiatisés de personnes reconnues coupables de violence contre les LGBT n'ayant été que légÚrement punies :
Le , Kenneth Brewer rencontre Stephen Bright dans un bar gay local, l'invite à boire puis tous deux vont chez Brewer. Celui-ci fait des avances sexuelles à Bright, qui réagit en le battant à mort. Bright est tout d'abord inculpé de meurtre, mais est finalement reconnu coupable d'agression au troisiÚme degré et condamné à un an de prison[19] - [20].

En 2001, Aaron Webster (en) est battu à mort par un groupe de jeunes armés de battes de baseball et d'une queue de billard, dans Stanley Park, une zone fréquentée par des gays. Ryan Cran est reconnu coupable d'homicide en 2004 et condamné à six ans de prison. Il sort en liberté conditionnelle en 2009 aprÚs avoir purgé seulement quatre ans de sa peine[18]. Deux jeunes de la bande sont jugés selon la loi canadienne et condamnés à trois ans de prison aprÚs avoir plaidé coupable. Un quatriÚme agresseur est acquitté[18].

Les juges ne sont pas à l'abri de leurs préjugés :
En 1988, au Texas, le juge Jack Hampton condamne un homme Ă  30 ans de prison pour avoir tuĂ© deux homosexuels, au lieu de la peine Ă  perpĂ©tuitĂ© demandĂ©e par le procureur. AprĂšs avoir prononcĂ© son jugement, il dit : « Je n'aime pas beaucoup que les pĂ©dĂ©s se baladent dans les rues pour ramasser des adolescents
 je mets les prostituĂ©es et les homosexuels Ă  peu prĂšs au mĂȘme niveau
 et j'aurais du mal Ă  condamner Ă  la prison Ă  vie pour le meurtre d'une prostituĂ©e »[19].

En 1987, un juge de Floride est dessaisi d'une affaire de meurtre violent d'un homme gay pour avoir demandé au procureur, sur le ton de la plaisanterie selon lui, depuis quand il était illégal de frapper des hommes homosexuels[21] - [19].

Manifestation de la violence contre la communauté LGBT

Attaques lors des marches des fiertés

Les Gay Prides (en français Marches des fiertés) sont souvent l'objet de violences en raison de leur caractÚre public. De nombreux pays tentent de fournir une protection policiÚre aux participants, d'autres interdisent ces défilés, et la police ignore ou encourage les violences.

La Moldavie a interdit le dĂ©filĂ©, et les autoritĂ©s ont fermĂ© les yeux devant les violences faites aux manifestants venus dĂ©filer malgrĂ© l'interdiction. En 2007, un groupe de LGBT s'Ă©tant vu refuser l'autorisation de dĂ©filer, organise une petite manifestation. Il est rapidement entourĂ© par une bande deux fois plus nombreuse qui les insulte et leur lance des Ɠufs. Le rassemblement est maintenu, les participants tentent de dĂ©poser des fleurs au Monument aux victimes de la rĂ©pression, mais en sont empĂȘchĂ©s par un important dispositif policier, au motif qu'ils n'ont pas l'autorisation de la mairie. L'annĂ©e suivante, les membres de la communautĂ© LGBT tentent de nouveau d'organiser un dĂ©filĂ©. Environ 60 participants se dirigent en bus vers la capitale, mais une foule en colĂšre entoure le bus avant que les passagers descendent, aux cris de « on va les faire sortir et leur casser la gueule » ou « ne les laissez pas s'Ă©chapper, battez-les Ă  mort ». La foule demande aux militants de dĂ©truire tout leur matĂ©riel pour le dĂ©filĂ©, s'ils veulent partir sains et saufs : les passagers obtempĂšrent et la marche est annulĂ©e. Durant toute l'agression, la police se tient sans rien faire Ă  environ 100 mĂštres, alors que les passagers leur ont adressĂ© neuf appels Ă  l'aide[12] - [22] - [23].

En Russie, le maire de Moscou Iouri Loujkov a maintes fois interdit les marches, les traitant de « sataniques »[24]. En 2007, les participants Ă  la pride dĂ©cident de se rĂ©unir pacifiquement et remettent une pĂ©tition Ă  la mairie invoquant le droit de rĂ©union et la libertĂ© d'expression. Ils sont accueillis par des skinheads. La police ferme les abords de la place ; les militants LGBT sont arrĂȘtĂ©s et attaquĂ©s par des skinheads, sans que la police intervienne. Onze femmes et deux hommes LGBT sont arrĂȘtĂ©s ; malgrĂ© la chaleur, la police leur refuse les soins mĂ©dicaux nĂ©cessaires et les insulte. Les policiers disent aux femmes : « personne n'a besoin des lesbiennes, personne ne vous sortira d'ici ». AprĂšs des heures de garde Ă  vue, les marcheurs LGBT libĂ©rĂ©s sont bombardĂ©s Ă  leur sortie par des Ɠufs et insultĂ©s par les manifestants qui attendaient[12] - [25].

La Hongrie tente de mettre en place une protection efficace, mais n'arrive pas Ă  endiguer le flot de violence. En 2008, des centaines de personnes participent Ă  la pride de Budapest. Deux entreprises LGBT affiliĂ©es Ă  la marche plus tĂŽt dans la semaine ont Ă©tĂ© attaquĂ©es : la police Ă©rige donc des barriĂšres mĂ©talliques de chaque cĂŽtĂ© de la rue oĂč la marche doit avoir lieu. ConsĂ©quences : des centaines de manifestants en colĂšre attaquent les polices Ă  coup de cocktails Molotov et de pierres, incendient un fourgon de police et blessent deux policiers. Pendant le dĂ©filĂ©, les manifestants jettent des cocktails Molotov, des Ɠufs et des pĂ©tards sur les marcheurs. Huit marcheurs de la pride au moins sont blessĂ©s[26]. 45 personnes sont arrĂȘtĂ©es en relation avec les attaques et les observateurs parlent de la marche comme « la pride la plus violente en ses 12 ans d'existence Ă  Budapest »[12] - [27].

Incendie foyer Lgbt-France

Plus récemment en février 2023 et suite à deuxiÚme incendie dans le quartier de La Source à Saint-Denis[28] - [29], le "Corah" va se réunir pour mettre en oeuvre de nouvelles actions contre ses débordements Anti-Lgbt[30], une tribune en ce sens appelant à la tolérance a été publiée au mois de mars 2023[31].

Paroles de chansons homophobes

Buju Banton, un musicien jamaïcain, lors d'une représentation en 2007.

En raison d'une forte tradition homophobe en JamaĂŻque, de nombreux artistes de reggae et de dancehall, comme Buju Banton, Elephant Man et Sizzla, publient des chansons incitant Ă  la violence contre les homosexuels. De mĂȘme, les textes de hip-hop peuvent contenir des paroles homophobes[32], mais ils ont Ă©voluĂ© ces derniĂšres annĂ©es.

Buju Banton a Ă©crit Ă  15 ans une chanson, Boom Bye Bye, qui a connu un grand succĂšs quand il l'a sortie des annĂ©es plus tard, en 1992. La chanson parle d'assassiner des homosexuels et « prĂ©conise de tirer sur les gays, de verser de l'acide sur eux et de les brĂ»ler vifs »[33]. Une chanson d'Elephant Man proclame : « Quand vous entendez une lesbienne se faire violer / ce n'est pas notre faute
 Deux femmes dans le mĂȘme lit / ce sont deux sodomites qui devraient mourir »[34].

Au Canada, des militants LGBT ont tenté de faire expulser des chanteurs en raison de la nature homophobe et violente de certaines de leurs chansons.

Au Royaume-Uni, Scotland Yard a enquĂȘtĂ© sur certains auteurs et sur leurs textes homophobes et violents : en 2004, la police anglaise interdit Ă  Sizzla d'entrer au Royaume-Uni[33] - [35].

Les dĂ©fenseurs des droits des homosexuels crĂ©ent l'association Stop Murder Music pour lutter contre la promotion de la haine et de la violence homophobe par les artistes. Le groupe organise des manifestations, force des salles de concert Ă  refuser les artistes incriminĂ©s et leur fait perdre des sponsors. En 2007, Stop Murder Music rĂ©dige le Reggae Compassionate Act, qui stipule : « les artistes s'engagent Ă  ne pas produire de musique ni Ă  faire de dĂ©clarations publiques incitant Ă  la haine contre les homosexuels. Ils refusent Ă©galement la rĂ©Ă©dition de leurs chansons homophobes ». Plusieurs artistes signent, comme Buju Banton, Beenie Man, Sizzla et Capleton[33], mĂȘme si, plus tard, certains nieront avoir signĂ©[34] - [36].

Pendant les années 1980, les skinheads d'Amérique du Nord promeuvent la culture néo-nazie et les textes de chanson homophobes.

Motivations

Culture machiste et homophobie sociale

La grande majoritĂ© des agressions criminelles homophobes sont perpĂ©trĂ©es par des hommes sur des hommes. Des thĂ©oriciens, comme Calvin Thomas et Judith Butler ont suggĂ©rĂ© que l'homophobie aurait comme origine, chez les hommes, la peur d'ĂȘtre identifiĂ© comme gay, l'insĂ©curitĂ© concernant leur masculinitĂ©[32] - [37] - [38]. Pour cette raison, l'homophobie est rĂ©pandue dans le sport et dans la sous-culture de ses supporters, considĂ©rĂ©s comme des mĂąles stĂ©rĂ©otypĂ©s notamment dans le football et le rugby[39].

Selon ces thĂ©oriciens, les homophobes, lorsqu'ils communiquent leurs convictions, ont Ă©galement pour but de se distancier des homosexuels ou des personnes trans et de leur statut social, et de rĂ©affirmer leur appartenance Ă  une culture hĂ©tĂ©rosexiste afin de ne pas ĂȘtre Ă©tiquetĂ© et traitĂ© comme gay.

Divers théories psychanalytiques expliquent l'homophobie comme la réaction d'un individu à ses propres pulsions homosexuelles, immédiates ou imaginaires, générant répression, déni ou formation réactionnelle[40].

Religions

Dans la Bible dans le Coran et dans la Torah, la condamnation de l'homosexualité et les lois correspondantes sont floues et sujettes à interprétation. La croyance religieuse est toujours un important facteur d'opposition à l'acceptation sociale de l'homosexualité[41].

Christianisme

Les perceptions de l'homosexualitĂ© dans les Églises chrĂ©tiennes sont variĂ©es. Elles vont de conservatrice Ă  libĂ©rale, en passant par modĂ©rĂ©e[42].

C’est dans la position conservatrice qu'on retrouve les personnes les plus hostiles aux homosexuels[43]. Selon les Ă©glises de ce courant, l'homosexualitĂ© et les homosexuels seraient une grave menace Ă  combattre[44]. Dans les groupes les plus radicaux, des activistes religieux sont impliquĂ©s dans des causes anti-gays et des dĂ©clarations homophobes[45].

De nos jours, la plupart des Ă©glises chrĂ©tiennes dont l'Église catholique et l'Église orthodoxe considĂšrent encore que l'homosexualitĂ© est un pĂ©chĂ©[46]. L''Eglise protestante se montre plus ouverte sur la question de l'homosexualitĂ© qu'elle n'approuve pas mais ne condamne pas[47]. L'Église anglicane a en fonction des pays des positions trĂšs diffĂ©rentes, le courant Ă©vangĂ©lique refuse toute Ă©volution favorable aux homosexuels alors que d'autres jugent ces positions homophobes et bĂ©nissent les unions homosexuelles[47].

Certains groupes chrétiens prÎnent la thérapie de conversion et promeuvent les groupes « ex-gay ». Un tel groupe, Exodus International, a fait valoir que la thérapie de conversion peut contribuerà diminuer les désirs homosexuels[48] mais Exodus a depuis répudié cette mission[49] et s'est excusé pour la douleur, le mal et la promotion « des efforts de changement de l'orientation sexuelle et des théories de réparation de l'orientation sexuelle qui stigmatisaient les parents »[50] - [51].

Islam

Le Coran en se fondant sur l'histoire de Loth et la destruction de Sodome, considÚre l'homosexualité comme un péché contre l'ordre établi par Dieu. L'homosexualité est condamnée par la Charia et la Sunna par la peine de mort[52].

JudaĂŻsme

Deux passages de la Torah condamnent l'homosexualité masculine présentée comme une abomination qui mérite la mort[53] - [54]. Cependant, la Torah n'évoque pas et ne condamne pas l'homosexualité féminine[55].

Condamnation légale de l'homosexualité dans l'histoire

Le chevalier von Hohenberg et son écuyer, brûlés sur le bûcher pour sodomie, Zurich 1482 (BibliothÚque centrale de Zurich).

Historiquement, les persĂ©cutions par l'État ont Ă©tĂ© principalement limitĂ©es aux rapports homosexuels masculins, souvent dĂ©signĂ©s par le terme « sodomie ». Au cours de la pĂ©riode mĂ©diĂ©vale et moderne, la peine pour sodomie Ă©tait habituellement la mort. Du XIXe siĂšcle jusqu'au milieu du XXe siĂšcle, dans le monde occidental, la peine Ă©tait habituellement une amende ou de l'emprisonnement.

Une loi s'opposant aux rapports sexuels entre hommes est enregistrée dans le Lévitique par le peuple hébreu, prescrivant comme punition la peine de mort[56].

Lorsque l'Empire romain passe sous domination chrétienne, les activités homosexuelles masculines sont de plus en plus réprimées, souvent par la peine de mort[57].

En l'an 342, les empereurs chrĂ©tiens Constance II et Constant Ier dĂ©clarent illĂ©gal le mariage entre personnes de mĂȘme sexe[58]. Plus tard, en l'an 390, les empereurs Valentinien II, ThĂ©odose I et Arcadius dĂ©clarent l'homosexualitĂ© illĂ©gale, condamnant les coupables Ă  ĂȘtre brĂ»lĂ©s vifs en public[57]. Sous l'empereur Justinien I (527-565), les homosexuels servent de boucs Ă©missaires lors des famines, des tremblements de terre ou des Ă©pidĂ©mies de peste[59].

Les lois et les codes interdisant les pratiques homosexuelles sont en vigueur en Europe du IVe siĂšcle au XXe siĂšcle[57]. Les pays musulmans ont des lois semblables dĂšs les dĂ©buts de l'Islam, du VIIe siĂšcle jusqu'Ă  nos jours. À Bagdad, en Abbasside, le calife Ali al-Hadi (785-786) punit de mort l'homosexualitĂ©.

Pendant le Moyen Âge, le Royaume de France et Florence instaurent Ă©galement la peine de mort pour homosexualitĂ©. À Florence, un jeune garçon nommĂ© Giovanni di Giovanni (1350-1365) est castrĂ© et son anus brĂ»lĂ© au fer rouge, en vertu de la loi[60] - [61]. Ces peines continuent durant la Renaissance. On les retrouve en Suisse, dans le canton de Zurich : le chevalier Richard von Hohenberg (mort en 1482) est brĂ»lĂ© vif avec son amant, son jeune Ă©cuyer. À la mĂȘme Ă©poque, en France, l'Ă©crivain français Jacques Chausson (1618-1661) est brĂ»lĂ© vif pour avoir tentĂ© de sĂ©duire le fils d'un noble.

En Angleterre, la loi de 1533 sur la Bougrerie réprime la bestialité de la sodomie en la punissant de mort. Malgré la modification de la loi en 1828, la sodomie reste punie de mort jusqu'en 1861. Les derniÚres exécutions ont lieu en 1835 (James Pratt et John Smith).

Sous le régime nazi, les homosexuels font partie des groupes ciblés par l'Holocauste. En 1936, en Espagne, sous la dictature de Franco, l'homosexuel Federico García Lorca est exécuté. Les néo-nazis allemands modernes s'opposent à l'homosexualité et ils utilisent le mot « Schwul » (« gay ») en guise d'injure[62].

Références

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