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Droits LGBT en Afghanistan

Les personnes faisant partie de la communauté LGBT (lesbienne, gay, bisexuel, transgenre) qui vivent en Afghanistan buttent contre des obstacles juridiques et sociaux. L'homosexualité et le travestissement sont considérés comme des crimes trÚs graves, passibles de la peine de mort. AprÚs la reprise du pouvoir par les talibans en août 2021, de nombreux médias ont décrit le danger de mort couru par les personnes LGBTI afghanes, et les assassinats de certaines d'entre elles.

Droits LGBT en Afghanistan
Image illustrative de l'article Droits LGBT en Afghanistan
Localisation de l'Afghanistan.
Dépénalisation de l'homosexualité Non
Sanction Peine de mort
Identité de genre Non
Service militaire Non
Protection contre les discriminations Non
Mariage Non
Partenariat Non
Adoption Non

Attitude sociale

L'homosexualité et le travestissement sont tabous, largement considérés comme des activités indécentes en raison de la tradition musulmane qui pose un cadre strict aux pratiques sexuelles et à la place des sexes. La plupart des Afghans étant musulmans, ces dispositions d'esprit se reflÚtent également dans la Constitution du pays et dans les lois en cours.

Quand l'homosexualitĂ© est dĂ©battue publiquement, elle est amalgamĂ©e avec la prostitution et la pĂ©dophilie, et la sensibilisation Ă  la diversitĂ© des orientations sexuelle ou Ă  l'identitĂ© de genre est limitĂ©e. InterrogĂ©s en 2011 par des journalistes afghans, des hommes qui avaient collĂ©s des symboles LGBT sur leurs voitures ont dĂ©clarĂ© ignorer la signification du drapeau arc-en-ciel et des autocollants, pensant que ce n'Ă©tait qu'une mode occidentale, puis se sont empressĂ©s de les retirer afin de ne pas ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme des partisans de la cause homosexuelle[1].

Condamnation par les Talibans

Toutes les relations sexuelles en dehors du cadre d'un mariage hétérosexuel sont criminelles depuis l'arrivée en pouvoir des Talibans dans les années 1990. Des hommes et des femmes seraient réguliÚrement exécutés publiquement pour avoir commis la fornication, l'adultÚre ou des actes de sodomie.

En 1994, le chef des Talibans, Mullah Omar, a empĂȘchĂ© un garçon d'ĂȘtre sodomisĂ© par deux seigneurs fĂ©odaux de Kandahar. AprĂšs la prise de contrĂŽle de la ville, il a dĂ©crĂ©tĂ© que tout acte sexuel consentant impliquant la sodomie serait puni de la peine capitale[2].

En 2021, aprĂšs le retour au pouvoir des talibans, de nombreux jeunes afghans LGBT+ ont tĂ©moignĂ© de la terreur dans laquelle ils vivent[3] - [4] - [5] - [6] - [7] - [8]. L'association Human Rights Watch a documentĂ© les menaces, de viols, agressions et dĂ©tentions arbitraires d'Afghans et d'Afghanes LGBT+[9]. Avec les talibans au pouvoir, la punition officielle prĂ©vue par la charia est la mort par lapidation[10] - [11]. L’ONG canadienne Rainbow Railroad (en) reçoit des centaines de demandes d'aide d'Afghans en danger, qui cherchant Ă  s'exiler[12] - [13].

Bacha bazi

Malgré les attitudes sociales de rejet et les interdictions légales, il existe une forme de bisexualité institutionnalisée dans la culture afghane. Cela se produit lorsque des garçons sont enlevés pour servir d'esclaves sexuels à des hommes adultes, généralement appartenant à une milice, ou quand un homme adulte achÚte les faveurs sexuelles de jeunes garçons avec de l'argent ou des cadeaux. Ces activités sont tolérées au sein de la culture afghane car elles ne sont pas perçus comme étant l'expression d'une identité LGBT, mais plutÎt comme du pouvoir et de la domination masculine, le garçon étant dans ces situations forcé d'assurer le rÎle de la femme.

Les membres de milices n'ont souvent pas accĂšs aux femmes et les garçons sont parfois enlevĂ©s pour ĂȘtre humiliĂ©s et violĂ©s par des adultes[14]. Certains garçons en revanche choisissent de se prostituer indĂ©pendamment de leur orientation sexuelle.

Les hommes impliqués dans ces pratiques sont quelquefois appelés bacha bazi en persan et semblent prospérer dans les grandes villes d'Afghanistan, probablement en raison de la pauvreté et des tabous sociaux qui entourent de maniÚre stricte les interactions entre les hommes et les femmes. Une loi a été promulguée interdisant aux soldats afghans de vivre avec leur « ashna »[15].

En 2007, des rapports ont dĂ©clarĂ© que la pratique du bača bariĆĄ (« garçons imberbes ») est encore rĂ©pandue dans certaines parties du nord de l'Afghanistan. Elle implique des adolescents, habillĂ©s en femmes pour participer Ă  des compĂ©titions de danse et des actes sexuels.

L'homosexualité est ainsi souvent associée à la fois au viol et à la prostitution, une idée reçue qui se traduit dans les lois du pays.

Code pénal

Le code pénal de 1976 a été remis en application aprÚs l'occupation américaine, et il contient de nombreuses dispositions qui pourraient s'appliquer aux LGBT .

  • Article 398 – Des peines allĂ©gĂ©es sont prĂ©vues pour les crimes d'honneur, qui impliquent qu'une membre d'une famille dĂ©couvre sa femme ou un parent engagĂ© dans des pratiques d'adultĂšre, de sodomie ou d'homosexualitĂ©.
  • Article 427 – Un long emprisonnement est prĂ©vu pour une personne qui commet l’adultĂšre ou la pĂ©dĂ©rastie, cette derniĂšre pouvant ĂȘtre interprĂ©tĂ©e comme comprenant la sodomie, en tenant compte du fait que ces peines sont encore valables si les personnes concernĂ©es sont des adultes. La peine maximum augmente si la victime a moins de 18 ans, si l'accusĂ© est en position d'autoritĂ© sur la victime, si l'accusĂ© a rĂ©pĂ©tĂ© ce crime Ă  de multiples reprises ou si le crime transmet une maladie.
  • L’article 512 Ă©tablit que toute personne qui se livre Ă  du « voyeurisme » public d'une façon rĂ©pugnante doit ĂȘtre emprisonnĂ© ou condamnĂ© Ă  une amende.

Charia

La Constitution dispose que l'Afghanistan est une rĂ©publique islamique. Il est donc possible pour les personnes LGBT en Afghanistan d'ĂȘtre accusĂ©s d'avoir violĂ© la loi islamique. Ces accusations peuvent se substituer ou s'ajouter aux accusations Ă©manant du Code pĂ©nal. Les peines basĂ©es sur la sharia sont plus susceptibles de se produire dans les communautĂ©s rurales isolĂ©es, oĂč des citoyens et des groupes contrĂŽlent et punissent ceux qui ne suivent pas les mƓurs islamiques strictes.

Dans les villes, les personnes reconnues coupables d'homosexualitĂ© sont gĂ©nĂ©ralement condamnĂ©es Ă  la prison. En 2004, un conseiller amĂ©ricain au gouvernement afghan a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© et condamnĂ© Ă  une peine de prison pour activitĂ©s homosexuelles avec un afghan. D'autres reportages ont Ă©galement notĂ© de nombreux cas similaires[16].

La situation devient plus difficile encore Ă  partir de 2021.

Loi sur la famille

La loi afghane sur le mariage (1971) dispose qu'un mariage lĂ©gal engage deux adultes musulmans de sexe opposĂ©s, et qu'il doit respecter les rĂšgles de la loi islamique. Bien que la loi n'aborde pas explicitement la question de couples de mĂȘme sexe, l'article 41 de la loi sur le mariage Ă©tablit que si la loi est muette sur une question particuliĂšre, alors c'est la loi islamique qui doit ĂȘtre consultĂ©e. Par consĂ©quent la loi sur le mariage ne reconnaĂźt pas les mariages homosexuels, union civile ou partenariats domestiques. De mĂȘme, la loi afghane sur les unions, mariage et la circoncision (1949) dĂ©crit le mariage comme l'engagement entre un homme et une femme musulmane et ajoute que ces mariages doivent suivre la loi islamique.

L'article 430 dispose que « l'incitation à la délinquance » est appliquée si un adulte encourage ou aide à l'acte d'adultÚre, d'homosexualité ou de prostitution un mineur de 18 ans.

En 2007, le Sydney Morning Herald a signalĂ© qu'un homme pachtoune est tombĂ© amoureux et s'est mariĂ© avec un garçon de 16 ans – et que tous deux ont exĂ©cutĂ©s sommairement au Pakistan Ă  la suite de cette « union impie » qui avait provoquĂ© l'indignation parmi les leaders islamiques. Des informations locales disent que la famille du garçon, extrĂȘmement pauvre, a acceptĂ© l'union aprĂšs que Liaquat, un rĂ©fugiĂ© afghan, ait payĂ© une dot de 40 000 pakistanaises (885 $) – une somme Ă©norme pour eux. Cependant, comme des informations sur ce scandale ont filtrĂ©, les anciens de la tribu Afridi ont convoquĂ© une jirga (conseil tribal) pour dĂ©cider de la rĂ©ponse Ă  appliquer Ă  cet « acte immoral et honteux »[17].

VIH/sida

Avant 2003, peu ou pas d'Ă©ducation et de traitement du VIH/sida existaient. En 2008, le nombre officiel de personnes vivant avec le VIH est de 504, mais on pense que plusieurs milliers de personnes en sont en fait atteintes[18]. Les mƓurs sociales traditionnelles profondĂ©ment enracinĂ©es rendent difficile l'introduction d'initiatives publiques globales d'Ă©ducation sanitaire. Jusqu'Ă  prĂ©sent, la majeure partie des ressources disponibles ont mis l'accent sur la lutte contre la toxicomanie et, dans une moindre mesure, l'industrie du sexe[19]. Cependant, le seul message transmis Ă  propos de la sexualitĂ© est l'encouragement Ă  l'abstinence[19].

En 2009, le premier centre de traitement du VIH a ouvert à Kaboul, et de nombreux autres sont prévus[20]. Accéder aux traitements anti-rétroviraux est, au mieux, limité, et les initiatives de prévention se heurtent aux tabous profondément ancrés dans la population[21]. Des efforts sont faits pour éduquer les chefs locaux et religieux, dans l'espoir qu'ils puissent légitimer une plus grande sensibilisation du public[21].

LĂ©galement, l'article 373 du code pĂ©nal dispose qu'une personne qui propage une maladie dangereuse par accident doit ĂȘtre condamnĂ©e Ă  une amende, mais si cette maladie entraĂźne la mort ou une incapacitĂ© permanente, la peine est identique Ă  un homicide involontaire.

Discrimination et politique

En 2009, aucune loi n'existe en Afghanistan contre la discrimination ou le harcĂšlement sur les bases de l'orientation sexuelle ou de l'identitĂ© de genre. En rĂ©ponse Ă  des demandes de l'Ă©tranger, le Parti social-dĂ©mocratique afghan (Afgan Mellat) a dĂ©clarĂ© qu'il « favorise un effort international pour lutter contre la pandĂ©mie du sida, mais que l'homosexualitĂ© et le mariage homosexuel sont dĂ©fendus par toutes les grandes religions. » Aucun parti politique ou lobby n’a exprimĂ© son soutien aux droits LGBT.

En fait, la loi afghane interdit actuellement à tout parti politique, lobby ou club de défendre une cause opposée à la loi islamique. En l'absence d'un changement de la loi, il est peu probable qu'une organisation politique ou sociale défende les droits des LGBT.

Censure

L'article 32 du DĂ©cret sur la presse afghane (2002) interdit les publications qui font la promotion d'actes « incitant Ă  la dĂ©pravation ». De mĂȘme l'article 27D de la Loi postale afghane (1973) interdit l'usage du service postal dans le but d'Ă©changer tout ce qui est « contraire Ă  la dĂ©cence et la moralitĂ© publique ». Ces deux dispositions pourraient ĂȘtre utilisĂ©es pour censurer la distribution de documents de dĂ©fense des droits homosexuels ou l'Ă©vocation de l'homosexualitĂ© en gĂ©nĂ©ral.

Notes et références

  1. gay accidentelle Afghanistan fierté. Guardian.
  2. http://www.sodomylaws.org/world/afghanistan/afnews007.htm
  3. Laure DasiniÚres, « "Les talibans nous traquent, ils vont nous tuer" : le SOS des Afghans LGBT », sur https://tetu.com/ (consulté le )
  4. « "Ils nous tueront tous": le désespoir des Afghans LGBT+ aprÚs la prise de pouvoir des talibans », sur Le HuffPost, (consulté le )
  5. (en-GB) « LGBT in Afghanistan: 'I could be killed on the spot' », BBC News,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  6. Ben Westcott CNN, « Afghanistan's LGBTQ community say they're being hunted down after Taliban takeover », sur CNN (consulté le )
  7. (en) « Being gay in Afghanistan: 'The Taliban raped him and beat him' », sur ITV News, (consulté le )
  8. Rachida El Azzouzi et Mortaza Behboudi, « Être LGBT+ en Afghanistan : « Ici, on nous refuse la vie, mĂȘme la mort » », sur Mediapart (consultĂ© le )
  9. « Afghanistan : Les talibans prennent pour cible les personnes LGBT », sur Human Rights Watch, (consulté le )
  10. (en) patrick-strudwick, « 'I don’t want them to kill me like they killed my boyfriend': Gay Afghans hide from the Taliban », sur inews.co.uk, (consultĂ© le )
  11. (de) « This Taliban judge orders stoning, hanging, hands chopped of », sur Bild,
  12. « Des personnes LGBTQ+ cherchent à quitter l'Afghanistan pour échapper aux talibans », sur Radio-Canada.ca (consulté le )
  13. (en-GB) « Taliban will ‘weed out and exterminate’ LGBT+ people in Afghanistan, warns exiled gay author », sur PinkNews | Latest lesbian, gay, bi and trans news | LGBT+ news, (consultĂ© le )
  14. Washingtonexaminer.com
  15. Sodomylaws.org le 20 janvier 2011
  16. (en) « Sodomylaws.org », Sodomylaws.org (consulté le ).
  17. (en) « Afghan tribesman faces death for wedding to teenage boy - World », sur smh.com.au, (consulté le ).
  18. (en) « UNICEF », UNICEF (consulté le )
  19. (en) Daniel Cooney, « Kabul's Drug Epidemic Requires Unique Approaches in HIV/AIDS Prevention », Adb.org, (consulté le )
  20. (en) « WHO », Who.int (consulté le )
  21. (en) « Ministry Says 2,500 Afghans HIV Positive », Medindia.net, (consulté le )

Liens externes

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