Masculinité
La masculinité est un ensemble d'attributs, de comportements et de rÎles associés aux garçons et aux hommes[1]. La masculinité reste cependant à distinguer de la définition du sexe biologique masculin[2] - [3].
Les Ă©tudes portant sur les masculinitĂ©s les dĂ©finissent plutĂŽt comme « ce que les hommes sont supposĂ©s ĂȘtre »[4], c'est-Ă -dire comme les caractĂ©ristiques corporelles, comportements et maniĂšres de penser que l'on attend d'un individu assignĂ© homme dans l'espace social. Ces attentes ne sont pas les mĂȘmes pour tous et varient avec le temps, c'est pourquoi on prĂ©fĂšre parler des masculinitĂ©s au pluriel, insistant ainsi sur le caractĂšre Ă©volutif, multiple et parfois contradictoire des modĂšles sociaux proposĂ©s aux hommes[5].
Les études sur les hommes et les masculinités (Men's Studies) replacent ces modÚles sociaux dans le cadre des rapports de pouvoir liés au genre. La notion de « masculinité hégémonique », développée par la sociologue australienne Raewyn Connell dans son ouvrage Masculinities (1995, 2005), désigne ainsi « la configuration des pratiques de genre visant à assurer la perpétuation du patriarcat et la domination des hommes sur les femmes »[6].
Description
Les qualités et les rÎles masculins sont ceux considérés comme typiques, appropriés et attendus de la part des garçons et des hommes. Le concept de masculinité varie historiquement et culturellement. Par exemple le dandy était considéré comme un idéal de masculinité au XIXe siÚcle et est considéré comme efféminé suivant les normes modernes[7].
L'Ă©tude acadĂ©mique de la masculinitĂ© a fait l'objet d'une attention accrue Ă partir de la fin des annĂ©es 1980 et au dĂ©but des annĂ©es 1990, le nombre de cours sur le sujet aux Ătats-Unis passant de 30 Ă plus de 300[8]. Cet intĂ©rĂȘt a suscitĂ© des recherches sur l'intersection de la masculinitĂ© avec d'autres axes de discrimination sociale et des concepts d'autres domaines, tels que la construction sociale de la diffĂ©rence entre les sexes[9] (qui prĂ©vaut dans un certain nombre de thĂ©ories philosophiques et sociologiques).
Les hommes et les femmes peuvent présenter des traits et des comportements masculins. Ceux qui présentent à la fois des caractéristiques masculines et féminines sont considérés comme androgynes, et les philosophes féministes ont soutenu que l'ambiguïté du genre peut brouiller la classification du genre[10].
Historique
Les mouvements d'hommes pro-féministes
ParallĂšlement aux mouvements fĂ©ministes amĂ©ricains des annĂ©es 1970 est apparu un mouvement militant dâhommes favorables aux revendications fĂ©ministes. « Ces groupes soutiennent les efforts qui promeuvent lâĂ©galitĂ© entre les femmes et les hommes, dans tous les secteurs de la sociĂ©tĂ© »[11]. Ces groupes dâhommes dits « pro-fĂ©ministes » naissent un peu partout aux Ătats-Unis, et le plus connu est trĂšs certainement le National Organization for Men Against Sexism (NOMAS). Ce groupe se dĂ©finit lui-mĂȘme comme une « organisation activiste pro-fĂ©ministe, attentive aux propositions des mouvements gays (gay-affirmative), antiraciste, qui a soulevĂ© des questions de justice sociale »[11]. Et Ă lâinstar des mouvements fĂ©ministes, ces mouvements pro-fĂ©ministes vont faire naĂźtre un nouveau champ dâinvestigations activiste dans les universitĂ©s amĂ©ricaines : les menâs studies.
Dans sa thÚse de doctorat, De l'ennemi principal aux principaux ennemis: position vécue, subjectivité et conscience masculines de domination, soutenue en 2007, Léo Thiers-Vidal définit les conditions par lesquelles les hommes peuvent cesser d'opprimer les femmes. Il s'est investi dans le mouvement féministe au milieu des années 1990[12].
Dans Des Hommes Justes publié en 2019, Ivan Jablonka définit les rapports entre masculinités et justice de genre[13].
Les men's studies
Les men's studies (en) (parfois appelĂ©es en français « Ă©tudes sur la condition masculine », quoique cette dĂ©signation n'ait pas dans tous les contextes le mĂȘme poids culturel et historique, allant jusqu'Ă dĂ©signer certaines formes de masculinisme), ont Ă©tĂ© fondĂ©es par des groupes d'hommes pro-fĂ©ministes en rĂ©plique militante aux mouvements d'hommes qui, dans les annĂ©es 1970, estimaient que le fĂ©minisme Ă©tait « allĂ© trop loin ». Elles se sont dĂ©veloppĂ©es dans plusieurs universitĂ©s amĂ©ricaines dans les dĂ©partements d'Ă©tudes de genre aux cĂŽtĂ©s des Women's studies, autour de revues comme Men and Masculinities[14] et The Journal of Men's Studies[15].
On doit aux sociologues amĂ©ricains Michael Kimmel et Michael A. Messner le premier ouvrage portant sur les masculinitĂ©s en tant qu'identitĂ©s de genre construites socialement (Men's Lives, 1989). C'est un succĂšs Ă©ditorial aux Ătats-Unis oĂč il a dĂ©jĂ Ă©tĂ© rĂ©Ă©ditĂ© neuf fois. En 1995, la sociologue australienne Raewyn Connell publie son ouvrage Masculinities (seconde Ă©dition revue en 2005) oĂč elle dĂ©finit le concept de masculinitĂ© hĂ©gĂ©monique. En France, les Ă©tudes sur les masculinitĂ©s se dĂ©veloppent particuliĂšrement depuis les annĂ©es 2000 (Weltzer-Lang, Sohn, Corbin, MĂ©lanie Gourarier, Vörös, Rebucini[16]).
Pour la plupart des auteurs de cette pensĂ©e (Messner, 2007, Connell R. W., 2005) les masculinitĂ©s sont le fruit dâun apprentissage social (social learning). Cet apprentissage social, cette socialisation, repose sur la performativitĂ© du genre (Judith Butler, 2006), performativitĂ© qui elle-mĂȘme repose sur des normes la conditionnant. « Il nây a pas de lieu, dans la sociĂ©tĂ©, qui Ă©chapperait aux normes de genre. Les hommes sont perçus comme « normaux » quand ils accomplissent (perfom) de maniĂšre rĂ©pĂ©tĂ©e des gestes et des postures comme lâagilitĂ©, la duretĂ©, le stoĂŻcisme Ă©motionnel, la domination et lâhĂ©tĂ©rosexualitĂ©. [âŠ] La rĂ©pĂ©tition est la clĂ© ; les identitĂ©s, construites de maniĂšre fragile et provisoire, doivent ĂȘtre rĂ©pĂ©tĂ©es pour ĂȘtre renforcĂ©es. »[17]
La « masculinité hégémonique »
Ce concept développé par la sociologue australienne Raewyn Connell est une transposition au domaine des gender studies de celui d'hégémonie culturelle forgé par le philosophe Antonio Gramsci.
Dans ses Cahiers de prison, A. Gramsci dĂ©finit l'hĂ©gĂ©monie comme une forme de domination fondĂ©e sur « la combinaison de la force et du consentement qui s'Ă©quilibrent de façon variable, sans que la force l'emporte par trop sur le consentement, voire en cherchant Ă obtenir que la force apparaisse appuyĂ©e sur le consentement de la majoritĂ© »[18]. Le concept d'hĂ©gĂ©monie insiste ainsi sur les mĂ©canismes qui expliquent le consentement des dominĂ©s au systĂšme dans lequel ils et elles ont une position subordonnĂ©e. Il permet Ă©galement de penser les rapports de pouvoir dans un cadre Ă©volutif, comme le rĂ©sultat de processus historiques, et donc susceptibles d'ĂȘtre remis en question.
La transposition du concept d'hégémonie aux études de genre a permis la formulation du concept de masculinité hégémonique, qui apparaßt pour la premiÚre fois dans des travaux de sociologie de l'éducation australiens des années 1980. Il est formalisé dans un article théorique de 1985[19], puis par l'un des trois auteurs, la sociologue australienne Raewyn Connell, dans son ouvrage Masculinities (1995, 2005).
Raewyn Connell explique que dans lâimaginaire collectif la masculinitĂ© est uniforme, fixe :« Dans lâidĂ©ologie populaire, la masculinitĂ© est souvent considĂ©rĂ©e comme une consĂ©quence naturelle de la biologie masculine. Les hommes se comportent de telle maniĂšre Ă cause de la testostĂ©rone, ou des gros muscles, ou du cerveau mĂąle. Dâun commun accord, la masculinitĂ© est fixĂ©e. (Connell R. W., 2000, p. 57). » Pourtant, cette croyance nâest selon elle quâillusion, les masculinitĂ©s ne sont pas fixes, elles « nâexistent pas antĂ©rieurement Ă lâaction sociale, mais commencent Ă exister en mĂȘme temps que les gens agissent »[20].
Si les modĂšles de masculinitĂ© varient Ă travers l'histoire, plusieurs modĂšles coexistent Ă©galement au sein d'une mĂȘme sociĂ©tĂ©. Ils diffĂšrent notamment en fonction de l'appartenance de classe, de race et de gĂ©nĂ©ration. Alors que certains modĂšles de masculinitĂ© peuvent ĂȘtre perçus comme « positifs », d'autres peuvent ĂȘtre dĂ©considĂ©rĂ©s en raison de marqueurs sociaux perçus comme des stigmates (Goffman[21]).
Parmi les masculinités, la « masculinité hégémonique » désigne « la configuration des pratiques de genre visant à assurer la perpétuation du patriarcat et la domination des hommes sur les femmes »[6], elle insiste en précisant qu'il s'agit par ailleurs d'une stratégie jugée la plus acceptable à un moment donné pour maintenir le patriarcat[22]. Elle constitue le modÚle de masculinité perçu, à un moment donné de l'histoire et dans un contexte social spécifique, comme le « meilleur modÚle de masculinité ». Le concept de « masculinité hégémonique » permet ainsi de penser les rapports de domination entre hommes et femmes, mais aussi les rapports de pouvoir entre hommes et les hiérarchies entre les masculinités. Les individus relevant des masculinités « complices » « subordonnées » ou « marginales » contribuent à leur maniÚre à renforcer la position dominante du modÚle de « masculinité hégémonique »[23]. Dans la lecture critique du concept de masculinité hégémonique, Demetrakis Z. Demetriou précise que la masculinité hégémonique est en réalité un bloc hybride « qui se reconfigure en continu par hybridation »[24]. Cette hybridation passe aussi par des emprunts aux masculinités « subordonnées », « marginales » voire « complices ». Les relations de celles-ci avec la masculinité hégémonique n'étant donc pas unilatérales.
Lâexpression de la misogynie et de lâhomophobie est souvent le tĂ©moin de lâadhĂ©sion au modĂšle de masculinitĂ© hĂ©gĂ©monique et mĂȘme, selon Pascale Molinier, va en devenir une composante ; « Homophobie et domination des femmes sont les composantes de la virilitĂ© »[25]. Daniel Welzer-Lang dĂ©finit lâhomophobie comme « la discrimination envers les personnes qui montrent, ou Ă qui lâon prĂȘte, certaines qualitĂ©s (ou dĂ©fauts) attribuĂ©es Ă lâautre genre » (Welzer-Lang, 1994, p.17). En outre, les propos et les blagues sexistes et homophobes ont, selon RĂ©mi Richard « un rĂŽle Ă©ducatif : celui de remettre en ordre le genre, celui de punir et de prĂ©venir les Ă©carts au « bon » genre, celui de bĂ©tonner les frontiĂšres entre masculin et fĂ©minin »[26], la gauloiserie ferait ainsi partie de l'identitĂ© française.
Masculinité contre féminité ou masculinités plurielles ?
Pierre Bourdieu souligne que la masculinitĂ© et la fĂ©minitĂ© ne peuvent pas ĂȘtre pensĂ©s de maniĂšre sĂ©parĂ©e. Pour lui, câest avant tout dans lâopposition avec le fĂ©minin que le masculin peut se construire et sâexprimer : « La virilitĂ© [âŠ], est une notion Ă©minemment relationnelle, construite devant et pour les autres hommes contre la fĂ©minitĂ©, dans une sorte de peur du fĂ©minin, et dâabord en soi-mĂȘme »[27]. Et encore une fois le travail « au corps » et la socialisation sont au centre des processus de virilisation. Bourdieu parle dâun « travail psychosomatique » appliquĂ© aux garçons qui « vise Ă les viriliser, en les dĂ©pouillant de tout ce qui peut rester en eux de fĂ©minin »[28]. Et câest par ce travail psychosomatique de virilisation ou de fĂ©minisation des corps que les phĂ©nomĂšnes de dominations obtiennent une apparente lĂ©gitimitĂ© biologique ; « La masculinisation du corps masculin et la fĂ©minisation du corps fĂ©minin, [âŠ] dĂ©terminent une somatisation de la relation de domination, ainsi naturalisĂ©e »[29]. Dans cette optique, la fĂ©minitĂ© est lâantithĂšse de la masculinitĂ© ; ĂȘtre une femme consiste alors Ă ne pas ĂȘtre un homme et ĂȘtre un homme câest avant tout refuser tout attribut « naturellement » fĂ©minin. MasculinitĂ© et fĂ©minitĂ© doivent ĂȘtre pensĂ©s de maniĂšre relationnelle comme le fruit dâun « travail de construction diacritique, Ă la fois thĂ©orique et pratique [âŠ] »[30].
Cette conception de la masculinité s'appuie sur une conception binaire des identités de genre, que P. Bourdieu observe dans un ensemble trÚs large de représentations sociales. Dans La Domination masculine[31], il montre comment les oppositions binaires entre le froid et le chaud, l'humide et le sec, qui recoupent les caractéristiques traditionnellement attribuées au féminin et au masculine, constituent une structure fondamentale de la pensée humaine.
Toutefois, la pensĂ©e qui oppose traditionnellement le fĂ©minin au masculin est actuellement critiquĂ©e par le mouvement en faveur des transidentitĂ©s et les thĂ©ories queer, qui revendiquent la fluiditĂ© des identitĂ©s et l'autodĂ©finition. L'existence des personnes intersexes (qui ont des caractĂ©ristiques biologiques relevant des deux sexes), des personnes trans (dont l'identitĂ© de genre ne correspond pas Ă celle qui leur est assignĂ©e Ă la naissance par leur sexe biologique) et des personnes non binaires (qui ne souhaitent pas se dĂ©finir comme masculin ou fĂ©minin), remet en question la binaritĂ© de la division de l'humanitĂ© en deux genres distincts. Pour des thĂ©oriciennes comme Judith Butler, le genre est performatif, c'est-Ă -dire que c'est avec des pratiques sociales, qui sont aussi des pratiques discursives, que l'on dĂ©finit son genre, indĂ©pendamment de son assignation biologique[32]. D'aprĂšs ces thĂ©ories, on distingue ainsi les masculinitĂ©s cis* des hommes dont l'identitĂ© de genre est conforme Ă celle attribuĂ©e Ă la naissance d'aprĂšs leur sexe biologique, et les masculinitĂ©s trans* des personnes qui s'identifient comme masculines en dĂ©pit d'attributs biologiques considĂ©rĂ©s comme fĂ©minins. Il en est de mĂȘme pour les fĂ©minitĂ©s. Par ailleurs, il a Ă©tĂ© montrĂ© que les masculinitĂ©s ne relevaient pas uniquement des hommes, Jack Halberstam dans son ouvrage Female Masculinity soulignant l'apport des femmes dans la diversitĂ© des expressions de genre[33].
Ces théories sont actuellement vivement critiquées par des mouvements tels que le mouvement évangéliste au Brésil[34], ou des mouvements catholiques en France.
Culture
Les comportements masculins ou les valeurs associés à la masculinité sont pour certains trÚs variables selon les époques et les sociétés. Cette variation des attributs attendus dans le temps et l'espace, avec parfois la coexistence de plusieurs modÚles, renforcent l'idée de l'existence de plusieurs masculinités. En Afrique en particulier, une analyse intersectionnelle intégrant le facteur générationnel en montre la multiplicité, le modÚle imposé initialement par la colonisation s'hybridant avec des approches d'origine plus locales[35].
Guerre et armée
La guerre est traditionnellement une activité liée à la masculinité aussi bien au niveau des pratiques sociales que des représentations collectives associant guerre et virilité. Dans les pays qui pratiquent la conscription, les hommes sont majoritairement appelés sous les drapeaux : soit les femmes sont exemptés soit elles bénéficient d'une période d'engagement plus courtes. Au sein des armées professionnelles, les engagés sont majoritairement des hommes.
R. Brian Ferguson a effectué une étude longitudinale et comparatiste sur le phénomÚne guerrier dans différentes sociétés humaines. Il arrive à la conclusion que la guerre est une donnée quasiment universelle au sein des sociétés humaines[36]. Mais pourquoi la guerre est-elle si étroitement associée aux hommes ? Est-elle une expression de la nature masculine ou un produit de la culture ? Ferguson intÚgre les connaissances interculturelles antérieures sur la ségrégation des rÎles fondée sur le sexe dans un cadre analytique qui tient compte à la fois du fait que la guerre est une affaire d'hommes et des nombreuses exceptions et variations[36]. En raison d'une division du travail fondée sur le sexe, apparaßt une définition sociale du travail masculin dans les sociétés humaines et qui favorise les personnalités masculines[36]. La masculinité est culturellement antérieure à la guerre selon Ferguson, mais elle est adaptée au combat lorsque la guerre est présente, puis elle façonne puissamment la guerre et est façonnée par elle. Les cas ethnographiques et les statistiques ethnologiques montrent que la socialisation de la masculinité militaire est omniprésente dans les sociétés qui font la guerre, mais qu'elle varie quant à la signification de la masculinité et quant à la participation des femmes à la guerre et à la maniÚre dont elles y participent[36].
Sport et construction de la masculinité
La pratique sportive est trĂšs certainement lâun des symboles les plus convaincants de la masculinitĂ© hĂ©gĂ©monique[37]. Parce quâils mettent directement en jeu le corps, les sports, « semblent constituer vĂ©ritablement une maison des hommes, un lieu de production incontournable de La masculinitĂ© »[38]. « Alors que la force physique a perdu beaucoup de son importance dans le maintien des idĂ©ologies de supĂ©rioritĂ© masculine dans la plupart des institutions, la puissance brute proprement dit (que de nombreux sports exigent) demeure encore perçue comme une preuve matĂ©rielle et symbolique de lâascendance biologique des hommes. Ainsi les hommes peuvent prĂ©tendre que leurs performances sportives seront toujours plus rapides, plus hautes, plus longues et plus fortes que celles des femmes »[39].
Mode et vĂȘtements
En occident, la mode masculine moderne avec ses traits caractéristiques (coupes droites ou cintrées, couleurs sombres, costume) est apparu au début du XIXÚ siÚcle en Angleterre[40].
AprÚs la Révolution française l'excÚs vestimentaire a été considéré comme un signe de l'aristocratie décadente que le soulÚvement visait à éliminer. L'homme britannique du début du XIXe siÚcle abandonne les broderies, le satin et la dentelle au profit de tissus unis et de couleurs basiques au profit de tissus unis et de couleurs basiques (pantalons noirs, manteaux bleus, gilets blancs)[40]. La silhouette masculine a également évolué vers une coupe légÚrement plus révélatrice, avec des pantalons épousant plus étroitement les jambes, des manteaux cintrés à la taille[40].
Les manuels d'étiquette indiquent le type de collier, de chapeau, de textile, de couleur et de forme de manteau qui conviennent à différentes occasions. Ainsi, la queue-de-pie était considérée comme la tenue de rigueur pour les soirées officielles, tandis que la redingote, dont la jupe était évasée, était réservée à la journée.La redingote est réservée à la journée[40]. La veston de comple a été introduite comme alternative pour les occasions moins formelles et reste aujourd'hui la forme de base de tout costume d'affaires. La veste de smoking a également fait son apparition vers la fin du siÚcle comme une alternative moins formelle à la queue-de-pie[40].
L'interaction entre formalitĂ© et informalitĂ© dans les masculinitĂ©s historiques est Ă©galement Ă©vidente avec l'introduction des vĂȘtements de sport Ă la fin du XIXe siĂšcle lorsque des piĂšces telles que la veste Norfolk et le pantalon aux genoux (knickers) ont Ă©tĂ© introduites dans la culture masculine.
Ces codes ont Ă©tĂ© remis en cause Ă partir des annĂ©es 1960. La "rĂ©volution du paon" (âPeacock Revolutionâ) est le terme utilisĂ© pour dĂ©signer le changement radical de l'esthĂ©tique masculine dans les annĂ©es 1960[40]. Alors qu'auparavant, les vĂȘtements pour hommes Ă©taient plutĂŽt sĂ©dentaires, sobres et reflĂ©taient une masculinitĂ© classique, le nouveau style vestimentaire des annĂ©es 1960 comprenait des couleurs vives, des motifs, une plĂ©thore de tissus ; en gĂ©nĂ©ral, les hommes expĂ©rimentaient avec l'esthĂ©tique visuelle. Les artistes musicaux tels que les Beatles, Elvis Presley et David Bowie ont introduit les cheveux "longs", le glamour[40].
Au Ghana, coexistent deux modĂšles de masculinitĂ©, celui du Rough boy, un modĂšle incorporant de nombreux stĂ©rĂ©otypes de la masculinitĂ© hĂ©gĂ©monique, opposĂ© au Properboy, oĂč la masculinitĂ© vise Ă l'obtention du pouvoir par la respectabilitĂ© et la reconnaissance par les pairs, dans un cadre religieux. Les premiers s'habillent « Ă la mode », tandis que les seconds privilĂ©gient chemise blanche, costumes sombres et chaussures cirĂ©es[41].
Masculinisme et autres approches de valorisation des identités traditionnelles
Selon Paul-Edmond Lalancette, les caractéristiques plus spécifiques associées à l'homme (dans une majorité des sociétés, notamment celles occidentales et modernes) seraient : la créativité, la rationalité, l'entraide, la concentration, l'endurance, la force physique, la détermination, la planification, l'habileté, le courage, l'agressivité et l'intelligence[42].
Crise de la masculinité
La crise de la masculinité est une conception qualifiant un ensemble de doutes et de remises en cause qu'auraient à subir les hommes occidentaux depuis quelques décennies, en particulier depuis la libération sexuelle et la libération de la femme qu'auraient permises la généralisation de la contraception et la légalisation de l'avortement dans certains pays. Ces mouvements auraient entraßné une redéfinition dialectique du rÎle social des individus de sexe masculin à l'origine d'une évolution des normes attachées à la virilité et la paternité, notamment. Cette conception est remise en cause par divers auteurs en sociologie, sciences politiques ou en histoire. Ainsi, Francis Dupuis-Déri la qualifie de « mythe tenace »[43] étant donné les relations de domination entre les hommes et les femmes qui continuent de se maintenir. George Vigarello retrace ainsi la construction historique de cette conception dont les origines remontent jusqu'à l'Antiquité[44] et montre ainsi que la latitude du discours de la crise de la masculinité est l'indice qu'il s'agit plus d'un discours que d'une crise objective.
Masculinité toxique
La prise de conscience monte dans les pays anglo-saxons que la « masculinitĂ© toxique », lorsqu'elle se combine avec une mise Ă disposition gĂ©nĂ©ralisĂ©e des armes Ă feu (surtout aux Ătats-Unis), provoque des tueries rĂ©pĂ©tĂ©es de jeunes adultes[45]. Ă la suite de tueries similaires, l'Australie (Ă la suite de la tuerie de Port-Arthur) et le Royaume-Uni (avec la tuerie de Dunblane) ont mis fin au problĂšme par recours lĂ©gislatifs.
L'historien Ivan Jablonka définit les « pathologies de la masculinité » : violences, discriminations, voire crimes[46].
Notes et références
- Cet article est partiellement ou en totalité issu de l'article intitulé « Crise de la masculinité » (voir la liste des auteurs).
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Voir aussi
Bibliographie
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Revues et articles
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- Kalampalikis Nikos et Buschini Fabrice, « La contraception masculine médicalisée : enjeux psychosociaux et craintes imaginaires », Nouvelle revue de psychosociologie 2/2007 (no 4).
- Oudshoorn Nelly, « Contraception masculine et querelles de genre », Cahiers du genre, no 25, 1999b.
- Jaspard Maryse, Sociologie des comportements sexuels, Paris, La DĂ©couverte, 2005.
- Revue Sciences Humaines :
- « Hommes / femmes, quelles différences ? », no 146, 2004
- « Masculin-féminin », no 42, 1994
Articles connexes
- Contraception masculine thermique
- Cryptorchidie artificielle
- La Contraception masculine (livre)
- Identité sexuelle
- Genre
- Masculinisme
- Virilité
- Féminité
- FĂ©minisme
- Homme
- Sport
- Homophobie
- Sexisme
- Ătudes de genre
- Quasimodo (revue)
Liens externes
- National Organization of Men Against Sexism
- American Menâs Studies Association
- Journal of Men, Masculinities and Spirituality
- La contraception masculine thermique - sur www.contraceptionmasculine.fr, Association pour la Recherche et le Développement de la Contraception Masculine (consulté le 13 mars 2018)
- « Boulocho », sur boulocho.free.fr (consulté le )
- https://www.malecontraceptive.org/prospective/
- The Boys Club, Podcast sur la masculinité, Madmoizelle.com
- On the Verge, Podcast sur la sexualité masculine, Anne-Laure Parmentier