AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Culture du viol

La culture du viol est un concept sociologique utilisé pour qualifier un ensemble d'attitudes et de comportements partagés au sein d'une société donnée qui minimisent, normalisent voire encouragent le viol. Cette culture, comme les autres usages sociologiques du terme culture, renvoie à l'idée que dans une société donnée, les gens partagent des idées, des croyances et des normes sociales. Dans le cas de la culture du viol, ce bagage culturel partagé est perçu comme permettant, voire encourageant le viol. De plus, la culture du viol est vue de façon graduelle, allant de l'institutionnalisation du viol jusqu'à sa sanction. Dans sa forme la plus polarisée, la culture du viol se manifeste par le fait, par exemple, que les femmes sont la propriété des hommes qui leur refusent tout respect ainsi que le droit de contrÎle et de maßtrise de leur propre corps[1]. Dans ce cas prévalent des attitudes et des pratiques qui approuvent le viol[2] considéré alors comme un fait normal.

Origine et diffusion du concept

Origine

L'expression « culture du viol » est apparue aux États-Unis lors de la seconde vague du mouvement fĂ©ministe, plus prĂ©cisĂ©ment au sein du fĂ©minisme radical, et a Ă©tĂ© ensuite attribuĂ©e Ă  la culture amĂ©ricaine contemporaine dans son intĂ©gralitĂ©[note 1] - [4].

Dans les années 1970, des féministes avaient commencé à engager des efforts de prise de conscience visant à éduquer le public sur la fréquence du viol. Auparavant, selon la professeur de psychologie canadienne Alexandra Rutherford, la plupart des Américains supposaient que le viol, l'inceste et les violences conjugales envers les femmes constituaient des faits rares. Se référant à un passage de l'ouvrage de Flora Davis Moving the Mountain[5], Alexandra Rutherford écrit : « Until the 1970s, most Americans assumed that rape, incest, and wife-beating rarely happened »[6].

L'idĂ©e d'une culture du viol posa comme principe que le viol Ă©tait un fait habituel dans une telle culture et qu'il Ă©tait une des manifestations extrĂȘmes du sexisme et de la misogynie normalisĂ©e dans la sociĂ©tĂ©. Dans ce contexte, le viol est redĂ©fini comme un crime liĂ© Ă  la violence plutĂŽt que considĂ©rĂ© comme relevant du sexuel. Au lieu de se focaliser sur la recherche du plaisir sexuel, le viol se cristalliserait en effet sur la domination masculine, l'intimidation et le sentiment de contrĂŽle sur les normes liĂ©es aux genres[7] - [8] - [9]. On commença de plus Ă  considĂ©rer le viol du point de vue de la victime et non plus de l'agresseur[8].

DĂšs 1971, Susan Griffin affirme dans Rape: The All-American crime, que puisque le viol est absent de certaines cultures comme le montre Margaret Mead, « loin de croire que le contrĂŽle du viol est appris, les comparaisons avec d'autres cultures nous amĂšnent Ă  soupçonner que, dans notre sociĂ©tĂ©, c'est le viol lui-mĂȘme qui est appris. [
] Le viol n'est pas un acte isolĂ© qui peut ĂȘtre Ă©radiquĂ© du patriarcat sans en terminer avec le patriarcat lui-mĂȘme »[10].

En 1974, Noreen Connell et Cassandra Wilson des New York Radical Feminists[11] emploient l'expression « culture du viol » dans leur livre Rape: The First Sourcebook for Women. Cet ouvrage est l'un des premiers Ă  proposer des rĂ©cits de viol Ă  la premiĂšre personne et contribue Ă  sensibiliser le public Ă  cette question[12]. Le groupe y dĂ©clare : « notre but ultime est d'Ă©liminer le viol et ce but ne peut ĂȘtre atteint sans une transformation rĂ©volutionnaire de notre sociĂ©tĂ© »[13]. Les auteures entendent dĂ©montrer que le viol est un crime plus commun que ce qu'on croit[14].

Le terme est popularisé en 1975 par le documentaire américain Rape culture[15].

Au Québec

En , au QuĂ©bec, Ă  la suite d'une sĂ©rie d'agressions dans une citĂ© universitaire de l'universitĂ© Laval donnant lieu Ă  quinze plaintes dont quatre pour agression sexuelle[16] - [17] - [18], la vague d'Ă©motion suscitĂ©e dans le public encourage une jeune femme, Alice Paquet, Ă  dĂ©poser plainte contre le dĂ©putĂ© Gerry Sklavounos pour agressions sexuelles[19]. Lors de la tempĂȘte mĂ©diatique qui s'ensuit, un blogueur rĂ©vĂšle le passĂ© d'escort de la jeune femme. L'information est reprise dans le journal Le Devoir ce qui la pousse Ă  publier une lettre publique dans laquelle elle regrette qu'une telle information puisse avoir une incidence sur le bris de consentement dont elle a Ă©tĂ© victime et invite les femmes Ă  la solidaritĂ© pour combattre « la culture du viol Â»[20]. Des manifestations sont aussitĂŽt organisĂ©es Ă  MontrĂ©al, Ă  QuĂ©bec, Ă  Saguenay, Ă  Sherbrooke et Ă  Gatineau contre la culture du viol[21]. En , le directeur des poursuites criminelles et pĂ©nales dĂ©cide de ne pas porter d'accusation contre Gerry Sklavounos et aucune suite ne sera donnĂ©e aux accusations de la jeune femme[22] - [23] - [24].

En , une somme de 2,5 millions de dollars est allouĂ©e Ă  la professeure Shaheen Shariff de l'universitĂ© McGill pour dĂ©terminer s'il existe ou non une culture du viol sur les campus d'universitĂ©. Cette recherche fait collaborer dix universitĂ©s dans ce projet qui s'Ă©tale sur sept annĂ©es[25]. Shaheen Shariff et son assistante de recherche se dĂ©clarent d'emblĂ©e persuadĂ©es de la rĂ©ponse positive qui sera donnĂ©e Ă  la question et soutiennent que « le but est de faire prendre conscience aux Ă©tudiants des comportements Ă  adopter, en travaillant avec les partenaires de notre organisation ».

En , le rapport de l’« enquĂȘte sexualitĂ©, sĂ©curitĂ© et interactions en milieu universitaire Â» (ESSIMU) est publiĂ©. 9 284 Ă©tudiants de six universitĂ©s quĂ©bĂ©coises francophones sont interrogĂ©s entre autres sur leur connaissance du phĂ©nomĂšne de la culture du viol et, quand il leur est dĂ©jĂ  connu, sur leur estimation de son niveau de gravitĂ© dans leur universitĂ©. L'enquĂȘte, qui contient des questions auxquelles il est possible de rĂ©pondre par « pas du tout Â», « un peu Â», « moyennement Â», « beaucoup Â» ou « totalement Â», rĂ©vĂšle notamment un niveau de familiaritĂ© avec l'expression « culture du viol Â» lĂ©gĂšrement plus Ă©levĂ© chez les femmes (17,7 % des femmes interrogĂ©es s'en disent « totalement Â» familiĂšre) que chez les hommes (9,3 %) et significativement plus Ă©levĂ© chez les minoritĂ©s de genre (38,2 %). Chez les personnes dĂ©clarant avoir connaissance de l'expression, les minoritĂ©s de genre considĂšrent de façon significativement plus Ă©levĂ©e (23,5 % rĂ©pondent « totalement ») que la culture du viol est un problĂšme dans leur universitĂ©[26].

En France

C'est Éric Fassin, introducteur en France de Trouble dans le genre de Judith Butler, qui le premier Ă©voque la culture du viol dans un article scientifique de 1997 portant sur la polĂ©mique des date rape (« agressions masculines dans le contexte du rendez-vous amoureux »[27]) aux États-Unis[28]. Ces controverses entre fĂ©ministes amĂ©ricaines suivent la dĂ©couverte dans les annĂ©es 1980 que 57 % des viols seraient commis lors d'un « rencard » par un agresseur connu de la victime. La notion n'est pas reprise par la communautĂ© universitaire française[29].

À la fin des annĂ©es 2000, l'expression de « culture du viol Â» Ă©merge peu Ă  peu dans la presse Ă©crite, en particulier en ligne, Ă©voquant tout d'abord un phĂ©nomĂšne propre aux campus universitaires amĂ©ricains. Peu Ă  peu, les mĂ©dias associent cette notion Ă  la culture amĂ©ricaine mondialisĂ©e, puis au contexte et Ă  la culture française.

En 2003, dans Fausse route, Élisabeth Badinter mentionne la rape culture en affichant le plus grand scepticisme[30].

En , une juriste et chercheuse française, Marcela Iacub, publie un livre intitulĂ© Une sociĂ©tĂ© de violeurs ?[31] dans lequel elle s'oppose aux revendications juridiques de certains groupes fĂ©ministes qui considĂšrent le traitement juridique du viol comme trop clĂ©ment.

En 2017, MarlĂšne Schiappa, la secrĂ©taire d'État chargĂ©e de l'ÉgalitĂ© entre les femmes et les hommes, fait paraĂźtre OĂč sont les violeurs ? Essai sur la culture du viol[32] dans lequel elle Ă©crit : « Ceci n'est pas un essai sur le viol, mais sur la culture du viol. Il ne s'agira pas ici de rĂ©silience, de guĂ©rir ou de se remettre, de stratĂ©gies d'Ă©vitement du viol ou de rĂ©cits de viols. Il s'agit de traiter ce qui constitue une culture du viol : la façon dont le Story telling, le rĂ©cit et l'analyse des agressions sexuelles et des viols contribuent Ă  les banaliser, Ă  les justifier, Ă  les excuser, Ă  les moquer, voire Ă  les Ă©rotiser et mĂȘme Ă  les encourager. »

En 2018, l'ouvrage En finir avec la culture du viol de Noémie Renard se veut une synthÚse sur le sujet et traite de nombreux aspects de la culture du viol : l'impunité juridique et sociale des agresseurs sexuels, les mythes sur le viol et les représentations erronées autour des violences sexuelles, le lien entre inégalités sociales et violences sexuelles, et enfin, les contraintes et violences rencontrées par les femmes dans leurs interactions sexuelles avec les hommes[33] - [34].

En 2019, Jean-Claude Kaufmann publie Pas envie ce soir qui revient sur l'histoire, l'actualitĂ© et le fonctionnement des viols conjugaux[35]. Il s'interroge sur les relations sexuelles non dĂ©sirĂ©es par un membre du couple et qui accepte le fait qu'« avoir un rapport sexuel ferait partie des “sacrifices ordinaires” »[36]

ÉlĂ©ments de la culture du viol

Selon les chercheurs en psychologie sociale Ă©tudiant ce phĂ©nomĂšne, la culture du viol vĂ©hiculerait des reprĂ©sentations tendant Ă  rĂ©habiliter les agresseurs et blĂąmer les victimes[37]. Plusieurs mĂ©canismes sont Ă  l’Ɠuvre, et notamment les stĂ©rĂ©otypes du « vrai viol » et de la « vraie victime » dont dĂ©coulent des idĂ©es reçues justifiant les violences sexuelles (appelĂ©es « mythes sur le viol ») et le blĂąme des victimes.

Stéréotypes du « vrai viol » et de la « vraie victime »

Dans l'imaginaire collectif, le viol consiste en une pĂ©nĂ©tration vaginale ou anale par le pĂ©nis, il est commis dans l'espace public, par un inconnu, de sexe masculin, armĂ© et fou qui dĂ©ploie sa violence physique pour contraindre sa victime. Cette perception constitue le stĂ©rĂ©otype du « vrai viol »[38]. Or ce type de cas de figure ne reprĂ©sente qu'une minoritĂ© de cas, la plupart des violences sexuelles Ă©tant commises par une personne de l'entourage de la victime, et sans usage de violence physique. Ce stĂ©rĂ©otype permet de disqualifier tous les viols s'Ă©loignant de ce clichĂ© : viols digitaux ou par fellation, commis par une femme, une mĂšre sur son enfant, par une personne bien intĂ©grĂ©e dans la sociĂ©tĂ©, un proche, un conjoint, sans violence physique, etc. Selon NoĂ©mie Renard, « les viols se rapprochant du stĂ©rĂ©otype du « vrai viol » sont davantage signalĂ©s, jugĂ©s et condamnĂ©s. Par ailleurs, plus le viol s’éloigne des clichĂ©s, plus la victime aura tendance Ă  retirer sa plainte. Cette diffĂ©rence de traitement entre les "vrais viols" et les autres intervient ainsi Ă  toutes les Ă©tapes du processus judiciaire »[39].

Quant Ă  la « vraie victime » l'imaginaire collectif exclut toute possibilitĂ© qu'il puisse s'agir d'un homme. Elle s'est dĂ©battue de toutes ses forces. Elle a aussi un comportement rationnel : elle signale son agression le plus rapidement possible et coupe tout contact avec l'agresseur. La « vraie victime » a un comportement moralement irrĂ©prochable : elle n'a pas Ă©tĂ© « provocante », n'a pas cherchĂ© Ă  sĂ©duire son agresseur et n'a pas commis de fautes d'imprudence (se rendre dans l'appartement de son agresseur, boire plus que de raison, etc.). Toute victime s'Ă©loignant de ce stĂ©rĂ©otype risque d'ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme peu crĂ©dible, voire comme Ă©tant responsable de ce qui lui est arrivĂ©[39].

Mythes sur le viol

Les mythes sur le viol peuvent ĂȘtre regroupĂ©s en trois catĂ©gories : la nĂ©gation ou minimisation du viol, la nĂ©gation du non-consentement de la victime, le blĂąme de celle-ci.

NĂ©gation et minimisation du viol

Cela consiste Ă  affirmer qu'il ne s'est rien passĂ© ou que « ce n'est pas si grave »[40] - [41]. Il arrive ainsi de remettre en cause la parole de la victime ou d'entendre parler du viol comme d'une chose normale : « Les lois sont comme les femmes, elles sont faites pour ĂȘtre violĂ©es » a dĂ©clarĂ© en 2012 le dĂ©putĂ© espagnol JosĂ© Manuel Castelao Bragaña[42].

Ce mythe est également mobilisé face à des situations éloignées du stéréotype du « vrai viol » : s'il n'y a pas eu de violence, si la pénétration a été effectuée avec un doigt, si c'est le conjoint, si la victime est un homme, si l'agresseur est une femme, alors ce n'est pas « vraiment » un viol. Ainsi, un viol commis au domicile de l'agresseur ou de la victime par une personne connue de celle-ci se verra ainsi discrédité car ne correspondant pas à cette image fantasmée[43] - [44].

Les hommes victimes de viol font l'objet de deux mythes menant à la négation ou à la minimisation du viol :

  • Les hommes victimes de viol ne seraient pas vulnĂ©rables. C'est oublier que parfois les jeunes garçons peuvent ĂȘtre faibles et vulnĂ©rables face Ă  des malfaiteurs, qui sont souvent plus forts et peuvent utiliser n'importe quel moyen[45]. Un homme adulte peut aussi ne pas pouvoir se dĂ©fendre, ou avoir peur de le faire. Il peut aussi ĂȘtre manipulĂ©, ou ĂȘtre sous l'emprise de la drogue ou de l'alcool.
  • Les hommes victimes de viol seraient moins traumatisĂ©s. Or beaucoup d'Ă©tudes montrent que les effets Ă  long terme sont trĂšs nĂ©fastes pour les deux sexes, et que les hommes sont peut-ĂȘtre plus affectĂ©s Ă  cause de la stigmatisation sociale et de l'incrĂ©dulitĂ© entourant leur victimation[45]. Eogan et Richardson notent que les hommes tendent Ă  ressentir une colĂšre plus intense que les femmes, et que les deux sexes traversent des sentiments de dĂ©tresse similaires aprĂšs un viol.

Enfin, on voit parfois le viol niĂ© au motif que l'agresseur n'Ă©tait pas conscient d'imposer sa volontĂ©, comme le prĂ©cise par exemple une ordonnance de non-lieu rendue le dans l'affaire Sophie Patterson-Spatz contre GĂ©rald Darmanin. Dans ses motivations, le juge indique que « le dĂ©faut de consentement ne suffit pas Ă  caractĂ©riser le viol. Encore faut-il que le mis en cause ait eu conscience d’imposer un acte sexuel par violence, menace, contrainte ou surprise »[46].

NĂ©gation du non-consentement

Ce mythe se retrouve dans les rapports de séduction : on peut parfois entendre dire qu'une femme qui dit « non » pense « oui », et que la séduction consiste à la faire céder. L'image de l'amant entreprenant voire autoritaire, qui néglige de s'assurer du consentement du partenaire, voire outrepasse délibérément son refus (c'est-à-dire le viole) est parfois présentée comme une capacité positive à s'affranchir de limites injustifiées et rébarbatives[47].

On peut aussi entendre dire qu'un homme violĂ© par une femme serait chanceux. La coordinatrice des Ontario Coalition of Rape Crisis Centres (la coalition pour l'Ontario des centres de rĂ©ponse aux victimes de viol) Nicole Pietsch a indiquĂ© que les hommes victimes font face Ă  des barriĂšres, notamment un mythe qui voudrait qu'un homme violĂ© par une femme ne peut que l'avoir voulu. Dans ce cas, le public pourra dire que la victime est chanceuse, en caractĂ©risant l'expĂ©rience comme positive mĂȘme si elle ne l'est pas du tout[48].

La nĂ©gation du non-consentement de l'homme victime peut aussi se baser sur l'idĂ©e qu'une Ă©rection impliquerait le consentement. Or Roy J. Levin et Willy Van Berlo ont Ă©crit dans un article dans le Journal of Clinical Forensic Medicine (« Revue de la mĂ©decine lĂ©gale clinique ») qu'une stimulation gĂ©nitale lĂ©gĂšre ou du stress peuvent provoquer une Ă©rection « mĂȘme sans la prĂ©sence de stimulation sexuelle ». Une Ă©rection ne veut donc pas dire que l'homme est consentant. Les hommes peuvent avoir des Ă©rections mĂȘme dans des situations sexuelles traumatiques ou douloureuses[45]. Similairement Ă  la rĂ©ponse Ă©rectile fĂ©minine, la rĂ©ponse Ă©rectile masculine est involontaire[49] - [50], ce qui veut dire que l'homme n'a pas besoin d'ĂȘtre excitĂ© pour avoir une Ă©rection et qu'une stimulation mĂ©canique suffit. Un homme peut aussi avoir une Ă©rection par peur ou par intimidation, surtout si la personne est plus ĂągĂ©e ou est une figure d'autoritĂ©[51].

Ce mythe s'immisce parfois jusque chez la victime qui garde longtemps le sentiment que son corps l'a trahi car les zones Ă©rogĂšnes sont rĂ©gies par des mĂ©canismes physiologiques : la victime peut donc ĂȘtre excitĂ©e sexuellement, sa sexualitĂ© se dĂ©connectant de l'ensemble de son ĂȘtre et crĂ©ant une ambivalence Ă©cƓurante. DĂšs lors, la sexualitĂ© de la victime est influencĂ©e par les violences subies (dĂ©possession de la sexualitĂ© mĂȘme aprĂšs le viol). La victime a l'impression d'ĂȘtre marquĂ©e au fer rouge. Ce mythe peut ĂȘtre partagĂ© par les violeurs qui ont parfois vu leur victime prendre du plaisir (sexuel) d'autant plus facilement que la victime est isolĂ©e et « dressĂ©e »[52].

BlĂąme de la victime

Rappelons que le violeur dispose de nombreux moyens pour harceler sa victime. En effet, il partage avec elle une intimité qu'il peut publiquement évoquer[53], clairement auprÚs d'un auditoire qui lui est favorable (lorsque la culture du viol est dominante) ou par des sous-entendus et des gestes dans le meilleur des cas. Ces gestes sont parfois anodins mais peuvent paralyser temporairement la victime en la surprenant : ils évoquent des rituels ou des actes trÚs violents. Il arrive qu'un regard seul suffise.

Pression psychologique et scandale se nourrissent l'un et l'autre. En effet, le retournement de la parole de la victime peut renforcer les dysfonctionnements mentaux produits par le viol. Autrement dit, la victime s'approche une nouvelle fois de la rupture mentale quand elle est niée dans son témoignage, ce qui est aggravé lorsque cette absence de reconnaissance provient des autorités sociétales notamment des professionnels de la justice ou du corps médical. Alors, afin de garder sous contrÎle la victime (pour qu'elle n'explose pas), certains augmentent la pression jusqu'au renoncement de la victime[54].

Parler comporte donc le risque d'une nouvelle humiliation et d'une nouvelle dĂ©sillusion, ce qui peut vider dĂ©finitivement les victimes de tout optimisme. AprĂšs avoir subi une dĂ©gradation de leur corps et de leur psychisme, elles doivent en effet encore trouver la force de rĂ©sister Ă  la dĂ©gradation de leur image et Ă  l'alourdissement du masque social (jouer l'illusion de croire les rouages sociĂ©taux sains et justes). Il n'est alors pas rare que le violeur utilise les solutions adoptĂ©es par le plaignant pour illustrer la fragilitĂ© de sa victime. Les violeurs n'ont plus qu'Ă  pointer sa fragilitĂ© ou son mal-ĂȘtre pour obtenir gain de cause dans l'opinion[55].

C'est donc en pensant le viol comme favorisé par la domination (et non comme par une pulsion sexuelle) qu'est mis en lumiÚre ce qui détruit la victime et donc les mécanismes que manipulent les violeurs. Par exemple le lien entre le suicide et le viol est aujourd'hui si clairement établi que non seulement un violeur ne pourrait plus évoquer la fragilité de sa victime en évoquant le suicide mais en plus bien mal lui en prendrait de le faire. Le discours dominant joue donc un rÎle important dans le recul du viol.

De mĂȘme, les sanctions encourues par l'auteur du crime peuvent ĂȘtre dĂ©plorĂ©es[56], en mĂȘme temps que l'on relĂšve ce qui en fait une personne ordinaire, voire exemplaire[57].

Ce phénomÚne contribue fortement à dissuader les victimes de porter plainte et les incite à taire ce qu'elles ont subi, de peur que leur parole, mais aussi leur personne, ne soit discréditée publiquement.

Obstacles à la dénonciation d'un viol

En 2013, treize étudiantes californiennes portent plainte contre leur université. La police du campus avait rejeté leurs plaintes, ou refusé de leur donner des suites judiciaires, allant jusqu'à répondre à l'une d'elles que si son agresseur n'avait pas eu d'orgasme, c'est qu'il n'y avait pas eu de viol[58] - [59].

Le coĂ»t de la procĂ©dure peut aussi ĂȘtre un obstacle important. En effet, si les victimes obtiennent gain de cause, les frais de justice leur seront remboursĂ©s, mais beaucoup de procĂšs aboutissent Ă  un non-lieu, et il faut de toute façon pouvoir avancer l'argent[60].

L'aide pour les hommes victimes de viol est aussi limitĂ©e. Contrairement au Canada oĂč le viol commis sur les hommes et les garçons fait l'objet d'une ample communication de la part de l’État[61] - [62], les statistiques, Ă©tudes et plaquettes informatives spĂ©cifiquement dĂ©diĂ©es aux hommes victimes de viol restent trĂšs peu nombreuses en France, voire totalement absentes pour ce qui est de la communication orientĂ©e vers les hommes. De plus, aucun centre d’accueil de victime en France n'est dĂ©diĂ© aux victimes hommes, contrairement au Royaume-Uni ou Ă  l'Allemagne. Les associations qui aident les victimes de viol, telles que Collectif fĂ©ministe contre le viol, Stop violences femmes ou encore SOS femmes, tendent Ă  exclure par leur nom les hommes, mĂȘme si elles leur sont ouvertes[63].

Il existe aussi un grand tabou autour des viols d'hommes. Les Dr. Maeve Eogan et Deirdra Richardson, respectivement directrice mĂ©dicale du centre de traitement des victimes d’agression sexuelle (Sexual Assault Treatment Unit, SATU) du Rotunda Hospital et examinatrice mĂ©dico-lĂ©gale des agressions sexuelles, rapportent que le viol des hommes est toujours un sujet tabou et a une connotation nĂ©gative parmi les hommes hĂ©tĂ©rosexuels et homosexuels[64]. GĂ©nĂ©ralement, les hommes qui sont victimes essayent de se cacher et nier leur victimation, semblablement aux victimes femmes, sauf s'ils ont des blessures graves. À terme, ceux-ci pourront ĂȘtre trĂšs vagues dans l'explication de leurs blessures lorsqu'ils sollicitent des services mĂ©dicaux ou psychiatriques[65]. Il est difficile pour les hommes victimes, qu'ils soient hĂ©tĂ©rosexuels ou homosexuels, de dĂ©clarer l'agression sexuelle dont ils ont fait l’expĂ©rience, surtout dans les sociĂ©tĂ©s avec de fortes normes masculines. Un conseiller indien, Ajay Sathyan, dit mĂȘme : « Ils n'ont pas de plateforme pour en parler. MĂȘme les familles ne veulent pas le reconnaitre publiquement. » Ils ont peur que les gens doutent de leur orientation sexuelle et qu'ils les voient comme des homosexuels. Pour certaines victimes, ĂȘtre perçu comme homosexuel peut ĂȘtre vu comme explication du viol[66].

Enfin on peut noter qu'aux États-Unis, les victimes de sexe masculin, y compris les mineurs, sont forcĂ©es Ă  payer une pension alimentaire Ă  leur violeuse lorsqu'un enfant a Ă©tĂ© conçu lors du viol[67] - [68] - [69]. Plusieurs affaires juridiques trĂšs mĂ©diatisĂ©es d'atteinte sexuelle sur mineur commise par des femmes sur des garçons aux États-Unis, impliquaient des enseignantes ayant des relations sexuelles illĂ©gales avec leurs Ă©lĂšves mineurs (voir par exemple Mary Kay Letourneau).

Perception du viol dans l'histoire

Georges Vigarello, dans son ouvrage Histoire du viol, retrace l'histoire de l'Ă©volution des mƓurs juridiques et sociales en France en ce qui concerne les violences sexuelles entre le XVIe et le XXe siĂšcles. On y dĂ©couvre l'Ă©volution des relatives tolĂ©rances de la France ancienne et de son systĂšme pĂ©nal qui enveloppait la victime dans l'indignitĂ© de l'acte, aux changements juridiques du XVIIIe, puis Ă  la reconnaissance au XIXe de la violence morale. Et parallĂšlement, l'Ă©volution plus lente des jugements communs sur le viol qui ont rĂ©cemment fait passer ce crime « d'un silence relatif Ă  une visibilitĂ© bruyante ». En effet, on constate aujourd'hui le renversement d'une image : le violeur, en particulier l'abuseur d'enfant, a pris la place occupĂ©e il y a peu dans la conscience commune par l'assassin crapuleux, et la question sur un possible changement de culture s'impose Ă  l'historien : la violence sexuelle est-elle moins tolĂ©rĂ©e ou est-elle moins contrĂŽlĂ©e ?

Plus profondément, c'est la question du consentement qui est posée par l'histoire du viol : d'une part, culturellement, la naissance de l'intimité et d'une vision du sujet capable d'autonomie et d'autre part, juridiquement, la nécessité de pouvoir s'appuyer sur des indices matériels pour déterminer le consentement ou son absence ont mené à la reconnaissance de l'existence d'une conscience distincte de ce qu'elle « fait ». Pour Vigarello, l'histoire du viol est alors « celle des obstacles au dessaisissement d'une liaison trop immédiate entre la personne et ses actes ». S'il y a donc une histoire du viol qui est possible, c'est parce que le poids du soupçon porté sur le non consentement varie avec le temps et les systÚmes d'oppression.

L'explosion actuelle des chiffres s'accompagne d'une attention marquée au versant psychologique qui s'ajoute à ceux plus visibles mais plus superficiels qui ont longtemps dominé : ce qui auparavant était d'abord honte morale et offensive sociale s'est transformé en irrémédiable traumatisme et atteinte intime des victimes. La plus grande égalité entre hommes et femmes a rendu plus intolérables les violences anciennes et le modÚle de domination qu'elles concrétisent.

[réf. souhaitée]

GĂ©ographie des cultures et de leur rapport au viol

Environ 20 % des pays de la planĂšte, soit 35 Ă‰tats, ont une loi qui offre une protection juridique contre le viol, laquelle « semble appropriĂ©e et respectĂ©e Â», selon les donnĂ©es les plus rĂ©centes du centre de dĂ©veloppement de l'OCDE. Trente-cinq autres nations ont aussi une lĂ©gislation spĂ©cifique contre le viol, mais il y a des problĂšmes dans l'application de la loi. Quelque 40 % des 160 pays recensĂ©s par l'OCDE ont donc une loi spĂ©cifique contre le viol. Mais, dans la moitiĂ© des cas, l'application de la loi est dĂ©ficiente, selon les rapports transmis Ă  l'OCDE par des ONG sur le terrain ou par la Convention sur l'Ă©limination de toutes les formes de discrimination Ă  l'encontre des femmes (CEDEF). Soixante-six pays ont une loi contre le viol, mais la lĂ©gislation elle-mĂȘme est inappropriĂ©e ou incomplĂšte. GaĂ«lle Ferrant, l'Ă©conomiste du Centre de dĂ©veloppement de l'OCDE qui a produit et analysĂ© toutes ces donnĂ©es, donne l'exemple de l'AzerbaĂŻdjan, oĂč le viol marital n'est pas inclus dans la loi. Environ 17 % des pays recensĂ©s, soit 27 pays, ont des semblants de lĂ©gislation ou des projets de loi Ă  l'Ă©tude. Dans tous les cas, « ces pays permettent d'une façon ou d'une autre Ă  l'agresseur d'Ă©chapper Ă  l'emprisonnement, soit parce que la loi n'existe pas, soit parce que la loi est en cours, soit parce qu'elle permet Ă  l'agresseur d'Ă©pouser la victime ou de la dĂ©dommager financiĂšrement pour Ă©chapper aux problĂšmes », explique GaĂ«lle Ferrant. Un seul pays, l'Arabie saoudite, n'a pas du tout de loi sur le viol[70] - [71].

Allemagne

  • En Allemagne, jusqu'en , l'absence de consentement n'entrait pas dans les critĂšres juridiques permettant de qualifier un viol[72]. Auparavant, la victime prĂ©sumĂ©e devait pouvoir dĂ©montrer qu'elle avait tentĂ© de s'enfuir ou de se dĂ©fendre pour faire reconnaĂźtre son viol. Les rapports imposĂ©s sous la menace de reprĂ©sailles professionnelles ou lorsque la victime Ă©tait ivre, inconsciente ou tĂ©tanisĂ©e, n'Ă©taient donc pas considĂ©rĂ©s comme des viols. Le texte de loi prĂ©cĂ©dent Ă©tait depuis longtemps critiquĂ© pour son caractĂšre restrictif. Les agressions sexuelles du Nouvel An 2016 en Allemagne qui n’ont abouti Ă  aucune condamnation, et le procĂšs pour Â« dĂ©nonciation calomnieuse Â» d’un mannequin, Gina-Lisa Lohfink, qui avait portĂ© plainte pour viol ont abouti, sous la pression populaire[73], Ă  une Ă©volution lĂ©gislative dĂ©finissant dĂ©sormais tout acte sexuel commis Â« contre la volontĂ© identifiable d’une autre personne » comme infraction pĂ©nale.

SuĂšde

  • La SuĂšde, pourtant souvent considĂ©rĂ© comme le meilleur pays au monde oĂč vivre en tant que femme[74], arrive en 2007 en tĂȘte des plaintes pour viol en Europe avec 15 dĂ©pĂŽts de plainte par jour. « Les victimes sont de plus en plus jeunes. En 2006, deux tiers d’entre elles avaient moins de 30 ans. Plus de la moitiĂ© Ă©taient ivres. Et la majoritĂ© n’avait jamais rencontrĂ© son agresseur, vingt-quatre heures avant le viol ». selon Christian Diesen, professeur de droit Ă  l’universitĂ© de Stockholm et coauteur d'une enquĂȘte sur le sujet. Entre 1990 et 2006, le nombre de plaintes a Ă©tĂ© multipliĂ© par 4, sans que ce soit dĂ» selon l'auteur Ă  une augmentation du nombre de viols, mais au nombre de plaintes rendues possibles par la nouvelle lĂ©gislation de 2005 qui reconnaĂźt comme un viol l'abus d'une victime en Ă©tat d'Ă©briĂ©tĂ© quand la consommation d'alcool attĂ©nuait auparavant l'infraction en agression sexuelle. Selon Klara Hradilova-Selin, chercheur au Conseil national de la prĂ©vention du crime, l’évolution des mƓurs aurait sa part de responsabilitĂ© dans l’augmentation des viols. Elle Ă©voque notamment une Â« vie nocturne riche, des rencontres sur Internet et l’augmentation de la consommation d’alcool », ce qui expliquerait que les agresseurs soient de plus en plus souvent des personnes que les victimes ne connaissent pas ou peu. 13 % des plaintes ont donnĂ© lieu en 2006 Ă  une inculpation et 10 % Ă  une condamnation[75]. Bien que le rapprochement puisse ĂȘtre polĂ©mique, il est Ă  noter que la SuĂšde a aboli la prostitution depuis 1999[76].

Inde

  • En Inde[77], une culture du viol, caractĂ©risĂ©e par une frĂ©quence Ă©levĂ©e des violences contre les femmes et l’absence de sanctions, semble indissociable du systĂšme de castes. Les violences sexuelles de caste, Ă  la fois oppressives et opportunistes, sont vĂ©cues comme destinĂ©es Ă  rĂ©duire la communautĂ© des Intouchables au silence. Les auteurs hindous de ces agressions, qui appartiennent Ă  une caste supĂ©rieure, sont considĂ©rĂ©s comme Ă  l’abri de la justice. Rashida Manjoo, rapporteur spĂ©cial des Nations unies, souligne qu’il y a « une attitude patriarcale profondĂ©ment ancrĂ©e chez les policiers, les procureurs et les juges. » Les membres de la police, du systĂšme judiciaire et de la fonction publique s’entendent frĂ©quemment avec les auteurs des viols pour empĂȘcher les femmes intouchables de porter plainte et d’obtenir rĂ©paration. Le une loi dite « antiviol » est votĂ©e aprĂšs de nombreuses manifestations contre la culture du viol Ă  la suite du viol d'une jeune femme dans un bus par six hommes ayant entraĂźnĂ© sa mort. Une peine minimale de sept ans de prison est instaurĂ©e. La peine maximale, en cas de rĂ©cidive, est la peine de mort. La dĂ©finition du viol a Ă©tĂ© Ă©tendue mais le viol conjugal n’est toujours pas reconnu[78]. Des tribunaux coutumiers continuent nĂ©anmoins Ă  condamner des femmes Ă  des viols collectifs en punition de fautes qui ne sont parfois mĂȘme pas les leurs, ou qui peuvent sembler dĂ©risoires[79]. En 2015, l'Inde interdit la diffusion d'un documentaire sur le viol collectif qui avait permis l'Ă©volution lĂ©gislative[80].

Pays appliquant le droit pénal musulman

Tunisie

  • En Tunisie, selon l'article 227 bis du code pĂ©nal tunisien, « Est puni d’emprisonnement pendant six ans, celui qui fait subir sans violences, l’acte sexuel Ă  un enfant de sexe fĂ©minin ĂągĂ© de moins de quinze ans accomplis. La peine est de cinq ans d’emprisonnement si l’ñge de la victime est supĂ©rieur Ă  quinze ans et infĂ©rieur Ă  vingt ans accomplis. La tentative est punissable. Le mariage du coupable avec la victime dans les deux cas prĂ©vus par le prĂ©sent article arrĂȘte les poursuites ou les effets de la condamnation »[84].

Maroc

  • Le , la jeune Amina Filali, contrainte d'Ă©pouser son violeur, se suicide, choquant profondĂ©ment le Maroc. En , le parlement marocain vote Ă  l'unanimitĂ© des prĂ©sents un amendement afin qu'un violeur ne puisse plus Ă©chapper aux poursuites en se mariant Ă  sa victime[85]. En 2017, une jeune femme se fait agresser sexuellement dans un bus par 6 hommes qui filment la scĂšne et la diffusent sur les rĂ©seaux sociaux. Des manifestations contre la culture du viol sont organisĂ©es dans les grandes villes du pays[86] - [87]. Ces manifestations provoquent en rĂ©action des appels Ă  la haine et au viol : une page Facebook suivie par 450 000 abonnĂ©s pose la question « Est il permis de la violer ou pas ? » en affichant la photo du bas du corps d'une jeune femme[88], un rĂ©alisateur marocain s'interroge quant Ă  lui sur la nĂ©cessitĂ© de violer des femmes quand des homosexuels « rĂȘvent d'ĂȘtre violĂ©s et sont mĂȘme prĂȘts Ă  payer pour ça »[89]. Au Maroc, selon les chiffres de l’Observatoire national de la violence faite aux femmes, les deux tiers des cas de violences sexuelles se dĂ©roulent dans l’espace public. Il s’agit, dans plus de 90 % des cas de viols ou de tentatives de viol dont les victimes sont principalement des femmes de moins de 30 ans. La sociologue Soumaya Naamane Guessous explique : « Jusque dans les annĂ©es 60, les femmes n’ont tout simplement pas le droit d’accĂ©der Ă  l’espace public. Du coup, dans les mentalitĂ©s, la femme dans la rue est une proie potentielle ou une bĂȘte Ă  abattre. »[90].

Tchad

Kenya

  • Au Kenya en 2013, une adolescente de 16 ans rentrant des obsĂšques de son grand-pĂšre est violĂ©e par 6 hommes qui la jettent ensuite dans une fosse de 6 mĂštres de profondeur servant de latrines. Elle est blessĂ©e Ă  la colonne vertĂ©brale et restera paralysĂ©e, ne pouvant se dĂ©placer qu'en fauteuil roulant. Ses agresseurs sont seulement condamnĂ©s Ă  tondre la pelouse du poste de police puis sont libĂ©rĂ©s. L'association kĂ©nyane Femnet (rĂ©seau de communication pour le dĂ©veloppement des femmes en Afrique) lance une pĂ©tition internationale demandant un nouveau procĂšs qui dĂšs le lendemain recueille dĂ©jĂ  550 000 signatures. Selon une Ă©tude de 2009, 68 % des femmes et 54 % des hommes kĂ©nyans ont Ă©tĂ© victimes d'agression sexuelle. À la suite du tollĂ©, le procureur Keriako Tobiko a assurĂ© avoir ordonnĂ© de nouvelles arrestations. Il a Ă©galement fait ouvrir une enquĂȘte contre le policier qui a traitĂ© la plainte de l'adolescente « d'une façon cruelle », selon lui. « La plaignante a dĂ» les supplier pour que sa demande soit prise en compte »[92].

Japon

  • Le Japon a adoptĂ© Ă  la mi-, Ă  la suite d'un scandale[93], une sĂ©rie d’amendements Ă  la lĂ©gislation sur les dĂ©lits sexuels qui n’avait pas Ă©voluĂ© depuis 1907. Les violeurs risqueront dĂ©sormais cinq ans d'emprisonnement contre trois prĂ©cĂ©demment et la notion de viol circonscrite Ă  la seule pĂ©nĂ©tration vaginale par un pĂ©nis a Ă©tĂ© Ă©largie Ă  d'autres agressions sexuelles. Un homme pourra ainsi ĂȘtre aussi considĂ©rĂ© comme victime et les autoritĂ©s pourront se saisir elles-mĂȘmes des affaires sans nĂ©cessitĂ© prĂ©alable d'un dĂ©pĂŽt de plainte[94]. Avec une population de prĂšs de deux fois celle de la France, 1 409 viols ont Ă©tĂ© dĂ©clarĂ©s en 2013 au Japon quand la France en dĂ©plorait 11 171. Le ministĂšre des Affaires Ă©trangĂšres japonais aime Ă  rappeler que son pays est « le plus sĂ»r du monde ». L'affirmation est tout de mĂȘme Ă  nuancer si on considĂšre une rĂ©alitĂ© masquĂ©e par un systĂšme juridique et social qui pousse les victimes de viol Ă  ne pas porter plainte : 70 % des viols subis ne seraient pas rapportĂ©s aux autoritĂ©s et la reconnaissance du viol, comme dans d'autres pays, nĂ©cessitait jusqu’ici un non-consentement explicite excluant l'inconscience ou la surprise[95]. Culturellement, l'injonction faite aux femmes japonaises d'ĂȘtre dociles et discrĂštes et la diffĂ©rence faite entre tsĆ«yƍ (vrai viol) et fushizen (fausse agression) pourraient peut ĂȘtre expliquer en partie ce silence[96]. Par ailleurs, sans prĂ©sumer de son influence sur une incidence du viol plus ou moins Ă©levĂ©e selon comment on la considĂšre, il faut noter le phĂ©nomĂšne particulier de la pornographie japonaise particuliĂšrement riche en scĂšnes de viol (Gƍkan play), Shibari, et jeunes Ă©coliĂšres[97] qui traverse une sociĂ©tĂ© japonaise dans laquelle le sexe est partout et nulle part[98].

Corée du Sud

France

En France, une Ă©tude Ipsos pour l'association « MĂ©moire traumatique et victimologie » effectuĂ©e en novembre 2021[100] indique que 82 % des personnes interrogĂ©es estiment que « forcer sa partenaire Ă  avoir un rapport sexuel alors qu'elle refuse » est un viol, mais ce taux n'est que de 59 % parmi les hommes entre 18 et 24 ans[101]. L'Ă©tude relĂšve Ă©galement que 11 % des sondĂ©s, tous Ăąges et genres confondus, pensent que « lorsque l'on essaye d'avoir des relations sexuelles avec elles, beaucoup de femmes disent "non", mais ça veut dire "oui" »[101]. Des enquĂȘtes prĂ©cĂ©dentes relevaient des taux du mĂȘme avis pour 19 % des sondĂ©s en 2015, puis 17 % en 2019[101]. Pour la tranche d'Ăąge des 18-24 ans, en 2022, ce sont 23 % qui approuvent cette affirmation ; les rĂ©pondants masculins de ces Ăąges Ă©tant mĂȘme 34 % Ă  l'approuver[101]. En ce qui concerne l'affirmation « beaucoup de femmes prennent du plaisir Ă  ĂȘtre forcĂ©es », elle est estimĂ©e valide par 23 % des 18-24 ans, et celle disant que les femmes aiment « ĂȘtre humiliĂ©es et injuriĂ©es » est estimĂ©e correcte par 36 % d'entre eux[101]. De plus, la mise en doute des paroles de la victime et l'attĂ©nuation de la responsabilitĂ© des agresseurs si la victime est droguĂ©e ou alcoolisĂ©e sont assez marquĂ©es dans cette tranche d'Ăąge[101]. La psychiatre et prĂ©sidente de l'association « MĂ©moire traumatique et victimologie », Muriel Salmona, souligne un problĂšme fort quant Ă  la notion de consentement de ces jeunes, en liant cela Ă  une exposition prĂ©coce Ă  des documents pornographiques « avec des contenus souvent violents et dĂ©gradants envers les femmes et une Ă©rotisation de la haine et de la violence »[101].

Tests de virginités imposés

Dans de nombreux pays du monde, pays occidentaux compris, comme la SuĂšde, sous couvert d'un retour du traditionalisme religieux ou de son maintien, des mĂ©decins dĂ©livrent des certificats de virginitĂ© impliquant des touchers vaginaux non consentis sur de jeunes femmes souvent mineures[102]. Les tests de virginitĂ© ont Ă©tĂ© utilisĂ©s en Égypte et en Tunisie Ă  l'occasion des manifestations de la Place Tahrir et du Printemps arabe comme instrument de coercition contre les opposantes politiques dans le but de les inculper pour prostitution, Amnesty International et Human Rights Watch (HRW) ont dĂ©noncĂ© comme une forme de torture et de violence sexuelle cette pratique[103]. En AlgĂ©rie, oĂč l'examen de virginitĂ© est une pratique courante dans le cadre du mariage, une pĂ©tition recueillant 1 200 signatures s'indigne de l'examen imposĂ© Ă  deux jeunes femmes de 17 ans en 2013 par des policiers dans le cadre d'un inculpation pour « incitation Ă  la dĂ©bauche » du seul fait qu'elles Ă©taient accompagnĂ©es de garçons[104] - [105]. En IndonĂ©sie, ce test dit « des deux doigts » est imposĂ©e Ă  toute aspirante Ă  entrer dans l'armĂ©e afin de s'assurer de sa « vertu ». Les femmes dĂ©sirant Ă©pouser un militaire seraient obligĂ©es elles aussi de s'y soumettre[106] - [107]. En France et au QuĂ©bec, le conseil national des mĂ©decins et le prĂ©sident du collĂšge des mĂ©decins ont dĂ» appeler leurs confrĂšres Ă  ne plus pratiquer d’examens de virginitĂ©[108] - [109].

Mariages forcés

Partout dans le monde, mais plus principalement au Maghreb, au Moyen-Orient, en Afrique et dans certains pays d'Asie, de jeunes filles, parfois n'ayant pas 10 ans, sont contraintes sous la pression familiale de se soumettre Ă  un mariage forcĂ© impliquant des rapports sexuels non consentis et des grossesses non dĂ©sirĂ©es.

Esclavage sexuel

Un rapport des Nations unies donne l'estimation annuelle d'un million de femmes ou petites filles impliquĂ©es par la force dans le commerce et/ou l'Esclavage sexuel.

Crimes d'honneur

Pour de nombreuses sociĂ©tĂ©s (sociĂ©tĂ©s mĂ©diterranĂ©ennes, Moyen-Orient cultures arabes, Inde, Pakistan, AmĂ©rique latine, sud des États-Unis
), marquĂ©es par la culture de l'honneur, le crime d'honneur agit comme une puissante menace pour les femmes qui refuseraient un mariage arrangĂ© ou des faveurs sexuelles. Une victime de viol peut par ailleurs ĂȘtre tuĂ©e par les propres membres de sa famille pour laver l'honneur de la famille.

Viols de guerre

Le viol est aussi utilisé comme une arme de guerre.

Agressions sexuelles de masse

Ponctuellement, à différents endroits du monde, des phénomÚnes d'agressions sexuelles de masse sont relatés.

Critiques adressées à la notion de « culture du viol »

Le Réseau Américain contre le Viol, la Maltraitance et l'Inceste

Le « Rape, Abuse & Incest National Network » (RAINN), l'une des plus importantes organisations nord-américaines contre la violence sexuelle, fait des recommandations à la Maison-Blanche à travers un rapport détaillé concernant la lutte contre le viol au sein des campus universitaires, et identifie des problÚmes liés notamment au fait d'accorder trop d'importance au concept de culture du viol comme moyen de prévention et cause du viol, notant que

« Ces derniÚres années, il a été constaté une tendance malheureuse à jeter la faute sur la « culture du viol » pour des violences sexuelles largement répandues sur les campus. Bien que ce concept soit utile pour signaler les barriÚres systématiques auxquelles on se heurte lorsque l'on tente d'aborder ce problÚme, il est important de ne pas perdre de vue un fait basique : Le viol n'est pas causé par des facteurs culturels, mais par un petit pourcentage des membres de la communauté consciemment décidés à commettre un crime violent[110]. »

Le RAINN reprend l'estimation qui montre qu'Ă  l'universitĂ© 90 % des viols seraient commis par 3 Ă  7 % des hommes[110], bien qu'il mentionne qu'il n'y ait pas de chiffres fiables concernant les auteurs de sexe fĂ©minin. Le RAINN affirme que le viol est le fait d'une minoritĂ© d'individus ayant dĂ©cidĂ© d'ignorer le message communĂ©ment intĂ©grĂ© affirmant que le viol est une faute. Le rapport soutient que la tendance visant Ă  diriger l'attention sur les facteurs culturels supposĂ©s cautionner le viol « a l'effet paradoxal qui est celui de rendre la violence plus difficile Ă  arrĂȘter, Ă©tant donnĂ© qu'il Ă©loigne l'attention de l'individu mis en cause, et de toute Ă©vidence attĂ©nue la responsabilitĂ© personnelle envers ses propres actions »[110].

Camille Paglia

Dans son livre de 1994, Vamps and tramps[111], Camille Paglia affirme : « Le discours sur le viol a déraillé dÚs le début à cause de sa formulation absurde, selon laquelle le viol serait « un acte de violence, mais pas un acte sexuel », mantra qui a aveuglé les médias américains. »

Dans une interview de 2013[112], le professeur Camille Paglia dĂ©crit les inquiĂ©tudes concernant la culture du viol comme « ridicules » et « nĂ©vrotiques », un artefact de l'idĂ©ologie bourgeoise libĂ©rale considĂ©rant que les individus sont essentiellement bons et que tous les problĂšmes sociaux peuvent ĂȘtre rĂ©solus par l'Ă©ducation. Le concept de la culture du viol porte prĂ©judice aux jeunes femmes Ă©duquĂ©es, soutient Paglia, car elles ne sont pas prĂ©parĂ©es Ă  anticiper ou Ă  faire face Ă  la petite minoritĂ© de personnes malveillantes dans le monde qui ne se soucie tout simplement pas de suivre la loi ni d'obĂ©ir aux conventions sociales. De plus, dit Paglia, les partisanes fĂ©ministes de la culture du viol ont tendance Ă  ignorer entiĂšrement les hommes victimes d'agressions sexuelles.

Caroline Kitchens-Heather Mac Donald-Joyce E. Williams

Dans un article de 2014 publiĂ© dans Time Magazine et intitulĂ© « Il est temps d'arrĂȘter l'hystĂ©rie de la culture du viol », Caroline Kitchens, chercheuse Ă  l'American Enterprise Institute, suggĂšre que « bien que le viol soit certainement un problĂšme sĂ©rieux, il n'y a pas de preuve qu'il puisse ĂȘtre envisagĂ© comme norme culturelle
 Sur les campus universitaires, l'obsession d'Ă©radiquer la culture du viol a menĂ© Ă  la censure et Ă  l'hystĂ©rie »[113].

Heather MacDonald, une commentatrice politique, a indiqué que « dans une sorte de délicieuse ironie historique, les baby boomers qui ont démantelé l'architecture intellectuelle de l'université en faveur du sexe débridé et de la contestation ont fini par bureaucratiser les deux »[114].

Selon Joyce E. Williams de l'université des femmes du Texas, « la critique fondamentale de la culture du viol et de la théorie féministe dont ce concept émane consiste en l'unique et rigide insinuation que toutes les femmes sont abusées par tous les hommes »[115].

Christina Hoff Sommers-Bell Hooks

Christina Hoff Sommers met en cause l'existence de la culture du viol, soutenant que la fameuse affirmation selon laquelle « une femme sur quatre sera violée durant sa vie » repose sur une étude qui présente des failles mais qui reste souvent citée car cela aide les groupes anti-viol des campus à recevoir des financements publics.

Sommers a Ă©galement analysĂ© et critiquĂ© beaucoup d'autres Ă©tudes sur le viol pour leur mĂ©thodologie et leurs affirmations. « Il existe de nombreux chercheurs qui Ă©tudient l'agression qu'est le viol, mais leur discrĂ©tion ne gĂ©nĂšre pas des tĂȘtes d'affiche »[116].

Sommers et d'autres ont prĂ©cisĂ©ment remis en cause l'Ă©tude de 1984 souvent citĂ©e et dans laquelle Mary Koss soutient qu'une femme sur quatre a Ă©tĂ© victime de viol pendant ses annĂ©es Ă  l'universitĂ©, montrant celle-ci du doigt pour l'exagĂ©ration du viol contre les femmes tout en minimisant l'incidence des actes sexuels forcĂ©s dont les hommes sont victimes. Selon Sommers, jusqu'Ă  73 % des sujets de l'Ă©tude de Koss ont contestĂ© sa qualification sur le fait qu'elles aient subi un viol, alors que d'autres ont soulignĂ© le fait que l'Ă©tude de Koss reste focalisĂ©e sur la victimisation des femmes, minimisant l'importance de la victimisation sexuelle des hommes, mĂȘme si ses propres donnĂ©es indiquent qu'un homme sur sept a Ă©tĂ© victime de relations sexuelles non consenties Ă  l'universitĂ©. Sommers fait remarquer que Koss avait volontairement limitĂ© la dĂ©finition des expĂ©riences sexuelles involontaires pour les hommes Ă  des situations oĂč les hommes ont Ă©tĂ© pĂ©nĂ©trĂ©s, excluant ainsi toutes autres formes d'agressions sexuelles qui sont comptabilisĂ©es dans le cas des femmes.

D'autres auteurs, tels que Bell hooks, ont critiqué le paradigme de la culture du viol pour sa visée trop étroite ; en 1984, elle écrit que celui-ci ignore la place du viol au sein d'une « culture de la violence » englobante. En 1993, elle a participé à l'écriture d'un livre sur la culture du viol à travers un chapitre qui s'intéresse de prÚs à la culture du viol dans le contexte patriarcal de la culture noire[117].

Jadaliyya

Jadaliyya, une initiative de l'institut des Études arabes, a publiĂ© une autre critique du concept de culture du viol, affirmant que les orientalistes s'Ă©taient emparĂ©s du terme pour promouvoir les stĂ©rĂ©otypes racistes sur les hommes arabes et musulmans, aussi bien que les stĂ©rĂ©otypes sur les hommes d'Asie du Sud dans les mĂ©dias et les milieux acadĂ©miques occidentaux. Cette critique Ă©tablit des liens entre les reportages mĂ©diatiques qui diabolisent les hommes du Moyen-Orient et de l'Asie du Sud comme Ă©tant « racialement enclins au viol » et des tactiques similaires employĂ©es par les Britanniques dans leur campagne de propagande raciste contre les Indiens pendant la rĂ©bellion de 1857 qualifiant les combattants de la rĂ©sistance de violeurs[118].

Les Nations unies ont conduit une Étude multinationale sur les Hommes et la violence en Asie et dans le Pacifique en 2008 dans six pays Ă  travers l'Asie. Ses conclusions, publiĂ©es en 2013, semblaient indiquer qu'un nombre important d'hommes dans les pays d'Asie admettent avoir commis une forme de viol. Les conclusions gĂ©nĂ©rales de l'Ă©tude concernant les chiffres Ă©levĂ©s du viol ont Ă©tĂ© reconnues comme fiables ; nĂ©anmoins, les questions sur son exactitude continuent Ă  alimenter le dĂ©bat sur la maniĂšre dont les sociĂ©tĂ©s comprennent le viol et les normes sociales. Un regard plus attentif Ă  la mĂ©thodologie employĂ©e par l'Ă©tude rĂ©vĂšle des questions quant Ă  la dĂ©finition du viol selon la culture, Ă  l'Ă©tendue de l'Ă©chantillon Ă©tudiĂ©, Ă  la conception de l'enquĂȘte, et Ă  la prĂ©cision linguistique, tout ceci soulignant les dĂ©fis continus Ă  essayer de quantifier la prĂ©valence du viol[119].

Barbara Kay

Barbara Kay, une journaliste canadienne, critique le dĂ©bat lancĂ© par la fĂ©ministe Mary Koss autour de la culture du viol, dĂ©crivant cette notion « du viol comme un comportement extrĂȘme mais dans une continuitĂ© avec le comportement masculin habituel au sein de la culture » comme Ă©tant « d'une remarquable misandrie »[120].

Élisabeth Badinter

Si la philosophe Élisabeth Badinter rend hommage au fĂ©minisme actuel, qui a donnĂ© au viol sa vĂ©ritable signification, et qui s'est fortement mobilisĂ© en faveur des victimes, et considĂ©rant de plus que le viol est effectivement largement sous-Ă©valuĂ© dans tous les pays, en 2003 dans son livre Fausse route. RĂ©flexions sur 30 annĂ©es de fĂ©minisme, elle se dit stupĂ©fiĂ©e par les estimations des fĂ©ministes les plus radicales. Reprenant les affirmations de Catharine MacKinnon pour laquelle « 44 % des AmĂ©ricaines ont subi un viol ou une tentative de viol [
], 4,5 % sont victimes d'inceste paternel et 12 % de la part d'autres hommes de la famille, ce qui fait un total de 43 % de toutes les filles ayant l'Ăąge de 18 ans », Élisabeth Badinter regrette l'origine inconnue des chiffres avancĂ©s et les mĂ©thodes de calcul peu comprĂ©hensibles, et suspecte une manipulation. Pour elle, l'objectif Ă©vident est de montrer qu'une AmĂ©ricaine sur deux est victime d'une violence masculine abominable, qui serait pourtant la norme, autorisant ainsi Ă  parler de rape culture.

Elle critique de plus l'étude de Mary Koss qui voudrait qu'une étudiante sur quatre soit victime d'un viol ou d'une tentative de viol, en mettant en avant le fait que sur ces « victimes », seule un quart appelait ce qui leur était arrivé « viol » et que 42 % eurent à nouveau des rapports sexuels avec leur supposé violeur[30].

D'une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, Élisabeth Badinter dĂ©plore la logique de l'amalgame qui prĂ©vaut selon elle dans l'idĂ©ologie de la culture du viol : pour les fĂ©ministes radicales dĂ©fendant la notion, toute agression sexuelle est un viol, toute pression psychologique est une agression, toute sĂ©duction est une pression psychologique, toute sĂ©duction est donc un viol[30].

Peggy Sastre

Pour la journaliste scientifique Peggy Sastre,

« cette notion de "culture du viol" est extrĂȘmement problĂ©matique, pour reprendre un vocable Ă  la mode, et elle n'est absolument pas "dĂ©montrĂ©e". Nous vivrions dans une sociĂ©tĂ© qui tolĂ©rerait, excuserait, voire approuverait le viol ? Est-ce que la hausse exponentielle des condamnations pour violences sexuelles que l'on observe notamment en France ces cinquante derniĂšres annĂ©es en fait partie ? La charge rĂ©putationnelle qui pĂšse sur les auteurs de dĂ©lits et de crimes sexuels une fois qu'ils ont purgĂ© leur peine? Le fait qu'il s'agisse Ă  la fois d'individus prĂ©sentant parmi les plus faibles taux de rĂ©cidive et qui sont confrontĂ©s aux plus grandes difficultĂ©s de rĂ©insertion ? Ou encore qu'il n'y a pas mieux pour dĂ©truire la vie de quelqu'un que de l'accuser Ă  tort d'avoir commis ce genre de violences ? Il m'est souvent arrivĂ© d'avancer ces arguments en milieu militant pour qu'on me rĂ©ponde un charabia infalsifiable. Qu'on me dise que la stigmatisation des violeurs est la preuve que le viol exerce une fascination et donc qu'il est banalisĂ©, et donc que la "culture du viol" existe[121]. »

Notes et références

Notes

  1. « The term 'rape culture' originated in the 1970s during the second wave feminist movement and is often used by feminists to describe contemporary American culture as a whole[3]. »

Références

  1. (en) George Ritzer et J. Michael Ryan, The Concise Encyclopedia of Sociology, Wiley-Blackwell, , 784 p. (ISBN 978-1-4051-8352-9), p. 493.
  2. (en) John Nicoletti, Sally Spencer-Thomas et Christopher M. Bollinger, Violence goes to college : the authoritative guide to prevention and intervention, Charles C Thomas, , 298 p. (ISBN 978-0-398-07191-2), p. 134.
  3. Smith 2004, p. 174.
  4. Smith 2004, p. 174.
  5. (en) Flora Davis, Moving the mountain : the women's movement in America since 1960 [« DĂ©placer les montagnes : le Mouvement de libĂ©ration des femmes depuis les annĂ©es 1906 aux États-Unis »], New York, Simon & Schuster, , 304 p. (ISBN 978-0-671-60207-9 et 0-671-60207-1, OCLC 300643287, BNF 35572482), p. 318.
  6. Rutherford, Alexandra, « Sexual Violence Against Women: Putting Rape Research in Context », Psychology of Women Quarterly, vol. 35, no 2,‎ , p. 342–347 (DOI 10.1177/0361684311404307, lire en ligne, consultĂ© le ).
  7. (en) Brownmiller, Susan., Against our will : men, women, and rape, , 472 p. (ISBN 978-0-449-90820-4, OCLC 28233179).
  8. (en) Karen J. Maschke, The legal response to violence against women, Garland Pub, , 354 p. (ISBN 978-0-8153-2519-2, OCLC 36001234).
  9. (en) Amy L. Chasteen, « Constructing Rape: Feminism, Change, and Women's Everyday Understandings of Sexual Assault », Sociological Spectrum, vol. 21, no 2,‎ , p. 101–139 (ISSN 0273-2173, DOI 10.1080/02732170121403, lire en ligne, consultĂ© le ).
  10. (en) Susan Griffin, « Rape: The All-American Crime », sur UNZ.org, Ramparts Magazine, (consulté le )
  11. New York Radical Feminists, Noreen Connell et Cassandra Wilson, Rape : the first sourcebook for women, New American Library, (ISBN 978-0-452-25086-4, lire en ligne), « 3 », p. 105.
  12. (en) Helen Benedict, « Letters to the Editor: speaking out », New York Times, (consulté le ).
  13. (en) « NovDec 1974 Book Review », sur faar-aegis.org (consulté le )
  14. (en) « Letters », sur nytimes.com (consulté le ).
  15. « Culture du viol », sur wikigender.org (consulté le ).
  16. « Intrusions Ă  l'UniversitĂ© Laval : 11 plaintes dont 4 agressions Ă  caractĂšre sexuel », sur Radio-Canada.ca (consultĂ© le ).
  17. « La police enquĂȘte maintenant sur 15 plaintes Ă  l'UniversitĂ© Laval », sur Radio-Canada.ca (consultĂ© le ).
  18. « Agressions Ă  l'UniversitĂ© Laval : deux Ă©tudiants arrĂȘtĂ©s », sur Radio-Canada.ca (consultĂ© le ).
  19. « Alice Paquet, victime présumée du député Sklavounos, se confie », sur Radio-Canada (consulté le ).
  20. « « J'ai perdu le contrĂŽle sur l'histoire Â», dĂ©plore Alice Paquet », sur Radio-Canada.ca (consultĂ© le ).
  21. « Des marches dans plusieurs villes du Québec contre la culture du viol », sur Radio-Canada.ca (consulté le ).
  22. « Pas d'accusations contre le député Gerry Sklavounos », sur Radio-Canada.ca (consulté le ).
  23. « Pas d’accusation contre Gerry Sklavounos : Alice Paquet rĂ©agit dans une lettre », sur Le Journal de QuĂ©bec (consultĂ© le ).
  24. « Gerry Sklavounos : «J'ai peut-ĂȘtre essayĂ© d'ĂȘtre "friendly", charmeur en faisant un compliment honnĂȘte et poli» », sur Le Journal de QuĂ©bec (consultĂ© le ).
  25. Quartier Libre, « Faire évoluer les mentalités », sur Quartier Libre (consulté le ).
  26. « Rapport final de l'enquĂȘte ESSIMU », .
  27. Marc Le Pape, « Viol d’hommes, masculinitĂ©s et conflits armĂ©s », article paru dans la revue Cahiers d'Ă©tudes africaines, Paris, Éditions de l'École des hautes Ă©tudes en sciences sociales, (ISBN 978-2-7132-2387-7, consultĂ© le ).
  28. Éric Fassin, « Le date rape aux États-Unis », EnquĂȘte. Archives de la revue EnquĂȘte, no 5,‎ , p. 193–222 (ISSN 1953-809X, DOI 10.4000/enquete.1263, lire en ligne, consultĂ© le ).
  29. Elvire von Bardeleben, « « Date rape » : le rendez-vous marqué », Libération, (consulté le ).
  30. Élisabeth Badinter, Fausse route, Odile Jacob, , 221 p. (ISBN 978-2-7381-1265-1, lire en ligne).
  31. Marcela Iacub, Une société de violeurs ?, Fayard, (ISBN 978-2-213-66835-2 et 2-213-66835-3, OCLC 779739819).
  32. MarlĂšne Schiappa, OĂč sont les violeurs ? : essai sur la culture du viol, , 136 p. (ISBN 978-2-8159-2132-9 et 2-8159-2132-4, OCLC 973045166).
  33. Noémie Renard, En finir avec la culture du viol, Paris, les Petits matins, 178 p. (ISBN 978-2-36383-247-4, OCLC 1028621771).
  34. Entretien avec Noémie Renard, « Combattre la culture du viol », sur revuepolitique.be, Revue Politique, (consulté le ).
  35. Jean-Claude Kaufmann, Pas envie ce soir : le consentement dans le couple (ISBN 979-10-209-0851-3, OCLC 1157827408)
  36. « Consentement dans le couple : "Le viol domestique est encore moins entendu que les autres" », sur Madame Figaro, (consulté le )
  37. (en) Martha R. Burt, « Cultural myths and supports for rape », Journal of Personality and Social Psychology, vol. 38, no 2,‎ , p. 217–230 (DOI 10.1037/0022-3514.38.2.217, lire en ligne, consultĂ© le ).
  38. (en) Du Mont J., « The Role of “Real Rape” and “Real Victim” Stereotypes in the Police Reporting Practices of Sexually Assaulted Women », Violence Against Women,‎ , p. 466–86.
  39. Renard Noémie, En finir avec la culture du viol, Paris, les Petits matins, 178 p. (ISBN 978-2-36383-247-4, OCLC 1028621771).
  40. « Une France empreinte de la culture du viol », sur Libération.fr (consulté le ).
  41. HélÚne Romano, L'Aide-mémoire de l'urgence médico-psychologique : en 24 fiches, Dunod, , 256 p. (ISBN 978-2-10-059029-2, lire en ligne), p. 131.
  42. Un article d'El Pays et son compte-rendu sur un site en français.
  43. (en) Jericho M. Hockett, Sara J. Smith, Cathleen D. Klausing et Donald A. Saucier, « Rape Myth Consistency and Gender Differences in Perceiving Rape Victims A Meta-Analysis », Violence Against Women,‎ , p. 1077801215607359 (ISSN 1077-8012 et 1552-8448, PMID 26446194, DOI 10.1177/1077801215607359, lire en ligne, consultĂ© le ).
  44. (en) Sarah Ben-David et Ofra Schneider, « Rape Perceptions, Gender Role Attitudes, and Victim-Perpetrator Acquaintance », Sex Roles, vol. 53,‎ , p. 385–399 (ISSN 0360-0025 et 1573-2762, DOI 10.1007/s11199-005-6761-4, lire en ligne, consultĂ© le ).
  45. http://www.malesurvivor.org/facts/
  46. Non-lieu dans l'affaire Darmanin.
  47. À la suite du tollĂ© qu'il a suscitĂ©, l'article du site SĂ©duction by Kamal a Ă©tĂ© retirĂ©, mais des captures d'Ă©cran sont archivĂ©es ici.
  48. Christine Salek. April 8, 2013. 19-Year-Old Toronto Man Sexually Assaulted By 4 Women, Police Say.
  49. (en) Philip M. Sarrel et William H. Masters, « Sexual molestation of men by women », Archives of Sexual Behavior, vol. 11, no 2,‎ , p. 82–88 (PMID 7125884, DOI 10.1007/BF01541979).
  50. (en) « Male Rape », The National Center for Victims of Crime, (consulté le ).
  51. (en) When Women Sexually Abuse Men : The Hidden Side of Rape, Stalking, Harassment 
 – Philip W. Cook, Tammy J. Hodo, Google Books, , 193 p. (ISBN 978-0-313-39730-1, lire en ligne).
  52. « Violences sexuelles », sur memoiretraumatique.org (consulté le ).
  53. par exemple en publiant des photos dénudées prises aprÚs ou pendant le viol.
  54. « Les mythes autour du viol et leurs conséquences. Partie 2 : les conséquences pour la victime », sur Sexisme et Sciences humaines - Féminisme, (consulté le ).
  55. Le viol, un crime presque ordinaire, Audrey Guiller et Nolwen Weiler.
  56. Ryan Broderick, Jessica Testa, Heben Nigatu et Anaïs Bordages, « La culture du viol, c'est quoi ? », sur buzzfeed.com, (consulté le ).
  57. Comme par exemple dans ces articles du journal Le Monde ou du New-York Times (ce dernier est analysé ici par une blogueuse féministe).
  58. (en) « USC Student: Police Said I Wasn’t Raped Because He Didn’t Orgasm », sur Huffington Post.
  59. « "Pas d’orgasme, pas de viol" : comment l’universitĂ© de Californie du Sud rĂšgle les affaires de viol », sur TerreFemina.
  60. .
  61. CAVAC (centre d'aide aux victimes d'actes criminels), « Les hommes sont aussi victimes d’agressions sexuelles Â».
  62. Agence de la santĂ© publique du Canada, « Livrets d’information sur la violence sexuelle 2008 : “Les hommes qui ont Ă©tĂ© victimes de violence sexuelle durant l’enfance” Â».
  63. Voir sur cheekmagazine.fr.
  64. Deborah Condon. April 4th 2014. Irish Health. Male rape 'still a taboo subject'. Comments of Dr Maeve Eogan and Deirdra Richardson in Modern Medicine, the Irish Journal of Clinical Medicine.
  65. Voir sur prearesourcecenter.org.
  66. Priya M Menon. 16 fĂ©vrier 2016. The Times of India, « Lacking support, male rape victims stay silent Â».
  67. (en) « Court Tells Youth to Support Child He Fathered at Age 13 », New York Times,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  68. (en) « Arizona Is Requiring A Male Statutory Rape Victim To Pay Child Support », Business Insider,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  69. (en) « Statutory Rape Victim Ordered To Pay Child Support », Chicago Tribune,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  70. « Quels pays légifÚrent contre les violences sexuelles ? La réponse en carte | Les cartes week-end », sur Radio-Canada.ca (consulté le ).
  71. « Inégalités - Violences faites aux femmes », sur data.oecd.org (consulté le ).
  72. Petra Hessenberger, « Interview. «En Allemagne, le jugement de viol ne dépendra plus du comportement des victimes » », Libération, (consulté le ).
  73. « L’Allemagne bouleverse sa dĂ©finition lĂ©gale du viol », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consultĂ© le ).
  74. Madame Figaro, « La SuÚde, meilleur pays du monde pour les femmes ? », (consulté le ).
  75. Anne-Françoise Hivert, « La SuÚde malade de ses viols », Libération, (consulté le ).
  76. Uncas Sachem, « SuĂšde – Statistiques : abolir la prostitution augmenterait-il les viols ? », sur Le Mouvement Matricien, (consultĂ© le ).
  77. « INDE. Viol : en finir avec les castes », Courrier international,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  78. « CHRONOLOGIE. Le viol en Inde », Courrier international,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  79. Femin'Act, « L’Inde et sa culture du viol », sur Femin'Act, (consultĂ© le ).
  80. Lauren Wolfe et Peggy Sastre, « Ce que l'Inde ne veut pas voir des viols », Slate, (consulté le ).
  81. « Sanction pour un violeur », Islamweb (consulté le ).
  82. « Une victime de viol ne peut pas produire quatre témoins », Islamweb (consulté le ).
  83. « Condamnée à 200 coups de fouet pour avoir parlé de son viol collectif », sur 20 minutes (consulté le ).
  84. Mariem Dali, « Tunisie : comment échapper légalement à la sanction du viol », Nawaat, (consulté le ).
  85. « Maroc: loi sur le viol amendée », sur lefigaro.fr, Le Figaro, (consulté le ).
  86. « Les Marocains disent « non à la culture du viol ! » », Le Point Afrique (consulté le ).
  87. « Masturbez-vous Ű±Ű­Ù…ÙƒÙ… Ű§Ù„Ù„Ù‡ » : les Marocaines manifestent contre « la culture du viol », Ledaily.ma (consultĂ© le ).
  88. « « Est-il permis de la violer ou pas ? » : quand une page Facebook incite au viol », Ledaily.ma (consulté le ).
  89. « Un réalisateur Marocain incite au viol des homosexuels », Ledaily.ma (consulté le ).
  90. Salomé Brahimi, « Le Maroc n'est pas l'Eldorado que l'on nous vend », Slate, (consulté le ).
  91. Edouard Lamort, « Tchad. Le viol collectif de Zouhoura par des fils de dignitaires embrase le pays », L'Obs, (consulté le ).
  92. « Viol collectif au Kenya : les auteurs condamnĂ©s à
 tondre la pelouse », Le Parisien, (consultĂ© le ).
  93. « SociĂ©tĂ©. Le Japon ouvre les yeux sur le viol », Courrier international,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  94. « Japon : Le pays durcit sa législation sur le viol, vieille de 110 ans », sur 20minutes.fr, 20 minutes (consulté le ).
  95. Phoebé Leroyer, « Le viol au Japon : des données sous-représentées ? », DozoDomo, (consulté le ).
  96. « Télé, viol, silence, quelle place pour la femme nippone ? », Trop Libre - Une voix libérale, progressiste et européenne (consulté le ).
  97. « Dossier : pourquoi les Japonais sont-ils aussi pervers ? », (consulté le ).
  98. « Japon : pourquoi les Japonais(es) ne font plus l'amour ? », Planet, (consulté le ).
  99. « donga.com[English donga »], (version du 25 novembre 2011 sur Internet Archive).
  100. Sondage Ipsos effectué sur un échantillon de 1035 personnes représentatif de la population française ùgée de 18 ans et plus, interrogées par internet, avec la méthode des quotas, en novembre 2021
  101. RĂ©daction de La DĂ©pĂȘche et AFP, « Un sondage souligne la persistance de la culture du viol, surtout chez les jeunes », sur ladepeche.fr, (consultĂ© le )
  102. Barbara Strandman, « SuÚde : touchers vaginaux non consentis et « certificats de virginité » dénoncés », Club de Mediapart (consulté le ).
  103. « Tests de virginitĂ© : un mĂ©decin de l’armĂ©e Ă©gyptienne relaxĂ© », Elle, (consultĂ© le ).
  104. « Algérie : des tests de virginité imposés lors de contrÎles de police », Grazia.fr, (consulté le ).
  105. Mounira Elbouti, « ContrÎle de virginité en Algérie : vaine indignation ! », Baya, .
  106. AFP, « Indonésie : Une ONG dénonce les tests de virginité pour les femmes entrant dans l'armée », 20 minutes, .
  107. « Test de virginité, comment faire respecter les femmes | RFI Blogs », sur prioritesante.blogs.rfi.fr (consulté le ).
  108. HélÚne Guinhut, « Québec : les médecins disent non aux tests de virginité », Elle, (consulté le ).
  109. « Certificat médical de constatation de virginité », sur conseil53.ordre.medecin.fr (consulté le ).
  110. (en) RAINN, « White House Task Force RAINN Recommandations » [PDF], sur rainn.org, (consulté le ), p. 2-3.
  111. Paglia, Camille, 1947- (trad. de l'anglais), Vamps & tramps : une théorie païenne de la sexualité, Paris, Denoël, , 605 p. (ISBN 978-2-207-25843-9, OCLC 685057417).
  112. (en-US) Camille Paglia et Emma Teitel, « Camille Paglia on Rob Ford, Rihanna and rape culture », sur macleans.ca, (consulté le ).
  113. (en) Caroline Kitchens, « It's Time to End 'Rape Culture' Hysteria », sur Time (consulté le ).
  114. (en) « The Campus Rape Myth », City Journal,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  115. (en) Ritzer, George. et Ryan, J. Michael., The concise encyclopedia of sociology, Wiley-Blackwell, (ISBN 978-1-4051-8352-9, OCLC 701327736)
  116. (en) « WebCite query result », sur webcitation.org (consulté le ).
  117. (en) Buchwald, Emilie., Fletcher, Pamela R. et Roth, Martha., Transforming a rape culture, Milkweed Editions, (ISBN 0-915943-06-9, OCLC 28549630).
  118. (en) « Orientalist Feminism Rears its Head in India », Institut des Études Arabes (consultĂ© le ).
  119. (en) Ruth Alexander, « How many men in Asia admit to rape? », BBC News, (consulté le ).
  120. (en) Barbara Kay, « Rape culture fanatics don't know what a culture is », National Post,‎ (lire en ligne).
  121. Peggy Sastre, interviewĂ©e par EugĂ©nie BastiĂ©, « Peggy Sastre : "La notion de “culture du viol” n'est absolument pas dĂ©montrĂ©e" Â», Le Figaro, samedi 25 / dimanche 26 novembre 2017, p. 18.

Voir aussi

Livres

Articles

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.