Peggy Sastre
Peggy Sastre, née le à Senlis, est une journaliste scientifique[n 1], essayiste, traductrice, blogueuse française et docteure en philosophie[1] - [2] - [3] - [4]. Spécialiste des questions liées aux rapports homme-femme et à la sexualité, elle s’inscrit dans le paradigme de la psychologie évolutionniste[5].
Naissance | |
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Pseudonyme |
Peggy SmaĂŻer |
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Université de Reims Champagne-Ardenne (doctorat) (jusqu'en ) |
Activités |
Directeur de thèse | |
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Biographie
Peggy Sastre naît à Senlis le [6]. Élève de classe préparatoire aux grandes écoles puis étudiante en philosophie (à Paris, Nanterre, puis Reims)[7], elle commence sa carrière d'essayiste en 2006. Alors membre du comité éditorial de l’Afis (association française pour l'information scientifique), elle co-écrit deux ouvrages avec Charles Müller[8] - [9] - [10].
Elle travaille Ă©galement comme traductrice[11] - [12] - [13] pour plusieurs maisons d'Ă©dition dont HarperCollins. En tant que journaliste[14] - [15], chroniqueuse[16] et traductrice[17], elle collabore Ă plusieurs revues, dont Causeur[18] - [19] et au Point oĂą elle est aussi Ă©ditorialiste[20].
En 2009, elle publie Ex utero, pour en finir avec le féminisme[21].
En 2010, elle publie dans La Nouvelle Revue française, dans le cadre d'un dossier sur le féminisme contemporain, une synthèse de ses positions sous la forme d'un hommage à Valerie Solanas et intitulé « Ex utero manifesto ». La même année, elle cosigne avec Lola Lafon une tribune sur le traitement médiatique de l'affaire Polanski, publiée dans Slate et Libération[22] - [23].
En 2011, sous la direction de Patrick Wotling[24], elle soutient sa thèse consacrée à Nietzsche et à Darwin, intitulée Généalogies de la morale : perspectives nietzschéenne et darwinienne sur l'origine des comportements et des sentiments moraux, à l'université de Reims.
Entre 2011 à 2016, elle est chroniqueuse invitée du Plus, le site participatif du Nouvel Observateur[25].
Depuis , dans le cadre d'un partenariat entre Le Point et Quillette[26] pour la traduction et la publication hebdomadaire[27] d'articles du second dans le premier, Peggy Sastre effectue les traductions du magazine en ligne australien vers le magazine français[28] - [27].
Vie privée
Elle déclare en 2018 avoir des troubles du spectre de l'autisme[29].
Travaux
Ex utero, pour en finir avec le féminisme
Dans cet essai de 2009, Peggy Sastre reprend l'idée développée dans « Tota mulier ex utero » (publié sous le pseudonyme de Peggy Smaïer[30]) que « les femmes ne feront rien dans la vie tant qu’elles auront un utérus »[31].
La domination masculine n'existe pas
En 2015, elle publie La domination masculine n'existe pas. Dans une interview au magazine GQ à l'occasion de la sortie du livre, elle défend l'idée que pour comprendre la domination masculine, il faut adopter une perspective évolutionnaire. La domination masculine n'aurait pas été imposée aux femmes, mais acceptée par celles-ci car elle servirait leurs intérêts reproductifs. Pour clarifier son affirmation selon laquelle « l’homme a longtemps "dominé" la femme, [...] parce qu’elle l’a bien voulu », elle explique que « si on retrouve avec une régularité certaine des traits chez un sexe, c’est qu’ils ont été favorisés à un moment donné par l’autre ». Elle reconnaît pour autant que le titre du livre est une provocation à visée commerciale « pour attirer le chaland ». Pour Peggy Sastre, la domination masculine existe donc bien mais « n’est pas celle que l’on croit »[32].
Selon Marlène Schiappa, cette analyse darwinienne « apporte un éclairage neuf, un paramètre rarement pris en compte dans la philosophie féministe, qui renouvelle le genre »[33].
Au contraire, Clémence Meunier explique dans Les Inrocks que « certaines parties [du livre] laissent pantois. Les hommes d’aujourd’hui y sont présentés comme obsédés et belliqueux, les femmes peureuses et prêtes à tout pour trouver le bon père »[34]. Zineb Dryef dans Le Monde estime que le style de l'ouvrage est péremptoire et son propos polémique, et qu'en l'absence de compétences scientifiques, l'autrice ne fait que « piocher dans des articles scientifiques et en tirer des conclusions [ce qui] relève au mieux de l’opinion, au pire, de la manipulation », une accusation de cherry picking aussi relayée par Odille Fillod[35].
Critiques
Odile Fillod, animatrice du blog Allodoxia qui se présente comme un « observatoire critique de la vulgarisation », critique dès 2012 trois travers qu'elle juge récurrents dans le travail de Peggy Sastre, à savoir une présentation erronée des positions adverses, un recours fréquent à l'argument d'autorité et l'accusation de parti-pris idéologique. Elle considère également que Peggy Sastre n'a « ni formation scientifique, ni formation journalistique »[36] et qu'elle s'appuie uniquement sur le discours de chercheurs favorables aux hypothèses qu'elle défend en passant sous silence la fragilité et les critiques des études qu'elle mobilise (cherry picking). Elle estime ainsi que son travail ne relève pas du journalisme scientifique et qu'elle devrait « se présenter pour ce qu’elle est, à savoir une essayiste et chroniqueuse pamphlétaire à la Éric Zemmour »[36].
Dans leur livre Les gardiens de la raison[37], Stéphane Fouccart, Stéphane Horel et Sylvain Laurens analysent la pensée de Peggy Sastre comme une synthèse de la sociobiologie et de la pensée libertarienne[38]. Elle relaie selon eux des travaux très en vogue dans les milieux conservateurs, la « sociobiologie » et l’« évolutionnisme psychologique » (ou « évopsy »), en faisant siennes les théories désormais très controversées de Randy Thornhill (en) ou E. O. Wilson, sans présenter les critiques qui s'y rattachent, et avec une lecture toute personnelle du néodarwinisme. Pour eux, « l'évopsy est aujourd’hui un ciment essentiel dans l’argumentation des antiféministes. Et au premier chef de Peggy Sastre, tenante de l’ "évoféminisme" ». Ils affirment qu'« en ramenant la morale à un produit des gènes et de l’activité cognitive du cerveau dans sa dimension purement biochimique, Peggy Sastre énonce une théorie qui relativise les problèmes moraux au nom de la science »[38]. Ils reviennent en particulier sur son traitement de la question du viol, exprimé dès son livre Sexe machines : « Le viol n’est pour elle pas un problème moral, mais le produit de notre évolution naturelle. Elle prétend ainsi asseoir sur la science une prise de distance vis-à -vis des valeurs morales qui, selon elle, empêchent les femmes de se penser autrement que comme des victimes. »
Son « évoféminisme », qui assimilerait les féministes à des opposants à la science, est aussi fortement critiqué par la philosophe et biologiste Elisabeth Lloyd, car il viserait en premier lieu « les féministes les plus ouvertement proscience »[38].
Controverses
Tribune « 100 femmes pour une autre parole »
En , Peggy Sastre co-rédige et signe la tribune « 100 femmes pour une autre parole ». Le titre de la tribune est modifié par la rédaction du Monde dans sa version en ligne[39] en « Nous défendons une liberté d’importuner, indispensable à la liberté sexuelle »[40]. Elle précise : « Notre tribune n’est pas un appel au viol, ce n’est pas non plus une parole contre le mouvement #MeToo, c’est une parole différente, une parole en plus[12] ».
À la suite de la polémique[41] concernant la jouissance possible durant un viol née des propos de Brigitte Lahaie lors d'un débat avec la féministe Caroline de Haas, Peggy Sastre se désolidarise d'elle dans un premier temps[41] puis lui apporte son soutien[42] en affirmant que : « 20% des femmes jouissent pendant leur viol. C'est une donnée scientifique et c'est la fourchette haute »[43]. Elle critique aussi la focalisation sur le lien établi entre jouissance et viol considérant que : « Le problème c’est que, celle qui est violée n’est pas consentante, point ! Qu'elle jouisse ou pas, qu'elle fasse des fantasmes avec ou pas, on s'en fout : l'important, c'est le consentement »[43].
Portrait par M le Mag
En , dans un portrait consacré à Peggy Sastre par M le Mag, supplément magazine du journal Le Monde, la journaliste Zineb Dryef écrit que « les scientifiques contactés pour en parler refusent tout net de perdre leur temps à commenter « des sornettes ». Sans compétences solides, piocher dans des articles scientifiques et en tirer des conclusions relève au mieux de l’opinion, au pire, de la manipulation[12] ». L'article du Monde reprend une critique formulée par Odile Fillod portant sur l'utilisation par Peggy Sastre de l'indice de Manning : Odile Fillod considère qu'il ne peut en aucun cas être considéré comme « un indice fiable de l’androgénisation prénatale[12] ».
En réaction à ce portrait, le , Peggy Sastre publie sur son blog l'avis de six chercheurs en psychologie, mathématiques, génétique, biologie et anthropologie qui la soutiennent[44]. Le biologiste Michel Raymond y déclare : « Peggy Sastre est (...) féministe, mais elle utilise l’approche évolutionniste pour prendre en compte et mieux comprendre les différences biologiques massives, scientifiquement décrites, que l’on trouve à tous les niveaux entre l’homme et la femme. Ce qui lui permet de proposer un féminisme plus réaliste – et donc plus intéressant – car purgé de l’idéologie, commune en France, considérant qu’il n’y a aucune part de biologie dans nos comportements[44]. »
Le lendemain, Slate publie une tribune du biologiste Robert Trivers qui soutient Peggy Sastre[45] et indique que l'indice de Manning qu'elle utilise pour mesurer le taux d'exposition fœtale est correct, puisque scientifiquement prouvé. Il y critique le refus d'accepter certaines thèses, notamment la psychologie évolutionniste, par l’existence d'une forme de « chauvinisme ». Il y décrit notamment Sastre comme « une femme voulant judicieusement aller contre ce biais. Sastre use de la science et de la biologie modernes d'une manière créative, afin de défier l'orthodoxie dominante »[45]. La tribune est accompagnée d'une note de la rédaction de Slate qui précise que le biologiste Michel Raymond a été contacté par Zineb Dryef « sans être finalement cité dans l'article ». Le lendemain, Odile Fillod publie sur Allodoxia un article déconstruisant la défense de Sastre par Trivers sur l'indice de Manning[46].
Publications
Ouvrages et articles
- avec Charles Muller, Des plantes pour votre cerveau : comment booster votre humeur, votre mémoire, votre intelligence, Paris, Éditions Médicis, , 287 p. (ISBN 978-2-85327-299-5).
- avec Charles Muller, Sexe machines, Paris, Max Milo Éditions, , 215 p. (ISBN 978-2-35341-006-4).
- Ex utero : pour en finir avec le féminisme, Paris, Éditions La Musardine, coll. « L'Attrape Corps », , 200 p. (ISBN 978-2-84271-388-1).
- Écrivains en séries : un guide des séries télé (collectif, entrées Nip/Tuck, Csi Las Vegas, Regenesis et Lady Oscar), Paris, Laureli/Léo Scheer, , 496 p. (ISBN 978-2-7561-0150-7).
- No sex : avoir envie de ne pas faire l'amour, Paris, Éditions La Musardine, coll. « L'Attrape Corps », , 200 p. (ISBN 978-2-84271-392-8)[47].
- « Ex utero manifesto », Nouvelle Revue française, Paris, Gallimard, no 593,‎ (ISBN 978-2-07-012922-5).
- « Dans la chambre sombre », Ravages, Paris, no 6,‎ (ISBN 978-2-7556-0857-1).
- Coquilles vides, in Dans le ventre des femmes, Paris, BSC publishing, , 221 p. (ISBN 978-2-35835-005-1).
- Arthur Vernon (préf. Peggy Sastre), La Vie, l'Amour, le Sexe, Tabou, (ISBN 978-2363260215).
- « Le gâteau des Bakhrouchine », Noor, revue pour un islam des Lumières, no 2,‎ .
- Le sexe des maladies (préf. Martin Winckler), Favre, , 224 p. (ISBN 978-2828914356).
- « Sextrêmes : la libération des mœurs n'a pas eu lieu », Citrus, L'agrume, no 3,‎ (ISBN 979-10-90743-33-5).
- La domination masculine n'existe pas, Anne Carrière, , 276 p. (ISBN 978-2843377815).
- Comment l'amour empoisonne les femmes, Anne Carrière, , 250 p. (ISBN 9782843378263).
- La Haine orpheline, Paris, Anne Carrière, (ISBN 978-2-84337-926-0).
Traduction
- Steven Pinker, Rationalité : ce qu'est la pensée rationnelle et pourquoi nous en avons plus que jamais besoin, Paris, Les Arènes, , 434 p. (ISBN 979-10-375-0531-6).
Notes et références
Notes
- "Journaliste scientifique" est le terme utilisé dans les présentations de Peggy Sastre par Europe 1, Le Figaro et France Inter.
Références
- « Peggy Sastre , Généalogies de la morale : perspectives nietzschéenne et darwinienne sur l'origine des comportements et des sentiments moraux », sur theses.fr (consulté le )
- SUDOC 16036258X
- Martine Fournier, Masculin/FĂ©minin : Le genre. Etat des lieux, Sciences Humaines, , 264 p. (ISBN 978-2-36106-225-5, lire en ligne)
- « Peggy Sastre : biographie, actualités et émissions France Culture », sur France Culture (consulté le )
- Vincent Citot, « Entretien avec Peggy Sastre », dans Le Philosophoire, n° 56, 2021, p. 9-17, p. 9. Présentation sur Cairn.info.
- Sastre, Peggy (1981-....), « BnF Catalogue général », sur catalogue.bnf.fr (consulté le )
- Interview de Peggy Sastre autour de son livre "Comment l'amour empoisonne les femmes", dans Nouveaux Formats sur YouTube (, 22 minutes) Consulté le . La scène se produit à 1:11.
- Stéphane Foucart, Stéphane Horel et Sylvain Laurens, Les gardiens de la raison: Enquête sur la désinformation scientifique, La Découverte, (ISBN 978-2-348-06463-0, lire en ligne)
- Martine Betti-Cusso et Richard Le Ny, « Des plaintes pour le cerveau », Le Figaro,‎ (lire en ligne, consulté le )
- « La sexualité au scanner », Le Figaro,‎ (ISSN 0182-5852, lire en ligne, consulté le )
- « La grande encyclopédie visuelle », sur gallimard.fr (consulté le )
- Zineb Dryef, « Peggy Sastre, le féminisme à la sauce Darwin », lemonde.fr, (consulté le )
- Quelques-uns des titres traduits par Peggy Sastre : Une Vengeance trop tentante, Vengeance dans le désert, Le Piège du devoir, Pour protéger son secret, L'Aveu du désert…
- « Peggy Sastre », sur GQ France (consulté le )
- « Peggy Sastre, Auteur à Chro », sur Chro (consulté le )
- Présentation par son éditeur
- « Les articles de Peggy Sastre », sur Slate.fr (consulté le )
- Le Point magazine, « Phébé - Le génie génétique est sorti de sa bouteille », sur Le Point, (consulté le )
- Causeur.fr, « Peggy Sastre, Auteur à Causeur », sur Causeur (consulté le )
- Peggy Sastre, « La chasse à la pub sexiste est absurde », sur Le Point, (consulté le )
- Peggy Sastre et Jef Tombeur, « Peggy Sastre : « Il y aura une suite à l’Ex Utero » », sur http://www.come4news.com/, (consulté le )
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- Agence bibliographique de l'enseignement supérieur
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- Maria Kouloglou, « La vie d'un homme vaut-elle moins que celle d'une femme ? », sur Le Point, (consulté le ) : « Le Point publiera chaque semaine une traduction d'un article paru dans Quillette »
- Vincent Harinam et Rob Henderson, « Politique : les mensonges des modérés », sur Le Point, (consulté le )
- Marie Vaton, « Peggy Sastre, féministe "par défaut" », sur nouvelobs.com,
- Philippe Descamps, « Bibliographie », dans L'utérus, la technique et l'amour. L’enfant de l’ectogenèse, sous la direction de Descamps Philippe. Paris, Presses Universitaires de France, « Intervention philosophique », 2008, p. 197-205.
- Tota mulier ex utero - Pour une libération de la condition utérine, lesmutants.org
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- Stéphane Foucart et Stéphane Horel, « L’évopsy, une “science” antiféministe », Ballast,‎ (lire en ligne, consulté le )
- « Peggy Sastre : «Le féminisme policier refuse la contradiction» », Figarovox, .
- Collectif, « « Nous défendons une liberté d’importuner, indispensable à la liberté sexuelle » », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le )
- « "On se désolidarise des propos de Lahaie", déclare une des signataires de la tribune du Monde », sur Europe 1 (consulté le )
- Thomas Mahler, « Peggy Sastre : « #MeToo a été accaparé par un féminisme aux allures de religion » », sur Le Point, (consulté le ) : « Je reste, par contre, proprement consternée par ce qui est arrivé à Brigitte Lahaie, notamment par notre faute après ce communiqué de « désolidarisation » imbécile que nous avons envoyé sous la pression d'une minorité très hurlante de nos signataires »
- « Peggy Sastre: "Ce que dit Brigitte Lahaie est vrai, 20 % des femmes jouissent pendant leur viol" », sur rmc.bfmtv.com,
- « Non, je ne raconte pas (que) des "sornettes" », sur lamutationestenmarche.blogspot.fr, (consulté le ).
- « Du chauvinisme français en sciences (et en sciences de l'évolution en particulier) », Slate.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- Odile Fillod, « Un indice fiable de quoi ? », Allodoxia, .
- Sarah Chiche, « Peut-on avoir envie de ne pas faire l'amour ? », sur Sciences Humaines (consulté le )
Annexes
Articles connexes
Liens externes
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