Cercle saphique de Madrid
Le Cercle saphique de Madrid (en espagnol : CĂrculo Sáfico de Madrid) est un club de femmes lesbiennes madrilènes fondĂ© en 1916 par l'artiste d'avant-garde Victorina Durán, disparu du fait du rĂ©gime de l'Espagne franquiste.
Fondation |
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Contexte
L'Espagne du début du XXe siècle, après la perte de ses colonies, connaît de profonds changements dans les domaines sociaux et sociétaux. Comme partout en Europe, les mouvements des droits des femmes s'organisent, au niveau politique, avec les femmes de la Génération de 14 (Clara Campoamor, Victoria Kent, Carmen de Burgos) et bientôt artistique, avec l'avènement des Sinsombrero.
Dans ce contexte, l'artiste pionnière Victorina Durán[1] créé le Cercle saphique en 1916, à Madrid. Bien que le terme « lesbienne » soit présent dans la langue académique espagnole depuis 1870, c'est son synonyme « saphique » qui est choisi, reprenant l'adjectif créé en relation avec la poétesse antique Sappho[2].
Le Cercle est fĂ©ministe et se veut complĂ©mentaire des autres institutions fĂ©minines espagnoles, telles que la Residencia de Señoritas et le Lyceum Club Femenino, deux institutions crĂ©Ă©es par la Basque MarĂa de Maetzu, ou le Lyceum Club de Barcelone, fondĂ© par la Catalane Aurora Bertrana.
Fonctionnement
L'association joue un rôle important pour les lesbiennes du Madrid des années 1920. Les membres peuvent se réunir, échanger et se rencontrer dans un espace protégé. Contrairement à d'autres institutions lesbiennes de l'époque, comme le Eve's Hangout de New York, le Cercle saphique de Madrid est exclusivement féminin et n'est pas géographiquement fixe, à la manière du Sewing Club d'Hollywood où se réunissent notamment Greta Garbo, Marlene Dietrich et Joan Crawford[3]. Le club de Madrid se réunit ainsi dans différents endroits de la capitale, bien qu'en 1935, les membres ont l'habitude de se réunir plus régulièrement dans la maison de la diplomate chilienne Gabriela Mistral.
Disparition sous Franco
Lors du soulèvement nationaliste de 1936 contre la Seconde République et le déclenchement de la guerre d'Espagne, le Cercle doit fermer à Madrid. Indésirable comme les autres mouvements féminins et non toléré par la dictature franquiste, le Cercle poursuit pendant quelques années ses réunions en exil à Buenos Aires (avec Victorina Durán, Elena Fortún et Rosa Chacel) et à Lisbonne (avec Matilde Ras[4]), avant de se dissoudre en raison de la dispersion géographique de ses membres exilées.
Membres notables
- Matilde Ras (1881-1969), graphologue
- Elena FortĂşn (1886-1952), Ă©crivaine
- Gabriela Mistral (1889-1957), enseignante et diplomate
- Victoria Kent (1891-1987), avocate et ministre
- LucĂa Sánchez Saornil (1895-1970), journaliste anarchiste
- Rosa Chacel (1898-1994), Ă©crivaine
- Victorina Durán (1899-1993), artiste surréaliste
- Carmen Conde (1907-1996), poétesse
- Irene Polo (1909- 1942), journaliste[5]
Postérité
- Rosa Chacel Ă©voque le Cercle dans son roman AcrĂłpolis (1984).
- La série Les Demoiselles du téléphone, sur le réseau Netflix[6], évoque le club à travers le personnage de Carlota, joué par Ana Fernández[7].
Références
- (es) « Victorina Durán, una artista pionera que defendió el amor libre », sur abc, (consulté le ).
- (es) « El CĂrculo Sáfico de Victorina Durán », sur El Español, (consultĂ© le ).
- (es) « Lesbianas organizadas » (consulté le ).
- (es) centredocumentacio, « Matilde Ras i el CĂrculo Sáfico del Lyceum Club Femenino », sur Centredoc_caladona, (consultĂ© le ).
- (es) « EL DIA QUE SUPE QUE ERA FEMINISTA », sur eldiaquesupequeerafeminista.blogspot.com
- « Lesbienne dans les séries Netflix - Liste de 23 séries - SensCritique », sur www.senscritique.com
- (es) « Ser mujer y que te gustasen las mujeres en 1928 como en 'Las chicas del cable' », sur La Vanguardia, .