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Maarten van Heemskerck

Maarten van Heemskerck[alpha 1], né en 1498 à Heemskerk et mort le à Haarlem, est l'un des portraitistes et peintres d'histoire majeurs des Pays-Bas. Il est célèbre pour sa série des Sept Merveilles du monde.

Maarten van Heemskerck
Autoportrait au Colisée (détail)
1553, Cambridge
signature de Maarten van Heemskerck
Signature

Biographie

Né à Heemskerk aux Pays-Bas, il est placé en apprentissage par son père, petit métayer, auprès de Cornelius Willemsz et Jan Lucasz à Haarlem. Lorsqu'il se voit contraint de regagner l'exploitation paternelle pour labourer et traire les vaches, le jeune Heemskerck saisit la première occasion pour faire le mur et témoigne de sa volonté de fuir son hameau natal en faisant à pied et en une seule fois les quelques dizaines de kilomètres qui le séparent de la ville de Delft. Là, il se trouve un maître qu'il abandonne bientôt pour Jan van Scorel de Haarlem.

Portrait d'Anna Codde
1529, Rijksmuseum.

C'est là qu'il acquiert ce que l'on a appelé sa première manière, qui n'est rien d'autre qu'une imitation malhabile du style italianisant introduit par Jan Mabuse et ses collègues.

Puis il entreprend un voyage de 1532 à 1536-1537, au cours duquel il visite le Nord de l'Italie, s'arrêtant à Rome où il présente ses lettres d'introduction auprès d'un cardinal. De ce voyage, on connaît deux albums de dessins conservés à Berlin, comprenant des vues de la Rome moderne, des statues et des monuments antiques et de grandes réalisations contemporaines, dessins qui sont gravés à son retour aux Pays-Bas[1]. Il est probable qu'il était devenu expert dans son art puisqu'il fut engagé aux côtés d'Antonio da San Gallo, Battista Franco et Francesco Salviati pour décorer les arcs de triomphe éphémères érigés en l'honneur de l'entrée de l'empereur Charles Quint. Vasari, qui a pu observer les scènes de bataille exécutées alors par Heemskerck, affirme qu'elles étaient bien composées et d'une facture assurée.

De retour aux Pays-Bas, il s'installe à Haarlem, où il devient rapidement doyen de sa guilde (1540), se marie deux fois et se constitue une clientèle nombreuse et lucrative. Il appartient vraisemblablement à l'une des chambres rhétoriques de la ville qui rassemble les élites sociales et intellectuelles. À Delft, il fait la connaissance du poète Cornelis Musius, alors recteur du monastère de Sainte-Agathe (nl)[2] - [3] - [4] - [5]. Musius exerce son mécénat et passe commande à van Heemskerck plusieurs œuvres, en particulier pour Sainte-Agathe, ce qui permet au peintre de l'école flamande d'assoir sa notoriété[2] - [3] - [4] - [5].

En 1572, il quitte Haarlem, fuyant le siège mené par les Espagnols, et se réfugie à Amsterdam où il rédige un testament qui nous est parvenu et qui prouve qu'il avait réussi à amasser une fortune honorable. À sa mort, il lègue de l'argent et des terres en fiducie à l'orphelinat de Haarlem, dont l'intérêt doit être versé chaque année à tout couple qui accepte de célébrer son mariage devant sa pierre tombale dans la cathédrale de Haarlem. Il existe encore aujourd'hui une croyance dans la partie catholique des Pays-Bas selon laquelle ce rite assure le repos de l'âme du défunt.

Œuvre

La Lamentation du Christ, 1566, œuvre commander par Cornelis Musius pour le compte du monastère de Sainte-Agathe, à Delft[6] - [7].

Heemskerck fut un peintre prolifique. De la période qui précède le voyage italien, on peut citer Adam et Eve, Saint Luc peignant la vierge, un perroquet en cage et un retable dans le musée de Haarlem, ainsi qu'un Ecce Homo dans celui de Gand.

À son retour de Rome, son style a changé : il ne se consacre qu'occasionnellement au portrait pour aborder des sujets religieux austères et des thèmes mythologiques[8]. De cette période nous possédons une Crucifixion (musée de Gand) de 1543 et le retable de la compagnie des marchands-drapiers de Haarlem qui date de 1546 et se trouve aujourd'hui au musée de La Haye. On peut y voir l'influence des œuvres de Michel-Ange et de Raphaël qu'il avait étudiées à Rome, et celle des fresques de Mantegna et de Giulio Romano admirées en Lombardie. De cette période (vers 1550) date aussi la nouvelle version de Saint Luc peignant la Vierge, conservée au musée des Beaux-Arts de Rennes, et sans doute un de ses chefs-d'oeuvre.

En 1551, il produit encore de mémoire une copie de la Madone de Lorette de Raphaël, au musée de Harlem. Un Jugement de Momus de 1561, à Berlin, montre qu'il connaissait l'anatomie mais qu'il manquait de légèreté, qu'il avait la main sûre et affectionnait les contrastes de couleurs vives et les architectures baroques. Deux retables exécutés pour des églises de Delft en 1551 et 1559 (musées de Haarlem et de Bruxelles) représentent des scènes du Nouveau Testament (Golgotha, Crucifixion, Fuite en Égypte, Christ sur la montagne) et des scènes de la vie de saint Bernard et de saint Benoît tout à fait représentatives de son style. Récemment, on a découvert dans une modeste église de Normandie (ancienne commune de Saint-Martin-de-Fresnay) une Crucifixion signée et datée de 1557, reprenant et amplifiant les thèmes du tableau de Gand. Cette œuvre, assez abîmée, est actuellement (2017) en restauration.

Citons encore une Crucifixion au musée de l'Ermitage, un diptyque « Adam et Ève et Gédéon » au Musée des beaux-arts de Strasbourg et deux Triomphes de Silène à Vienne. On trouve également de lui des toiles de moindre importance dans les musées de Rotterdam, Munich, Cassel, Brunswick, Karlsruhe, Mayence et Copenhague. Il existe de lui un Jugement dernier, tableau assez médiocre, à Hampton Court.

Ses œuvres ont été gravées dans l'atelier de Jérôme Cock par Dirck Volkertszoon Coornhert, Philippe Galle et Herman Muller[9].

Œuvres

Saint-Luc peignant la Vierge, 1545, huile sur bois, 205 × 143 cm, Musée des beaux-arts, Rennes
Saint-Luc peignant la Vierge, 1545, huile sur bois, 205 × 143 cm, Musée des beaux-arts, Rennes.
Le Colosse aux jambes écartées, soit Le Colosse de Rhodes, gravure appartenant à la série des Sept Merveilles du monde, (1572).

Notes et références

Notes
  1. Également graphié « Maerten Jacobszoon Heemskerk van Veen », et le prénom pouvant aussi être « Marten » ou « Martin ».
Références
  1. Samuel Bothamy, « Heemskerck et l'Humanisme » dans Nouvelles de l'estampe, no 232, 2010, p. 46-48.
  2. (nl) Theo van der Heijden, « Cornelis Musius en de Delftse ooievaar », Historische Vereniging Delfia Batavorum, Delft, vol. 21 « Jaarboek Delfia Batavorum 21 - 2011 », (ISSN 0927-409X, lire en ligne [PDF], consulté le ).
  3. (nl) Kruijf, A. C., chap. 4 « Relieken op de vlucht », dans Miraculeus bewaard : middeleeuwse Utrechtse relieken op reis: de schat van de oud-katholieke Gertrudiskathedraal., Université d'Amsterdam, Walburg Pers (nl), (lire en ligne [PDF]), p. 91-93.
  4. (en) Karl A.E. Enenkel, chap. 3 « Monastic Solitude as Spiritual Remedy and Firewall against Reformation : Cornelius Musius’s Reappraisal of the Vita Solitaria (1566) », dans Karl A.E. Enenkel et Christine Göttler, Solitudo : Spaces, Places, and Times of Solitude in Late Medieval and Early Modern Cultures, vol. 56, Brill, coll. « Intersections », , 81–120 p. (ISBN 9789004367432, lire en ligne).
  5. (en) Ilja M. Veldman (trad. Michael Hoyle), « Maarten van Heemskerck and Hadrianus Junius : the relationship between a painter and a humanist », dans Netherlands quarterly for the history of art, Springer Dordrecht, (lire en ligne), p. 35–54.
  6. (nl) Daniëlle H. A. C. Lokin, Maerten van Heemskerck: de Bewening van Christus, Waanders, (lire en ligne).
  7. (nl) David Freedberg, « Aertsen, Heemskerck en de crisis van de kunst in de Nederlanden », Bulletin du Musée d'Amsterdam, vol. 35, no 3, (lire en ligne, consulté le ).
  8. Stefano Zuffi (trad. de l'italien), Le Portrait, Paris, Gallimard, , 304 p. (ISBN 2-07-011700-6), p.101
  9. Le Musée Wittert conserve un grand nombre d'estampes gravées d'après Maarten van Heemskerck. Notice biographique, Université de Liège
  10. Robert Hooze, Musée des Beaux Arts de Gand, Musea Nostra, , p. 29
  11. Wolfgang Prohaska, Le Kunsthistorisches Museum de Vienne : Peinture, C.H. Beck/Scala Books, (ISBN 3-406-47459-4), p. 61
  12. Erika Langmuir, National Gallery : Le Guide, Flammarion, , 335 p. (ISBN 2-08-012451-X), p. 121
  13. Calvaire, 1545, St Petersbourg
  14. Marie-Hélène Lavallée, Guides Collections : Palais des Beaux Arts de Lille, Paris, Réunion des Musées Nationaux, , 245 p. (ISBN 2-7118-3516-2), p. 72
  15. Sabine van Sprang, Musée d’Art Ancien : Œuvres choisies, Bruxelles, Musées royaux des beaux-arts de Belgique, Bruxelles, , 238 p. (ISBN 90-77013-04-0), p.80
  16. « Les Sept Merveilles du monde », sur www.cndp.fr (consulté le ).

Annexes

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Extraits de Encyclopædia Britannica onzième édition, désormais dans le domaine public Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Samuel Bothamy, « Heemskerck et l'Humanisme » dans Nouvelles de l'estampe, n°232, 2010, p. 46-48 Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Marco Folin, Monica Preti, Les villes détruites de Maarten van Heemskerck. Images de ruines et conflits religieux dans les Pays-Bas au XVIe siècle, Paris, Institut national d'histoire de l'art, 2015
  • (en) Cast, D., chap. 2 « Marten van Heemskerck’s Momus criticizing the works of the gods : a problem of Erasmian iconography. », dans Netherlands quarterly for the history of art., Dordrecht, Springer, (lire en ligne).

Articles connexes

Liens externes

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