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Blaise Pascal

Blaise Pascal, né le à Clermont (aujourd'hui Clermont-Ferrand) en Auvergne et mort le à Paris, est un polymathe : mathématicien, physicien, inventeur, philosophe, moraliste et théologien français[1].

Blaise Pascal
Gérard Edelinck, Portrait de Blaise Pascal, 1696
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Pseudonyme
Louis de Montalte, Amos Dettonville, Salomon de Tultie
Domicile
Clermont (1623-1631),
Paris (1631-1639),
Rouen (1640-1647),
Paris (1648-1662)
Activité
Père
Mère
Antoinette Begon (d)
Fratrie
Parentèle
Marguerite Pascal (d) (nièce)
Florin Périer (beau-frère)
Autres informations
Domaine
Membre de
Académie Le Pailleur (d)
Mouvement
Maître
Influencé par
Adjectifs dérivés
Blason
Œuvres principales
signature de Blaise Pascal
Signature

Enfant précoce, il est éduqué par son père. Les premiers travaux de Pascal concernent les sciences naturelles et appliquées. Il contribue de manière importante à l’étude des fluides et clarifie les concepts de pression et de vide en étendant le travail de Torricelli. Il est l'auteur de textes importants sur la méthode scientifique.

Mathématicien de premier ordre, il crée deux nouveaux champs de recherche majeurs :

Après une expérience mystique qu'il éprouve en novembre 1654, il se consacre à la réflexion philosophique et religieuse, sans toutefois renoncer aux travaux scientifiques. Il écrit pendant cette période Les Provinciales, et les Pensées, publiées seulement après sa mort qui survient deux mois après son 39e anniversaire, après une longue maladie.

Le , dans un entretien au quotidien italien La Repubblica, le pape François annonce que Blaise Pascal « mériterait la béatification » et qu'il envisage de lancer la procédure officielle.

Biographie

Jeunesse

Maison de Blaise Pascal à Clermont-Ferrand. L'emplacement actuel correspond au point de rencontre entre la place de la Victoire et la place Edmond-Lemaigre.

Né à Clairmont (actuel Clermont-Ferrand[2]), en Auvergne, Blaise Pascal est issu d'une famille bourgeoise proche de la noblesse de robe, auvergnate depuis plusieurs générations. Il est baptisé en l'église Saint-Pierre[alpha 1] le [3]. Il perd sa mère, Antoinette Begon, le , alors qu’il n'a que trois ans[4] - [5].

Son père, Étienne Pascal (1588-1651[4]), très intéressé par les mathématiques, les sciences[alpha 2] et les langues anciennes[6], occupe l’office parlementaire de conseiller du roi[7] en l'élection de Basse-Auvergne : il est chargé de connaître les contentieux fiscaux entre l’administration royale et les sujets ; en 1624, il achète la charge plus importante de second président à la cour des aides de Montferrand, c’est-à-dire le tribunal qui juge en appel les contentieux fiscaux[8]. Devenu veuf, il décide d'éduquer seul ses enfants. Blaise Pascal a deux sœurs, Jacqueline, née en 1625, et Gilberte, née en 1620, mariée en 1642 à Florin Périer, conseiller à la cour des aides de Clairmont, qui lui survivra[9]. Le blason familial est d'azur à l'agneau pascal d'argent, la banderole chargée d'une croix de gueules[10] - [11] - [12].

En 1631, Étienne Pascal quitte sa maison de Clermont et part avec ses enfants à Paris, alors que Blaise n'a encore que huit ans. Il décide d’éduquer lui-même son fils, qui montre des dispositions mentales et intellectuelles extraordinaires. En effet très tôt, Blaise a une capacité immédiate pour les mathématiques et la science, peut-être inspirée par les conversations fréquentes de son père avec les principaux savants de l’époque : Roberval, Marin Mersenne, Girard Desargues, Claude Mydorge, Pierre Gassendi et Descartes[13]. Malgré son jeune âge, Blaise participe activement aux séances où les membres de l’académie Mersenne soumettent leurs travaux à l'examen de leurs pairs[9].

À 11 ans, il compose un court Traité des sons des corps vibrants et aurait démontré la 32e proposition du Ier livre d’Euclide (concernant la somme des angles d'un triangle)[alpha 3]. Étienne Pascal réagit en interdisant à son fils toute poursuite de ses études en mathématiques jusqu’à 15 ans, afin qu’il puisse étudier le latin et le grec. Sainte-Beuve, dans son Port-Royal[14], raconte :

« Je n’ai rien à dire des éléments de géométrie, si ce n’est que Pascal, qui les avait lus en manuscrit, les jugea si clairs et si bien ordonnés qu’il jeta au feu, dit-on, un essai d’éléments qu’il avait fait lui-même d’après Euclide et qu’Arnauld avait jugé confus ; c’est même ce qui avait d’abord donné à Arnauld l’idée de composer son essai : en riant, Pascal le défia de faire mieux, et le docteur, à son premier loisir, tint et gagna la gageure. »

À 12 ans, en 1635, il commence à travailler seul sur la géométrie. Le travail de Desargues l'intéresse particulièrement et lui inspire, à 16 ans, un traité sur les sections coniques Essai sur les coniques , qu'il soumet à l'académie Mersenne. La majeure partie en est perdue mais un résultat essentiel et original en reste sous le nom de théorème de Pascal. Il en découle toute la géométrie projective des XIXe et XXe siècles indispensable en architecture et en dessin industriel. Le travail de Pascal est si précoce que Descartes, en voyant le manuscrit, croira qu’il est de son père[15].

Depuis 1635, la France est engagée dans la Guerre de Trente Ans. En 1638, Étienne Pascal, opposé à l’augmentation de la pression fiscale du cardinal de Richelieu, participe à une manifestation au milieu de quatre cents autres rentiers, spoliés comme lui, devant l’hôtel du garde des sceaux, le chancelier Séguier. De peur d’être arrêté, il quitte Paris avec sa famille pour échapper à la Bastille[16]. Jacqueline, sœur de Blaise, est présentée à la reine à qui l’on a loué ses talents de poétesse. Elle a ainsi l’occasion, en , de jouer dans une représentation théâtrale devant Richelieu et de lui adresser un compliment bien tourné, en faveur de l’amnistie de son père. Étienne Pascal obtient ainsi sa grâce[17]. En 1639, la famille s’installe à Rouen où Étienne devient « commissaire député de Sa Majesté pour l’impôt et la levée des tailles », un des plus hauts personnages d’une province stratégique.

À 18 ans (1641)[18] - [19], Blaise commence le développement de la première machine à calculer capable d’effectuer des additions et des soustractions[20], afin d’aider son père dans son travail[21] - [22]. Après trois ans de développement et une cinquantaine de prototypes, il présente sa machine à ses contemporains. Il la dénomme machine d’arithmétique, puis roue pascaline et enfin pascaline, et annonce son invention dans une sorte de prospectus publicitaire, le premier connu pour un produit industriel[23], intitulé : « Avis nécessaire à ceux qui auront la curiosité de voir ladite machine et s’en servir »[24]. Pascal obtient du chancelier Séguier, en , le privilège royal pour sa machine[25]. Bien que ce soit le tout début du calcul mécanique, la machine est un échec commercial à cause de son coût élevé (100 livres). Pascal améliore la conception de la machine pendant encore dix années et en construit une vingtaine d’exemplaires[26]. Plusieurs sont conservés, en France, au Musée des arts et métiers à Paris et au muséum Henri-Lecoq à Clermont-Ferrand.

Pascal est également à l’origine de l’invention de la presse hydraulique, s'appuyant sur le principe qui porte son nom. On lui attribue aussi l’invention de la brouette, ou vinaigrette, et du haquet, véhicule hippomobile conçu pour le transport des marchandises en tonneaux. Ces attributions semblent remonter à la première édition complète des écrits de Pascal due à Charles Bossut, qui, dans l’avertissement, mentionne ces inventions d’après le témoignage de M. Le Roi, de l’Académie des sciences, lequel tient ses informations de son père, Julien Le Roi[27].

De la vie mondaine à l’ascétisme du chrétien

Plaque au no 54 rue Monsieur-le-Prince (anciennement rue des Francs-Bourgeois-Saint-Michel), où le penseur vit de 1654 à 1662.
Masque mortuaire de Blaise Pascal.

Depuis 1648, la Fronde parlementaire réclame la suppression des intendants et la fin des tailles, dîmes et gabelles ; les émeutes grondent dans les rues de Paris. Étienne Pascal perd alors son poste et rentre à Paris. Pour réduire ses dépenses, il déménage en et s’installe avec Blaise et Jacqueline rue de Touraine[alpha 5], avant de trouver refuge chez Gilberte, à Clermont. Durant l’année 1650, Blaise Pascal travaille à ses traités sur le vide et refait l’expérience de Roberval[28].

S’ouvre alors pour Pascal, de retour à Paris, une période de vie mondaine ; il fréquente les salons de l’hôtel de Rambouillet, ceux de Mademoiselle de Scudéry ou de la puissante duchesse de Longueville, cousine du roi, et on le voit aussi à la Cour. Il se lie d’amitié avec le jeune Arthus Gouffier, duc de Roannez, mais aussi avec Miton, et fait la connaissance du chevalier de Méré[29].

T. S. Eliot décrit Pascal, à cette période de sa vie, comme « un homme mondain parmi les ascètes et comme un ascète parmi les hommes du monde ». Le style de vie ascétique de Pascal vient de sa foi en ce qu'il est naturel et normal pour un homme de souffrir. Dans ses dernières années troublées par une mauvaise santé, il rejette les ordonnances de ses médecins en disant : « La maladie est l'état naturel du chrétien. » D'après sa sœur Gilberte, il écrit alors la Prière pour demander à Dieu le bon usage des maladies. En 1659, Pascal tombe sérieusement malade.

Louis XIV interdit le mouvement janséniste de Port-Royal en 1661. En réponse, Pascal écrit un de ses derniers travaux, Écrit sur la signature du formulaire, recommandant instamment aux jansénistes de ne pas le signer. Plus tard, au cours de cette année, sa sœur Jacqueline meurt, ce qui convainc Pascal de cesser sa polémique à propos du jansénisme.

Grâce à ses connaissances en hydrostatique, il participe à l’assèchement des marais poitevins, à la demande du duc de Roannez. C'est avec ce dernier qu'il inaugure la dernière de ses réalisations qui reflète parfaitement le souci d’action concrète qui habite le savant : la première ligne de « transports en commun », convoyant les passagers dans Paris avec des carrosses à cinq sols munis de plusieurs sièges.

En 1662, la maladie de Pascal est devenue plus violente. Conscient du fait qu'il a peu de chances de survivre, il vend tout son mobilier pour en distribuer l’argent aux pauvres, il leur abandonne même sa maison et songe à trouver un hôpital pour les maladies incurables, mais ses médecins le déclarent intransportable. À Paris, dans l’appartement de sa sœur Gilberte, le , Pascal a des convulsions et reçoit l’extrême-onction. Gilberte l'accompagne jusqu'à la fin. Il meurt le [30], au no 8 de la rue Neuve-Saint-Étienne-du-Mont (devenue le 2 rue Rollin). On dit que ses dernières paroles sont : « Que Dieu ne m'abandonne jamais »[31]. Cinquante prêtres participent à ses funérailles. Il est enterré dans l'église Saint-Étienne-du-Mont.

L'autopsie pratiquée après sa mort révèle de graves problèmes stomacaux et abdominaux, accompagnés de lésions cérébrales. Malgré cette autopsie, la raison exacte de sa santé chancelante n'est pas connue. Des spéculations ont lieu à propos de tuberculose, d'un cancer de l'estomac ou d'une combinaison des deux. Les maux de tête qui affectaient Pascal sont attribués à la lésion cérébrale (Marguerite Périer, sa nièce, dit dans sa biographie de Pascal que l'autopsie révèle que « le crâne ne comportait aucune trace de suture autre que la lambdoïde… avec une abondance de cervelle, dont la substance était si solide et si condensée… »).

Les professeurs M. Dordain et R. Dailly, de la Faculté de Médecine de Rouen, développent, dans les années 1970, les travaux de MM. Augeix, Chedecal, Crussaire et Nautiacq et établissent un « diagnostic d’insuffisance rénale chronique » avec « suspicion d’une maladie polykistique des reins » et « présence de lésions vasculaires cérébrales en voie de complications (thrombose) ». Pascal aurait donc été atteint « d’une maladie génétique [dont] les expressions cliniques [entrent] dans le cadre des dystrophies angioplasiques congénitales… objet de travaux (Pr J.-M. Cormier et Dr J.-M. André, 1978 et 1987) ces dernières années »[32].

Pascal ne put achever, avant de mourir, son travail théologique le plus important : un examen soutenu et logique de la défense de la foi chrétienne, avec pour titre original Apologie de la religion chrétienne.

Après sa mort, de nombreuses feuilles de papier sont trouvées lors du tri de ses effets personnels, sur lesquelles sont notées des pensées isolées, feuilles regroupées en liasses dans un ordre provisoire mais parlant. La première version de ces notes éparses est imprimée en 1670 sous le titre Pensées de M. Pascal sur la religion et sur quelques autres sujets[33] - [20].

Elles deviennent très vite un classique. Parce que ses amis et les disciples de Port-Royal sont conscients que ces « pensées » fragmentaires peuvent mener au scepticisme plutôt qu’à la piété, ils cachent les pensées sceptiques et modifient une partie du reste, de peur que le roi ou l’église n’en prenne offense alors que la persécution de Port-Royal a cessé, et les rédacteurs ne souhaitent pas une reprise de la polémique. Il faut attendre le XIXe siècle pour que les Pensées soient publiées complètement et avec le texte d’origine, tirées de l'oubli et éditées par le philosophe Victor Cousin.

Première page du testament de Blaise Pascal (Archives nationales de France)[alpha 6].

Vie religieuse

À l’origine de sa conversion religieuse, deux éléments importants ont joué un rôle dans la vie de Pascal, le jansénisme et la maladie.

Les enfants Pascal ont reçu une éducation chrétienne de la part de leur père et de leur gouvernante Louise Delfaut. En témoignent les poèmes de Jacqueline. Leur père, Étienne Pascal, reçoit les plus grands esprits de son époque, dont certains se vantent d’être libertins et d’avoir secoué le joug de la religion. Il les écoute et les réfute avec une telle force de conviction que Blaise en est frappé et rêve de devenir un jour non seulement mathématicien, mais défenseur de la religion. De plus, Étienne laisse à son fils cette consigne : « Tout ce qui est l’objet de la foi ne le saurait être de la raison ». En 1645, d’après deux textes de Jacqueline et trois de Pascal, celui-ci semble avoir eu une déception amoureuse qui faillit lui être fatale. Il décide de ne pas se marier.

En 1646, le père de Pascal s’est démis la cuisse en tombant sur la glace, il est soigné par deux médecins jansénistes, les frères Deschamps, qui ont été anoblis sous les noms de La Bouteillerie et Des Landes ; ils sont les disciples de Jean Duvergier de Hauranne, abbé de Saint-Cyran, qui introduisit le jansénisme en France[34]. Blaise parle fréquemment avec eux durant les trois mois du traitement de son père, il leur emprunte des livres d’auteurs jansénistes, enthousiasmé en particulier par le Discours de la réformation de l'homme intérieur[35] écrit par Cornelius Jansen en 1628, dont il ressort si vivement marqué qu'il communique son admiration à ses proches, certains affirmant donc que ce fut là le début de sa « première conversion ». Il est fortement marqué par leur témoignage. Il communique sa ferveur à ses proches, et Jacqueline, jusqu’alors écartelée entre l’amour de Dieu et le monde où elle brille, veut devenir religieuse. Ce n’est pas une conversion ; selon le mot de Jacqueline c’est un Progrès. (Il faut lire le témoignage de sa sœur Gilberte sur Pascal. Il n’est question ni de jansénisme, ni de Port-Royal, ni de conversion).

Durant cette période, Pascal vit une sorte de « première conversion » et commence, au cours de cette année, à écrire sur des sujets théologiques. Toute sa famille se met à « goûter Dieu » avec lui.

Dès sa dix-huitième année, il subit un mal nerveux qui le laisse rarement un jour sans souffrance. En 1647, une attaque de paralysie l’atteint au point qu’il ne peut plus se mouvoir sans béquilles. Il a de violentes migraines, des maux de ventre, ses jambes et ses pieds sont continuellement froids et demandent des soins pour activer la circulation sanguine ; il porte des bas trempés dans de l’eau-de-vie pour se réchauffer les pieds. En partie pour avoir de meilleurs traitements médicaux, il se rend à Paris avec sa sœur Jacqueline. Sa santé s’améliore mais son système nerveux est perturbé de manière permanente. Dorénavant, il est sujet à une profonde hypocondrie, qui a affecté son caractère et sa philosophie. Il est devenu irritable, sujet à des accès de colère fière et impérieuse, et il sourit rarement.

Pascal s’éloigne de son premier engagement religieux et il vit pendant quelques années ce qu’on a appelé « une période mondaine » (1651-1653)[36]. Dans les milieux savants, on débat alors sur l'existence du vide. Pascal, attiré par les controverses (notamment en théologie sur la grâce contre les jésuites en publiant son ouvrage Les Provinciales), va vouloir prouver l'existence du vide. En effet, il est dans un sens, moderne car il s'oppose aux « scientifiques » de l'antiquité. Cela choque vivement les aristotéliciens qui croyaient que la nature avait horreur du vide. Les expériences sur le vide, à la suite des travaux de Torricelli, qui l'occupent pleinement. De 1646 à 1654, il multiplie les expérimentations avec toutes sortes d’instruments. L’une d’entre elles, en 1648, lui permet de confirmer la réalité du vide et de la pression atmosphérique et d’établir la théorie générale de l’équilibre des liquides.

Son père meurt le et Pascal prend possession de son héritage et de celui de sa sœur Jacqueline. Aidé par ses sœurs, il déménage en décembre pour s’installer rue Beaubourg. Le 4 janvier 1652, en dépit de l’opposition de son frère qu’elle a soigneusement tenu dans le secret Jacqueline entre à l’Abbaye de Port-Royal de Paris. Légalement, elle perd ses droits civiques, puisqu’un religieux, sous l’Ancien Régime, est un mort civil[37]. Pascal se coupe de Port-Royal pendant deux ans et neuf mois, sauf quelques entrevues orageuses avec sa sœur. L’entrée de sa sœur au couvent déclenche chez Pascal une dépression : il souffre de convulsions, de douleurs et d’une paralysie. Les médecins lui conseillent de se marier, de prendre une charge. Pascal s’y oppose, les médecins insistent. Finalement Pascal accepte et fait des démarches dans ce sens. Il aurait pu, marié, garder sa fidélité à Dieu comme les deux infirmiers, comme Gaston de Renty dont il a lu la vie écrite par Saint-Jure, un jésuite, mais il comprend vite que ce n’est pas sa voie. En septembre 1652, il part à Clermont-Ferrand où Florin Périer vient d’acheter Bienassis avec son beau château. Il y restera huit mois. Bienassis jouxte le domaine des carmes déchaussés où Pascal retrouve Blaise Chardon, son cousin et ami d’enfance qui est religieux. Pascal fait une première retraite qu’attestera sa sœur et il lit Jean de la Croix. Il découvre la contemplation et devient mystique. Avant de prononcer ses vœux perpétuels, Jacqueline veut faire don au monastère de sa part d’héritage, mais à Port-Royal on l’accepte sans dot, et la règle est l’amour de la pauvreté et la charité. En mai, Pascal est à Clermont. Avec Florin Périer, époux de Gilberte, ils refusent, arguant qu’il y a beaucoup de créances à payer avant de répartir la succession. Pascal rentre à Paris pour régler l’affaire : entrevue orageuse à Port-Royal avec mère Angélique et le Père Antoine Singlin ! Finalement le , par acte notarié, il accorde généreusement à Jacqueline une rente de 1 500 livres et un capital de 5 000 livres[38].

Ainsi, Pascal se trouve à la fois riche et libre. Il prend une maison somptueusement meublée, avec de nombreux domestiques et se fait conduire dans Paris avec une voiture tirée par quatre ou six chevaux. Il passe son temps en compagnie de beaux esprits, de femmes et de joueurs, comme son travail sur les probabilités le montre. Il poursuit un temps ses travaux en Auvergne, alors qu'il y poursuit aussi de ses assiduités une dame de grande beauté, qu’il appelle la « Sapho de la campagne ». À cette époque, il inspire un Discours sur les passions de l'amour (qui ne semble pas être de sa main), et apparemment il a médité sur le mariage qu’il décrit plus tard comme « la plus basse des conditions de la vie permises à un chrétien ».

Jacqueline lui reproche sa frivolité et prie pour qu’il change de vie. Durant les visites à sa sœur à Port-Royal en 1654, il montre du mépris pour les affaires du monde mais il n’est pas attiré par Dieu.

À la fin de 1654, rapporte M. Arnoul de Saint-Victor, curé de Chambourcy et ami du philosophe (Gustave Michaut[39] data la chose du ), Pascal aurait eu un accident sur le pont de Neuilly : les chevaux auraient plongé par-dessus le parapet, la voiture étant près de les suivre. Mais l’attelage se serait rompu et la voiture serait restée en équilibre sur le bord du pont. Selon M. Arnoul, Pascal et ses amis sortent alors de la voiture, mais le philosophe hypersensible, terrifié par la proximité de la mort, s’évanouit et reste inconscient. Victor Giraud[40] dès 1902 a mis en doute que cet accident, s'il a réellement eu lieu, soit à l'origine de la conversion de Pascal, car l'histoire n'est relatée que par le seul témoignage de M. Arnoul, de deuxième ou de troisième main, qui ne mentionne ni date exacte (« quelques années avant sa mort »), ni évanouissement. Par ailleurs, aucun des proches de Pascal ne mentionne l’incident. L'anecdote a été en revanche largement reprise aux siècles suivants. Tony Gheeraert ajoute : « Il est difficile de tirer argument d’un tel texte : le témoignage, qui n’est pas signé, relate un épisode inconnu jusque-là de la vie de Pascal, rapporté en outre de troisième ou quatrième main. On notera aussi que l’accident n’est pas précisément daté (« quelques années avant sa mort »), et on ne sait par ailleurs rien d’une interruption par Pascal de ses promenades : on le voit au contraire, à la fin de sa vie, prendre en charge une jeune fille abandonnée rencontrée dans la rue et visiter les églises en guise de « divertissement »[41].

Le , entre dix heures et demie et minuit et demi, Pascal vit une intense expérience religieuse[42] - [43] qu’il évoque immédiatement pour lui-même dans une note brève, appelée le « Mémorial » : « FEU. Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob, non des philosophes et des savants… » ; elle s’achève par une citation du Psaume 119, 16 : « Je n’oublierai pas tes enseignements. Amen. » Il coud soigneusement ce document dans son manteau et le transfère toujours quand il change de vêtement ; un serviteur le découvrira par hasard après sa mort. Pendant sa vie, Pascal a souvent été considéré par erreur comme un libertin et, plus tard, il a été tenu à l’écart comme une personne n’ayant eu une conversion que sur son lit de mort.

Sa foi et son engagement religieux réactivés, Pascal loge dans le plus ancien des deux couvents de Port-Royal pour une retraite de quinze jours en janvier 1655[44]. Pendant les quatre années suivantes, il fait régulièrement le voyage entre Paris et Port-Royal des Champs. Dans les mois qui suivent sa conversion, Pascal tombe dans une piété que sa sœur Jacqueline trouve excessive, tant il néglige sa personne : « Soyez, au moins durant quelques mois, aussi propre que vous êtes sale », ajoutant qu’il sera toujours temps qu’il lui soit « glorieux, et édifiant aux autres, de [le] voir dans l’ordure », bien que, poursuit-elle avec ironie, saint Bernard n’eût pas été de cet avis[45]. Peu après cette lettre du , paraissent Les Provinciales[20].

Quand Pascal revient à Paris le , juste après avoir surveillé la publication de sa dernière lettre, sa foi religieuse est renforcée par sa proximité avec un miracle qui concerne sa nièce Marguerite Périer âgée de dix ans, dans la chapelle du couvent de Port-Royal. Sa sœur Gilberte Périer raconte ce miracle dans La vie de Monsieur Pascal qu’elle consacre à son frère :

« Ce fut en ce temps-là qu’il plut à Dieu de guérir ma fille d’une fistule lacrymale, dont elle était affligée il y avait trois ans et demi. Cette fistule était d’une si mauvaise qualité, que les plus habiles chirurgiens de Paris la jugèrent incurable. Et enfin Dieu s’était réservé de la guérir par l’attouchement d’une Sainte-Épine qui est à Port-Royal des Champs ; et ce miracle fut attesté par plusieurs chirurgiens et médecins, et autorisé par le jugement solennel de l’Église. »

Charlotte Gouffier de Roannez entre à Port-Royal en , contre l'avis de sa famille[alpha 7] et cache dans un premier temps ses intentions à sa mère[47]. Sa vocation religieuse déjà affirmée, elle refuse en les avances du marquis d'Alluye[48] - [alpha 8], bien qu'encore encline au mariage peu de temps avant cette période[50]. Celui-ci, par sa position sociale proche de celle de la famille Roannez— peu fortunée — se présente comme l'un des partis potentiels.

Le [51] - [alpha 9], Marguerite Périer est guérie d'une fistule lacrymale par contact avec la Sainte Épine, guérison considérée aujourd’hui encore comme un des miracles reconnus[56]. La notoriété de Blaise Pascal et l'importance de Port-Royal donnent immédiatement un fort retentissement à ce miracle. D'après les récits de Marguerite Périer, Charlotte de Roannez, souffrant d'un mal aux yeux, se rend à Port-Royal pour une neuvaine, souhaitant elle aussi faire ses dévotions à la Sainte Épine[57]. Le dernier jour de cette neuvaine, au cours duquel elle se montre particulièrement émue[alpha 10], elle se rend compte de sa volonté d'entrer au couvent, malgré l'absence de la guérison espérée[alpha 11]. Certains aspects de cette histoire sont contredits : loin d'avoir effectué un séjour de plusieurs jours à Port-Royal, Charlotte de Roannez ne s'y est rendue qu'un vendredi pour célébrer la Sainte-Épine, comme de très nombreuses personnes à cette époque — la relique a en effet gagné en popularité après l'affaire du miracle du 24 mars[59] - [47]. Elle est en revanche bien atteinte d'un problème aux yeux dont elle espère être guérie par la Sainte-Épine[60].

Cachet de cire de Blaise Pascal "Scio cui credidi"
Le cachet de 1656 (copie).

Selon Nicolas Fontaine[61], Pascal se fait alors graver un cachet figurant un ciel entouré d’une couronne d’épines[62], avec l’inscription en latin Scio cui credidi (« Je sais en qui j'ai cru », extraite de la deuxième épître à Timothée, chapitre 1, verset 12)[63].

Plus tard, les jansénistes et les catholiques utilisent pour leur défense ce miracle bien documenté. En 1728, le pape Benoît XIII le cite pour montrer « la continuité des interventions surnaturelles de l’Église[56]. »

Vie scientifique

Contributions aux mathématiques

Résultat central de l’Essai pour les coniques, l’hexagramme mystique (ici marqué abcdef) est une propriété caractéristique des sections coniques.

Dès l'âge de seize ans, Pascal commence à travailler sur ce qui deviendra plus tard la géométrie projective. Il utilise et approfondit les travaux du Brouillon-project d'une atteinte aux evenemens des rencontres du cone avec un plan[64] de Girard Desargues ainsi que ceux d'Apollonios de Perga. Ainsi, en 1640, il fait imprimer son Essai pour les coniques[20] et achève, en 1648, un traité de la Generatio conisectionum (Génération des sections coniques), dont il ne reste que des extraits pris par Leibniz[65]. La grande innovation est le théorème de Pascal qui dit que l’hexagramme formé par six points d’une conique a ses côtés opposés concourants en trois points alignés.

À partir de 1650, Pascal s’intéresse au calcul infinitésimal et, en arithmétique, aux suites de nombres entiers. Les recherches du Traité du triangle arithmétique de 1654[20] constituent une importante préparation du travail de Leibniz sur le calcul infinitésimal et il y utilise pour la première fois le principe du raisonnement par récurrence, et invente une nouvelle méthode de démonstration, l’induction mathématique[66]. Le formalisme, auquel il recourt assez peu, est plus proche de celui de François Viète[67] et de Francesco Maurolico[68] que de Descartes.

Le triangle de Pascal.
Chaque nombre est obtenu par l’addition des deux nombres inscrits juste au-dessus de lui, à sa gauche et à sa droite. Par exemple, arrêter la partie au bout de 5 coups conduit à donner 1 à celui qui a gagné une fois, et 20 à celui qui a gagné quatre fois.

Dans ce Traité du triangle arithmétique, il donne une présentation commode en tableau des coefficients du binôme, le « triangle arithmétique », maintenant connu sous le nom de « triangle de Pascal ». Yang Hui, mathématicien chinois sous la dynastie Qin, avait travaillé quatre siècles plus tôt sur un concept semblable ainsi qu'Omar Khayyam au XIe siècle. Pascal utilise ce tableau arithmétique afin de résoudre le « problème des partis » (nous dirions aujourd’hui « du partage »)[alpha 12], discuté depuis la fin du XVe siècle[69]. Ce problème, qui lui a été soumis par son ami le chevalier de Méré, concernait le partage équitable des mises d'un jeu de hasard interrompu : deux joueurs décident d’arrêter de jouer avant la fin du jeu et souhaitent partager les enjeux de manière équitable en s’appuyant sur les chances que chacun avait de gagner une fois à ce point. Pascal correspond alors avec Pierre de Fermat, le meilleur mathématicien de l’époque[70] - [71], d'abord par l'intermédiaire de Carcavi ; alors que Fermat trouve sa solution à partir de l’algèbre et de combinaisons complexes, Pascal met en œuvre le raisonnement par récurrence, idée très simple mais qui deviendra fondamentale en mathématique : elle consiste à trouver le résultat dans le cas le plus élémentaire et, de proche en proche, à déduire un résultat du résultat précédent[72]. Cette confrontation de leurs méthodes qui aboutissent à un même résultat renforce Pascal dans l'idée qu'il a réussi à inventer, selon ses propres mots, une « géométrie du hasard ». Dans le traité De numeris multiplicibus, il expose la méthode permettant de reconnaître la divisibilité des nombres, et au passage, a l’intuition qu’il serait possible de sortir du système décimal qui, dit-il, « repose sur une convention assez malheureuse »[73].

Le talent de Pascal, nourri de son expérience de géomètre et de juriste, a été de voir se dessiner la possibilité d'une mathématique du hasard, proprement un oxymore à son époque, et d'avoir approché ainsi la question des décisions équitables et justes, fondamentalement d'ordre juridique. Mis au courant de ces travaux au cours d'un voyage à Paris en 1655, Christian Huygens rédige alors le premier traité sur le calcul des chances, De ratiociniis in ludo aleae (« Sur le calcul dans les jeux de hasard », 1657)[74], ou des probabilités, dans lequel il introduit explicitement la notion d'espérance, plus précisément de « valeur de l'espérance » d'une situation d'incertitude.

Ce travail mathématique sera utilisé à des fins théologiques, dans ce qu'on appelle le « pari de Pascal », évoqué dans les Pensées. Celui-ci suggère l'avantage de la croyance en Dieu et de la pratique des vertus. Cet argument repose sur une utilisation de son calcul du problème des partis permettant d'évaluer le poids probable (son « espérance », dira Huygens) d'une situation incertaine et ainsi de prendre une décision « rationnelle ». On ne peut dire avec certitude si Pascal a choisi cette approche pour susciter habilement l'intérêt de nobles sceptiques en religion, mais rompus aux jeux de hasard, ou comme fondement effectif d'une théorie des comportements.

Après l’expérience mystique de 1654, Pascal abandonne presque complètement tout travail de mathématique. Il envisage un temps de publier un Promotus Apolloniis Gallus sur le mode de ce qu'avait réalisé François Viète[75], mais le manuscrit s'en est égaré[76].

Ses derniers travaux scientifiques concernent les techniques de quadrature et de rectification, qui culminent avec le cas particulier des cycloïdes que, suivant Mersenne[alpha 13], il appelle « roulettes. » Pour manifester sa priorité, en 1658, il lance un concours pour la résolution de la quadrature du cercle et la rectification de la cycloïde et autres problèmes liés. Des solutions sont proposées par Wallis, Huygens, Wren et d’autres ; Pascal, sous le pseudonyme d'Amos Dettonville anagramme de Louis de Montalte , publie alors très vite sa propre solution, Histoire de la roulette (en français et en latin) suivie d'une Suite de l’histoire de la roulette à la fin de l’année. En 1659, sous le même pseudonyme, il envoie à Huygens une Lettre sur la dimension des lignes courbes.

Axiomatique

La contribution majeure de Pascal à la philosophie des mathématiques est De l'Esprit géométrique et de l'Art de persuader, écrit originellement comme une préface d’un manuel Éléments de géométrie[20] pour les Petites écoles de Port-Royal, à la demande d’Arnauld. Ce travail n’est publié qu’un siècle après sa mort. Pascal y examine les possibilités de découvrir la vérité, argumentant que l’idéal pour une semblable méthode serait de se fonder sur les propositions dont la vérité est déjà établie. Toutefois, il affirme que c’était impossible parce que pour établir ces vérités, il faudrait s’appuyer sur d’autres vérités et que les principes premiers ne pourraient être atteints. De ce point de vue, Pascal affirme que la procédure utilisée en géométrie est aussi parfaite que possible, avec certains principes énoncés mais non démontrés et les autres propositions étant développées à partir d’eux. Néanmoins, il n’existe pas de possibilité de savoir si ces principes étaient vrais.

Dans De l’Esprit géométrique et de l’Art de persuader, Pascal étudie plus encore la méthode axiomatique en géométrie, particulièrement comment le peuple peut être convaincu par les axiomes sur lesquels les conclusions sont ensuite fondées. Pascal est d’accord avec Montaigne sur le fait qu’obtenir la certitude à propos de ces axiomes et des conclusions grâce aux méthodes humaines est impossible. Il assure que ces principes ne peuvent être saisis que par l’intuition et que ce fait souligne la nécessité de la soumission à Dieu dans la recherche de la vérité.

Dans le même ouvrage, Pascal fait l’épistémologie des mathématiques. Les mathématiques reposent d’abord sur des principes évidents connus par intuition (Pascal, comme Descartes, ignore ce mot et le remplace par « cœur », « sentiment » ou « instinct »). Il serait vain de vouloir démontrer ces principes évidents en utilisant des affirmations moins évidentes. Mais les mathématiques reposent aussi sur des principes conventionnels, non évidents, non démontrés, et qui une fois admis ont autant de force que les précédents (ce qui ouvre la porte aux géométries non euclidiennes).

Pascal développe enfin, dans De l’Esprit géométrique…, une théorie de la définition. Il distingue les définitions qui sont des termes conventionnels définis par l’auteur et les définitions incluses dans le langage et comprises par tous parce qu’elles désignent naturellement leur référent. Les secondes sont caractéristiques de la philosophie de l’essence (essentialisme). Pascal affirme que seules les définitions du premier type sont importantes pour la science et les mathématiques, considérant que ces domaines devraient adopter la philosophie du formalisme, comme Descartes l’a établie.

Pédagogie

Pascal montre dans ses Éléments de géométrie tout son intérêt pour l’enseignement et ses réflexions à propos de la pédagogie des mathématiques ainsi que, dans un autre fragment, connu par l’intermédiaire de Leibniz, sur une méthode de lecture qu’il a discutée avec sa sœur Jacqueline, chargée d’enseigner dans les petites-écoles de Port-Royal. Il a semble-t-il lui-même enseigné, chez lui, à plusieurs enfants « en loques » (d’après Villandry). Dans cette méthode de lecture, qu’il présente comme « une nouvelle manière pour apprendre à lire facilement en toutes sortes de langues », il recommande :

« Cette méthode regarde principalement ceux qui ne savent pas encore lire. […] Chaque lettre ayant son nom, on la prononce seule autrement qu’en l’assemblant avec d’autres. […] Il semble que la voie la plus naturelle […] est que ceux qui montrent à lire, n’apprissent d’abord aux enfants à connaître les lettres, que par le nom de leur prononciation. »

Pascal donne des indications sur l’ordre de présentation des lettres et des divers cas avec ou sans diphtongue, etc.

« Et ensuite on leur apprendrait à prononcer à part, et sans épeler, les syllabes ce, ci, ge, gi, tia, tie, tii… »

Expérience des liqueurs

Statue de Pascal sous la Tour Saint-Jacques à Paris où il aurait répété ses expériences du puy de Dôme sur la pression atmosphérique et la pesanteur de l'air.

Blaise Pascal a également réalisé la fameuse expérience des liqueurs (qu’on appellerait aujourd’hui Expérience des liquides), qui prouva qu’il existait une « pression atmosphérique ». À l’époque, où la science était encore très liée à la scolastique et à Église, l’idée était courante selon laquelle « la nature a horreur du vide ». La plupart des scientifiques supposaient que quelque invisible matière remplissait cet espace, mais que ce n’était pas un espace vide. Des inondations ayant eu lieu en Italie et en Hollande avaient conduit à des pompages d’eau pour vider les carrières de minerai des deux pays. Mais les pompes énormes fabriquées pour l’occasion laissaient perplexes les hommes de l’Église : la hauteur de l’eau dans les tubes de pompage s’arrêtait à 10,33 m. Et cela en des lieux très différents. À Clermont, Blaise Pascal est en train d’écrire un traité sur la mécanique des fluides. Il émet donc l’hypothèse qu’une sorte de « pression atmosphérique » empêche l’eau de monter très haut dans les pompes, et que le vide occupe l’espace supérieur des tubes. Cependant, il se heurte fortement à certains esprits de son temps et particulièrement à l'Église, qui fait refaire l’étanchéité des pompes afin de vérifier qu’il ne s’agit pas d’air. Mais leurs travaux leur donnent finalement tort.

Blaise Pascal répète, en avec son père à Rouen, les expériences de Torricelli sur le vide. Un procès-verbal en est envoyé dès le à leur ami Pierre Chanut, ambassadeur du roi en Suède, pour qu’il le transmette à Descartes, alors à la cour de la reine de Suède[77]. En 1647, Pascal publie ses Expériences nouvelles touchant le vide et une préface pour un Traité du Vide, où il détaille les règles de base décrivant à quel degré les divers liquides peuvent être maintenus par la pression de l’air. Il fournit aussi les raisons pour lesquelles un vide se trouve réellement au-dessus de la colonne de liquide dans le tube barométrique. Il a alors l’idée d’une expérience qu’il va réaliser le : la pression atmosphérique devrait être supérieure en ville (à Clermont) à celle qui règne en haut de la montagne la plus proche, le Puy de Dôme. Pascal fait donc transporter par son beau-frère, Florin Périer, un tube de Torricelli en haut du Puy-de-Dôme. Des curés, deux magistrats et un médecin suivent l’expérience. Grâce au tube-témoin en ville, et après dix-sept mesures, la présence de vide est démontrée. À Paris, Pascal répète encore l’expérience au pied et au sommet de la tour Saint-Jacques. Les résultats montrent le changement de pression de l’atmosphère selon l’altitude : pour 1000 pieds d’altitude, 1 pied de pression[78]. Il publie le Récit de la grande expérience de l’équilibre des liqueurs.

Ce travail de recherche se termine en 1651 par un Traité du vide (seuls des fragments en sont connus) et sa réduction par Pascal en deux traités, De l’Équilibre des liqueurs et De la Pesanteur de la masse de l’air. C’est en septembre de cette année que son père Étienne meurt.

Face aux critiques qui soutenaient que quelque matière invisible existe dans l’espace vide de Pascal, Pascal répond à Étienne Noël (qu'il appelle « très bon révérend père Noël, Recteur, de la Société de Jésus, de Paris ») par un des principes fondateurs de la méthode scientifique au XVIIe siècle :

« Pour montrer qu’une hypothèse est évidente, il ne suffit pas que tous les phénomènes la suivent ; au lieu de cela, si elle conduit à quelque chose de contraire à un seul des phénomènes, cela suffit pour établir sa fausseté[79]. »

Son insistance sur l’existence du vide le place, aussi, en conflit avec de nombreux scientifiques éminents, y compris René Descartes, peut-être aussi et surtout pour des raisons religieuses.

Pascal et l'hydrostatique

Le premier grand principe lié au concept de pression est découvert par Archimède (vers 287-212 avant J.-C.). La première avancée dans ce domaine doit être attribuée au mathématicien, physicien et ingénieur flamand Simon Stevin (1548-1620), qui intitula son opus le plus célèbre La statique ou l'art de peser (1586). Il y démontre l'équilibre des forces sur un plan incliné, en utilisant une méthode graphique très ingénieuse qui permet de démontrer l'équilibre à partir de l'impossibilité du mouvement perpétuel. Cette construction, qui consiste en une chaîne de corps égaux et séparés par des distances égales autour d'un plan incliné, est connue sous le nom d'« épitaphe de Stevinius ». Cependant, le mérite d'avoir précisé le concept de pression revient à Pascal, qui le fait dans les deux traités déjà cités publiés après sa mort De l'équilibre des liqueurs et De la pesanteur de la masse de l'air. Il y énonce clairement l'idée fondamentale de la pression, en expliquant que la force qu'exerce un liquide en équilibre sur toutes les parties du récipient qui le contient, quel que soit son poids, est proportionnelle à la surface où ce liquide s'applique.

La participation de Pascal à l'étude de la pression atmosphérique et l'importance globale de ses recherches expérimentales en hydrostatique conduisent à donner son nom à une unité dérivée du Système international utilisée pour mesurer la pression, ainsi qu'au principe de Pascal. Cette unité, le pascal, de symbole Pa, est équivalente à N m−2 ou J m−3.

Le travail de Pascal dans l’étude des fluides (hydrodynamique et hydrostatique) est centré sur les principes des fluides hydrauliques. Il invente le principe de la presse hydraulique, dénommé à l'époque « principe du vaisseau plein d'eau », utilisant la pression hydraulique pour multiplier la force à l’aide d’un piston, selon le principe de la seringue[80] : « Un vaisseau plein d’eau, clos de toutes parts, a deux ouvertures dans le rapport de 1 à 100, et qu’on mette à chacune un piston bien juste, un homme poussant le petit piston égalera 100 hommes poussant le large et il en surmontera 99. » La presse hydraulique trouvera son application auprès des ingénieurs et jardiniers qui feront jaillir les grandes eaux des fontaines du château de Versailles[81].

Écrivain, philosophe ou théologien de la maturité

Les Provinciales

Blaise Pascal, marbre d’Augustin Pajou (1785), musée du Louvre.

Antoine Arnauld, chef de file des jansénistes depuis la mort de Jean Duvergier de Hauranne, était en désaccord avec la Sorbonne au sujet d’une bulle d’Innocent X (mai 1653). Cherchant à défendre l’un de ses amis, le marquis de Liancourt, il s’attira les foudres de la Sorbonne. Les jansénistes cherchèrent un défenseur en la personne de Pascal.

Pascal accepta, assurant qu’il savait (selon Sainte-Beuve) « comment on pourrait faire ce factum », mais qu’il ne pouvait promettre qu’« une ébauche » que d’autres se chargeraient de « polir ». Pascal commença à publier les lettres à partir du sous le pseudonyme de Louis de Montalte. Il lança une attaque mémorable contre la casuistique, une méthode morale populaire chez les penseurs catholiques, particulièrement les jésuites. Pascal dénonça la casuistique comme l’utilisation d’un raisonnement complexe pour justifier une morale laxiste. Sa méthode pour argumenter fut subtile : les Provinciales prétendaient être les Lettres écrites par Louis de Montalte à un provincial de ses amis et aux R.R.P.P. (Révérends Pères) Jésuites sur le sujet de la morale et de la politique de ces pères. Il s’adresse à un ami qui vit en province à propos des discussions sur la morale et la théologie qui excitaient les cercles intellectuels et religieux de la capitale, particulièrement la Sorbonne. Pascal allia la ferveur d’un nouveau converti et l’esprit brillant d’un homme du monde, avec un style de la prose française inconnu jusque là. À côté de leur influence religieuse, Les Provinciales ont été une œuvre littéraire populaire. Pascal se servit de l’humour, de la moquerie et de la satire dans ses arguments, pour permettre une utilisation publique des lettres qui influenceront plus tard des écrivains français comme Voltaire, Jean-Jacques Rousseau, et surtout le Montesquieu des Lettres persanes.

Les premières lettres défendent la position des jansénistes contre leurs adversaires jésuites ou dominicains (thomistes), sur les questions du pouvoir prochain (Lettre I), de la grâce efficace et grâce suffisante (Lettre II), de la possibilité que la grâce puisse manquer à un juste (Lettre III). À partir de la quatrième lettre, Pascal passe à l'offensive. Ses attaques contre les autorités prennent, selon Jean Lacouture, un ton polémique tel que « Voltaire lui-même n’a jamais peut-être atteint à cette fulgurance » : il nomme personnellement et par écrit un grand nombre de personnalités. Les dernières lettres montrent Pascal davantage sur la défensive les pressions sur les jansénistes de Port-Royal pour qu’ils renoncent à leur enseignement sont croissantes pendant ce temps et contiennent une attaque contre la casuistique.

La série de dix-huit lettres, publiées entre 1656 et 1657 par Pierre Le Petit, choque Louis XIV, qui commande en 1660 que le livre soit déchiqueté et brûlé. En 1661, l’école janséniste de Port-Royal est condamnée à son tour et fermée, ceci aboutissant à la signature d’une bulle pontificale condamnant l’enseignement des jansénistes comme hérétique. La dernière lettre critique implicitement une décision du pape lui-même, provoquant Alexandre VII à condamner les lettres le . Mais ceci n’empêche pas la France cultivée de les lire.

Le pape Alexandre VII, alors qu’il s’oppose publiquement à elles, est convaincu par les arguments de Pascal. Il ordonne une révision des textes casuistiques juste quelques années après, en 1665 et 1666. Le pape Innocent XI condamne le « laxisme » dans l’Église en 1679.

Les Provinciales sont largement diffusées dès leur parution, à plus d’une dizaine de milliers d’exemplaires.

Voltaire les juge « le meilleur livre qui ait jamais paru en France », et quand on demande à Jacques-Bénigne Bossuet quel livre il aurait aimé écrire, il mentionne cet ouvrage. Jean Lacouture (Jésuites) cite d’autres appréciations, celles d’Henri Gouhier et de François Mauriac. Au sujet de l’impact qu’ont Les Provinciales dans leur contexte historique, Jean Lacouture cite l’historien Marc Fumaroli (voir Révolution copernicienne : Réaction des scientifiques : Pascal).

Pensées

Dans ses Pensées (1669), Pascal introduit la notion d'ordre comme « un ensemble homogène et autonome, régi par des lois, se rangeant à un certain modèle, d'où dérive son indépendance par rapport à un ou plusieurs autres ordres »[82]. Les trois ordres identifiés par Pascal sont l'ordre du corps (représenté par Alexandre le conquérant), l'ordre de l'esprit ou de la raison (représenté par Archimède le géomètre), et l'ordre du cœur ou de la charité (représenté par Jésus-Christ, le Saint de Dieu)[83]. Dans les Pensées, Pascal présente plusieurs paradoxes philosophiques : infini et néant, foi et raison, âme et matière, mort et vie, sens et vanité apparemment n’arrivant à aucune conclusion définitive sans l’appui de l’humilité et de la grâce . En les rassemblant, il développe le pari de Pascal[84] - [85].

Les Pensées de Pascal sont largement considérées comme l'une des pièces maîtresses qui marque une étape de la littérature française. En présentant ses observations sur un chapitre, Sainte-Beuve considérait ces pages comme les plus fines de la langue française. Will Durant, dans son onzième volume de l’Histoire des civilisations, le juge comme « le livre le plus éloquent en français ».

Postérité

Hommages

En l’honneur de ses contributions scientifiques, le nom de pascal est donné à l’unité de pression dans le Système international, et en hydrostatique au principe de Pascal. En mathématiques et en philosophie, comme mentionné ci-dessus, le triangle de Pascal et le pari de Pascal portent également son nom.

Le développement de la théorie des probabilités est la contribution de Pascal la plus importante en mathématiques. À l’origine appliquée au jeu, elle est aujourd’hui utilisée dans les sciences économiques, particulièrement en science actuarielle. John Ross écrit :

« La théorie des probabilités et les découvertes qui la suivent ont changé la manière dont nous considérons l’incertitude, le risque, la prise de décision, et la capacité d’un individu ou de la société d’influencer le cours d’événements futurs. »

Machine arithmétique de Pascal - L’Encyclopédie.

Cependant, Pascal et Fermat, qui effectuent les premiers travaux importants en théorie des probabilités, n’ont pas développé très loin ce champ d’études. Christian Huygens, étudiant la question en 1655 à partir de ouï-dire à propos de la correspondance entre Pascal et Fermat, écrit le premier livre sur le sujet[74]. Jacques Bernoulli, Pierre Rémond de Montmort, Abraham de Moivre, Thomas Bayes, Nicolas de Condorcet et Pierre-Simon de Laplace sont, parmi les auteurs qui ont prolongé le développement de la théorie, ceux dont la contribution a été la plus importante au XVIIIe siècle.

Au Canada, un concours annuel de mathématiques est appelé en son honneur « Concours Pascal », qui est ouvert à n’importe quel élève du Canada de moins de 14 ans et en 9e au plus.

Logo de GNU Pascal, implémentation du langage Pascal.

En informatique, Pascal est un langage de programmation créé par Niklaus Wirth et nommé en l'honneur de Blaise Pascal.

L’Université Clermont-Ferrand II a été baptisée à son nom et édite les Annales Mathématiques Blaise Pascal. Le nom a également été donné à une université de Cordoba, en Argentine.

La Banque de France a émis un billet de banque, le 500 francs Pascal, sa plus haute coupure de 1969 à 1994, à son effigie.

En 1964, l'Union astronomique internationale a donné le nom de Pascal à un cratère lunaire.

Une statue de Pascal figure parmi les Hommes illustres au musée du Louvre, à Paris.

Littérature

En littérature, Pascal est considéré comme un des auteurs les plus importants de la période classique française et il est lu aujourd’hui en tant qu’un des plus grands maîtres de la prose française. Son utilisation de la satire et de l’esprit a influencé des polémistes postérieurs. On se souvient bien de la teneur de son travail littéraire à cause de sa forte opposition au rationalisme de René Descartes et de l’affirmation simultanée que l’empirisme philosophique était également insuffisant pour déterminer des vérités majeures.

Chateaubriand a décrit ses contributions dans une célèbre envolée lyrique[86] se concluant par : « (Il) fixa la langue que parlèrent Bossuet et Racine, donna le modèle de la plus parfaite plaisanterie, comme du raisonnement le plus fort […] Cet effrayant génie se nommait Blaise Pascal ».

Jules Barbey d'Aurevilly voit en Pascal un « Hamlet du catholicisme ». Charles Baudelaire le paraphrase et lui consacre son poème « Le gouffre ».

La méditation pascalienne sur le divertissement trouve un prolongement dans le roman de Jean Giono, Un roi sans divertissement (1947). Giono emprunte le titre et la dernière phrase du livre à un passage des Pensées (fragment 142 de l’édition Brunschvicg) : « Un roi sans divertissement est un homme plein de misères. »

Pour Julien Green, Pascal est « le plus grand des Français »[87].

Sœur Emmanuelle, dans son livre Vivre, à quoi ça sert ?, s’appuie sur quelques principes de la pensée pascalienne qui fut un guide pour elle, tout au long de sa vie.

Vers la fin de sa vie, le sociologue Pierre Bourdieu publie Méditations pascaliennes, livre de réflexions sur son domaine[88]. On a pu voir dans ce choix un geste démonstratif qui prend de contre-pied l'approche emblématisée par le titre Méditations cartésiennes, pris naguère par le philosophe Edmund Husserl.

Dans son récit La Nuit de feu (2015), expression reprise du mémorial de Pascal, Éric-Emmanuel Schmitt donne une répercussion contemporaine aux distinctions pascaliennes entre foi et raison, mystère et connaissance.

Dans son essai Un coup de dés (2019), Claude Minière présente le débat de Pascal avec la notion de "hasard".

Bande dessinée

Lors de la prépublication Coke en stock dans le journal belge Tintin du 31 octobre 1956 (N° 44), Nestor lisait Les Pensées de Pascal. Ce strip ne sera pas repris dans la première publication en version album[89].

Dans le n° 685 de Pilote en 1972, Achille Talon lit les Pensées de Pascal. C'est son livre de chevet[90].

Cinéma

En 1965 Pierre Gauge réalise Le dernier acte, un court métrage (36 mn) sur les Pensées de Blaise Pascal[91].

Une discussion à propos de Pascal et de son « pari » occupe une place importante dans le film Ma nuit chez Maud du réalisateur français Éric Rohmer en 1969. Dans Conte d'hiver, la référence au pari de Pascal est plus implicite[92].

En 1971 Roberto Rossellini réalise un téléfilm sur Blaise Pascal, interprété par Pierre Arditi.

Vers une béatification ?

En juillet 2017, le pape François a souhaité et évoqué une possible procédure en béatification de Blaise Pascal[93] - [94] - [95].

« Moi aussi, je pense qu’il mériterait la béatification […] J’envisage de demander la procédure nécessaire et l’avis des organes du Vatican chargés de ces questions, en faisant part de ma conviction personnelle positive. »

Pape François.

Plusieurs raisons expliquent ce choix du souverain pontife, malgré les critiques de Blaise Pascal envers les jésuites. Le pape François insiste notamment sur le rôle de fervent chrétien du théologien et scientifique, ainsi que sur son rôle auprès des pauvres[96].

Le pape François a également reçu l'appui de son ami journaliste Eugenio Scalfari[97]. Le fondateur du journal La Repubblica, bien qu'athée, se montre favorable à la béatification de Pascal, auteur qu'il admire beaucoup[98].

En accord avec les précédents, une initiative pour la reconnaissance de la sainteté de Pascal voit le jour à Paris en 2019, et prend corps trois ans plus tard avec la constitution de la Société des amis de Blaise Pascal (SABP)[99]. Quelques mois plus tard, dans sa lettre apostolique Miseria et sublimitas hominis, le pape François « entrouve la porte » à l'établissement d'un dossier de béatification, en défendant Pascal notamment contre les accusations d'hérésie[100].

Anniversaires

Dévoilement du visuel du timbre Blaise Pascal 2023 à l'office de tourisme de Clermont-Ferrand
Dévoilement du visuel du timbre Blaise Pascal 2023 à l'office de tourisme de Clermont-Ferrand

En 1923 des célébrations du tricentenaire de sa naissance sont organisées à Clermont-Ferrand, à Rouen, à Paris[101].

En 1963 des célébrations sont organisées (exposition à la bibliothèque nationale[102], émission d'un timbre[103]...)

En 1993 une exposition est organisée à la Bibliothèque municipale et Interuniversitaire de Clermont-Ferrand pour le 350e anniversaire de la conception de la machine arithmétique.

En 2023, à l’occasion des quatre cents ans de la naissance de Blaise Pascal, des célébrations sont organisées à Clermont-Ferrand[104] (exposition au Musée d'Art Roger-Quilliot[105], conférences[106], colloques[107]). La « Nuit Blaise Pascal », réunissant comédiens, philosophes et historiens, est organisée en mars 2023 dans l’auditorium du Collège des Bernardins[108]. Des colloques sont organisés à Bucarest[109], Montréal[110], Paris[111]. Un timbre Blaise Pascal est inscrit au programme philatélique 2023 de la Poste[112]. À l’occasion du quatre-centième anniversaire de sa naissance, le pape François consacre à Blaise Pascal une lettre apostolique, Sublimitas et miseria hominis[113].

Œuvres de Pascal

Liste des principales œuvres

La chronologie exacte des œuvres de Pascal est difficile à établir car de nombreux textes ne sont pas datés et ont été publiés longtemps après avoir été rédigés. Certains n’ont été connus qu’un siècle ou plus après le décès de Pascal, d’autres ne nous sont parvenus que de manière fragmentaire ou indirecte (notes de Leibniz ou correspondance, par exemple).

Textes de Pascal

De très nombreuses éditions existent :

  • Blaise Pascal, Œuvres de Blaise Pascal en 5 tomes, La Haye, Chez Detune, Libraire, .
  • Blaise Pascal, Pensées de Pascal, précédées de Sa vie, par Mme Perier, sa sœur, Paris, Librairie de Firmin-Didot frères, fils & Cie, (lire en ligne)
  • Blaise Pascal, Pensées et opuscules : édition philosophique et critique, précédée d'un essai sur l'apologétique de Pascal par Aloïse Guthlin, Paris, P. Lethielleux, (lire en ligne)
  • Pascal (dir.), Léon Brunschvicg (dir.), Pierre Boutroux (dir.) et Félix Gazier (dir.), Œuvres complètes, vol. 1-14, Paris, Hachette, coll. « Grands Écrivains de la France », 1904-1914 (lire sur Wikisource)
  • Pascal, Œuvres complètes, Louis Lafuma, Seuil, L'Intégrale, 1963.
  • Pascal, Œuvres complètes, texte établi, présenté et annoté par Jacques Chevalier. Bibliothèque de la Pléiade. Éditions Gallimard, 1936-1998.
  • Pascal, Œuvres complètes, éd. Jean Mesnard, Paris, Desclée de Brouwer, 1964-1992, qui contient tous les textes qui intéressent la vie ou l’œuvre de Pascal (y compris des actes notariés, etc.). Mais seuls quatre des sept volumes ont paru (et Jean Mesnard est décédé en 2016) et ils ne contiennent ni Les Provinciales ni les Pensées.
  • Pascal, Œuvres complètes, éd. Michel Le Guern, coll. Bibliothèque de la Pléiade, Paris, Gallimard, 2 volumes, 1998 et 2000.
  • Blaise Pascal, Discours sur la religion et sur quelques autres sujets qui ont été trouvés après sa mort parmi ses papiers, restitués et publiés par Emmanuel Martineau, Paris, Fayard-Armand Colin, 1992.
  • Blaise Pascal (Auteur) et Philippe Sellier (Sous la direction de), Pensées, Le Livre de Poche, , 736 p. (ISBN 978-2-2531-6069-4)Document utilisé pour la rédaction de l’article.
  • Blaise Pascal, Pensées, opuscules et lettres, éd. par Philippe Sellier, Paris, Éditions Classiques Garnier, coll. « Bibliothèque du XVIIe siècle », 2010.
  • Blaise Pascal, Pensées sur la religion et sur quelques autres sujets étude et édition comparative de l'édition originale avec les copies et les versions modernes par Jean-Robert Armogathe et Daniel Blot, Paris, Honoré Champion, 2011.

Notes et références

Notes

  1. L'église Saint-Pierre de Clermont-Ferrand est démolie en 1797-1798.
  2. À l’époque, on n’enseignait les mathématiques et les sciences qu’à l’Université d'Oxford ; elles étaient tenues pour de simples curiosités pour comptables, sans valeur intellectuelle.
  3. Beaucoup d'anecdotes apocryphes courent sur les talents mathématiques du jeune Pascal. D'après Tallemant des Réaux, il aurait lu « en quelques après-midis » seulement les six premiers livres d'Euclide et commencé à rédiger ses propres démonstrations, ce qui est déjà assez étonnant ; voici cette historiette.
  4. L'épitaphe latine se traduit ainsi : « Devant la colonne la plus élevée, sous un tombeau de marbre repose Blaise Pascal, natif de Clermont, fils d’Étienne Pascal, président de la cour souveraine des aides d’Auvergne, mort bienheureusement et religieusement, dans la paix du Christ, le 19 août 1662, âgé de 39 ans, après avoir passé quelques années dans une très austère retraite à réfléchir sur la loi divine. Certes, eu égard à son goût de la pauvreté et de l’humilité, il aurait même souhaité être privé de ces honneurs d’une sépulture et, maintenant qu’il est mort, se cacher encore, lui qui de son vivant avait toujours voulu rester dans l'ombre. En vérité, Florin Périer, conseiller à la même cour des aides, époux de sa sœur Gilberte Pascal, ne saurait donner suite à cette partie de ses vœux. Il a fait poser cette plaque pour manifester la vive affection qu’il lui porte et exhorter les chrétiens à prier chrétiennement, à l’avenir, pour lui et le défunt ».
  5. Actuellement, n°13 rue de Saintonge.
  6. Voici la transcription : « Testament — feud — iii Aoust 1662 — Fut p(rése)nt en sa personne blaise pascal escuier dem(eurant) ordinairem(ent) a paris hors & pres la porte St Michel par(oisse) St Cosme de par(is) gisant au lict mallade de corps en une chambre au second estage dune maison size a paris sur le fossé dentre les portes St Marcel et St Victor par(oisse) St Estienne du mont en laq(ue)lle est dem(eurant) M(essi)re florin perier con(seill)er du Roy en sa cour des aydes de Clermont ferrand en auvergne touttesfois sain desprit memoire et entendem(ent) comme il est aparu aux no(tai)res soubs(sign)es par ses parolles gestes & maintien Lequel considerant quil ny a rien plus certain que la mort ny chose plus incertaine que le jo(u)r & heure dicelle ne desirant en estre prevenu sans estre po(u)r eux contenu & avoir a ce le momans a faict dicté & nommé ausd(its) no(tai)res soubs(sign)es son testam(ent) & ordonn(ance) de derniere vollonte en la forme & maniere qui ensuict premierem(ent) comme bon Crestien catholique apostolique & romain il recommende & recommande son ame a Dieu le sup(pli)ant que par le meritte du pressieux Sang de nostre Sauve(ur) et redampte(ur) Jesus Crist Il luy plaise luy pardonner ses faultes et colloquer son ame quant elle partira de ce monde au nombre des bien heureux Implorant po(ur) eux estre les Intercesseurs de la glorieuse Vierge Marie & de tous les S(ain)ts & S(ain)tes de paradis Il en veult & ordonne ses debtes estre payees & toute faute sy aucune y a reparee et amandee par le S(ieu)r son execute(ur) testamentaire soubs nomme Il en desire son corps mort estre enterre en lad(ite) egl(ise) St Estienne du mont de cested(ite) Ville de paris, pour le regard des Ceremonies de son convoy service et enterrem(ent) ensemble po(ur) les messes (…/…) ».
  7. Louis de Rouvroy de Saint-Simon affirme qu'elle est déjà pensionnaire à l'abbaye dans sa jeunesse. Il est contredit par le chanoine Hermant qui rapporte que Charlotte Gouffier n'a jamais fréquenté Port-Royal avant 1656[46].
  8. Charles-Paul d'Escoubleau, marquis d'Alluye et de Sourdis, est proposé par Louis Lafuma comme l'auteur du Discours sur les passions de l'amour, écrit dont l'attribution à Blaise Pascal est contestée : le texte serait ainsi en partie inspiré par Charlotte de Roannez. Cette hypothèse ne semble aujourd'hui pas soutenue par les critiques, d'autant plus que Louis Lafuma aurait confondu Charles-Paul d'Escoubleau et son père[49].
  9. Marguerite Périer est guérie d'une fistule lacrymale par contact avec une épine de la couronne du Christ[52]. À propos du miracle ayant touché sa nièce Marguerite le 24 mars 1656, Blaise Pascal écrit à Charlotte de Roannez : « Il me semble que vous prenez assez de part au miracle pour vous mander en particulier que la vérification en est achevée par l’Église, comme vous le verrez par cette sentence de M. le grand vicaire[53] ». Cet épisode, qui connaît un grand retentissement, touche également la famille de Roannez par l'intermédiaire de leur parent Gilbert de Choiseul, évêque de Comminges, lié à Charlotte de Roannez par leur arrière-grand-père, Nicolas Hennequin, seigneur du Perrey[54], qui défend la véracité du miracle[55].
  10. Toujours d'après Marguerite Périer, « le dernier jour de sa neuvaine, elle fut touchée de Dieu si vivement, que durant toute la messe elle fondit en larmes[58] ».
  11. Contrairement à ce que rapporte Maurice Deyras
  12. Blaise Pascal, Usage du triangle arithmétique pour déterminer les partis qu'on doit faire entre deux joueurs qui jouent en plusieurs parties.
  13. Comme il le rappelle dans le préambule de son Traité de la roulette.

Références

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  14. Port-Royal, III, p. 484.
  15. « Mersenne déclarait que l'auteur “avait passé sur le ventre à tous ceux qui avaient traité le sujet”. Dans ce concert général d'admiration, une seule voix discordante : celle de Descartes. C'est tout d'abord, lorsque ses correspondants lui parlent du jeune Blaise, de l’incrédulité : on se trompe, il doit s'agir d'Étienne Pascal, ou de Desargues. Puis quand Mersenne lui annonce l'envoi du placard, Descartes devient presque agressif. » (Pierre Humbert, p. 40.) Il dénoncera un plagiat.
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  67. Blaise Pascal fait notamment usage des premières lettres de l'alphabet (sous forme de majuscules), de aequatur (« c'est-à-dire ») pour aequabitur en place du symbole « = », et d'accolades en place des parenthèses dans Traité du triangle arithmétique, ainsi que de in pour la multiplication en place de la croix d'Oughtred dans Œuvres de Blaise Pascal, tome III, « De numeris multiplicibus », publié à la suite du Traité du triangle Arithmétique, page 336, sur Wikisource.
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  85. Hélène Combis, « Le pari de Pascal : croire en Dieu sur un coup de dés », sur radiofrance.fr, 8 novembre 2016.
  86. En voici le texte complet :
    « Il y avait un homme qui, à douze ans, avec des barres et des ronds, avait créé les mathématiques ; qui, à seize, avait fait le plus savant traité des coniques qu'on eût vu depuis l'Antiquité ; qui, à dix-neuf, réduisit en machine une science qui existe tout entière dans l'entendement ; qui à vingt-trois, démontra les phénomènes de la pesanteur de l'air, et détruisit une des grandes erreurs de l'ancienne physique ; qui, à cet âge où les autres commencent à peine à naître, ayant achevé de parcourir le cercle des sciences humaines, s'aperçut de leur néant et tourna ses pensées vers la religion ; qui, depuis ce moment jusqu'à sa mort, arrivé dans sa trente-neuvième année, toujours infirme et souffrant, fixa la langue que parlèrent Bossuet et Racine, donna le modèle de la plus parfaite plaisanterie, comme du raisonnement le plus fort ; enfin qui, dans les courts intervalles de ses maux, résolut, par distraction, un des plus hauts problèmes de la géométrie, et jeta sur le papier des pensées qui tiennent autant du Dieu que de l'homme. Cet effrayant génie se nommait Blaise Pascal »
    Chateaubriand, Génie du Christianisme, III, 2, ch.6.
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Voir aussi

Bibliographie

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Commentaires d'écrivains

Études d'ensemble, monographies, biographies

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Album jeunesse

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Livre d'artiste

Articles

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Pascal écrivain
  • Bernard Sève, « Le « génie tout libre » de « l’incomparable auteur de l’Art de conférer » : ce que l’écriture de Pascal doit à Montaigne », Littératures, vol. Pascal a-t-il écrit les Pensées ?, no 55, , p. 93-110. (lire en ligne)
  • Philippe-Joseph Salazar, Efficacité rhétorique exemplaire. Les Pensées dans les Causeries du lundi de Sainte-Beuve, dans Croisements d’anthropologies. Pascals Pensées im Geflecht der Anthropologien sous la direction de R. Behrens, A. Gipper, V. Mellinghoff-Bourgerie, Heidelberg, Universitätsverlag Winter, 2005, p. 331-344 (ISBN 978-3-8253-5035-2).
  • Yves Morvan, Pascal à Mirefleurs ? Les dessins de la maison de Domat, Courrier du Centre International Blaise Pascal, 6, 1984, p. 6-17.
  • Yves Morvan, Pascal d'après nature, Bulletin historique et scientifique de l'Auvergne, Tome XCIII, no 692-693,1987.
  • Yves Morvan, Images anciennes et nouvelles de Blaise Pascal, souvenir de l’exposition, Courrier du Centre International Blaise Pascal, 13, 1991, p. 17-28.

Émissions radiophoniques

Un livre a résulté de ces émissions : Antoine Compagnon, Un été avec Pascal, Editions des Equateurs, , 231 p. (ISBN 978-2-849-90748-1).

Catalogues d'exposition

  • Pascal, le cœur et la raison, Paris, Bibliothèque nationale de France, , 207 p. (ISBN 978-2-7177-2721-0)
  • Blaise Pascal, mathématicien, physicien, ingénieur : 350e anniversaire de la conception de la machine arithmétique (18 septembre - 17 octobre 1993). Clermont-Ferrand, Bibliothèque municipale et interuniversitaire, 1993. 75 pages.
  • Blaise Pascal auvergnat : la famille à l’œuvre, exposition réalisée à l'occasion des Journées de Port-Royal "Deux grandes figures d'Auvergne : Gilberte et Jacqueline Pascal (6 octobre - 8 novembre 1981), Clermont-Ferrand, Association des Amis et Correspondants du Centre International Blaise Pascal, , 110 p. (lire en ligne)
  • Blaise Pascal, son entourage et son œuvre... (8 mai-13 juin 1976). Clermont-Ferrand, Bibliothèque municipale et universitaire, 1976.
  • Pascal : sa ville et son temps, Clermont-Ferrand, Musée du Ranquet, 1962. 69 pages.
  • Blaise Pascal 1623-1662, Paris, Bibliothèque nationale, (lire en ligne)

Articles connexes

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