Artus Gouffier de Roannez
Artus II Gouffier, duc de Roannez ou duc de Roannais (né en 1627 et mort le près de Méry-sur-Seine), fut lieutenant général des armées du roi et pair de France. Il s’est illustré en tant que gouverneur du Poitou pendant la Fronde, et fut l’un des plus proches amis du célèbre philosophe et mathématicien Blaise Pascal.
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Biographie
Artus II Gouffier est le fils d'un gentilhomme poitevin, Henri Gouffier (1605-1639), marquis de Boisy, comte de Maulévrier, châtelain d'Oiron, et d'Anne-Marie Hennequin (-1676), dame du Peray.
Il hérita du duché-pairie de Roannais en 1642, après le décès de son grand-père, Louis Gouffier, 4e duc de Roannez. Jeune, de haute noblesse, il rejoignit l'armée, et atteignit le grade de maréchal de camp en 1649. Deux ans plus tard, il acheta contre une forte somme la charge de gouverneur du Poitou détenue par le duc et futur écrivain François de La Rochefoucauld. Pendant la Fronde des princes, il resta fidèle au cardinal de Mazarin, et lutta avec succès aux côtés des troupes royales contre les rebelles menés par le prince de Condé.
Passionné par les sciences[1], il a entretenu une correspondance avec Christian Huygens[2] - [3], physicien hollandais en poste à Paris. Attiré par les investissements spéculatifs malgré un héritage grevé de dettes[4], il finança les travaux d'assèchement du marais poitevin[5], avec l'aide de Blaise Pascal, et contribua à la canalisation de la Sèvre niortaise puis de la Haute-Seine[6], et participa avec Pascal également au développement à Paris de la Société des carrosses à cinq sols[7], ancêtre des transports en commun.
À la mort de Blaise Pascal (1662), il s'efforça aussi d'organiser la publication des écrits du philosophe, comme ses Pensées.
Pieux, Artus Gouffier devint janséniste sous l'influence de Pascal et de la sœur de ce dernier, religieuse à l'abbaye de Port-Royal. Selon toute vraisemblance, il avait fait la connaissance du philosophe à Paris dans une église fréquentée alors par les familles Gouffier et Pascal ; sa sœur, Charlotte de Roannez, entretient de son côté des échanges sur la religion avec Blaise Pascal, qui joue pour elle également le rôle de conseiller spirituel.
« Ce fut précisément dans cette année 1651, semble-t-il, qu'il [Bl. Pascal] entra en relations de plus en plus étroites avec le jeune duc de Roannez. Leur liaison fut bientôt si intime qu'il eut une chambre à l'hôtel de son « cher ami », qu'il raccompagna dans un voyage à son gouvernement du Poitou, et qu'il se crut plus tard obligé de lui demander permission, quand il voulut se retirer du monde. Par l'intermédiaire du duc, il se trouva introduit dans la société du chevalier de Méré, le grand maître de la politesse et le professeur des belles manières du temps, du joueur Miton (sic), du « libertin » Des Barreaux, de la duchesse d'Aiguillon et de Mme de Sablé. »
— Gustave Michaut, Les époques de la pensée de Pascal[8]
En 1667, il céda[9] son duché à son beau-frère, François III d'Aubusson de La Feuillade, maréchal de France (1675), pour se retirer dans une institution religieuse sans toutefois entrer officiellement en religion. Selon le duc de Saint-Simon, « le duc de Roannez prit une manière d'habit ecclésiastique sans jamais être entré dans les ordres et vécut dans une profonde retraite[10]. » Il mourut dans sa retraite, le , sans postérité.
Notes et références
- ... et notamment le calcul des probabilités naissant : (de) Hartmut Hecht, Gottfried Wilhelm Leibniz, Stuttgart, Vieweg et Teubner, coll. « Teubner-Archiv zur Mathematik, n°2 », , 156 p. (ISBN 978-3815420256), « III. Weitgespannte mathematische Interessen », p. 73 signale que le point de départ du problème de Méré était une question d'Artus Gouffier, duc de Roannez, sur le calcul du taux de décès annuel, sachant que de 64 personnes, 36 sont décédées en l'espace de 10 ans.
- Cf. (nl) Chr. Huygens, Een lijst van dagen uit het leven van Christiaan Huygens, verzameld uit de Œuvres complètes., vol. 5 : Brieven (lire en ligne) : lettres du 31 déc. 1664, 3 juin 1665 et 4 févr. 1666.
- Rupert Rideec, « Chapitre XXIX - Oiron, Les Gouffier », sur Antagones : Partie III
- « Artus cherchera toute sa vie dans des inventions et des spéculations de quoi éteindre les dettes de sa maison » (Mémoires de la Société des antiquaires de l'Ouest, 1922)
- Y. Suire, « L'œuvre de dessèchement du Marais poitevin », Dix-septième siècle, no 221,‎ , p. 611-636 (DOI 10.3917/dss.034.0611).
- Académie royale des sciences, Histoire de l'Académie royale des sciences, Jean Boudot, , 282 p. (lire en ligne), « Sur quelques machines employées dans une nouvelle navigation de la Seine », p. 114-116
- Philippe Jansen, « Une tractation commerciale au XVIIe siècle. », Revue d'histoire des sciences et de leurs applications, vol. 4, no 2,‎ , p. 173-176 (DOI 10.3406/rhs.1951.2874)
- G. Michaut, Les époques de la pensée de Pascal, Paris, Libr. A. Fontemoing, (réimpr. 2e, 1902), « III. La période mondaine », p. 68-69
- D'après Jean Lesaulnier, Port-Royal insolite. Recueil de choses diverses 1670-1671, éd. Klincksieck, (ISBN 978-2-252-02783-7).
- Saint-Simon (préf. Yves Coirault), Mémoires, vol. 1, Gallimard, coll. « « La Pléiade » ».
Sources et bibliographie
- Gérard André, « Artus Gouffier de Roannez, entrepreneur de la "nouvelle navigation de la Seine" entre Troyes et Nogent. », La Vie en Champagne, no 93,‎ , p. 25-37 (ISSN 0758-4245)
- Jean Mesnard, Pascal et les Roannez, Paris, Desclée De Brouwer, , 2 vol.