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DĂ©finition

Une définition est une proposition qui met en équivalence un élément définissant et un élément étant défini.

Une définition a pour but de clarifier, d'expliquer. Elle détermine les limites ou « un ensemble de traits qui circonscrivent un objet »[1].

Rhétorique

Selon les DĂ©finitions du pseudo-Platon, la dĂ©finition est la « proposition comportant diffĂ©rence spĂ©cifique et genre ». Aristote, dans le Topiques, dĂ©finit le mot comme « formule qui exprime l’essentiel de l’essence d’un sujet »[2] - [3]

Mathématiques

En mathématiques, on définit une notion à partir de notions antérieurement définies.

Les notions de bases étant les symboles non logiques du langage considéré, dont l'usage est défini par les axiomes de la théorie.

Se pose la question de la diffĂ©rence entre une dĂ©finition et un axiome. Pour exemple, dans l'arithmĂ©tique de Peano, l'addition et la multiplication sont des symboles du langage et leur fonctionnement est rĂ©gi par des axiomes. Mais on pourrait tout Ă  fait rĂ©duire le langage de l’arithmĂ©tique en supprimant les symboles « + » et « * » et les dĂ©finir Ă  partir de 0 et de la fonction successeur d'une maniĂšre similaire. Cela nous donnerait une autre thĂ©orie arithmĂ©tique, mais essentiellement Ă©quivalente sur toutes ses propriĂ©tĂ©s Ă©lĂ©mentaires.

Vocabulaire

Une dĂ©finition est une formule qui indique la signification d'un terme. Une dĂ©finition pose une Ă©quivalence entre un terme (signifiant) et un sens (signifiĂ©). Elle autorise Ă  remplacer le second par le premier et revĂȘt ainsi une utilitĂ© pratique. Elle est Ă©galement le rĂ©sultat d'une opĂ©ration et introduit donc le temps (le sens dĂ©fini est fini, passĂ©, en-soi), ainsi qu'un acteur (souvent implicite).

La dĂ©finition s'inscrit dans l'ordre de la dĂ©notation, mais un terme connote Ă©galement des sens, et ce sans faire explicitement appel au temps ou Ă  un acteur. Il le fait grĂące Ă  une structure externe de l'espace des signifiants, mais il existe Ă©galement une structure interne qui s'exprime Ă  travers l'Ă©tymologie. Le concept de dĂ©finition ne s’impose pas de lui-mĂȘme, c'est un outil utile, mais pas indiffĂ©rent : il s'inscrit dans une totalitĂ© structurĂ©e. Il implique et il indique des choix : Quels acteurs sert-elle ?

La définition établit une frontiÚre entre le mot défini et les mots utilisés pour l'expliciter. Elle établit ainsi une structure ordonnée, une arborescence par niveaux entre des classes de mots. On voit bien que cette structure est pourtant locale, que cet ordre ne se conserve pas si on déroule la structure de proche en proche.

La problématique de définir la définition

Selon Lalande dans son Dictionnaire critique, « Une définition est la détermination des limites de l'extension d'un concept » Plus profondément, la définition expose en un discours articulé (composé au minimum de deux mots) la compréhension d'un concept. Dire qu'un animal est un vivant doué de connaissance sensible, par exemple, c'est articuler entre elles deux notions (vivant et doué de connaissance sensible) qui entrent dans la constitution et qui permettent de saisir la nature d'une troisiÚme (animal).

Il y a Ă©videmment un cercle Ă  dĂ©finir le concept de dĂ©finition : la tentative mĂȘme suppose le problĂšme rĂ©solu, et semble nier l'intĂ©rĂȘt de la dĂ©marche (pourquoi dĂ©finir dĂ©finition si par lĂ  mĂȘme on suppose la dĂ©finition connue ?). C'est ce que la philosophie anglo-saxonne appelle un point aveugle de la raison.

Ainsi la dĂ©finition proposĂ©e ci-dessus du mot dĂ©finition emploie elle-mĂȘme d'autres mots, dont on suppose qu'ils ont eux-mĂȘmes une dĂ©finition. Mais le problĂšme est d'abord celui du sens : comment peut-on apprĂ©hender le sens des mots ? La rĂ©ponse varie considĂ©rablement d'un auteur Ă  l'autre. Par exemple, pour Platon, le sens est immuable, et il sert de fondement Ă  notre connaissance ; pour Quine, en revanche, le sens est indĂ©terminĂ©, et dĂ©pend toujours d'un ensemble de thĂ©ories et de concepts.

Le problÚme concerne ainsi la théorie de la connaissance et de la référence.

Dans l'exemple citĂ©, l'auteur subordonne la dĂ©finition au concept, Ă  son extension et Ă  sa dĂ©termination. Le paradoxe crĂ©Ă©, demandera-t-on, n'est-il pas un mouvement dialectique de la pensĂ©e ? Sans doute, si cette pensĂ©e est action, et revendiquĂ©e en tant que telle, mais non pas si elle est rĂ©sultat. Une vĂ©ritĂ© immanente qui contiendrait des paradoxes n'est qu'une nĂ©gation de la raison, une base pour le rĂ©enchantement du monde que dĂ©nonce Max Weber. Mais une dĂ©nonciation s'appuie sans doute elle-mĂȘme sur une vĂ©ritĂ© immanente, Ă  moins de prĂ©tendre Ă  une perspective transcendante. On peut alors en venir Ă  une forme de relativisme (cf. scepticisme ou post-modernisme), Ă  dĂ©faut de trouver une rationalitĂ© minimale qui nous assure que les mots que nous utilisons ont un sens et donc une dĂ©finition.

La question est de savoir pour quel sens du mot « définition » un discours est sensé.

Définition classique dite scolastique ou par le genre prochain et la différence spécifique

La définition proposée par la scolastique est l'expression énonçant l'équivalence d'un défini (definiendum) et de son définissant (definiens).

Le dĂ©fini et le dĂ©finissant doivent avoir la mĂȘme extension.

Le définissant est l'espÚce (species) dont relÚve le défini.

L'espÚce est énoncée par le genre prochain et la différence spécifique (per genus proximus et differentiam specificam).

La diffĂ©rence spĂ©cifique (differentia specifica) est le caractĂšre qui distingue une espĂšce des autres espĂšces d'un mĂȘme genre.

Conceptions de la définition

L'inventeur de la dĂ©finition serait, selon Aristote, Socrate. Socrate cherche en effet ce qui fait qu'une chose est telle qu'elle est : par exemple, dans l’Hippias majeur, pourquoi cette chose belle est-elle belle ? Il y aurait ainsi un caractĂšre commun aux choses belles, une essence, dont la formulation est la dĂ©finition.

Cependant, le point de départ de Socrate est existentiel : il s'agit de prendre conscience de ce que nous disons et de ce que nous faisons quand nous suivons des conceptions morales ou scientifiques. La définition permet de mettre à l'épreuve notre prétendu savoir, surtout quand Socrate montre à ses interlocuteurs qu'ils ne savent pas produire une définition cohérente de ce qu'ils pensent : ils ne pensent donc rien de défini, rien qui n'ait une extension précise et bien déterminée. Dans le meilleur des cas, ce sont des ignorants, dans le pire des imposteurs.

Les problÚmes liés à la définition (en particulier le problÚme du paradoxe donné plus haut) ont été des motivations dans la recherche pour tous les philosophes. En effet, l'analyse des concepts et de ce que l'on veut dire, la recherche de l'extension des concepts que nous utilisons, est l'un des aspects majeurs de la philosophie, de Platon et Aristote à Locke, Hume et toute la philosophie anglo-saxonne notamment.

Logique

En logique, une dĂ©finition est un Ă©noncĂ© qui introduit un symbole appelĂ© terme dĂ©notant le mĂȘme objet qu’un autre symbole, ou associĂ© Ă  une suite appelĂ©e assemblage, de symboles dont la signification est dĂ©jĂ  connue.

Certains symboles comme ceux de l'existence, l'appartenance, la nĂ©gation etc. qui ne peuvent ĂȘtre dĂ©finis, sont grossiĂšrement introduits en faisant appel Ă  des mots du langage naturel et Ă  l’idĂ©e intuitive que l’homme peut en avoir. Ces termes primitifs appartiennent au « domaine intuitif de base ». (Concept des mots non dĂ©finis utilisĂ© par Alfred Korzybski)

En mathĂ©matiques, une dĂ©finition est un Ă©noncĂ© Ă©crit en langage naturel ou en langage formel (de la logique), qui introduit un nouveau mot ou symbole associĂ© Ă  un objet abstrait dĂ©crit par un assemblage d’autres mots ou symboles dont le sens a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© prĂ©cisĂ©.

L’idĂ©e que nous avons de l’objet ainsi dĂ©fini, s’appelle une notion mathĂ©matique.

Ces mots ou symboles sont des « abrĂ©viations », destinĂ©es Ă  reprĂ©senter de tels assemblages de lettres et de symboles. Ces abrĂ©viations permettent Ă  un mathĂ©maticien d’utiliser l’objet mathĂ©matique ainsi construit sans avoir Ă  l’esprit sa dĂ©finition complĂšte et dĂ©taillĂ©e. Dans la pratique, les abrĂ©viations sont des lettres alphabĂ©tiques, des signes ou des mots ordinaires, par exemple :

  • π reprĂ©sente un nombre ;
  • e reprĂ©sente l’exponentielle de 1;
  • « point » et « droite » sont des objets gĂ©omĂ©triques ;
  • Les signes + et × sont des « lois ».

Il serait possible d’écrire toutes les mathĂ©matiques uniquement en langage formel, mais cela rendrait leur utilisation difficile et d’aprĂšs Roger Godement, un nombre aussi simple que 1 nĂ©cessiterait un assemblage d’environ dix mille symboles.

Donnons maintenant quelques exemples de définitions :

  • soit A un nombre entier positif. Posons B=A.

Nous dĂ©finissons B comme Ă©tant le mĂȘme nombre reprĂ©sentĂ© par A.

  • soit D et D’ deux droites non parallĂšles. Soit I le point d’intersection de D et D’.

Nous dĂ©finissons le point I et nous sommes supposĂ©s connaĂźtre ce que sont une droite, le parallĂ©lisme et un point d’intersection.

  • un nombre entier naturel est dit premier s'il est diffĂ©rent de 1 et s’il n’admet comme diviseurs que 1 et lui-mĂȘme.

Une dĂ©finition n’est pas un thĂ©orĂšme, elle donne simplement une dĂ©nomination Ă  des objets mathĂ©matiques mais ne dĂ©crit pas de rĂšgles d’utilisation de ces objets ou de propriĂ©tĂ©s vĂ©rifiĂ©es par ces objets (autres que celles qui le dĂ©finissent).

Lorsque nous définissons un objet, nous utilisons en général un « si » qui signifie « si par définition », « quand » ou « lorsque », comme dans la définition suivante :

Un nombre entier relatif n est pair si ∃k ∈ â„€, n = 2k.

Certains utilisent maladroitement un « si et seulement si » Ă  la place du « si », mais cela n’a pas de sens, puisqu’ils Ă©crivent dans ce cas une Ă©quivalence entre un terme qui n’est pas une proposition qui, de plus, n’est pas encore dĂ©fini et une proposition.

Si la dĂ©finition d’un objet donnĂ© suppose qu’une proposition P soit vĂ©rifiĂ©e, alors l’affirmation « par dĂ©finition » ou « en vertu de la dĂ©finition » la proposition P est vĂ©rifiĂ©e signifie que nous utilisons la proposition P intrinsĂšque Ă  l’objet. ConsidĂ©rons la dĂ©finition suivante :

DĂ©finition : Un carrĂ© est un quadrilatĂšre dont les cĂŽtĂ©s sont de mĂȘme longueur et dont les angles sont droits.

Il est Ă©vident que tous les cĂŽtĂ©s d’un carrĂ© sont de longueur Ă©gale parce que cette propriĂ©tĂ© fait partie de la dĂ©finition. Nous pouvons dire dans ce cas « par dĂ©finition », un carrĂ© a tous ses cĂŽtĂ©s d’égale longueur.

Si un mĂȘme objet mathĂ©matique (ou « ĂȘtre mathĂ©matique ») reçoit plusieurs dĂ©finitions et que toutes les propriĂ©tĂ©s de l’une d’entre elles sont Ă©quivalentes Ă  celles des autres, alors ces dĂ©finitions sont dites Ă©quivalentes.

Une dĂ©finition n’a de sens que dans le cadre d’une thĂ©orie mathĂ©matique donnĂ©e et par exemple il est impossible de considĂ©rer une fonction dĂ©rivable dĂ©finie sur l’ensemble des entiers naturels Ă  valeurs dans ℝ.

Dans un exposĂ© mathĂ©matique, il arrive qu’une dĂ©finition « intuitive » soit donnĂ©e avant la dĂ©finition mathĂ©matique ; son rĂŽle est de mettre en Ă©vidence les motivations d’une telle dĂ©finition. Par exemple, des dĂ©finitions de dictionnaire: explication d'un mot.

Notes et références

Bibliographie

  • (fr) Pierre Pellegrin (dir.) (trad. du grec ancien), Aristote : ƒuvres complĂštes, Paris, Éditions Flammarion, , 2923 p. (ISBN 978-2-08-127316-0)
  • Richard BodeĂŒs (dir.) (trad. du grec ancien), Aristote : ƒuvres. Éthiques, Politique, RhĂ©torique, PoĂ©tique, MĂ©taphysique, Paris, Gallimard, coll. « BibliothĂšque de la PlĂ©iade », , 1619 p. (ISBN 978-2-07-011359-0, prĂ©sentation en ligne)
  • Fritz Reinhardt et Heinrich Soeder, Atlas des MathĂ©matiques, Paris, Fayard, coll. « La PochotĂšque », (1re Ă©d. 1974), 502 p. (ISBN 978-2-253-13013-0), p. 21
  • Luc Brisson (trad. du grec ancien), DĂ©finitions, Paris, Éditions Gallimard, (1re Ă©d. 2006), 2204 p. (ISBN 978-2-08-121810-9)

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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