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Classe nominale

En linguistique, le terme de classe nominale, ou classe du nom, se réfÚre à un systÚme de catégorisation des noms. Un nom peut appartenir à une classe donnée en raison de traits caractéristiques de son référent, tels que le sexe, la distinction animé / non animé ou la forme, mais le fait de ranger un nom dans telle ou telle classe est souvent purement conventionnel.

Certains auteurs utilisent le terme de genre comme un synonyme de classe nominale, tandis que d’autres associent une dĂ©finition diffĂ©rente Ă  chacun de ces termes (voir plus bas).

Les classes nominales ne doivent pas ĂȘtre confondues avec les classificateurs.

La notion de classe nominale

En général, les langages naturels catégorisent les noms en classes nominales de trois maniÚres principales :

  • selon des critĂšres sĂ©mantiques : en fonction de similitudes de sens ;
  • selon des critĂšres syntaxiques : en fonction de similitudes d’emplois ;
  • selon des critĂšres morphologiques : en fonction de similitudes de formes.

Habituellement, c’est une combinaison des trois critĂšres qui s’applique, bien que l’un d’entre eux prĂ©domine.

Les classes nominales constituent un systĂšme d’accords. L’appartenance d’un nom Ă  une classe donnĂ©e peut impliquer la prĂ©sence :

  • d’affixes d’accord sur les adjectifs, les pronoms, les numĂ©raux etc. qui sont les constituants du syntagme nominal ;
  • d’affixes d’accord sur le verbe ;
  • d’une forme spĂ©cifique du pronom remplaçant le nom ;
  • d’un terme de classe spĂ©cifique dans le syntagme nominal (ou dans certains types de syntagmes nominaux).

Le français moderne exprime les classes nominales au travers des pronoms personnels singuliers Ă  la troisiĂšme personne il et elle et de leurs autres formes flĂ©chies. En anglais, le choix entre le pronom relatif who (personnes) et which (non-personnes) peut Ă©galement ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une façon de catĂ©goriser les noms en classes. Quelques noms prĂ©sentent aussi des vestiges de classes nominales, tels que actrice, oĂč la terminaison en -trice dĂ©note une personne de sexe fĂ©minin. Ce type d’affixation du nom est tout Ă  fait commun dans des langues qui possĂšdent un vĂ©ritable genre grammatical, comme c’est le cas de la plupart des langues indo-europĂ©ennes, dont le français fait partie ; il est moins frĂ©quent en anglais (actor / actress).

Lorsque la classe nominale est exprimĂ©e au niveau d’une autre partie du discours, en dehors des noms et des pronoms, on dit que la langue concernĂ©e possĂšde un genre grammatical.

Certaines langues dépourvues de classes nominales inflexionnelles permettent malgré tout de catégoriser les noms de maniÚre extensive au moyen de particules indépendantes appelées classificateurs.

CritÚres de définition des classes nominales

Les classes nominales sont généralement définies par des oppositions contrastives, comme entre

  • animĂ© / inanimĂ© (comme en ojibwe),
  • ĂȘtre pensant / non pensant (comme en tamoul),
  • mĂąle / autre,
  • ĂȘtre humain masculin / autre,
  • masculin / fĂ©minin,
  • masculin / fĂ©minin / neutre,
  • fort / faible,
  • augmentatif / diminutif.

On trouve dans certaines langues, y compris au sein de la famille indo-européenne, une corrélation plus ou moins nette entre les classes nominales et la forme de leurs objets respectifs.

Certains linguistes pensent que le nostratique, ancĂȘtre commun hypothĂ©tique des langues indo-europĂ©ennes et d’autres familles de langues, possĂ©dait les classes « humain », « animal » et « objet ».

Genres grammaticaux et classes nominales

Le terme de « genre », tel qu’il est utilisĂ© par certains linguistes, se rĂ©fĂšre Ă  un systĂšme de classes nominales comportant 2, 3 ou 4 classes. Pour ces linguistes, les genres sont des instances de classes nominales. Toutefois, tous les linguistes ne sont pas d’accord avec cette distinction entre classes nominales et genres, et utilisent le terme de « genre » dans les deux cas.

Dans les langues qui possĂšdent des genres, le genre est une catĂ©gorie sĂ©lective s’appliquant au nom. Cela signifie qu’à chaque nom doit ĂȘtre assignĂ© un genre, et donc que l’ensemble des noms peut ĂȘtre divisĂ© en groupes en fonction de leur genre. Le mot « genre » vient du latin genus, qui est aussi la racine de « genre », et qui signifiait Ă  l’origine « espĂšce, sorte, catĂ©gorie » : il n’est donc pas nĂ©cessairement liĂ© Ă  la notion de sexe. Par exemple, le mot polonais ręcznik (serviette) est de genre masculin, encyklopedia (encyclopĂ©die) est fĂ©minin, et krzesƂo (chaise) est neutre.

Une langue possĂšde un genre grammatical lorsqu’un changement de genre du nom induit nĂ©cessairement un changement morphologique de l’adjectif et des autres parties du discours (dont le verbe) qui sont liĂ©s au nom. Pour l’adjectif et quelques autres mots flĂ©chis, le genre est une catĂ©gorie flexionnelle. En d’autres termes encore, lorsqu’un nom appartient Ă  un genre donnĂ©, les autres parties du discours qui se rĂ©fĂšrent Ă  ce nom doivent ĂȘtre flĂ©chies de maniĂšre Ă  se trouver dans la mĂȘme classe. Ces changements obligatoires sont appelĂ©es l’accord de genre. En polonais, l’adjectif qui signifie « grand » possĂšde trois formes (au nominatif singulier), l’une pour le masculin, l’autre pour le fĂ©minin, et la troisiĂšme pour le neutre : duĆŒy ręcznik (« une grande serviette »), duĆŒa encyklopedia (« une grande encyclopĂ©die »), duĆŒe krzesƂo (« une grande chaise »).

Classes nominales dans certaines familles de langues

Les familles ci-aprÚs sont classées par ordre alphabétique.

Langues algonquiennes

L’ojibwe et d’autres membres des langues algonquiennes marquent une distinction entre la classe des animĂ©s et celle des non animĂ©s. Certaines sources avancent que la distinction s’appuierait sur la notion de « puissance ». Tous les ĂȘtres vivants et les choses sacrĂ©es et celles qui sont liĂ©es Ă  la Terre sont considĂ©rĂ©s comme « puissantes » et appartiennent Ă  la classe des animĂ©s. La rĂ©partition est toutefois quelque peu arbitraire puisque « framboise » est inanimĂ© alors que « fraise » est animĂ©.

Langues athapascanes

En navajo (langue apache), les noms sont classĂ©s en fonction de la distinction animĂ© / inanimĂ©, de la forme et de la consistance. Toutefois d'un point de vue morphologique, les distinctions exprimĂ©es le sont non sur les noms-mĂȘmes mais sur les verbes dont ces noms sont sujets ou objets directs. Par exemple, dans la phrase Shi’éé’ tsĂĄsk’eh bikĂĄa’gi dah siƂtsooz (ma chemise est posĂ©e sur le lit), on utilise le verbe siƂtsooz (est posĂ©e) parce que le sujet shi’éé’ (ma chemise) se rĂ©fĂšre Ă  un objet plat et flexible. Dans la phrase Siziiz tsĂĄsk’eh bikĂĄa’gi dah silĂĄ, « Ma ceinture est posĂ©e sur le lit », on utilise le verbe silĂĄ (est posĂ©e) parce que le sujet siziiz (ma ceinture) se rĂ©fĂšre Ă  un objet mince et flexible.

Le koyukon (langue athapascane du nord) possĂšde un systĂšme de classification plus complexe. Comme le navajo, il a des radicaux verbaux classificateurs en fonction de la distinction animĂ© / inanimĂ©, de la forme et de la consistance. Toutefois, les verbes koyukon ont en plus ce qu’on appelle des « prĂ©fixes de genre » qui opĂšrent une classification supplĂ©mentaire. Le koyukon a donc en fait deux systĂšmes diffĂ©rents de classification des noms : (a) un systĂšme de classification verbale et (b) un systĂšme de genres. Par exemple, le radical verbal -tonh est utilisĂ© pour les objets contenus. Lorsque -tonh est combinĂ© avec tel ou tel prĂ©fixe de genre, il peut en rĂ©sulter la forme daaltonh, qui se rĂ©fĂšre Ă  des objets contenus dans des boĂźtes, ou etltonh s’ils sont contenus dans des sacs.

Langues australiennes aborigĂšnes

Le dyirbal est bien connu pour son systÚme à quatre classes nominales, qui tendent à se répartir sémantiquement comme suit :

  1. ĂȘtres animĂ©s, hommes ;
  2. femmes, eau, feu, violence ;
  3. fruits et légumes comestibles ;
  4. divers (choses n’entrant pas dans les trois premiĂšres catĂ©gories).

Par exemple, la classe habituellement Ă©tiquetĂ©e « fĂ©minin » comprend les mots concernant le « feu » et les crĂ©atures et phĂ©nomĂšnes dangereux. Ceci a inspirĂ© le titre de l’ouvrage de George Lakoff, Women, Fire and Dangerous Things (ISBN 0-226-46804-6).

Le ngangikurrunggurr a une classe nominale rĂ©servĂ©e aux canines et aux armes de chasse, et l’anindilyakwa a une classe rĂ©servĂ©e pour les objets qui reflĂštent la lumiĂšre. Le diyari ne distingue qu'entre les choses femelles et les autres. C’est peut-ĂȘtre dans la langue yanyuwa que figure le plus grand nombre de classes nominales puisqu'on en compte 16.

Langues caucasiennes

Certaines langues du nord-ouest du Caucase et presque toutes celles de la famille du nord-est du Caucase prĂ©sentent des classes nominales. Dans cette derniĂšre, seuls le lezguien, l’oudi et l’agul n’en possĂšdent pas. Certaines de ces langues n'ont que deux classes, et le bats en connaĂźt huit. Toutefois, le systĂšme le plus rĂ©pandu est fondĂ© sur quatre classes : masculin, fĂ©minin, ĂȘtres animĂ©s et certains objets, et une derniĂšre classe pour les autres noms. L'andi a une classe rĂ©servĂ©e pour les insectes.

Parmi les langues du nord-ouest du Caucase, l'abkhaze prĂ©sente une distinction entre mĂąle et humain d’une part et femelle et non humain d’autre part. L’oubykh prĂ©sente certaines flexions basĂ©es sur un schĂ©ma similaire mais seulement dans certains cas, et la flexion liĂ©e Ă  la classe nominale n’est mĂȘme pas obligatoire.

Dans toutes les langues caucasiennes qui connaissent les classes les marquent non sur le nom-mĂȘme mais sur les Ă©lĂ©ments dĂ©pendants, verbes, adjectifs, pronoms et prĂ©positions.

Langues nigéro-congolaises

Les langues nigĂ©ro-congolaises peuvent avoir 10 classes ou davantage, dĂ©finies selon des critĂšres non liĂ©es au sexe. Le peul possĂšde environ 26 classes nominales (le nombre exact varie lĂ©gĂšrement selon le dialecte). Selon Steven Pinker, le kivunjo utilise 16 classes nominales, avec des classes pour les positions prĂ©cises et pour les localisations gĂ©nĂ©rales, des classes pour les groupes ou paires d’objets et des classes pour les objets rĂ©unis en groupes ou en paires, des classes pour les qualitĂ©s abstraites[1].

Langues bantoues

Selon Carl Meinhof, les langues bantoues possĂšdent au total 22 classes nominales (cette notion a Ă©tĂ© introduite par WWJ Bleek). Si on ne connaĂźt aucune langue qui les exprime toutes, la plupart d’entre elles en possĂšdent au moins 10. Par exemple, selon le dĂ©nombrement de Meinhof, le swahili en aurait 15, le sesotho 18 et le luganda 19.

Les spĂ©cialistes des langues bantoues soulignent qu’il existe une diffĂ©rence nette entre les genres (tels que dans les langues afro-asiatiques et indo-europĂ©ennes) et les classes nominales (telles que dans les langues Niger-Congo). Les langues possĂ©dant des classes nominales distinguent les noms formellement sur la base de significations hyperonymiques. La catĂ©gorie des classes nominales y remplace la catĂ©gorie du genre mais aussi celles du nombre et du cas.

Les critiques de l’approche de Meinhof remarquent que son systĂšme de dĂ©nombrement des classes nominales rĂ©partit le singulier et le pluriel d’un mĂȘme nom dans des classes sĂ©parĂ©es. Cela leur semble en contradiction avec la maniĂšre dont d'autres langues sont traditionnellement considĂ©rĂ©es, avec le nombre orthogonal au genre. Selon ces critiques, une analyse Ă  la maniĂšre de Meinhof aboutirait Ă  9 genres pour le grec ancien. Si on s'en tient Ă  la tradition linguistique plus gĂ©nĂ©rale, et on considĂšre les singuliers et les pluriels comme appartenant Ă  une mĂȘme classe, alors le swahili aurait 8 ou 9 classes, le sesotho 11 et le luganda 10.

La mĂ©thode de dĂ©nombrement de Meinhof a tendance Ă  ĂȘtre utilisĂ©e dans des travaux scientifiques portant sur la comparaison entre diffĂ©rentes langues bantoues. Par exemple en swahili, le mot rafiki (ami) appartient Ă  la classe 9 et sa « forme plurielle », marafiki est en classe 6, mĂȘme si la plupart des noms de la classe 9 ont le pluriel de la classe 10. Pour cette raison, on Ă©voque souvent les classes nominales en combinant leur singulier et leur pluriel. Par exemple, rafiki est classĂ© "6/9" pour indiquer qu’il est de la classe 6 au singulier et de la classe 9 au pluriel.

Cependant, ces exceptions ne concernent pas toutes les langues bantoues. En luganda, chaque classe au singulier a une classe correspondante au pluriel (sauf une classe qui ne prĂ©sente pas de distinction singulier-pluriel), et en swahili, il n’y a pas d’exceptions de ce type. C'est pourquoi les linguistes spĂ©cialistes du luganda utilisent le systĂšme de numĂ©rotation orthogonale lorsqu’ils discutent la grammaire luganda (dans un autre contexte que dans celui de la linguistique comparative des langues bantoues) et indiquent les 10 classes nominales traditionnelles de cette langue.

Voici une liste complĂšte des classes nominales en swahili :

No de classe Préfixe Sens habituel
1m-, mw-, mu-singulier: personnes
2wa-, w-pluriel: personnes (contrepartie de la classe 1)
3m-, mw-, mu-singulier: plantes
4mi-, my-pluriel: plantes (contrepartie de la classe 3)
5ji-, j-, 0-singulier: fruits
6ma-, m-pluriel: fruits (contrepartie des classes 5, 9, 11, rarement 1)
7ki-, ch-singulier: choses
8vi-, vy-pluriel: choses (contrepartie de la classe 7)
9n-, ny-, m-, 0-singulier: animaux, choses
10n-, ny-, m-, 0-pluriel: animaux, choses (contrepartie des classes 9 and 11)
11u-, w-, uw-singulier: pas de sémantique nette
15ku-, kw-noms déverbaux
16pa-localisations: proche de
17ku-localisation indéfinie ou direction
18mu-, m-localisations: Ă  l’intĂ©rieur de

0- signifie absence de prĂ©fixe. Il faut noter que certaines classes sont homonymiques (notamment 9 et 10). En swahili, la classe proto-bantoue 12 a disparu, les classes 7 et 13 ont fusionnĂ©, de mĂȘmr que les classes 11 et 14.

Les préfixes de classes apparaissent aussi sur les adjectifs et les verbes :

Kitabu kikubwa kinaanguka.

cl.7-livre cl.7-grand, gros cl.7-PRÉSENT-tomber

‘Le gros livre tombe.’

Les marques apparaissant sur les adjectifs peuvent différer des préfixes du nom :

Mtoto wangu alikinunua kitabu.

cl.1-enfant cl.1-mon cl.1-PASSÉ-cl.7-acheter cl.7-livre

‘Mon enfant a achetĂ© un livre.’

Dans cet exemple, le préfixe verbal a- et le préfixe pronominal wa- sont en concordance avec le préfixe nominal m- et expriment tous la classe 1 en dépit de leur forme divergente.

Zandé

Le zandé (langue des Zandés, en Afrique centrale) distingue quatre classes nominales :

CritĂšre Exemple Traduction
humain (masculin)kumbamari
humain (féminin)diaépouse
animĂ©nyabĂȘte (animal)
autresbambumaison

Il existe environ 80 noms inanimĂ©s qui se trouvent dans la classe des animĂ©s, parmi lesquels des noms dĂ©notant des objets cĂ©lestes (lune, arc-en-ciel), des objets mĂ©talliques (marteau, anneau), des plantes comestibles (patate douce, pois) et des objets non mĂ©talliques (sifflet, balle). De nombreuses exceptions sont associĂ©es Ă  une forme arrondie, et certaines peuvent s’expliquer par leur rĂŽle dans la mythologie zandĂ©.

Annexes

Bibliographie

  • Craig, Colette G. (1986). Noun classes and categorization: Proceedings of a symposium on categorization and noun classification, Eugene, Oregon, October 1983. Amsterdam: J. Benjamins.
  • Corbett, Greville G. (1991) Gender, Cambridge University Press —A comprehensive study; looks at 200 languages.
  • Corbett, Geville (1994) "Gender and gender systems". En R. Asher (ed.) The Encyclopedia of Language and Linguistics, Oxford: Pergamon Press, pp. 1347--1353.
  • Greenberg, J. H. (1978) "How does a language acquire gender markers?". En J. H. Greenberg et al. (eds.) Universals of Human Language, Vol. 4, pp. 47--82.
  • Hockett, Charles F. (1958) A Course in Modern Linguistics, Macmillan.
  • Ibrahim, M. (1973) Grammatical gender. Its origin and development. La Haya: Mouton.
  • Iturrioz, J. L. (1986) "Structure, meaning and function: a functional analysis of gender and other classificatory techniques". FunciĂłn 1. 1-3.
  • Meissner, Antje & Anne Storch (eds.) (2000) Nominal classification in African languages, Institut fĂŒr Afrikanische Sprachwissenschaften, Johann-Wolfgang-Goethe-UniversitĂ€t, Frankfurt am Main. Köln: RĂŒdiger Köppe Verlag. (ISBN 3-89645-014-X).
  • Ohly, R., Kraska-Szlenk, i., PodobiƄska, Z. (1998) Język suahili. Wydawnictwo Akademickie "Dialog". Warszawa. (ISBN 83-86483-87-3)
  • Pinker, Steven (1994) The Language Instinct, William Morrow and Company.
  • ĐœŃŃ‡ĐžĐœĐ°, Е.Н. (1987) КратĐșĐžĐč ĐłŃ€Đ°ĐŒĐŒĐ°Ń‚ĐžŃ‡Đ”ŃĐșĐžĐč ĐŸŃ‡Đ”Ń€Đș ŃĐ·Ń‹ĐșĐ° ŃŃƒĐ°Ń…ĐžĐ»Đž. In: ĐĄŃƒĐ°Ń…ĐžĐ»Đž-руссĐșĐžĐč ŃĐ»ĐŸĐČарь. Kamusi ya Kiswahili-Kirusi. ĐœĐŸŃĐșĐČĐ°. "РуссĐșĐžĐč ĐŻĐ·Ń‹Đș".

Notes et références

  1. Pinker, Steven (1994) The Language Instinct, William Morrow and Company.

Source

Liens externes

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