Accueil🇫🇷Chercher

Maté

Le maté (mate en espagnol, chimarrão en portugais pour le sud du Brésil) est une boisson traditionnelle sud-américaine issue de la culture des Amérindiens Guaranis, préparée en infusant des feuilles de yerba mate, une espèce proche du houx. Le maté est un stimulant, améliorant la réactivité et les capacités de concentration[1], et sa consommation à long terme apporte plusieurs effets bénéfiques sur la santé[2] - [3] - [4] - [5].

Maté
Chimarrão
Image illustrative de l’article Maté
Un maté dans une calebasse avec une bombilla.

Pays d’origine Territoire de la population Guaraní (Actuellement le Paraguay, l’Argentine, le sud-est de la Bolivie, le Brésil et l‘Uruguay)
Type Infusion
Principaux ingrédients Ilex paraguariensis
Variante(s) Téréré (Boisson froide avec du jus de fruit), Maté cocido (Maté cuit, sous forme de sachet de thé)

Avec le thé et le café, le maté fait partie des trois principales boissons contenant de la caféine les plus consommées dans le monde. Le maté est ainsi fortement consommé en Argentine, au Paraguay, en Uruguay, et dans le sud du Brésil, parfois au Chili et en Bolivie. En dehors de l'Amérique du Sud sa consommation reste moins importante que celle du thé ou du café, mais elle est en forte progression ces dernières années. Le maté importé d'Amérique du Sud dans l'orient arabe est également consommé de manière non négligeable au Liban mais surtout en Syrie.

Les instruments utilisés pour la préparation du maté sont la calebasse et la bombilla (sorte de paille métallique terminée par un filtre). Ces éléments sont importants dans la culture de certains pays d'Amérique du Sud, où il n'est pas rare de voir des personnes boire le maté dans la rue.

Histoire

Origine du mot

Le mot maté est un emprunt au quechua mati, qui désigne une « sorte de calebasse transformée en vase qui sert pour la préparation du maté » et par extension la boisson elle-même[6]. L'espagnol mate est attesté en 1570 : sa première occurrence enregistrée se trouve chez Lope de Atienza[6].

En français, le maté est aussi désigné par les locutions nominales « thé des jésuites », « thé du Paraguay » et « thé des Indiens »[7].

La prononciation locale, en Argentine et en Uruguay, transforme le premier son de Yerba en ajoutant une friction. En phonétique, cela donne /'ʃɛrβa/ ou /'ʒɛrβa/. En portugais du Brésil l'herbe est appelée Erva mate (/'ɛrva 'mati/).

Dans les trois États du sud du Brésil, celui du Rio Grande do Sul, de Santa Catarina et du Paraná, le maté est connu sous le nom de chimarrão mais sa composition demeure identique. En Bolivie, et au Pérou, le mot « mate » désigne toute infusion de plantes, comme la coca (Erythroxylum coca), la camomille ou l'anis. Par exemple, le tri-mate (ou tres mates) est un mélange des trois plantes citées ci-dessus. En espagnol, le mot mate comme le nom de la boisson est écrit sans accent ; maté (avec l'accent) est la première personne du passé simple du verbe matar (tuer).

Développement de la consommation de maté

Les jésuites, présents au Paraguay pendant deux siècles, développèrent sa culture et l'étendirent dans les pays voisins : Uruguay, Argentine et le sud du Brésil. Le maté est d'ailleurs appelé le thé des jésuites.

Production

Yerba mate

La plante utilisée, la yerba mate (Ilex paraguariensis), parfois appelée « thé du Paraguay », « thé des Jésuites » ou « thé du Brésil », est une espèce sud-américaine du genre Ilex (comme les houx) et dont les feuilles, que l'on torréfie et pulvérise, fournissent, infusées dans l'eau chaude, une boisson stimulante, aux effets semblables à ceux du café ou du thé.

Le maté appartient à la famille des Aquifoliacées. Il est traditionnellement utilisé dans les asthénies fonctionnelles. Les feuilles sont inscrites à la pharmacopée française et il existe plusieurs spécialités pharmaceutiques.

Cette plante contient des bases xanthiques : caféine, théobromine, théophylline. Elle contient également des flavonoïdes, des saponosides triterpéniques et des vitamines.

Préparation

Préparation du maté
Les différentes phases de la préparation du maté :
1. Chauffer l'eau (70 à 75°) ;
2. Remplir la calebasse de feuilles aux 2/3 ;
3. Agiter ;
4. Mettre les feuilles sur un côté ;
5. Mettre la bombilla du côté où il y a le moins de feuille ;
6. Verser l'eau du côté de la bombilla ;
7. Pour le mate sucré : ajouter le sucre du côté de la bombilla.

Le maté peut être bu chaud ou froid, mais a une autre forme s'il est consommé froid : il s'appelle alors tererè et se boit dans une corne, la guampa. Il se boit dans une calebasse grâce à un tube métallique qui sert aussi de filtre, la bombilla.

Les Gauchos suivent un rituel précis pour consommer le maté : assis en cercle, ils se passent la boisson de main en main dans le sens des aiguilles d'une montre[8].

Il existe des différences régionales : au Brésil, on boit le maté dans des calebasses plus grandes, au Nord de l'Argentine on y ajoute du sucre, au Paraguay on le boit glacé, les Uruguayens le consomment régulièrement dans la rue, tandis que les Argentins considèrent davantage la consommation de maté comme une activité personnelle qui doit rester à l'intérieur de la maison[8]. La méthode la plus courante de préparation du maté consiste à déposer l'herbe dans la calebasse avant d'y ajouter de l'eau très chaude mais pas bouillante. Elle est alors remplie d'herbe à moitié environ. Après cette préparation, on peut ajouter d'autres plantes, une pratique très courante au Paraguay. Une fois la calebasse remplie, le préparateur la saisit à pleine main en couvrant l'ouverture avec sa paume. Il la retourne et la secoue brièvement pour que les particules les plus fines de l'herbe forment un dépôt dans la partie supérieure de la calebasse, ensuite enlevée[8]. L'herbe est mise dans une position oblique avant d'être à nouveau secouée, plus doucement. Elle continue à se déposer d'un côté de la calebasse. On remet ensuite la calebasse droite puis on y place la bombilla, la paille filtrante. Cette méthode de préparation permet d'éviter que les herbes ne bouchent la bombilla et de reremplir la calebasse plusieurs fois sans affecter le goût de la boisson[8].

On trouve également du maté — nature ou aromatisé — conditionné en infusettes, comme le thé ou la tisane, et en poudre soluble.

  • Feuilles et tiges de yerba mate
    Feuilles et tiges de yerba mate
  • Un maté du XVIIIe siècle.
    Un maté du XVIIIe siècle.
  • Une bombilla/paille.
    Une bombilla/paille.

Effets sur la santé

Le maté est également hypocholestérolémiant, hépatoprotecteur[3], diurétique[9] et antioxydant[4]. De plus, il aurait des bienfaits sur le système cardiovasculaire[5], protégerait l'ADN de l'oxydation et (au moins in vitro) les lipoprotéines LDL de la peroxydation[10]. Ce stimulant du système nerveux central serait également un traitement possible de l'obésité[11] - [12] - [13].

D'un autre coté, des doses élevées et une consommation prolongée de maté sont associées à un risque accru de cancer de la prostate, de la vessie, de la bouche, de l’œsophage, des poumons, de la tête et du cou à cause de la présence d’hydrocarbures aromatiques polycycliques, HAP, des molécules qui donnent à la boisson un goût fumé[14].

Il est courant de boire le maté très chaud en Amérique du Sud. Il existe un lien de corrélation entre la consommation régulière de boissons brûlantes, plus précisément à une température supérieure à 65 °C, et le risque de développer un cancer de l’œsophage[15]. Le centre international de recherche sur le cancer (CIRC) recommande donc de le laisser un peu refroidir et d'éviter de le boire brûlant.

Commerce et popularité internationale

La République argentine est le principal producteur et exportateur de yerba maté au monde. En 2020, le pays a exporté 42,9 millions de kilos. La principale destination est la Syrie, suivie du Chili et de l'Union européenne. La Syrie représentait 76 % des ventes à l'exportation en 2020[16].

La France est importatrice de maté.

En 2014 ont été exportées mensuellement en moyenne 27 tonnes et importées 42 tonnes, avec un prix moyen observé à la frontière de 3 100 â‚¬/t[17].

Notes et références

  1. (en) Tenorio Sanz et Torija Isasa, « Mineral elements in mate herb (Ilex paraguariensis St. H.) », Arch Latinoam Nutr, vol. 41, no 3,‎ , p. 441–454 (PMID 1824521)
  2. Studies on Yerba mate healthy energy
  3. R. Filip et G. E. Ferraro, « Researching on new species of "Mate": Ilex brevicuspis: phytochemical and pharmacology study », European Journal of Nutrition, vol. 42, no 1,‎ , p. 50–54 (ISSN 1436-6207, PMID 12594541, DOI 10.1007/s00394-003-0399-1, lire en ligne, consulté le )
  4. (en) Rosana Filip, Silvina B. Lotito, Graciela Ferraro et Cesar G. Fraga, « Antioxidant activity of Ilex paraguariensis and related species », Nutrition Research, vol. 20, no 10,‎ , p. 1437–1446 (ISSN 0271-5317, DOI 10.1016/S0271-5317(00)80024-X, lire en ligne, consulté le )
  5. Schinella G, Fantinelli JC, Mosca SM. 2005. "Cardioprotective effects ofIlex paraguar-iensisextract: evidence for a nitric oxide-dependent mechanism." Clin Nutr 24:360–6
  6. Informations lexicographiques et étymologiques de « maté » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales [consulté le 7 octobre 2017].
  7. Informations lexicographiques et étymologiques de « thé » (sens B, 1, b) dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales [consulté le 8 octobre 2017].
  8. (en) David William Foster, Melissa Lockhart, Melissa Fitch Lockhart et Darrell B. Lockhart, Culture and Customs of Argentina, Greenwood Publishing Group, , 173 p. (ISBN 978-0-313-30319-7, lire en ligne)
  9. A. González, F. Ferreira, A. Vázquez et P. Moyna, « Biological screening of Uruguayan medicinal plants », Journal of Ethnopharmacology, vol. 39, no 3,‎ , p. 217–220 (ISSN 0378-8741, PMID 8258980, DOI 10.1016/0378-8741(93)90040-c, lire en ligne, consulté le )
  10. Bracesco N, Dell M, Rocha A, Behtash S, Menini T, Gugliucci A, Nunes E. 2003. "Antioxidant activity of a botanical extract preparation ofIlex paraguariensis: preventionof DNA double-strand breaks inSaccharomyces cerevisiaeand human low-densitylipoprotein oxidation." J Altern Complement Med 9:379–87
  11. T. Andersen et J. Fogh, « Weight loss and delayed gastric emptying following a South American herbal preparation in overweight patients », Journal of Human Nutrition and Dietetics: The Official Journal of the British Dietetic Association, vol. 14, no 3,‎ , p. 243–250 (ISSN 0952-3871, PMID 11424516, DOI 10.1046/j.1365-277x.2001.00290.x, lire en ligne, consulté le )
  12. Max H. Pittler et Edzard Ernst, « Dietary supplements for body-weight reduction: a systematic review », The American Journal of Clinical Nutrition, vol. 79, no 4,‎ , p. 529–536 (ISSN 0002-9165, PMID 15051593, DOI 10.1093/ajcn/79.4.529, lire en ligne, consulté le )
  13. T. Opala, P. Rzymski, I. Pischel et M. Wilczak, « Efficacy of 12 weeks supplementation of a botanical extract-based weight loss formula on body weight, body composition and blood chemistry in healthy, overweight subjects--a randomised double-blind placebo-controlled clinical trial », European Journal of Medical Research, vol. 11, no 8,‎ , p. 343–350 (ISSN 0949-2321, PMID 17052970, lire en ligne, consulté le )
  14. « High Levels of Carcinogenic Polycyclic Aromatic Hydrocarbons in Mate Drinks », sur aacrjournals.org (consulté le )
  15. « Facteurs de risque du cancer de l'œsophage », sur www.cancer.ca (consulté le )
  16. (es) www.innovavista.net, « Revista Bien Nuestro », sur Instituto Nacional de la Yerba Mate (consulté le )
  17. Douane française, Statistiques nationales du commerce extérieur

Voir aussi

Article connexe

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.