AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Parc national Torres del Paine

Le parc national Torres del Paine (en espagnol : Parque Nacional Torres del Paine) est un parc national du Chili situĂ© entre la cordillĂšre des Andes et la steppe de Patagonie. Administrativement, il appartient Ă  la XIIe rĂ©gion de Magallanes et de l'Antarctique chilien et Ă  la province de Última Esperanza.

Parc national Torres del Paine
Les Torres del Paine, série de trois pics granitiques qui ont donné leur nom au parc national.
GĂ©ographie
Pays
RĂ©gion
Province
Coordonnées
51° 02â€Č 20″ S, 73° 07â€Č 28″ O
Ville proche
Superficie
2 422,42 km2[1]
Administration
Type
Catégorie UICN
II
WDPA
Création
Visiteurs par an
211 886
Administration
Site web
GĂ©olocalisation sur la carte : Chili
(Voir situation sur carte : Chili)
GĂ©olocalisation sur la carte : Terre de Feu
(Voir situation sur carte : Terre de Feu)
Un resserement dans la vallée bloque un glacier et préserve un grand lac de montagne. Au-dessus trois pics neigeux volent dans les nuages.
Les « Torres del Paine ».

D'une surface de 181 414 hectares (ou 242 242 ha selon les sources), le parc est crĂ©Ă© le . Il est dĂ©clarĂ© rĂ©serve de biosphĂšre, le par l'UNESCO. Ce parc est gĂ©rĂ© par un organisme chilien, la CorporaciĂłn Nacional Forestal (CONAF).

Sa principale fonction est la conservation des paysages, des Ă©cosystĂšmes, des espĂšces et de la diversitĂ© gĂ©nĂ©tique du massif del Paine. Sa surface se caractĂ©rise par son hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© paysagĂšre, oĂč convergent des montagnes, des glaciers, des vallĂ©es, des Ă©tangs et de grands lacs.

Il tient son nom de trois formations granitiques emblématiques du massif del Paine : les Torres (Tours) del Paine. Celles-ci lui confÚrent un fort attrait touristique. De nombreux sentiers et refuges permettent d'en faire un lieu majeur de trekking.

La frĂ©quentation du parc est en augmentation considĂ©rable chaque annĂ©e : de 8 338 visiteurs en 1986, elle passe Ă  41 402 en 1995, 107 091 visiteurs en 2005 pour atteindre 211 886 visiteurs en 2016 (dont prĂšs de 58 % d'Ă©trangers)[2].

GĂ©ographie

Commune de Torres del Paine.

Le parc couvre 2 422,42 km2 dans le sud du Chili, prĂšs de la frontiĂšre avec l'Argentine. Il est situĂ© Ă  400 km de Punta Arenas et Ă  154 km de Puerto Natales. Il est localisĂ© dans la commune de Torres del Paine, elle-mĂȘme situĂ©e dans la province de Última Esperanza et la rĂ©gion de Magallanes et de l'Antarctique chilien.

Le parc partage sa limite nord avec le parc national argentin Los Glaciares et sa limite ouest avec le parc national Bernardo O'Higgins.

GĂ©ologie

Le massif del Paine est beaucoup plus jeune que ceux de la cordillĂšre des Andes. Cette derniĂšre s'est formĂ©e entre il y a 60 et 13 millions d'annĂ©es alors que le massif s'est formĂ© il y a seulement 12 millions d'annĂ©es[3].

Les roches les plus vieilles du parc sont des roches sĂ©dimentaires de type flysch qui proviennent de l'Ă©rosion des Andes nouvellement crĂ©Ă©es. Elles se sont formĂ©es au CrĂ©tacĂ© infĂ©rieur et supĂ©rieur entre 112 et 83,5 millions d'annĂ©es. Les plus vieilles roches (formation de Punta Barrosa) sont composĂ©es de grĂšs intercalĂ© de shales et les plus jeunes (formation de Cerro Toro) sont composĂ©es de shales, intercalĂ©s de marne, avec des lentilles de grĂšs et de conglomĂ©rat[4].

En il y a 12 millions d'annĂ©es, au MiocĂšne, le dĂ©placement vers le nord de la limite entre la plaque antarctique et la plaque de Nazca provoqua l'intrusion d'un laccolite de 10 km par 20 km ayant une Ă©paisseur de 2 000 m. Cette intrusion crĂ©a le cƓur du massif del Paine. Les roches sont composĂ©es en majoritĂ© de gabbro, de monzodiorite, de monzodiorite quartzifĂšre et de granitoĂŻde. Le territoire possĂšde aussi quelques petites intrusions plus anciennes datant d'il y a 29 millions d'annĂ©es[4].

Entre il y a 3,5 millions d'annĂ©es Ă  14 000 ans, les glaciations modelĂšrent le paysage pour enlever les couches de roches supĂ©rieures et donner au parc son aspect actuel[3].

Relief

Le massif a la forme d’un rectangle, orientĂ© nord-est/sud-ouest et tailladĂ© de deux vallĂ©es profondes et parallĂšles dans le sens nord-ouest/sud-est, lui donnant la forme d’un « M ». Ses dimensions sont environ 24 km de long sur 13 km de large. On peut diviser le massif en divers secteurs principaux :

  • le Cerro Paine Grande, situĂ© au sud-ouest du massif, possĂšde quatre sommets : la Cumbre principal (Sommet principal, 3 050 m), la Punta Bariloche (Pointe Bariloche, 2 600 m), la Cumbre Central (Sommet central, 2 730 m) et la Cumbre Norte (Sommet Nord, 2 750 m) ;
Cuernos del Paine (Central et Este), vallée Bader et Monte Almirante Nieto.
  • les Cuernos del Paine : ce sont trois sommets reconnaissables Ă  leur formes massives et surtout Ă  leurs couleurs. En effet, leur sommet et leur base sont de couleur foncĂ©e et de matĂ©riau sĂ©dimentaire. Au contraire la partie centrale est nettement plus claire et se distingue immĂ©diatement. Cette partie centrale est du granite. Les couches sĂ©dimentaires supĂ©rieures sont des tĂ©moins des couches sĂ©dimentaires Ă©rodĂ©es par les glaciers et les vents. Si on regarde bien la partie granitique est du Cuerno Este, on peut noter des zones plus sombres qui font penser au dessin d'un gaucho Ă  cheval :
  • la vallĂ©e Bader ;
  • le mont Almirante Nieto : le mont Almirante Nieto est un imposant sommet, culminant Ă  2 640 m. De mĂȘme que pour les Cuernos, on observe les deux couleurs dues aux diffĂ©rents matĂ©riaux qui le composent. Il reprĂ©sente le cĂŽtĂ© est de la vallĂ©e Ascensio (nommĂ© en hommage Ă  Ascencio Brunel qui a Ă©tĂ© capturĂ© dans le parc en 1902), au creux de laquelle coule le RĂ­o Ascensio ;
  • la vallĂ©e Ascensio et les Torres del Paine : la vallĂ©e Ascensio est la seconde d’importance du massif. C’est elle qui permet d’accĂ©der aux fameuses Torres del Paine. Ces trois pics granitiques sont alignĂ©s selon un axe nord-est/sud-ouest, et sont respectivement appelĂ©es Torre Norte, Central et Sur (Tour Nord, Centrale et Sud). Elles culminent respectivement Ă  2 600 m, 2 800 m, 2 850 m. Le relief au-delĂ  de la Torre Norte est appelĂ© Nido del Condor. On y observe une fois encore la superposition des matĂ©riaux sĂ©dimentaires et granitiques, tandis que les tours sont de granite pur. Au fond de la vallĂ©e se dessine le Cerro Oggioni qui culmine Ă  1 697 m ;
  • le Cerro Paine : ce petit sommet de 1 508 m d’altitude fait face au mont Almirante Nieto, de l’autre cĂŽtĂ© de la vallĂ©e Ascensio. Il est l’extrĂ©mitĂ© sud-est du massif ;
  • les glaciers : au sein du massif, trois glaciers d’importance sont prĂ©sents, tous du cĂŽtĂ© Est. Sur le flanc sud-ouest du Paine Grande, se trouve le glacier del FrancĂ©s. À l’extrĂ©mitĂ© Nord-Ouest du massif, deux glaciers dĂ©butant au mĂȘme endroit s’écoulent l’un vers la face Nord du massif (glacier los Perros) et l’autre vers la face Est du massif (glacier OlguĂ­n).

Hormis le massif du Paine, peu de sommets se dĂ©tachent nettement du territoire du parc. On peut cependant citer le Cerro Ferrier (le plus au nord) et le Cerro Donoso. Ces deux sommets, de respectivement 1 599 m et 1 481 m sont visibles depuis l’administration, en regardant plein est. Ils sĂ©parent le rĂ­o Grey du champ de glace de Patagonie Sud. À l’ouest de l’administration est visible la sierra del Toro, Ă  l’aplomb du lac del Toro. Son point le plus haut (Ă  l’intĂ©rieur du parc) culmine Ă  1 158 m et est situĂ© au sud de la lagune Verde.

Climat

Selon la classification de Köppen, le parc se trouve dans la « zone de climat tempĂ©rĂ© froid pluvieux sans saison sĂšche ». Les conditions climatiques du parc sont trĂšs variĂ©es, du fait de l'orographie complexe. L'Ă©tĂ© (dĂ©cembre Ă  fĂ©vrier) y est frais avec une tempĂ©rature maximale de 15 °C et un minimal de 3 °C. La tempĂ©rature de la saison hivernale a un maximum de 8 °C et un minimal de −2,5 °C. L'amplitude annuelle de la tempĂ©rature n'est que de 12 °C[5].

Les mois les plus pluvieux sont mars et avril (automne austral), avec une moyenne mensuelle de 80 mm. Cela reprĂ©sente le double de la pĂ©riode juillet-octobre (hiver-printemps), qui sont les mois les plus secs. Le parc possĂšde un importante diffĂ©rence de la pluviomĂ©trie entre l'est et l'ouest. Les masses d'air humide de l'ocĂ©an Pacifique se heurtent au massif del Paine, dont l'altitude surpasse les 3 000 m, donnant au cĂŽtĂ© occidental une pluviomĂ©trie supĂ©rieur au cĂŽtĂ© oriental[5].

Le printemps et l'Ă©tĂ© sont les saisons les plus venteuses. Durant l'hiver, les basses tempĂ©ratures continentales annulent la dynamique des vents et empĂȘchent la venue des masses d'air polaire de l'Antarctique[5].

Hydrographie

Le parc possĂšde un grand rĂ©seau, complexe, de drainage naturel, fait de nombreuses riviĂšres, ruisseaux, lacs, lagunes[Note 1] et cascades qui naissent du champ de glace Sud de Patagonie (en espagnol : Campo de Hielo PatagĂłnico Sur) et coulent depuis le nord-est jusqu'au Seno Última Esperanza, l'anse qui baigne la ville de Puerto Natales. Les cours d’eau prĂ©sentent un profil longitudinal trĂšs accidentĂ©, avec des changements brusques de pentes, gĂ©nĂ©rant des chutes et des rapides.

Le champ de glace Sud de Patagonie occupe toute la partie Ouest du parc. Cinq glaciers sont alimentĂ©s par celui-ci. Ce sont, du nord au sud, les glaciers Dickson (es), Grey, Pingo, Zapata, Tyndall et Geikie, tous en rĂ©gression. Le plus grand est le glacier Grey. Son front est divisĂ© en deux bras, Ă  cause de l’émergence d’une pĂ©ninsule, communĂ©ment appelĂ© la Isla (l’Île) ou Nunatak. Celle-ci se dĂ©couvre un peu plus chaque annĂ©e. Le bras est mesure environ 1,2 km tandis que le bras ouest a une largeur d’environ 3,6 km. La longueur du glacier (Ă  l’intĂ©rieur du parc) est de 15 km.

Lac Nordenskjöld et Cerro Paine Grande

Le systĂšme hydrographique du parc s’écoule du nord au sud. Il commence au lac Dickson, qui est alimentĂ© par le glacier du mĂȘme nom. Il engendre le rĂ­o Paine qui forme plus loin vers l’est un premier lac : le lac Paine. Recevant par la suite les eaux de la lagune Azul (« bleue »), le rĂ­o Paine se jette dans le premier lac d’importance, le lac Nordenskjöld (du nom de l’explorateur suĂ©dois Otto Nordenskjöld), long de 14 km. Il communique, par l’intermĂ©diaire du Salto Grande (« grande chute d’eau »), avec le lac PehoĂ©. Ce dernier fait de mĂȘme avec le lac Toro, un des plus grands de la rĂ©gion. Celui-ci se dĂ©verse dans le RĂ­o Serrano. Cette riviĂšre se jette dans le Seno Última Esperanza, aprĂšs avoir captĂ© les eaux des rĂ­os Pingo, Grey, Tyndall et Geikie, chacun originaires du glacier du mĂȘme nom.

La formation des lacs fut le rĂ©sultat de l’activitĂ© et du poids glaciaire, combinĂ©e Ă  des cycles volcaniques et sismiques.

Selon la diffĂ©rence de disponibilitĂ© de substances nutritives pour les plantes, les lacs peuvent se classer en lacs oligotrophes ou eutrophes. Les premiers sont typiquement trĂšs profonds, d’origine glaciaire, pauvres en phosphore, azote et calcium (auquel cas l’oxygĂšne est trĂšs disponible Ă  toutes les profondeurs). Ce sont les lacs Dickson, Paine, Nordenskjöld, PehoĂ©, Grey, Pingo, Tyndall, Geikie et Toro.

Les eaux eutrophes sont quant à elles moins profondes et plus fertiles. Ces lacs et eaux sont typiques des régions géologiques plus anciennes. La végétation aquatique est plus abondante et la communauté du bassin est basée sur des populations importantes de zooplancton et phytoplancton. Ce sont pour la plupart des lagunes.

ÉlĂ©ments remarquables du rĂ©seau hydrographique

Les Cuernos del Paine vues du lac Pehoé.
Lac Sarmiento

Il est classĂ© comme un lac salĂ©, au regard de la chimie de son eau. Sa surface est de 86,2 km2 et sa profondeur maximale de 312 m. Il est alimentĂ© par des ruisseaux mineurs provenant de lagunes eutrophiques. La lagune Verde et la lagune Honda sont les sources de son unique ruisseau tributaire important. La clartĂ© de l’eau et la topographie sous-marine relativement peu accidentĂ©e sur les bords indiquent des zones Ă©tendues de chaĂźnes alimentaires et une trĂšs bonne photosynthĂšse. Cela permet la prĂ©sence de truites fario (Salmo trutta fario) introduites. Il n’est pas directement connectĂ© au rĂ©seau du rĂ­o Paine.

Lac del Toro ou Toro

Son nom (littĂ©ralement « lac du taureau ») proviendrait de sa forme. La topographie du lit est profondĂ©ment crevassĂ©e, ce qui limite les zones de faible profondeur. Sa zone littorale est ainsi relativement petite et avec peu de vĂ©gĂ©tation aquatique. C’est un lac de drainage avec un volume et une taille trĂšs importants (c'est le plus grand de la rĂ©gion) et de caractĂ©ristiques oligotrophes.

RĂ­o Serrano

Le RĂ­o Serrano est issu du lac del Toro. Il prĂ©sente un dĂ©bit considĂ©rable au printemps, atteignant des courants maximaux en Ă©tĂ©. Sa tempĂ©rature et sa clartĂ©, de mĂȘme que son alcalinitĂ©, changent radicalement aprĂšs la confluence avec le RĂ­o Grey. Quand ces deux riviĂšres se rejoignent, ils maintiennent leurs courants complĂštement sĂ©parĂ©s sur une distance considĂ©rable en aval, rendant la ligne entre les courants clairement visible.

Flore et faune

Deux insectes identiques Ă  carapace rouge et noire investissent une belle baie.
Phorbanta variabilis, des Acanthosomatidae, dans le parc national Torres del Paine. Janvier 2019.

Flore

La derniĂšre Ă©tude d’envergure produite sur la flore du parc est celle de Pisano (1974)[6]. Cette Ă©tude dĂ©nombre quatre zones biotiques qui recouvrent l’ensemble du territoire du parc. Ce sont autant de « vĂ©gĂ©tations-types » :

Zone biotique « Matorral pré-andin »

Le matorral.

ConfinĂ©e aux territoires de plaines et plateaux, la majeure partie des vĂ©gĂ©taux y prĂ©sentent des adaptations destinĂ©es Ă  Ă©conomiser de l’eau. Ils sont aussi trĂšs exposĂ©s au vent. Cette zone se divise en trois associations :

Association Matorral xĂ©rophyte prĂ©-andin Son territoire principal s’étend sur une bande plus ou moins continue mais de largeur variable, sur les terrains de plateaux et de petites hauteurs du bord occidental du massif et au nord du lac Sarmiento. Plus au nord, entre la lagune Amarga et la lagune Azul, elle s’entremĂȘle avec la Steppe de Patagonie.
L’espĂšce dominante et tĂ©moin est Mulinum spinosum (esp. : Mata barrosa) associĂ©e ou non Ă  Anarthrophyllum desideratum, Discaria serratifolia, Nardophyllum obtusifolium et Baccharis magellanica. La couverture herbacĂ©e est riche d’espĂšces telles que Acaena integerrima, Collomia biflora, Festuca gracillima, Festuca magellanica etc.

L'Association Matorral mĂ©sophyte prĂ©-andin Vers l’ouest et sur l’isohyĂšte de 700 mm, se trouve un matorral avec des caractĂ©ristiques plus mĂ©sophytes, d’une hauteur moyenne de 1,50 m, bien que ses composĂ©s puissent atteindre des hauteurs trĂšs diffĂ©rentes.
L’espĂšce tĂ©moin est Escallonia rubra. Lui sont associĂ©es d’autres espĂšces, parmi lesquelles on trouve des arbustes comme Adesmia boronioides (es) et Discaria serratifolia, des arbustes nains comme Berberis empetrifolia et Pernettya mucronata et de petits arbres : Embothrium coccineum et Maytenus magellanica.

Chloraea magellanica.

Association nano-arbustive Dans les endroits dĂ©frichĂ©s au feu, originellement occupĂ©s par Escallonia rubra, s’est Ă©tablie une communautĂ© naine arbustive dominĂ©e par Pernettya mucronata, formant une couverture fermĂ©e. Dans ces conditions, la couverture herbacĂ©e est quasi inexistante en tant que telle, et ne constitue jamais une strate continue. Ses principaux composĂ©s sont : Anemone multifida, Armeria elongata, Blechnum pennamarina, Calceolaria biflora, Chloraea magellanica, Deschampsia flexuosa, Gavilea lutea, Geum magellanicum, Lathyrus nervosus etc.

Zone biotique « ForĂȘt magellanique dĂ©cidue »

La forĂȘt magellanique dĂ©cidue.

On inclut dans cette zone biotique toutes les communautĂ©s arborĂ©es dans lesquelles le HĂȘtre de la Terre de Feu (ou HĂȘtre blanc) Nothofagus pumilio (esp. : Lenga) est prĂ©sent. Elle se divise en :

Association ForĂȘt magellanique dĂ©cidue

Nothofagus pumilio y est toujours le dominant et l’espĂšce arborĂ©e exclusive. C’est en gĂ©nĂ©ral une forĂȘt peu dense, composĂ©e d’arbres d’ñges diffĂ©rents. L’abondante rĂ©gĂ©nĂ©ration implique l’existence d’un grand nombre de classes de diamĂštre. Sa strate arbustive est pauvre et confinĂ©e Ă  la lisiĂšre et aux clairiĂšres de la forĂȘt.

Association ForĂȘt magellanique mixte

Elle se rencontre, de maniĂšre discontinue, Ă  l’ouest du parc, oĂč les prĂ©cipitations atteignent 800-850 mm annuels, depuis des terrains semi-plats Ă  des terrains en forte pente rocheuse.
Les deux espĂšces majoritaires sont Nothofagus pumilio et Nothofagus betuloides (esp. : CoigĂŒe de Magallanes). Il est difficile de dĂ©terminer la dominance gĂ©nĂ©rale. Nothofagus pumilio se dĂ©veloppe et domine dans des sites mieux drainĂ©s et dans des endroits hauts, oĂč les tempĂ©ratures basses sont un facteur limitant pour Nothofagus betuloides. Celui-ci domine sur les sols Ă  substrats rocheux et sur les sites Ă  drainage difficile, ou lorsqu’il existe une meilleure disponibilitĂ© en eau dans le sol.

Zone biotique « Steppe patagone »

La steppe patagonne.

La vĂ©gĂ©tation est basiquement composĂ©e de graminĂ©es pĂ©rennes, d’une hauteur moyenne Ă  basse. Sa strate basale est frĂ©quemment fermĂ©e, formĂ©e d’herbes pĂ©rennes de faible hauteur. Il n’existe pas de vĂ©ritables arbres, Ă  cause de la faible disponibilitĂ© d’humiditĂ© Ă©daphique et atmosphĂ©rique et des effets sĂ©chant du vent. Elle se divise en :

Association Festuca gracillima — Baccharis magellanica

Elle se situe dans les plaines alluviales qui s’étendent depuis l’embouchure du rĂ­o Paine dans le lac Toro, Ă  la naissance du rĂ­o Serrano, jusqu’autour du cours moyen du rĂ­o Grey et de la confluence de celui-ci avec le rĂ­o Serrano. Les prĂ©cipitations atteignent des valeurs (700 - 800 mm) trĂšs supĂ©rieures Ă  celles qui seraient nĂ©cessaires Ă  dĂ©finir ses conditions de steppe, mais le substrat alluvial des sols est profond, et favorise une rapide percolation et un drainage efficace de l’eau. Ces caractĂ©ristiques environnementales ont permis l’établissement d’une communautĂ© dont l’étage supĂ©rieur est dominĂ© par Festuca gracillima et l’infĂ©rieur par Baccharis magellanica. Dans des endroits oĂč les caractĂ©ristiques du sol ont crĂ©Ă© des conditions de « vega » (terrains trĂšs humides au Chili) apparaĂźt Danthonia, se substituant totalement aux dominants et s’associant avec Agrostis flavidula, Carex sp., Deschampsia antarctica, Eleocharis melanostachys, Euphrasia antarctica, Gentianella magellanica, Hordeum comosum, Pratia longiflora et Ranunculus peduncularis.

Association Festuca gracillima

Dans le parc, elle constitue la communautĂ© la plus caractĂ©ristique de la province biotique considĂ©rĂ©e. Ses manifestations les plus reprĂ©sentatives se rencontrent sur les terrains situĂ©s Ă  l’est des lacs Sarmiento et Toro, s’étendant jusqu’à l’ouest de la Sierra del Cazador et les contreforts de la Sierra Dorotea.

Sa physionomie est typiquement de type duriherbosa. L’espĂšce dominante forme la grande majoritĂ© de la couverture de l’étage herbacĂ© supĂ©rieur, tandis que de nombreuses herbacĂ©es pĂ©rennes couvre densĂ©ment le sol. L’étage arbustif est absent. Cependant, on rencontre des arbustes, plus ou moins isolĂ©s, rĂ©pondant principalement Ă  des conditions Ă©daphiques locales. Il n’y a pas d’arbres. Festuca gracillima est l’espĂšce dominante et caractĂ©ristique de l’association, croissant en forme de grandes touffes. S’y associent frĂ©quemment des touffes plus petites de Festuca magellanica et Festuca pyrogea et plus rarement Festuca pallescens et Stipa brevipes.

À l’étage herbacĂ© infĂ©rieur, les principales graminĂ©es sont Deschampsia flexuosa, Hordeum comosum, Poa alopecurus, Poa caespitosa, et Stipa humilis, qui dans des conditions d’ariditĂ© plus grandes, arrivent souvent Ă  dĂ©placer totalement F. gracillima. Font aussi partie de cet Ă©tage : Acaena argentea, A. integerrima, A. lucida, A. magellanica, A. pinnatifida, Adesmia pumila, Anemone multifida, Arjona patagonica, Arjona tuberosa, Armeria elongata var. chilensis, Azorella caespitosa, Azorella trifurcata, Calceolaria biflora, Collomia biflora, Erigeron patagonicus, Gamochaeta nivalis cabrera, Hypocchoeris incana, Lathyrus magellanicus var. glaucescens, Leuceria achillaeifolia, Nassauvia abbreviata, Perezia recurvata, Phaiophleps biflora, Lathyrus magellanicus, Sisyrinchium graminifolium Lindls, Sisyrinchium patagonicum (sv), etc.

Les rares arbustes sont représentés par Adesmia boronioides, Berberis buxifolia (esp. : Calafate), B. empetrifolia, Chiliotrichum diffusum, Mulinum spinosum et Verbena tridens Lag.

Association Matorral de Verbena tridens

Cette association arbustive est incluse dans le cadre de la province biotique de la steppe patagonne pour se voir conditionnĂ©e par ses caractĂ©ristiques climatiques. Elle est prĂ©sente sur des sols sableux Ă  limono-sableux, tant d’origine alluviale qu’éolienne. Sa physionomie est caractĂ©ristique : elle constitue un matorral de hauteur moyenne (1-1,5 m), avec souvent une valeur de couverture supĂ©rieure Ă  60 % et une caractĂ©ristique couleur verte noirĂątre.
Verbena tridens est son espĂšce dominante absolue Ă  l’étage arbustif. De maniĂšre exceptionnelle, elle peut s’associer Ă  Adesmia boronioides. Le terrain entre les arbustes prĂ©sente un grand pourcentage de dĂ©vĂ©gĂ©talisation et sa couverture herbacĂ©e se confine localement Ă  Festuca gracillima, entre les touffes de laquelle se rencontrent Calceolaria uniflora, Lathyrus magellanicus, Huanaca acaulis et Viola maculata.

Association arbustive halophyte

Son extension dans le parc est trĂšs rĂ©duite, rencontrĂ©e seulement en une fine bande autour de la lagune Amarga. Son inclusion dans cette province biotique est due aux mĂȘmes raisons que celles exprimĂ©es pour la prĂ©cĂ©dente. C’est une communautĂ© plus complexe et qui se dĂ©veloppe sur un sol de type solonetz avec une nappe phrĂ©atique Ă  faible profondeur et frĂ©quemment inondĂ©e en pĂ©riode pluvieuse. Elle prĂ©sente une physionomie de matorral Ă©pineux clairsemĂ©, avec une faible couverture basale.

Ses dominantes sont Berberis heterophylla et Berberis buxifolia, mais on peut considérer Adesmia campestris' comme espÚce témoin. Bien que rare dans la zone étudiée, elle se confine à cette communauté. S'y associent des arbustes épineux de communautés voisines, comme Discaria serratifolia var. et Mulinum spinosum, qui se trouvent fréquemment sur les sites plus élevés.

La strate herbacée est clairsemée et se situe de préférence dans les sites plus ouverts du matorral. Elle est formée par Chenopodium cfr. fuegianum, Colobanthus quitensis (Kunth) Bartl., Eriachaenium magellanicum, Haplopappus amenghinoi, Nitrophia occidentalis et Plantago maritima.

Association Halophyte palustre

Dans la zone occupĂ©e par le matorral halophyte, il existe des sites plats, bas, humides de façon permanente ou frĂ©quemment inondĂ©s, correspondants aux mĂ©andres terminaux des cours qui apportent saisonniĂšrement de l’eau Ă  la lagune Amarga. S'y dĂ©veloppe une communautĂ© halophyte palustre, formant couramment une couverture fermĂ©e. Elle est composĂ©e d’Euphrasia antarctica, Juncus scheuzeroides, Pratia longiflora, Ranunculus cymbalaria, Triglochin concinum et Veronica serpyllifolia.

Association Prairiale

Dans les lieux de la steppe patagonne oĂč on trouve des dĂ©pressions du relief, mais avec des conditions rĂ©guliĂšres de drainage, se dĂ©veloppent des sols avec un profil plus riche en argiles et limons et par consĂ©quent, avec une meilleure capacitĂ© de rĂ©tention d’humiditĂ©. Une situation comparable se prĂ©sente dans les terrains plats des fonds de vallĂ©es fluviales et sur les flancs doux d’oĂč jaillissent des sources d’eaux souterraines. Tous supportent une couverture herbacĂ©e prairiale et fermĂ©e, formĂ©e par des espĂšces avec des demandes hydriques plus grandes que les composants typiques des communautĂ©s steppiennes.
Parmi les espÚces les plus fréquentes on trouve Acaena magellanica, Alopecurus antarcticus, Aster vahlii, Bromus setifolius, Caltha sagittata, Carex atropicta, Carex canescens, Cerastium arvense, Deschampsia antarctica, Deschampsia cespitosa, Geum magellanicum, Hordeum comosum, Juncus spp., Lathyrus magellanicus var. glaucescens, Phleum alpinum, Poa pratensis, Poa scaberula, Scirpus spegazzinianus Barros, Taraxacum gilliesii et Vicia patagonica.

Zone biotique « Désert andin »

Le désert andin.

Elle regroupe tous les territoires, qui du fait des conditions climatiques dĂ©terminĂ©es par l’altitude, possĂšdent une vĂ©gĂ©tation manquant d’arbres ou d’arbustes hauts, qui n’atteignent pas une valeur de couverture de 30 %, et prĂ©sentant une physionomie variable.

Section sub-andine

Elle est caractérisée par Nothofagus pumilio, croissant en forme tortueuse, avec des feuillages trÚs denses. Il y est associé à des individus nains et rampants de Escallonia rubra et Ribes cucullatum.

Section andine intermédiaire

Elle se situe depuis le bord supĂ©rieur de la prĂ©cĂ©dente jusqu’à environ 1 000 m sur les terrains non glacĂ©s. Les plantes se rencontrent sĂ©parĂ©es par des distances considĂ©rables et localisĂ©es en microhabitats qui leur offrent une protection, augmentant la physionomie dĂ©sertique du paysage. Son caractĂšre le plus remarquable est la disparition des masses arborescentes de Nothofagus pumilio et une diminution quantitative et qualitative de la vĂ©gĂ©tation. Cette derniĂšre est composĂ©e des espĂšces parmi les plus xĂ©rophytes et cryophytes de la zone sub-andine. Les espĂšces arbustives sont des formes chaque fois plus petites, compactes et prostrĂ©es de Escallonia rubra, Empetrum rubrum et Senecio skottsbergii. Les espĂšces herbacĂ©es se prĂ©sentent encore plus espacĂ©es que dans la section prĂ©cĂ©dente et sont reprĂ©sentĂ©es par Adesmia corymbosa, Agrostis flavidula, Agropyron sp., Cerastium arvense, Poa sp. et Danthonia sp. entre autres.

Section andine désertique

Elle est localisĂ©e dans les territoires non glacĂ©s, Ă  environ 1 000 m d’altitude. S’y dĂ©veloppent de rares espĂšces, anatomiquement et morphologiquement adaptĂ©es aux effets combinĂ©s des basses tempĂ©ratures, des oscillations thermiques de grande amplitude, des forts vents, de l’ariditĂ©, et restant une grande partie de l’annĂ©e en repos vĂ©gĂ©tatif. Exception faite de Poa sp., ce sont des espĂšces de trĂšs petite taille, qui s’élĂšvent de quelques centimĂštres au-dessus de la surface du sol. Ce sont : Hamadryas delfinii, H. kinguii, Leuceria leonthopodioides lagascae, Nastanthus spatulatus, Oxalis enneaphylla et Poa alopecurus.

Section andine antarctique

C’est une zone glacĂ©e de façon permanente, soit Ă  cause de l’altitude, soit Ă  cause du dĂ©placement de masses de glace accumulĂ©es Ă  des niveaux supĂ©rieurs. Il n’y existe pas de vĂ©gĂ©tation, Ă  cause de l’absence totale d’eau sous forme liquide durant une pĂ©riode suffisamment longue pour assurer l’établissement de vĂ©gĂ©taux, de la faible tension de la vapeur atmosphĂ©rique et des tempĂ©ratures rarement supĂ©rieures au point de congĂ©lation.

EspĂšces introduites

L’étude prĂ©cĂ©dente de Pisano recensait 178 espĂšces natives et 3 espĂšces introduites, telle que Poa pratensis. Une rĂ©cente Ă©tude[7] a recensĂ© 85 espĂšces introduites, appartenant Ă  21 familles et 65 genres. Les familles les plus reprĂ©sentĂ©es sont les Poaceae (22 espĂšces), les Asteraceae (11 espĂšces), et les Caryophyllaceae (7 espĂšces). Les herbes pĂ©rennes constituent 52 % et les annuelles 34 %. 88 % de ces espĂšces sont d’origine europĂ©enne. Ces invasions semblent en partie liĂ©es aux diffĂ©rents incendies subis par le parc entre 1985 et 2005.

Faune

Le parc Torres del Paine est frĂ©quentĂ© par 26 espĂšces de mammifĂšres[8]. Les ongulĂ©s que l'on retrouve dans le parc sont le guanaco (Lama guanicoe) et le huemul (Hippocamelus bisculus)[8]. Les principaux carnivores sont le puma (Puma concolor), le chat de Geoffroy (Oncifelis geoffroyi), le Renard de Magellan (Pseudalopex culpaeus ) et la moufette de Patagonie (Conepatus humboldtii)[8]. Parmi les espĂšces du parc, la belette de Patagonie (Lyncodon patagonicus) et le Grand tatou velu (Chaetophractus villosus) sont considĂ©rĂ©s comme rare ; le Guanaco, le tatou Zaedyus pichiy, le puma et le petit grison (Galictis cuja) sont considĂ©rĂ©s comme vulnĂ©rable ; et le chat de Geoffroy, le huemul et la Ctenomys magellanicus sont considĂ©rĂ©s en danger. Un mammifĂšre a Ă©tĂ© introduit dans le parc, le liĂšvre du Cap (Lepus capensis)[9].

118 espĂšces d'oiseaux ont Ă©tĂ© recensĂ©s dans le parc[8]. Les espĂšces les plus emblĂ©matiques sont le nandou de Darwin (Rhea pennata), le condor des Andes (Vultur gryphus), la conure magellanique (Enicognathus ferrugineus), l'ouette de Magellan (Chloephaga picta) et le pic de Magellan (Campephilus magellanicus)[8]. Trois espĂšces sont considĂ©rĂ©s en danger de disparition, soit l'ouette Ă  tĂȘte rousse (Chloephaga rubidiceps), le Coscoroba blanc (Coscoroba coscoroba) et le Nandou de Darwin. L'attagis de Gay (Attagis gayi), le hĂ©ron cocoi (Ardea cocoi), la buse de Patagonie (Buteo ventralis), l'Ă©pervier bicolore (Accipiter bicolor) sont considĂ©rĂ©s comme rare et le cygne Ă  cou noir (Cygnus melancoryphus), la bĂ©cassine de Magellan (Gallinago paraguaiae), le faucon pĂšlerin (Falco peregrinus) et le pic de Magellan sont considĂ©rĂ©s vulnĂ©rables[10].

On retrouve trois espÚces d'amphibiens dans le parc, soit Nannophryne variegata, Pleurodema bufonina et Batrachyla leptopus[11]. On y rencontre aussi six espÚces de reptiles, soit Diplolaemus bibronii, Diplolaemus darwinii, Liolaemus walteri, Liolaemus lineomaculatus, Liolaemus magellanicus et Liolaemus archeforus. Diplolaemus bibroni, Diplolaemus darwini et Liolaemus archeforus sont considérés comme rare et Liolaemus magellanicus est considéré comme vulnérable[11].

On retrouve deux espÚces de poissons indigÚnes dans le parc, Aplochiton taeniatus (en) et par Galaxias maculatus. La premiÚre est considérée en danger de disparition et la seconde vulnérable[12]. On y retrouve aussi quatre espÚces de poissons exotique, soit Percichthys trucha (es), la truite arc-en-ciel (Oncorhynchus mykiss), le saumon coho (Oncorhynchus kisutch), la truite de mer (Salmo trutta)[12].

Histoire

Les premiĂšres occupations du territoire

D’abondantes preuves archĂ©ologiques indiquent que la zone fut habitĂ©e de façon permanente durant des millĂ©naires (dĂšs VIe au Ve millĂ©naire av. J.-C.), par des individus appartenant aux anciens peuples chasseurs de la pampa, ancĂȘtres des Tehuelches. On a en effet trouvĂ© des tĂ©moignages de prĂ©sence sur les rives du lac Sarmiento et du rĂ­o Serrano.

Aux primitifs chasseurs succùdent (1500–1870) les nomades Aonikenk (aonik = sud et kenk = peuple), Tehuelches vivant au sud du río Chubut.

Depuis toujours, les Tehuelches connaissaient le massif qu’ils appelaient Paine[Note 2] ou Carrón et pour lequel ils avaient un profond respect.

La premiÚre expédition

Vers les années 1870, probablement associé à des Tehuelches durant leurs migrations saisonniÚres, est arrivé le baqueano Santiago Zamora. Sans doute le premier homme blanc arrivant au Paine, il gagna le mérite indisputé de la découverte. Les fréquents voyages de Zamora pour se procurer des guanacos, des nandous et des animaux sauvages, en firent un expert connaisseur de la région.

Explorations scientifiques

L’exploration de la zone montagneuse remonte Ă  la seconde moitiĂ© du XIXe siĂšcle. Le nom Paine n'apparaĂźt dans la nomenclature officielle que plus tard. En effet, ces montagnes Ă©taient connues au dĂ©but comme la « Cordillera de los Baguales » ou la « Sierra de los Baguales ». « Baguales » Ă©tant le terme dĂ©signant les chevaux sauvages ou non domestiquĂ©s.

Pour ĂȘtre plus prĂ©cis, les premiers Ă©crits datent de 1879, et sont l’Ɠuvre du lieutenant Juan TomĂĄs Rogers. MissionnĂ© par le gouvernement chilien, il mĂšne une ample reconnaissance du territoire d’Última Esperanza et peut observer de loin les Torres del Paine. Il dĂ©couvre le rĂ­o Paine (qu’il appelle « blanc ») et les lacs Sarmiento et Nordenskjöld, les nommant respectivement « serpent » (serpiente) et « Ă©troit » (angosto). À son retour, il dĂ©couvre le lac Toro, par son secteur nord-est.

De nombreux explorateurs parcourent par la suite la région : Otto Nordenskjöld en 1895, Carl Skottsberg en 1908, etc.

À partir de 1926, le prĂȘtre salĂ©sien Alberto MarĂ­a De Agostini, le dernier des grands explorateurs de la Patagonie, la parcourt intensivement. Son exploration de 1929 avait comme objectif de dĂ©terminer la nature vĂ©ritable du secteur central du massif, l'hypothĂšse d'un ancien cratĂšre volcanique Ă©tant encore de mise. De Agostini conclut, grĂące Ă  la prĂ©sence de roches granodioritiques, que ce n’était dĂ©finitivement pas le cas. Sa derniĂšre exploration date de 1943. Elle est dirigĂ©e vers le secteur septentrional du massif, avec une reconnaissance le long du rĂ­o Paine jusqu'aux rives du laco Dickson. Avec elle se termine l'Ă©tape des grandes explorations de reconnaissance gĂ©ographique.

PremiĂšre exploration touristique

Les premiers EuropĂ©ens non scientifiques qui contemplĂšrent le Paine furent Lady Florence Dixie et ses compagnons en 1879. Ils donnĂšrent aux tours le nom d’« Aiguilles de ClĂ©opĂątre ». Ce fut la premiĂšre expĂ©dition Ă  caractĂšre touristique, tel que l’on peut l’entendre aujourd’hui.

L’occupation du territoire

Élevage de moutons.

Les terrains de l’actuel parc national furent utilisĂ©s dans le passĂ© principalement pour l’élevage, bien que dans des proportions faibles.

Les premiers colons qui se seraient Ă©tablis dans la zone pour l’approvisionnement des terrains pastoraux sont les Allemands Carlos Heede et Claudio Gliman dans le secteur de la Laguna Verde en 1895 ; Carlos FĂŒhr dans le secteur de la Laguna Azul ; le Britannique Walter S. Ferrier (qui donne son nom Ă  une lagune et un sommet Ă  l’ouest de l’administration. Son ancienne estancia a servi d’administration pendant un certain temps avant de subir un incendie dans les annĂ©es 1980. On peut encore observer les restes entre l’administration actuelle et le kiosque) dans le secteur du lac Toro en 1896 ; Orozimbo Santos dans le secteur du lac PehoĂ© en 1906 et Victoriano Rivera dans le secteur du lac Paine en 1908. MotivĂ©s par l’élevage, ils installĂšrent au fur et Ă  mesure une infrastructure adĂ©quate pour la gestion des animaux domestiques (ovins et bovins principalement).

Avec le temps, les infrastructures d'Ă©levage prennent de l'ampleur et finissent par s'appeler « estancias », ces derniĂšres gĂ©raient de grands troupeaux sur des terres pas toujours encore aptes Ă  les recevoir. On estime qu’il y eut un maximum de 32 000 moutons et 3 000 tĂȘtes de bovins, sur un total de 110 000 ha, appartenant aux estancias suivantes : Lago Dickson, La Victorina, MarĂ­a Leticia, Laguna Azul, Cerro Paine, une partie de celle de Cerro Guido, une partie de celle de Cerro Castillo, une partie de celle de la comunidad RĂ­o Paine, Lago Grey y Cerro Zapata. Cependant, dans les derniĂšres annĂ©es, avant la crĂ©ation du parc, et Ă  cause de la surexploitation du pĂąturage, l’élevage, qui se maintenait dans ces champs diminua. Dans de nombreux cas, l’occupation pionniĂšre a entraĂźnĂ© la perte irrĂ©parable de ressources naturelles de valeur : pratique nĂ©faste des incendies de forĂȘt destinĂ©s Ă  l’ouverture des champs, chasse indistincte d’animaux sauvages et destruction inhĂ©rente de leur habitat.

Un randonneur parcourt un sentier du parc.

Lentement, la conscience grandissante du gouvernement et de la communautĂ© Ă  propos de la grande valeur naturelle de ces espaces Ă  des fins de conservation dĂ©terminĂšrent Ă  les rĂ©cupĂ©rer et Ă  les intĂ©grer au domaine de l’actuel parc.

Quant à l’exploitation forestiùre, elle fut faible, utilisant des poteaux et des perches pour la construction d’enclos. Pour la construction des maisons des maütres, des contre-maütres et les ateliers de tonte, la plus grande partie du bois provenait de Puerto Natales.

Panneau marquant l'entrée dans le parc.

Aujourd’hui, quasiment l’ensemble du territoire du parc est la propriĂ©tĂ© de la CONAF. La constitution s’est faite par acquisitions successives des terrains des anciennes estancias, sauf ceux de l’estancia Cerro Paine, oĂč les propriĂ©taires ont dĂ©veloppĂ© une infrastructure touristique.

Le parc est crĂ©Ă©e en 1959 Ă  partir de terrain du parc national Bernardo O'Higgins sous le nom de « parc national de tourisme Lago Grey » et avait une superficie de seulement de 43,32 km2. Il est agrandi en 1961 Ă  245,32 km2 et prend le nom de « parc national de tourisme Torres del Paine ». Il est agrandi Ă  355,32 km2 et reçoit son nom actuel en 1970. Il est finalement agrandi et sa superficie portĂ©e Ă  1 814,14 km2. Le parc est reconnu comme rĂ©serve de biosphĂšre en 1975[13].

À la fin des annĂ©es 1990, une dĂ©cision de la CONAF transfĂšre environ 600 km2 du parc national Bernardo O'Higgins vers Torres del Paine pour faciliter la gestion des deux parcs. Cependant, aucun dĂ©cret n'a encore entĂ©rinĂ© ce transfert[13]. Les limites du parc ont aussi Ă©tĂ© changĂ©es par la modification Ă  la frontiĂšre chileno-argentine en 1998[14]. En 1994, Torres del Paine, ainsi que le parc national Bernardo O'Higgins, sont inscrites sur la liste indicative du patrimoine mondial de l'UNESCO[15].

Fin 2011, le parc est touché par un important incendie. Ce qui cause sa fermeture pendant tout le mois de janvier 2012[16]. Le parc connait ces derniÚres années une importante croissance de sa fréquentation touristique, approchant les 155 000 visiteurs par an en moyenne.

Iconographie

  • Vue du Parque Nacional Torres del Paine, Lago del Toro.
    Vue du Parque Nacional Torres del Paine, Lago del Toro.
  • Le massif principal.
    Le massif principal.
  • Dans le parc. Janvier 2018.
    Dans le parc. Janvier 2018.
  • Balade de touristes Ă  Ă©motions garanties dans le parc. Novembre 2018.
    Balade de touristes Ă  Ă©motions garanties dans le parc. Novembre 2018.

Notes et références

Notes

  1. Un certain nombre d’étendues d’eau du parc porte en espagnol le nom de « laguna » (lagune). Le sens diffĂšre quelque peu du français, oĂč la lagune fait rĂ©fĂ©rence, dans la quasi-majoritĂ© des cas, Ă  une Ă©tendue d'eau marine ou saumĂątre. Ce n’est pas le cas en espagnol, oĂč elle est dĂ©finie comme une Ă©tendue d'eau, gĂ©nĂ©ralement douce et de dimensions infĂ©rieures Ă  celle d’un lac.
  2. En langue Tehuelche, Paine signifie « bleu » (Abraham 2011, p. 17).

Références

  1. (es) « Parque Nacional Torres del Paine », sur CONAF (consulté le ).
  2. (es) « Geología », sur Parque Nacional Torres del Paine (consulté le ).
  3. (en) Uwe Altenberger, Roland OberhĂ€nsli, Benita Putlitz et Klaus Wemmer, « Tectonic controls and Cenozoic magmatism at the Torres del Paine, southern Andes (Chile, 51°10'S) », Revista geolĂłgica de Chile, vol. 30, no 1,‎ , p. 65-81 (ISSN 0716-0208, lire en ligne).
  4. CorporaciĂłn Nacional Forestal 2007, p. 39-40.
  5. (es) E. Pisano, Estudios ecolĂłgicos de la regiĂłn continental sur del ĂĄrea Andino-PatagĂłnico, II : « ContribuciĂłn a la fitogeografĂ­a de la zona del “Parque Nacional Torres del Paine” », 1974, Anales Instituto Patagonia, Punta Arenas (Chili), 5 (1-2), p. 59-104.
  6. (es) E. Domínguez et al., « Plantas introducidas en el Parque Nacional Torres del Paine, Chile », dans Gayana Bot., 2006, no 63(2), p. 131-141.
  7. (es) « Fauna », sur Parque Nacional Torres del Paine, Corporación Nacional Forestal (consulté le ).
  8. CorporaciĂłn Nacional Forestal 2007, p. 177-178.
  9. CorporaciĂłn Nacional Forestal 2007, p. 173-177.
  10. CorporaciĂłn Nacional Forestal 2007, p. 172-173.
  11. CorporaciĂłn Nacional Forestal 2007, p. 172.
  12. CorporaciĂłn Nacional Forestal 2007, p. 13-14.
  13. « Reseña », sur Parque Nacional Torres del Paine (consulté le ).
  14. « Torres del Paine and Bernardo O'Higgins National Parks, Region of Magallanes », sur UNESCO Centre du patrimoine mondial (consulté le ).
  15. Paulina Abramovich, « Chili : un Ă©crin de nature en Patagonie dĂ©vorĂ© par les flammes », AFP,‎ (lire en ligne).

Voir aussi

Liens externes

Bibliographie

Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article : document utilisĂ© comme source pour la rĂ©daction de cet article.

  • (es) CorporaciĂłn Nacional Forestal, Parque Nacional Torres del Paine : Plan de Manejo, CorporaciĂłn Nacional Forestal, , 281 p. (lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • (en) Rudolf Abraham, Torres del Paine : Trekking in Chile's Premier National Park, Milnthorpe, Cicerone Press, , 192 p. (ISBN 978-1-84965-356-5, lire en ligne)
Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.