Parc national Torres del Paine
Le parc national Torres del Paine (en espagnol : Parque Nacional Torres del Paine) est un parc national du Chili situĂ© entre la cordillĂšre des Andes et la steppe de Patagonie. Administrativement, il appartient Ă la XIIe rĂ©gion de Magallanes et de l'Antarctique chilien et Ă la province de Ăltima Esperanza.
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Pays | |
---|---|
RĂ©gion | |
Province | |
Coordonnées |
51° 02âČ 20âł S, 73° 07âČ 28âł O |
Ville proche | |
Superficie |
2 422,42 km2[1] |
Type | |
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Catégorie UICN |
II |
WDPA | |
Création | |
Visiteurs par an |
211 886 |
Administration | |
Site web |
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D'une surface de 181 414 hectares (ou 242 242 ha selon les sources), le parc est créé le . Il est déclaré réserve de biosphÚre, le par l'UNESCO. Ce parc est géré par un organisme chilien, la Corporación Nacional Forestal (CONAF).
Sa principale fonction est la conservation des paysages, des Ă©cosystĂšmes, des espĂšces et de la diversitĂ© gĂ©nĂ©tique du massif del Paine. Sa surface se caractĂ©rise par son hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© paysagĂšre, oĂč convergent des montagnes, des glaciers, des vallĂ©es, des Ă©tangs et de grands lacs.
Il tient son nom de trois formations granitiques emblématiques du massif del Paine : les Torres (Tours) del Paine. Celles-ci lui confÚrent un fort attrait touristique. De nombreux sentiers et refuges permettent d'en faire un lieu majeur de trekking.
La fréquentation du parc est en augmentation considérable chaque année : de 8 338 visiteurs en 1986, elle passe à 41 402 en 1995, 107 091 visiteurs en 2005 pour atteindre 211 886 visiteurs en 2016 (dont prÚs de 58 % d'étrangers)[2].
GĂ©ographie
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Le parc couvre 2 422,42 km2 dans le sud du Chili, prĂšs de la frontiĂšre avec l'Argentine. Il est situĂ© Ă 400 km de Punta Arenas et Ă 154 km de Puerto Natales. Il est localisĂ© dans la commune de Torres del Paine, elle-mĂȘme situĂ©e dans la province de Ăltima Esperanza et la rĂ©gion de Magallanes et de l'Antarctique chilien.
Le parc partage sa limite nord avec le parc national argentin Los Glaciares et sa limite ouest avec le parc national Bernardo O'Higgins.
GĂ©ologie
Le massif del Paine est beaucoup plus jeune que ceux de la cordillÚre des Andes. Cette derniÚre s'est formée entre il y a 60 et 13 millions d'années alors que le massif s'est formé il y a seulement 12 millions d'années[3].
Les roches les plus vieilles du parc sont des roches sédimentaires de type flysch qui proviennent de l'érosion des Andes nouvellement créées. Elles se sont formées au Crétacé inférieur et supérieur entre 112 et 83,5 millions d'années. Les plus vieilles roches (formation de Punta Barrosa) sont composées de grÚs intercalé de shales et les plus jeunes (formation de Cerro Toro) sont composées de shales, intercalés de marne, avec des lentilles de grÚs et de conglomérat[4].
En il y a 12 millions d'annĂ©es, au MiocĂšne, le dĂ©placement vers le nord de la limite entre la plaque antarctique et la plaque de Nazca provoqua l'intrusion d'un laccolite de 10 km par 20 km ayant une Ă©paisseur de 2 000 m. Cette intrusion crĂ©a le cĆur du massif del Paine. Les roches sont composĂ©es en majoritĂ© de gabbro, de monzodiorite, de monzodiorite quartzifĂšre et de granitoĂŻde. Le territoire possĂšde aussi quelques petites intrusions plus anciennes datant d'il y a 29 millions d'annĂ©es[4].
Entre il y a 3,5 millions d'années à 14 000 ans, les glaciations modelÚrent le paysage pour enlever les couches de roches supérieures et donner au parc son aspect actuel[3].
Relief
Le massif a la forme dâun rectangle, orientĂ© nord-est/sud-ouest et tailladĂ© de deux vallĂ©es profondes et parallĂšles dans le sens nord-ouest/sud-est, lui donnant la forme dâun « M ». Ses dimensions sont environ 24 km de long sur 13 km de large. On peut diviser le massif en divers secteurs principaux :
- le Cerro Paine Grande, situé au sud-ouest du massif, possÚde quatre sommets : la Cumbre principal (Sommet principal, 3 050 m), la Punta Bariloche (Pointe Bariloche, 2 600 m), la Cumbre Central (Sommet central, 2 730 m) et la Cumbre Norte (Sommet Nord, 2 750 m) ;
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- les Cuernos del Paine : ce sont trois sommets reconnaissables à leur formes massives et surtout à leurs couleurs. En effet, leur sommet et leur base sont de couleur foncée et de matériau sédimentaire. Au contraire la partie centrale est nettement plus claire et se distingue immédiatement. Cette partie centrale est du granite. Les couches sédimentaires supérieures sont des témoins des couches sédimentaires érodées par les glaciers et les vents. Si on regarde bien la partie granitique est du Cuerno Este, on peut noter des zones plus sombres qui font penser au dessin d'un gaucho à cheval :
- la vallée del Francés ;
- la vallée Bader ;
- le mont Almirante Nieto : le mont Almirante Nieto est un imposant sommet, culminant Ă 2 640 m. De mĂȘme que pour les Cuernos, on observe les deux couleurs dues aux diffĂ©rents matĂ©riaux qui le composent. Il reprĂ©sente le cĂŽtĂ© est de la vallĂ©e Ascensio (nommĂ© en hommage Ă Ascencio Brunel qui a Ă©tĂ© capturĂ© dans le parc en 1902), au creux de laquelle coule le RĂo Ascensio ;
- la vallĂ©e Ascensio et les Torres del Paine : la vallĂ©e Ascensio est la seconde dâimportance du massif. Câest elle qui permet dâaccĂ©der aux fameuses Torres del Paine. Ces trois pics granitiques sont alignĂ©s selon un axe nord-est/sud-ouest, et sont respectivement appelĂ©es Torre Norte, Central et Sur (Tour Nord, Centrale et Sud). Elles culminent respectivement Ă 2 600 m, 2 800 m, 2 850 m. Le relief au-delĂ de la Torre Norte est appelĂ© Nido del Condor. On y observe une fois encore la superposition des matĂ©riaux sĂ©dimentaires et granitiques, tandis que les tours sont de granite pur. Au fond de la vallĂ©e se dessine le Cerro Oggioni qui culmine Ă 1 697 m ;
- le Cerro Paine : ce petit sommet de 1 508 m dâaltitude fait face au mont Almirante Nieto, de lâautre cĂŽtĂ© de la vallĂ©e Ascensio. Il est lâextrĂ©mitĂ© sud-est du massif ;
- les glaciers : au sein du massif, trois glaciers dâimportance sont prĂ©sents, tous du cĂŽtĂ© Est. Sur le flanc sud-ouest du Paine Grande, se trouve le glacier del FrancĂ©s. Ă lâextrĂ©mitĂ© Nord-Ouest du massif, deux glaciers dĂ©butant au mĂȘme endroit sâĂ©coulent lâun vers la face Nord du massif (glacier los Perros) et lâautre vers la face Est du massif (glacier OlguĂn).
Hormis le massif du Paine, peu de sommets se dĂ©tachent nettement du territoire du parc. On peut cependant citer le Cerro Ferrier (le plus au nord) et le Cerro Donoso. Ces deux sommets, de respectivement 1 599 m et 1 481 m sont visibles depuis lâadministration, en regardant plein est. Ils sĂ©parent le rĂo Grey du champ de glace de Patagonie Sud. Ă lâouest de lâadministration est visible la sierra del Toro, Ă lâaplomb du lac del Toro. Son point le plus haut (Ă lâintĂ©rieur du parc) culmine Ă 1 158 m et est situĂ© au sud de la lagune Verde.
Climat
Selon la classification de Köppen, le parc se trouve dans la « zone de climat tempĂ©rĂ© froid pluvieux sans saison sĂšche ». Les conditions climatiques du parc sont trĂšs variĂ©es, du fait de l'orographie complexe. L'Ă©tĂ© (dĂ©cembre Ă fĂ©vrier) y est frais avec une tempĂ©rature maximale de 15 °C et un minimal de 3 °C. La tempĂ©rature de la saison hivernale a un maximum de 8 °C et un minimal de â2,5 °C. L'amplitude annuelle de la tempĂ©rature n'est que de 12 °C[5].
Les mois les plus pluvieux sont mars et avril (automne austral), avec une moyenne mensuelle de 80 mm. Cela représente le double de la période juillet-octobre (hiver-printemps), qui sont les mois les plus secs. Le parc possÚde un importante différence de la pluviométrie entre l'est et l'ouest. Les masses d'air humide de l'océan Pacifique se heurtent au massif del Paine, dont l'altitude surpasse les 3 000 m, donnant au cÎté occidental une pluviométrie supérieur au cÎté oriental[5].
Le printemps et l'Ă©tĂ© sont les saisons les plus venteuses. Durant l'hiver, les basses tempĂ©ratures continentales annulent la dynamique des vents et empĂȘchent la venue des masses d'air polaire de l'Antarctique[5].
Hydrographie
Le parc possĂšde un grand rĂ©seau, complexe, de drainage naturel, fait de nombreuses riviĂšres, ruisseaux, lacs, lagunes[Note 1] et cascades qui naissent du champ de glace Sud de Patagonie (en espagnol : Campo de Hielo PatagĂłnico Sur) et coulent depuis le nord-est jusqu'au Seno Ăltima Esperanza, l'anse qui baigne la ville de Puerto Natales. Les cours dâeau prĂ©sentent un profil longitudinal trĂšs accidentĂ©, avec des changements brusques de pentes, gĂ©nĂ©rant des chutes et des rapides.
Le champ de glace Sud de Patagonie occupe toute la partie Ouest du parc. Cinq glaciers sont alimentĂ©s par celui-ci. Ce sont, du nord au sud, les glaciers Dickson (es), Grey, Pingo, Zapata, Tyndall et Geikie, tous en rĂ©gression. Le plus grand est le glacier Grey. Son front est divisĂ© en deux bras, Ă cause de lâĂ©mergence dâune pĂ©ninsule, communĂ©ment appelĂ© la Isla (lâĂle) ou Nunatak. Celle-ci se dĂ©couvre un peu plus chaque annĂ©e. Le bras est mesure environ 1,2 km tandis que le bras ouest a une largeur dâenviron 3,6 km. La longueur du glacier (Ă lâintĂ©rieur du parc) est de 15 km.
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Le systĂšme hydrographique du parc sâĂ©coule du nord au sud. Il commence au lac Dickson, qui est alimentĂ© par le glacier du mĂȘme nom. Il engendre le rĂo Paine qui forme plus loin vers lâest un premier lac : le lac Paine. Recevant par la suite les eaux de la lagune Azul (« bleue »), le rĂo Paine se jette dans le premier lac dâimportance, le lac Nordenskjöld (du nom de lâexplorateur suĂ©dois Otto Nordenskjöld), long de 14 km. Il communique, par lâintermĂ©diaire du Salto Grande (« grande chute dâeau »), avec le lac PehoĂ©. Ce dernier fait de mĂȘme avec le lac Toro, un des plus grands de la rĂ©gion. Celui-ci se dĂ©verse dans le RĂo Serrano. Cette riviĂšre se jette dans le Seno Ăltima Esperanza, aprĂšs avoir captĂ© les eaux des rĂos Pingo, Grey, Tyndall et Geikie, chacun originaires du glacier du mĂȘme nom.
La formation des lacs fut le rĂ©sultat de lâactivitĂ© et du poids glaciaire, combinĂ©e Ă des cycles volcaniques et sismiques.
Selon la diffĂ©rence de disponibilitĂ© de substances nutritives pour les plantes, les lacs peuvent se classer en lacs oligotrophes ou eutrophes. Les premiers sont typiquement trĂšs profonds, dâorigine glaciaire, pauvres en phosphore, azote et calcium (auquel cas lâoxygĂšne est trĂšs disponible Ă toutes les profondeurs). Ce sont les lacs Dickson, Paine, Nordenskjöld, PehoĂ©, Grey, Pingo, Tyndall, Geikie et Toro.
Les eaux eutrophes sont quant à elles moins profondes et plus fertiles. Ces lacs et eaux sont typiques des régions géologiques plus anciennes. La végétation aquatique est plus abondante et la communauté du bassin est basée sur des populations importantes de zooplancton et phytoplancton. Ce sont pour la plupart des lagunes.
ĂlĂ©ments remarquables du rĂ©seau hydrographique
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Lac Sarmiento
Il est classĂ© comme un lac salĂ©, au regard de la chimie de son eau. Sa surface est de 86,2 km2 et sa profondeur maximale de 312 m. Il est alimentĂ© par des ruisseaux mineurs provenant de lagunes eutrophiques. La lagune Verde et la lagune Honda sont les sources de son unique ruisseau tributaire important. La clartĂ© de lâeau et la topographie sous-marine relativement peu accidentĂ©e sur les bords indiquent des zones Ă©tendues de chaĂźnes alimentaires et une trĂšs bonne photosynthĂšse. Cela permet la prĂ©sence de truites fario (Salmo trutta fario) introduites. Il nâest pas directement connectĂ© au rĂ©seau du rĂo Paine.
Lac del Toro ou Toro
Son nom (littĂ©ralement « lac du taureau ») proviendrait de sa forme. La topographie du lit est profondĂ©ment crevassĂ©e, ce qui limite les zones de faible profondeur. Sa zone littorale est ainsi relativement petite et avec peu de vĂ©gĂ©tation aquatique. Câest un lac de drainage avec un volume et une taille trĂšs importants (c'est le plus grand de la rĂ©gion) et de caractĂ©ristiques oligotrophes.
RĂo Serrano
Le RĂo Serrano est issu du lac del Toro. Il prĂ©sente un dĂ©bit considĂ©rable au printemps, atteignant des courants maximaux en Ă©tĂ©. Sa tempĂ©rature et sa clartĂ©, de mĂȘme que son alcalinitĂ©, changent radicalement aprĂšs la confluence avec le RĂo Grey. Quand ces deux riviĂšres se rejoignent, ils maintiennent leurs courants complĂštement sĂ©parĂ©s sur une distance considĂ©rable en aval, rendant la ligne entre les courants clairement visible.
Flore et faune

Flore
La derniĂšre Ă©tude dâenvergure produite sur la flore du parc est celle de Pisano (1974)[6]. Cette Ă©tude dĂ©nombre quatre zones biotiques qui recouvrent lâensemble du territoire du parc. Ce sont autant de « vĂ©gĂ©tations-types » :
Zone biotique « Matorral pré-andin »
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ConfinĂ©e aux territoires de plaines et plateaux, la majeure partie des vĂ©gĂ©taux y prĂ©sentent des adaptations destinĂ©es Ă Ă©conomiser de lâeau. Ils sont aussi trĂšs exposĂ©s au vent. Cette zone se divise en trois associations :
Association Matorral xérophyte pré-andin
Son territoire principal sâĂ©tend sur une bande plus ou moins continue mais de largeur variable, sur les terrains de plateaux et de petites hauteurs du bord occidental du massif et au nord du lac Sarmiento. Plus au nord, entre la lagune Amarga et la lagune Azul, elle sâentremĂȘle avec la Steppe de Patagonie.
LâespĂšce dominante et tĂ©moin est Mulinum spinosum (esp. : Mata barrosa) associĂ©e ou non Ă Anarthrophyllum desideratum, Discaria serratifolia, Nardophyllum obtusifolium et Baccharis magellanica. La couverture herbacĂ©e est riche dâespĂšces telles que Acaena integerrima, Collomia biflora, Festuca gracillima, Festuca magellanica etc.
L'Association Matorral mésophyte pré-andin
Vers lâouest et sur lâisohyĂšte de 700 mm, se trouve un matorral avec des caractĂ©ristiques plus mĂ©sophytes, dâune hauteur moyenne de 1,50 m, bien que ses composĂ©s puissent atteindre des hauteurs trĂšs diffĂ©rentes.
LâespĂšce tĂ©moin est Escallonia rubra. Lui sont associĂ©es dâautres espĂšces, parmi lesquelles on trouve des arbustes comme Adesmia boronioides (es) et Discaria serratifolia, des arbustes nains comme Berberis empetrifolia et Pernettya mucronata et de petits arbres : Embothrium coccineum et Maytenus magellanica.
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Association nano-arbustive Dans les endroits dĂ©frichĂ©s au feu, originellement occupĂ©s par Escallonia rubra, sâest Ă©tablie une communautĂ© naine arbustive dominĂ©e par Pernettya mucronata, formant une couverture fermĂ©e. Dans ces conditions, la couverture herbacĂ©e est quasi inexistante en tant que telle, et ne constitue jamais une strate continue. Ses principaux composĂ©s sont : Anemone multifida, Armeria elongata, Blechnum pennamarina, Calceolaria biflora, Chloraea magellanica, Deschampsia flexuosa, Gavilea lutea, Geum magellanicum, Lathyrus nervosus etc.
Zone biotique « ForĂȘt magellanique dĂ©cidue »
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On inclut dans cette zone biotique toutes les communautĂ©s arborĂ©es dans lesquelles le HĂȘtre de la Terre de Feu (ou HĂȘtre blanc) Nothofagus pumilio (esp. : Lenga) est prĂ©sent. Elle se divise en :
- Association ForĂȘt magellanique dĂ©cidue
Nothofagus pumilio y est toujours le dominant et lâespĂšce arborĂ©e exclusive. Câest en gĂ©nĂ©ral une forĂȘt peu dense, composĂ©e dâarbres dâĂąges diffĂ©rents. Lâabondante rĂ©gĂ©nĂ©ration implique lâexistence dâun grand nombre de classes de diamĂštre. Sa strate arbustive est pauvre et confinĂ©e Ă la lisiĂšre et aux clairiĂšres de la forĂȘt.
- Association ForĂȘt magellanique mixte
Elle se rencontre, de maniĂšre discontinue, Ă lâouest du parc, oĂč les prĂ©cipitations atteignent 800-850 mm annuels, depuis des terrains semi-plats Ă des terrains en forte pente rocheuse.
Les deux espĂšces majoritaires sont Nothofagus pumilio et Nothofagus betuloides (esp. : CoigĂŒe de Magallanes). Il est difficile de dĂ©terminer la dominance gĂ©nĂ©rale. Nothofagus pumilio se dĂ©veloppe et domine dans des sites mieux drainĂ©s et dans des endroits hauts, oĂč les tempĂ©ratures basses sont un facteur limitant pour Nothofagus betuloides. Celui-ci domine sur les sols Ă substrats rocheux et sur les sites Ă drainage difficile, ou lorsquâil existe une meilleure disponibilitĂ© en eau dans le sol.
Zone biotique « Steppe patagone »
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La vĂ©gĂ©tation est basiquement composĂ©e de graminĂ©es pĂ©rennes, dâune hauteur moyenne Ă basse. Sa strate basale est frĂ©quemment fermĂ©e, formĂ©e dâherbes pĂ©rennes de faible hauteur. Il nâexiste pas de vĂ©ritables arbres, Ă cause de la faible disponibilitĂ© dâhumiditĂ© Ă©daphique et atmosphĂ©rique et des effets sĂ©chant du vent. Elle se divise en :
- Association Festuca gracillima â Baccharis magellanica
Elle se situe dans les plaines alluviales qui sâĂ©tendent depuis lâembouchure du rĂo Paine dans le lac Toro, Ă la naissance du rĂo Serrano, jusquâautour du cours moyen du rĂo Grey et de la confluence de celui-ci avec le rĂo Serrano. Les prĂ©cipitations atteignent des valeurs (700 - 800 mm) trĂšs supĂ©rieures Ă celles qui seraient nĂ©cessaires Ă dĂ©finir ses conditions de steppe, mais le substrat alluvial des sols est profond, et favorise une rapide percolation et un drainage efficace de lâeau. Ces caractĂ©ristiques environnementales ont permis lâĂ©tablissement dâune communautĂ© dont lâĂ©tage supĂ©rieur est dominĂ© par Festuca gracillima et lâinfĂ©rieur par Baccharis magellanica. Dans des endroits oĂč les caractĂ©ristiques du sol ont crĂ©Ă© des conditions de « vega » (terrains trĂšs humides au Chili) apparaĂźt Danthonia, se substituant totalement aux dominants et sâassociant avec Agrostis flavidula, Carex sp., Deschampsia antarctica, Eleocharis melanostachys, Euphrasia antarctica, Gentianella magellanica, Hordeum comosum, Pratia longiflora et Ranunculus peduncularis.
- Association Festuca gracillima
Dans le parc, elle constitue la communautĂ© la plus caractĂ©ristique de la province biotique considĂ©rĂ©e. Ses manifestations les plus reprĂ©sentatives se rencontrent sur les terrains situĂ©s Ă lâest des lacs Sarmiento et Toro, sâĂ©tendant jusquâĂ lâouest de la Sierra del Cazador et les contreforts de la Sierra Dorotea.
Sa physionomie est typiquement de type duriherbosa. LâespĂšce dominante forme la grande majoritĂ© de la couverture de lâĂ©tage herbacĂ© supĂ©rieur, tandis que de nombreuses herbacĂ©es pĂ©rennes couvre densĂ©ment le sol. LâĂ©tage arbustif est absent. Cependant, on rencontre des arbustes, plus ou moins isolĂ©s, rĂ©pondant principalement Ă des conditions Ă©daphiques locales. Il nây a pas dâarbres. Festuca gracillima est lâespĂšce dominante et caractĂ©ristique de lâassociation, croissant en forme de grandes touffes. Sây associent frĂ©quemment des touffes plus petites de Festuca magellanica et Festuca pyrogea et plus rarement Festuca pallescens et Stipa brevipes.
Ă lâĂ©tage herbacĂ© infĂ©rieur, les principales graminĂ©es sont Deschampsia flexuosa, Hordeum comosum, Poa alopecurus, Poa caespitosa, et Stipa humilis, qui dans des conditions dâariditĂ© plus grandes, arrivent souvent Ă dĂ©placer totalement F. gracillima. Font aussi partie de cet Ă©tage : Acaena argentea, A. integerrima, A. lucida, A. magellanica, A. pinnatifida, Adesmia pumila, Anemone multifida, Arjona patagonica, Arjona tuberosa, Armeria elongata var. chilensis, Azorella caespitosa, Azorella trifurcata, Calceolaria biflora, Collomia biflora, Erigeron patagonicus, Gamochaeta nivalis cabrera, Hypocchoeris incana, Lathyrus magellanicus var. glaucescens, Leuceria achillaeifolia, Nassauvia abbreviata, Perezia recurvata, Phaiophleps biflora, Lathyrus magellanicus, Sisyrinchium graminifolium Lindls, Sisyrinchium patagonicum (sv), etc.
Les rares arbustes sont représentés par Adesmia boronioides, Berberis buxifolia (esp. : Calafate), B. empetrifolia, Chiliotrichum diffusum, Mulinum spinosum et Verbena tridens Lag.
- Association Matorral de Verbena tridens
Cette association arbustive est incluse dans le cadre de la province biotique de la steppe patagonne pour se voir conditionnĂ©e par ses caractĂ©ristiques climatiques. Elle est prĂ©sente sur des sols sableux Ă limono-sableux, tant dâorigine alluviale quâĂ©olienne. Sa physionomie est caractĂ©ristique : elle constitue un matorral de hauteur moyenne (1-1,5 m), avec souvent une valeur de couverture supĂ©rieure Ă 60 % et une caractĂ©ristique couleur verte noirĂątre.
Verbena tridens est son espĂšce dominante absolue Ă lâĂ©tage arbustif. De maniĂšre exceptionnelle, elle peut sâassocier Ă Adesmia boronioides. Le terrain entre les arbustes prĂ©sente un grand pourcentage de dĂ©vĂ©gĂ©talisation et sa couverture herbacĂ©e se confine localement Ă Festuca gracillima, entre les touffes de laquelle se rencontrent Calceolaria uniflora, Lathyrus magellanicus, Huanaca acaulis et Viola maculata.
- Association arbustive halophyte
Son extension dans le parc est trĂšs rĂ©duite, rencontrĂ©e seulement en une fine bande autour de la lagune Amarga. Son inclusion dans cette province biotique est due aux mĂȘmes raisons que celles exprimĂ©es pour la prĂ©cĂ©dente. Câest une communautĂ© plus complexe et qui se dĂ©veloppe sur un sol de type solonetz avec une nappe phrĂ©atique Ă faible profondeur et frĂ©quemment inondĂ©e en pĂ©riode pluvieuse. Elle prĂ©sente une physionomie de matorral Ă©pineux clairsemĂ©, avec une faible couverture basale.
Ses dominantes sont Berberis heterophylla et Berberis buxifolia, mais on peut considérer Adesmia campestris' comme espÚce témoin. Bien que rare dans la zone étudiée, elle se confine à cette communauté. S'y associent des arbustes épineux de communautés voisines, comme Discaria serratifolia var. et Mulinum spinosum, qui se trouvent fréquemment sur les sites plus élevés.
La strate herbacée est clairsemée et se situe de préférence dans les sites plus ouverts du matorral. Elle est formée par Chenopodium cfr. fuegianum, Colobanthus quitensis (Kunth) Bartl., Eriachaenium magellanicum, Haplopappus amenghinoi, Nitrophia occidentalis et Plantago maritima.
- Association Halophyte palustre
Dans la zone occupĂ©e par le matorral halophyte, il existe des sites plats, bas, humides de façon permanente ou frĂ©quemment inondĂ©s, correspondants aux mĂ©andres terminaux des cours qui apportent saisonniĂšrement de lâeau Ă la lagune Amarga. S'y dĂ©veloppe une communautĂ© halophyte palustre, formant couramment une couverture fermĂ©e. Elle est composĂ©e dâEuphrasia antarctica, Juncus scheuzeroides, Pratia longiflora, Ranunculus cymbalaria, Triglochin concinum et Veronica serpyllifolia.
- Association Prairiale
Dans les lieux de la steppe patagonne oĂč on trouve des dĂ©pressions du relief, mais avec des conditions rĂ©guliĂšres de drainage, se dĂ©veloppent des sols avec un profil plus riche en argiles et limons et par consĂ©quent, avec une meilleure capacitĂ© de rĂ©tention dâhumiditĂ©. Une situation comparable se prĂ©sente dans les terrains plats des fonds de vallĂ©es fluviales et sur les flancs doux dâoĂč jaillissent des sources dâeaux souterraines. Tous supportent une couverture herbacĂ©e prairiale et fermĂ©e, formĂ©e par des espĂšces avec des demandes hydriques plus grandes que les composants typiques des communautĂ©s steppiennes.
Parmi les espÚces les plus fréquentes on trouve Acaena magellanica, Alopecurus antarcticus, Aster vahlii, Bromus setifolius, Caltha sagittata, Carex atropicta, Carex canescens, Cerastium arvense, Deschampsia antarctica, Deschampsia cespitosa, Geum magellanicum, Hordeum comosum, Juncus spp., Lathyrus magellanicus var. glaucescens, Phleum alpinum, Poa pratensis, Poa scaberula, Scirpus spegazzinianus Barros, Taraxacum gilliesii et Vicia patagonica.
Zone biotique « Désert andin »
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Elle regroupe tous les territoires, qui du fait des conditions climatiques dĂ©terminĂ©es par lâaltitude, possĂšdent une vĂ©gĂ©tation manquant dâarbres ou dâarbustes hauts, qui nâatteignent pas une valeur de couverture de 30 %, et prĂ©sentant une physionomie variable.
- Section sub-andine
Elle est caractérisée par Nothofagus pumilio, croissant en forme tortueuse, avec des feuillages trÚs denses. Il y est associé à des individus nains et rampants de Escallonia rubra et Ribes cucullatum.
- Section andine intermédiaire
Elle se situe depuis le bord supĂ©rieur de la prĂ©cĂ©dente jusquâĂ environ 1 000 m sur les terrains non glacĂ©s. Les plantes se rencontrent sĂ©parĂ©es par des distances considĂ©rables et localisĂ©es en microhabitats qui leur offrent une protection, augmentant la physionomie dĂ©sertique du paysage. Son caractĂšre le plus remarquable est la disparition des masses arborescentes de Nothofagus pumilio et une diminution quantitative et qualitative de la vĂ©gĂ©tation. Cette derniĂšre est composĂ©e des espĂšces parmi les plus xĂ©rophytes et cryophytes de la zone sub-andine. Les espĂšces arbustives sont des formes chaque fois plus petites, compactes et prostrĂ©es de Escallonia rubra, Empetrum rubrum et Senecio skottsbergii. Les espĂšces herbacĂ©es se prĂ©sentent encore plus espacĂ©es que dans la section prĂ©cĂ©dente et sont reprĂ©sentĂ©es par Adesmia corymbosa, Agrostis flavidula, Agropyron sp., Cerastium arvense, Poa sp. et Danthonia sp. entre autres.
- Section andine désertique
Elle est localisĂ©e dans les territoires non glacĂ©s, Ă environ 1 000 m dâaltitude. Sây dĂ©veloppent de rares espĂšces, anatomiquement et morphologiquement adaptĂ©es aux effets combinĂ©s des basses tempĂ©ratures, des oscillations thermiques de grande amplitude, des forts vents, de lâariditĂ©, et restant une grande partie de lâannĂ©e en repos vĂ©gĂ©tatif. Exception faite de Poa sp., ce sont des espĂšces de trĂšs petite taille, qui sâĂ©lĂšvent de quelques centimĂštres au-dessus de la surface du sol. Ce sont : Hamadryas delfinii, H. kinguii, Leuceria leonthopodioides lagascae, Nastanthus spatulatus, Oxalis enneaphylla et Poa alopecurus.
- Section andine antarctique
Câest une zone glacĂ©e de façon permanente, soit Ă cause de lâaltitude, soit Ă cause du dĂ©placement de masses de glace accumulĂ©es Ă des niveaux supĂ©rieurs. Il nây existe pas de vĂ©gĂ©tation, Ă cause de lâabsence totale dâeau sous forme liquide durant une pĂ©riode suffisamment longue pour assurer lâĂ©tablissement de vĂ©gĂ©taux, de la faible tension de la vapeur atmosphĂ©rique et des tempĂ©ratures rarement supĂ©rieures au point de congĂ©lation.
EspĂšces introduites
LâĂ©tude prĂ©cĂ©dente de Pisano recensait 178 espĂšces natives et 3 espĂšces introduites, telle que Poa pratensis. Une rĂ©cente Ă©tude[7] a recensĂ© 85 espĂšces introduites, appartenant Ă 21 familles et 65 genres. Les familles les plus reprĂ©sentĂ©es sont les Poaceae (22 espĂšces), les Asteraceae (11 espĂšces), et les Caryophyllaceae (7 espĂšces). Les herbes pĂ©rennes constituent 52 % et les annuelles 34 %. 88 % de ces espĂšces sont dâorigine europĂ©enne. Ces invasions semblent en partie liĂ©es aux diffĂ©rents incendies subis par le parc entre 1985 et 2005.
Faune
Le parc Torres del Paine est fréquenté par 26 espÚces de mammifÚres[8]. Les ongulés que l'on retrouve dans le parc sont le guanaco (Lama guanicoe) et le huemul (Hippocamelus bisculus)[8]. Les principaux carnivores sont le puma (Puma concolor), le chat de Geoffroy (Oncifelis geoffroyi), le Renard de Magellan (Pseudalopex culpaeus ) et la moufette de Patagonie (Conepatus humboldtii)[8]. Parmi les espÚces du parc, la belette de Patagonie (Lyncodon patagonicus) et le Grand tatou velu (Chaetophractus villosus) sont considérés comme rare ; le Guanaco, le tatou Zaedyus pichiy, le puma et le petit grison (Galictis cuja) sont considérés comme vulnérable ; et le chat de Geoffroy, le huemul et la Ctenomys magellanicus sont considérés en danger. Un mammifÚre a été introduit dans le parc, le liÚvre du Cap (Lepus capensis)[9].
- Guanacos (Lama guanicoe)
- Renard gris d'Argentine (Pseudalopex griseus)
118 espĂšces d'oiseaux ont Ă©tĂ© recensĂ©s dans le parc[8]. Les espĂšces les plus emblĂ©matiques sont le nandou de Darwin (Rhea pennata), le condor des Andes (Vultur gryphus), la conure magellanique (Enicognathus ferrugineus), l'ouette de Magellan (Chloephaga picta) et le pic de Magellan (Campephilus magellanicus)[8]. Trois espĂšces sont considĂ©rĂ©s en danger de disparition, soit l'ouette Ă tĂȘte rousse (Chloephaga rubidiceps), le Coscoroba blanc (Coscoroba coscoroba) et le Nandou de Darwin. L'attagis de Gay (Attagis gayi), le hĂ©ron cocoi (Ardea cocoi), la buse de Patagonie (Buteo ventralis), l'Ă©pervier bicolore (Accipiter bicolor) sont considĂ©rĂ©s comme rare et le cygne Ă cou noir (Cygnus melancoryphus), la bĂ©cassine de Magellan (Gallinago paraguaiae), le faucon pĂšlerin (Falco peregrinus) et le pic de Magellan sont considĂ©rĂ©s vulnĂ©rables[10].
- Nandou de Darwin (Rhea pennata) au RĂo Serrano.
- Conure magellanique (Enicognathus ferrugineus).
- Pic du Chili (Colaptes pitius).
- Caracara huppé (Caracara plancus).
On retrouve trois espÚces d'amphibiens dans le parc, soit Nannophryne variegata, Pleurodema bufonina et Batrachyla leptopus[11]. On y rencontre aussi six espÚces de reptiles, soit Diplolaemus bibronii, Diplolaemus darwinii, Liolaemus walteri, Liolaemus lineomaculatus, Liolaemus magellanicus et Liolaemus archeforus. Diplolaemus bibroni, Diplolaemus darwini et Liolaemus archeforus sont considérés comme rare et Liolaemus magellanicus est considéré comme vulnérable[11].
On retrouve deux espÚces de poissons indigÚnes dans le parc, Aplochiton taeniatus (en) et par Galaxias maculatus. La premiÚre est considérée en danger de disparition et la seconde vulnérable[12]. On y retrouve aussi quatre espÚces de poissons exotique, soit Percichthys trucha (es), la truite arc-en-ciel (Oncorhynchus mykiss), le saumon coho (Oncorhynchus kisutch), la truite de mer (Salmo trutta)[12].
Histoire
Les premiĂšres occupations du territoire
Dâabondantes preuves archĂ©ologiques indiquent que la zone fut habitĂ©e de façon permanente durant des millĂ©naires (dĂšs VIe au Ve millĂ©naire av. J.-C.), par des individus appartenant aux anciens peuples chasseurs de la pampa, ancĂȘtres des Tehuelches. On a en effet trouvĂ© des tĂ©moignages de prĂ©sence sur les rives du lac Sarmiento et du rĂo Serrano.
Aux primitifs chasseurs succĂšdent (1500â1870) les nomades Aonikenk (aonik = sud et kenk = peuple), Tehuelches vivant au sud du rĂo Chubut.
Depuis toujours, les Tehuelches connaissaient le massif quâils appelaient Paine[Note 2] ou CarrĂłn et pour lequel ils avaient un profond respect.
La premiÚre expédition
Vers les années 1870, probablement associé à des Tehuelches durant leurs migrations saisonniÚres, est arrivé le baqueano Santiago Zamora. Sans doute le premier homme blanc arrivant au Paine, il gagna le mérite indisputé de la découverte. Les fréquents voyages de Zamora pour se procurer des guanacos, des nandous et des animaux sauvages, en firent un expert connaisseur de la région.
Explorations scientifiques
Lâexploration de la zone montagneuse remonte Ă la seconde moitiĂ© du XIXe siĂšcle. Le nom Paine n'apparaĂźt dans la nomenclature officielle que plus tard. En effet, ces montagnes Ă©taient connues au dĂ©but comme la « Cordillera de los Baguales » ou la « Sierra de los Baguales ». « Baguales » Ă©tant le terme dĂ©signant les chevaux sauvages ou non domestiquĂ©s.
Pour ĂȘtre plus prĂ©cis, les premiers Ă©crits datent de 1879, et sont lâĆuvre du lieutenant Juan TomĂĄs Rogers. MissionnĂ© par le gouvernement chilien, il mĂšne une ample reconnaissance du territoire dâĂltima Esperanza et peut observer de loin les Torres del Paine. Il dĂ©couvre le rĂo Paine (quâil appelle « blanc ») et les lacs Sarmiento et Nordenskjöld, les nommant respectivement « serpent » (serpiente) et « Ă©troit » (angosto). Ă son retour, il dĂ©couvre le lac Toro, par son secteur nord-est.
De nombreux explorateurs parcourent par la suite la région : Otto Nordenskjöld en 1895, Carl Skottsberg en 1908, etc.
Ă partir de 1926, le prĂȘtre salĂ©sien Alberto MarĂa De Agostini, le dernier des grands explorateurs de la Patagonie, la parcourt intensivement. Son exploration de 1929 avait comme objectif de dĂ©terminer la nature vĂ©ritable du secteur central du massif, l'hypothĂšse d'un ancien cratĂšre volcanique Ă©tant encore de mise. De Agostini conclut, grĂące Ă la prĂ©sence de roches granodioritiques, que ce nâĂ©tait dĂ©finitivement pas le cas. Sa derniĂšre exploration date de 1943. Elle est dirigĂ©e vers le secteur septentrional du massif, avec une reconnaissance le long du rĂo Paine jusqu'aux rives du laco Dickson. Avec elle se termine l'Ă©tape des grandes explorations de reconnaissance gĂ©ographique.
PremiĂšre exploration touristique
Les premiers EuropĂ©ens non scientifiques qui contemplĂšrent le Paine furent Lady Florence Dixie et ses compagnons en 1879. Ils donnĂšrent aux tours le nom dâ« Aiguilles de ClĂ©opĂątre ». Ce fut la premiĂšre expĂ©dition Ă caractĂšre touristique, tel que lâon peut lâentendre aujourdâhui.
Lâoccupation du territoire
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Les terrains de lâactuel parc national furent utilisĂ©s dans le passĂ© principalement pour lâĂ©levage, bien que dans des proportions faibles.
Les premiers colons qui se seraient Ă©tablis dans la zone pour lâapprovisionnement des terrains pastoraux sont les Allemands Carlos Heede et Claudio Gliman dans le secteur de la Laguna Verde en 1895 ; Carlos FĂŒhr dans le secteur de la Laguna Azul ; le Britannique Walter S. Ferrier (qui donne son nom Ă une lagune et un sommet Ă lâouest de lâadministration. Son ancienne estancia a servi dâadministration pendant un certain temps avant de subir un incendie dans les annĂ©es 1980. On peut encore observer les restes entre lâadministration actuelle et le kiosque) dans le secteur du lac Toro en 1896 ; Orozimbo Santos dans le secteur du lac PehoĂ© en 1906 et Victoriano Rivera dans le secteur du lac Paine en 1908. MotivĂ©s par lâĂ©levage, ils installĂšrent au fur et Ă mesure une infrastructure adĂ©quate pour la gestion des animaux domestiques (ovins et bovins principalement).
Avec le temps, les infrastructures d'Ă©levage prennent de l'ampleur et finissent par s'appeler « estancias », ces derniĂšres gĂ©raient de grands troupeaux sur des terres pas toujours encore aptes Ă les recevoir. On estime quâil y eut un maximum de 32 000 moutons et 3 000 tĂȘtes de bovins, sur un total de 110 000 ha, appartenant aux estancias suivantes : Lago Dickson, La Victorina, MarĂa Leticia, Laguna Azul, Cerro Paine, une partie de celle de Cerro Guido, une partie de celle de Cerro Castillo, une partie de celle de la comunidad RĂo Paine, Lago Grey y Cerro Zapata. Cependant, dans les derniĂšres annĂ©es, avant la crĂ©ation du parc, et Ă cause de la surexploitation du pĂąturage, lâĂ©levage, qui se maintenait dans ces champs diminua. Dans de nombreux cas, lâoccupation pionniĂšre a entraĂźnĂ© la perte irrĂ©parable de ressources naturelles de valeur : pratique nĂ©faste des incendies de forĂȘt destinĂ©s Ă lâouverture des champs, chasse indistincte dâanimaux sauvages et destruction inhĂ©rente de leur habitat.
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Lentement, la conscience grandissante du gouvernement et de la communautĂ© Ă propos de la grande valeur naturelle de ces espaces Ă des fins de conservation dĂ©terminĂšrent Ă les rĂ©cupĂ©rer et Ă les intĂ©grer au domaine de lâactuel parc.
Quant Ă lâexploitation forestiĂšre, elle fut faible, utilisant des poteaux et des perches pour la construction dâenclos. Pour la construction des maisons des maĂźtres, des contre-maĂźtres et les ateliers de tonte, la plus grande partie du bois provenait de Puerto Natales.
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Aujourdâhui, quasiment lâensemble du territoire du parc est la propriĂ©tĂ© de la CONAF. La constitution sâest faite par acquisitions successives des terrains des anciennes estancias, sauf ceux de lâestancia Cerro Paine, oĂč les propriĂ©taires ont dĂ©veloppĂ© une infrastructure touristique.
Le parc est créée en 1959 à partir de terrain du parc national Bernardo O'Higgins sous le nom de « parc national de tourisme Lago Grey » et avait une superficie de seulement de 43,32 km2. Il est agrandi en 1961 à 245,32 km2 et prend le nom de « parc national de tourisme Torres del Paine ». Il est agrandi à 355,32 km2 et reçoit son nom actuel en 1970. Il est finalement agrandi et sa superficie portée à 1 814,14 km2. Le parc est reconnu comme réserve de biosphÚre en 1975[13].
à la fin des années 1990, une décision de la CONAF transfÚre environ 600 km2 du parc national Bernardo O'Higgins vers Torres del Paine pour faciliter la gestion des deux parcs. Cependant, aucun décret n'a encore entériné ce transfert[13]. Les limites du parc ont aussi été changées par la modification à la frontiÚre chileno-argentine en 1998[14]. En 1994, Torres del Paine, ainsi que le parc national Bernardo O'Higgins, sont inscrites sur la liste indicative du patrimoine mondial de l'UNESCO[15].
Fin 2011, le parc est touché par un important incendie. Ce qui cause sa fermeture pendant tout le mois de janvier 2012[16]. Le parc connait ces derniÚres années une importante croissance de sa fréquentation touristique, approchant les 155 000 visiteurs par an en moyenne.
Iconographie
- Vue du Parque Nacional Torres del Paine, Lago del Toro.
- Le massif principal.
- Dans le parc. Janvier 2018.
- Balade de touristes Ă Ă©motions garanties dans le parc. Novembre 2018.
Notes et références
Notes
- Un certain nombre dâĂ©tendues dâeau du parc porte en espagnol le nom de « laguna » (lagune). Le sens diffĂšre quelque peu du français, oĂč la lagune fait rĂ©fĂ©rence, dans la quasi-majoritĂ© des cas, Ă une Ă©tendue d'eau marine ou saumĂątre. Ce nâest pas le cas en espagnol, oĂč elle est dĂ©finie comme une Ă©tendue d'eau, gĂ©nĂ©ralement douce et de dimensions infĂ©rieures Ă celle dâun lac.
- En langue Tehuelche, Paine signifie « bleu » (Abraham 2011, p. 17).
Références
- (es) « Parque Nacional Torres del Paine », sur CONAF (consulté le ).
- (es) « GeologĂa », sur Parque Nacional Torres del Paine (consultĂ© le ).
- (en) Uwe Altenberger, Roland OberhĂ€nsli, Benita Putlitz et Klaus Wemmer, « Tectonic controls and Cenozoic magmatism at the Torres del Paine, southern Andes (Chile, 51°10'S) », Revista geolĂłgica de Chile, vol. 30, no 1,â , p. 65-81 (ISSN 0716-0208, lire en ligne).
- CorporaciĂłn Nacional Forestal 2007, p. 39-40.
- (es) E. Pisano, Estudios ecolĂłgicos de la regiĂłn continental sur del ĂĄrea Andino-PatagĂłnico, II : « ContribuciĂłn a la fitogeografĂa de la zona del âParque Nacional Torres del Paineâ », 1974, Anales Instituto Patagonia, Punta Arenas (Chili), 5 (1-2), p. 59-104.
- (es) E. DomĂnguez et al., « Plantas introducidas en el Parque Nacional Torres del Paine, Chile », dans Gayana Bot., 2006, no 63(2), p. 131-141.
- (es) « Fauna », sur Parque Nacional Torres del Paine, Corporación Nacional Forestal (consulté le ).
- CorporaciĂłn Nacional Forestal 2007, p. 177-178.
- CorporaciĂłn Nacional Forestal 2007, p. 173-177.
- CorporaciĂłn Nacional Forestal 2007, p. 172-173.
- CorporaciĂłn Nacional Forestal 2007, p. 172.
- CorporaciĂłn Nacional Forestal 2007, p. 13-14.
- « Reseña », sur Parque Nacional Torres del Paine (consulté le ).
- « Torres del Paine and Bernardo O'Higgins National Parks, Region of Magallanes », sur UNESCO Centre du patrimoine mondial (consulté le ).
- Paulina Abramovich, « Chili : un Ă©crin de nature en Patagonie dĂ©vorĂ© par les flammes », AFP,â (lire en ligne).
Voir aussi
Liens externes
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- (es) CorporaciĂłn Nacional Forestal, Parque Nacional Torres del Paine : Plan de Manejo, CorporaciĂłn Nacional Forestal, , 281 p. (lire en ligne).
- (en) Rudolf Abraham, Torres del Paine : Trekking in Chile's Premier National Park, Milnthorpe, Cicerone Press, , 192 p. (ISBN 978-1-84965-356-5, lire en ligne)