Accueil🇫🇷Chercher

El Niño

El Niño désigne à l'origine un courant côtier saisonnier chaud au large du Pérou et de l'Équateur mettant fin à la saison de pêche[1]. Le terme désigne maintenant par extension le phénomène climatique particulier, différent du climat usuel, qui se caractérise par des températures anormalement élevées de l'eau dans la partie Est de l'océan Pacifique sud, représentant une extension vers le sud du courant chaud péruvien[1]. Il a été relié à un cycle de variation de la pression atmosphérique globale entre les zones Est et Ouest du Pacifique, nommé l'oscillation australe, et les deux phénomènes sont réunis sous le titre de ENSO (El Niño-Southern Oscillation)[1].

El Niño
Anomalies de températures à la surface des océans (en °C) lors d’El Niño en décembre 1997.
Localisation
Pays
-
Régions affectées
Caractéristiques
Type
Anomalie thermique des eaux océaniques pacifiques

El Niño est une conséquence régionale d'une perturbation dans la circulation atmosphérique générale entre les pôles et l'équateur. Son apparition déplace les zones de précipitations vers l'est dans l’océan Pacifique et empêche la remontée d'eau froide le long de la côte de l’Amérique du Sud, ce qui coupe la source de nutriments pour la faune de ces eaux et nuit considérablement à l’industrie de la pêche[1]. Sans que toutes les relations physiques soient encore expliquées, El Niño fait partie des anomalies dans la circulation qui peuvent dérouter les cyclones tropicaux de leurs routes habituelles, déplacer les zones de précipitations et de sécheresse ainsi que changer localement le niveau de la mer par le changement de la pression moyenne[1]. Cependant, à mesure de leur éloignement du bassin pacifique, les relations entre ces effets sont moins connues.

Description

Exemple de cartographie des anomalies de réchauffement des températures de surface de la mer (TSM, ici en 2006) montrant un pic de réchauffement au large du Pérou dans le Pacifique.

Ce sont les pĂŞcheurs sud-amĂ©ricains qui ont donnĂ© le nom d’El Niño au phĂ©nomène en faisant rĂ©fĂ©rence Ă  l’Enfant JĂ©sus, parce que certains des effets les plus importants se produisent autour de NoĂ«l[2]. En temps normal (appelĂ© anti-Niño ou La Niña), les cĂ´tes du Chili, du PĂ©rou et de l'Équateur sont baignĂ©es par le courant froid de Humboldt se dirigeant vers le Nord et balayĂ©es par les alizĂ©s maritimes, qui soufflent du sud-est vers le nord-ouest. Ces derniers chassent les eaux chaudes superficielles rĂ©siduelles du rivage et provoquent un vide qui est comblĂ© par une remontĂ©e d'eaux froides des profondeurs, c’est le phĂ©nomène connu comme upwelling en anglais. Ces eaux, venant d’une profondeur de 100 Ă  200 m, sont riches en nutriments (azote, phosphore principalement) et permettent un fort dĂ©veloppement planctonique qui attire les poissons, les oiseaux et favorise l’activitĂ© de la pĂŞche.

Tous les ans, peu après Noël et ce jusqu’au mois d’avril, un faible courant côtier inverse se met en mouvement et s’écoule vers le Sud. Par intervalles irréguliers, ce courant d’El Niño est plus important et descend davantage vers le Sud. Les eaux froides sont remplacées par des eaux plus chaudes et les poissons disparaissent des côtes, affectant lourdement l’activité des pêcheurs. Dans la même période, les régions littorales habituellement peu pluvieuses du Nord du Pérou et de l’Équateur connaissent des précipitations abondantes[1]. Ainsi, autrefois, une année El Niño était considérée pour l’agriculture dans ces régions comme une année d’abondance.

Un phénomène considéré comme mondial

Effet mondial du El Niño.

Dans les annĂ©es 1990 une corrĂ©lation entre la pĂ©riode chaude et les changements climatiques planĂ©taires Ă  court terme a Ă©tĂ© mise en Ă©vidence. Un des rĂ©sultats obtenus est la dĂ©couverte du prolongement d’El Niño dans les rĂ©gions tropicales de l’ocĂ©an Indien et de l’ocĂ©an Atlantique. Elle a Ă©tĂ© rendue possible grâce Ă  une analyse de la surface de ces ocĂ©ans avec plus de 650 000 mesures effectuĂ©es par bateau. La somme de donnĂ©es utilisĂ©es couvre une pĂ©riode d’environ quinze ans. Un rĂ©chauffement cyclique de la surface de l’ocĂ©an Atlantique Ă©quatorial a Ă©tĂ© observĂ© douze Ă  dix-huit mois après la fin du phĂ©nomène El Niño dans l'ocĂ©an Pacifique. Il semblerait qu’il s’agisse d’une rĂ©ponse passive au changement de pression atmosphĂ©rique et des alizĂ©s (entraĂ®nĂ©s par El Niño) dans la rĂ©gion. Cette rĂ©action de l’ocĂ©an Atlantique n’est pas vraiment expliquĂ©e Ă  ce jour, mais tend Ă  montrer la propagation Ă  l’échelle mondiale des consĂ©quences d'El Niño.

El Niño est désormais considéré comme ayant des répercussions mondiales, dans les trois principaux océans tropicaux. Ceci devrait faciliter l’explication des perturbations du climat sur toute la planète. Les modifications de la température océanique peuvent à l’échelle locale, modifier l'humidité absolue de la circulation atmosphérique, entraînant l’augmentation de la pluviométrie des régions environnantes, avec des conséquences dans la région Pacifique, et moindrement dans le reste du monde. Ces effets sont d'autant plus grands, fréquents et durables que l'énergie emmagasinée dans l'atmosphère et la mer augmente, avec la température, par effet de serre.

El Niño contribue à ces anomalies thermohygrométriques d’une manière encore mal expliquée, mais dont il est presque certainement responsable ; l’humidité pouvant être considérée comme un des moteurs de l’atmosphère terrestre. Les applications de ces recherches permettront alors de mieux anticiper et parfois prévenir les conséquences désormais indéniables d'El Niño sur le système climatique global.

Observations et impacts

Mouvement des eaux de surface en période normale à gauche et sous El Niño à droite.

El Niño est une modification spatio-temporelle des interrelations entre océan et atmosphère, avec des modifications de température de surface de la mer qui affectent les vents et la pluviométrie en causant de nombreux bouleversements climatiques. Des raisons encore mal comprises induisent certaines années un anticyclone anormalement faible, qui modifient le mouvement des eaux froides en surface du Pacifique équatorial, provoquant son réchauffement et un appauvrissement de plusieurs mois en nutriment (El Niño) avec de fortes modifications écologiques induites (carte ci-contre de la NOAA).

L’El Niño de 1982-1983 a eu des effets dramatiques en Équateur et dans le Nord du PĂ©rou oĂą environ 250 cm de pluie tombèrent en six mois. Plus Ă  l’Ouest, les typhons ont Ă©tĂ© dĂ©routĂ©s vers HawaĂŻ ou Tahiti non prĂ©parĂ©es Ă  de telles conditions mĂ©tĂ©orologiques.

Les "ondes" du phĂ©nomène modifient la mĂ©tĂ©orologie des rĂ©gions les plus Ă©loignĂ©es du globe, via un dĂ©placement des zones de pluies tropicales, et en affectant les structures de vent sur toute la planète. Les nuages tropicaux porteurs de pluie dĂ©forment l’air qui les surplombe (8 Ă  16 km au-dessus du niveau de la mer).

En zone tropicale les vents ainsi formés vont déterminer les positions des moussons et les routes des cyclones et des ceintures de vents intenses séparant les régions chaudes et froides à la surface de la Terre. Pendant les phénomènes El Niño, la zone de pluie centrée sur l’Indonésie se déplace vers l’Est, vers le Pacifique central, affectant pour plusieurs années les ondes présentes dans les couches hautes de l’atmosphère et causant des anomalies climatiques en cascade sur d'autres régions du globe.

Effet du El Niño et de La Niña dans le Pacifique Nord et sur l'Amérique du Nord
Anomalies de températures mondiales et phénomènes El Niño et La Niña.

En zone tempérée les effets climatiques d’El Niño sont plus marqués en hiver, avec par exemple, des hivers plus doux au Canada occidental et dans le Nord-Ouest des États-Unis, et pluvieux dans le Sud des États-Unis (du Texas à la Floride). El Niño influe aussi sur la météo des autres saisons. El Niño n’est cependant qu’un des nombreux facteurs qui influencent les climats tempérés.

Ainsi, la version 1997 d’El Niño provoqua des sĂ©cheresses et des feux de forĂŞts en IndonĂ©sie, de fortes pluies en Californie et des inondations au Sud-Est des États-Unis. La tempĂ©rature moyenne estimĂ©e du globe, en surface a augmentĂ© sur terre et en mer. Fin de , une tempĂŞte battant des records a dĂ©versĂ© jusqu’à 25 cm de neige dans le Sud-Est des États-Unis. Des vagues atteignant 4 mètres de haut ont dĂ©ferlĂ© au sud de San Francisco, de violentes tempĂŞtes ont sĂ©vi en Floride, (tornades atteignant 400 km/h). Selon l'ONU, El Niño a en 1997-1998 fait plusieurs milliers de morts et blessĂ©s, et coĂ»tĂ© de 32 Ă  96 milliards de dollars en dĂ©gâts[3].

En , El Niño se faisait sentir dans les régions tropicales d’Amérique du Sud. Les pires orages des huit dernières décennies ont touché le Chili, et fin décembre, l’Australie subissait la pire des sécheresses d’un siècle (dite la « super-sèche »). Des tempêtes meurtrières ont touché la côte Ouest des États-Unis avec cinq journées de grands vents et fortes pluies.

En 2014, le Pacifique était anormalement chaud. Début 2015 le cœur le plus chaud se déplace vers la côte ouest de l'Amérique du Sud (poussé par une circulation d'ouest) ; en la température de la mer confirme un nouvel épisode d’El Niño parmi les quatre plus intenses depuis 1950, et les simulations informatiques du Met Office britannique annoncent un cycle similaire à celui de 1997-1998[4]. Dès juin la pluviométrie d'Asie du Sud-Est, d'Amérique centrale et du nord-est de l'Amérique du Sud chute. Selon le Met Office, il devait aggraver la sécheresse en Afrique du Sud, en Asie de l'Est, et les inondations en Amérique du Sud, localement catastrophiquement[5].

En 2015, El Niño est si fort que les mĂ©tĂ©orologues amĂ©ricains le renomment par dĂ©rision « Bruce Lee »[6]. En 2016, le phĂ©nomène est Ă  nouveau particulièrement prononcĂ© et laisse 3,5 millions de personnes dans l'attente d'une assistance humanitaire, selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO)[7].

2017 est classée comme « non-El Niño » par le rapport sur l'état du climat (publié mi-2018)[8] mais néanmoins année la plus chaude jamais mesurée pour une année « d’El Niño-neutre »[9].

Occurrences

Chronologie (sur une ligne du temps) des épisodes El Niño survenus en plus d’un siècle (à partir de 1900)[10] - [11].

Il n'y a pas encore de consensus sur une éventuelle influence du réchauffement climatique anthropique en termes de fréquence, de force ou de durée des événements El Niño, mais les recherches sur les événements El Niño plus forts, plus longs, plus courts ou plus faibles pourront éclairer ces questions et les enjeux humains et écologiques associés[12] - [13]. Quelques points font cependant consensus :

  • Le phĂ©nomène n'a pas toujours existĂ©, mais des Ă©vĂ©nements El Niño se produisent depuis plusieurs milliers d'annĂ©es[14]. Ils ont par exemple affectĂ© la culture Moche (culture prĂ©colombienne prĂ©-incaĂŻque du PĂ©rou) qui sacrifiait des humains pour tenter d'Ă©viter les trop fortes pluies[15] ;
  • Les Ă©vĂ©nements ENSO majeurs ont Ă©tĂ© repĂ©rĂ©s dans les annĂ©es 1790–1793, 1828, 1876–1878, 1891, 1925–1926, 1972–1973, 1982–1983, 1997–1998 et 2014–2016[16] - [17] - [18] ;
  • Au moins une trentaine d'Ă©vĂ©nements El Niño se sont manifestĂ©s depuis 1900, avec les Ă©vĂ©nements de 1982–83, 1997–98 et 2014–16 (en) parmi les plus forts jamais enregistrĂ©s[10] - [11]. De 2000 Ă  2018, 5 Ă©vĂ©nements El Niño ont Ă©tĂ© observĂ©s en 2002-2003, 2004-2005, 2006-2007, 2009-2010 et l'Ă©vènement 2014–2016[10] ;
  • L’anomalie se produit Ă  intervalles irrĂ©guliers (tous les deux Ă  sept ans). Elle dure de neuf mois Ă  deux ans[19] ;
  • L'intervalle moyen est de cinq ans ; quand le rĂ©chauffement dure de sept Ă  neuf mois, on parle de « conditions El Niño » et quand il dure plus de neuf mois, on parle d'« Ă©pisode El Niño »[20] ;
  • Lors des Ă©pisodes El Niño les plus forts, un pic secondaire de tempĂ©rature de surface de la mer apparait parfois dans l'extrĂŞme est de l'ocĂ©an Pacifique Ă©quatorial, après le pic initial[21].

Données fossiles et paléontologiques

Les enregistrements les plus anciens du phĂ©nomène El Niño sont datĂ©s de 130 000 ans et ont Ă©tĂ© obtenus Ă  partir de coraux fossiles de Papouasie-Nouvelle-GuinĂ©e[22]. Les simulations climatiques suggèrent cependant que l’ENSO (El Niño Southern Oscillation) existe depuis la pĂ©riode Pliocène (5,3 Ă  2,6 Ma)[23]. Les reconstructions palĂ©oclimatiques de l’activitĂ© d’El Niño ont pour but de tester si l’activitĂ© du phĂ©nomène (sa frĂ©quence et son intensitĂ©) a Ă©tĂ© sensible aux changements climatiques globaux du passĂ©, ce qui aiderait Ă  prĂ©dire sa rĂ©action au changement climatique anthropique actuel.

Diverses techniques existent pour retrouver les traces anciennes de l’activitĂ© d’El Niño. La plus directe consiste Ă  reconstruire, Ă  partir d’indicateurs gĂ©ochimiques (comme les isotopes de l’oxygène) mesurĂ©s le long de l’axe de croissance de coraux ou de mollusques fossiles, les variations mensuelles de la tempĂ©rature de l’eau Ă  l’époque oĂą ces organismes ont vĂ©cu. Les rĂ©sultats les plus rĂ©cents montrent que l’activitĂ© de l’ENSO a connu une pĂ©riode de très faible activitĂ© dans le Pacifique central et oriental il y a 6 000 Ă  3 000 ans[24] - [25]. L’analyse de coquilles de mollusques fossiles provenant de sites archĂ©ologiques pĂ©ruviens suggère que l’activitĂ© actuelle de l’ENSO est la plus forte de tout l’Holocène (10 000 dernières annĂ©es)[24] - [26].

Effets écologiques et éco-épidémiologique

Parce qu'ils modulent le couple thermohygrométrique, la température, le vent et la pluviométrie sont trois facteurs majeurs de « contrôle » écologique, actifs du niveau des biomes et des écosystèmes à celui des individus, des organes et du métabolisme d'organismes minuscules. Bien que les masses d'eau marines aient une inertie thermique importante, les écosystèmes marins et insulaires sont très sensibles aux changements climatiques et aux oscillations climatiques[27].

Un effet spectaculaire est la disparition provisoire de nombreuses espèces de poissons à l'Ouest des côtes du Nord de l'Amérique du Sud (et le retour de la bonite dans le Pacifique ouest[27]), mais partout où les changements du climat sont longs et significatifs, les écosystèmes peuvent être affectés, notamment là où les incendies de forêt, les tempêtes, les sécheresses ou au contraire les inondations sont plus intenses et inhabituellement longs. La pêche, l'agriculture, la sylviculture, la chasse de subsistance, etc. peuvent être moins productives. Les bouleversements épisodiques anormaux d’El Niño accélèrent la dégradation d'espèces ou d'habitats rendus vulnérables par la pollution ou leur surexploitation par l'Homme (récifs coralliens notamment[28]). Nombre des catastrophes induites par El Niño (par exemple, dans le Pacifique intertropical de à [29]) peuvent aussi avoir des impacts secondaires sur l'environnement.

Des effets différés dans l'espace et le temps existent aussi ; à titre d'exemple : en modifiant légèrement le niveau de l’eau (par exemple en Indonésie), El Niño peut aussi y induire des mortalités de coraux[30].

Des effets éco-épidémiologiques sont la diffusion de maladies à vecteur quand les oscillations d'El Niño favorisent leur vecteur biologique (tiques, moustique, mouches, etc.), phénomènes qui pourraient avoir eu une importance dans l'Histoire humaine et d'autres espèces[31].

Équateur et Pérou

Zones côtières affectées durant l'épisode 2016-2017.
Route emportĂ©e au PĂ©rou en zone aride, lors de pluies diluviennes lors de l'El Niño de l'hiver 1997-1998. L'Ă©pisode survenu 20 ans plus tard a causĂ© 113 morts au moins et dĂ©truit environ 40 000 maisons[32].

En raison de leur position géographique, l’Équateur et le Pérou sont les pays les plus affectées par le phénomène, ce pourquoi un Centre international de recherche interdisciplinaire sur le phénomène El Niño a été établi à Guayaquil, en Équateur.

Ainsi en 2017, Ă  la suite d'un rĂ©gime climatique « cĂ´tier » El Niño inhabituellement violent (pire que lors de l’El Niño 2015-2016) les pluies torrentielles ont en fĂ©vrier-mars lessivĂ© la partie nord du dĂ©sert cĂ´tier du nord du pays (habituellement Ă©pargnĂ© par les pluies ; il n'y avait presque pas plu depuis 20 ans). 2017 y a connu des inondations catastrophiques (113 morts au moins et 40 000 maisons dĂ©truites environ)[32].

Pour anticiper les risques et amĂ©liorer la rĂ©silience Ă©cologique et socioĂ©conomique de ces territoires, les scientifiques cherchent Ă  comprendre comment les Ă©cosystèmes arides de ces rĂ©gions se sont adaptĂ©s Ă  des cycles de dĂ©cennies sans beaucoup de pluie entrecoupĂ©es de courtes pĂ©riodes de pluies torrentielles suivies d'une pĂ©riode de reverdissement du dĂ©sert, de rĂ©apparition des oiseaux et de rivières turbides et de nos jours chargĂ©es de pollution (d'origine minière notamment)[32]. Les pluies ont des effets dramatiques sur la population qui n'y est pas prĂ©parĂ©e, mais sont source de vie pour le dĂ©sert. Une première Ă©tude l'a Ă©tudiĂ© après l'El Niño de 1997–1998 qui avait aussi inondĂ© cette rĂ©gion. On a trouvĂ© dans le dĂ©sert des espèces sauvages apparentĂ©es Ă  des cultures domestiquĂ©es - tomates, poivrons, courges et pommes de terre dont les graines avaient conservĂ© durant au moins 20 ans leur pouvoir germinatif, ainsi que des plantes cultivĂ©es par des paysans sur des sols rendues fertiles par les alluvions apportĂ©es par les inondations[32].

Le désert du Nord du Pérou abrite au XXIe siècle des terres agricoles irriguées, et des zones de forêt sèche récemment fortement dégradées par l'agriculture industrielle, l'urbanisation et la production de bois et de charbon de bois. Oliver Whaley (botaniste anglais des Jardins botaniques royaux de Kew) étudie les forêts sèches du Pérou depuis les années 1990. L'une des essences importantes de ces forêts localement dénommée huarango (Prosopis spp.), adaptée à ce désert, est en déclin rapide à cause d'infestations récentes d'insectes et d'un champignon. Ana Juárez (botaniste péruvienne) note que ces arbres semblent (provisoirement au moins) bénéficier des inondations et pluies qui auraient pu emporter un grand nombre des insectes nuisibles. Les images satellites montrent que les rivières Tumbes et Chira ont débordé en apportant des sédiments riches en nutriments sur des zones cultivées[32].

Cependant, la destruction de la forêt sèche exacerbe l’érosion et les inondations causées par les tempêtes et pluies torrentielles. Des aménagements du bassin versant (dont sur les rivières canalisées, barrées et draguées) ne tenant pas compte des crues inhabituelles ont aussi aggravé les risques et la dispersion de polluants miniers, cynégétiques, routiers, urbains et agricoles (pesticides et engrais) par l'eau, jusqu'à l'océan, ce qui inquiète des scientifiques comme Carlos Zavalaga (Université scientifique du Sud de Lima), spécialiste des oiseaux marins du littoral péruvien. Ceux-ci doivent déjà s'adapter à l'éloignement des bancs d'anchois Engraulis ringens qui les prive de leur nourriture. Ainsi, en , les deux tiers des cormorans de Guanay (Phalacrocorax bougainvillii) nichant sur le littoral de Punta San Juan (centre-sud du Pérou) avaient abandonné leurs nids ; or ils sont aussi une source de guano riche en iode (oligoélément vital, y compris pour la santé humaine), encore exploité dans la région. Zavalaga prévoyait d'étudier la situation dans les semaines suivantes, ainsi que d'analyser le sang et les plumes d’oiseaux à la recherche de contaminants récents ou anciens emportés ou dispersés par les pluies[32].

Selon B. Fraser dans la revue Nature (2018), « Personne n’avait prédit la catastrophe de cette année [2017] avant qu’il ne soit trop tard » et ses effets en Amérique du Sud ont été sous-estimés car si les scientifiques avait bien prédit l'essentiel phénomène El Niño de 2015-2016, et même si le volume de précipitations de 2017 est comparable à celui de l'évènement El Niño de 1997-1998, les causes en sont différentes et les scientifiques ont encore besoin de mieux comprendre le mécanisme de ces El Niños côtiers atypiques (tels que ceux des années 1920 et 1970), et de leur lien avec les cycles océaniques ou climatiques plus larges[32]. Un manque de financement a hélas freiné les études. Ainsi, les systèmes de surveillance installés dans des bouées océaniques par des scientifiques péruviens et équatoriens après le passage d'El Niño de 1997 à 1998 ont été vandalisés sans avoir pu être réparés et tout le réseau d'instruments océaniques d'étude de l'atmosphère océanique de la zone intertropicale souffre de détérioration et de restrictions budgétaires[32].

Europe

Les impacts de El Niño en Europe, induit des précipitations plus fortes et une hausse des températures, en particulier sur le pourtour méditerranéen au début de l'automne[33] - [34] - [35]. Le phénomènes El Niño peut influencer le climat européen à travers le phénomène de “télécorrélation atmosphérique”, modifiant la répartition de la pression dans notre hémisphère. En conclusion, les prévisions météorologiques de El Niño en Europe prévoit des vagues de chaleur[36] et des orages, au regard des précédents El Niño 2002-2003, 2009-2010 et 2014-2016[37] - [38] - [39]. L'incidence fait monter les températures mondiales dans l'année qui suit son apparition. La Polynésie française pourrait, être touchée par des cyclones tropicaux[40] - [41] - [42].

Variabilité de la position du trait de côte mondial

L’évolution du littoral à l’échelle mondiale est dominée par El Niño. Plusieurs organismes de recherche, dont l’IRD et le CNES[43] soulignent l’influence du phénomène El Niño sur les côtes à l’échelle mondiale. Les scientifiques ont analysé les données ENSO (El Niño – oscillation australe) entre 1993 et 2019 sur les positions du trait de côte et niveau de la mer, Ces données leur ont permis de révéler l'élévation du niveau de la mer et l'influence des cours d'eau. Les résultats de cette étude fournissent un nouveau cadre pour comprendre et prévenir des risques côtiers induits par le climat[44] - [45].

Explication actuelle

El Niño résulte d’un déplacement atmosphérique périodique de la circulation de Walker (modèle que les progrès scientifiques de ces dernières années n’ont pas intrinsèquement modifié). Ce déplacement, encore mal expliqué, modifie le parcours d'un courant marin d’une taille comparable à une fois et demie celle des États-Unis. Il survient exceptionnellement certaines années (une à deux fois par décennie en moyenne), le long des côtes péruviennes vers décembre-janvier[46] - [47] - [48] - [49] - [50].

Dans la zone de convergence des alizés, dite zone de convergence intertropicale (ZCIT) se situe le mouvement ascendant de la circulation de Walker. Quand les alizés soufflent le plus, les remontées d'eau froide des profondeurs (upwelling) le long de l'Océan Pacifique équatorial refroidissent l’air qui les surplombe. Cela crée ainsi une différence de température entre la côte Est du Pacifique et le large. Un régime de brise s'établit donc entre ces deux zones, ce qui crée une subsidence de l'air le long de la côte et une ascendance au large. Dans ces conditions, la vapeur d'eau contenue dans l'air près de la côte ne peut se condenser et former des nuages ou gouttes de pluie. Ainsi l’air reste libre de nuages pendant les années « normales » dans l'Est du Pacifique. La pluie dans la ceinture équatoriale est alors largement confinée dans l’extrême Ouest du bassin, au voisinage de l’Indonésie.

Mais quand les alizés s’affaiblissent et régressent vers l’Est lors du début d’un évènement El Niño, la remontée d'eau des profondeurs ralentit et l’océan se réchauffe. La température entre le centre et l'Est du Pacifique s'égalise alors, coupant la circulation de Walker vers l'ouest. L’air humide en surface de l’océan se réchauffe, ce qui génère de fortes pluies lorsque la ZCIT, qui se déplace dans son mouvement nord-sud, n'est pas inhibée près de la côte de l'Amérique du Sud par de l'eau froide. Cette modification des températures de surface océanique est donc responsable du déplacement vers l’Est du maximum de pluie sur le Pacifique central. Les ajustements atmosphériques associés correspondent à une baisse de pression dans le Pacifique central et oriental et à une augmentation de pression dans le Pacifique Ouest (Indonésie et Australie), propice à un plus grand retrait des alizés.

Un El Niño est annoncé par un net renforcement des alizés du Sud-Est, lesquels entraînent une accumulation d’eaux chaudes dans le Pacifique Ouest, faisant monter le niveau de la mer sur les côtes australiennes, et un abaissement relatif le long de la côte sud-américaine[49]. Puis dès que les vents du Sud faiblissent, les eaux « chaudes » du Pacifique Ouest envahissent celles du Pacifique Est. C’est alors le début du phénomène El Niño. Ce dernier est donc relié à un affaiblissement temporaire, et très prononcé, de l’anticyclone de l'île de Pâques présent au milieu du Pacifique, ce qui diminue la force des alizés du Sud-Est. Le reflux en masse de l’eau chaude accumulée dans la partie occidentale du Pacifique Sud vers l'Est agit selon le principe d'un effet de seiche[46].

El Niño dure généralement environ dix-huit mois. Ensuite, les eaux froides gagnent l’Ouest, concluant l'épisode, qui peut être suivi de son inverse La Niña : les pressions atmosphériques de l’Est et de l’Ouest du Pacifique semblent corrélées (quand elles augmentent à l’Ouest, elles diminuent à l’Est, et inversement). Ce phénomène accélère les vents de surface d’Est en Ouest, du Pérou jusqu’en Indonésie ou il diminue en période El Niño[46].

De nombreuses recherches visent encore à préciser le mécanisme de ce phénomène marin.

Circulation convective normale de Walker.
La diminution des alizés perturbe le cycle de Walker et laisse l'eau chaude se répandre plus à l'Est : c'est El Niño.
Le renforcement des vents étire la zone couverte par la circulation de Walker et la renforce : c'est La Niña.

Étude et prévision du phénomène

Histoire de l'étude d'El Niño

Sir Gilbert Walker et l'oscillation australe

Scientifique britannique brillant et déterminé, chef du service météorologique indien, Gilbert Walker fut affecté en 1920 en Inde à la prévision de la mousson asiatique. Il se lia à avec des scientifiques sud-américains qui lui fournissaient le résultat de leurs études sur les effets locaux d'El Niño et mit en évidence en 1923, une corrélation temporelle entre les relevés barométriques à l'Ouest et à l'Est du Pacifique Sud : la pression augmentait à l'Ouest quand elle diminuait à l'Est (phénomène El Niño), et inversement. Du fait de cette situation d'équilibre et de balance, il nomma ce phénomène Southern Oscillation (oscillation australe en français). Cette même année 1923, il crée un index (auquel il donne son nom), ayant pour fonction de mesurer l'écart de pression entre l'Est et l'Ouest de l'océan Pacifique. Quand l'indice, et donc l'écart, augmente, la pression est élevée à l'Est du Pacifique, et les alizés sont plus forts. Quand l'indice chute, les alizés sont moins puissants, entraînant des hivers plutôt doux au Canada et en Amérique occidentale. Le tout est accompagné par des sécheresses en Australie, en Indonésie, en Inde et certains secteurs africains.

L'un de ses collègues l'attaqua à ce sujet dans une revue scientifique, trouvant « parfaitement ridicule l'idée que des conditions climatiques de régions du globe aussi distantes l'une de l'autre puissent être liées entre elles de la sorte ». Gilbert Walker répliqua qu'une explication plus précise devait exister, mais qu'elle « exigerait vraisemblablement une connaissance des structures du vent à des niveaux autres que le sol ». Cela impliquait des notions et des moyens d'observation inconnus à l'époque mais les méthodes de recherche actuelles ont effectivement confirmé la théorie de l'« index de pression Walker ».

Jacob Bjerknes et le phénomène ENSO

Dans les décennies suivantes, les climatologues se penchèrent sur l'énigme des îles désertiques du Pacifique central équatorial. Ces îles, bien que recevant (selon des statistiques climatiques américano-canadiennes) la même quantité de pluie que leurs voisines luxuriantes, étaient désespérément stériles. En fait, cette stérilité était due à une variation de l'index de pression Walker : la plupart du temps, l'indice de ce dernier était plutôt élevé, entraînant de très faibles, voire inexistantes, précipitations annuelles. Cependant, au cours d'une période qui se répétait tous les deux à sept ans environ, ces îles subissaient un déluge de plusieurs mois (de décembre à mi-juin).

Le lien, apparemment évident entre ce phénomène et El Niño ne sera établi que dans les années 1960, par le météorologue norvégien Jacob Bjerknes qui note en 1967 que les observations de Walker et El Niño concordent en tout point. Il eut même l'idée de compléter le nom d'El Niño en y associant la découverte du Britannique : le phénomène se nommerait désormais ENSO, soit El Niño Southern Oscillation (El Niño Oscillation australe).

Plus tard, Jacob Bjerknes a aussi établi le lien entre les changements de températures de surface de la mer, la puissance des alizés et les fortes précipitations accompagnant souvent les creux barométriques à l'Est comme à l'Ouest du Pacifique (correspondant aux phases d'un index de Walker d'indice bas).

Un intérêt grandissant vers la fin du XXe siècle

Depuis 1982, date d'un ENSO ayant dévasté toute la ceinture des pays de la ceinture intertropicale et même affecté le climat européen, des milliers de scientifiques et de chercheurs du monde entier ont essayé de comprendre le phénomène. Durant cette période, seuls deux programmes apportèrent des réponses à certaines interrogations.

TOGA

Lancé en 1985, le programme de collaboration internationale Tropical Ocean and Global Atmosphere (TOGA : « Étude des océans tropicaux et étude globale de l'atmosphère »), a permis de mieux comprendre le couplage océan-atmosphère. Il a duré onze ans et a servi de base au lancement de ses successeurs. Il s'est penché tout particulièrement sur les variations du couplage dues à El Niño.

WOCE

Programme lancĂ© cinq ans après le TOGA par 44 pays, dont tous ceux de l'Union europĂ©enne de l'Ă©poque, le World Ocean Circulation Experiment (en) (WOCE : « ExpĂ©rience sur la circulation ocĂ©anique Ă  l'Ă©chelle mondiale ») avait pour but d'Ă©tablir une description ocĂ©anique globale. Il a notamment permis d'Ă©tablir un modèle climatique pouvant plus ou moins prĂ©voir les annĂ©es durant lesquelles frapperait le phĂ©nomène ENSO.

CLIVAR et GODAE

La suite de ces programmes fut prise par le Climate Variability and predictability programme (CLIVAR : « Programme d'étude de prévision et de variation du climat ») qui étudiait le climat et les interactions océan-glace-atmosphère à l'échelle de la planète, et par le Global Ocean Data Assimilation Experiment (GODAE) qui, en 2003-2005, préparaient la mise en place d'un système mondial de surveillance et de prévision climatique.

Les années 2000

Le satellite TOPEX/Poseidon.

Après des débuts balbutiants, l'étude d’El Niño connait un véritable essor au XXIe siècle. Les nouvelles techniques et les nouveaux moyens mis à la disposition des chercheurs permirent d'effectuer des progrès considérables dans l'analyse du phénomène.

Institut de Recherche pour le DĂ©veloppement

En 2000, l'Institut de recherche pour le dĂ©veloppement (IRD) a lancĂ© le programme ECOP (Étude climatique de l'ocĂ©an Pacifique tropical) pour Ă©tudier les variations climatiques dues Ă  ENSO et Ă  son opposĂ©, La Niña. La mĂŞme annĂ©e, l'IRD lançait Ă©galement, avec un budget de 132 000 â‚¬, le programme PALEOCEAN qui, de son cĂ´tĂ©, Ă©tudiait les coraux. La technique du carottage du corail, rĂ©cemment dĂ©veloppĂ©e, lui permit d'utiliser les coraux comme palĂ©othermomètres. Ces derniers contiennent de l'uranium et du strontium, dont la quantitĂ© prĂ©sente varie en fonction de la tempĂ©rature de surface de la mer, et qui est mesurĂ© par spectromĂ©trie. Ces Ă©lĂ©ments-tĂ©moins datent les coraux et attestent de la fluctuation du niveau de la mer au cours des ans.

Un satellite bien particulier

En 1992, la NASA et le Centre national d'Ă©tudes spatiales (CNES) s’unirent pour lancer le satellite Topex/Poseidon avec la fusĂ©e Ariane 4. L’engin de 2,4 tonnes fut envoyĂ© Ă  une altitude de 1 336 km, faisant un tour de la Terre toutes les 112 minutes, et pouvant observer jusqu'Ă  90 % des ocĂ©ans. Le CNES et la NASA mirent les 50 000 mesures quotidiennes de Topex/Poseidon Ă  la disposition de la communautĂ© scientifique dès . Plus de 600 scientifiques de 54 pays exploitèrent ces mesures, distribuĂ©es via deux banques de donnĂ©es : l’une situĂ©e aux États-Unis, l’autre, le centre AVISO, se trouvant Ă  Toulouse. Ce centre produisait tous les mois un cĂ©dĂ©rom regroupant toutes les donnĂ©es collectĂ©es par le satellite, soit près de deux millions de mesures mensuelles.

En , un incident technique a fait perdre au satellite ses capacitĂ©s de manĹ“uvre sur orbite, le mettant ainsi dans l’impossibilitĂ© d’acquĂ©rir de nouvelles donnĂ©es scientifiques. Le satellite a donc terminĂ© sa mission le , après treize ans dans l’espace et plus de 60 000 rĂ©volutions autour de la Terre.

Prévisions

Les observations de TOPEX/Poséidon s’insérèrent dans plusieurs grands programmes scientifiques internationaux, parmi lesquels WOCE, TOGA, CLIVAR, et GODAE (avec MERSEA sa composante européenne). Les organismes de météorologie, eux aussi, puisaient dans les données du satellite. Ainsi, ces mesures se révélèrent bientôt indispensables, et il devint évident qu'un nouveau programme devrait prendre la suite de TOPEX/Poséidon.

Le programme Jason

Depuis son lancement par Delta II le , le satellite Jason-1, successeur de TOPEX/PosĂ©idon, livre des donnĂ©es exploitables en temps rĂ©el (environ trois heures après la rĂ©ception des donnĂ©es). Le programme Jason a Ă©tĂ© conçu comme une sĂ©rie de satellites. Ainsi le satellite Jason-2, dont le lancement est prĂ©vu en 2008, a entamĂ© sa phase de dĂ©veloppement en 2004. Le satellite Jason-1 est cinq fois plus lĂ©ger que TOPEX/PosĂ©idon (seulement 500 kilogrammes pour trois mètres d'envergure) et environ deux fois moins cher. Il permet une prĂ©cision au moins Ă©gale, si ce n'est supĂ©rieure, Ă  celle de son prĂ©dĂ©cesseur, du fait de la collaboration entre ses mesures et celles prises, directement Ă  la surface ocĂ©anique de la Terre, par des navires spĂ©cialisĂ©s ou des bouĂ©es mĂ©tĂ©orologiques.

Les données altimétriques fournissent également en temps presque réel des observations océaniques permettant l’élaboration de prévisions météorologiques. Grâce aux mesures de Jason-1, Météo-France fournit ainsi des bulletins réguliers sur l’état de l’océan mais aussi des alertes météorologiques en cas de dégradation des conditions météorologiques. Jason-1 s’insère dans le projet d’océanographie opérationnelle Mercator, lancé en 1997 et devenu un groupement d’intérêt public en 2002 (partenariat entre le CNES, le CNRS/INSU, l’IFREMER, l’IRD, Météo-France et le SHOM). Mercator permet d’effectuer une surveillance en temps réel des océans (réalisation de bulletins hebdomadaires de l’état de la mer), mais aussi des prévisions à long terme concernant les phénomènes bioclimatiques tels qu'El Niño.

Coopération internationale pour l'atténuation des effets d'El Niño

Une résolution des Nations-Unies [51] a fait du Centre international de recherche sur El Niño de Guayaquil (en Équateur) une référence pour les services climatiques et la réduction des risques de catastrophe associés au changement climatique dans la région andine de la Côte ouest de l’Amérique du Sud et dans le monde[52]. Il est chargé d'aider à collecter les données, de développer des études appliquées et de périodiquement mettre à jour les données sur les phénomènes El Niño/La Niña, sous l'égide de l’OMM[52].

Pour accomplir son mandat, il doit former un objectif de 560 responsables locaux et régionaux sur les impacts climatiques, la gestion du risque, les systèmes d’alerte rapide et les stratégies d’adaptation. Il a créé également une nouvelle base de données climatiques pour la région et un système d'information sur le climat pour la gestion du risque à l'agriculture, l'amélioration des statistiques, des prévisions climatiques et des alertes avec l’aide de plus de 150 experts[52].

L’OMM et le Centre encadreront la concertation entre les décideurs politiques et les professionnels à propos du suivi sur des conditions d’El Niño et de La Niña[52]. Ils organiseront périodiquement des forums régionaux sur les perspectives climatiques en Afrique, en Amérique du Sud, en Amérique centrale, en Asie, dans les îles du Pacifique, les Caraïbes et l’Europe du Sud-Est pour discuter des objectifs opérationnels[52].

Notes et références

  1. « El Niño », Comprendre la météo, Météo-France (consulté le ).
  2. « Tout comprendre sur : El Niño », sur nationalgeographic.fr (consulté le ).
  3. (en) Programme environnemental des Nations Unies, « Un épisode coûteux : El Niño, 1997-98 », GEO 3 (Global Environment Outlook), ONU.
  4. (en) Adam Scaife, Rob Allan, Stephen Belcher, Anca Brookshaw, Mike Davey, Rosie Eade, Chris Folland, Margaret Gordon, Leon Hermanson, Sarah Ineson, John Kennedy, Jeff Knight, Julia Slingo et Doug Smith, Big Changes Underway in the Climate System?, Met Office, (lire en ligne [PDF]).
  5. Petra Schrambmer, « El Niño persiste et fera de 2016, comme 2015, une année très chaude », RFI,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  6. « El niño, le retour du phénomène », sur ledauphine.com, .
  7. Agence France-Presse, « Au Guatemala, une lagune disparaît, victime du changement climatique », Sciences et Avenir,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  8. 28e Ă©dition d'un compilation publiĂ©e par la National Oceanic and Atmospheric Administration ou NOAA ; basĂ© sur des donnĂ©es compilĂ©es par 524 scientifiques travaillant dans 65 pays.
  9. (en) E. Gamilloaug, « Atmospheric carbon last year reached levels not seen in 800,000 years », Science News,‎ (lire en ligne).
  10. (en) « Historical El Niño/La Niña episodes (1950-present) », Climate Prediction Center, (consulté le ).
  11. (en) « El Niño - Detailed Australian Analysis », Bureau of Meteorology (consulté le ).
  12. (en) T. Di Liberto, « ENSO + Climate Change = Headache », ENSO Blog.,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le ).
  13. (en) Mat. Collins, Soon-Il An, Wenju Cai, Alexandre Ganachaud, Eric Guilyardi, Fei-Fei Jin, Markus Jochum, Matthieu Lengaigne, Scott Power, Axel Timmermann, Gabe Vecchi et Andrew Wittenberg, « The impact of global warming on the tropical Pacific Ocean and El Niño », Nature Geoscience, vol. 3, no 6,‎ , p. 391–397 (DOI 10.1038/ngeo868, Bibcode 2010NatGe...3..391C).
  14. (en) « El Nino here to stay », BBC News,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  15. (en) Steve Bourget, Sacrifice, violence, and ideology among the Moche : the rise of social complexity in ancient Peru, Austin, University of Texas Press, (ISBN 978-1-4773-0873-8, lire en ligne).
  16. (en) Mike Davis, Late Victorian holocausts : El Niño famines and the making of the Third World, Londres, Verso, , 464 p. (ISBN 1-85984-739-0, lire en ligne).
  17. (en) « Very strong 1997-98 Pacific warm episode (El Niño) » (consulté le ).
  18. (en) Scott Sutherland, « La Niña calls it quits. Is El Niño paying us a return visit? », The Weather Network,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  19. (en) Climate Prediction Center, « ENSO FAQ: How often do El Niño and La Niña typically occur? », [[National Centers for Environmental Prediction|NOAA]], (consulté le ).
  20. (en) National Climatic Data Center, « El Niño / Southern Oscillation (ENSO) June 2009 », [[National Oceanic and Atmospheric Administration|NOAA]], (consulté le ).
  21. (en) WonMoo Kim et Cai Wenju, « Second peak in the far eastern Pacific sea surface temperature anomaly following strong El Niño events », Geophys. Res. Lett., vol. 40, no 17,‎ , p. 4751–4755 (DOI 10.1002/grl.50697, Bibcode 2013GeoRL..40.4751K).
  22. (en) A.W. Tudhope et al., « Variability in the El-Niño Southern Oscillation Through a Glacial-interglacial Cycle », Science,‎ , p. 291, 1511-1517 (lire en ligne).
  23. (en) A.S. von der Heydt et al., « Cold tongue/Warm pool and ENSO dynamics in the Pliocene », Climate of the Past,‎ (lire en ligne).
  24. (en) M. Carré et al., « Holocene history of ENSO variance and asymmetry in the eastern tropical Pacific », Science,‎ , p. 345, 1045-1048 (lire en ligne).
  25. (en) J. Emile-Geay et al., « Links between tropical Pacific seasonal, interannual and orbital variability during the Holocene », Nature Geoscience,‎ , p. 9, 168-173 (lire en ligne).
  26. (en) Eli Kintisch, « Ancient piles of clams reveal peek into El Niño's past », Science, Association américaine pour l'avancement des sciences, climate, Paleontology,‎ (lire en ligne).
  27. (fr + en) J. Y. Georges et Y. Le Maho, « RĂ©ponses des Ă©cosystèmes marins et insulaires aux changements climatiques / Responses of marine and insular ecosystems to climate change », Comptes Rendus Geoscience, vol. 6-7, no 335,‎ , p. 551-560 (DOI 10.1016/S1631-0713(03)00101-9, rĂ©sumĂ©).
  28. B. Salvat, A. Aubanel, M. Adjeroud, P. Bouisset, D. Calmet, Y. Chancerelle et L. Villiers, « Le suivi de l'état des récifs coralliens de Polynésie Française et leur récente évolution », Revue d'écologie de la Terre et de la Vie, vol. 63, nos 1-2,‎ , p. 145-177 (résumé, lire en ligne [PDF]).
  29. F. Doumenge, « Déséquilibres hydroclimatiques et catastrophes dans le Pacifique intertropical juillet 1982-avril 1983 », Annales de géographie, Armand Colin,‎ , p. 403-413 (résumé).
  30. (en) E. E. Ampou, O. Johan, C. E. Menkes, F. Niño, F. Birol, S. Ouillon et S. Andréfouët, « Coral mortality induced by the 2015–2016 El-Niño in Indonesia: the effect of rapid sea level fall », Biogeosciences, vol. 14, no 4,‎ , p. 817-826 (lire en ligne [PDF]).
  31. F. Rodhain, « Impacts sur la santé : le cas des maladies à vecteurs. Impacts potentiels du changement climatique en France au XXIe siècle » [archive du ] [PDF], sur www.clean-auto.com, Paris, , p. 111-121.
  32. (en) Barbara Fraser (2017) Surprise El Niño causes devastation but offers lessons for ecologists ; How Peruvian coastal deserts respond to rains will aid future disaster response, publié le , consulté le .
  33. (en-US) Andrej Flis, « El Nino watch has been issued by NOAA, with large-scale atmospheric and oceanic changes now being detected as we head for the next ENSO phase », sur Severe Weather Europe, (consulté le ).
  34. « Qu'est-ce que El Niño, le phénomène météorologique qui inquiète l'ONU ? », sur LEFIGARO, (consulté le ).
  35. Pascale Braconnot, Jean-Louis Dufresne, David Salas y Mélia et Laurent Terray, « el nino », analyse et modélisation du changement climatique,‎ (lire en ligne).
  36. « Redouté pour l'hiver prochain, c'est quoi le "Super El Niño" ? », sur TF1 INFO, (consulté le ).
  37. S. Brönnimann, « Impact d’El Niño-oscillation australe sur le climat européen », Impact d’El Niño-oscillation australe sur le climat européen,‎ (lire en ligne).
  38. (en) J Susskind, G A Schmidt, J N Lee et L Iredell, « Recent global warming as confirmed by AIRS », Environmental Research Letters, vol. 14, no 4,‎ (ISSN 1748-9326, DOI 10.1088/1748-9326/aafd4e/meta, lire en ligne, consulté le ).
  39. « Retour d'El Niño : cet été 2023 risque d'être brûlant, des records de chaleur attendus », sur www.sortiraparis.com (consulté le ).
  40. Sébastien Larrue et Thomas Chiron, « Les îles de Polynésie française face à l’aléa cyclonique », VertigO - la revue électronique en sciences de l'environnement, no Volume 10 Numéro 3,‎ (ISSN 1492-8442, DOI 10.4000/vertigo.10558, lire en ligne, consulté le ).
  41. « Météo : El Niño arrive officiellement. Les effets sur l’Italie : chaleur impétueuse et orages ».
  42. « VIDÉO - Climat : le retour d'El Niño, quel impact pour la France ? », sur TF1 INFO, (consulté le ).
  43. « Impact d'El Niño sur la variabilité de la position du trait de côte mondial | Site Web IRD », sur www.ird.fr (consulté le )
  44. (en) Rafael Almar, Julien Boucharel, Marcan Graffin et Gregoire Ondoa Abessolo, « Influence of El Niño on the variability of global shoreline position », Nature Communications, vol. 14, no 1,‎ , p. 3133 (ISSN 2041-1723, DOI 10.1038/s41467-023-38742-9, lire en ligne, consulté le )
  45. Par Frédéric Mouchon Le 14 juin 2023 à 15h22, « Climat : quand El Niño se réveille, la planète s’échauffe et… les côtes trinquent », sur leparisien.fr, (consulté le )
  46. (en) Michael Pidwirny, « Chapter 7: Introduction to the Atmosphere », Fundamentals of Physical Geography, physicalgeography.net, (consulté le ).
  47. (en) « Envisat watches for La Nina », BNSC, (consulté le ).
  48. (en) « The Tropical Atmosphere Ocean Array: Gathering Data to Predict El Niño », Celebrating 200 Years, NOAA, (consulté le ).
  49. (en) « Ocean Surface Topography », Oceanography 101, JPL, (consulté le ).
  50. (en) « South Pacific Island Reports » [PDF], Sea Level and Climate Monitoring Project, Bureau of Meteorology (consulté le ).
  51. Résolution 63/215 de l’Assemblée générale
  52. Mise en œuvre de la Stratégie internationale de prévention des catastrophes ; ONU, Rapport du Secrétaire général ; Soixante-cinquième session ; Point 20 c) de l’ordre du jour : Développement durable : Stratégie internationale de prévention des catastrophes ; publié le 22 septembre 2010 | Voir Annexe III Coopération internationale pour l’atténuation des effets du phénomène El Niño

Annexes

Bibliographie

  • Florent Beucher, Manuel de mĂ©tĂ©orologie tropicale : des alizĂ©s au cyclone, t. 1, Paris, MĂ©tĂ©o-France, , 897 p. (ISBN 978-2-11-099391-5, prĂ©sentation en ligne, lire en ligne [PDF]), chap. 5 section 5.1 (« VariabilitĂ© saisonnière et interannuelle du système ocĂ©an-atmosphère »), p. 333-335
  • (en) Allan J. Clarke, An Introduction to the Dynamics of El Niño and the Southern Oscillation, Academic Press, , 308 p. (ISBN 978-0-12-088548-0).
  • (en) Edward S. Sarachik et Mark A. Cane, The El Niño-Southern Oscillation Phenomenon, Cambridge, Cambridge University Press, , 369 p. (ISBN 978-0-521-84786-5).

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.